Emilie Schindler était l'épouse d'Oskar Schindler, un industriel allemand célèbre pour avoir sauvé la vie de plus de 1 200 Juifs pendant l'Holocauste. Si l'histoire d'Oskar Schindler a été largement racontée, notamment dans le film "La Liste de Schindler" de Steven Spielberg, le rôle d'Emilie Schindler a souvent été négligé.
Or, Emilie Schindler a joué un rôle crucial dans les efforts de son mari pour sauver des Juifs. Elle a utilisé ses relations et son influence pour obtenir des ressources et des documents pour les réfugiés, et elle a également travaillé dans l'usine de Schindler pour aider à protéger les travailleurs juifs.
Emilie Schindler a également risqué sa propre vie pour sauver des Juifs. Elle a caché des réfugiés dans sa maison, et elle a même failli être arrêtée par la Gestapo.
Malgré ses contributions significatives, Emilie Schindler n'a pas reçu la même reconnaissance qu'Oskar Schindler. Elle n'a été reconnue comme Juste parmi les nations qu'en 1993, près de 50 ans après la fin de la guerre.
Le documentaire "Emilie Schindler : Une liste, une héroïne", diffusé sur Arte en 2024, vise à faire connaître l'histoire d'Emilie Schindler et à lui rendre hommage pour son courage et son héroïsme. Le documentaire présente des interviews d'historiens, de membres de la famille Schindler et de survivants de l'Holocauste, ainsi que des images d'archives rares.
Ce documentaire est un rappel important de la contribution souvent méconnue des femmes pendant l'Holocauste. Il est également un hommage poignant à une femme courageuse qui a risqué sa vie pour sauver les autres.
Or, Emilie Schindler a joué un rôle crucial dans les efforts de son mari pour sauver des Juifs. Elle a utilisé ses relations et son influence pour obtenir des ressources et des documents pour les réfugiés, et elle a également travaillé dans l'usine de Schindler pour aider à protéger les travailleurs juifs.
Emilie Schindler a également risqué sa propre vie pour sauver des Juifs. Elle a caché des réfugiés dans sa maison, et elle a même failli être arrêtée par la Gestapo.
Malgré ses contributions significatives, Emilie Schindler n'a pas reçu la même reconnaissance qu'Oskar Schindler. Elle n'a été reconnue comme Juste parmi les nations qu'en 1993, près de 50 ans après la fin de la guerre.
Le documentaire "Emilie Schindler : Une liste, une héroïne", diffusé sur Arte en 2024, vise à faire connaître l'histoire d'Emilie Schindler et à lui rendre hommage pour son courage et son héroïsme. Le documentaire présente des interviews d'historiens, de membres de la famille Schindler et de survivants de l'Holocauste, ainsi que des images d'archives rares.
Ce documentaire est un rappel important de la contribution souvent méconnue des femmes pendant l'Holocauste. Il est également un hommage poignant à une femme courageuse qui a risqué sa vie pour sauver les autres.
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00:00 Je m'appelle Emily Schindler.
00:07 Je raconte mon histoire.
00:11 C'est tout ce que j'ai.
00:15 Le monde ne connaît jusqu'ici que celle de mon mari,
00:20 Oskar Schindler.
00:24 Avec le film de Steven Spielberg,
00:27 le nom de l'industriel allemand Oskar Schindler
00:30 est devenu synonyme d'humanité au cœur de la barbarie.
00:34 Sa liste a permis de sauver entre 1200 et 1300 juifs sous le régime nazi.
00:44 Schindler était notre héros,
00:56 notre protecteur.
01:00 Il traitait ses ouvriers comme tout le monde, avec humanité.
01:07 La souffrance lui était insupportable.
01:10 Mais quel rôle a joué sa femme,
01:13 Emily Schindler, dans cet épisode ?
01:16 Je n'apparais que dans trois scènes du film "La Liste de Schindler".
01:24 Sous les traits de l'épouse trompée et humiliée.
01:28 Le film de Spielberg a complètement dépossédé Emily Schindler de sa version des faits.
01:35 A ce jour, il reste difficile pour les historiens et les historiennes
01:39 de réfuter la lecture des événements présentés dans le film,
01:42 et pourtant ça ne s'est pas passé comme ça.
01:45 Elle était bien plus qu'une épouse bafouée.
01:50 Bien plus, elle était peut-être plus humaine que lui.
01:54 Je suis sûr que c'est elle qui a veillé à ce que les prisonniers survivent.
02:02 Emily incarne une génération de femmes qui ont vécu dans l'ombre de leur mari
02:12 et permis leur ascension sans recevoir grand chose en retour.
02:17 Elle a passé les dernières années de sa vie en Argentine oubliée de tous.
02:21 Personne ne pensait plus à elle.
02:23 C'était pourtant une héroïne et sa mémoire mérite d'être honorée.
02:28 Hiver 1945.
02:31 Le jour où les prisonniers de la prison de l'Empire de l'Amerique se retrouvent.
02:35 Les prisonniers de la prison de l'Amérique du Sud se retrouvent en prison.
02:39 Ils sont en train de se faire enlever.
02:41 Ils sont en train de se faire enlever.
02:43 Ils sont en train de se faire enlever.
02:45 Ils sont en train de se faire enlever.
02:47 Ils sont en train de se faire enlever.
02:49 Ils sont en train de se faire enlever.
02:51 Ils sont en train de se faire enlever.
02:53 Ils sont en train de se faire enlever.
02:55 Hiver 1945.
02:57 La Seconde Guerre Mondiale entre dans sa dernière phase.
03:00 A Brunlitz, aujourd'hui Brenienets en République Tchèque,
03:04 plus d'un millier de prisonniers juifs sont détenus dans le camp de travail d'une usine d'armement qui appartient au couple Schindler.
03:11 A cette époque, Emily a 37 ans.
03:20 Notre usine était entourée de clôtures de barbelés électrifiées et surveillées par plus de 250 SS.
03:33 Je vivais dans l'angoisse permanente qu'ils se rendent compte que nous protégions et nourrissions les juifs.
03:39 Elle a décidé d'agir.
03:48 Elle s'est fixée pour mission d'adoucir un peu l'existence de ces pauvres gens et de les ménager pour qu'ils survivent jusqu'à la fin de la guerre.
03:58 En janvier 1945, les jours du régime nazi sont comptés.
04:05 La fin du Troisième Reich a été une période de chaos totale.
04:15 C'était la débatle.
04:22 Le danger était d'autant plus grand pour les juifs.
04:29 Les Allemands fermaient les camps et les SS avaient le champ complètement libre.
04:39 Le 23 janvier 1945, l'un des derniers groupes de déportés d'Auschwitz est entassé de force dans des wagons de marchandises pour être acheminés vers un autre camp.
04:49 Parmi eux, Michael Klein, 15 ans.
04:57 Ils nous avaient donné un morceau de pain et une couverture.
05:04 Il faisait un froid glacial.
05:06 Nous avons passé des jours dans ces wagons.
05:09 Ils ont fini par nous aiguiller sur une voie isolée où il ne passait ni train ni personne.
05:18 On apercevait seulement quelques fermes.
05:21 Les wagons étaient verrouillés.
05:26 On a resté livrés à nous-mêmes, abandonnés pendant six jours, sans rien à manger ni à boire.
05:34 On mangeait la glace qu'on arrivait à décoller des parois avec notre haleine.
05:40 J'ai pleuré, pas sur mon sort.
05:55 J'ai pleuré en pensant au peuple juif et à Dieu qui permettait tout cela.
06:01 Les déportés ignorent que l'usine des Schindler se trouve à deux pas.
06:06 J'étais seule. Oscar était à Krakow.
06:15 On a frappé à la porte. Je suis allée ouvrir.
06:22 Un homme m'a expliqué qu'il transportait des travailleurs juifs.
06:26 Il m'a conjuré de les prendre en charge.
06:29 Si je les renvoyais, ils seraient tous exécutés.
06:33 Traude, la nièce d'Emilie Schindler, vit alors chez sa tante.
06:42 Je me souviens très bien. Je devais avoir six ou sept ans.
06:57 J'ai suivi ma tante jusqu'au wagon.
07:01 Ce qu'ont vu mes yeux d'enfant, je ne l'ai jamais oublié. Jamais.
07:11 Emilie Schindler veut ouvrir les wagons. Mais DSS l'en empêche.
07:15 Emilie était du genre à prendre les choses en main quand il le fallait,
07:22 puisque Oscar n'était pas là.
07:26 Confrontée à un problème, elle s'en saisissait à bras le corps.
07:29 Elle était comme ça.
07:32 Elle affirme au SS que les prisonniers sont attendus pour travailler dans son usine.
07:38 Son argument ? Chaque munition produite contribue à la victoire.
07:42 Emilie a convaincu les gardes d'ouvrir les portes des wagons.
07:52 Mais les serrures étaient gelées. Il a d'abord fallu faire fondre la glace.
07:57 Un ingénieur de l'usine, monsieur Schöneborn, est allé chercher un chalumeau
08:07 pour faire sauter les serrures.
08:10 Et les portes se sont enfin ouvertes.
08:20 Je ne savais pas s'ils étaient morts ou vivants.
08:23 Les vivants ressemblaient à des squelettes.
08:26 À cause du gel, certains avaient les cheveux et la peau collées aux parois des wagons.
08:35 Ma tante a fait venir de l'eau chaude pour les détacher.
08:39 On les a fait sortir.
08:47 Une vision effroyable.
08:50 Les survivants avaient besoin de soins immédiats.
08:57 J'ai donc installé un dispensaire de fortune dans l'usine.
09:01 Ceux qui tenaient encore debout y sont allés en marchant.
09:11 Les autres ont été portés.
09:14 On est arrivé dans une grande salle avec des douches à côté.
09:18 Une fois les robinets ouverts, un flot d'eau chaude est sorti.
09:23 Je me suis approché des douches et je me suis jeté à terre pour avaler l'eau bruyamment.
09:38 Je ne pensais pas sentir à nouveau un jour cette chaleur sur ma peau.
09:43 La chaleur, elle, était de la pire humeur.
09:48 Emily s'est occupée d'eux.
09:52 Elle leur a préparé des repas spéciaux à base de céréales faciles à digérer.
09:58 Elle leur a aussi procuré des médicaments.
10:02 Elle veillait à ce qu'on prenne soin d'eux au quotidien.
10:14 Comme des petits oiseaux auxquels on donne la béquille, elle les a ramenés à la vie.
10:21 Elle était merveilleuse, Mme Schindler.
10:24 Elle l'a fait de sa manière très calme.
10:27 Un demi-siècle plus tard, les robinets sont repartis.
10:44 Un demi-siècle plus tard, Emily Schindler est installée à San Vicente, à une cinquantaine de kilomètres de Buenos Aires.
10:52 Elle vivait là toute seule.
11:01 Le monde l'avait complètement oubliée.
11:06 Parfois, elle se mettait à pleurer.
11:09 Ça me faisait beaucoup de peine.
11:11 On sentait que cette femme avait vraiment souffert.
11:14 La guerre l'avait endurcie.
11:16 Elle m'a souvent parlé de la cruauté avec laquelle les gens étaient traités.
11:21 Ce qu'elle avait vécu l'avait rendu plus difficile.
11:29 Elle avait été un homme très très très fort.
11:32 Ce qu'elle avait vécu l'avait rendu très dur, mais aussi très tendre.
11:38 Elle nourrissait tous les oiseaux.
11:41 Elle avait une relation très particulière avec les animaux.
11:46 Elle avait une belle voix aussi.
11:56 Elle me chantait des chansons allemandes de sa jeunesse et elle me parlait de son enfance heureuse.
12:02 Emily Petzal voit le jour en 1907 en Moravie, une province intégrée à la Tchécoslovaquie à partir de 1918.
12:16 Ses parents, agriculteurs prospères, appartiennent à la minorité germanophone des Sudètes.
12:23 Emily était une petite fille très indépendante.
12:27 Mes parents étaient pieux, ils travaillaient dur.
12:33 Tous deux étaient très à l'écoute. Je pouvais me confier à eux.
12:37 Elle adorait la vie à la ferme et ne rechignait jamais à la tâche.
12:45 Mais surtout elle aimait la nature et les animaux.
12:48 Emily vit une enfance protégée jusqu'à la première guerre mondiale.
12:53 Son père est mobilisé dès 1914.
12:58 Il ne rentrera que quatre ans plus tard.
13:07 Son père souffrait d'un grave syndrome de l'animalité.
13:15 Son père souffrait d'un grave syndrome de stress post-traumatique.
13:20 Ce n'était plus le même homme après ces années passées dans les tranchées.
13:30 Il était traumatisé.
13:32 Désormais, Emily s'occupe de lui tous les jours en rentrant de l'école.
13:42 Elle remplissait pleinement le rôle assigné aux femmes de l'époque.
13:46 Il fallait prendre soin de ses proches, en particulier ceux du premier cercle, comme son père.
13:52 Nous parvenions tant bien que mal à faire tourner la ferme.
13:58 Je cherchais le réconfort dans la forêt et auprès des animaux.
14:11 Mais même si j'avais la tête sur les épaules, je rêvais du grand amour.
14:16 Un jour, une voiture s'est arrêtée devant la ferme.
14:27 Emily a dû la voir arriver par la fenêtre et se demander qui ça pouvait être.
14:31 Deux hommes en sont sortis, un vendeur de matériel agricole et son fils, Oscar Schindler.
14:40 Cette fille de la campagne a vu débarquer un commercial fringant et audacieux qui lui parlait de pays lointains.
14:46 Sans surprise, elle a dû être fascinée.
14:50 Il plaisait aux femmes.
14:57 Il était grand, et beau, séduisant et agréable, toujours souriant.
15:05 Elles étaient nombreuses à tomber sous son charme.
15:10 C'était un beau parleur, il a dû la convaincre sans difficulté.
15:16 Elle a suivi sur un coup de tête.
15:23 Les parents d'Emily la mettent en garde.
15:27 Oscar a la réputation d'un coureur de jupons, mais elle l'épouse quelques mois plus tard.
15:34 Elle en parlait toujours comme d'un vrai mariage d'amour.
15:38 Peut-être a-t-elle décidé de partir avec ce jeune homme visiblement très attirant,
15:43 pour échapper au quotidien auprès de son père qui dépérissait.
15:48 Le couple occupe un appartement dans l'immeuble des parents d'Oscar.
15:57 Elle raconte qu'au bout d'un an à peine, ce qu'elle avait pris pour une union fusionnelle battait déjà de l'aile.
16:04 Enclosé dans un quartier de l'île de Calais,
16:17 les deux femmes se retrouvent entre eux, encore un peu plus loin.
16:22 Mon oncle Oscar avait beaucoup de charme.
16:27 Les femmes lui tombaient dans les bras.
16:32 Il ne faisait rien pour, mais elles lui couraient après.
16:37 Au fil de ses aventures extra-conjugales, il se retrouve père de deux enfants.
16:42 J'ai demandé conseil à ma belle-mère.
16:51 Elle m'a dit que Oscar était un homme marié à présent.
16:56 Son éducation incombe à son épouse.
17:01 Je crois qu'on peut oublier l'hypothèse d'une solidarité féminine.
17:06 C'est clairement un mythe.
17:11 Que pouvait-elle faire ? Ligoter son mari ?
17:16 L'histoire de l'épouse de Oscar Schindler
17:21 Oscar Schindler voulait être libre de tout lien.
17:31 Or le mariage est un lien.
17:36 Au printemps 1945, l'usine des Schindler héberge environ 1200 prisonniers juifs
17:41 qui n'ont pratiquement rien à manger.
17:46 Oscar s'absentait souvent pour négocier des denrées au marché noir.
17:56 Emily gérait le quotidien à Brunelitz comme elle le pouvait.
18:09 Ma femme était avec moi au camp de Brunelitz.
18:14 Elle a développé des ulcères à force d'avoir faim et d'être mal nourrie.
18:19 Un jour le médecin est venu me dire, il faut trouver du lait pour votre épouse.
18:24 Sinon elle mourra d'ici quelques heures.
18:29 A l'insu des gardes, Emily Schindler fait atteler une voiture.
18:37 On est parti au marché noir avec du whisky, de la vodka, du cognac, des cigarettes
18:42 et tout ce qu'on a pu trouver pour faire du troc.
18:47 Quelques heures plus tard, elles sont de retour avec des médicaments et de la nourriture.
18:57 Elle m'a donné du lait. Du lait pour ma femme.
19:06 Je n'en pouvais plus de ces corps émaciés, de ces enfants qui mourraient de faim et de ces mères au désespoir.
19:11 L'usine se trouvait à côté d'un moulin, dirigé par une certaine Madame von Daubeck.
19:21 Emily Schindler décide d'aller la voir.
19:29 Madame von Daubeck se trouvait dans la même situation qu'elle.
19:34 Une femme seule à la tête d'une entreprise. Ce n'était pas courant à l'époque.
19:39 Au cours de la conversation, Emily prend son courage à deux mains et demande à sa voisine des céréales pour nourrir ses travailleurs juifs.
19:46 Une requête qui pourrait lui valoir la peine de mort.
20:01 Elles se sont entendues et Madame von Daubeck a promis de lui fournir ce dont elle avait besoin.
20:06 Après avoir obtenu suffisamment de grains pour quelques semaines, il restait encore à espérer que la guerre prendrait fin rapidement.
20:14 Elle était très maternelle envers ces gens.
20:24 Inconsciemment, elle était peut-être comme une mère pour eux.
20:30 Une cinquantaine d'années plus tard, le journaliste argentin Raoul Coleman apprend qu'Emily Schindler vit dans une petite ville près de Buenos Aires.
20:35 La première chose qui frappait quand on entrait dans sa maison, c'était l'odeur affreuse qui régnait.
20:58 C'était très difficile à supporter.
21:03 Une odeur de chien, de chat, et c'était extrêmement sale.
21:08 Emily avait très peu de contact avec les gens du voisinage.
21:25 Quand je l'ai rencontrée pour la première fois, elle ne pouvait pas marcher.
21:30 Elle vivait dans une grande précarité.
21:35 Elle manquait de tout.
21:50 Je lui apportais de la nourriture à chacune de mes visites, quatre ou cinq fois dans l'année.
21:55 Elle dépendait réellement de ce que les gens lui donnaient.
22:16 Je travaillais avec mon mari pour l'association philanthropique israélite d'Argentine.
22:21 C'est comme ça que nous avons fait la connaissance d'Emily.
22:26 Nous lui rendions souvent visite, mais ça me brisait le cœur de la voir et de prendre congé d'elle.
22:31 Il émanait d'elle une immense tristesse.
22:36 Je pense que nous ne lui avons pas suffisamment rendu hommage.
22:41 Elle en a gardé une grande amertume.
23:01 En 1928, sa dot représente une petite fortune.
23:06 À l'époque, les biens amenés par l'épouse lors du mariage devenaient la propriété du mari.
23:16 C'était la norme.
23:21 Il pouvait donc légitimement gérer la somme apportée par Emily et en faire ce qu'il voulait.
23:26 C'était son droit.
23:31 Avec cet argent, Oscar achète un élevage de poulets, puis ouvre une école de conduite.
23:36 Et enfin, il se lance dans le commerce.
23:41 Mais les échecs se succèdent.
23:46 Parallèlement, sa vie sentimentale mouvementée lui revient chère.
23:51 C'était un amateur de course de moto et de grosse voiture,
23:56 toujours à la recherche d'un bon coup financier.
24:01 Désenchantée, Emily continue pourtant à emprunter de l'argent à ses parents.
24:06 Comme toutes les épouses alors, j'étais soumise à mon mari.
24:11 Mon amour pour lui était intact.
24:16 Elle a toujours espéré que les choses s'amélioreraient et lui-même lui promettait de changer.
24:21 Mais la situation empirait.
24:26 La prise de pouvoir par Hitler change la vie du couple.
24:36 Oscar Schindler prend sa carte au parti allemand des Sudètes, pro-nazi et en position de force.
24:41 Désormais, on s'intéresse à lui en Allemagne.
24:46 Il est contacté par des agents de l'Abwehr, le service de renseignement de l'armée allemande,
24:57 qui a toute l'attitude pour agir dans les Sudètes.
25:02 Sollicité par la branche extérieure de l'Abwehr, Oscar devient membre du NSDAP
25:07 et espion pour le comte de l'Allemagne nazie.
25:12 Pourquoi adhérer au parti ? Parce que c'était un nazi ? Non.
25:19 Pourquoi rejoindre l'Abwehr ? Par conviction ? Non.
25:24 Seul l'argent l'intéressait.
25:34 Il était chargé d'espionner les Polonais,
25:39 d'observer les activités militaires, les mouvements de troupes et tout ce qui avait trait à l'armée.
25:44 C'était sa mission.
25:49 Emily l'aidait et servait d'intermédiaire.
25:54 Elle était partie prenante dans le travail d'Oscar et visiblement ça lui plaisait.
26:02 L'invasion de la Pologne par l'Allemagne donne une nouvelle impulsion à la carrière de Schindler.
26:07 Il travaille toujours pour l'Abwehr,
26:21 mais il veut tirer parti de la situation en Pologne.
26:26 Il voit se profiler des occasions en or dont il veut profiter.
26:31 Oscar Schindler tenait à être son propre patron
26:36 et à ne travailler pour personne d'autre.
26:41 Il s'installe à Krakow où il fait jouer ses relations pour reprendre une usine en faillite dont le propriétaire est juif.
26:51 Au-delà des installations, il héritait aussi en connaissance de cause de la direction juive de l'entreprise,
26:56 notamment d'Abraham Bankir.
27:01 Au départ, il produisait des poêles et des casseroles pour l'armée.
27:06 Les affaires marchent
27:11 et le nombre d'employés passe de 800 en 1943 à 3500 l'année suivante.
27:16 Plus d'un millier d'entre eux sont des travailleurs juifs, de la main-d'oeuvre bon marché.
27:21 Oscar Schindler est rarement sur place.
27:26 Il prenait du bon temps pendant qu'Abraham Bankir était aux manettes.
27:36 Du Schindler typique.
27:41 La guerre fait de lui un homme riche.
27:46 Il est devenu quelqu'un d'important parce qu'il se donnait de l'importance.
27:51 À Krakowie, Oscar menait la vie qu'il aimait.
27:56 Il avait des maîtresses et ne s'en cachait pas.
28:01 Émilie Schindler reste cependant à ses côtés.
28:06 Je crois que c'était une femme forte attachée à son mariage.
28:11 Il était impensable pour elle de le remettre en question.
28:16 C'est pourquoi elle s'est accommodée de la situation.
28:21 Elle ne se voyait pas en épouse délaissée.
28:26 Elle voulait être la femme du directeur.
28:31 Certes, il la trompait, mais elle pouvait dire...
28:36 "Regardez cet homme si demandé qui revient toujours à moi. Je suis sa femme."
28:41 Au début, comme Oscar, elle profitait de ses avantages sans cas de conscience.
28:51 Ils dirigeaient une usine qui n'était pas à eux, occupaient un logement qui ne leur appartenait pas.
28:56 Ils étaient à Krakowie par opportunisme.
29:01 En femme d'industriel, elle côtoyait la haute société...
29:09 et elle en a profité pour nouer et entretenir des contacts.
29:14 Fidèle alliée de son mari, elle reçoit chez elle ses relations d'affaires.
29:25 C'était une hôtesse délicieuse qui savait se faire apprécier.
29:30 Fonctionnaires et officiaux placés défilent dans le salon des Schindler.
29:37 Le discours de ces notables nazis m'effrayait, en particulier leur tirade sur l'avenir glorieux de l'Allemagne.
29:50 Elle a évolué peu à peu au fil des ans.
29:55 Je ne crois pas qu'une soudaine révélation les fait changer d'avis du jour au lendemain.
30:00 En 1940, les Juifs de Krakowie sont expulsés de chez eux et forcés de s'installer dans un ghetto.
30:09 La quasi-totalité des travailleurs juifs d'Oscar Schindler sont en prison.
30:14 À Krakowie, nous constations de semaine en semaine la dégradation du traitement des Juifs.
30:19 Asservis et humiliés, la démarche exténuée.
30:24 En 1940, les Juifs de Krakowie sont expulsés de chez eux et forcés de s'installer dans un ghetto.
30:34 La quasi-totalité des travailleurs juifs d'Oscar Schindler sont en prison.
30:39 Au printemps 1942, une série de descentes ont eu lieu dans le ghetto.
30:44 On faisait sortir les habitants de chez eux pour les abattre.
30:49 On faisait sortir les habitants de chez eux pour les abattre.
30:54 Oscar Schindler était choqué.
31:03 Pourquoi faire tant de mal à ces gens ?
31:08 Cette année-là, Émilie Schindler se retire dans les Sudètes,
31:13 ne se rendant plus que rarement à Krakowie.
31:18 Émilie était quelqu'un de très sensible.
31:23 A Svitavit, il n'y avait ni Juifs, ni ghettos, ni camps de travail ou de concentration.
31:28 Là-bas, elle n'était pas témoin de ce que subissaient les Juifs partout dans le monde.
31:33 Oscar, lui, est resté à Krakowie pour ses affaires.
31:38 Le ghetto de Krakowie est rasé en 1943.
31:43 Les travailleurs d'Oscar Schindler sont alors transférés non loin de là, au camp de travail de Plaszow.
31:48 Amon Goethe, commandant de la SS, y fait régner la terreur.
31:53 Le camp de travail de Plaszow, à Krakowie, est un des plus grands camps de travail de la guerre.
31:58 Schindler veut protéger ce qu'il appelle ses Juifs.
32:03 Moyennant de nombreux pots de vin, il obtient l'autorisation de faire construire un camp pour ses ouvriers à côté de son usine.
32:08 Il finance lui-même les travaux et la nourriture des prisonniers.
32:13 Il y a eu une chose qui a été très importante pour moi,
32:18 c'est que je n'ai pas pu faire de camp de travail pour les Juifs.
32:23 Il faisait tout pour tenter de sauver ses travailleurs juifs.
32:28 Il voulait qu'ils survivent à la guerre, parce qu'ils avaient le droit de vivre.
32:33 L'usine devient un refuge.
32:38 Mais il y a eu un autre problème.
32:43 Le camp de travail de Plaszow est un des plus grands camps de travail de la guerre.
32:48 Mais à l'été 1944, l'armée rouge atteint l'est de la Pologne et les événements s'accélèrent.
32:53 En août 1944, Berlin ordonne la fermeture de toutes les usines dirigées par des Allemands à Krakowie.
32:58 Rideau, fini.
33:03 Oskar a été complètement pris de court.
33:08 Il a été arrêté.
33:13 La situation se compliquait pour lui.
33:18 Que faire ?
33:23 Il fallait fermer l'usine.
33:28 D'une part, c'était la fin de la belle vie et des contrats.
33:33 L'activité s'arrêtait.
33:38 D'autre part, ses travailleurs juifs allaient être déportés à Mauthausen, Auschwitz et autres sympathiques destinations.
33:43 Il a décidé d'agir.
33:48 Oskar se confie à Emilie et lui demande de le soutenir.
33:53 Pour la première fois, il a été en charge de la réunion des militaires.
33:58 Il a été un des premiers à être en charge de la réunion des militaires.
34:03 Pour la première fois, je le sentais réellement inquiet.
34:08 Il avait besoin de mon aide.
34:13 Après tout, j'étais son épouse.
34:18 Il n'avait ni la maturité affective, ni la solidité pour faire face, contrairement à Emilie.
34:23 Elle a repris les rênes et elle s'est occupée de cet homme enfant.
34:28 Elle l'a encouragée à trouver une solution à cette crise.
34:33 Elle avait bien cerné le danger pour lui.
34:38 Elle savait qu'il travaillait au contact d'officiers SS, d'inspecteurs des armes, etc.
34:43 Et je crois qu'elle approuvait tout à fait son projet.
34:48 Pour sauver les ouvriers juifs, les Schindler envisagent de déplacer leur usine un peu plus à l'ouest,
34:53 sur le territoire des Sudètes.
34:58 Mais il leur faut l'aval des nazis.
35:03 C'est la partie la plus fascinante de l'histoire de Schindler, selon moi.
35:08 Il a dû convaincre la SS de le laisser remonter son usine.
35:13 Où ça ? À Brunlitz !
35:18 Ça n'avait rien d'évident.
35:23 Il a dû négocier pied à pied et c'est donné beaucoup de mal.
35:28 Ses interlocuteurs lui disaient "Qui va payer cette nouvelle usine ? Vous ?"
35:33 Schindler a accepté de tout prendre en charge.
35:38 "Les machines aussi ? Oui, prêtez-moi un train, je le paierai."
35:43 "A partir de là, Oscar Schindler a commencé à perdre toute sa fortune."
35:48 Cette opération lui est revenue très chère, il finançait tout de sa poche.
35:53 Puis il a annoncé qu'il voulait faire venir ses ouvriers.
35:58 "Ça va aussi vous coûter cher."
36:03 "Qui voulez-vous emmener ?"
36:08 C'est là qu'il a fait établir cette liste.
36:13 La liste de Schindler.
36:18 Si le stratagème a abouti, c'est parce qu'Oscar et Emily Schindler l'avaient mis au point ensemble...
36:28 et qu'ils l'ont mené à bout sans dévier de leur objectif.
36:33 C'est ce que les fans ont fait.
36:38 Oscar Schindler prend des risques.
36:43 Ses interlocuteurs sont coriaces.
36:48 Mais les responsables nazis finissent par autoriser le déménagement de l'usine.
36:53 Oscar se trouvait rarement à Brunlitz.
36:58 Il était en train d'essayer de se procurer de la nourriture ou des articles de première nécessité.
37:03 Et sans doute de prendre du bon temps aussi.
37:08 C'est donc Emily qui gérait l'activité industrielle au quotidien.
37:13 C'était sa mission rien qu'à elle.
37:18 Elle s'occupait de ses gens et ne se contentait plus uniquement d'épauler Oscar.
37:23 À Brunlitz, ils avaient très peu de marge de manœuvre.
37:28 Avec les SS sur le dos qui ne pensaient qu'à éliminer tous les juifs qu'ils croisaient.
37:33 Le danger était immense.
37:52 Voilà pourquoi je me suis liée d'amitié avec des femmes d'officiers de la SS et de la Wehrmacht.
37:57 Je leur fournissais des chocolats, du café ou des cigarettes pour leur mari.
38:02 Elles soignaient ses relations avec les épouses de SS et les invitaient à prendre le thé.
38:07 Je crois qu'à une échelle modeste, elles contribuaient grandement à arrondir les angles.
38:17 Emily voulait nous donner des chocolats.
38:22 Nous commençons à les épargner.
38:27 Chaque personne épargnait un chocolat ou autre chose.
38:32 Il y avait beaucoup de chocolats.
38:37 Nous nous sommes mis à autre chose.
38:42 Nous ne voulions pas faire ça.
38:47 Mais on savait que nous n'allions pas mourir.
38:52 En mai 1945, Oscar Schindler annonce aux prisonniers la capitulation de l'Allemagne nazie.
38:57 Oscar a prononcé un discours.
39:02 J'étais très fière de me tenir à ses côtés.
39:07 Il a évoqué toutes ces morts absurdes.
39:12 Et il a appelé les Juifs à ne garder aucun ressentiment, à vivre la meilleure vie possible et à ne pas l'oublier, lui.
39:22 Oscar évoquait ses propres actes avec une grande suffisance.
39:27 Voilà ce que j'ai fait, n'oubliez pas.
39:32 Je veux que vous vous en souveniez. Vous me devez tout.
39:37 A ses yeux, le monde juif, si on peut dire, lui devait une reconnaissance éternelle pour ce qu'il avait fait pour ses Juifs.
39:47 Leandro Coseforti vit à San Vicente.
39:52 Il a 30 ans lorsqu'il fait la connaissance d'Emilie Schindler.
39:57 J'étais sans emploi.
40:02 L'usine métallurgique dans laquelle je travaillais avait fait faillite et je m'étais retrouvé sur la paille.
40:07 La vieille dame lui demande de l'aider en échange d'une modeste rémunération.
40:12 Elle m'a fait de plus en plus confiance.
40:17 Je cuisinais pour elle, je nourrissais ses animaux, je l'accompagnais à Buenos Aires.
40:22 J'avais gagné sa confiance.
40:27 Au fil du temps, nous avons construit une belle relation.
40:32 Je crois qu'elle avait de l'affection pour moi.
40:37 Elle lui parle aussi de son mariage avec Oscar.
40:42 C'était l'amour de sa vie, elle le répétait tout le temps.
40:47 Elle disait être passé de l'amour à la haine.
40:52 Je suis venu à Buenos Aires pour la première fois.
40:57 Elle disait être passé de l'amour à la haine.
41:02 Elle a toujours gardé énormément de colère en elle.
41:07 Son visage était déformé par la colère quand elle parlait de lui.
41:12 À la fin de la guerre, le couple Schindler se réfugie dans la zone d'occupation américaine en Allemagne.
41:17 J'espérais prendre un nouveau départ avec lui, rebâtir un mariage heureux.
41:22 Oscar était redevenu un amant attentionné.
41:27 Je me prenais à penser que nous avions un avenir ensemble.
41:32 À la fin de la guerre, le couple Schindler se réfugie dans la zone d'occupation américaine en Allemagne.
41:37 J'espérais prendre un nouveau départ avec lui, rebâtir un mariage heureux.
41:42 Je me prenais à penser que nous avions un avenir ensemble.
41:47 Après plusieurs fausses couches, Emily tombe enceinte à nouveau.
41:52 Après plusieurs fausses couches, Emily tombe enceinte à nouveau.
41:57 Elle espérait voir Oscar s'assagir après la guerre.
42:02 Elle avait dans l'idée qu'on pouvait jouer les Playboy quelques années,
42:07 mais j'ai une femme, maintenant je vais me ranger et devenir un bon mari.
42:12 Mais c'était un peu naïf de croire qu'il allait changer.
42:27 La grossesse se passe mal.
42:34 Elle a été hospitalisée un certain temps, puis elle a perdu le bébé.
42:39 Oscar est resté à son chevet presque tout du long.
42:45 Il était auprès d'elle quand elle a repris conscience.
42:54 Elle l'a vu dans un demi-brouillard, il lui disait combien il l'aimait.
43:03 Mais lorsqu'elle a émergé, elle s'est rendue compte qu'il était accompagné de sa maîtresse.
43:10 Beaucoup se demandent pourquoi elle est restée aux côtés d'un mari aussi volage.
43:19 Pour elle, qui avait reçu une éducation catholique, il n'était pas question de le quitter,
43:28 même si leur couple battait de l'aile. Il faut se replacer dans l'époque, on ne divorçait pas.
43:33 On ne s'inscrivait pas sur un site pour rencontrer quelqu'un d'autre.
43:37 L'après-guerre est une époque difficile.
43:42 Emilie et Oscar n'ont plus un sou et ne peuvent compter que sur eux-mêmes.
43:47 Réfugiés en Allemagne, ils sont considérés comme des citoyens de seconde zone.
43:56 En 1945, Oscar Schindler était ruiné.
44:00 Et il avait de quoi être inquiet, parce que les Tchèques s'intéressaient à son passé dans l'Abwehr.
44:07 C'est pour cela qu'il n'est pas retourné en Tchécoslovaquie.
44:11 Ils craignaient d'être arrêtés et jugés pour collaboration.
44:15 C'était une accusation très grave. Ils risquaient la peine de mort.
44:20 Il a eu besoin de l'aide de ces mêmes Juifs qu'il avait sauvés.
44:24 Après quelques années en Allemagne, c'est eux qui lui ont conseillé de partir outre-Atlantique.
44:30 Ils lui ont donné 15 000 dollars et l'ont aidé à financer le voyage, pour lui et pour sa femme.
44:37 La nouvelle ne m'enchantait pas.
44:42 Même si la perspective de déménager faisait ressentir un peu de peur,
44:46 nous avons émigré en Argentine en 1949.
44:50 Oscar Schindler investit le pécule confié par ses donateurs dans une ferme à San Vicente.
45:00 Emily s'habitue vite à cette nouvelle vie.
45:03 Elle est arrivée là forte de son amour de la campagne, et lui aussi de la vie.
45:13 Elle est arrivée là forte de son amour de la campagne, et des animaux.
45:17 Elle adorait la ferme.
45:20 L'Argentine est alors en plein essor économique.
45:25 Oscar Schindler tente de faire fortune dans l'élevage de volailles, mais aussi de rats gondins,
45:30 dont la fourrure est très recherchée.
45:32 Il laisse à Emily le soin de s'occuper de la ferme.
45:40 Il était incapable de gérer une entreprise,
45:43 parce qu'il passait son temps avec ses maîtresses et dans les casinos de Buenos Aires.
45:48 Pendant qu'Oscar s'amusait à Buenos Aires, c'est moi qui veillais sur les poulets et les rats gondins.
46:03 Ça a duré huit ans.
46:05 Nous ne faisions plus que nous croiser, presque sans jamais nous parler.
46:09 Mais je savais que nos finances se portaient mal.
46:12 Oscar Schindler n'était pas un homme d'affaires.
46:16 Il n'avait ni le temps ni la patience de passer en revue des opérations et des chiffres.
46:21 Il était comme ça.
46:23 Et l'exploitation a périclité.
46:25 Mais il sait déjà comment rebondir.
46:30 En 1952, le Bundestag a adopté une loi visant à indemniser les victimes du nazisme pour leurs pertes matérielles.
46:39 Oscar Schindler décide alors de retourner en Allemagne.
46:42 Nous n'avons pas échangé un seul mot sur le chemin de l'aéroport.
46:55 Au moment de nous dire au revoir, il ne m'a même pas regardé.
46:59 Puis il a disparu derrière une porte.
47:02 C'est la dernière fois que je l'ai vu.
47:05 Il n'est jamais revenu.
47:08 Il était marié avec elle, mais seulement sur le papier.
47:12 Elle ne comptait pas pour lui.
47:14 C'est triste à dire, mais c'est vrai.
47:18 Emily Schindler est plus démunie que jamais, car Oscar la laisse seule face à une montagne de dettes.
47:26 Elle a beau se démener, elle doit se résoudre à vendre la ferme.
47:36 Elle m'a raconté qu'à cette époque, elle se rendait en camion dans les exploitations agricoles de San Vicente pour récupérer des os d'animaux morts.
47:47 Ensuite, elle allait les revendre.
47:50 Ça se faisait à l'époque.
47:52 Ça lui permettait de se faire un peu d'argent.
48:00 À la même époque, Oscar Schindler vit confortablement grâce aux dons des anciens de Brunelitz.
48:06 Il dépensait son argent dans les bars et ramenait des femmes chez lui.
48:25 À son atterrissage à Tel Aviv, Schindler a été accueilli par des « Oh, Herr Direktor ! »
48:32 À peine arrivé, il a lancé « Where is the schnapps ? »
48:37 « Apportez-le-moi ! »
48:40 Et les gens ont murmuré « Il n'a pas changé ! »
48:50 Il n'a jamais grandi, jamais pris sa vie en main, jamais !
48:55 Oscar Schindler était quelqu'un d'extraordinaire.
49:01 Mais il avait aussi des défauts.
49:04 Mais c'est sans doute grâce à sa personnalité qu'il a sauvé toutes ses vies.
49:10 Schindler s'installe à Francfort.
49:14 Alors que l'Allemagne entame un travail de mémoire collective sur la Shoah, la presse publie des articles à son sujet.
49:20 Un arbre est planté en son honneur à Yad Vashem,
49:23 puis il est lui-même décoré de la Croix fédérale du Mérite et de l'Ordre pontifical de Saint-Sylvestre.
49:29 Émilie Schindler, en revanche, n'est jamais mentionnée.
49:43 Jusqu'aux années 1960, le récit historique, y compris concernant le nazisme et la résistance, était clairement dominé par les hommes.
49:51 Les femmes n'avaient pas droit de citer.
49:54 En 1994, Émilie Schindler vit dans une petite maison grâce au soutien de deux organisations caritatives juives d'Argentine.
50:12 Elle ne parlait jamais de son passé.
50:14 Elle ne racontait rien.
50:16 Jamais une anecdote.
50:18 Pas un mot.
50:20 Je crois qu'elle avait tiré un trait sur le passé.
50:29 J'ai vécu dans l'ombre d'Oscar.
50:34 Pourtant, je garde l'espoir de retrouver la lumière et de me réconcilier avec le monde.
50:41 De redevenir tout simplement Émilie.
50:44 Le tournant se produit dans les années 1990.
50:53 Bien qu'elle n'apparaisse que furtivement dans le film "La Lise de Schindler", elle a l'occasion de retrouver les survivants de Brunelitz lors du tournage.
51:02 Ils deviendront sa voix.
51:10 Émilie Schindler est à son tour décorée à plusieurs reprises.
51:13 Elle est déclarée juste parmi les nations en Israël et nommée citoyenne d'honneur en Argentine.
51:20 Je ne l'oublierai jamais.
51:26 J'ai eu beaucoup de chance de la connaître.
51:28 Elle me disait toujours "J'ai sauvé près de 1300 juifs et un Argentin".
51:34 *Musique*