Émilie Tran Nguyen reçoit sur le plateau de Télématin Arnaud Assoumani, champion paralympique, spécialiste du saut en longueur et du triple saut. Il l’est l’un des plus grands espoirs de médaille en athlétisme pour les jeux paralympiques de Paris 2024. Il est quintuple médaillé aux jeux paralympiques, dont une médaille d’or à Pékin en 2008, et ancien recordman du monde du saut en longueur. À 100 jours du début des jeux de Paris 2024, l’athlète est impatient. « Ça ancre un petit peu plus dans le concret, dans le réel. On sait que c’est là et que ça approche ». Un engouement qui monte aussi du côté de la population avec le relais de la flamme olympique qui parcourt actuellement la France.
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00:00 Emilie, vous recevez l'un de nos plus grands espoirs de médailles en athlétisme,
00:04 le quintuple médaillé aux Jeux Paralympiques, recordman du monde en saut en longueur,
00:09 n'en jetez plus, c'est Arnaud Asoumani.
00:12 Bonjour Arnaud. Bonjour Emilie.
00:13 Ça va, pas trop la pression quand on dit ça ?
00:15 Un petit peu quand même, mais on a l'impression d'être à la maison
00:17 et tous les athlètes veulent remporter des médailles.
00:19 Par contre, je ne suis plus recordman du monde.
00:21 Ah, ça va, vous avez quand même battu un record un jour.
00:23 On est quand même exactement à J-100 des Jeux Paralympiques,
00:26 c'est quand même une échéance spéciale, vous vous sentez comment là ?
00:28 On a le track un petit peu ou on a hâte ?
00:31 Le track, hâte.
00:32 Moi, je viens juste de revenir des championnats du monde d'athlétisme para qui sont au Japon,
00:36 et j'encourage l'équipe de France,
00:37 donc suivez et supportez l'équipe de France qui est encore présente là-bas.
00:40 Excité en final, parce qu'en fait à chaque événement,
00:44 et là, symbolique, il y a eu les J-100 avant les Jeux Olympiques,
00:47 J-100 avant les Jeux Paralympiques,
00:49 ça ancre un petit peu plus dans le concret, dans le réel,
00:52 et on sait que c'est là que ça approche.
00:54 Vous sentez l'engouement d'ailleurs monter avec le relais de la flamme,
00:57 on le voit là, on peut avoir les images en direct,
00:59 là, il est en train d'être relié à Biarritz,
01:01 et dès le matin, à chaque fois, il y a du monde,
01:03 il y a des gens pour applaudir, pour suivre ça.
01:05 Je le suis depuis le 8 mai, comme un petit peu tout le monde,
01:09 et puis là, pendant les championnats du monde à l'étranger,
01:12 il y a les réseaux sociaux aussi, il y a un engouement qui monte,
01:15 et c'est hyper important au final que les Françaises et les Français
01:20 dans les villages, dans les villes, puissent vivre cet engouement
01:24 à travers le relais de la flamme olympique,
01:26 aussi à partir du 25 août.
01:28 Je vais avoir l'honneur de porter cette flamme olympique
01:31 sur le tapis rouge à Cannes.
01:33 - Demain ? - Oui, c'est demain.
01:35 - Oui, c'est demain. - Le 21 mai.
01:37 - Demain, vous y serez. - Donc c'est important, c'est symbolique,
01:40 et encore une fois, aujourd'hui, c'est symbolique,
01:42 parce qu'on a besoin réellement que les gens prennent leur place
01:47 pour les Jeux paralympiques, et qu'il y ait un engouement
01:49 beaucoup plus important autour de cette équipe de France paralympique
01:52 et des athlètes.
01:53 - Vous êtes en tout cas l'une des égéries,
01:55 ou en tout cas quelqu'un qui peut encourager à prendre ses billets.
01:58 Vous êtes l'un de nos plus grands espoirs de médaille, c'est ce qu'on disait.
02:00 C'est simple, vous n'avez pas fait une seule participation
02:02 sans rapporter de médaille, sauf exception celle de Tokyo en 2021.
02:05 Vous étiez blessé, il y a eu le confinement, le Covid.
02:08 Mais nous, on se rappelle surtout de l'or.
02:10 C'était à Pékin, et c'était en 2008.
02:12 - À seulement 23 ans, Arnaud, amputé du bras gauche,
02:16 est l'étoile montante de l'athlétisme français.
02:18 Favori de la finale en longueur, le jeune étudiant à Sciences Po Paris
02:23 assomme le concours.
02:25 7 m 12 au premier essai, puis 7 m 23 ici au deuxième record du monde battu.
02:30 Ses adversaires sont loin derrière hier.
02:33 Il y avait Arnaud et les autres.
02:35 - Il y avait Arnaud et les autres.
02:39 Ça vous fait quoi de revoir ces images ?
02:41 - C'est marrant, j'ai l'impression que c'était il y a un petit peu longtemps.
02:43 Mais parce que c'était il y a un petit peu longtemps,
02:44 donc maintenant, il faudrait réinscrire et créer de nouveaux souvenirs,
02:48 frais avec la famille, les amis, et surtout à la maison en France.
02:52 - Ça donne envie de revivre ça en tout cas.
02:55 Il faut dire que les JO, c'est un rêve d'enfant.
02:57 À 5 ans, vous regardiez les championnats du monde d'athlétisme à la télé.
03:00 Les stars et les plus grands rivaux, Carl Lewis et Mike Powell,
03:04 s'affrontent en saut en longueur.
03:06 On a retrouvé les images, c'était en 1991, déjà sur France Télévisions.
03:09 Finale considérée comme l'un des meilleurs concours de l'histoire de la discipline.
03:12 Et pour vous, à 5 ans, je disais, c'est un coup de foudre.
03:15 - Oui, exactement. En fait, c'est réellement l'esthétisme,
03:19 le fait que les athlètes volaient.
03:22 On voit Mike Powell qui abatte le record du monde.
03:24 Moi, ce n'est pas ce qui m'a marqué, ce n'est pas la performance.
03:26 C'est vraiment le fait que j'ai l'impression qu'il flotte dans les airs
03:30 et qu'il y a un moment où le temps s'arrête.
03:32 Et ça, je sais que ça m'a marqué.
03:34 Je me suis retourné vers mon père et je lui ai dit,
03:36 quand je serai grand, je ferai les JO qui commencent en longueur.
03:39 Et c'est complètement irrationnel au final.
03:41 C'est comme vouloir être astronaute ou être plongeur.
03:44 C'est un rêve d'enfant au final, qui est resté toujours un petit peu dans ma tête.
03:48 Qui m'a suivi.
03:50 Et je pense que ce n'est pas forcément le réaliser un jour.
03:52 Rêve que vous avez réalisé six fois.
03:55 Ça sera votre sixième jeu.
03:57 Ils en pensent quoi, vos parents, votre père ?
04:00 Moi, je pourrais leur demander.
04:02 Ils ne me disent pas trop, mais je pense qu'ils sont fiers.
04:04 Je pense qu'ils sont fiers.
04:06 Parce que quand vous l'avez dit à votre père à l'époque,
04:08 il vous l'a dit cinq heures plus tard,
04:10 mais ça lui a fait pleurer.
04:12 Ça l'a fait pleurer.
04:14 Il ne me l'a jamais dit.
04:15 Ça a été mon tuteur à Sciences Po qui m'avait raconté directement.
04:18 Pour montrer à quel point mon père était pudique, je pense, à ce moment-là.
04:21 Quelqu'un de très positif.
04:23 Ma mère également.
04:25 Je pense qu'en fait, ils pouvaient se dire,
04:29 ça n'est pas être possible tout simplement.
04:31 Parce que j'avais ce qu'on appelle un handicap.
04:34 Je venais sans avant bras gauche.
04:35 Ce n'est pas incroyable.
04:36 Il y a plein de handicaps qui sont beaucoup plus lourds.
04:38 Mais effectivement, c'est...
04:40 Alors, je n'aime pas du tout parler de revanche sur la vie,
04:42 parce que ça ne l'est pas.
04:44 De réussir au final à...
04:46 Je pense pour tous les athlètes paralympiques, c'est vrai,
04:48 dépasser les limites, dépasser le jugement qu'on a pu recevoir
04:52 de la part des autres, de nos entourages ou de la société.
04:55 Montrer justement l'opposé du stéréotype,
04:58 d'un des stéréotypes principaux par rapport au handicap.
05:01 L'idée que lorsqu'on a un handicap, on ne peut pas être performant.
05:04 L'idée également...
05:06 Ça provoque souvent une peur.
05:08 Alors moi, c'est moins impressionnant.
05:10 Mais il y a des personnes...
05:11 Vous dites même que vous ne vous considérez pas comme handicapé.
05:13 Je ne l'ai même pas dit.
05:14 D'ailleurs, oui, c'est vrai que vous êtes né sans votre bras gauche.
05:17 Vous avez une prothèse à la place.
05:19 Je ne me sens pas effectivement handicapé.
05:21 Mais aucune personne qui a un handicap ne se sent handicapé.
05:24 Moi, justement, je milite pour humaniser la différence.
05:27 Le sport, c'est un superbe levier pour ça.
05:29 L'éducation également.
05:31 Et je pense que mes parents et mon entourage
05:33 sont d'autant plus fiers des messages que je véhicule
05:37 grâce au sport, grâce à ce que je peux faire,
05:39 grâce aux sensibilisations dans les écoles,
05:41 aux investissements associatifs.
05:43 Pour moi, ces Jeux paralympiques,
05:45 c'est réellement une opportunité pour faire évoluer le regard
05:49 sur le handicap, la différence,
05:52 que ce soit beaucoup plus positif,
05:54 beaucoup plus fédérateur,
05:55 parce que vous allez vivre des émotions incroyables.
05:58 Notre but, c'est de faire vibrer les Français,
06:00 d'aller remporter des médailles, bien évidemment.
06:02 Ça change le regard quand même,
06:03 parce que vous dites que vous aimeriez même
06:05 qu'il n'y ait plus de Jeux olympiques et paralympiques.
06:07 À terme, bien évidemment.
06:08 C'était complètement aberrant en 1896
06:11 que des femmes participent aux Jeux olympiques.
06:14 Aujourd'hui, ça nous paraît aberrant justement,
06:17 si les femmes étaient détachées et qu'il y avait deux Jeux.
06:20 Moi, ça me paraît toujours aberrant qu'il y ait deux Jeux.
06:22 Et alors après, c'est très important
06:24 qu'il y ait eu cette histoire,
06:26 qui est le Comité international paralympique.
06:28 Et nous, effectivement, on a un logo qui est différent,
06:32 les Agitos.
06:33 C'est un mouvement également qui a des valeurs
06:37 d'excellence, de résilience, de dépassement de soi.
06:40 Mais on se retrouve tous et toutes dans ces valeurs aussi
06:43 lorsqu'on n'a pas de handicap.
06:44 Et les athlètes sur le terrain ont vu des choses similaires.
06:47 Après, il y a des vulnérabilités,
06:48 il y a des problématiques qui peuvent être plus importantes.
06:50 Mais là, on parle de performance,
06:52 et on parle d'être humain,
06:54 et surtout d'union, d'être ensemble,
06:56 de partage, de rencontre.
06:57 Et il y aura une seule et même équipe de France
06:59 pour les Jeux olympiques et paralympiques.
07:01 Et ça, c'est la première fois.
07:02 Et il faut prendre ces billets pour les Jeux paralympiques.
07:04 Merci beaucoup.
07:06 Arnaud, on est à 200% avec vous.
07:08 Vous allez nous ramener l'or.
07:10 Je vais tout faire pour vous ramener l'or.
07:12 Mais prenez vos places.
07:13 En tout cas, il y a des places à partir de 15 euros,
07:15 plus de 200 000 places encore à 15 euros.
07:17 Et des places pour les grandes finales à 25 euros.
07:20 Merci beaucoup.
07:21 Évidemment que Télématin est derrière.
07:23 Arnaud, bien sûr.