Professeur des universités et auteur de «Holocaustes» aux éditions Plon, Gilles Kepel, parle du conflit entre Israël et Palestine : «Il est légitime de manifester son soutien aux Palestiniens, mais on peut aussi dire que ce soit inacceptable qu’il y ait des otages à Rafah».
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00:00 -Ca ressemble un petit peu à ce qui se passe dans les universités,
00:03 d'une certaine manière, parce que là, c'est dans le domaine de la chanson.
00:07 Ça concerne donc la jeunesse.
00:10 Et on considère que quelqu'un, parce que cette jeune femme est de nationalité israélienne,
00:15 que je sache, elle n'a pas particulièrement fait de déclarations favorables
00:20 à la politique de Bibi Netanyahou,
00:22 nécessairement doit être stigmatisé, interdit, rejeté.
00:26 Et évidemment, ça pose un grand nombre de problèmes
00:30 sur la conception qu'on se fait de la démocratie dans notre société.
00:33 Il est parfaitement légitime de manifester son soutien aux Palestiniens,
00:38 de dire qu'il est inacceptable que plus de 30 000 personnes,
00:42 civiles ou militaires, aient été tuées par les bombardements israéliens dans la bande de Gaza.
00:47 Ça fait partie des choses qu'on a le droit de dire.
00:50 On peut aussi dire qu'il est inacceptable qu'il y ait des otages
00:54 retenus sous la terre à Gaza, à Hafa.
00:58 Mais on a aujourd'hui atteint un point de polarisation,
01:02 comme on l'a vu par exemple devant Sciences Po,
01:05 l'établissement où j'ai enseigné pendant 35 ans après avoir été étudiant,
01:09 rue Saint-Guillaume, où seuls les cordons de CRS envoyés par M. Nunez
01:14 permettaient que ceux qui défendaient les Palestiniens
01:17 et ceux qui défendaient les Israéliens n'en viennent pas aux mains,
01:20 dans un endroit qui est destiné en principe à produire de la connaissance
01:25 et non de l'idéologie a priori.
01:27 Et ça, c'est le gros problème aujourd'hui, c'est que les termes du débat
01:32 aujourd'hui sont de moins en moins informés par le savoir et la connaissance,
01:36 mais sont pris en otage par les enthousiasmes des uns et des autres,
01:40 qu'encore une fois on peut comprendre,
01:43 mais qui aujourd'hui empêchent de véritablement comprendre les enjeux
01:48 et de comprendre ce qui se passe.
01:49 [Musique]
01:53 [SILENCE]