• il y a 7 mois
La justice ? « Qu’elle soit rigoureuse et à l’heure. » La justice, la vérité, la responsabilité de l’avocat : autant de thèmes qui passionnent Daniel Auteuil, pour la première fois à Cannes en tant que réalisateur, avec « Le fil », drame aussi bouleversant qu’important (sans trop en dévoiler), tourné dans un vrai tribunal. Face à lui, l’avocate de la partie civile : Alice Belaïdi, si juste.
Transcription
00:00 J'aurais bien aimé l'appeler "La Vérité",
00:01 mais il y a un film avec Bardot qui est trop fort,
00:03 qui est magnifique.
00:04 Tu l'as vu ?
00:04 Non, je n'ai pas vu.
00:05 Regarde, regarde.
00:06 Vous êtes venu présenter 9 films en tant qu'acteur à Cannes,
00:09 cette fois en tant que réalisateur.
00:10 Comment ça va ?
00:11 Ça va bien.
00:11 D'autant plus que je joue dans le film,
00:13 et Alice aussi, donc je suis tranquille.
00:16 Il y a de bons acteurs, donc ça va.
00:17 Mon travail est reconnu,
00:18 donc c'est quelque chose qui me touche,
00:20 qui donne une responsabilité pour la suite.
00:23 Votre définition de la justice ?
00:25 Qu'elle soit là au bon moment
00:26 et qu'elle ne tarde pas trop à arriver.
00:27 Que ce soit l'instrument qui soit rigoureux et à l'heure.
00:31 Dans ce film-là, il y a vraiment cette chose,
00:33 une fois qu'on a ce pied dans l'engrenage de la justice,
00:36 c'est compliqué d'en sortir,
00:37 mais c'est vrai pour l'accusé.
00:38 Moi, par exemple, quand j'ai appelé des amis qui bossent là-dedans,
00:41 il y a tout un truc comme ça qui t'envahit.
00:44 Et je trouve que c'est très bien vu,
00:46 ce personnage que joue Daniel,
00:47 qui est parfois dépassé par ce qu'est la justice,
00:50 tout ce qu'elle représente.
00:51 Et Maître Maud le dit très bien,
00:53 tout ça, ce sont des histoires
00:55 et qu'il faut garder au fond de soi
00:56 une réserve d'illusions
00:58 qui vous permettent de continuer à faire ce métier.
01:02 Pour l'avocat, le monstre n'existe pas.
01:04 C'est juste un humain.
01:07 C'est cette réserve d'illusions qu'il faut garder
01:10 pour défendre les autres.
01:11 Ce que vous dites sur les monstres,
01:12 ça nous fait penser au titre en anglais.
01:14 "Une affaire ordinaire".
01:15 Oui.
01:16 Le personnage de Gregory Gatbord,
01:18 c'est un homme en fait ordinaire.
01:20 Tous les jours, des crimes sont commis.
01:22 À la télévision, on va interviewer les gens.
01:25 Mon voisin d'en face a assassiné sa femme,
01:28 ses enfants, son chien, son père, sa mère.
01:30 Et je suis en face et je dis,
01:32 "Tu ne comprends pas ? Il était gentil."
01:33 On lui disait bonjour,
01:34 il nous disait bonjour, on l'aimait bien.
01:36 Sur le monstre, ça raconte que l'humanité entière
01:39 est bâtie sur cette chose fragile qu'est l'humanité.
01:42 Ça raconte ça.
01:44 Ça veut dire qu'on ne sait rien.
01:45 C'est un élose de clé d'aide dans ce film.
01:46 Oui.
01:47 Comment on se prépare à clé d'aide ?
01:49 Vous dites que vous avez appelé des amis à vous.
01:50 Moi, le travail, il se pose vraiment
01:51 dans l'apprentissage de ce texte qui est très précis,
01:54 qui est très long.
01:55 Et en fait, c'est rare au cinéma de rapprendre des pavés comme ça.
01:59 J'avais l'impression de retourner un peu sur scène au théâtre.
02:01 J'ai bu ce que Daniel me disait,
02:03 je me suis inspirée de tes mots
02:05 et ça m'a permis de plaider.
02:08 Je me souviens la première fois que tu nous as fait ce cadeau.
02:10 Il y avait les figurants qui étaient là,
02:12 donc on avait un vrai public,
02:13 on avait un vrai auditoire.
02:14 Et puis, tu m'as laissé faire toute ma plaidoirie
02:17 comme ça en one shot.
02:18 J'ai pu kiffer avec les mots, kiffer avec le texte,
02:22 avec ce costume, avec ce personnage.
02:24 Et ça, c'était vraiment comme une gamine qui joue à être avocate.
02:27 Et ça, c'est génial.
02:29 C'est un beau cadeau d'actrice.
02:30 On n'a jamais déclamé...
02:32 Non, non, non.
02:33 C'est au plus près de la vérité et du trac
02:36 qu'ont les avocats et de l'enjeu que leurs paroles ont.
02:40 Il y a une intensité.
02:41 On est à la recherche de la vérité.
02:43 Chacun a sa vérité.
02:44 On travaille pour six ou neuf jurés qui sont là.
02:48 Et pas pour le public, mais pour les jurés.
02:50 Cette tension que tu as gardée.
02:52 C'est vrai que souvent, on coupe, on va dans notre loge,
02:55 on fait autre chose.
02:56 Et en fait, là, on restait sur le plateau
02:58 et on gardait cette tension souvent, parfois pendant des heures.
03:01 Il y avait une énergie vraiment.
03:02 Quand on re-rentrait le matin dans cette salle d'assises,
03:05 ce n'était pas qu'un plateau de cinéma.
03:07 C'était vraiment un tribunal dans lequel se jouent vraiment des vies.
03:11 On avait tout ça quand même en énergie autour de nous
03:15 et c'était puissant.
03:15 ♪ ♪ ♪
03:20 ♪ ♪ ♪

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