Après le choc immense de l’attaque du convoi pénitentiaire hier au péage d’Incarville, l’heure était au recueillement aujourd’hui devant plusieurs établissements pénitentiaires. Une minute de silence en l’honneur des trois blessés et des deux victimes : deux pères de familles auxquels plusieurs proches ont tenu à rendre hommage.
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00:00C'était un bon vivant, à tout savoir qu'il était pur, bon vivant, il plaisantait, il avait beaucoup de camarades, il avait quelques passions, la moto, le foot, l'urcellance pour ne pas le citer, et puis les copains, et puis il adorait sa femme, ils étaient ensemble depuis 11 ans, et puis ils se sont mariés il y a 3 ans,
00:28et puis Marie, son épouse, est enceinte de 5 mois.
00:34Comment justement Arnaud, il a l'air de papa, comment va son épouse ?
00:38Je viens de la voir, c'est très très difficile pour elle parce qu'elle se sent abandonnée, et puis elle essaie de faire face,
00:48donc c'est pour ça que je la mets un peu à l'écart des médias, justement pour pas qu'elle soit trop trop perturbée, mais tout ce que je fais c'est en accord avec elle, donc il n'y a pas de problème.
01:02Quelle relation vous entreteniez avec votre fils, vous parliez souvent, vous vous voyiez souvent ?
01:08On habite à 800 mètres l'un de l'autre, donc on se voit facilement une à deux fois par semaine, des fois plus, ça dépend, ça dépend de son travail, mais il est là depuis qu'il a intégré les extractions judiciaires, il a tous ses week-ends, donc je peux me permettre d'aller le voir plus souvent le week-end.
01:28Quelles étaient les motivations de son engagement comme surveillant pénitentiaire, puis au service escorte judiciaire ?
01:34Donc déjà il a choisi l'administration pénitentiaire parce qu'il adorait ça, il s'y plantait, donc c'était sa troisième affectation, puisqu'il était à Grasse au départ, après il a été à Argentan, puis Caen, et là il a demandé, il voulait encore bouger avec une nouvelle équipe,
01:52et c'est pour ça qu'il a fait le stage pour faire les extractions judiciaires, qu'il a réussi, et c'est comme ça qu'il s'est retrouvé là. Donc le fait de travailler en extraction judiciaire, ça lui permettait d'avoir tous ses week-ends, et quand il a su qu'il allait être papa, ça leur permettait d'avoir tous les week-ends pour profiter ensemble.
02:12Comment vous avez appris la mort de votre fils ?
02:20J'étais dans l'or, et puis à notre maison, et puis ma belle-fille m'appelle, elle me dit Dominique, regardez à la télé, j'ai pas de nouvelles d'Arnaud, donc j'ai vu, je sais plus à quelle station, quelle chaîne, deux agents pénitentiaires décédés, trois blessés, j'ai appelé aussi sur son téléphone perso, pas de nouvelles,
02:42donc j'ai décidé d'appeler directement la direction générale à Rennes, qui m'ont dit qu'ils allaient me rappeler dans les dix minutes, et j'ai eu monsieur Dupond-Moriti qui m'a confirmé l'impensable.
02:58J'avais une chance sur cinq, voire une chance sur trois que mon gamin soit dans les blessés, et ça n'a pas été le cas, et l'intonation de monsieur le ministre était sans équivoque. Il était aussi pas gêné, mais bon, il était malheureux de me signaler ou de m'informer de la mort de mon fils.
03:20Quels sont les sentiments qui vous passent par la tête depuis, qu'est-ce que vous ressentez depuis cette annonce d'hier ?
03:26J'ai eu plusieurs états colériques, à savoir que toute la nuit, j'ai pleuré, j'ai pleuré, ce qui était un peu normal quand on n'a qu'un fils unique. De la colère, je suis passé un petit peu à la mise en confiance, à savoir que je fais confiance à la police, à la gendarmerie qui traite l'enquête.
03:48Après, il y aura le stade judiciaire, et on verra si dans cette dernière partie, on voit qu'au moins que la justice soit faite, on verra.
04:02Qu'est-ce que vous avez fait depuis hier soir ?
04:04Rien. J'ai pas dormi, j'ai pas dormi. J'ai ressassé, j'ai ressassé. J'ai regardé toutes les photos de mon fils. C'est tout.
04:15Vous pensez à quoi quand vous voyez ces photos ?
04:18Sa vie. Sa vie et que je ne le verrai plus. Et maintenant, bon, il y a un petit être qui va arriver dans quelques mois, donc maintenant, mon espérance, c'est ça, quoi.
04:31aider ma belle-fille et mon petit ou ma petite-fille à essayer de l'élever comme on a fait pour notre fils, c'est-à-dire dans la droiture, l'honnêteté, et j'étais fier de mon fils.
04:45Il a tout réussi, donc il a réussi sa partie professionnelle, sa famille, et donc maintenant, je...
04:53S'il y avait un souvenir que vous devez garder de lui, ce serait lequel ?
05:00Son humour, son humour. Son humour, son bien-être, le noyau familial qu'il a su préserver et qu'il a rendu à sa famille.
05:15La preuve, puisque toutes les doléances, les collectes qu'on a fait avec les collectes, toutes les réponses que j'ai, on voit que ça prouve que c'était un être... un bon mec, quoi.
05:24Très, très bon mec. J'aurais voulu le voir comme copain. C'est tout.
05:29Vous vous posez encore des questions exactement sur ce qui s'est passé ?
05:33Non. Pour l'instant, je ne veux pas me poser de questions. Je ne peux pas vous dire s'il y a eu une erreur de l'administration pénitentiaire d'avoir engagé une équipe de 5 agents pénitentiaires qui faisaient face à une attaque massive, un assassinat,
05:53à 5 ou 6 malfaiteurs durement armés qui se sont tués en lâcheté. Donc ces gars-là méritent le maximum. Maintenant, le maximum, vous le connaissez, c'est qu'une peine de perpétuité ou à vie.
06:10Donc c'est tout, quoi. C'est tout. Mon fils, il l'a pris pour perpète. Donc on voit la différence quand on verra le partage de la justice, si elle sera bien rendue, quand le gars ou les gars seront interpellés, bien sûr.