De nombreuses personnes souffrent de précarité alimentaire à la campagne. Reportage dans l’Oise, où une épicerie sociale itinérante de l’Ordre de Malte apporte des colis aux plus isolés.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 J'ai de la rage.
00:01 Vous avez de la rage contre qui ?
00:03 Tous les organismes, tous.
00:06 Là c'est parce que je vous dis, j'ai vendu un somier,
00:10 je l'ai vendu 80 euros,
00:12 que j'ai pu aller acheter un petit peu de viande.
00:14 Il est 8h du matin et je vais suivre la camionnette de l'Ordre de Malte
00:17 dans le nord de Compiègne jusqu'à midi.
00:19 Cette association rend visite tous les 15 jours
00:21 à des familles en précarité alimentaire
00:23 pour leur livrer quelques courses grâce à leur épicerie itinérante.
00:25 Aujourd'hui, les bénévoles vous rendent visite à 13 familles
00:28 qui ont été mis en relation grâce aux assistantes sociales
00:31 et aux maires de leur commune.
00:32 Entrez messieurs dames.
00:34 Bonjour Madame Guerin.
00:36 J'espère que ça vous conviendra.
00:38 Des pains, de la farine, du lait et quelques desserts.
00:41 Donc ma gamelle est revenue, ça va le reste.
00:44 Est-ce que vous fariez comment sinon ?
00:46 Je ne sais pas, moi je n'ai pas beaucoup d'argent.
00:48 J'ai que le minimum retraite, je travaillais dans la purée.
00:51 Après j'étais au chômage et puis après j'ai fait des boulots
00:54 sans être déclaré.
00:56 On ne peut pas avoir beaucoup de sous pour vivre.
00:58 On gère comme on peut.
00:59 Ce n'est pas toujours facile étant tout seul.
01:01 Comme ça, c'est marche ou crève pour tout.
01:03 Et alors Catherine, vous leur demandez à chaque fois 2 euros, c'est ça ?
01:07 Oui, c'est ça.
01:09 Dans une petite participation un peu symbolique
01:11 mais qui leur permet de garder leur dignité.
01:14 Depuis le mois de janvier, ils viennent à la maison
01:17 nous apporter à manger.
01:19 On a besoin de tout.
01:21 Pour les enfants, pour se nourrir, pour se laver.
01:24 Suite à l'action de travail, j'ai eu beaucoup de dettes.
01:27 Privé, j'ai les enfants avant de... avant de choses.
01:30 Nous partons chez une femme qui vit avec son fils
01:33 qui n'a pas de travail, qui a fait une formation
01:36 pour être conductrice de bus mais qui ne l'a pas eu malheureusement.
01:40 Donc nous lui déposons les colis.
01:42 Du chocolat. Ah, les gaufres aussi, on adore.
01:46 Quand il y a des trucs que je n'aime pas, je leur redonne
01:49 comme ça ils peuvent faire plaisir à quelqu'un d'autre.
01:51 Donc j'ai ma réserve là.
01:53 L'Ordre de Malte donne beaucoup de produits secs
01:56 et les produits frais, on n'en a pas.
01:59 À part les oeufs.
02:00 Autrement, vous faites les courses tous les combien de temps ?
02:02 Quand je peux.
02:03 Là, c'est parce que je vous dis, j'ai vendu un saumier
02:06 que j'ai eu... je l'ai vendu 80 euros
02:08 que j'ai pu aller acheter un petit peu de viande.
02:11 Mais là, ça va nous faire quoi jusque la semaine prochaine ?
02:14 Après, il faudra j'attendre le 6 du mois pour dire de refaire des courses
02:18 ou alors payer mes factures en retard.
02:20 Parce que j'ai beaucoup de factures en retard.
02:22 Combien à peu près ?
02:23 Electricité, 1600 euros.
02:25 Je suis toute seule avec mon enfant, ça fait 16 ans que je l'élève toute seule.
02:29 Et puis je suis tombée en invalidité en 2022.
02:33 Et j'aimerais retravailler mais il n'y a rien qui s'ouvre à moi.
02:36 Même au début, je n'arrivais même pas à donner les 2 euros.
02:39 Là, j'ai 4 euros sur mon compte en banque.
02:41 Là, je ne vais même pas voir mon papa qui est à la maison de retraite d'Attiché.
02:44 Ça fait plus d'un mois que je ne l'ai pas vu.
02:46 Parce que je n'ai pas d'essence.
02:48 Même l'année prochaine, ma voiture, elle ne passe pas au contrôle technique.
02:51 Je serai sans voiture l'année prochaine.
02:53 Je n'ai pas les moyens de m'en racheter une puisque je suis endossée de son vêtement.
02:55 Comme Marie-Joëlle, Serge et Véronique, de plus en plus de Français peinent à boucler leur fin de mois
03:00 et se retrouvent en situation de précarité alimentaire.
03:02 Un Français sur trois s'est déjà privé de repas faute de moyens,
03:05 selon une étude IPSOS pour le secours populaire.
03:07 Et rien que dans l'Oise où nous réalisons ce reportage,
03:10 les stocks des banques alimentaires ne cessent de fondre tant la demande est à la hausse.
03:13 Moi et mon mari, on se prive pour que nos enfants puissent manger.
03:17 Ça arrive souvent ?
03:18 Ça fait deux ans que c'est plus du genre.
03:21 Je pense que c'est tout l'augmentation de la nourriture dans les magasins.
03:24 On voit maintenant quand on va faire les courses qu'on en a pour 50 euros de plus qu'on avait avant.
03:30 Voilà.
03:32 merci à bientôt !
03:34 Merci d'avoir regardé cette vidéo !