• il y a 7 mois
C’est la radiologue la plus suivie de France ! Cheffe de clinique en imagerie thoracique à l’hôpital Cochin, ses vidéos d’analyse de scanners cartonnent sur Instagram et TikTok ! Sophie-Hélène Zaimi, alias The French Radiologist, est ce matin l'invitée de Mathilde Serrell. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/nouvelles-tetes/nouvelles-tetes-du-mardi-14-mai-2024-6254884

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00:00 Mathilde Serrel, les Nouvelles Têtes avec vous.
00:03 Ce matin, une jeune radiologue qui passe son métier au rayon X, Sophie-Hélène Zaïmi,
00:09 alias "The French Radiologist", est dans notre studio Portrait Sonore.
00:15 - Dites, mon lieutenant, pourquoi n'y a-t-il pas de globules rouges ici ?
00:19 - Nous sommes dans un vaisseau lymphatique.
00:21 On y transporte les aliments du corps, mais pas d'oxygène, alors pas de globules rouges.
00:25 - Comme dans le dessin animé culte, il était une fois la vie.
00:30 Elle a toujours voulu regarder sous la peau et comprendre les mécanismes du corps humain.
00:35 Elle était décidée à faire médecine, c'est sûr, mais dans quelle spécialité ?
00:40 - L'annumération formule est normale, pas d'anomalies révélées au scanner abdominal.
00:44 Alors, messieurs, dames, diagnostic différentiel, qu'est-ce qu'elle a ?
00:47 - Comme dans la série culte "Doctor House", ce qui la passionne, c'est la partie diagnostic,
00:52 la stimulation intellectuelle, du raisonnement médical.
00:55 C'est pour ça qu'elle choisit la radiologie, l'année du concours de l'internat.
00:58 En revanche, il y a des énigmes qui la passionnent moins,
01:01 comme les us et coutumes des week-ends d'intégration.
01:03 - Cette année encore, la corporation demandait pourtant aux étudiants de réaliser des défis.
01:09 Parmi eux, tourner un film pornographique ou encore...
01:14 - Photocopier ses seins.
01:16 - Après avoir survécu au concours de Miss WEI pour Miss Week-end d'intégration,
01:22 il y a pas mal de débords sous gaz hilarants.
01:25 Celle qui a fini 1750e sur 9000 obtient sa spécialité radiologie
01:31 et enchaîne sur 5 ans d'internat où elle utilise naturellement les réseaux
01:35 pour documenter son travail et son expérience.
01:38 - Salut, aujourd'hui, je vais te présenter 3 scanners à toi de deviner
01:41 quelle est la pathologie sous-jacente. C'est parti !
01:43 Ici, il s'agit d'un enjeu scanner aortique
01:46 avec une dissection de la horte thoracique descendante.
01:50 Donc, une dissection aortique de type B. Il s'agit évidemment d'une urgence.
01:55 - Évidemment. A 30 ans et 200 000 abonnés cumulés sur TikTok et Instagram,
02:01 elle est la radiologue la plus suivie de France et exerce là où elle est née,
02:05 un 23 août 1993 à 1h55, l'hôpital Cochin.
02:11 Sauf qu'elle est passée du statut de nouveau-née à celui de chef de clinique en imagerie thoracique.
02:16 Sophie Lenzaimi, alias "The French Radiologist", bonjour !
02:20 - Bonjour Mathilde. - Salut les avocados !
02:22 C'est ça le petit gimmick d'ouverture des vidéos ?
02:26 - Ouais, c'est ça. Je ne sais pas pourquoi un jour... - Qu'est-ce qui s'est passé avec les avocados ?
02:29 - Bon, je vais vous dire la vérité. Un jour, j'avais partagé la radio d'un patient,
02:32 le scanner d'un patient qu'on m'avait envoyé en MP,
02:35 qui s'était coincé à un avocat, quelque part, dans le rectum.
02:38 Et du coup, depuis, mes abonnés ont décidé de m'appeler l'avocate.
02:42 De m'attribuer l'avocat comme fruit.
02:45 - Très bien. MP, c'est "message privé", donc la personne avait...
02:49 Bref, je vous laisse imaginer.
02:50 Bravo, belle promotion en tout cas.
02:52 À 30 ans, 11 années de médecine derrière vous.
02:55 Dans la rue, on vous arrête pour analyser des radios, maintenant ?
02:58 - Non, quand même pas. De toute façon, je ne peux pas délivrer des rayons X en pleine rue.
03:02 Ce n'est pas du tout...
03:03 - Non, mais quelqu'un pourrait se balader avec sa radio et vous demander votre avis.
03:06 - Non, mais maintenant que tout est sur les téléphones, c'est vrai que parfois, à des dîners,
03:10 on me montre ce radio, ce scanner, et on me dit "t'en penses quoi ?"
03:13 Bon...
03:15 - Alors, vous publiez désormais un livre avec le dessinateur Jules, aux éditions Liconaclast,
03:19 sur votre parcours d'étudiante en médecine, votre quotidien à l'hôpital,
03:22 les nombreux défis du métier comme l'IA, l'intelligence artificielle, le manque de moyens,
03:26 les déserts médicaux, mais aussi les mythes qui entourent les blouses blanches
03:29 comme les sulfureuses traditions de carabins, les codes de la falluche
03:35 et autres épreuves d'adoubement lors des études.
03:37 C'est quoi les quatre étapes ?
03:39 Codum, sexum, quantum, vinum ?
03:42 - Exactement. Ça, c'est le code de la falluche.
03:44 J'avoue que je n'étais pas fallucharde, donc je n'ai pas eu à apprendre ce code.
03:47 - Décryptez-nous le code.
03:49 - Le code de la falluche, moi je ne le connais pas par cœur,
03:51 mais en vrai j'ai réussi à obtenir via des copains qui étaient falluchards
03:55 ce code qui est censé être secret, que j'ai révélé dans ce livre du coup.
03:58 Et voilà, la falluche, en fait, les falluchards, c'était un groupe d'étudiants
04:02 qui avaient une coiffe, une sorte de béret en velours avec des couleurs, des pins,
04:06 et chaque pin, en fait, ça correspondait à des missions, des gages qu'ils avaient accomplis.
04:11 Et en fait, en soirée médecine, on pouvait les reconnaître
04:13 parce qu'ils avaient toujours leur coiffe sur la tête.
04:15 Et même parfois dans la rue, si vous vous promenez dans la rue Mouffetard,
04:18 vous pouvez les voir dans des bars, à Paris, dans des bars avec leur coiffe étudiante.
04:22 - Alors, codum sexum, cantum vinum, c'est quoi rapidement ?
04:25 - Vinum, c'est l'alcool, sexum, c'est le sexe.
04:27 - On aurait pu deviner, tiens !
04:30 - Et cantum, je ne sais plus trop, j'avoue que je les ai vus, mais je ne les ai pas entendues.
04:35 - Vous n'avez en tout cas pas particulièrement bien vécu,
04:38 parce que là, on rigole, ces épreuves d'intégration.
04:42 Vous, quand je dis que vous avez survécu à une élection de Miss Week-end d'intégration,
04:45 vous étiez cachée, on était allé vous chercher.
04:47 - J'étais dans le quart, en fait, parce qu'en fait, pour aller au Y,
04:49 donc c'est le Week-end d'intégration, on part tous dans des quarts,
04:52 donc on est répartis par équipes, avec nos chefs d'équipe,
04:55 et chaque équipe est dans des quarts avec d'autres équipes.
04:58 Et c'est vrai qu'à ce moment-là, on m'avait dit,
05:00 puisqu'il fallait faire l'émission de Miss Y,
05:02 donc Miss Y, c'est la Miss qui va devoir défiler en fait devant tout le monde et faire une danse,
05:09 la soirée du Week-end d'intégration.
05:11 Et c'est vrai que dans le quart, on m'avait dit, il faut que tu sois Miss Quart,
05:14 parce qu'après, toutes les Miss Quart peuvent être éligibles pour être Miss Y.
05:18 C'est comme les élections Miss France, mais version médecine.
05:20 - Et votre avis ? Bon, on s'en fiche.
05:22 - Moi, en fait, on m'avait dit, mais fais-le, fais-le, fais-le,
05:25 et j'étais en mode non, et je me souviens que mes chefs d'équipe m'avaient tiré pour que je le fasse,
05:28 et j'avais du coup lutté pour ne pas le faire, et je ne l'ai pas fait.
05:32 Donc je suis contente.
05:32 - Il y a aussi une jeune fille qui est vierge,
05:34 et puis le but du Week-end d'intégration, c'est qu'il y ait quelqu'un qui arrive à défleurer.
05:39 78% des femmes médecins ont déjà subi des comportements sexistes,
05:43 un tiers ont subi des gestes inappropriés ou des attouchements sur le statut des femmes médecins,
05:46 et vous en parlez, il y a encore beaucoup à faire.
05:48 - Oui, je pense que déjà, en fait, l'hôpital, le MeToo Hôpital,
05:52 il arrive beaucoup plus tard que le MeToo général, on va dire.
05:55 - Il y a une tribune dans le monde qui demande une loi globale sur la violence sexuelle et sexiste.
05:59 - Je pense que c'est une bonne chose, parce que c'est vrai qu'en fait,
06:02 dès le début de nos études, déjà des bandes lafac, on apprend des chansons paillardes.
06:06 Ensuite, en deuxième année de médecine, on est dans le Whale, la semaine d'intégration,
06:11 où en fait, nous au début, on est choqués,
06:13 et en fait, à force d'être confrontés à cet univers-là, on finit par le banaliser.
06:17 Et en fait, c'est quelque chose qui n'est pas banal.
06:19 Enfin, moi, je me souviens que j'avais ramené des copines qui étaient hors médecine à une soirée médecine,
06:24 et du coup, il y a des mecs qui se mettent à poil, etc.
06:27 Et mes copines qui étaient en prépa, elles m'ont regardée en mode "mais c'est quoi ces mecs ? C'est pas drôle ?"
06:32 Et c'est là où j'ai réalisé qu'il y avait un décalage, en fait, entre mon monde d'avant
06:36 et le monde dans lequel j'étais plongée, parce que moi, en fait, c'était devenu tellement banal
06:39 de voir des garçons faire la danse du limousin ou l'hélico,
06:42 que, en fait, je réalisais même plus que c'était anormal.
06:46 Et c'est mes copines-là qui m'ont ramenée à la réalité et qui m'ont dit "non mais, c'est choquant, là, c'est gênant".
06:50 J'étais là "ah ouais, peut-être".
06:52 - Donc, il y a toute une culture, en fait, à faire évoluer.
06:55 Vous, vous êtes suivie par 200 000 personnes en France.
06:56 Je vous disais, c'est franchement conséquent pour des quiz de radiologie.
07:00 On a entendu un extrait.
07:03 Et en fait, pour vous, la radiologie, c'est aussi haletant qu'un bouquin d'Agatha Christie.
07:06 Je voudrais que vous me racontiez pourquoi.
07:08 - C'est en fait, pour moi, la radiologie, je le vois un peu comme ça.
07:11 Être un petit Sherlock Holmes ou un détective qui, à travers les images qu'il voit
07:17 et les renseignements cliniques et biologiques, va détecter les maladies,
07:20 déceler, en fait, pourquoi le patient a tel symptôme.
07:24 Et donc, je trouve que, du point de vue raisonnement médical,
07:27 on apporte quelque chose, la clé essentielle,
07:29 qui permettra après au patient d'avoir son traitement
07:32 et d'avancer dans sa prise en charge.
07:34 - Et c'est comme une énigme, donc, qu'il faut résoudre.
07:36 Il y a également l'arrivée de l'IA, qui fait qu'il y a de moins en moins d'étudiants
07:41 qui vont choisir la spécialité radiologie, pensant que le métier n'existera plus.
07:45 Vous avez une réponse à ça ?
07:46 - Alors oui.
07:47 Déjà, moi, quand j'ai passé le SEN, par exemple, la place à Paris, elle est partie à 1500.
07:51 Maintenant, la place à Paris en radiologie, elle part dans les 2000-2300.
07:55 Donc, c'est vrai que les étudiants choisissent de moins en moins la radiologie comme spécialité,
07:58 parce que dans les couloirs de la fac,
08:01 on murmure que la radiologie, les radiologues, seront remplacés par l'intelligence artificielle.
08:05 Ça fait des années qu'on me le répète et je suis toujours là.
08:08 Et je mets ma main à couper qu'on ne serait pas remplacés par ça.
08:10 - Et une IA ne peut pas s'engager sur un diagnostic médical, de toute façon.
08:13 - Non, et plus pour la responsabilité, c'est pas possible.
08:16 - Merci, Sophie Elenzaimi.
08:18 Votre compte The French Radiologist, toujours dispo sur Instagram.
08:22 Votre livre "Docteur" dessiné par Jules Vian de Paris, à trois éditions,
08:24 "L'Iconoclast", "Posologie", en quatrième de couverture,
08:27 à lire trois fois par jour après chaque repas et le soir avant de s'endormir.

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