L'édito de Gauthier Le Bret : «SNCF : Jean-Pierre Farandou, le fusible parfait»

  • il y a 5 mois
Dans son édito du 08/05/2024, Gauthier Le Bret revient sur les raisons du remplacement annoncé du PDG de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, prévu après les Jeux olympiques.

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Transcription
00:00 C'est le fusible parfait. Jean-Pierre Farandou va donc devoir quitter son poste et assumer seul l'accord polémique passé à la SNCF,
00:08 qui est annulé effectivement, même s'il s'en défend les effets de la réforme des retraites.
00:12 Avec la réforme, l'âge de départ était passé à 54 ans pour les cheminots, donc ils partaient déjà 10 ans avant tout le reste des Français.
00:19 Et 57 ans pour les autres cadres. À 30 mois de la retraite désormais, ils vont pouvoir se mettre en cessation de travail.
00:27 Qu'est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire que sur cette période de 30 mois, il y a 15 mois où ils pourront rester chez eux sans travailler
00:33 et où ils seront payés 75 % de leur salaire. Donc Jean-Pierre Farandou peut s'en défendre, il était hier devant le Sénat.
00:40 Ça annule de fait les effets de la réforme de la retraite et ils doivent partir à 54 ans maintenant, malgré la réforme.
00:48 Donc 10 ans avant les 64 ans pour tous les autres. Alors, coût de l'opération selon l'IFRAP, d'Agnès Verdier-Moulinier,
00:54 qui vient sur ce plateau tous les vendredis, 300 millions d'euros. Et au gouvernement, personne ne savait.
01:01 On annule les effets de la réforme la plus importante du deuxième quinquennat d'Emmanuel Macron, mais l'Élysée n'était pas au courant.
01:08 Matignon ne savait pas. Alors l'Opinion, le journal L'Opinion, affirmait la semaine dernière que le cabinet de Gabriel Attal savait.
01:16 Démenti et colère de l'entourage du Premier ministre, Jean-Pierre Farandou a donc décidé de cet accord tout seul dans son bureau.
01:24 Il a été convoqué par Bruno Le Maire à Bercy. Il ne sera pas reconduit. Il a été auditionné hier par le Sénat.
01:31 Deux heures, c'est cruel comme timing, deux heures avant son audition, le communiqué du gouvernement tombe.
01:36 Il ne sera pas reconduit. Et devant le Sénat, il a rejeté, je cite, il utilise des mots, il faut bien utiliser les mots de Jean-Pierre Farandou,
01:43 les accusations d'opacité. Bon, qu'est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire que le gouvernement savait.
01:47 Le PDG de la SNCF qui assume cet accord, et c'est donc le seul qui a le courage de le faire.
01:52 Ce n'est pas comme au gouvernement où c'est courage fillon. Il parle d'un accord juste et équilibré. Ce sont ses mots.
01:58 Ça ne peut pas être Bercy, Bruno Le Maire. Ça ne peut pas être le Premier ministre Gabriel Attal. Donc c'est Jean-Pierre Farandou qui va sauter.
02:05 Dans la classe politique, les oppositions dénoncent la brutalité de la décision.
02:09 Je vous dis, le timing déjà était très sévère parce que c'était calé son audition devant le Sénat.
02:12 Donc deux heures avant son audition devant le Sénat, on envoie par communiqué qu'il sera pas reconduit.
02:16 Et puis oui, vu qu'il sert de fusible, certains trouvent ça brutal.
02:20 Comme l'eurodéputée Nadine Morano, elle dit un faux fusible saute.
02:24 Le gouvernement ne pouvait pas ignorer cet accord en étant le seul actionnaire.
02:27 Il a cédé devant la menace d'une grève pendant les JO. Le ministre des Transports doit être congédié.
02:32 Alors il est fabuleux le ministre des Transports parce qu'après la signature de cet accord,
02:36 il nous a assuré que c'était un accord fait entre la SNCF et les syndicats.
02:41 Et pour expliquer cet accord, il a dit, je cite, que la SNCF était une entreprise privée.
02:46 Je rappelle que le seul actionnaire de la SNCF, c'est l'État et que dans les statuts de l'entreprise,
02:51 il est mis que c'est une entreprise publique qui a vocation à le rester.
02:55 La réalité, c'est que le gouvernement a cédé à ses revendications,
03:01 à de nombreuses revendications par crainte de blocage.
03:03 Et quelques semaines des Jeux Olympiques, ça s'appelle le rapport de force, le moyen de pression.
03:08 Il n'était pas du côté du gouvernement. La priorité, c'était pas de blocage pendant les JO.
03:13 Gérald Darmanin a d'abord cédé aux policiers avec des primes jusqu'à 1900 euros.
03:17 Et on peut le comprendre, ils seront surmobilisés.
03:20 Mais après, il y a eu donc la SNCF, les contrôleurs aériens.
03:23 Et demain, vous verrez, il y aura les éboueurs.
03:25 Le gouvernement a acheté la paix sociale le temps des Jeux.
03:28 Son problème, c'est qu'il ne l'assume pas.
03:31 [Musique]
03:34 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]

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