Le quart d'heure toulousain sur les crèches

  • il y a 4 mois
Avec Maryline Bessière éducatrice jeunes enfants dans une crèche multi-accueil des quartiers nord de Toulouse, elle est représentante CGT.

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00:00C'est le 6-9 France-Globe-Occitanie.
00:047h45, bonjour à tous. Avez-vous trouvé un mode de garde pour vos enfants qui ne sont pas encore à l'école ?
00:10C'est le thème de notre quart d'heure toulousain ce matin, Jeanne-Marie.
00:12Oui, donc venez nous dire si vous avez obtenu une place en crèche à Toulouse ou ailleurs et si
00:17votre enfant est bien accompagné dans cette crèche, si ça se passe bien.
00:21On prend tous vos appels au 05 34 43 31 31. Bonjour Maréline Bessières.
00:27Bonjour. Vous connaissez très bien le sujet puisque vous êtes éducatrice de jeunes enfants à la mairie de Toulouse et vous travaillez dans une crèche
00:33du nord toulousain me semble-t-il et vous faites partie de la CGT.
00:37Des parents de la crèche Sainte-Lucie, qui est la seule de Toulouse ouverte 24 heures sur 24, ont manifesté hier
00:43parce que ce service va disparaître et que la crèche va passer aux mains de la mairie. Est-ce que vous comprenez cette décision ?
00:50Eh bien non, je ne la comprends pas parce qu'à partir du moment où on a un service public qui répond aux besoins,
00:56c'est dommage de le supprimer. Est-ce que vous savez, parce qu'actuellement, elle est gérée par qui cette crèche ?
01:03Par la mairie. Par la mairie, donc elle reste aux mains de la mairie, c'est ça ?
01:07Oui. Mais la mairie, qu'est-ce qu'il faut comprendre ? Qu'elle n'a plus les moyens
01:11d'avoir du personnel la nuit notamment pour s'occuper des enfants ? La difficulté, c'est que les collectivités territoriales,
01:18d'abord il faut savoir qu'elles ne sont pas dans l'obligation de
01:22proposer des services
01:24d'accueil du jeune enfant.
01:26Donc ça, nous, on le revendique au niveau national et du coup, en fait, les collectivités territoriales, elles ont plein
01:32de services à gérer, à mettre en place et les finances
01:36sont un peu en perne
01:39avec la baisse des dotations
01:41que le gouvernement, l'argent que donne le gouvernement aux collectivités territoriales pour assumer ces services.
01:47Et du coup, il y a des collectivités qui font le choix de couper parce que financièrement, c'est compliqué.
01:53Et vous estimez que la mairie de Toulouse n'a pas suffisamment de moyens pour la petite enfance ?
01:57Alors, j'estime pas...
02:00Comment dire ? Je ne vais pas dire ça comme ça, mais
02:04je pense qu'en fait, c'est des choix politiques en fait.
02:10C'est des choix politiques,
02:12les choix politiques en lien avec l'économie. Et c'est dommage parce qu'en fait, on a besoin de services publics pour la petite enfance.
02:19Sur l'état des lieux
02:22Général
02:23Mareline Bessière, il y a 39 crèches municipales à Toulouse. On a l'impression quand même autour de nous
02:28que beaucoup plus de familles qu'avant arrivent à obtenir une place en crèche.
02:33Comment vous expliquez quand même ce sentiment qu'on a ?
02:36Alors, il y a certainement un mieux.
02:39Parce qu'il y a des décisions qui ont été prises pour permettre
02:44plus d'accueil. Mais la difficulté, la contrepartie de tout ça, c'est qu'en fait,
02:49on nous
02:51pousse à accueillir plus.
02:54Alors ça, c'est même sur le plan national.
02:57Il y a des lois qui ont été votées, qui ont été appliquées avec cette idée de remplir les structures.
03:04Et du coup, on est toujours quand même un
03:07professionnel pour cinq enfants qui ne marchent pas et un professionnel pour huit enfants qui marchent.
03:11Donc ce taux d'encadrement est toujours respecté dans les crèches municipales toulousaines ?
03:14Ah oui, oui, oui.
03:15Donc il n'y a pas de situation de crise extrême ?
03:18Alors si, parce qu'en fait, la grosse difficulté dans la petite enfance, c'est qu'on a, ça fait vingt ans,
03:24qu'on
03:26sonne la sonnette d'alarme pour dire qu'il n'y a pas assez de professionnels formés
03:31et qu'on va dans le mur. Et c'est ce qui arrive en ce moment. C'est-à-dire que là, par exemple, la ville de Toulouse, ils ont
03:36des grosses difficultés à recruter
03:39des personnels, du personnel qualifié et formé.
03:42Donc on prend du personnel qui n'est pas du tout qualifié, qui ne sait pas s'occuper d'enfants ?
03:48Si, on prend
03:49le minimum, quand même, c'est le CAP Petite Enfance, donc il y a quand même... Mais en fait, nous on revendique,
03:56il y a vingt ans,
03:59c'était
04:00le personnel
04:02auxiliaire de périculture,
04:04éducateur de jeunes enfants et péricultrice qui travaillait en crèche. Et on a ouvert de plus en plus, alors
04:10pourquoi pas ? Mais la difficulté, c'est qu'il y a un ratio du taux d'encadrement, c'est-à-dire qu'il faut 40% de diplômés
04:17et 60% de,
04:20on appelle non-diplômés, mais qui sont diplômés quand même avec un CAP Petite Enfance.
04:25Mais c'est compliqué en fait.
04:26Et la conséquence, pour ouvrir une crèche, juste pour ouvrir le matin une crèche, il faut deux professionnels diplômés.
04:33Donc quand sur une structure
04:35d'une quinzaine de professionnels, il y a six à sept professionnels diplômés,
04:41ben c'est six à sept
04:43professionnels qui ont un diplôme ou auxiliaire de périculture ou éducateur de jeunes enfants ou péricultrice, sont obligés de
04:50tourner tout le temps sur les ouvertures. Et c'est compliqué. Et la conséquence, c'est que parfois aussi des directeurs et directrices de crèche sont obligés
04:56de venir s'occuper des enfants et de lâcher un peu l'administratif pour pallier ce manque de personnels qualifiés.
05:04Terminons quand même par le nerf de la guerre, les salaires. En moyenne, combien gagne une salariée de crèche ?
05:11Au début de carrière, c'est
05:151400, bon voilà, c'est très bas. En fait, on n'a pas des salaires qui évoluent énormément.
05:22Bon, il faut savoir que c'est une profession qui est très féminine.
05:28On le regrette, parce que ce n'est pas un métier féminin.
05:32Mais en fait, comme ce sont souvent les métiers féminins, au niveau
05:37revalorisation salariale, c'est un peu compliqué.
05:39Et nous, c'est vrai qu'on revendique ça, le fait de la revalorisation des salaires,
05:44mais aussi la reconnaissance de notre travail et de nos formations, ce qui n'est toujours pas le cas à l'heure actuelle.
05:50Ça fait
05:51des gouvernements et des gouvernements qui se suivent, qui font des annonces et des annonces,
05:56mais toujours rien. Et on est toujours dans une situation où
06:00on est en manque de personnel, on n'est pas reconnu, nos emplois ne sont pas
06:05valorisés, et du coup, c'est pas attractif. Et donc, c'est le
06:10comment dire, le serpent qui se mord la queue, en fait, le cercle vicieux.
06:13Alors que ces crèches, c'est évidemment indispensable. On est obligé de s'arrêter, c'est la fin de cette
06:18séquence. Merci beaucoup pour toutes ces précisions sur les conditions de travail de
06:22ces puéricultrices, notamment, ou diplômées de CAP Petite Enfance. Merci beaucoup, Maréline Bessières.
06:27Je rappelle que vous êtes éducatrice de jeunes enfants à la mairie de Toulouse et membre de la CGT.
06:31Et à bientôt.

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