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#Sport 

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Transcription
00:00 84 reste quelque chose de très fort, je pense, pour nous qui l'avons gagné,
00:07 pour les gens de l'époque, pour les gens qui ont vu des beaux matchs,
00:09 qui se souviennent encore de matchs à Marseille, à Nantes, à Saint-Etienne,
00:13 et qui m'en parlent encore beaucoup aujourd'hui.
00:15 Dans toute l'histoire des compétitions, il faut qu'à un certain moment,
00:22 les planètes, elles soient alignées.
00:23 Et du début jusqu'à la fin, les planètes vont être bien alignées.
00:28 Michel, on est en 2024, c'est-à-dire qu'on va parler de quelque chose
00:34 qui a 40 ans avec le recul, ce titre de champion d'Europe,
00:38 qui est le tout premier du foot français.
00:40 Est-ce qu'un peu comme le bon vin, on est au milieu des vignes,
00:44 et avec le temps, il s'est bonifié ?
00:46 Ça fait partie de ma vie, et sincèrement, tu ne peux pas
00:52 ne pas te battre pour ton pays, pour tes couleurs, pour l'équipe de France,
00:56 et ne pas penser à ça, qu'on a été les premiers à gagner quelque chose.
00:59 Comment on passe de 82 sévilles à 84 ?
01:04 Comment on repart après le traumatisme, entre guillemets, de séville ?
01:09 Il se passe ce que tous les joueurs de l'équipe de France ont compris,
01:13 que finalement, c'était des bons joueurs, et que le match contre l'Europe,
01:17 c'était un match de la vie.
01:19 Finalement, c'était des bons joueurs, et que le match contre l'Allemagne
01:22 n'était pas simplement un miracle ou un exploit.
01:26 Et il s'est passé deux ans, deux ans où on n'a pas perdu un seul match
01:30 pendant toute cette période.
01:32 On arrive en 84, où tous les joueurs prennent de la bouteille,
01:36 des Giresse, des Tijana, des Nebo 6, des Batiston.
01:41 Moi, je suis Ballon d'Or, je suis meilleur buteur d'Italie.
01:45 Et donc, on arrive à un moment où, quand même, cette génération
01:50 doit prendre conscience que c'est quand même une belle équipe.
01:53 On n'est pas inférieurs aux autres.
01:55 Et ça a été un peu le message que j'ai essayé de leur donner ces deux années,
01:58 en disant "On y va pour le gagner, et on va le gagner ce trompé".
02:02 Dites-nous un peu comment ça s'articule au sein de cette équipe.
02:05 Tout le monde me dit "Le boss, c'était Michel".
02:09 C'était Michel Pedilli.
02:11 Le vrai boss sur le terrain, c'est vous.
02:13 Non, c'est pas la même chose.
02:15 Je pense que le boss de l'équipe de France, celui qui sélectionnait les joueurs,
02:18 celui qui faisait jouer les 11 joueurs, c'était Michel Hidalgo.
02:22 Michel, vous l'avez dit, était un très bon entraîneur.
02:25 Il avait surtout quelque chose de fondamental, c'est qu'il avait confiance en nous.
02:29 Il n'avait pas besoin de nous donner des explications, comment on devait jouer,
02:32 de nous apprendre à tirer les couvrants, les pénalty ou faire les centres.
02:35 Fédéric Savé, il nous a donné un peu le mental, il nous replaçait dans l'ambiance,
02:40 il nous mettait un peu devant nos responsabilités.
02:43 Après, vu l'approche un peu différente tactiquement qu'on avait en Italie,
02:48 c'est vrai que j'ai un peu concrétisé cette approche avec les autres joueurs
02:54 où on rentrait davantage dans les détails.
02:56 Qui s'occupe du couvrant, qui marque celui-là.
02:58 J'étais devenu un peu trapatonien en étant très concret avec les joueurs,
03:04 avec toute l'équipe en disant "Maintenant, on fait ça, on fait ça, on fait ça,
03:07 on gère les détails".
03:09 [Musique]
03:15 Dans 25 minutes, en direct sur Antenne 2, coup d'envoi du championnat d'Europe des Nations de football.
03:21 Thierry Hollande, le parc des princes est archi-comble et il doit y faire bien chaud ce soir.
03:26 Effectivement, oui, le parc des princes n'est pas encore tout à fait comble.
03:31 Dans mon souvenir, il y a une espèce de crainte diffuse, de peur de se rater, de mal commencer.
03:38 Je me souviens d'un match assez fermé en fait.
03:40 C'est un match fermé avec, contre une très très bonne équipe de Danemark, il y avait des grands joueurs.
03:43 On ne doit surtout pas perdre, on ne peut pas hypothéquer nos chances si on perd le premier match.
03:47 Donc il y a quand même un peu de pression, mais aussi du bonheur de rentrer dans une compétition
03:52 dans laquelle on se sent fort.
03:54 Il faut attendre la fin de match pour que vous trouviez l'ouverture.
03:57 Vous vous souvenez du but ?
04:00 Oui, oui, oui, oui, c'est un but que je lui ai mis dans la lucarne, c'est ça ?
04:03 Pas tout à fait.
04:04 Pas tout à fait, bon alors.
04:06 Lacombe, Platini, il bute !
04:10 Allez !
04:12 But de Platini !
04:16 On peut dire deux choses, où j'ai bien visé la tête du mec, où on a eu beaucoup de chance.
04:22 Ce n'est pas le plus beau de vos buts, mais c'est le premier.
04:26 C'est le premier, c'est celui qui lance l'équipe, celui qui donne moral à tout le monde.
04:31 Et donc c'est important de bien commencer chez soi par une bonne victoire.
04:35 La deuxième étape, c'est France-Belgique, dans un stade de la Beaujoire inondé de soleil.
04:41 Et de Nantais.
04:43 Et de Nantais. Vous l'abordez dans quel état d'esprit ?
04:45 Ah, moi je l'aborde un peu différemment, parce que je suis allé pendant 10 ans à Marcel Sopin, j'ai pris 10 ans d'étau.
04:50 Avec Saint-Etienne, notamment.
04:52 Avec Saint-Etienne, donc j'ai pris des taux, donc ça me faisait plaisir de changer de stade.
04:56 C'est le nouveau stade, c'est tout neuf.
04:58 C'était l'inauguration, c'était l'inauguration, c'était tout neuf, et ça s'est extrêmement bien passé.
05:03 Belle frappe de Ballon, sur la tranche, c'est la soirée, c'est pas terminé.
05:06 La finition, il faut qu'il ait une, une, deux, Michel, la finition.
05:10 4-0, est-ce que quand vous mettez ce pénalty, vous commencez à penser au triplé éventuel ?
05:21 Non, non, non, moi je pense à rien du tout, je pense à jouer.
05:23 D'ailleurs, je frappe le pénalty d'une façon, je suis même pas sûr que je le tape bien.
05:29 Je crois que je le tape un peu, je prends un peu de chaud je crois.
05:32 Ça se faisait pas beaucoup de tirer au milieu à l'époque, j'ai l'impression.
05:36 Je suis pas sûr que je l'ai fait exprès.
05:38 C'est une frappe de la tête quoi, vraiment.
05:47 Non, non, non, non, c'est question d'abdominaux.
05:50 Comme les planètes sont alignées, là-bas elle tape le poteau, puis elle rentre dans le but, donc là ça se passe bien, trop bien.
05:57 On est qu'au début, on est sûr d'être qualifié, et il y a quelque chose qui s'approche pour moi individuellement et égoïstement,
06:04 c'est que le troisième match, on se joue à Saint-Etienne, on est qualifié, mais je retourne à Saint-Etienne.
06:08 Et donc il fallait que je donne le meilleur de moi-même pour faire plaisir au Stéphane Moix qui m'en supportait pendant trois ans.
06:13 Et donc là vous allez encore une fois marcher sur l'eau.
06:16 On a été mené à zéro, ça tournait pas bien, on arrivait pas à trouver notre jeu, c'était pas aussi fluide et rapide qu'à la bourgeoire.
06:22 Et donc Michel Hidalgo a fait des changements à la mi-temps, puis je me suis retrouvé pratiquement avant-centre.
06:28 Et donc je marque deux buts d'avant-centre.
06:35 Admettez que c'est pas commun cette tête bourgeante.
06:50 Non, c'est pour ça que je vous dis que c'est un bain-foureau de Patrick Battiston, s'il me l'avait sur la poitrine, ça me portait de la poitrine.
06:54 Il m'a mis par terre, il fallait que j'aille la chercher. J'ai failli me rappeler.
06:58 Non, c'est comme ça, ça se passe bien et le but est magnifique. C'est mon but dans cet euro, je pense.
07:07 Ça fait sept buts en trois matchs quand même Michel.
07:14 Ah, ça commence à devenir intéressant.
07:17 Ah bah ça commence à faire.
07:18 Oui.
07:20 Demi-finale du Championnat d'Europe des Nations, ce soir première demi-finale à Marseille, France-Portugal.
07:29 Pour Jean-François Domergue, c'est la belle aventure. Par le jeu de la suspension d'Amoros et de la blessure de le roux, le voilà propulsé sur le devant de la scène européenne.
07:39 Atmosphère décrite par plein de gens comme exceptionnelle ce soir-là à Marseille.
07:44 Vous avez quoi que vous me souvenez ?
07:49 On savait que ça allait être chaud. Moi je savais qu'on allait jouer contre une équipe du Portugal qui est très bonne.
07:55 J'avais prévu tout le monde que ça allait être très difficile. Et on fait un super match.
08:00 Alain Mittand, on doit mener 2-3-0. On mène 1-0.
08:06 Domergue, pourquoi vous lui laissez encore une fois tirer ce coup ?
08:10 La faute est sur moi et j'ai mal aux genoux. Je lui ai dit "Alain j'ai mal aux genoux".
08:14 Domergue sait tirer, il tire bien les coups francs. Je lui ai dit "on va le laisser tirer". Il a tiré un très beau coup franc.
08:21 Quand Jordaou marque dans la prolongation, est-ce que les fantômes de Séville ne ressortent pas du placard ?
08:27 On n'a pas le temps de penser à ça. Vous savez Hervé, dans ma vie j'ai eu plusieurs matchs importants.
08:34 Le match France-Allemagne, tu sens que tu ne vas jamais le gagner.
08:40 Le match là, tu sens que tu ne peux pas le perdre.
08:44 Tu n'étais pas là en train de te plaindre du fait qu'on y va, ça va tourner.
08:50 France-Portugal, c'est comme ça ?
08:53 Oui, je sens qu'on peut gagner, qu'on doit gagner, qu'on va gagner. Je le sens.
08:59 C'est improbable comme scénario, deux buts de Domergue.
09:03 Comme deux buts de Thuram, finalement 98. C'est les deux seuls buts de Domergue.
09:08 C'est le destin de la France.
09:10 Oui, c'est fou.
09:12 Et à la 119ème minute...
09:14 Il y a Luis Fernandez qui récupère le ballon, qui remonte, qui donne le ballon à Gentiliana.
09:18 Gentiliana, si je me souviens bien, il essaye de venir, il essaye de faire une minute avec moi.
09:22 Il est intercepté, il continue, il va sur le côté.
09:25 Il va sur le côté, il va sur le côté, et là il me donne un ballon un peu en retrait.
09:30 Il ne peut pas me le donner devant.
09:32 Donc je dois contrôler, je dois contrôler, et je le ramène, je suis le bon contrôle orienté.
09:39 Et je sais que je dois mettre une mine à hauteur de la tête, pour ne pas que ça tourne.
09:43 J'ai mis une mine à hauteur de la tête, pour ne pas que, même si le ballon vient sur la tête, le mec s'enlève la tête.
09:48 Non, parce que là, ça ne rigole plus.
09:50 Mais vous prenez le ballon, vous le mettez sur la tête, vous le mettez sur la tête,
09:54 mais vous prenez quand même, avec beaucoup de flèches, mais de placidité, le temps de contrôler.
10:01 Ça a duré une éternité.
10:04 Il y a des choses, il y a des moments de ta vie, qui durent très très peu, mais ça dure une éternité dans ta tête.
10:12 Ça veut dire que tu n'en es plus dans l'instinct là ?
10:14 Non, non, non, non, on est dans l'éternité.
10:16 Ça dure un temps.
10:17 J'ai dû revoir mon père, ma mère, les tueurs qui m'ont dit "bon papa, tu la mets, tu la mets,
10:21 tu fais opposition, le ballon va rentrer tout seul".
10:24 Une éternité, le temps de me retourner et de frapper, une éternité ça a duré.
10:28 Le temps de penser à tout et de la mettre où j'ai envie de la mettre.
10:32 Là, vous êtes qualifié pour la finale.
10:35 On ne se rend pas compte aujourd'hui, mais c'est la première grande finale du foot français.
10:39 Dans quel état d'esprit vous êtes ? Vous redescendez très vite du timeur ?
10:43 Oui, oui, non, il faut la gagner, il faut la gagner.
10:46 Je suis revenu à mes origines de la juve.
10:49 Non, non, non, il faut la gagner.
10:52 Cette coupe, vous la regardez pendant le match ou pas ?
11:13 On la regarde tous, j'ai donné un ordre à tout le monde de la regarder.
11:16 Les enfants vont regarder cette coupe-là pendant tous les hymnes
11:19 et vous vous dites "on la ramène à la maison, on la ramène à la maison,
11:22 on la ramène, elle ne nous échappe pas, c'est pour vous".
11:25 Il faut qu'on parle maintenant, Michel, du 9ème but.
11:28 L'arc-en-ada.
11:30 L'arc-en-ada ? Je ne comprends pas.
11:33 Vous n'allez pas me dire que c'est une erreur du gardien de but quand même.
11:36 Il était imparable ce but-là, on ne pouvait rien.
11:39 Il était dans la lucarne.
11:42 Il était dans la lucarne.
11:44 A quel moment vous comprenez que le ballon est entré ?
11:50 Quand Bernard Lacan me lève les bras.
11:53 C'est vrai qu'il lève les bras très haut.
11:55 Et très vite.
11:57 Ah, j'ai marqué.
11:59 1-0 pour nous.
12:01 Et alors ?
12:03 Alors c'est...
12:06 C'est compliqué.
12:10 Ce qui se passe dans la tête.
12:12 Et j'ai marqué un but, mais qui est dû à une erreur du gardien
12:17 que j'admirais, que j'adorais,
12:19 qui était un des meilleurs gardiens européens de l'époque.
12:22 C'était son dernier match.
12:24 Et vous avez vu, je n'ai pas exulté.
12:27 Je suis tombé de joie, mais je n'ai pas exulté parce que c'était...
12:32 Je pense que dans mes rêves de gosse,
12:34 ce n'était pas le but que j'aurais espéré marquer un jour dans une grande finale.
12:38 Vous avez eu de la compassion pour Luis Sarkoenada ?
12:42 Tristesse.
12:45 Sur le moment ? Même sur le moment ?
12:48 Mais oui, c'est plein de choses qui viennent comme ça en tête,
12:53 de tristesse, de bonheur, de joie,
12:56 mais je ne l'ai pas exprimé, d'ailleurs.
12:59 Mais j'étais...
13:00 - Gêné. - J'étais gêné.
13:02 Pas le respect pour Luis.
13:06 Je n'ai pas exulté.
13:08 J'ai exulté au deuxième but beaucoup plus.
13:11 Le but dans les arrêts de jeu de Bonobellone ?
13:14 On jouait à 10 contre 11.
13:16 Le rouge se fait expulser.
13:19 Et là, en arrière-toute, au bloc...
13:24 On attaquait en 82, en 84, on a réfléchi un peu plus.
13:28 On a un peu plus d'expérience.
13:30 Jean Titiana récupère un ballon au milieu de terrain,
13:33 il fait une contre-attaque et donne le ballon à Bruno Bellone.
13:37 Et je le vois piquer.
13:39 Alors que je dis, s'il te plaît, mets une mine dans les tribunes,
13:43 que le ballon revienne que demain matin,
13:45 que l'arbitre se dit, "Qu'est-ce que tu vas me faire un piqué comme ça ?
13:48 Mets une mine dans les tribunes, comme ça, on est tranquille."
13:51 Il fait un piqué.
14:01 Et il marque le but.
14:03 Ça, c'est le grand moment de bonheur.
14:07 Parce que c'est fini ?
14:09 Parce que le but est d'anthologie en finale de l'Euro.
14:12 Parce que Bruno le met d'un truc extraordinaire
14:15 que personne n'aurait pensé marquer à la 92e minute.
14:18 C'est le vrai moment du footballeur, de la joie du football,
14:22 de ce que ça peut représenter quand tu gagnes.
14:24 C'est exceptionnel, toi.
14:26 C'est l'ivresse.
14:29 Il y a un autre moment important, qui est l'armise de la coupe.
14:32 Est-ce que vous savourez ce moment, ce que vous le faites durer ?
14:35 Est-ce que ça dure aussi une éternité ?
14:37 Oui, j'ai pris le temps.
14:39 Parce que j'avais un peu bâclé, on m'a monté en 78,
14:43 quand on gagnait la Coupe de France avec Nancy.
14:45 J'avais été vite, on était vite, etc., il fallait faire vite.
14:48 Et là, j'ai dit, je vais prendre mon temps.
14:50 Parce que c'est 20 secondes de montée pour l'éternité.
14:57 D'ailleurs, c'est ce que j'ai dit à Didier Deschamps en 98,
15:00 prends ton temps pour monter, chercher la coupe.
15:02 Parce que ça dure 20 secondes, mais c'est exceptionnel.
15:05 Et là, j'ai pris le temps de brûler.
15:07 Et on avait vraiment une belle équipe,
15:13 de mecs sympas et de mecs qui auraient été au bout du monde
15:16 pour donner cette compétition.
15:18 C'est un des meilleurs moments de ma vie.
15:20 [SILENCE]

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