• il y a 6 mois

Olivier Sarlat, président du pôle de compétitivité Aqua Valley et directeur régional Eau Région Sud chez Veolia, répond aux questions de Dimitri Pavlenko.
Retrouvez "L'invité éco" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linterview-eco

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Transcription
00:00 - Heureux fin bonjour ! - 5h, 7h !
00:03 - Ombline Roche, Dimitri Pavlenko.
00:05 - Europe 1, il est 7h moins 20. Dans un instant les initiatives positives de Jean Zed.
00:09 Mais d'abord l'entretien éco d'Europe 1. Bonjour !
00:11 Quand l'économie apprend à vivre avec un minimum d'eau.
00:13 - Et oui Ombline, c'est un sacré défi dans un pays où chacun d'entre nous consomme 150 litres d'eau par jour.
00:19 Et encore, je ne vous parle pas des entreprises.
00:21 Le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchut,
00:23 a présenté mercredi à Canet en Roussillon dans les Pyrénées-Orientales un plan anti-sécheresse.
00:29 Nous sommes en ligne pour en parler avec Olivier Sarlat. Bonjour, bienvenue sur Europe 1.
00:33 - Bonjour à tous.
00:35 - Olivier Sarlat, vous êtes le président du pôle de compétitivité Aquavalet.
00:39 On va dire, ce que vous faites dans un instant, ça a évidemment un rapport avec l'eau.
00:43 Alors, parler de sécheresse, je le disais il y a quelques instants, ça paraît un peu hors de propos.
00:47 Alors qu'on a le mois de mai le plus pluvieux depuis au moins 10 ans.
00:51 Sauf peut-être dans le département des Pyrénées-Orientales, département le plus sec de France.
00:55 Depuis deux ans, le département prend les traits d'une zone aride, un peu comme la Catalogne espagnole.
01:01 Alors vous connaissez bien les Pyrénées-Orientales, c'est votre territoire, Olivier Sarlat.
01:06 C'est en train de devenir le laboratoire français de l'économie qui apprend à gérer la rareté de la ressource en eau.
01:13 Peut-être pour commencer, Olivier Sarlat, vous n'êtes pas climatologue malgré tout,
01:15 mais vous connaissez ces situations. Est-ce qu'on est sûr que la sécheresse est la nouvelle norme du pays catalan ?
01:22 Vous avez tout à fait raison, c'est vrai que le pays catalan connaît un déficit hydrique de l'ordre de 38%
01:27 malgré les pluies qui sont tombées dernièrement.
01:29 Et c'est vrai que d'ici une quarantaine d'années, on va constater -30 à -40% sur le débit des cours d'eau,
01:35 le rechargement des nappes souterraines.
01:37 Donc ce que nous avons vécu les deux dernières années va devenir la normalité pour les Pyrénées-Orientales,
01:42 le sud de la France et dans les années à venir, la France dans sa globalité.
01:46 Est-ce qu'on sait d'ailleurs pourquoi il y a de moins en moins de pluie dans cette région méditerranéenne, Olivier Sarlat ?
01:51 Est-ce qu'on a une explication ?
01:53 Alors oui, c'est vrai que, comme je l'ai dit, je ne suis pas climatologue,
01:57 mais c'est vrai que les courants d'air, les situations climatiques, la présence d'alimentailles des Pyrénées
02:02 fait que les flux de pluie et l'air, en fait, ne permettent pas à des situations pluvieuses de se maintenir sur place.
02:10 Et donc nous avons ce déficit.
02:12 Alors le ministre Christophe Béchut, je le disais, est venu présenter mercredi un plan résilience
02:17 assorti d'une enveloppe de 10 millions d'euros.
02:19 Il a dit, le ministre, il faut s'habituer à faire avec moins d'eau.
02:23 Ce n'est pas facile, ça veut dire changer de vie dans un département dont je rappelle les deux jambes économiques.
02:27 C'est un, le tourisme, donc les campings, le golf aussi, c'est très gourmand en eau,
02:32 et les vergers qui sont aussi de gros consommateurs d'eau.
02:35 Comment on fait ? Il faut se réinventer totalement dans ces cas-là, Olivier Sarlat ?
02:40 Les mesures à mettre en place, elles sont connues.
02:43 Il faut préserver la ressource en eau, donc il faut sensibiliser les populations,
02:47 les industriels, les agriculteurs sur des mesures de sobriété,
02:50 mais il faut aussi renouveler les réseaux qui pour certains perdent beaucoup d'eau
02:54 à certains endroits du département, et puis surtout aussi,
02:57 il faut diversifier la ressource en eau.
03:00 Et c'est ce qu'a proposé effectivement le ministre Béchut,
03:03 mais ça correspond à ce que le Pôle Aquavallée préconise depuis de nombreuses années, depuis plus de 10 ans.
03:08 Alors racontez-nous justement, Aquavallée, qu'est-ce que c'est ?
03:10 Quelle est votre mission ? Je précise que votre employeur principal, c'est Veolia,
03:15 donc c'est un spécialiste des réseaux de fournisseurs d'eau.
03:18 Aquavallée, c'est quoi exactement ? Quelle est cette casquette que vous avez ? Racontez-nous.
03:22 Alors, le Pôle de compétitivité Aquavallée, c'est un pôle qui est labellisé par l'État depuis plus de 10 ans,
03:28 et qui couvre toute la moitié sud de la France, et plus particulièrement les régions Occitanie et Sud.
03:32 Et c'est vrai que pour nous, l'eau est un formidable logiste d'attractivité et de développement des territoires,
03:36 y compris d'un point de vue économique et touristique.
03:38 Et on se dit chez Aquavallée qu'en étant les premiers touchés sur ces régions,
03:42 il est mieux que nous pour trouver des solutions concrètes à des problèmes qui nous impactent.
03:45 Et donc nous mettons en synergie le monde académique, c'est plus de 1200 chercheurs,
03:50 et le monde des entreprises, c'est plus de 4000 emplois,
03:52 pour pouvoir innover, développer des solutions liées à la filière de l'eau,
03:56 et pouvoir former. On est vraiment le cœur battant des solutions pour la filière de l'eau.
04:01 Alors, ce qui est intéressant, c'est, on va prendre un cas très concret,
04:03 il y a un projet de création d'un nouveau golfe dans les Pyrénées-Orientales.
04:07 Alors, ce qui paraît, évidemment, à certains, une hérésie, vu à combien un golfe est consommateur d'eau.
04:13 Mais oui, il y a des solutions techniques qui permettent, malgré tout,
04:16 d'envisager la possibilité d'ouvrir un tel établissement.
04:18 Comment on peut faire ? C'est la mise en pratique des solutions sur lesquelles vous travaillez.
04:22 Alors, comment on fait, très concrètement ?
04:24 Si on veut faire un golfe dans un endroit où il n'y a pas d'eau, Olivier Sarlat ?
04:27 Très concrètement, les solutions existent.
04:29 Si vous prenez le cas de nos voisins espagnols,
04:31 vous ne pouvez pas créer un golfe si vous n'utilisez pas la réutilisation des eaux usées traitées,
04:36 pour pouvoir l'alimenter. Donc, vous ne prélevez pas sur la ressource.
04:39 La réutilisation des eaux usées traitées, très concrètement,
04:41 c'est qu'en sortie des stations d'épuration, après le traitement,
04:44 en fait, on leur apporte un traitement complémentaire
04:46 pour pouvoir remettre cette eau à disposition du territoire.
04:49 Et on sait qu'on n'est pas bon, on n'est pas très bon en France.
04:51 Et non, en France, en fait, on a un taux de réutilisation de moins de 1%.
04:55 Si on était à une espèce de 10%,
04:58 on économiserait chaque année plus de 500 millions de mètres cubes sur la ressource en eau.
05:02 - Je crois que les Israéliens sont à 90% de taux de réutilisation à titre de comparaison.
05:08 - Exactement, et l'Espagne est à 15%.
05:11 Et c'est vrai que la réutilisation des eaux usées traitées, c'est une solution.
05:13 Il y a une autre solution aussi qui est envisagée pour le département des Pyrénées-Orientales,
05:18 c'est de pouvoir tirer une canalisation d'eau brute
05:20 qui amènera l'eau depuis le Rhône. Il y a déjà une canalisation qui existe,
05:24 mais qui n'est pas suffisamment dimensionnée.
05:26 Donc, une nouvelle canalisation va être aussi à l'étude pour retirer,
05:30 amener de l'eau jusqu'aux Pyrénées-Orientales. Mais il y a peut-être d'autres solutions.
05:33 - Amener l'eau là où elle tombe, c'est intéressant parce que
05:37 je me souviens que cet hiver, quand il y a eu les très fortes inondations dans le Nord,
05:43 certains ont dit "C'est quand même dramatique,
05:44 il y a trop d'eau dans le Nord, pas assez dans les Pyrénées-Orientales,
05:47 est-ce qu'on ne pourrait pas imaginer une sorte d'aggreduc qui ferait traverser cette eau
05:51 dans tout le pays ? C'est sans doute très excessif, mais pourquoi pas, Olivier Sarlat ?
05:56 - Alors, depuis le Nord, je pense que cet exercice n'est effectivement économiquement pas viable,
06:02 mais il y a déjà une structure qui existe, qui est exploitée par BRL,
06:06 qui amène de l'eau aujourd'hui, depuis le Ronde jusqu'aux Portes de Béziers,
06:10 là qu'il faudrait retirer une canalisation depuis environ Montpellier jusqu'aux Pyrénées-Orientales.
06:14 Ça c'est une solution, il ne faut pas avoir de dogme,
06:16 peut-être aussi que le désalement d'eau de mer un jour sera aussi une des solutions,
06:20 mais avant tout cela, il faut travailler sur les réseaux, les renouveler,
06:24 détecter les fluides plus rapidement, et c'est ce que nous faisons au niveau du pôle à Cois-Vallée,
06:28 nous proposons des solutions, nous accompagnons les collectivités, les entreprises,
06:32 sur toutes les questions, les orientations stratégiques dans le domaine de l'eau,
06:36 pour les amener vers une sobriété hydrique qui s'impose à nous aujourd'hui.
06:39 - Voilà, on peut faire tourner une économie avec moins d'eau,
06:42 en tout cas en la réutilisation davantage, en la gâchant moins, c'est très intéressant.
06:46 Merci d'avoir été en ligne avec nous ce matin, Olivier Sarlat.
06:49 Je rappelle que vous êtes le président du pôle de compétitivité à Cois-Vallée,
06:54 qui pilote la filière eau dans le Grand Sud, en Occitanie et en région PACA.
06:58 Bonne journée à vous, merci d'avoir été avec nous ce matin sur Europe.

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