Après les appels étudiants, l'Union syndicale lycéenne (USL) appelle à "la mobilisation", dès ce lundi, dans tous les établissements en soutien à la population palestinienne.
Regardez Les trois questions de RTL Petit Matin avec Jérôme Florin et Marina Giraudeau du 06 mai 2024
Regardez Les trois questions de RTL Petit Matin avec Jérôme Florin et Marina Giraudeau du 06 mai 2024
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00:00Et nous sommes donc ce matin avec le président et porte-parole du premier syndicat lycéen, l'union syndicale lycéenne, Gwen Thomas Alves, il est 6h15.
00:12Vous appelez au blocus à partir d'aujourd'hui dans tous les établissements, dans tous les lycées pour dénoncer la situation à Gaza, après les étudiants, les lycéens donc.
00:21En quoi ce qui se passe aujourd'hui à Gaza doit-il mobiliser les lycéens français ?
00:27C'est une réponse très simple, c'est-à-dire qu'il y a 35 000 palestiniens qui ont été tués par l'armée israélienne, et donc nous on considère que chaque être humain doit se sentir concerné,
00:35et c'est ce qu'on a en fait depuis le début, c'est-à-dire que depuis 7 mois on a des mobilisations, des rassemblements, des manifestations,
00:39mais on voit bien que rien ne change et qu'aujourd'hui on n'a toujours pas un cessez-le-feu, et donc pour nous il faut pouvoir transformer ce mouvement,
00:44comme ce qui s'est passé aux Etats-Unis, c'est la semaine dernière à Sciences Po Paris, avec des blocus dans tous les lycées de France.
00:50Mais c'est un sujet de discussion dans les lycées ? Qui dépasse le cadre syndical ?
00:54On en parle entre élèves ?
00:56Bien sûr, c'est une question qui touche en réalité, parce qu'on en parle très souvent un peu partout, et donc évidemment que c'est une question qui fait parler.
01:04Je précise que vous n'êtes plus lycéen, vous êtes en première année de fac, vous avez 18 ans, mais vous êtes le président de ce syndicat des lycéens.
01:13Vous êtes conscient que la vie d'un lycéen français de seconde, de première ou de terminale ne va pas changer le cours des choses à Gaza ?
01:19Evidemment, mais le truc c'est qu'on a aujourd'hui une injustice, c'est un peu comme ce qui s'est passé en mai 68, même si évidemment le contexte est différent, je l'entends.
01:26Mai 68 c'était un mouvement social, là...
01:29Qui est parti avec des comités vietnam, contre la guerre au Vietnam, et aujourd'hui c'est un peu la même chose, c'est qu'il y a un peuple qui est opprimé,
01:35justement c'est le peuple palestinien depuis 7 mois, et même bien avant, et en fait on a juste envie de se mobiliser en soutien à ces personnes là.
01:42C'est un devoir de responsabilité qui nous alimente, et on compte bien répondre à ce devoir évidemment.
01:48Mais la finalité c'est quoi ? Vous n'êtes pas content, et après ? Qu'est-ce que ça va changer à Gaza en fait ?
01:54On a deux modifications très claires, c'est le cessez-le-feu en Palestine, et la reconnaissance de l'état palestinien par la France.
01:59C'est des choses qui pour nous sont très importantes, et qui nous tiennent à coeur, et c'est sur ça qu'on va pouvoir bloquer des lycées aujourd'hui, dans les jours qui suivent.
02:06Le cessez-le-feu il est en discussion depuis, ça fait des semaines que ça traîne, et on voit encore ce matin que c'est très difficile.
02:11C'est un cessez-le-feu permanent.
02:12En quoi votre mobilisation lycéenne peut changer les choses ? C'est ça ma question.
02:16Alors déjà c'est un cessez-le-feu permanent, qu'on ne veut pas seulement une trêve de 40 jours, où dans 40 jours on sait très bien que le combat reprendra, et notamment Arafat.
02:23Et après sur la question de quelle est notre importance à jouer, en réalité c'est un mouvement international.
02:27Comme je l'ai dit tout à l'heure, il y a des universités qui sont mobilisées à Sydney, à Londres, aux Etats-Unis,
02:32et donc on a envie de se joindre à ce mouvement international pour qu'on puisse peser auprès de nos dirigeants politiques,
02:37et pour qu'ensuite nos dirigeants politiques puissent aller porter la voie de la paix auprès du gouvernement d'extrême droite Netanyahou.
02:42Les étudiants, on peut comprendre que les étudiants soient politisés surtout dans des établissements comme Sciences Po,
02:48mais les lycéens on a du mal à comprendre. Pourquoi vous êtes touché par le problème directement ?
02:53Moi je ne crois pas vraiment à ce discours infantiliste qui vient de dire que les lycéens ne savent pas placer une carte...
02:59On a entendu certains dire que vous ne saviez pas, enfin que les lycéens ne savaient pas placer Gaza sur une carte.
03:06Sauf qu'on le réfute cet argument-là, c'est-à-dire que chaque être humain a compris qu'il y avait 35 000 personnes tuées dans la bande de Gaza,
03:13donc c'est quand même un conflit qui est compliqué à comprendre, puisqu'il y a des notions historiques très importantes à avoir,
03:19mais en revanche sur l'état actuel des choses, c'est quand même très simple, c'est 35 000 personnes tuées dans la bande de Gaza,
03:24et jamais un conflit avec autant de morts sur les 4 dernières années en tout cas, pardon.
03:29Vous ne vous êtes pas mobilisé pour l'Ukraine ?
03:31On s'est mobilisé, il y a eu des rassemblements, il y a eu des blocus, je ne sais pas, je n'étais pas encore lycéen il me semble,
03:38mais en tout cas, sur toutes les questions qui touchent un peuple qui est opprimé, on a évidemment une vocation à que chaque peuple opprimé puisse être défendu.
03:49Mais est-ce que vous êtes ému de la même manière pour le sort des Israéliens tués le 7 octobre dernier par le Hamas ?
03:56Là on ne vous a pas entendu il me semble.
03:58C'est une certitude qu'on condamne les attaques terroristes du Hamas perpétrées le 7 octobre, on les condamne.
04:02Mais vous avez organisé des blocus à l'époque, je n'ai pas souvenir.
04:05Il y a eu des rassemblements auxquels on s'est joints.
04:08Après le 7 octobre ?
04:09On s'est rassemblés contre l'antisémitisme parce qu'on considère que c'est un poison pour la lutte palestinienne.
04:14Non, sur ce sujet-là, on est extrêmement clair.
04:16Ces blocus, ils vont ressembler à quoi ? Ce sera trois poubelles devant deux ou trois lycées, ou ça va vraiment être massif ?
04:24Pour le coup ça c'est aux lycéennes et aux lycéens de savoir et c'est pour ça qu'on les invite à bloquer leur établissement.
04:28Et après dans tous les cas ça c'est quelque chose qui est décidé en Assemblée Générale au préalable du blocus
04:32pour que les lycéennes et les lycéens puissent décider collectivement, démocratiquement de la manière dont va se faire ce blocus.
04:38Mais vous sentez déjà que ça prend sur les réseaux sociaux ?
04:40Sur les réseaux sociaux on voit que ça prend et ceci pour nous a l'intérêt, qu'on puisse sensibiliser sur cette question-là
04:45et qu'ensuite on puisse avoir des blocus massifs aujourd'hui et dans les prochains jours.
04:49On est à quelques semaines du bac, est-ce que c'est le bon moment ?
04:53Le bac qui est à Lorient est dans un mois et demi, il y a très souvent des mouvements sociaux et notamment dans les lycées sur le mois de mai
04:59donc on a absolument confiance là-dessus et puis dans tous les cas...
05:02Confiance dans quoi ? De perturber les examens ?
05:06Non, sur la réussite de ce mouvement, il n'est pas encore question d'aller perturber les examens ou quoi que ce soit.
05:11Vous n'avez pas envie de bloquer les examens du bac aujourd'hui ?
05:15On est à un mois et demi, pour le coup on ne pourra pas encore se prononcer là-dessus, c'est quelque chose qui pourrait s'envisager dans tous les cas.
05:21Tout s'organise au niveau local dans chaque lycée, donc il y a des lycées qui vont permettre aux élèves de pouvoir rentrer dans l'établissement
05:27si jamais ils ont un motif important, d'autres qui ne vont pas les laisser.
05:31Et à la fin, nous on soutient tout type d'action pacifique.
05:33Vous entendez ceux qui vont forcément dire que vous êtes instrumentalisés, notamment par LFI ?
05:39Non, cet argument on ne le comprend pas, c'est-à-dire que nous à l'USL on est là pour travailler avec toutes les personnes
05:44qui mettent la question palestinienne au centre du débat et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle on invite nous
05:48l'EPS, le parti communiste, les Verts, à se joindre à nos mobilisations, à se joindre au blocus en soutien et aux lycéennes et aux lycéens mobilisés.
05:55Vous vous appelez aujourd'hui à la libération des otages israéliens ?
05:58On est effectivement très clair sur ce sujet aussi.
06:00Et là vous mobilisez fortement sur la question palestinienne et on ne vous a pas entendu sur les autres sujets, j'en reviens à ma question d'avant.
06:05Parce qu'encore une fois, il y a le lien humain qui se fait, c'est-à-dire qu'on a eu plus d'enfants morts sur les quatre dernières mois
06:12qu'au cours des quatre dernières années sur tous les conflits.
06:14Mais sur la question des otages, on demande absolument la libération de tous les otages retenus par le Hamas,
06:19la libération des prisonniers palestiniens, la fin de la colonisation.
06:22On a aussi d'autres revendications, mais en tout cas sur les mots d'ordre, c'est la reconnaissance de l'État palestinien par la France et la fin du...
06:29Enfin, pour le ceci le fait, pardon.
06:30Et on va entendre des gens dire, mais attendez, les lycéens ils se mêlent de quoi là ?
06:33Encore une fois, c'est...
06:34Vous entendez ça ?
06:35On l'entend malheureusement et c'est un argument infantiliste qu'on réfute parce qu'on a notre mot à dire,
06:41c'est-à-dire qu'on sait exactement ce qui se passe, on est une génération politisée,
06:45notamment via les réseaux sociaux, avec des sources fiables évidemment.
06:48Et donc non, non, on a notre mot à dire et on fera peser notre voix.
06:53Merci beaucoup Gwen Thomas Alves, président et porte-parole du premier syndicat lycéen, l'Union syndicale lycéenne.
06:59Merci beaucoup, bonne journée.
07:00Merci.
07:01Cette interview est à retrouver sur l'appli RTL.