##MeToo hôpital, l'Université Paris Cité n’a pas attendu. Depuis les accusations du Pr Karine Lacombe à l’encontre du Dr Patrick Pelloux, les langues se délient et des centaines de témoignages affluent sur les réseaux, notamment chez les plus jeunes.
Pour protéger les étudiants, il existe des dispositifs. La mission Égalité, Diversité, Inclusion d'Université Paris Cité en est un. Le Pr Claire Carette rappelle les actions et objectifs de cette mission qui n’a pas attendu pour venir en aide aux étudiant.es en médecine, même si elle est encore assez méconnue. “On existe, on est de leur côté, nous sommes là pour les aider”. Non, l’Université ne va pas couvrir les agressions, ne va pas invalider les stages, le doyen Philippe Ruszniewski est formel.
Pour protéger les étudiants, il existe des dispositifs. La mission Égalité, Diversité, Inclusion d'Université Paris Cité en est un. Le Pr Claire Carette rappelle les actions et objectifs de cette mission qui n’a pas attendu pour venir en aide aux étudiant.es en médecine, même si elle est encore assez méconnue. “On existe, on est de leur côté, nous sommes là pour les aider”. Non, l’Université ne va pas couvrir les agressions, ne va pas invalider les stages, le doyen Philippe Ruszniewski est formel.
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00:00 On a tendance, je pense, à sous-estimer l'ampleur du problème
00:04 représenté par les violences sexistes et sexuelles dans une UFR de médecine.
00:08 Créer au sein de l'université Paris Cité et dans cette UFR
00:12 une mission sur la lutte contre les violences sexistes et sexuelles
00:16 et aussi d'ailleurs un groupe plus général sur le bien-être et la vie étudiante,
00:21 c'était quelque chose d'absolument fondamental.
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00:37 L'action de la mission Égalité, Diversité, Inclusion, c'est à la fois
00:40 des actions de sensibilisation des étudiants, des actions de formation des étudiants
00:46 mais aussi du personnel enseignant et du personnel administratif.
00:49 On a bien vu qu'il y avait aussi une question d'accompagnement, d'accueil de la parole
00:54 des victimes notamment de violences sexuelles et sexistes.
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01:00 Faire en sorte que dans les jurys de thèse ou d'examen,
01:05 dans les différentes commissions pédagogiques et la parité,
01:07 quand je suis rentrée à la fac de médecine dans les années 90,
01:11 il y avait déjà plus de jeunes femmes que de jeunes hommes.
01:13 Pour autant, dans les postes de direction des établissements,
01:16 on voit que la progression se fait extrêmement doucement.
01:19 Donc l'idée, c'est d'essayer de mettre en place des systèmes pour accompagner nos étudiants
01:23 à se faire une place aussi ou à oser postuler pour des postes par exemple universitaires.
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01:31 En santé, on n'est pas un bon élève entre guillemets de l'égalité homme-femme.
01:34 C'est un métier qui traditionnellement était, il y a longtemps, un métier d'homme.
01:38 Ça fait bien longtemps que c'est devenu plutôt un métier de femme
01:41 mais c'est vrai plus ou moins selon les spécialités.
01:44 L'hôpital, c'est un lieu en tout cas quand on est en stage à l'hôpital qui est particulier
01:47 mais en même temps, ce n'est pas parce que c'est particulier
01:49 qu'on est confronté à des gens qui souffrent, à des situations parfois difficiles,
01:53 qu'on travaille beaucoup, que c'est fatigant,
01:55 que pour autant, on doit se permettre des actes qui sont considérés partout,
01:59 y compris à l'hôpital, comme délictueux.
02:00 Et compte tenu aussi des déclarations qu'on connaît,
02:03 par exemple de l'enquête de la NEF qui a été très médiatisée,
02:06 on voit que plus de 8 femmes sur 10 ont été victimes ou témoins de VSS.
02:11 On voit que c'est une situation qu'on ne peut pas tolérer et qu'il faut faire progresser.
02:14 On est obligés aussi parce qu'on a des étudiants qui sont jeunes,
02:17 qui sont d'une génération qui a été sensibilisée à ces questions depuis l'adolescence
02:22 et qui ne laissent rien passer à juste titre et qui ont envie que ça progresse dans l'université.
02:26 On a une convention à l'Université Paris-Cité avec une association qui s'appelle Women's Safe
02:33 qui permet de faire vraiment un accueil anonyme, gratuit,
02:37 avec à la fois psychologues, médecins, juristes.
02:40 S'il y a besoin de porter plainte dans une situation extrême,
02:43 c'est tout à fait possible de se faire aider par cette association
02:46 et puis d'être aidé aussi sur le plan psychologique.
02:47 Et depuis là, cette année, on a mis en place un vrai dispositif de signalement avec une adresse email.
02:53 Et donc on peut faire un signalement sur si on a été victime ou témoin à cette adresse email.
02:58 Déjà, il y a 3-4 personnes qui vont lire cette email
03:01 et puis qui vont désigner des écoutants qui sont toujours d'une fac extérieure à la fac d'origine.
03:08 Il y a un rapport qui est fait et ensuite qui est présenté devant un groupe pluriprofessionnel.
03:12 Ça permet qu'ensuite, il y ait des préconisations qui soient faites par ce groupe.
03:15 Et des sanctions, ça peut être de la simple médiation résolution de conflits,
03:19 mais ça peut être aussi des préconisations de sanctions disciplinaires,
03:23 voire même des fois ce qu'on appelle l'article 40
03:26 qui permet de saisir la justice et d'agir très vite s'il y a un crime ou un délit qui a été commis.
03:31 Le professeur Brigitte Ranck et le professeur Cédric Lemognes,
03:36 ils ont mis en place déjà avant que la mission égalité existe,
03:39 une commission bien-traitance pour évaluer les stages des étudiants métis,
03:44 donc des externes à l'hôpital.
03:46 Ils doivent noter le stage à la fois sur le plan pédagogique,
03:49 mais aussi est-ce que vous avez été victime ou témoin de violences sexuelles ou sexistes
03:54 et/ou de harcèlement moral.
03:56 Il y a une commission qui se réunit et qui évalue ces témoignages à chaque fin de stage.
04:00 Et s'il y a des témoignages concordants qui viennent d'un stage qui visiblement pose problème,
04:05 il y a directement coup de fil au doyen, puis au chef de service
04:08 et des mesures qui sont prises.
04:09 Et il y a eu des suppressions d'externes dans certains stages,
04:12 voire même des suppressions de postes de chef de clinique.
04:14 Je suis quand même aussi une ancienne étudiante en médecine.
04:20 Moi, j'ai été étudiante dans les années 90.
04:22 J'ai vu et j'ai vécu des choses qui seraient maintenant inacceptables.
04:26 Et je comprends que les gens aient besoin d'en parler, de témoigner sur ces sujets.
04:29 Ce qui me paraît important en tout cas, c'est de se dire qu'il y a quand même moyen maintenant,
04:34 en 2024, de se signaler, de porter plainte si c'est nécessaire.
04:37 Il faut aussi connaître ce qui existe et ce qui fonctionne.
04:40 Alors, je ne dis pas que c'est parfait, mais ça a le mérite d'exister, ça fonctionne.
04:43 Et je pense qu'il faut que ce soit mieux connu.
04:45 Et en tout cas, je voudrais que les étudiantes, elles sachent qu'on existe,
04:48 qu'on est de leur côté et qu'on est là pour les aider.
04:51 On a évidemment besoin de tous et toutes, étudiants, étudiantes,
04:55 et que tout le monde se mobilise autour de ces sujets.
04:57 Je pense qu'il y a quand même quelque chose de très positif en 2024,
05:00 avec tout ce mouvement qu'on voit sur les réseaux sociaux.
05:03 On voit qu'il y a une vraie prise de conscience.
05:05 Et si on est tous ensemble à prendre cette décision de faire attention aux autres
05:10 et de ne pas laisser tomber les autres,
05:11 et de ne pas soi-même n'être ni agresseur ni témoin d'agression,
05:14 sans rien faire, je pense qu'on arrivera à vraiment changer la mentalité.
05:18 N'ayez pas peur de dire et n'ayez pas peur de dénoncer.
05:23 Je rappelle quand même que la loi me fait l'obligation
05:26 de dénoncer au procureur de la République tout crime ou délit dont j'ai connaissance.
05:33 Ce que je rencontre parfois comme réaction, c'est la peur.
05:36 La peur de dire "l'université va couvrir ça",
05:41 si je dis "ça va nuire à ma carrière, je vais être mal noté,
05:46 on va refuser de me valider mon stage, etc."
05:49 Évidemment c'est tout le contraire.
05:51 Et avec un travail, je dirais, de pédagogie,
05:55 on finit heureusement par surmonter ces résistances,
06:00 par demander aux gens de témoigner avec leur identité.
06:05 Donc mon principal message, c'est de dire aux étudiantes et aux étudiants,
06:09 il n'est pas question que l'université tolère des choses intolérables
06:13 et qu'on ne couvrira jamais personne, évidemment, volontairement, sûrement pas,
06:19 ni même par le silence ou la passivité.
06:22 Je crois que ça, ça n'a pas de place dans une université.
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