• il y a 6 mois
La Nouvelle-Calédonie est toujours sous état d'urgence et les violences continuent. Isabelle Champmoreau, vice présidente du gouvernement de Nouvelle Calédonie fait le point sur la situation sanitaire, l'accès au soin, la question du ravitaillement et celle des écoles à l'arrêt depuis une semaine qui laissent les élèves sans solution.
Regardez Les trois questions de RTL Petit Matin avec Jérôme Florin et Marina Giraudeau du 21 mai 2024

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Transcription
00:00 RTL, les trois questions du petit matin.
00:03 6h14 à Paris, 15h14 à Nouméa, nous accueillons maintenant Isabelle Chamoreau, bonjour.
00:09 Bonjour.
00:10 Vous êtes la vice-présidente du gouvernement de Nouvelle-Calédonie, vous êtes loyaliste
00:16 et vous êtes en charge de l'enseignement.
00:18 Merci beaucoup d'être en direct avec nous sur RTL.
00:21 Qu'en est-il justement de l'enseignement ? Est-ce que les écoles sont toujours fermées
00:25 aujourd'hui ?
00:26 Écoutez, de manière globale, nous sommes dans une situation qui est quand même encore
00:31 extrêmement tendue malgré des améliorations.
00:33 Grâce à des renforts qui continuent à arriver, je voudrais vraiment saluer le travail des
00:38 forces de l'ordre.
00:39 Il y a encore plusieurs quartiers de l'agglomération qui ne sont pas encore sécurisés, qu'on
00:44 a d'ailleurs du mal à alimenter, même sur des produits de première nécessité.
00:48 Donc pour l'instant, et c'est valable cette semaine, les établissements scolaires
00:53 sont fermés sur quasiment l'ensemble de la Nouvelle-Calédonie et nous travaillons
00:58 avec les équipes pour organiser les semaines à venir.
01:01 Et ça représente combien d'élèves au total ?
01:03 Alors c'est 65 000 élèves en Nouvelle-Calédonie, de la maternelle à l'université.
01:10 Pour l'instant, on a des dégâts importants sur notre parc immobilier au niveau scolaire.
01:16 Nous avons plusieurs collèges qui ont été incendiés et qui sont complètement détruits.
01:22 Donc on en est à un stade déjà de bilan, d'évaluation des dégâts matériels, mais
01:27 aussi je dirais de la situation de nos personnels.
01:31 Nous avons eu des personnels qui se sont retrouvés en danger dans certains de nos établissements.
01:36 Donc nous avons pu quasiment résoudre toutes les situations en les évacuant.
01:40 Certains ont eu leur domicile de fonction complètement détruit et incendié.
01:46 Donc les problématiques vont être matérielles, mais aussi psychologiques pour nos élèves,
01:52 les familles et les personnels concernés.
01:53 Et quelles solutions pour les élèves ? Ils n'ont pas cours du tout là ? Il n'y a
01:57 pas de ce qu'on appelle la continuité pédagogique ? Ça n'existe pas pour l'instant ?
02:01 Alors là, on n'en est pas encore là.
02:04 Ce sont des systèmes qu'on avait mis en place en période Covid, donc techniquement
02:08 on sait faire.
02:09 Donc là, nous avons une semaine de fermeture.
02:12 La semaine prochaine, en fonction des avancées au niveau sécuritaire, parce que là, on
02:16 n'en est pas encore à attendre une phase de sécurisation totale pour pouvoir évoquer
02:21 des possibilités de réouverture partielle sur l'agglomération.
02:25 Après, nous avons une semaine où il pourrait y avoir un service minimum assuré, ensuite
02:30 deux semaines de vacances, puisque nous ne sommes pas sur le même calendrier que celui
02:34 de Métropole.
02:35 Donc ça nous laisserait, je dirais, une période d'environ un mois sur lequel nous allons
02:39 essayer de mettre en place un certain nombre de dispositifs.
02:42 L'optimité pédagogique arrivera aussi à un moment où notre population pourra se
02:47 focaliser sur autre chose que sur ses besoins primaires.
02:51 Je vous avoue que pour l'instant, nos trois objectifs, c'est l'approvisionnement alimentaire
02:55 des populations, la question du soin, de sécuriser notre hôpital et notre principale
03:01 clinique et également le soutien économique à nos entreprises, puisque nous avons eu
03:05 également un tissu économique fortement impacté.
03:08 Alors justement, l'accès à l'hôpital, il est encore difficile ?
03:12 Oui, alors on a mis en place un poste médical avancé, c'est-à-dire une structure qui
03:18 nous permet de gérer les urgences hors milieu hospitalier.
03:23 Le Médipol est situé sur la commune de Dimbéa et il est encore difficile d'accès.
03:29 Par contre, on a aussi assuré les approvisionnements, c'est-à-dire que nous n'avons pas de
03:34 rupture pour l'instant au niveau médicament.
03:38 On a de quoi assurer, on est vraiment dans le concret, la reprise de chimio pour nos
03:43 patients.
03:44 On a du sang qui est arrivé de Polynésie française, également par la Solidarité
03:48 Nationale de Métropole.
03:51 Donc on est en train de réorganiser vraiment les services.
03:54 Mais un des prochains points stratégiques à investir pour la sécurisation, oui, c'est
04:00 vraiment notre centre hospitalier.
04:02 Et concernant la nourriture, certains habitants ont peur de manquer dans les prochains jours.
04:08 Est-ce que là on en est où au niveau du ravitaillement ?
04:11 Alors globalement, nous n'avons pas de rupture de stock, c'est-à-dire que nous avons plusieurs
04:17 semaines de réserve sur le territoire.
04:19 Alors c'est une organisation comme nous sommes unis qui est assez classique et nous
04:24 n'avons pas de problème d'approvisionnement par le port pour l'instant.
04:27 Le problème c'est d'acheminer les marchandises vers les zones qui ne sont pas sécurisées.
04:31 Donc effectivement dans certains quartiers de l'agglomération, puisque les choses
04:35 sont un peu plus normalisées sur le nord de l'île et dans la province des îles,
04:39 le vrai problème alimentaire c'est de pouvoir atteindre nos populations et les centres de
04:44 distribution en sachant qu'un grand nombre de supermarchés ont été également détruits.
04:50 Donc c'est vraiment lié à la question de la sécurisation, cet approvisionnement
04:56 en nourriture.
04:57 Emmanuel Macron évoquait hier soir de nets progrès dans le rétablissement de l'ordre,
05:01 c'est ce qu'il a dit lors du conseil de défense hier soir à l'Elysée.
05:04 Est-ce que c'est ce que vous constatez également ce matin ?
05:06 Oui, oui, oui.
05:09 Ça n'a rien à voir avec la période d'il y a ne serait-ce que quatre jours.
05:15 Bien sûr le Nouméa en grande majorité est plutôt sécurisé.
05:23 Là je vous parle de quartiers, notamment les quartiers nord de la ville, mais également
05:27 les communes de l'agglomération où les forces de l'ordre progressent mais où les
05:31 choses sont beaucoup plus difficiles.
05:33 Donc on a un vrai progrès sur le terrain mais il reste encore plusieurs poches d'insécurité
05:40 avec malheureusement des émeutiers qui sont armés et qui n'hésitent pas à tirer sur
05:47 les forces de l'ordre.
05:48 On n'est pas de l'émeutier urbaine classique.
05:51 Je pense qu'aucun sujet politique ne peut justifier de tels comportements.
06:00 On a bien compris que vous étiez loyaliste.
06:03 Je rappelle que vous êtes présidente du gouvernement de Nouvelle-Calédonie.
06:05 Juste pour finir, vous pensez que là on va vers une sortie de crise dans les prochains
06:08 jours ou on n'en est pas du tout là ?
06:10 Alors nous la sortie de crise, comme vous l'évoquiez, elle est plutôt sécuritaire
06:17 dans un premier temps et ensuite il y a des discussions.
06:21 C'est l'urgence et comme je vous le disais, pour nous, elle est déconnectée aussi.
06:25 On parle beaucoup du dégel du corps électoral.
06:28 Il n'y a aucun problème politique qui peut justifier ce déferlement de violence.
06:37 Maintenant, effectivement, les discussions reprennent.
06:39 Il y a eu également ces contacts organisés par le Premier ministre.
06:43 Pour nous, c'est le retour à l'ordre en sachant que sont venus se greffer à ces problématiques
06:50 politiques des délinquants.
06:52 Je voulais quand même finir en disant qu'au-delà de la délinquance, on pense qu'il y a une
06:58 forme d'anticipation et d'organisation de ces événements.
07:02 Les choses étaient quand même bien anticipées et bien préparées.
07:06 C'est ce qu'on découvre quand même de jour en jour.
07:07 Ce n'est pas qu'une flambée de violence à laquelle se sont greffés des personnes.
07:19 Et bien on aura l'occasion.

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