Category
🗞
NewsTranscription
00:00L'édito politique sur Europe 1 avec Le Figaro, bonjour Vincent, Trémolet de Villers, bonjour Dimitri, bonjour Anissa, bonjour à tous.
00:08Vincent, on a donc assisté hier à la troisième déclaration de politique générale en moins d'un an. Pensez-vous que François Bayrou a réussi l'exercice ?
00:16Je dirais qu'il a plutôt réussi son coup, oui. Dans ce long discours, il y avait du fond, il y avait une forme, une langue, puis il y avait une part d'humanité qui faisait du bien.
00:25De plus en plus de nos hommes politiques ressemblent à des robots mécaniques qui diraient des discours écrits par une intelligence artificielle.
00:31Et rien de cela chez Bayrou, qui apparemment n'a pas fait non plus de médiatraining. La preuve, il parle une langue que tout le monde comprend.
00:38Alors le BRN a d'abord fait monter la sauce avec un très bon moment d'autodérision dans lequel il a expliqué qu'il était à la place la moins enviable de la République.
00:46Il a donc tenté de faire de l'état de disgrâce qui caractérise son début de mandat un atout, et c'est plutôt malin.
00:51Chaque jour gagné fera mentir les commentateurs qui depuis sa nomination prédisent sa mort politique imminente.
00:56Alors oui, François Bayrou s'est embrouillé dans ses feuilles, oui, ça a tiré un peu en longueur.
01:01Mais il a fait le choix de la vision plutôt que des propositions, des bonheurs de formule plutôt que des colonnes de chiffres.
01:06J'ai noté par exemple, la défense du beau est un devoir d'État, l'immigration c'est une question de proportion, ou encore l'état de droit n'est pas l'état de faiblesse, c'est pas mal dit.
01:14Le passage sur la dette était convaincant, et puis il a voulu réconcilier les villes et les campagnes, les citoyens et la politique, la gauche et la droite.
01:20Qui peut être contre ?
01:22C'était une musique de bon sens, un peu narcotique, il est vrai, mais un diagnostic intéressant sur le pays.
01:28On avait envie d'organiser un grand débat entre le Premier ministre et Jérôme Fourquet.
01:32On aurait appelé ça la commission du dialogue sur l'état de la France.
01:35Ça ferait une commission de plus à ajouter à tous les comités et autres conférences que le Premier ministre a lancées hier.
01:40N'oubliez pas les conclaves, je vous sens d'un coup un petit peu moqueur Vincent.
01:43Je note simplement que la palabre a été mise à l'honneur par le Premier ministre.
01:46Il a dit vouloir partager les états généraux de l'information, rouvrir les cahiers de doléances, faire de la conférence sociale sur les traîtres un autre conclave,
01:54installer un comité interministériel sur l'immigration, parole, parole, parole.
01:59Certains disent que François Bayrou a inspiré le grand débat à Emmanuel Macron après les Gilets jaunes, et je crois qu'ils ont raison.
02:06Bayrou est capable de tout faire verbalement, un dialogue intéressant, un discours anesthésiant ou un colloque lénifiant.
02:12Il parle sans que l'on sache précisément ce qu'il veut.
02:16Ce que résume le vieil adage pyrénéen, quand c'est flou, c'est qu'il y a Bayrou.
02:20Il est vrai qu'on n'a pas appris grand chose de concret, que ce soit sur le budget ou bien l'immigration.
02:25Mais ne soyons pas de courte vue Dimitri, François Bayrou ne s'en comprend pas de tout ce fatras de décisions pratiques et de projets opérationnels.
02:32Nous on voit les choses à quelques jours, lui voit les choses à cinq ans.
02:36L'espérance de vie de son gouvernement se compte en semaines,
02:39mais le Premier ministre a choisi de s'adresser aux députés comme s'il avait une décennie devant lui.
02:44Alors les urgences attendront, les urgences c'est-à-dire les influenceurs algériens, Boilem Sansalle en prison,
02:49la délinquance au plus haut, les ZFE, les DPE, le carnage de l'industrie automobile, tout ça attendra.
02:55Il est urgent d'attendre, c'est aussi le sous-titre de cette déclaration.
02:59Parce qu'en vérité François Bayrou sait qu'il ne pourra pas faire grand chose,
03:03et qu'il en est réduit aux affaires courantes et au discours de bon sens.
03:07Mais au bout du compte, le Premier ministre ne sera pas censuré demain,
03:10il n'est pas du tout certain qu'il le soit après le budget.
03:13Il a peut-être gagné six mois, six mois c'est son espérance ténue,
03:16et six mois aujourd'hui c'est une éternité.
03:19Ténu, il a prononcé le mot à la fin, en espérant que le découragement cède la place à un espoir ténu, mais raisonnable a-t-il dit.
03:25Six mois c'est raisonnable.
03:27L'édito politique sur Europe, merci beaucoup Vincent Trémolet.