Ukraine : ces athlètes qui préparent les JO malgré la guerre

  • il y a 4 mois
Depuis le début de l’invasion russe en février 2022, plus de 420 athlètes ukrainiens ont été tués, et plus de 500 infrastructures sportives ont été détruites. Pourtant, la délégation ukrainienne poursuit, mois après mois, sa préparation pour les Jeux olympiques de Paris.

Pour comprendre le quotidien de ces athlètes, notre correspondante Clara Marchaud s’est rendue à Kiev et a assisté à plusieurs entraînements. Retrouvez leurs témoignages, ainsi que l’analyse de Lukas Aubin, directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques (et auteur de La Guerre du sport : la nouvelle géopolitique).

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Transcript
00:00Je me préoccupe parce que, même sans entraînement, je me préoccupe d'une famille à cause de la guerre.
00:09Je me préoccupe de mes proches, de ma soeur, de mon père. Ils vivent aussi là-bas.
00:16Les entraînements se déroulent, le matin, le soir et la nuit.
00:23Quand l'athlète se repose, il faut se lever et aller dans les couloirs, parce que c'est dangereux.
00:29Je suis prêt à représenter l'Ukraine, à montrer que j'ai des souhaits,
00:36pour que, comme souvent, on parle de notre pays et de notre propre pays.
00:42Depuis le début de la guerre en Ukraine en février 2022,
00:45les conditions de vie et d'entraînement des athlètes ukrainiens sont complètement chamboulées.
00:49Plus de 500 infrastructures sportives ont été détruites et plus de 420 athlètes ukrainiens ont été tués.
00:56Pour les Jeux de Paris, plus de 60 athlètes ukrainiens se sont qualifiés contre 155 en 2020.
01:02Pendant des mois, leur préparation a été rythmée par le risque permanent de bombardements.
01:06Pour comprendre leur quotidien, notre correspondante Clara Marchot s'est rendue à Kiev pour écrire un article
01:11et elle en a profité pour nous ramener ces images.
01:14C'est une thème très douloureuse.
01:18Parmi l'équipe d'entraîneurs, trois d'entre eux ont rejoint les forces armées.
01:22C'est aussi le cas de plusieurs parents d'athlètes.
01:48Je suis né dans la ville de Mykolaiv.
01:51Après avoir été en Vite, j'ai venu à la ville de Kyiv.
01:55Après l'invasion de la Russie dans notre pays,
01:59je suis devenu champion d'Europe individuellement,
02:02au-dessus de 10 mètres, au Rhum.
02:05Je suis devenu champion de la 3e place du monde.
02:18J'espère vraiment que je pourrai gagner une médaille.
02:22J'ai un rêve, c'est d'être champion olympique.
02:26Je me préoccupe de mes parents, de ma soeur, de mon père.
02:30Je me préoccupe aussi de moi-même.
02:33Je me préoccupe de mes parents, de ma soeur, de mon père.
02:36Je me préoccupe aussi de moi-même.
02:39Je me préoccupe aussi de moi-même.
02:42Je m'occupe de moi-même.
02:44Je m'occupe aussi de moi-même.
02:46Parce que Kyiv n'est pas unique.
02:49Il y a des alarmes à l'air en Kyiv.
02:53Et nous devons...
03:02Comme je vous le disais au début de cette vidéo,
03:05plus de 500 infrastructures sportives ont été détruites
03:08et plus de 420 athlètes ukrainiens ont été tués.
03:11Parmi ces athlètes, le judoka Stanislav Ulenkov est décédé à l'âge de 23 ans.
03:16Au micro de notre correspondante, un de ses anciens camarades d'entraînement, Bogdan Yadov, se confie.
03:41Quand nous étions allés à la compétition en Paris, j'ai vu qu'il allait mourir.
03:50Si ce n'était pas pour l'intérêt de la Russie.
03:53C'est une réponse très facile.
03:56Pourquoi ? Il ne peut pas faire cela grâce à l'intérêt de la compétition.
04:01Maintenant, notre ministère et tout le monde qui s'occupe de l'esport
04:07et qui s'occupe de l'espoir de faire en sorte qu'il n'y ait plus de joueurs olympiques.
04:38Le 19 mars, le CIO a également annoncé que les athlètes russes et biélorusses
04:43seront interdits de cérémonie d'ouverture et que leurs médailles ne seront pas comptabilisées.
04:48A ce jour, 12 athlètes russes et 7 biélorusses ont décroché leurs qualifications pour les Jeux.
04:53Mais jusqu'à 55 Russes pourraient participer à la compétition.
04:57Un chiffre très loin des 330 athlètes participant aux Jeux de Tokyo,
05:01déjà sous bannière neutre en raison de dopage.
05:05Pour les Ukrainiens, autoriser la participation sous bannière neutre est une sanction insuffisante.
05:10En juillet dernier, lors des championnats du monde d'escrime,
05:13l'athlète ukrainienne Olga Karlan avait d'ailleurs refusé de serrer la main
05:17de son adversaire russe après sa victoire.
05:19Pour les Russes, les décisions du CIO sont jugées inadmissibles
05:22et Vladimir Poutine menace même de boycotter la compétition.
05:35Pour mieux comprendre ce que représentent les Jeux de Paris pour ces athlètes,
05:38j'ai donné rendez-vous à Lucas Aubin, directeur de recherche à l'IRIS,
05:41dans un lieu très symbolique.
05:48Bonjour Lucas Aubin, merci beaucoup d'être avec nous.
05:50Pourquoi les Jeux de Paris sont aussi importants pour ces athlètes,
05:54notamment les Ukrainiens ?
05:55Une compétition comme les Jeux olympiques et paralympiques,
05:57c'est regardé en moyenne par 4 à 5 milliards de téléspectateurs.
06:02À partir de là, quand vous êtes un athlète, quand vous représentez un pays,
06:06il est pour vous hyper important d'être présent pour diffuser une certaine image,
06:11un certain narratif aussi, parce qu'aujourd'hui on le sait,
06:14le sport et la géopolitique sont intrinsèquement liés,
06:18et ce depuis 150 ans à peu près.
06:21Et même si on remonte encore plus avant, déjà à l'époque antique,
06:25Sparte, Athènes, les cités grecques utilisaient les jeux panhéléniques
06:30pour diffuser leur version finalement de leur vie en société, etc.
06:35Là, ce sera le cas pour les athlètes ukrainiens,
06:37qui vont probablement utiliser cet événement pour faire valoir leurs intérêts
06:42et rappeler peut-être aussi au monde que la guerre continue en Ukraine,
06:46contre la Russie évidemment,
06:48et que, bien entendu, l'aide occidentale pour le moment n'est pas suffisante
06:51pour repousser l'envahisseur russe.
06:53Le Conseil européen a reconfirmé l'envahisseur russe
06:56Le Conseil européen a reconfirmé l'envahisseur russe
06:58l'envahisseur russe
06:59l'envahisseur russe
07:00l'envahisseur russe
07:01l'envahisseur russe
07:02Pour les athlètes russes, et pour la Russie de manière générale,
07:05c'est évidemment un vecteur important.
07:07Vladimir Poutine, on le sait, a fait du sport un instrument de puissance
07:10depuis qu'il est arrivé au pouvoir, fin 99, et jusqu'à aujourd'hui.
07:14Les 22e Olympiques de Sochi,
07:20je les annonce,
07:22sont ouvertes !
07:27Le problème, c'est que cet instrument de pouvoir,
07:29il en est partiellement amputé aujourd'hui, évidemment,
07:32et donc forcément, l'enjeu est différent.
07:34L'enjeu, là, il va être pour le pouvoir russe
07:37de diffuser un narratif un peu victimaire,
07:39c'est-à-dire un narratif que Vladimir Poutine affectionne beaucoup,
07:42l'idée que finalement, la Russie serait une sorte de forteresse assiégée
07:46que l'Occident chercherait à détruire.
07:48Vous parlez souvent de sport power, la puissance sportive,
07:52comment le sport est devenu, j'allais dire,
07:55un instrument si puissant de géopolitique, depuis quand,
07:58et comment, en tant qu'athlète, on le vit, ce poids sur ses épaules ?
08:01Le sport tel qu'on le connaît aujourd'hui, le sport moderne,
08:04comme on l'appelle, il est né en Grande-Bretagne
08:06au début du XIXe siècle à peu près.
08:08A l'époque, c'était l'époque des grands empires,
08:10il y avait l'Empire britannique notamment, qui était le plus grand empire de la planète,
08:13qui a diffusé le sport à l'échelle planétaire,
08:16et ce, de façon hyper rapide,
08:18moins de deux siècles plus tard,
08:20le sport avait conquis la planète.
08:22Aujourd'hui, il est impossible pour une personne, finalement,
08:25d'échapper aux résultats sportifs d'une finale de coupe du monde de football, par exemple.
08:29Et donc, évidemment, dans ce contexte-là, quand vous êtes un athlète,
08:32vous avez une pression supplémentaire sur vos épaules,
08:34vous représentez votre nation.
08:36Je crois que, quand on est porté dans un contexte comme celui-ci,
08:39par une forme de résistance à un envahisseur, etc.,
08:43finalement, la pression que vous avez sur les épaules,
08:46en tant que sportif ou sportive,
08:48est beaucoup moins importante que la réalité que vivent beaucoup d'Ukrainiens et d'Ukrainiennes sur le champ de bataille.
08:52En fait, on va plutôt les galvaniser
08:54et leur donner, justement, une forme de force supplémentaire pour performer.
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