• il y a 7 mois

Tous les soirs à 20h30, Pierre de Vilno reçoit un invité qui fait l’actualité politique. Ce soir, la tête de liste du Parti socialiste et de Place publique aux élections européennes, Raphaël Glucksmann. Ils reviennent sur la situation à Rafah, sur la relation entre la France et la Chine et sur sa campagne électorale.
Retrouvez "L'invité politique d'Europe 1 Soir" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linvite-politique-deurope-1-soir

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00:00 - Europe 1 soir - 19h21, Pierre De Villeneuve
00:04 - Et jusqu'à 20h30 avec nous, la tête de liste PS aux Européennes, Place Publique.
00:08 Bonsoir Raphaël Glaxoing, Gluxman. - Bonsoir.
00:11 - On commence bien. Votre concurrent François-Xavier Bellamy est allé faire le pion.
00:16 - C'est un nom compliqué. - Mais non pas du tout. Vous voulez savoir le mien en complet ? Vous allez voir, vous allez rire.
00:20 Bon je reprends. Votre concurrent François-Xavier Bellamy est allé à Sciences Po faire le pion, le censeur,
00:26 pour tenter de faire de l'ordre après ces diverses manifestations qui avaient d'ailleurs un ton plutôt monocorde
00:33 et j'allais dire monothématique. Est-ce que vous allez l'imiter ?
00:37 - C'est pas prévu au moment où on se parle. J'ai pas vu ce qu'il a dit et ce qu'il a fait à Sciences Po mais...
00:45 - Il a débattu avec les professeurs, avec les étudiants pro-Gaza, les grévistes.
00:51 - Ça s'est passé dans le calme. - Ça s'est passé un petit peu...
00:55 - J'ai vu, il a essayé de tenir tête quand même. Vous voulez l'entendre ? On a un petit extrait, on peut vous le faire entendre.
01:03 - Moi je suis venu là pour être la voix de tous les étudiants qui ne veulent pas voir Sciences Po,
01:06 réduit à ces blocages permanents, réduit à cette instrumentalisation permanente,
01:11 à cette officine de la France Insoumise qui est devenue la rue Saint-Guillaume. C'est insupportable.
01:14 Et donc nous on dit quelque chose de très clair. Il faut que le gouvernement réagisse,
01:18 il faut que les étudiants qui bloquent les examens soient empêchés de passer les examens, qu'ils soient privés d'examens,
01:22 il faut que les étudiants étrangers qui contribuent à ces troubles soient reconduits dans leur pays,
01:26 parce que quand on a le privilège d'être accueilli en France pour étudier à Sciences Po,
01:29 il n'y a aucune raison qu'on y soit pour troubler l'ordre public.
01:32 Voilà, c'est des demandes toutes simples, le gouvernement peut agir et il doit le faire aujourd'hui.
01:35 - On ne va pas expulser des étudiants parce qu'ils manifestent ou parce qu'ils participent à des blocages.
01:42 Là, par contre, je suis en profond désaccord, chacun a le droit de son opinion.
01:46 - Qu'est-ce que vous l'auriez dit ?
01:48 - Moi j'aurais entamé une discussion sur leurs revendications.
01:51 J'aurais d'abord dit que je comprenais l'émotion extrêmement profonde face au carnage à Gaza et à Rafah,
01:59 et ensuite on aurait entamé un débat, mais j'ai déjà débattu avec des étudiants qui étaient mobilisés.
02:04 Et à partir du moment où c'est une mobilisation pour la paix et pas pour la destruction de l'État d'Israël,
02:12 cette mobilisation est parfaitement légitime dans ce sens où, honnêtement,
02:18 ce qui se passe aujourd'hui à Rafah est cataclysmique.
02:22 - C'est-à-dire ?
02:24 - Eh bien, l'absence totale d'égard pour les vies humaines palestiniennes,
02:29 et c'est quelqu'un qui a pris la mesure de l'horreur du 7 octobre,
02:33 qui n'a pas hésité la moindre seconde pour qualifier de terroriste le Hamas et d'horreur terroriste les attaques terroristes.
02:40 - Vous avez été insulté le 1er mai dernier à Saint-Etienne.
02:42 - Mais ce qui se passe à Rafah est horrible du point de vue humanitaire.
02:48 - Et il faut un cessez-le-feu et la libération des otages.
02:52 Des deux côtés, oui, mais quand on arrive à ce nombre de milliers...
02:55 - C'est ce que vous dites, il faut un cessez-le-feu ET la libération des otages.
02:57 - Oui, mais il faut ce cessez-le-feu durable.
02:59 Et le problème du gouvernement Netanyahou, c'est qu'il n'offre strictement aucune perspective aux Palestiniens,
03:05 depuis le début, et quand vous prenez la colonisation en Cisjordanie qui n'arrête pas de continuer,
03:11 il n'y a pas le Hamas...
03:12 - Il a dit que l'opération serait limitée à Rafah.
03:14 - Mais ça fait 7 mois et il n'y a aucune perspective qui est offerte.
03:19 Vous vous rendez compte ? Vous avez l'aide humanitaire qui est bloquée,
03:23 vous avez une situation de famine,
03:26 vous avez 30 000, 35 000 morts,
03:31 à un moment, il faut que ça s'arrête.
03:34 C'est aussi simple que ça. Il faut un cessez-le-feu permanement durable.
03:38 Et il faut la libération des otages.
03:40 Sans l'éradication du Hamas, puisque Benjamin Netanyahou dit "si je ne fais pas cette opération à Rafah..."
03:46 - Mais combien... il y a 1 400 000 personnes qui sont coincées là.
03:50 Qu'est-ce que vous faites de ces civils ?
03:52 - Non mais moi je ne suis pas Benjamin Netanyahou.
03:54 - Non mais ce que je veux dire, c'est qu'il faut prendre conscience.
03:56 Et quelle est la justification pour un tel nombre de morts ?
04:04 Il y a vraiment là besoin de paix. Maintenant.
04:09 Et le gouvernement israélien est en train de faire un tort immense à la population civile palestinienne, évidemment,
04:19 mais aussi au futur d'Israël.
04:22 Donc à un moment, là, il faut la paix.
04:25 Mais il faut que le carnage s'arrête. Il faut que des pressions soient exercées.
04:28 Quand les Américains, les Européens demandent au gouvernement israélien de mettre en place ce cessez-le-feu,
04:38 il faut que ce soit assorti de menaces de pression plus sérieuses.
04:42 - Plus sérieuses et la libération des otages en parallèle.
04:45 - Oui, avec une pression aussi sur les Israéliens.
04:48 Mais c'est ce que je dis depuis le début.
04:50 - Ça va mieux en le disant, Raphaël.
04:52 - Vous l'avez dit, mais ça va mieux en le répétant.
04:55 - Vous avez entendu, Sofia Aram ?
04:57 - Je venais de vous le dire.
04:59 Donc, je le répète si vous voulez.
05:02 Cessez-le-feu, permanent, durable, et libération des otages,
05:06 avec une pression accrue sur le gouvernement israélien de la part de ses alliés occidentaux,
05:10 et une pression sur les sponsors du Hamas pour obtenir la libération des otages,
05:14 c'est-à-dire notamment sur le Qatar.
05:16 - On va se retrouver dans un instant, Raphaël Glucksmann,
05:18 après le journal permanent qui arrive tout de suite sur Europe 1.
05:22 Europe 1, le journal permanent.
05:24 - À 20h16 sur Europe 1, le Paris Saint-Germain peut-il renverser la tendance ?
05:28 Le club de la capitale affronte le Borussia Dortmund au Parc des Princes en demi-finale.
05:32 Retour de l'équipe des champions.
05:33 Coup d'envoi, 21h, au match aller. Rappelons que les Parisiens s'étaient inclinés.
05:37 Un but à zéro.
05:39 L'opération militaire israélienne à Rafa est limitée dans son ampleur et sa durée,
05:42 c'est ce qu'indique Israël aux Etats-Unis,
05:44 alors que des chars ont été employés dans cette ville du sud de la bande de Gaza.
05:48 La fin de la visite d'État de Xi Jinping en France.
05:51 Le président chinois et son épouse ont décollé de Tarbes en début de soirée,
05:54 direction la Serbie et la Hongrie,
05:56 pour la suite de leur tournée diplomatique en Europe.
05:59 Europe un soir, 19h21, Pierre de Villeneuve.
06:04 Puisque je viens d'en parler, Raphaël Luxmann, vous avez été scandalisé
06:09 par la visite de Xi Jinping en France,
06:11 à tel point que vous avez adressé une lettre au président Macron
06:14 où vous lui demandez d'arrêter d'être obséquieux, d'arrêter de courber les Chines.
06:18 Comment est-ce que vous voulez faire n'importe quel président en 2024
06:21 avec ces enjeux économiques qu'on a avec la Chine ?
06:24 Il n'aurait pas courbé les Chines où il a été obséquieux, mais il marche sur des œufs.
06:28 J'ai pas été horrifié par la visite de Xi Jinping.
06:32 Je lis votre lettre, c'est assez fort.
06:35 Oui, j'ai dit qu'on peut parler à la Chine, mais par contre,
06:38 on ne donne pas une tonalité amicale à la relation avec Xi Jinping.
06:42 Xi Jinping n'est pas notre ami.
06:45 Xi Jinping est le principal soutien de la guerre russe
06:49 au moment où on se parle contre l'Ukraine.
06:51 Xi Jinping est l'homme de l'amitié sans limite,
06:54 je le cite avec Vladimir Poutine.
06:56 Xi Jinping est l'homme qui déporte les Ouïghours,
06:59 Xi Jinping est l'homme qui réprime les Taïwanais,
07:02 qui réprime les Hongkongais,
07:04 qui réprime les Tibétains,
07:06 mais au-delà de ça, Xi Jinping est l'homme
07:09 qui détruit nos capacités productives au moment où on se parle.
07:12 Il y a en Chine une stratégie
07:15 qui est celle de l'éradication de notre production.
07:18 On est dans une situation...
07:19 Qui vous dit ça, Raphaël Glucksmann ?
07:21 Qui veut éradiquer notre production ?
07:23 Il y a des usines françaises en Chine...
07:25 J'ai vu les dirigeants de Sistovi,
07:28 une entreprise qui produit des panneaux photovoltaïques
07:31 à Carcouf, près de Nantes,
07:33 qui produisait, je le dis au passé
07:36 parce qu'elle a mis la clé sous la porte, pourquoi ?
07:38 Sur les panneaux photovoltaïques ?
07:40 Oui, et pourquoi ?
07:41 Parce que les productions chinoises
07:43 ont divisé leur prix par 4
07:45 sur une décision politique.
07:47 Sur une décision politique qui visait
07:49 à éradiquer la production de photovoltaïques en Europe.
07:52 C'est la même chose sur le marché automobile,
07:54 le salon de Pékin a eu lieu il y a 10 jours,
07:56 c'est la même chose qui nous arrivera...
07:58 qui coûte un quart du prix.
07:59 Non, sauf que là c'est des ventes à pertes,
08:01 non, c'est des ventes à pertes
08:03 sur les panneaux photovoltaïques...
08:05 Pour casser les prix français.
08:06 Pour casser les prix et casser donc notre production.
08:08 C'était, Sistovi, une entreprise florissante
08:10 jusqu'à il y a 5 mois.
08:12 C'est une décision politique
08:14 d'éradiquer la production de photovoltaïques en Europe
08:17 en basant la production chinoise sur
08:19 l'esclavage des Ouïghours dans la production de polysilicium,
08:21 sur des subventions massives
08:23 et sur des stratégies de vente à pertes.
08:26 L'Elysée fait savoir que la question des droits humains
08:28 a été abordée par le président de la République.
08:30 Qu'est-ce que vous répondez à l'Elysée ?
08:32 Mais que la question des droits humains est abordée...
08:35 Heureusement.
08:36 On n'a pas d'autres détails.
08:37 Mais qu'elle doit l'être publiquement,
08:39 quand on parle de la déportation d'un peuple,
08:41 notamment parquer des Ouïghours dans les camps de concentration.
08:44 Mais laissez-moi poursuivre sur la question de la production.
08:47 Si on ne réagit pas
08:49 de manière extrêmement ferme
08:51 face à la stratégie chinoise,
08:53 la même chose qui est arrivée
08:55 aux panneaux photovoltaïques européens
08:57 arrivera aux éoliens,
08:59 aux batteries, aux voitures électriques.
09:02 Et le résultat, c'est qu'on sera
09:04 un continent de purs consommateurs,
09:06 totalement dépendant du régime communiste chinois.
09:09 Il faut un protectionnisme écologique européen.
09:12 C'est ce que je prône.
09:13 Il faut réserver les commandes publiques européennes
09:15 aux productions européennes.
09:17 Et il faut surtaxer les produits chinois
09:20 à l'entrée de la concurrence et des loyales.
09:22 Quand il y a un dumping au Canada,
09:24 vous savez combien ils surtaxent
09:26 les produits chinois à l'entrée ?
09:28 235% !
09:29 En Europe, c'est 15% !
09:31 Ça n'a rien de dissuadif.
09:32 Et moi, ce que je vous dis,
09:34 c'est qu'à force d'être faibles,
09:36 on se fait traiter comme des serpillères.
09:38 Aujourd'hui, pourquoi est-ce que sur le panneau photovoltaïque,
09:40 il y a eu cette division des prix par 4 ?
09:42 Parce que les Américains ont fermé leurs frontières
09:44 aux panneaux solaires chinois,
09:46 sur décision politique de Biden.
09:48 Et nous, nous, eh bien,
09:50 on est incapables de prendre
09:52 les mêmes décisions politiques.
09:53 Et le résultat, c'est qu'on laisse
09:55 notre production se faire éradiquer,
09:57 et que les dirigeants d'une boîte comme Sistovi
09:59 qui était florissante, me disent,
10:01 quand je les rencontre, qu'ils ont été
10:03 abandonnés par la puissance publique,
10:05 abandonnés par la politique.
10:06 Est-ce qu'on veut un destin de pur consommateur ?
10:08 C'est une vraie question que tous les Européens doivent se poser.
10:10 C'est d'ailleurs une des questions de ces élections.
10:11 Ça, c'est la question des panneaux photovoltaïques.
10:14 Sur les spiritueux, par exemple,
10:16 si on les avançait visiblement avec le président chinois
10:18 et Emmanuel Macron, Pékin pourrait renoncer
10:20 à imposer des droits de douane
10:22 sur des alcools comme le cognac.
10:24 On avance à petits pas, Raphaël Glucksmann.
10:26 C'est le principe de la diplomatie.
10:28 Cette visite, c'est 60 ans de diplomatie
10:30 franco-chinoise.
10:32 Je comprends votre propos.
10:34 Je n'ai aucun problème.
10:36 Je ne suis pas en train de défendre le président chinois, vous m'aurez compris.
10:38 Mais vous avez tout à fait le droit de le faire.
10:40 Vous savez que ce n'est pas le cas.
10:42 Vous avez tout à fait le droit,
10:44 si c'est bien de le faire,
10:46 d'engager des négociations avec la direction
10:48 du Parti Communiste Chinois
10:50 et de l'État chinois.
10:52 Mais vous ne donnez pas
10:54 à cette relation un caractère amical.
10:56 Car nous ne sommes pas amis
10:58 avec des régimes qui bafouent nos principes
11:00 et nos intérêts.
11:02 Emmanuel Macron a fait la même chose
11:04 avec Vladimir Poutine.
11:06 Il l'a invité au fort de Brégançon,
11:08 il a été au musée de l'Ermitage,
11:10 et c'était à Thule.
11:12 Et ça a donné quoi ?
11:14 Ça a rapporté quoi à la France ? Rien !
11:16 - Tu veux dire qu'on n'a pas été clairvoyant ?
11:18 - C'est qu'en fait, on ne traite pas
11:20 des dictateurs en amis.
11:22 Ce n'est pas idéaliste, ce n'est pas utopiste,
11:24 ce n'est pas droit de l'homiste, c'est réaliste.
11:26 Vous savez, j'étais
11:28 dans mon bureau de député européen,
11:30 recevant un diplomate européen
11:32 en poste en Chine.
11:34 Et il m'a dit cette chose. Il m'a dit, vous savez quoi ?
11:36 En fait, je me tue à expliquer
11:38 à nos dirigeants la nature de ce régime.
11:40 Et la vérité, c'est qu'ils ne comprennent pas
11:42 à quel point ces dirigeants nous haïssent.
11:44 Donc on a des gens face à nous
11:46 qui volontairement
11:48 cherchent à affaiblir nos démocraties.
11:50 Moi, j'ai présidé la commission spéciale
11:52 sur les ingérences étrangères.
11:54 Et je peux vous dire que la Chine,
11:56 dans les pas de la Russie, entreprend
11:58 des véritables campagnes de déstabilisation
12:00 de notre débat public, envoie ses hackers
12:02 de APT31 liés aux services chinois
12:04 contre nos industries stratégiques.
12:06 - Sur la surveillance également.
12:08 Et il y avait, pas loin d'ici,
12:10 un commissariat secret de la police chinoise.
12:12 Et nous, on laisse faire ça.
12:14 Mais quelles nations qui se respectent laissent faire ce genre de choses ?
12:16 - Raphaël Glucksmann, je voudrais qu'on parle
12:18 de votre projet, de votre campagne.
12:20 - Il y a notamment dedans le protectionnisme écologique.
12:22 - Mais les Européennes,
12:24 on l'a abordé. Avant cela,
12:26 ce matin,
12:28 Valérie Réillet est apparue
12:30 à la télévision, fébrile,
12:32 traumatisée presque,
12:34 par ce tweet de Manon Aubry,
12:36 qui dit qu'elle est payée par des lobbies européens.
12:38 Il se trouve que vous êtes,
12:40 vous aussi, visé. Vous toucheriez,
12:42 selon Mme Aubry, entre
12:44 12 000 et 60 000 euros par an.
12:46 Qu'est-ce que vous lui répondez ?
12:48 - Que ce sont des méthodes,
12:50 je ne sais pas,
12:52 Trumpistes. Moi,
12:54 ce que je touche,
12:56 en supplément de mon salaire
12:58 de député européen, c'est les droits
13:00 d'auteur des livres que j'ai écrits.
13:02 Une maison d'édition indépendante.
13:04 Donc, si on considère que les lecteurs sont
13:06 des lobbyistes,
13:08 je suis au service du lobby des lecteurs
13:10 de la maison d'édition indépendante
13:12 à l'Ari. - Vous répondez par le
13:14 sourire, mais est-ce que ce n'est pas grave de mettre ça sur
13:16 ces accusations ? - C'est très grave,
13:18 et c'est grave aussi
13:20 toute cette brutalisation du débat public.
13:22 Oui, après, je ne vais pas passer ma vie
13:24 à commenter les initiales. - Mais est-ce que vous allez porter plainte ?
13:26 - Non, je ne vais pas. - Pourquoi ?
13:28 - Parce que je fais campagne.
13:30 Je ne vais pas prendre le temps, là, de porter plainte.
13:32 Moi, je reçois des tombereaux
13:34 d'insultes, d'injures, je ne porte pas plainte.
13:36 Et j'avance, et j'avance,
13:38 et je continue ma campagne pour
13:40 présenter aux Françaises et aux Français
13:42 un projet sur l'Europe.
13:44 Donc, si vous perdez votre temps à répondre aux
13:46 attaques des autres en permanence,
13:48 vous ne faites pas campagne. Et moi, je veux parler
13:50 de projet industriel,
13:52 je veux parler d'écologie, je veux parler de
13:54 cette manière de rendre l'Europe plus puissante.
13:56 - Vous défendez la démocratie
13:58 dans votre projet, je l'ai lu attentivement.
14:00 Vous voulez avoir des propositions enthousiastes,
14:02 vous voulez une transition énergétique avant qu'il soit trop tard,
14:04 vous voulez la financer,
14:06 je vous cite, "là où se trouve l'argent",
14:08 et donc en taxant les super-profits.
14:10 Mais ça, ce sont des vieilles méthodes,
14:12 j'allais dire, mitterrandiennes, de taxer les super-profits.
14:14 - Alors, je vais vous rassurer tout de suite,
14:16 ce sont des vieilles méthodes
14:18 de toutes les démocraties à travers l'histoire
14:20 qui sont confrontées à des situations de crise.
14:22 Quand vous avez des profits
14:24 faits par des multinationales,
14:26 qui ne sont absolument pas liés
14:28 à une hausse de productivité
14:30 ou à une innovation particulière,
14:32 mais qui sont simplement liés à une situation géopolitique
14:34 qui s'appelle la guerre,
14:36 et bien ces profits, ces super-profits...
14:38 - C'est très spécifique, alors.
14:40 Pour le coup, la multinationale est vraiment, là, on nous garde dans un cas très spécifique.
14:42 - ...était surtaxée.
14:44 Oui, mais quand vous avez Total qui voit ses dividendes,
14:46 enfin, ses marges exploser,
14:48 et qui verse des dividendes records,
14:50 simplement parce que la Russie envahit l'Ukraine et qu'il y a une hausse
14:52 des prix de l'énergie, j'espère bien
14:54 que les démocraties sont capables de
14:56 surtaxer ces profits de guerre.
14:58 Donc, en fait, ça, ça a toujours eu lieu.
15:00 - Donc, c'est les super-profits de Total, c'est pas les super-profits
15:02 de toutes les entreprises qui ont des super-profits.
15:04 - Les super-profits, c'est des profits
15:06 qui sont liés à des situations extraordinaires.
15:08 Je ne suis pas en train d'expliquer que...
15:10 Mais on propose autre chose qui va vous faire
15:12 bondir, je vous rassure, et vous allez encore
15:14 vous dire que c'est vieux jeu, et moi je vais vous expliquer
15:16 que c'est la base de la solidarité. - J'accepte d'arrêter le vieux jeu, moi-même, donc je vous écoute.
15:18 - Eh bien, c'est la taxation
15:20 des plus hauts patrimoines en Europe.
15:22 - Pourquoi ? - Parce qu'aujourd'hui,
15:24 on s'est rendu compte qu'en rapport à leur fortune,
15:26 les plus hauts patrimoines
15:28 sur le continent européen
15:30 payaient finalement, en proportion,
15:32 moins d'impôts que les classes moyennes
15:34 et les classes moyennes supérieures. Eh bien,
15:36 cela est inacceptable,
15:38 et donc nous, nous proposons un impôt
15:40 sur les plus hauts patrimoines, alors pas les pêcheurs de l'île de Ré,
15:42 je vous rassure, mais les multimillionnaires
15:44 et les milliardaires à l'échelle du continent
15:46 européen. - Vos patrimoines, pour vous,
15:48 c'est à partir de quand ?
15:50 - C'est les 0,1%, c'est-à-dire
15:52 des gens qui sont au-delà de
15:54 plusieurs millions, mais plusieurs dizaines
15:56 de millions d'euros. Donc, en fait, ce sont
15:58 des gens qui ont des armées
16:00 de personnel pour éviter
16:02 les taxations les plus massives
16:04 et qui, aujourd'hui, doivent
16:06 contribuer à la solidarité dans une période
16:08 de crise et financer cette transition
16:10 écologique et ces investissements dans la industrie
16:12 de la transition, qui sont
16:14 vitaux pour nos sociétés
16:16 et pour nos pays. Et moi, ce que je veux
16:18 porter, c'est une révolution énergétique
16:20 qui soit perçue non pas comme une contrainte, mais comme
16:22 une émancipation. Vous savez, nos sociétés
16:24 se vivent en déclin
16:26 depuis le premier choc pétrolier.
16:28 Quand elles ont découvert, les sociétés
16:30 européennes, que nous étions devenus
16:32 dépendants de régimes sur lesquels nous n'avions
16:34 aucune prise, jusqu'au cœur
16:36 de notre vie quotidienne.
16:38 Eh bien, la révolution énergétique,
16:40 la fin de l'addiction aux fossiles,
16:42 ce sera une libération,
16:44 ce sera un accroissement de puissance.
16:46 Et c'est ça que je veux expliquer,
16:48 expliquer et réexpliquer, c'est que finalement
16:50 cette transformation écologique qu'on perçoit
16:52 souvent comme étant quelque chose de punitif,
16:54 en fait, c'est un accroissement de puissance.
16:56 Ce n'est pas une limitation de notre puissance.
16:58 Et cela, ça suppose des investissements
17:00 massifs. La Commission européenne dit qu'on est
17:02 en manque d'investissement public et privé de
17:04 400 milliards par an, si on veut
17:06 ne pas être décroché par les Etats-Unis,
17:08 qui investissent massivement, et la Chine qui
17:10 investit massivement, elle aussi. - Vous voulez mettre
17:12 1000 milliards d'euros, j'ai lu, pour
17:14 verser la table, pour tout bouger.
17:16 C'est louable, c'est ambitieux,
17:18 1000 milliards, c'est la dette engrangée par
17:20 Emmanuel Macron, tout seul, ces dernières
17:22 années. Nous sommes à une dette de
17:24 3300 milliards, j'ai du mal à le prononcer.
17:26 Comment est-ce que vous voulez-vous résorber
17:28 la dette, alors qu'on est en train de payer les intérêts
17:30 de la dette, aujourd'hui ? - Je précise que ce n'est pas
17:32 1000 milliards en France, c'est
17:34 à l'échelle du continent européen.
17:36 Et dedans,
17:38 il y a trois axes, les investissements
17:40 qu'on doit fournir dans la défense,
17:42 c'est essentiel.
17:44 On a aujourd'hui
17:46 une Europe qui peut se retrouver seule
17:48 en cas d'élection de Donald Trump, et qui est
17:50 incapable aujourd'hui de se défendre
17:52 seule. Donc on doit investir massivement
17:54 et rapidement dans la défense. - Et l'OTAN, quand même.
17:56 - Oui, mais si les
17:58 Etats-Unis d'Amérique décident de nous
18:00 lâcher... - De manière unilatérale ?
18:02 - Bien sûr, c'est ce qu'a dit Donald Trump.
18:04 Il l'a annoncé. - Il l'a dit, mais enfin,
18:06 il y a des contingents,
18:08 il y a des règlements pour ça, il ne peut pas décider
18:10 tout seul de sortir de la France de l'OTAN.
18:12 - Mais pas la France de l'OTAN.
18:14 - Mais vous parlez de qui ? - Je vous parle de Donald Trump.
18:16 Si Donald Trump décide qu'il cesse
18:18 le soutien à l'Europe, on se retrouve
18:20 seul face à la guerre. - À l'Europe, d'accord.
18:22 - Seul face à la guerre, seul face à
18:24 Vladimir Poutine, et dans la nécessité
18:26 absolue de nous réarmer.
18:28 D'accord ? On a des industries de l'armement
18:30 dans lesquelles il faut investir massivement.
18:32 Ensuite, il y a le secteur
18:34 des industries de la transition écologique,
18:36 et le secteur du numérique.
18:38 Ces trois secteurs-là nécessitent
18:40 des investissements massifs, mais les 1000 milliards,
18:42 ce n'est pas que de l'investissement public, donc ce n'est pas que de la dette
18:44 publique qu'on va créer. C'est
18:46 des investissements publics et des investissements privés,
18:48 c'est les manques estimés par la Commission
18:50 européenne elle-même d'investissement
18:52 en Europe. Dans ces secteurs, on a par ailleurs
18:54 un capitalisme en Europe qui est extrêmement frileux,
18:56 on a un continent d'épargnant,
18:58 et on a un sous-investissement
19:00 privé dans les secteurs d'avenir.
19:02 Donc, ce qu'il faut, c'est
19:04 investissement public et
19:06 investissement privé. - Merci beaucoup, Raphaël Glucksmann.
19:08 Il y a encore beaucoup de questions à vous poser,
19:10 mais vous reviendrez sur Europe 1,
19:12 je l'espère, pour parler de
19:14 votre campagne pour les
19:16 européennes. Il est 20h30, c'est le journal permanent.
19:18 Maël Hassani.

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