Droit de réponse : Est-ce un handicap d'être femme ? Partie2

  • il y a 4 mois
L'émission "Droit de réponse" a abordé la question "Est-ce un handicap d'être une femme ?" en deux parties. Cette émission a soulevé les difficultés et discriminations auxquelles font face les femmes, notamment celles en situation de handicap qui subissent une double discrimination liée à leur genre et leur handicap. Un rapport du Défenseur des droits en 2016 a mis en lumière les obstacles rencontrés par les femmes handicapées dans l'accès à l'emploi et leur carrière professionnelle. Le rapport souligne le manque de données statistiques prenant en compte les discriminations multiples et appelle à une vigilance particulière envers ce public vulnérable. Des associations comme APF France handicap dénoncent également les inégalités, violences et stéréotypes subis par les femmes en situation de handicap dans tous les domaines (emploi, éducation, santé, représentation médiatique, etc.). Elles réclament l'effectivité des droits pour lutter contre leur invisibilité et les discriminations croisées liées au genre et au handicap.
Transcript
00:00:00 quelques instants. Donc, droite de réponse, Michel Pollack.
00:00:02 Ensuite, nouveau drame chez les Wings, ce sera le quatorzième épisode de la série américaine Dallas.
00:00:09 Un épisode intitulé "Départ pour la Californie" et où nous allons retrouver les femmes éternelles des séries américaines,
00:00:15 la mère, la femme trompée, la maîtresse, dans une intrigue où JR, bien entendu, comme d'habitude, n'aura pas le bon rôle.
00:00:22 Qu'en penseraient les invités de droite de réponse, Michel Pollack, ce soir ?
00:00:27 En fin de soirée, tout à fait en fin de programme, donc à 22h45, notre magazine de la semaine 7 sur 7
00:00:32 de Jean-Louis Burga, Éric Gilbert et Frédéric Boullée abordera donc les principaux sujets de l'actualité de la semaine.
00:00:38 Et puis aussi un regard, en plus un regard sur la télévision des autres, ce soir la télévision ivoirienne en compagnie de Régis Faucon.
00:00:46 Mais tout de suite, nous rejoignons Michel Pollack en direct.
00:00:49 [Musique]
00:01:17 Bonsoir, et bien oui, ce soir, une deuxième émission consacrée aux femmes.
00:01:20 Le titre de la première émission est conservé donc ce soir, "Est-ce un handicap d'être femme ? Deuxième partie".
00:01:27 Il semble ce soir que ce soit vrai.
00:01:28 Cette émission a été préparée pour vous par Catherine Sinet et les dessins seront de Tetsu.
00:01:34 À la suite de notre émission consacrée aux jeux, une fois ci 15 jours, le PDG de notre chaîne a reçu une lettre recommandée de M. Edgar Zemmour,
00:01:44 dont le nom a été cité par un journaliste qui n'a fait d'ailleurs que répéter ce qui avait été dit dans de nombreux journaux.
00:01:50 Et bien M. Zemmour, qui nous envoie donc cette lettre et qui nous envoie aussi le nom de son avocat,
00:01:59 je voudrais tout de même lui rappeler que le principe de cette émission, droit de réponse,
00:02:03 est de recevoir sur le plateau ceux qui se sentent particulièrement concernés par le sujet.
00:02:08 Alors voilà, M. Edgar Zemmour est invité cordialement à venir sur ce plateau s'expliquer avec nous sur le problème du jeu en France
00:02:17 et le rôle qu'il joue ou qu'il ne joue pas ou que sa famille joue ou ne joue pas dans ce domaine.
00:02:22 Et bien maintenant, nous avons un autre droit de réponse.
00:02:25 C'est droit de réponse très sympathique.
00:02:28 Nous allons l'accorder à Marion Garmes.
00:02:30 Marion Garmes, vous nous avez signalé que vous étiez ulcéré parce que notre confrère, Le Quotidien de Paris, avait publié un article, voici,
00:02:39 "Porno Langues contre X" et dans la deuxième partie de cet article, ces comédiens bon chics qui ont frôlé le hard,
00:02:46 et bien vous êtes cité, chère M. Garmes.
00:02:48 Alors Marion Garmes, tout de même, nos téléspectateurs la connaissent, ils vous ont vu dans de nombreux feuilletons,
00:02:53 ils vous ont vu au cinéma, ils vous ont vu débuter avec Pierre Brasser dans "Ciao", ils vous ont vu dans des films d'audiards.
00:02:59 Mais en tout cas jamais dans un film pornographique, ça c'est sûr.
00:03:02 Bon alors, ouais.
00:03:03 Alors c'est en ça que je voulais m'expliquer, c'est ce que je voulais dire au directeur de ce journal.
00:03:07 Si d'une part, j'avais tourné dans un film pornographique, moi et les camarades d'ailleurs qui sont impliqués dans l'affaire,
00:03:13 nous sommes quelques-uns à porter le bada, avec des larges bords,
00:03:16 pensez bien que le journaliste aurait nommé le ou les titres de films,
00:03:20 il est bien entendu incapable de les nommer puisqu'il n'y a pas de film pornographique.
00:03:24 Mais par contre, il se sert de nous très habilement, très adroitement, très sournoisement, disons,
00:03:31 pour nous impliquer, disons, avec des mots qui sont...
00:03:35 Je veux dire, quand vous parlez "froler", "froler" ça veut rien dire,
00:03:38 "le hard" par contre, ça veut dire quelque chose.
00:03:40 Alors je voudrais expliquer à ce monsieur...
00:03:42 Parce qu'il dit que vous "frolez le hard".
00:03:43 Vous "frolez le hard", ça veut rien dire.
00:03:44 Je vais quand même expliquer à ce monsieur qui n'a pas l'air de savoir,
00:03:46 je le plains d'ailleurs dans la vie privée parce que s'il "frole le hard",
00:03:49 les dames qui sont avec lui ne doivent pas rigoler tous les soirs.
00:03:51 Bon alors, je vous explique le "hard" aussi.
00:03:53 Il va demander un droit de réponse.
00:03:54 Ah, peut-être.
00:03:55 Mais oui, mais il a écrit ça.
00:03:56 Il a écrit.
00:03:57 Alors le "hard" au cinéma, c'est quoi ?
00:03:59 C'est ma définition à moi, c'est un exhibitionnisme visuel d'un acte sexuel.
00:04:05 Bon, c'est une chose qu'on ne peut pas "froler", cher ami.
00:04:07 On ne peut pas...
00:04:08 On fait ou on ne fait pas rien.
00:04:09 On ne peut pas tournicoter autour du pot.
00:04:11 Donc déjà, le titre ne veut rien dire.
00:04:13 Articulièrement, le titre ne veut rien dire.
00:04:15 Alors ensuite, vous comprenez, vous êtes quand même impliqué dans l'affaire
00:04:18 parce que votre nom figure, mais on ne peut pas vous attaquer en diffamation
00:04:22 parce que vous ne dites pas "elle a fait telle chose dans telle circonstance, dans tel film".
00:04:25 Il ne peut pas le dire.
00:04:26 Mais voilà, alors on a flirté avec les...
00:04:29 Vous savez, ce sont des termes comme ça, sournois, insidieux.
00:04:32 Alors c'est dans ça, moi, que je m'insurge
00:04:35 parce que je suis peut-être quelqu'un de très maladroit, tout ce qu'on voudra.
00:04:37 Mais je suis quelqu'un de franco de port.
00:04:39 Vous voyez, je n'aime pas la faucuterie, les choses floues, les choses molles,
00:04:42 si vous voyez ce que je veux dire.
00:04:43 Donc moi, j'aime bien qu'on dise les choses carrément.
00:04:46 Là, vous ne pouvez pas le dire, alors ne le dites pas.
00:04:47 Alors ce qu'il dit, il faudrait que vous m'expliquiez.
00:04:50 Vous avez tourné quand même dans un film qui était "Les 11 000 verges d'après Apollinaire".
00:04:54 Texte qui vient d'être réédité en collection de poche,
00:04:56 d'ailleurs, ce qui prouve qu'il n'est même pas trop méchant.
00:04:58 Alors, les verges, je vous signale comme ça en passant, au cas où vous ne seriez pas...
00:05:01 Vous n'avez sûrement pas lu le bouquin.
00:05:03 Oui, exactement.
00:05:04 Ce sont les verges, mais donc pas autre chose, bien entendu.
00:05:06 C'est un livre amusant, d'ailleurs.
00:05:08 C'est très amusant.
00:05:09 Le film n'était pas très réussi, il faut bien dire les choses.
00:05:11 C'est un hommage. Le film n'a pas fait une grosse carrière pour plein de raisons, malheureusement.
00:05:14 Mais enfin, il était très bon.
00:05:15 Alors, qu'est-ce que vous faisiez dans ce film ?
00:05:16 Parce que dans le livre, il y a des choses, quand même.
00:05:18 Non, mais je faisais une soubrette qui avait un petit peu l'œil allumé, c'est vrai.
00:05:22 Mais je veux dire, il n'y avait pas un seul plan dont je puisse avoir honte.
00:05:26 J'ai participé à un film qui était gay, qui était franchouillard,
00:05:29 qui était un film en bonne santé, vous voyez.
00:05:31 C'était Rabelais, c'était...
00:05:33 Bien sûr, c'était Gaillard, si vous voulez l'écrire.
00:05:35 On ne voyait pas la pointe d'un saint caché, non ?
00:05:37 Pas la mienne, en tout cas.
00:05:38 D'accord.
00:05:39 Moi, c'était gros plan, les choses se passaient en gros plan.
00:05:42 Il y avait quand même des bottines, m'avez-vous dit ?
00:05:43 Il y avait des petites bottines sournoises, rigolotes, des jupons, ça se passait en 1900.
00:05:48 Et tout ça était toujours de bon ton.
00:05:50 Rien à voir avec le hard, monsieur Tesson, ni la pornographie, qui est tout à fait un autre...
00:05:55 Je ne dénigre pas, je veux dire, ce n'est pas mon truc, c'est tout.
00:05:58 Ce n'est pas mon univers.
00:05:59 Bon. Est-ce que vous vous êtes sentie particulièrement atteinte,
00:06:01 parce que c'est le sujet de notre émission ce soir, parce que vous êtes une femme ?
00:06:04 Ou est-ce que vous pensez qu'un comédien homme aurait réagi comme vous, avec la même violence ?
00:06:08 Je crois que le comédien homme, surtout venant d'un canard comme ça,
00:06:11 bon, ça lui serait passé au-dessus du cigare.
00:06:14 Pas les femmes, parce qu'il y en a marre d'être des appâts,
00:06:17 d'être des prétextes à des choses qui sont comme ça, faux cul.
00:06:23 C'est contre ça que je m'insurge.
00:06:24 C'est qu'on sert de prétexte.
00:06:26 Est-ce que vous avez vu Marion Gammes, un film de Sidney Pollak,
00:06:28 qui vient de sortir, rien à voir, un homonyme,
00:06:31 qui s'appelle "Absence of Malice" ?
00:06:33 Je vous recommande ce film, parce que la presse l'a reçu.
00:06:36 C'est une merveilleuse comédienne, qui a eu un prétexte impressionnant.
00:06:39 Et puis il y a Paul Newman, qui n'est pas mal non plus.
00:06:41 Et l'histoire est justement l'histoire d'une journaliste
00:06:44 qui paraît que cette zèle pousse au suicide d'une jeune femme.
00:06:47 Heureusement, ça ne vous a tout de même pas poussé au suicide,
00:06:49 vous avez plus de santé qu'elle.
00:06:50 Et l'histoire montre justement le problème de la responsabilité de la presse,
00:06:54 et je trouve que la critique a été un petit peu sévère pour ce film,
00:06:58 que je trouve un beau film.
00:06:59 Enfin, un chef-d'œuvre, mais c'est un beau film.
00:07:01 En tout cas, nous sommes en pleine "Absence of Malice".
00:07:03 Je m'excuse, je voudrais simplement...
00:07:04 Oui, un dernier mot.
00:07:05 Un dernier mot, rappelez que ce monsieur qui racole avec des titres
00:07:08 qui ne veulent rien dire, mais qui sont quand même sournois,
00:07:10 arrive quand même à mettre des dames nues dans son canard.
00:07:14 C'est Claudine Beccari qui a fait le premier grand film à exhibition.
00:07:17 Tout ça n'est pas net, net, et puis tout ça n'est pas très viril en plus.
00:07:20 Bon, et bien en tout cas, on ne peut pas dire que Marion Gabb n'a pas de la dent.
00:07:24 Je signale que nous allons d'ailleurs organiser une émission
00:07:27 sur la responsabilité du journalisme,
00:07:29 sur les sujets qui abordent "Absence of Malice",
00:07:32 celui que vous soulevez, et savoir si on a le droit de citer des noms,
00:07:35 puisque les frères Émours aussi se semblent impliqués.
00:07:38 Je ne vous compare pas du tout, ce n'est pas le même milieu.
00:07:41 Alors maintenant, nous allons commencer notre émission,
00:07:43 si vous le permettez, mais vous allez rester avec nous, Marion Gabb,
00:07:45 parce que vous aurez sûrement des choses à dire sur la comédienne,
00:07:48 la femme comédienne et son métier.
00:07:50 Nous avons eu une réaction à propos de la journée des femmes et du féminisme,
00:07:54 car Orson Welles était à Paris pour la remise des Césars.
00:07:58 Le féminisme, on en a beaucoup parlé à ce moment-là,
00:08:01 et il a accepté de nous donner son témoignage.
00:08:04 C'est Serge Arsdorff qui l'a recueilli.
00:08:07 Voici donc le témoignage d'Orson Welles.
00:08:09 Alors je vous signale quand même que le sous-titrage est un légèrement approximatif,
00:08:13 alors suivez l'anglais si vous connaissez l'anglais, mais nous vous le préciserons après.
00:08:16 Je crois que les femmes doivent avoir tout ce qu'elles veulent et plus.
00:08:25 Et je pense que les femmes ne demandent pas trop de société aujourd'hui,
00:08:31 elles demandent trop peu.
00:08:34 Et nous ne devons jamais oublier que la civilisation elle-même,
00:08:42 en particulier la civilisation française, mais toute la civilisation au sud-ouest,
00:08:50 n'a été possible que parce que les hommes ont essayé d'améliorer leurs manières,
00:08:59 de se développer mieux,
00:09:02 de rendre le monde plus beau,
00:09:05 de plaire aux femmes.
00:09:08 Et elles ne pourraient jamais faire des choses comme ça pour plaire aux hommes.
00:09:14 Donc si une femme veut abandonner la position de forcer les hommes à rendre le monde plus beau,
00:09:23 alors je dis que la libération des femmes est ridicule.
00:09:27 Mais si les femmes se battent pour des salariés meilleurs,
00:09:31 pour l'égalité en politique et en société,
00:09:35 pour leur droit de choisir leur façon de vivre,
00:09:38 je dis que c'est absolument correct,
00:09:41 parce que je crois en ce droit.
00:09:43 Mais pourquoi ne devraient-elles pas avoir plus plutôt que moins ?
00:09:47 Pourquoi pensent-elles que les femmes doivent être égales aux hommes ?
00:09:52 Personnellement, je ne crois pas en l'égalité.
00:09:56 Un oiseau n'est pas égal à un autre oiseau.
00:10:00 Un moule n'est pas égal à un autre moule.
00:10:04 Un oiseau n'est pas égal.
00:10:06 Nous sommes plus grands, plus petits, plus fous, plus fins, plus intelligents, plus stupides.
00:10:13 Nous ne sommes pas égaux.
00:10:15 Nous avons des droits égaux sous une démocratie.
00:10:20 Nous devrions avoir une protection égale sous une démocratie.
00:10:25 Et cela va pour les femmes, tout au long et à l'arrière du champ.
00:10:29 Mais elles ne seront pas toujours les objets de l'amour et du sexe, comme le disent les idéologues.
00:10:42 Et de toute façon, qu'est-ce qui est faux en étant un objet de sexe ?
00:10:45 J'aimerais être un objet de sexe.
00:10:48 (Propos inaudibles)
00:10:55 Ils peuvent être des servants, ils peuvent être des citoyens de deuxième classe.
00:11:00 Et tout cela est hanté et devrait changer.
00:11:07 Mais qu'ils soient égaux aux hommes est absurde, car ils sont meilleurs.
00:11:16 Ils sont le sexe supérieur.
00:11:19 Ils vivent plus longtemps, ils sont plus forts, ils sont la cause de la civilisation, ils sont l'inspiration de tout l'art.
00:11:30 Et ils sont même des artistes eux-mêmes quand ils veulent être.
00:11:33 Et quand ils ne le sont pas, c'est parce qu'ils ne choisissent pas d'être.
00:11:38 Ils ne cuisinent toujours pas aussi bien que nous.
00:11:41 C'est la seule différence.
00:11:43 C'est tout.
00:11:45 (Rires)
00:11:58 Pourquoi vous m'avez coupé cette image ?
00:12:00 J'aime tellement voir Orson Welles quand il croit qu'il n'est pas filmé,
00:12:02 que j'avais laissé exprès ce petit bout de film à la fin.
00:12:06 C'est ce document d'Orson Welles.
00:12:09 Il a simplement dit à un moment donné, non pas la femme est un objet sexuel.
00:12:12 Il a dit la femme n'est pas l'objet sexuel dont parlent les idéologues.
00:12:15 Je crois que là le sous-titrage a un petit peu failli.
00:12:18 Est-ce que nos étudiantes qui étaient là la semaine dernière ont une réaction ?
00:12:23 Prenez le micro si vous voulez dire quelque chose.
00:12:25 Non ? Oui ? Il ne faut pas vous forcer si ça.
00:12:28 Moi je voudrais dire quand même qu'au départ il avait quand même raison je pense.
00:12:32 Enfin je suis d'accord avec lui.
00:12:33 Ah tiens.
00:12:34 Tiens, tiens, tiens.
00:12:35 Votre amie n'a pas l'air d'accord.
00:12:37 Si, si, tout à fait. Je suis entièrement d'accord sur le sujet que les femmes représentent un peu trop l'objet sexuel.
00:12:45 Mais il a raison de dire surtout Orson Welles quand il dit que les femmes aussi ont des avantages sociaux.
00:12:51 Mais il ne faut pas oublier que les femmes n'ont pas tous les droits dans la société actuelle.
00:12:55 Et qu'elles se battent aussi pour la conquête de nouveaux droits.
00:12:58 Bien, merci.
00:12:59 Bon, et sur la supériorité des femmes et le fait que la civilisation n'existe que parce que les hommes créent pour elle.
00:13:05 Non, pas de réaction ? Bon, alors on sait qu'on admet si on ne dit rien.
00:13:10 Non, on n'admet pas tout à fait.
00:13:12 On n'admet pas tout à fait. Madame Lotte, oui.
00:13:16 Je ne suis pas tout à fait d'accord avec ce qu'il a dit parce qu'il transparaît quand même un petit côté phallocrate dans ses propos.
00:13:22 Tout de même, tout de même, c'est un petit peu dissimulé mais ça y est, quand même bien.
00:13:26 Non, mais je voudrais apporter une précision à propos de l'égalité.
00:13:29 Les femmes revendiquent, ils s'attaquent au MLF bien sûr.
00:13:32 Là d'ailleurs, on pourrait leur rendre justice tout de même.
00:13:35 Bien sûr qu'elles ont des positions outrancières mais je crois que nous devons leur rendre cette justice.
00:13:39 C'est que si elles n'avaient pas fait cet énorme travail qu'elles ont fait depuis plus d'un siècle,
00:13:43 eh bien nous les femmes aujourd'hui, nous ne prendrions pas la parole.
00:13:46 Je ne pense pas que vous nous auriez conviés à prendre la parole ici.
00:13:48 Alors rendons-leur cette justice, c'est tout.
00:13:51 Quant à l'égalité...
00:13:52 Bon, alors écoutez, pour leur rendre justice, nous signalerons aussi qu'elles ont passé un communiqué aujourd'hui à la presse
00:13:57 pour protester contre l'attentat dont elles ont été victimes cette semaine et qui a détruit une partie de leur atelier
00:14:03 et qui les a empêchées de publier leur hebdomadaire des femmes en mouvement, justement cette semaine consacrée à la femme.
00:14:09 Et elles se plaignent qu'une bonne partie de la fresse n'a même pas rendu compte de cet attentat.
00:14:14 Alors nous signalons quand même leur communiqué, effectivement, vous avez raison.
00:14:17 Je signale que Valentinotte, à qui je redonnerai la parole tout à l'heure, est présidente d'une association des femmes au foyer.
00:14:24 Qui n'est pas du tout MLF.
00:14:25 Nous avons des couples, nous avons des hommes aussi, des jeunes hommes dans notre association.
00:14:29 Très bien.
00:14:30 Et le titre exact, c'est l'association pour le soutien à la promotion de la femme au foyer.
00:14:33 Qui existe depuis 1975.
00:14:34 Claudine Auger, vous êtes avocate.
00:14:36 Pardon ?
00:14:37 Colette, je suis rectifiquée.
00:14:39 Colette, excusez-moi, oui, pardon.
00:14:41 Je reconnais qu'elle est plus célèbre que moi.
00:14:43 Un mot encore sur Wells, oui ?
00:14:47 Oui, un mot, je pense que s'il n'y a pas eu de réaction parmi nous par rapport aux témoignages d'Orson Wells,
00:14:53 c'est que peut-être on n'avait pas envie de céder à la provocation que ce monsieur avait bien voulu nous tendre là,
00:15:00 comme ça, en début d'émission.
00:15:02 Et qu'on pensait qu'on avait peut-être, comme on n'a qu'une heure et quart, des choses plus importantes à dire qu'à lui répondre.
00:15:07 Bien.
00:15:08 Eh bien, voilà qui est fait.
00:15:09 Je crois que...
00:15:10 Et alors, je voudrais aussi signaler que la semaine dernière, nous avions demandé à nos étudiantes et lycéennes
00:15:16 si elles voulaient bien lire un livre que Marie Cardinal aime beaucoup.
00:15:19 Et qui, d'ailleurs, je crois que Marie Cardinal souhaitait même en faire un film, c'est "Marthe",
00:15:23 qui est apparue aux éditions du Seuil dans la collection Libre à elle.
00:15:26 Livre que la presse est d'ailleurs, ça lue en ce moment comme un chef d'oeuvre.
00:15:29 Alors, quelle est la réaction de nos lectrices, là ?
00:15:33 Alors, bon, moi je l'ai lu, je pense que le sujet est intéressant,
00:15:37 mais que le livre est fait d'une telle manière qu'il n'y a que des lettres,
00:15:42 et qu'il y a beaucoup de détails dont je pense qu'on aurait pu se passer.
00:15:45 Mais je crois qu'on peut voir que la condition de la femme était très dure en 1894,
00:15:52 et qu'elle est encore dure aujourd'hui,
00:15:54 mais qu'on peut s'apercevoir que l'honneur de la famille était mis en valeur
00:16:01 si la femme était suivant la virginité au nom de la femme.
00:16:05 "Marthe", dans le livre, est condamnée à se cacher, à être malade,
00:16:09 la famille doit déménager parce qu'elle est enceinte et qu'elle a un enfant.
00:16:13 Je crois que c'est...
00:16:15 Hors mariage, oui.
00:16:16 Oui, pour le mariage.
00:16:17 Mais enfin, il n'y a pas de réaction très fanatique pour ce livre.
00:16:21 C'est une passionnariat, elle est tout le temps dans la parole.
00:16:24 Oui, très vite, parce que vous ne l'avez pas réussi à lire.
00:16:26 Je voulais seulement dire que "Marthe" démontre l'image des meurtres réactionnaires du siècle passé.
00:16:31 Elle a écrit son petit texte, alors là vous trichez parce que vous me dites que vous n'avez pas réussi à le lire.
00:16:35 Si, si, je l'ai lu un peu, mais je veux dire qu'il était un peu long à lire.
00:16:39 Seulement, je voulais dire que "Marthe" d'hier est quand même "Marthe" d'aujourd'hui, dans une autre forme.
00:16:46 C'est-à-dire, vous pensez qu'aujourd'hui, une jeune fille qui aurait péché en dehors du mariage...
00:16:51 Non.
00:16:52 Oh non, alors elle n'a même pas...
00:16:53 Il y a eu une évolution, mais il y a certains détails dans le livre qui démontrent que ça n'a pas changé.
00:16:58 Il y a des points communs avec cette époque.
00:16:59 De toute façon, "Marthe", elle n'assume pas ses responsabilités, c'est sa famille qui réagit.
00:17:05 Oui, elle est un peu passive, "Marthe".
00:17:07 Donc, dans ce livre, on ne voit pas assez la réaction de "Marthe" par elle-même.
00:17:10 En fait, c'est sa famille qui transcrit sa réaction, mais elle, elle n'en a aucune.
00:17:13 Exactement.
00:17:14 Voilà, exactement.
00:17:15 On ne la laisse pas assez parler, elle n'a pas assez...
00:17:17 Bon, alors il s'agit donc d'un livre de lettres qui ont été retrouvées, qui sembleraient authentiques,
00:17:22 du moins, c'est ce qu'on nous affirme, et qui ont été retrouvées dans un grenier,
00:17:26 et qui retracent effectivement dix ans de la vie d'une famille qui a tous les problèmes que l'on peut imaginer en 1900,
00:17:33 parce que la fille a fauté en dehors du mariage et qu'il a fallu la marier avec le premier venu,
00:17:37 ou du moins avec celui qui acceptait de l'épouser.
00:17:39 Et, dernière opinion, non, Virginie ? C'est bien Virginie Novak ?
00:17:42 Je l'aime bien, mais c'est un peu ennuyeux par moments, parce que tous les détails incroyables,
00:17:48 à cause de l'argent, tous les détails passent dans les lettres d'argent, la santé,
00:17:53 enfin, vraiment des détails assez inutiles pour l'histoire.
00:17:57 Et je suis d'accord, l'opinion de "Marthe", on ne la connaît pas, il y a très très peu de lettres de "Marthe",
00:18:01 et en plus elles sont la plupart du temps dictées sous la menace.
00:18:05 Je comprends bien, nos lectrices sont plus sévères que les critiques.
00:18:09 Eh bien, écoutez, restons-en là, puisque "Marthe" n'a pas auprès de vous le succès espéré,
00:18:13 alors nous ne reparlerons pas de ce livre.
00:18:16 Vous me citerez peut-être tout à l'heure un livre que vous avez aimé, par contre, sur le sujet des femmes,
00:18:19 je ne sais pas s'il y en a un ? Oui, il y en a un, vous voulez me le citer ?
00:18:21 Bon, j'espère qu'à la fin on pourra y revenir.
00:18:23 Eh bien, écoutez, nous allons commencer cette émission par les témoignages que nous avons reçus,
00:18:26 et nous en avons reçu un nombre considérable à la suite de l'émission de l'année dernière.
00:18:31 Je ne vous cache pas, bien sûr, je ne cacherai pas que certaines lettres,
00:18:34 il y a même un téllex long comme ça, je ne sais pas où il est,
00:18:36 extrêmement sévères pour cette émission qui ne présentait pas la lutte des femmes sous son jour le plus favorable.
00:18:42 Eh bien, aujourd'hui, les témoignages, les témoignages tels qu'ils nous arrivent, dans toute leur brutalité parfois.
00:18:48 Et je vais demander, parce qu'une des premières lettres qui nous est arrivée m'a beaucoup touché,
00:18:53 c'est la lettre de Thérèse Oblet. Thérèse Oblet, vous venez de Montpellier pour témoigner, et dites-nous.
00:18:59 Je voudrais un peu rétablir la vérité sur beaucoup de choses.
00:19:03 C'est-à-dire qu'on parle beaucoup des femmes, la libération des femmes, qu'on cherche notre égalité,
00:19:07 et puis je pense que ce n'est pas du tout ça, en fait, on aimerait juste prouver notre existence,
00:19:11 et souvent les groupes femmes nous portent beaucoup plus de tort, si, malgré tout, elles nous ont permis de progresser,
00:19:17 mais elles nous portent beaucoup de tort.
00:19:19 Moi, j'ai rencontré, depuis trois ans, je suis seule avec trois enfants, j'ai rencontré d'énormes problèmes,
00:19:24 parce que j'étais seule avec des enfants. Il n'y a rien qui est fait, dans le concret, pour les femmes.
00:19:29 Vous voulez chercher du boulot, on ne vous prend pas. Vous voulez chercher un appart', enfin un appartement...
00:19:33 Un appart', on a compris.
00:19:35 Tout. Bon, si vous êtes seule avec des enfants, c'est louche.
00:19:39 Si vous, à l'acconciliation, bon, si le mari a une bonne profession, tout ça, il n'est pas question qu'il prenne les enfants,
00:19:45 ça retombe toujours sur la femme.
00:19:47 Alors, attendez, précisez-moi ça. Vous m'avez dit que pour trouver du travail, vous auriez voulu que le mari...
00:19:51 Non, mais ce qu'il y a, c'est que j'étais dans une situation, j'étais au chômage, je cherchais du boulot, tout ça, je n'en trouvais pas,
00:19:56 et je suis un peu émue.
00:19:58 Oui, oui, oui.
00:19:59 Et, bon, ça s'est trouvé que j'étais au chômage, et la juge d'instruction a dit "Mais madame, vous devriez comprendre votre mari,
00:20:05 il a un travail très important, il ne peut pas s'occuper des enfants, vous, vous ne travaillez pas, vous avez la garde des enfants."
00:20:11 Et il les prenait un jour, tous les quinze jours, dans la semaine, donc pas de week-end, rien, pas de détente.
00:20:16 Et je trouve ça pas juste, parce qu'on parle toujours des hommes merveilleux qui demandent leurs enfants,
00:20:20 on parle toujours des femmes qui ne veulent pas donner les enfants au père,
00:20:24 mais on ne parle jamais des femmes qui aimeraient bien que les pères prennent les enfants.
00:20:29 Et je pense qu'on est nombreuses dans ce cas-là, je me demande si ce n'est pas la majorité.
00:20:32 En fait, jusqu'à maintenant, on n'a toujours parlé que des exceptions.
00:20:34 Mais vous espériez, c'est non pas parce que vous n'aimez pas vos enfants, mais parce que vous vouliez trouver du travail.
00:20:38 Non, pas du tout.
00:20:39 Et on vous a refusé du travail parce que vous aviez les autres trois enfants ?
00:20:41 Ah oui, oui.
00:20:42 Plusieurs fois.
00:20:43 Et plusieurs fois.
00:20:44 On vous a demandé quoi ?
00:20:45 On vous a demandé ?
00:20:46 Vous avez trois enfants.
00:20:47 Enfin non, vous avez des enfants, dès que je disais oui, je suis seule avec trois enfants,
00:20:49 alors là, la mine changeait.
00:20:51 Ah bon, on s'imaginait que je ne serais jamais là à cause de la rougeole du dernier ou des choses comme ça.
00:20:55 Oui.
00:20:56 Bon, quand je me présentais pour un appartement, on me disait "ah, vous êtes seule avec trois enfants",
00:21:00 alors ça fait louche, ça fait bizarre.
00:21:02 On pense qu'on est une femme de mauvaise vie sûrement, si on n'a pas suivi l'ère d'un mari ou des choses comme ça.
00:21:06 Bon, on vous refusait des appartements jusqu'au moment où presque vous étiez obligés de vous inventer un mari,
00:21:10 vous inventiez une situation formidable pour avoir un appartement.
00:21:14 Enfin voilà, tout ça, moi je suis révoltée quand j'entends justement "je ne me reconnais pas du tout dans les mouvements de femmes,
00:21:19 je ne me reconnais pas du tout dans toutes ces émissions",
00:21:21 parce que dans le concret, c'est tout à fait différent.
00:21:23 On est seule et il n'y a rien qui est fait, rien, rien, rien.
00:21:27 Eh bien, écoutez, vous reprendrez la parole tout à l'heure Thérèse Oblet, je crois qu'effectivement,
00:21:30 votre témoignage est assez concret, mais alors voici un témoignage étonnant.
00:21:34 Je peux dire un mot ?
00:21:35 Oui, je vous en prie, un mot.
00:21:37 C'est Marie-Odile Fargier qui est journaliste.
00:21:39 Je me demande si c'est le mouvement des femmes en soi qui vous porte ce tort,
00:21:43 ou les conditions économiques qui sont faites aux femmes seules en général.
00:21:46 Il faut savoir qu'il y a 6 millions de femmes seules,
00:21:48 et 3 millions avec enfants.
00:21:50 Et il y en a, en général, les femmes seules avec enfants,
00:21:53 le revenu d'une femme seule avec un enfant, c'est moins de la moitié du revenu d'un ménage moyen avec salaire unique.
00:21:59 Voilà la raison de vos difficultés.
00:22:01 Ça est l'anthéisme que vous avez cité.
00:22:03 Oui, c'est sûr, mais ce que je voulais dire, ce qu'a dit Orson Welles,
00:22:06 c'est que les femmes veulent l'égalité.
00:22:08 Ce n'est pas vrai dans la majorité des cas.
00:22:10 On ne veut pas l'égalité.
00:22:11 On veut seulement prouver qu'on existe, qu'on est là, qu'on a envie d'un boulot, qu'on a des désirs.
00:22:15 On ne veut pas être les femmes à porter des cailloux ronds sous prétexte qu'on veut être égales.
00:22:20 Vous ne voulez pas la similitude, mais vous voulez peut-être l'égalité de droit.
00:22:23 L'égalité d'existence, comme il expliquait.
00:22:25 Ce que je sens de dire Thérèse Oblet, c'est qu'elle parle de choses très concrètes,
00:22:29 et que finalement les mouvements de femmes sont un peu dans les généralités.
00:22:32 Voilà ce qu'elle leur reproche.
00:22:33 J'avoue que je n'ai jamais fait partie de ces mouvements-là,
00:22:36 mais souvent dès que j'ai voulu discuter avec ces femmes-là, c'est anti-hommes.
00:22:39 Anti-hommes, anti-hommes.
00:22:41 Moi je ne suis pas d'accord.
00:22:42 Écoutez, les hommes, ils y sont, c'est bien.
00:22:44 Moi je trouve qu'on est bien les hommes et qu'il faut faire avec,
00:22:47 mais qu'on nous reconnaisse, nous, en tant que femmes.
00:22:51 Merci Thérèse Oblet.
00:22:52 Alors Diego Solaire, votre cas est assez particulier.
00:22:55 Vous êtes d'ailleurs un des rares hommes sur ce plateau,
00:22:57 mais parce que vous n'êtes pas une maman poule, vous êtes plutôt un papa poule.
00:23:00 Racontez-nous votre histoire, c'est assez curieux.
00:23:02 Vous trouvez que c'est curieux ? Pas du tout.
00:23:04 Non, je pense que beaucoup d'hommes peut-être voudraient faire comme vous.
00:23:08 C'est possible. C'est une expérience que j'ai tentée.
00:23:12 Vous nous arrivez d'où d'ailleurs ?
00:23:14 D'André Dieu, dans la Loire.
00:23:17 C'est une expérience qui, personnellement, a été très favorable.
00:23:21 J'ai réussi.
00:23:23 Alors, expliquons bien. Vous avez eu un enfant, c'était le premier ?
00:23:27 Non, c'était la deuxième.
00:23:28 Parce que la première, on a vu des difficultés.
00:23:31 La deuxième, on a voulu préserver le noyau familial.
00:23:35 On a hésité. Ma femme a gagné le double de mots.
00:23:41 J'ai préféré m'arrêter.
00:23:42 Votre femme est dans l'administration ?
00:23:43 C'est ça.
00:23:44 Et vous, vous êtes ouvrier ?
00:23:45 Je suis OS au Ben Morel.
00:23:47 Alors, vous avez fait un choix. Vous avez décidé ensemble.
00:23:51 Bien sûr.
00:23:52 Puisqu'elle gagnait plus d'argent, il vaut mieux que ce soit vous que vous arrêtiez.
00:23:55 Ce n'est pas été l'élément moteur.
00:23:57 On voit, j'ai entendu discuter la dame, le noyau familial a tendance à se détériorer.
00:24:02 Moi, j'ai voulu le concentrer, refaire ce noyau familial qui, à l'heure actuelle, a tendance à se détériorer.
00:24:08 Bon, ben, c'était un élément de plus.
00:24:11 Alors, vous avez décidé ?
00:24:12 Le noyau familial, l'expérience à tenter aussi.
00:24:16 Et vous ?
00:24:17 J'ai réussi, je suis content.
00:24:19 Alors, vous avez donc été un papa poule. C'est vous qui êtes resté au foyer pour élever l'enfant.
00:24:23 Oui.
00:24:24 Et ça s'est bien passé.
00:24:25 Ça s'est bien passé, sauf que, où ça se passe mal, c'est à la reprise de mon travail.
00:24:29 C'est-à-dire, pour reprendre le travail, qu'est-ce qui s'est passé ?
00:24:31 Reprendre le travail, bon, ben, j'arrive à terme de mon congé parental.
00:24:35 Mon patron ne veut plus.
00:24:37 Ah, votre patron ne veut pas vous reprendre, pourquoi ?
00:24:38 Parce qu'il trouve que ce n'est pas sérieux qu'un homme s'arrête pour élever son enfant.
00:24:41 Non, non, c'est pas qu'il trouve pas ça sérieux.
00:24:43 Il trouve sans doute ça sérieux, c'est qu'il me sanctionne de la preuve.
00:24:46 C'est qu'il ne veut pas que le congé parental s'éteigne.
00:24:49 Surtout les hommes.
00:24:50 Alors, il y a déjà les femmes qui s'arrêtent en maternité.
00:24:53 Les hommes, si eux aussi se mettent à prendre des congés parentaux,
00:24:56 regarde un peu le trafic que ça peut faire.
00:24:58 Il s'est imminé des congés parentaux.
00:25:00 Non, mais, moi, je dis que c'est...
00:25:02 Ça reviendra au même.
00:25:03 C'est une loi qui va de l'avant.
00:25:05 Bon, ben, elle m'a été favorable.
00:25:07 C'est une loi qui était votée sous l'ancien régime.
00:25:10 Je l'applique.
00:25:11 À la sortie, je suis berné.
00:25:13 Alors, quand on voit, quand on sait, par exemple, que les Benmarels, c'est une entreprise américaine,
00:25:17 bon, ben, je n'entends plus.
00:25:19 Je crois que je n'entends personne ici quand je dis ça.
00:25:21 Bon, vous savez, une entreprise française, je crois que ça sera...
00:25:24 Oui, c'est pareil, mais disons qu'ils sont encore plus violents.
00:25:26 Il faut dire aussi que c'est peut-être que vous êtes un pionnier d'un sorcier de voix
00:25:29 et que, comme tous les pionniers, vous êtes en but de la décentration.
00:25:32 Écoutez, il y a beaucoup de pères au foyer qui, lors de mon affaire,
00:25:35 m'ont téléphoné en me disant qu'ils suivent mon affaire très près parce que les électeurs, ça arrive pareil.
00:25:39 Alors, dites-moi sur le plan matériel, c'est vous qui faisiez la cuisine, par exemple ?
00:25:42 Je faisais la cuisine.
00:25:44 Oui.
00:25:45 Et vous savez faire bien la cuisine ?
00:25:46 Vous en faisiez des bons petits plats ou des nouilles tous les jours ?
00:25:49 Non, non, je ne suis pas un papa pâte.
00:25:50 Non.
00:25:51 Non, non, je...
00:25:53 J'ai des repas pour un bébé. Un bébé a besoin d'un repas équilibré.
00:25:56 Donc, ça comporte des légumes, une viande, un fromage, et tout ça, là.
00:26:01 Surtout, si je vous disais que Cathy, ma petite fille, à six mois, elle ne prenait plus le biberon.
00:26:08 Alors, tout de suite, il a fallu composer des menus.
00:26:11 Et comme je suis contre les petits pots, il a fallu faire les...
00:26:15 C'est bien, ça.
00:26:17 Terrible.
00:26:18 Et quand vous alliez la promener, alors ?
00:26:21 Parce que le père qui promène son enfant, c'est assez encore, c'est assez courant, mais enfin...
00:26:25 C'est courant, mais...
00:26:26 Là, c'était régulier, quand même.
00:26:27 C'est courant les samedis et les dimanches.
00:26:30 C'est anormal la semaine.
00:26:33 Bon, ben, la semaine, je tiquais un petit peu pour me promener au milieu du jardin avec...
00:26:37 Ah bon ?
00:26:38 Avec les petites, et surtout l'été, quand il y a toutes les bonnes femmes qui promenent leurs bébés.
00:26:42 Alors, vous alliez le promener à l'écart ?
00:26:44 Non, ben, j'allais... J'ai la chance d'habiter sur les Bordeloires, hein.
00:26:47 Et que les Bordeloires, ils sont ce qu'ils sont, bon, ben...
00:26:50 Il y a quand même des petits coins agréables.
00:26:52 Oui.
00:26:53 Mais, et si cette expérience fallait la refaire, vous la referiez ?
00:26:56 Ah ben, je la referais. Je la referais, je dirais même que deux ans, c'est court.
00:27:00 Deux ans, c'est court. Moi, je dis qu'il faudrait au moins six ans jusqu'à l'enfant puisse rentrer en primaire.
00:27:07 Et d'autre part, je dirais même que...
00:27:10 Si je pousse un peu plus loin, je dirais même que...
00:27:13 Si je comprends la position des femmes, je revendiquerais même un salaire à la femme au foyer.
00:27:17 Ah, très bien.
00:27:18 Bon, ben, écoutez, je crois que votre cas, après, risque d'ailleurs d'avoir beaucoup d'exemples après.
00:27:24 Parce que je sens qu'il y a beaucoup d'hommes, au fond, qui n'osaient pas le faire et qui, maintenant, vont oser élever leurs enfants.
00:27:28 Ah, non, non, non, non.
00:27:29 Vraiment que cette expérience me l'ait découragé.
00:27:31 Oui, c'est ça.
00:27:32 À condition de retrouver du travail.
00:27:34 Voilà, parce qu'on est bernés, hein.
00:27:36 On s'appuie sur une législation.
00:27:38 Et quand cette législation demande qu'elle soit respectée jusqu'au bout, pof, on est barrés.
00:27:43 Vous en parlez tous les délégués ?
00:27:45 Attendez, là...
00:27:46 Il y a ça, mais on peut...
00:27:48 Là, il n'y a peut-être pas de micro, alors je m'excuse, je ne peux pas donner la parole à tout le monde.
00:27:50 Soyez gentils, vraiment.
00:27:52 Bon, le...
00:27:53 Non, mais c'est une autre émission, ça.
00:27:54 Si on parle des problèmes de délégués syndicaux, alors on ferait toute une émission sur le travail.
00:27:58 Tout de même, il est important de savoir, vous avez le motif véritable de...
00:28:02 Le motif véritable, il n'y en a point.
00:28:05 Le seul que je peux penser, c'est parce que j'étais délégué CVT.
00:28:08 Bon, c'est tout.
00:28:09 C'est ça, bon, ben.
00:28:11 On peut le penser, on peut l'affirmer, mais aujourd'hui, on peut l'affirmer.
00:28:16 Bien, écoutez, nous reparlerons de ce sujet une autre fois sur le travail lui-même.
00:28:22 Je crois que votre témoignage était important, mais aujourd'hui, c'est surtout les femmes qui doivent témoigner.
00:28:26 C'était important pour tous les phallocrates qui ne voudraient pas suivre votre exemple.
00:28:31 Et je voudrais d'ailleurs citer un chiffre pour ceux qui nous ont dit que notre phallocrate, notre unique homme de la semaine dernière avait trop parlé.
00:28:38 Nous avons fait un minutage.
00:28:40 Il a parlé exactement 6 minutes 45 secondes sur 1 heure 15 d'émission.
00:28:44 Alors avouez qu'un homme, 6 minutes 45, le reste du temps pour les femmes, c'était tout de même pas excessif, même si on a eu l'impression qu'il parlait tout le temps.
00:28:52 Même à 8 minutes et 40.
00:28:53 Mais vous êtes deux aujourd'hui.
00:28:55 Je redonnerai la parole tout à l'heure à Jean-Marc Sylvès, qui est aussi journaliste et qui aura quelques chiffres à citer.
00:29:00 Écoutez, je voudrais maintenant aborder un témoignage qui est beaucoup plus difficile à évoquer.
00:29:09 Et je pense qu'Annelise, vous ne m'en voudrez pas de vous donner la parole, puisque vous avez accepté de venir témoigner à cette émission.
00:29:15 C'est un témoignage auquel il faut beaucoup de courage.
00:29:17 Et ce témoignage, eh bien, il y a des associations maintenant qui défendent les femmes qui ont subi ce que vous avez subi.
00:29:25 Et je vous demanderais si vous voulez bien nous dire ce qui vous est arrivé.
00:29:29 Eh bien, il y a trois ans, un peu plus de trois ans, j'ai été victime d'un viol, d'un viol, je crois, aggravé, puisque j'ai subi des sévices terribles qui me laissent handicapée à vie.
00:29:43 Et je voudrais vous parler d'abord de ce problème terrible, finalement.
00:29:48 Je voudrais que les gens prennent conscience de la gravité de cet acte infâme qu'est le viol.
00:29:55 Et puis des difficultés aussi que j'ai pu rencontrer un peu partout.
00:30:00 Alors, je voudrais que vous me... sans vous demander de détails scabreux.
00:30:04 Oui, je ne rentrerai pas dans les détails, parce que je crois que ce n'est pas très intéressant.
00:30:06 Non, ce que je voudrais que vous me disiez, parce que lorsqu'on parle d'affaire de viol, vous savez ce que c'est, le français paillard.
00:30:09 C'est le consentement.
00:30:10 Oh, elle est allée dans un bal et elle est sortie avec des garçons, ils ont trop bu, ben tant pis pour elle.
00:30:14 Bon, alors je voudrais que vous nous précisiez au moins comment la rencontre a eu lieu.
00:30:18 La rencontre, eh bien, j'étais étudiante en droit à Nice et j'étais tranquillement attablée à un café de la fac.
00:30:27 Et deux types sont arrivés, m'ont proposé de boire un verre, très gentiment.
00:30:31 Ils ne portaient pas sur leur visage... Ils n'avaient absolument pas le faciès de violeurs.
00:30:37 D'ailleurs, je crois que... Non, ça n'existe pas.
00:30:41 Et bon, eh bien, on a lié conversation. C'était soi-disant des étudiants, etc.
00:30:45 Rien, tout était normal.
00:30:48 Et puis, j'ai été invitée au restaurant, j'y suis allée.
00:30:52 Tout s'est passé normalement jusque-là.
00:30:55 Et puis, au moment de me raccompagner chez moi, eh bien, ça a mal tourné.
00:31:01 C'est-à-dire que j'ai été torturée, violée, menacée de mort, tentative de proxénétisme, etc.
00:31:11 Et relâchée à 4h du matin dans un état épouvantable.
00:31:16 Ensuite, ont commencé, évidemment, pour moi, les difficultés.
00:31:20 Savoir si j'allais porter plainte, savoir comment ça allait se passer.
00:31:23 Ils m'avaient volé ma carte d'identité, mes papiers.
00:31:26 J'avais peur pour ma famille, j'avais peur pour moi.
00:31:29 Enfin, je ne savais plus où j'en étais. J'étais complètement perdue.
00:31:33 Et puis, bon, j'ai réussi à me réfugier chez des amis sûrs.
00:31:39 Je savais de bons conseils.
00:31:42 Et là, tout a commencé.
00:31:45 Le dépôt de plainte et les difficultés. L'hôpital, etc.
00:31:50 Est-ce que vous a déconseillé de porter plainte ou pas ?
00:31:52 Au début, oui. On m'a dit "laisse tomber".
00:31:56 Mais bon, j'ai porté plainte 24h après.
00:31:59 J'ai immédiatement été voir un médecin qui a jugé le cas extrêmement grave.
00:32:04 Et 4 jours après, ils ont été retrouvés.
00:32:09 Alors, je passe les détails, mais un, sa femme a couché une petite fille.
00:32:14 Et ils ont été retrouvés à la sortie de la maternité.
00:32:17 Ils ont tout mis en bloc, bien sûr.
00:32:21 Et puis après, ils sont passés aux aveux.
00:32:24 Je veux vous dire que la confrontation avec mes agresseurs, 4 jours après, c'était absolument ignoble.
00:32:32 On ne m'a absolument pas facilité la tâche.
00:32:36 Là, je...
00:32:38 C'est-à-dire qu'on vous a confronté brutalement sans tenir compte de votre psychologie ?
00:32:42 On m'a confronté brutalement, absolument pas.
00:32:44 Il fallait que je sois là, répondre à des questions absolument abjectes, odieuses, de la part des policiers, des inspecteurs.
00:32:52 Ça m'a énormément marquée.
00:32:54 Et à partir de ce moment-là, j'ai eu un doute.
00:32:58 C'est-à-dire que j'ai failli complètement abandonner, tellement ça a été terrible.
00:33:04 Et puis bon, finalement, moi, j'ai rencontré beaucoup de compréhension de la part de la justice.
00:33:12 Et le juge d'instruction a été extraordinaire.
00:33:16 Enfin, il m'a poussée à parler, il m'a aidée jusqu'au bout.
00:33:20 Et je suis allée aux Assises il y a 2 ans.
00:33:25 Ils ont été condamnés à la réclusion criminelle, enfin à 7 ans de réclusion criminelle, chacun.
00:33:30 Mais là aussi, je voudrais vous dire combien ça peut être difficile pour moi d'être toute seule à la barre pendant une heure et demie,
00:33:40 lorsqu'on vous pose des questions du genre "mais vous n'aviez pas de soutien-gorge, madame, vous avez été provocante, madame, que faisiez-vous là, à ce moment-là ?
00:33:48 Mais vous aviez à être ailleurs qu'ici."
00:33:51 Et puis, je me suis sentie vraiment de la victime.
00:33:56 Je passais à l'accusée et il fallait que je me défende.
00:33:59 C'était terrible, c'était absolument ignoble.
00:34:02 Et les séquelles ensuite ? Vous avez été obligée de vous faire soigner ?
00:34:06 Pendant 2 ans et demi, j'ai vécu à l'hôpital entre un service de gynécologie, entre un service d'urologie.
00:34:12 Ça a été terrible.
00:34:13 Et sur le plan psychologique aussi, vous avez fait...
00:34:16 J'ai été très perturbée, mais bon, je dois dire que je remonte la pente tout doucement et difficilement maintenant.
00:34:23 Mais ça a été très, très dur.
00:34:25 En ce qui concerne mes agresseurs, je dois dire que je fais absolument aucune différence entre un violeur et un SS.
00:34:36 Pour moi, c'est la même chose.
00:34:39 Et je crois que ce que j'ai vécu pendant une nuit, des gens l'ont vécu dans des camps de concentration pendant des mois et des mois.
00:34:45 Et je dois dire qu'il n'y a pas de pardon pour ces gens-là.
00:34:52 Et si vous étiez en train de regarder cette émission en ce moment, vous auriez quelque chose à leur dire encore ?
00:34:59 Oui, que le pardon, ça se mérite.
00:35:01 Parce que j'ai reçu des lettres un peu bizarres, même assez ignobles, pour que je retire ma plainte, de la part de la famille aussi.
00:35:14 Des coups de téléphone notamment.
00:35:16 Mais je n'ai jamais abdiqué.
00:35:18 Et je crois que c'est ce qui a fait ma force.
00:35:21 Et maintenant, j'ai décidé de me battre et de vivre, de survivre.
00:35:26 Parce que j'ai survécu, maintenant, je dois faire autre chose.
00:35:30 Je m'en sors à peu près avec une invalidité totale.
00:35:37 Mais je pense que j'ai repris le goût à la vie.
00:35:44 Je parle, même avec les hommes, je suis là.
00:35:48 Et je crois qu'il n'y a pas l'homme et la femme, il y a l'être humain.
00:35:53 Et du moment que l'homme est pur et n'a pas derrière pensée, il peut être mon ami.
00:35:58 Ecoutez, je vous remercie de votre témoignage.
00:36:01 Vous nous avez dit d'ailleurs, parce qu'on aurait pu hésiter à vous demander de venir témoigner,
00:36:05 se dire que c'était peut-être difficile, délicat de vous demander de témoigner,
00:36:09 mais je crois que même psychologiquement, cela peut vous aider.
00:36:12 Oui, parce que je crois que depuis le temps que je raconte mon histoire à des gens
00:36:19 qui ne me paraissaient pas intéressés, quand je raconte ça aux médecins ou aux experts
00:36:26 qui sont là pour faire leur paperasserie, c'est tout.
00:36:30 Je pense que venir en parler ici devant vous, devant les téléspectateurs,
00:36:38 ça peut me faire le plus grand bien et je crois que ça peut aider peut-être
00:36:43 toutes les femmes qui sont victimes de cet acte infâme qu'est le viol,
00:36:48 pour les pousser à parler, à dénoncer. Je crois que c'est très important.
00:36:53 Je crois que si on se tait, on n'arrivera strictement à rien et il faut en parler.
00:36:58 Écoute, nous avons un autre témoignage, si vous le permettez.
00:37:01 Je vais demander à Marilène Lisson qui, elle, sort à peine de cette affaire
00:37:05 puisque je crois que l'affaire a été jugée au mois de janvier.
00:37:08 Oui, c'est ça. Alors, j'avais été agressée par un homme armé et j'ai porté plainte.
00:37:14 Donc, il y a eu viol, j'ai porté plainte. Il a menacé de me tuer, etc.
00:37:18 Donc, j'ai été violée. 15 jours après le viol, dans un état assez lamentable,
00:37:25 je suis allée porter plainte. J'ai été, au contraire, très bien reçue par la police.
00:37:30 Et ça s'est bien passé. On m'a écoutée, on a pris la plainte, etc.
00:37:35 L'homme a été retrouvé très facilement puisque c'était un homme qui avait un passé judiciaire.
00:37:43 Un récidiviste, même, le viol.
00:37:45 Un récidiviste, c'est ça, qui avait déjà été arrêté pour une affaire de viol.
00:37:49 Dans des conditions analogues. Moi, je ne le connaissais pas, c'était un inconnu pour moi.
00:37:53 Et un fou qui est pris, si vous voulez, paraît-il, de sorte de dédoublement de personnalité,
00:38:00 qui est capable de tuer et qui fait des actes infâmes que, soit disant, il regrette après.
00:38:05 C'est quelqu'un qu'on peut rencontrer en plein jour. Et puis voilà, tout.
00:38:09 Et j'ai donc intenté un procès, une fois que le coupable a été retrouvé.
00:38:15 Et je crois que c'est là que, pour moi, les ennuis ont commencé.
00:38:19 J'ai eu des problèmes avec la justice. Je suis tombée sur un juge d'instruction absolument incompréhensif.
00:38:26 Alors au début, j'étais seule, puisque mon affaire me paraissait tellement évidente.
00:38:31 Je n'ai pas jugé bon de prendre une avocate.
00:38:34 Donc la première fois, je suis allée seule. Enfin, deux fois, je suis allée seule au palais de justice.
00:38:39 La première fois... Enfin, j'ai téléphoné la première fois quand même, demandant si j'allais être confrontée au coupable.
00:38:46 Parce que je n'avais pas du tout envie de revoir cet homme.
00:38:49 Et le juge d'instruction m'a dit "Oui, vous allez être confrontée".
00:38:52 Alors je lui ai dit "Non, je ne me sens pas du tout capable. Alors je veux bien venir faire une déposition, mais je ne veux pas être confrontée".
00:38:58 Il m'a dit "D'accord, venez". Je suis donc venue.
00:39:01 Et là-bas, après avoir fait ma déposition, on m'a forcée, on m'a dit "Écoutez, acceptez de le voir, ça va être très vite fait.
00:39:07 Vous serez tranquille, on va gagner du temps".
00:39:09 Bon, j'ai accepté, donc. Ce qui était très pénible.
00:39:13 Et voilà, les dépositions concordaient, tout allait bien.
00:39:16 Je suis donc repartie. Je n'avais pas d'avocate à l'époque.
00:39:19 Et je crois que le coupable n'avait pas non plus d'avocat. Non, voilà.
00:39:23 J'ai été reconvoquée.
00:39:25 Alors la deuxième fois, moi je n'avais toujours pas d'avocate.
00:39:29 Bon, je suis entrée dans le bureau du juge d'instruction.
00:39:32 Puisque pour moi tout était clair, je pensais qu'on allait me faire signer quelques papiers, etc.
00:39:37 Il s'agissait d'une confrontation surprise.
00:39:40 Pour moi, ça a été très dur.
00:39:43 Parce que je m'étais remise de la première confrontation.
00:39:46 J'étais aidée par un psy.
00:39:48 Et bon, ça a été à nouveau la dégringolade.
00:39:52 En plus, ce que j'ai remarqué cette fois-ci, le coupable avait un avocat.
00:39:57 Et j'ai senti que l'affaire basculait.
00:40:01 Qu'il commençait à inventer des faits qui se retournaient contre moi.
00:40:07 Alors, sortant du palais, je suis allée voir mon psy qui m'a conseillé de prendre au plus vite une avocate ou un avocat.
00:40:14 Ce que j'ai fait dans les 24 heures qui suivaient.
00:40:18 Et bon, l'affaire a continué.
00:40:21 J'ai été convoquée une dernière fois au palais de justice.
00:40:24 Alors, comme le type était un fou, ils se sont rendu compte qu'il était très malade, qu'il fallait qu'il soit soigné.
00:40:31 Enfin, je n'aime pas beaucoup le mot "fou". C'est un malade, disons.
00:40:34 Alors, à ce moment-là, moi, je ne devais pas non plus être normale.
00:40:39 Si j'étais violée par un fou, je devais être quelque part malade mentalement.
00:40:44 Bon, si ça avait été un homme, je pense, équilibré, on aurait exigé certainement une enquête de moralité.
00:40:50 Et comme le type qui m'avait attaqué était un malade, moi, on a demandé, enfin, on a ordonné une expertise psychiatrique.
00:40:56 Ce que j'ai refusé.
00:40:58 Mon avocate était tout à fait d'accord.
00:41:00 Et elle a d'ailleurs eu une entrevue avec l'expert, que j'aurais dû voir,
00:41:05 et qui avait dit, avant même de m'avoir vue, que de toute façon, plus ou moins, chaque femme violée l'a voulu quelque part dans son inconscient.
00:41:14 Enfin, en gros, toute femme violée est responsable.
00:41:16 Il y a des cas où on a l'impression que Freud a fait plus de mal que de bien.
00:41:20 Voilà. Il avait déjà installé tout un système, avant même de m'avoir vue.
00:41:23 Et moi, surtout quand j'allais là-bas, bon, c'était très pénible pour moi.
00:41:27 J'allais être confrontée à un homme qui, d'avance, m'avait jugée.
00:41:31 Alors, bon, de toute façon, ça ne m'intéressait pas.
00:41:33 J'estime que je n'avais rien à prouver. L'affaire était claire.
00:41:36 Oui. Il y a une chose qui n'est pas claire, en ce que vous dites, et qui m'avait dit très clairement,
00:41:40 c'est qu'on a essayé de vous empêcher d'envoyer cet homme aux assises.
00:41:43 Votre avocat vous a plutôt conseillé...
00:41:44 Ah, mais attendez, c'est pas terminé.
00:41:45 Ah, pardon. Oui, oui. J'essaye tout de même de résumer un petit peu le cas.
00:41:48 Oui, bon, je vais aller un petit peu plus...
00:41:49 Si vous voulez, à un moment donné, bon, on m'a quand même conseillé, si vous voulez...
00:41:52 Bon, j'ai réfléchi à ce que l'avocate voulait gagner du temps.
00:41:55 Elle m'a dit simplement "Que voulez-vous ?"
00:41:57 En plus, j'étais très peu informée de ce qui se passait.
00:41:59 Elle m'a simplement... Elle m'a dit "Bon, votre affaire est bien engagée.
00:42:02 Le type a avoué. Il n'y a pas de problème."
00:42:03 Bon, elle m'a demandé aussi ce que je voulais, si je voulais 5 ans, 10 ans.
00:42:06 Je dis "Je ne sais pas. Je veux que les faits soient reconnus."
00:42:09 Elle m'a demandé si je voulais correctionner l'OASIS.
00:42:11 J'avoue que je ne savais pas très bien ce que voulait dire "correctionner l'OASIS".
00:42:16 J'ai demandé que les faits soient reconnus.
00:42:18 Mais on me conseillait quand même, si vous voulez, un procès pour coups et blessures.
00:42:22 Me disant que ça serait plus facile et que je gagnerais du temps.
00:42:25 Et pour moi, il me paraissait évident que c'était un viol et je voulais que ce soit reconnu.
00:42:29 Bon, et j'ai...
00:42:31 - C'est psychologiquement aussi que vous aviez besoin que ce soit reconnu ?
00:42:33 Vous aviez besoin qu'on...
00:42:34 - Ah mais parce que ce n'est pas du tout la même chose.
00:42:36 Coups et blessures, c'est une chose.
00:42:38 Le viol a des conséquences qui ne sont pas les mêmes.
00:42:40 Et que j'ai dû assumer.
00:42:42 Je pense que si j'avais été au palais de justice simplement pour parler de coups et blessures,
00:42:47 je n'aurais pas été dans le même état que lorsque j'y allais, parce que j'avais été agressée.
00:42:52 C'était tout à fait différent.
00:42:53 - Et alors le procès a eu lieu.
00:42:55 Je suppose que ça a été comme pour Anne-Lise.
00:42:57 Ça a dû être assez pénible pour vous.
00:42:59 - Au contraire.
00:43:00 Alors si l'instruction a été très pénible, le procès finalement s'est passé assez bien.
00:43:05 Tout compte fait, disons qu'on n'est pas du tout allé au fond des choses.
00:43:08 Bon, on s'est aperçu que c'était un malade.
00:43:11 L'expert d'ailleurs a dit au procès, puisqu'il y a eu procès pour Assise,
00:43:15 que ce type était même certainement capable de tuer, qu'il avait des crises.
00:43:20 Alors on a demandé aussi qui pourrait s'occuper d'un tel homme,
00:43:23 puisque son avocat aussi, l'avocat du coupable, était contre la prison,
00:43:26 contre l'hôpital psychiatrique.
00:43:28 Alors que fallait-il en faire ?
00:43:30 Personne ne voulait prendre de décision.
00:43:33 On a même demandé, voulez-vous qu'il soit en liberté surveillée ?
00:43:35 Pouvez-vous vous en occuper ?
00:43:36 Il a dit non, j'ai d'autres choses à faire.
00:43:38 Bon, alors finalement, cet homme, le coupable a eu 5 années avec soins psychothérapiques.
00:43:46 Et quelle est votre réaction justement par rapport à lui ?
00:43:49 Vous souhaitiez qu'il aille en prison ou vous souhaitiez qu'il soit...
00:43:52 Ce que je souhaitais, je pense, surtout,
00:43:56 ce qui a fait que j'ai porté plainte je crois au départ, c'était,
00:43:59 si je me tais, ça peut recommencer.
00:44:01 Et je savais que cet homme aurait été capable d'un geste malheureux.
00:44:11 C'est-à-dire que s'il sort de prison dans 5 ans, ça pourrait recommencer de toute façon.
00:44:15 Alors faisons confiance à la médecine, je n'en sais rien, je ne peux pas dire.
00:44:18 Soit disant, il sera soigné.
00:44:20 Je crois que c'est tout.
00:44:22 Non, il y a une autre question que je voulais vous poser.
00:44:24 On vous a reproché d'avoir demandé des dommages d'intérêt.
00:44:26 J'aimerais que vous me précisiez très rapidement, si vous voulez bien,
00:44:29 pourquoi vous l'avez fait ?
00:44:31 Je crois que ça vous a coûté...
00:44:33 Parce que déjà, un procès normalement coûte.
00:44:36 L'avocat, il faut le payer.
00:44:39 Par exemple, quand vous avez besoin du dossier, il faut le payer aussi.
00:44:43 À l'époque, j'avais perdu, quelques mois après, mon travail,
00:44:48 ce qui a été pour moi assez grave.
00:44:50 Vous l'avez perdu parce que vous étiez psychologiquement très perturbée.
00:44:53 Ça allait très mal, effectivement. J'ai perdu aussi une année d'études.
00:44:56 La psychothérapie que j'avais entamée, il fallait la payer aussi,
00:45:00 ce qui était très difficile.
00:45:02 J'avais certains mois, 800 francs à donner.
00:45:04 J'étais remboursée après coup, en partie, mais il fallait pouvoir les donner.
00:45:08 Enfin, on m'a dit "c'est sordide".
00:45:10 Je dis "non, c'est pas sordide, il faut regarder les choses en face,
00:45:12 ce n'est pas une affaire d'argent".
00:45:14 Mais sur le plan psychique, personne ne peut réparer,
00:45:19 le coupable ne peut pas réparer.
00:45:21 S'il y a des dommages, je pense qu'il faut les regarder, c'est tout.
00:45:23 Il n'y a pas de honte à ça.
00:45:25 Merci, Marilyn Lisson.
00:45:27 Véronique Graham, vous avez vécu une expérience similaire aux États-Unis.
00:45:31 Je voudrais simplement, très brièvement, parce que j'aurais pu s'aborder d'autres sujets aussi,
00:45:35 vous demander, en Amérique, je crois que sur le plan financier,
00:45:38 justement, l'aide est beaucoup plus efficace, et psychologiquement aussi.
00:45:41 Oui, c'est quelque chose que je voulais préciser.
00:45:44 Je ne dirai pas aux États-Unis, par contre, parce que ça se passe au niveau de l'État.
00:45:50 En Californie.
00:45:51 Au point de vue de la compensation pour les victimes, oui, c'était en Californie.
00:45:53 Les frais médicaux et les contrôles, tels que les prises de sang pour des recherches maladie vénérée,
00:46:00 sont complètement pris en charge.
00:46:02 L'avocat de la victime est pris en charge.
00:46:04 Les jours de travail de la victime qu'elle a pu perdre à la suite,
00:46:07 soit d'une hospitalisation ou simplement du rétablissement psychologique,
00:46:12 les sont pris en charge aussi.
00:46:14 Ainsi que les jours de travail perdus de son conjoint ou de son compagnon.
00:46:17 De même, la psychothérapie est prise en charge si la victime en fait la demande.
00:46:22 Son compagnon est invité à y participer aussi.
00:46:26 Tous ces renseignements-là sont donnés par la police d'une part et par le service hospitalier d'autre part.
00:46:32 Je pense que c'est là que se situe la grande différence.
00:46:35 C'est que l'information passe.
00:46:37 C'est qu'on ne vous laisse pas sortir d'un hôpital ou d'un commissariat en vous disant
00:46:44 "Bon, maintenant vous vous débrouillez, c'est terminé, nous avons fait notre travail."
00:46:47 L'information, non seulement passe, mais continue.
00:46:51 L'inspecteur ou l'inspectrice de police, vous avez aussi le choix de choisir une femme ou un homme,
00:46:58 revient, vous fait part des recherches.
00:47:01 Dans mon cas, rien n'a abouti, donc si vous voulez, l'affaire s'est terminée relativement vite.
00:47:05 On ne l'a jamais retrouvée.
00:47:06 Mais pour conclure, psychologiquement, vous avez été pratiquement moins perturbée
00:47:10 parce que vous avez été prise en charge, il n'y a pas eu toutes ces quelles judiciaires et policières.
00:47:14 Ce n'est pas vraiment une question quantitative, si vous voulez.
00:47:16 Mais enfin, il s'est trouvé que les services qu'on m'a proposés étaient beaucoup plus développés
00:47:22 que ce qu'on peut proposer en France.
00:47:24 Et d'autre part, que mon entourage personnel a été très présent, très patient, etc.
00:47:30 Ce qui a beaucoup aidé, certainement peut-être plus même que la...
00:47:34 Écoutez, je vous remercie. Nous avons d'autres aspects abordés aujourd'hui, des témoignages.
00:47:39 Et évidemment, il y aurait beaucoup de choses à dire là-dessus.
00:47:42 Mais on va passer à d'autres thèmes tout de suite, à moins que, très brièvement,
00:47:45 que l'État Général veuille préciser quelque chose.
00:47:48 Oui, ce que je peux préciser rapidement, c'est essentiellement ce qui se passe au niveau de l'institution judiciaire
00:47:54 et qui va tout à fait dans le sens du témoignage qui vient d'être donné.
00:48:00 Au départ, en règle générale, la femme est considérée comme suspecte.
00:48:06 Et toutes les étapes de la procédure sont extrêmement pénibles.
00:48:10 Elles sont pénibles au niveau de la confrontation et elles sont pénibles car il y a des résistances à tous les niveaux.
00:48:16 Et il n'est toujours pas très aisé à l'encontre de ce que l'on croit aujourd'hui.
00:48:20 On pense que le viol est un problème qui est réglé parce que la loi existe maintenant et a été sensiblement modifiée.
00:48:26 Mais au niveau de l'institution elle-même, avant d'arriver devant la cour d'assises,
00:48:32 il y a un certain nombre d'étapes à franchir qui font qu'il n'est pas si aisé
00:48:37 de faire reconnaître le viol comme un crime.
00:48:41 Et juste un mot encore par rapport à ce point.
00:48:45 Là, je viens à l'encontre un peu du premier témoignage qui a été fait tout à l'heure
00:48:51 parce que je pense que si aujourd'hui nous sommes ici et que nous entendons à la télévision
00:48:57 des témoignages de femmes violées et qu'au niveau de l'institution judiciaire
00:49:03 on arrive tout de même, même au prix de difficulté, à faire reconnaître que le viol est un crime
00:49:08 et que ce soit passé dans la loi, je pense que c'est par les luttes qui ont été menées
00:49:13 par l'ensemble des mouvements de femmes.
00:49:16 Car ce sont les mouvements de femmes qui ont posé ce problème.
00:49:19 Et il y a 10 ans, il aurait été hors de question d'entendre à la télévision des témoignages de femmes violées.
00:49:26 Et je pense d'ailleurs que même si nous sommes toutes ici ce soir, c'est grâce à l'ensemble de ces mouvements de femmes.
00:49:31 Oui, je suis d'accord avec vous, mais ce que je veux préciser, si je me permets, c'est que autant Annelise ou moi-même,
00:49:37 quand on a un problème, moi c'est vraiment moins dramatique qu'elle, mais on est quand même seul.
00:49:41 Comme vous dites, c'est au prix d'énormes difficultés.
00:49:44 Mais on s'imagine que parce qu'on parle des femmes, la libération de la femme, que tout est facile, ce n'est pas vrai.
00:49:50 Et on est seul et vraiment on a d'énormes difficultés.
00:49:53 C'est ce que je veux dire, c'est que je veux rétablir la vérité pour le concret.
00:49:57 Moi j'aimerais ajouter quelque chose aussi, c'est que ce combat des groupes de femmes a été mené à un jour...
00:50:06 Féminisme, je veux dire, des féministes plutôt que des groupes de femmes.
00:50:09 Écoutez, je voudrais continuer les témoignages, alors ne reparlons pas pour l'instant.
00:50:13 J'ai dit qu'aujourd'hui c'était les témoignages, permettez qu'on reste sur les témoignages.
00:50:16 Nous avons invité des ouvrières du Nord qui sont venues sur ce plateau et je voudrais qu'elles donnent aussi leurs témoignages.
00:50:23 Gisèle Polet, Marion, merci Marion Gabre.
00:50:27 Gisèle Polet, vous êtes dans une filature du Nord, je crois.
00:50:31 Je travaille dans un atelier de confection, je fais des articles de corseterie, lingerie fine.
00:50:38 Alors je voudrais parler des travails à la chaîne, en groupe, des ouvrières qui se lèvent le matin très tôt pour venir travailler.
00:50:45 A quelle heure vous faites le soleil ?
00:50:47 Il y a des ouvrières qui viennent des mines, comme nous le disons, et qui se lèvent à 5h15 le matin pour venir travailler pour 8h15.
00:50:55 Et qui ont des journées jusqu'à 4h30, qu'elles sont payées au SMIG.
00:51:00 Beaucoup d'anciennes, comme moi, je suis... il y a 18 ans que je suis dans l'entreprise, j'ai un peu plus de 3 000 francs par mois.
00:51:09 Et on n'a pas moyen d'avoir des salaires un petit peu plus hauts, quoi.
00:51:13 Mais alors est-ce qu'à la chaîne, comme ça, il y a aussi des hommes ?
00:51:16 Pas dans notre travail, non. On a des hommes, quand même, pour l'entretien, pour le service de mécanique, mais...
00:51:24 Ils sont mieux payés que vous ?
00:51:25 Ils sont mieux payés que nous, oui.
00:51:26 Et vous le vivez comme une discrimination entre les hommes et les femmes ?
00:51:30 Ah bah oui, hein.
00:51:31 Ça je comprends.
00:51:33 Bon, et sur le plan des rapports avec les contremaîtres et tout ça, est-ce que vous sentez... ce sont des hommes, les contremaîtres ?
00:51:39 Non, c'est un encadrement féminin.
00:51:41 Un encadrement féminin.
00:51:42 Et par contre, Christiane Nard, vous êtes, vous, dans une entreprise de vente par correspondance, hein.
00:51:48 Oui, bah chez nous, il y a 80% de femmes.
00:51:52 Et ce qu'on peut constater, c'est qu'en fait, ces femmes ont un travail très pénible à la production.
00:51:59 Et quand je dis à la production, c'est pas peu dire, dans la mesure où il y a un minimum de production à donner et il n'y a pas de maximum.
00:52:06 Alors, bon, jusqu'où va le maximum, on ne sait pas.
00:52:09 Ce qu'il faut aussi savoir, c'est que, bon, on a des responsables dans l'intérieur de l'entreprise.
00:52:16 Bon, à petit niveau, on y retrouvera des femmes, sûrement.
00:52:19 Mais à des niveaux beaucoup plus élevés, au plus on remontera dans la hiérarchie, au plus ce sera des hommes.
00:52:25 Donc, en fait, les ficelles, c'est bien les hommes qui les tiennent.
00:52:29 Il faut savoir que ces femmes travaillent dans des conditions très pénibles.
00:52:33 Entre autres, il y a un service où elles font entre 15 à 20 km par jour rien que pour travailler.
00:52:40 C'est un travail tout bébête qui ne demande aucune qualification, qui est payé généralement entre 3 000 et 3 500.
00:52:47 Et ça dépend de l'ancienneté qu'on peut avoir.
00:52:50 Donc, bon, vraiment, à ce niveau-là, on se sent exploité, quoi.
00:52:55 - Dites-moi, il y a une question que j'aimerais vous poser quand même, parce que tout de même, on parle beaucoup du droit de cuissage.
00:53:00 Je crois que c'est quelque chose de délicat, évidemment, à aborder, mais je crois que vous m'avez dit que vous étiez prête à en parler.
00:53:06 Alors, est-ce que vous estimez que ça existe encore et que les hommes...
00:53:10 - Oui, enfin, on a eu l'exemple d'un responsable qui avait sous ses ordres, donc, beaucoup de femmes, évidemment, et notamment des intérims.
00:53:20 Et bon, il proposait comme ça, de but en blanc aux filles, "Bon, ben, vous venez boire un pot avec moi ce soir,
00:53:27 et puis, ben, votre contrat, je vous le rallonge."
00:53:30 Et alors, bon, les filles qui refusaient, elles étaient foutues à la porte, quoi.
00:53:34 Il n'y avait pas... Il n'y a pas de point de mesure. C'était comme ça, quoi.
00:53:38 - Vous approuvez, Gisèle Polley, vous pensez qu'il y a aussi ça, donc ?
00:53:42 - Il y a peut-être eu ça aussi chez nous, mais nous, on ne l'a pas vu, vraiment. On ne peut pas savoir.
00:53:47 - Francine Verniespe, vous êtes aussi dans la même...
00:53:50 - Je travaille dans la même branche, moi. Est-ce qu'il me... Enfin, ce que vivent les femmes...
00:53:55 Je voudrais parler de ce que vivent les femmes qui arrivent en fin de vie de travail,
00:53:59 quand elles arrivent vers la cinquantaine et qu'elles ne peuvent plus suivre la production dans certains services.
00:54:04 On les met dans un service spécial qui a été créé dans cette entreprise.
00:54:08 Et elles sont obligées de travailler à un rythme beaucoup plus accéléré.
00:54:14 Je ne sais pas, pour moi, c'est pour les finir plus vite, pour les tuer plus vite.
00:54:18 Elles sont obligées d'emballer 60 colis à l'heure. Je ne sais pas si vous vous rendez compte de ce que ça fait.
00:54:22 Alors, dans ce service, il y a les femmes qui ont élevé beaucoup d'enfants, en général, qui ont travaillé toute leur vie.
00:54:29 C'est un remerciement de tout ça qu'on leur fait ça.
00:54:32 Elles sont obligées d'emballer, je vous dis, 60 colis à l'heure, ce qui n'est déjà pas facile.
00:54:36 Et quand elles n'y arrivent pas, on leur baisse de qualification et de salaire en plus.
00:54:42 - Elle nous dit ça avec un charmant sourire.
00:54:45 - Rene Bessette, je crois que vous, vous travaillez à Paris, à la Banque de France, mais vous connaissez aussi ce genre de problème.
00:54:52 - C'est-à-dire que maintenant, pour moi, j'ai passé cet âge. J'ai d'autres problèmes. C'est le problème de vieillir.
00:55:00 Alors, justement, tout à l'heure, je pensais, quand j'ai vu Orson Welles, aussi, ce qu'il pensait sur la façon dont les hommes vieillissent,
00:55:08 s'ils trouvent qu'ils vieillissent bien. Parce qu'en le regardant, apparemment, c'est pas évident.
00:55:13 (Rires)
00:55:16 Parce qu'en général, les hommes, ça ne se voit pas. Ils s'imaginent qu'ils ont toujours 20 ans, qu'ils sont jeunes et beaux.
00:55:22 - Je vais vous dire, je crois qu'Orson Welles, il était déjà, par certains côtés, tout à fait odieux à 20 ans.
00:55:26 Ça peut jeter sa réfutation. Ça lui enlève rien à son génie.
00:55:29 - Non, je ne pense pas, parce que je l'avais vu, je crois que c'est dans Jane Eyre, et je l'avais trouvé assez formidable.
00:55:35 - Ça lui enlève rien à son génie. - Oui, mais en fait, il n'était pas aussi gros.
00:55:38 Il était la masse informe qu'on voit maintenant, et puis qui nous dit des fadesses, là, n'importe quoi.
00:55:46 Enfin, c'est vrai qu'il a eu la légion d'honneur.
00:55:49 - Vous trouvez que c'est une fadesse de dire qu'il n'y aurait pas de civilisation s'il n'y avait pas eu les femmes ?
00:55:53 Parce que les hommes ont tout fait pour les femmes. C'est vrai, non ?
00:55:56 - On a l'impression qu'il le dit pour se rattraper de ce qu'il avait dit avant.
00:55:59 - C'est un peu mémagogue, vous croyez ? Ah, ça me parait une déclé de la civilisation, mais enfin bon.
00:56:04 (Rires)
00:56:05 Nous, entre autres, nous n'avons pas la parole aujourd'hui.
00:56:07 Rene Messet, vous m'aviez dit des choses assez intéressantes dans votre lettre.
00:56:10 Vous m'avez parlé, par exemple, d'un mot qu'a employé un de vos patrons.
00:56:13 C'est pas étonnant ?
00:56:14 - Oui, c'est-à-dire que je me trouvais dans un restaurant, dans le restaurant d'entreprise.
00:56:18 Il y avait une petite table à quatre, exactement.
00:56:20 Et il y avait trois directeurs que je connais comme ça de vue.
00:56:23 Je mangeais. Et puis, à un moment donné, un directeur se lève, va vers l'autre et lui dit
00:56:28 "Alors, aujourd'hui, est-ce que votre cheptel féminin était au complet ?"
00:56:32 Et j'en étais à mon dessert. J'étais en train de manger des pruneaux.
00:56:36 Heureusement, d'ailleurs. Heureusement que je mangeais des pruneaux,
00:56:39 parce que je crois que j'aurais été obligée de répondre.
00:56:42 Le cheptel, c'était... Je ne sais pas.
00:56:44 - Oui, c'est un mot assez cruel. Il faut dire que Orsanwell, ça ne va pas jusque-là, quand même.
00:56:49 - Non.
00:56:50 - Vous m'avez dit aussi, et là aussi, je m'excuse d'être précis,
00:56:53 mais vous m'avez dit que ce fameux droit de cuissage existait aussi,
00:56:56 même dans un lieu aussi austère et auguste que la Banque de France.
00:56:59 - Non, c'est-à-dire qu'il existe. On en parle.
00:57:02 Mais en réalité, bon, ce n'est pas officiel.
00:57:05 Et je pense que ça doit dater de Napoléon.
00:57:09 Je pense que c'était un peu...
00:57:11 - Ça remonte aux cavernes, je pense.
00:57:13 - Oui, mais Napoléon a dû, quand même, malgré tout,
00:57:16 il a joué un rôle important dans la Banque de France,
00:57:18 et ça a dû. C'était un petit côté qui n'était pas lui plaire.
00:57:21 C'est un petit côté, justement, elle a eu ça.
00:57:24 Non, enfin, disons que c'est comme dans toutes les grandes administrations.
00:57:28 Oui, ça se pratique, hein. Ça, c'est sûr.
00:57:31 - Est-ce que votre avis sur le plan hiérarchique, par exemple,
00:57:34 qu'on privilégie les hommes plutôt que les femmes dans un lieu aussi officiel ?
00:57:38 - Disons qu'on a fait beaucoup, beaucoup de progrès.
00:57:40 On a fait beaucoup de progrès, on le tend, quand même.
00:57:42 Mais seulement, la Banque de France, c'est comme une petite ville, si vous voulez.
00:57:46 Alors, il y a des hauts quartiers, des bas quartiers, des moyens quartiers.
00:57:50 Alors, suivant là où on se trouve, les régimes sont différents.
00:57:54 Alors, c'est très, très difficile d'en parler parce que tout est en nuance.
00:57:57 Et disons que dans...
00:57:59 - Vous ne me donnerez pas... Je vois que vous êtes aussi dans les nuances
00:58:02 à tel point que vous ne pouvez pas me donner de détails précis.
00:58:04 C'est ça qui est un peu dommage.
00:58:05 Mais je comprends très bien que dans un domaine comme ça, ça soit un peu difficile.
00:58:08 - Oui, c'est difficile. Mais enfin, disons que...
00:58:10 - Vous ne pouvez pas dire, vous, que vous avez manqué d'obtenir une certaine place
00:58:14 parce que un de vos chefs vous aurait fait des propositions malhonnêtes, comme on dit,
00:58:19 et que vous avez donc coupé une place.
00:58:20 - Disons que mon avancement n'a pas... Enfin, il était plutôt retardé, quoi.
00:58:24 Je pense que j'aurais bénéficié d'un avancement plus rapide si ça avait été possible.
00:58:30 Mais enfin, écoutez, je ne me pose pas en preuve de vertu.
00:58:33 S'il ne m'avait plus, peut-être que ça serait passé.
00:58:36 [ Rires ]
00:58:38 - Marie-Odile Fargine a une remarque.
00:58:40 - Je crois que le droit de gueuxage, c'est quelque chose souvent de très, très diffus.
00:58:43 Et quand ça prend un tour plus concret, c'est pas facile.
00:58:47 Et c'est pour ça que le secret, là aussi, continue.
00:58:49 J'ai le cas de deux femmes, à citer, qui avaient été...
00:58:53 Mais alors, carrément tripotées par leur responsable et qui ont osé porter plainte.
00:58:59 Et le monsieur a contre-attaqué.
00:59:01 Et dans un premier temps, elles ont été condamnées pour diffamation.
00:59:04 Ensuite, leur droit a été reconnu.
00:59:05 Mais dans un premier temps, elles ont été condamnées pour diffamation.
00:59:08 Ça veut dire que, là aussi, faire reconnaître son droit, c'est pas facile.
00:59:11 Et il faut beaucoup de courage.
00:59:12 - Une question en passant.
00:59:14 - Il faudrait que ça se porte des mouvements.
00:59:16 - Bien sûr.
00:59:17 - En général, on fait...
00:59:18 - Est-ce que vous croyez vraiment que ce sont des choses qui devraient passer devant la justice
00:59:20 et que ce ne sont pas seulement les rapports entre les...
00:59:22 - Oui, c'est ce que je voulais dire.
00:59:24 Moi, j'ai travaillé avec des hommes toute ma vie.
00:59:27 J'étais correctrice de presse.
00:59:28 J'étais une des premières à être dans la presse.
00:59:30 Il fallait donc que je m'affirme par mon travail, par mon comportement, etc.
00:59:34 Eh bien, je vous assure, je n'ai jamais été violée.
00:59:37 Je n'étais pas plus moche qu'une autre.
00:59:39 Et je n'ai jamais été violée.
00:59:41 - Ah oui, non, mais là, attention.
00:59:43 - La question a été posée, là.
00:59:44 - Oui, oui. Non, non, là, je crois que c'est un autre aspect.
00:59:46 Parce qu'ils ont été attaqués, agressés.
00:59:48 - Même le droit de puissage, moi, je me conduisais comme un homme.
00:59:51 - Comment ?
00:59:52 - Oui, je me conduisais en femme.
00:59:57 Je me conduisais en femme.
00:59:58 Mais je faisais reconnaître ma dignité de femme.
01:00:01 Oui, je faisais reconnaître ma dignité de femme.
01:00:05 J'étais parfois toute seule dans l'imprimerie.
01:00:07 Parce que nous étions quatre femmes sur Paris.
01:00:10 Donc, j'étais parfois toute seule.
01:00:12 Et jamais je n'ai eu à me plaindre.
01:00:16 J'ai eu de bons compagnons.
01:00:17 Évidemment, parmi les hommes, il y a aussi des chameaux.
01:00:20 Mais chez les femmes aussi.
01:00:21 Chez les femmes aussi.
01:00:22 Les femmes, elles ne sont pas toujours très bonnes.
01:00:26 Et les chefs-fesses sont pires quelquefois que les hommes.
01:00:32 C'est vrai.
01:00:33 - Merci, mais une phrase, Marie-Hélène Farchier.
01:00:36 - Bien sûr, c'est vrai qu'on arrive.
01:00:38 Mais ça suppose toute une stratégie de défense.
01:00:41 Et déjà, avoir établi cette stratégie de défense, c'est anormal et c'est scandaleux.
01:00:45 - C'est pas normal.
01:00:46 - Un petit mot, Thérèse Oblet.
01:00:48 - Je vais répondre à madame.
01:00:50 Je m'excuse, je ne sais plus votre nom.
01:00:52 C'est que tous les problèmes que j'ai eus, que je vous ai cités tout à l'heure,
01:00:55 je les ai eus avec des femmes.
01:00:57 Et ça, je tenais à le dire.
01:00:59 - Je voudrais demander le témoignage de notre, de nos invités, Fatima Demangeot.
01:01:04 Vous venez de chez Lippe à Besançon.
01:01:06 Ça existe toujours, Lippe.
01:01:07 Ça n'existe plus maintenant.
01:01:08 - Oui, ça existe toujours.
01:01:09 - Pardon.
01:01:10 - Ce que je regrette, c'est d'avoir si peu de temps pour témoigner sur quelque chose d'aussi important.
01:01:14 Qui est le chômage, qui est le problème aussi de la restructuration, tel qu'il se pose aujourd'hui.
01:01:19 Et pour les femmes aussi.
01:01:21 - Soyez gentille, Fatima Demangeot.
01:01:22 On a décidé que c'était des témoignages sur la condition des femmes.
01:01:24 On ne peut pas parler du chômage aujourd'hui.
01:01:26 - Le chômage touche énormément les femmes.
01:01:28 Et d'une manière très forte et très violente.
01:01:30 Je veux rappeler quand même un chiffre.
01:01:32 Alors que les femmes ne représentent que 38% de la population active.
01:01:36 En France, elles sont 56% des chômeurs.
01:01:40 Ce qui est quand même quelque chose d'important, au niveau national.
01:01:43 Alors moi, j'amène un témoignage.
01:01:45 C'est vrai qu'il y a eu ce grand conflit sur l'emploi qui a été mené au niveau national.
01:01:50 Qui a été connu.
01:01:51 Qui a suscité tant d'espoir.
01:01:53 Et dans lequel les femmes étaient partie prenante.
01:01:55 Aussi bien en nombre et en présence.
01:01:57 Elles étaient vraiment présentes.
01:01:59 Ceci dit, au moment des négociations, nous nous sommes rendu compte que les femmes se sont trouvées lésées.
01:02:04 C'est-à-dire que, alors que la crise économique existait depuis 10 ans, programmée depuis 10 ans.
01:02:11 Au moment des négociations, il n'a rien été offert comme possibilité de reconversion à ces femmes.
01:02:17 Je dis bien que le gouvernement précédent n'a rien offert comme possibilité de reconversion aux femmes.
01:02:22 Alors c'est le problème des femmes.
01:02:24 Vous voulez dire qu'on a fait une sélection et que ce sont les hommes qu'on a recasé et pas les femmes ?
01:02:27 Bien oui, notre conflit en particulier a bénéficié aux hommes, aux professionnels, donc aux gens de la mécanique.
01:02:33 Ah, parce que vous n'étiez pas professionnels, c'est ça ?
01:02:35 Le secteur horloger, c'est un domaine qui emploie beaucoup de main-d'oeuvre féminine et donc de main-d'oeuvre sous-qualifiée.
01:02:43 Il y a beaucoup de postes de montage et autres, et qui sont beaucoup plus menacés dans cette période de crise.
01:02:49 Alors dites-moi une question que je voulais aborder, parce que je crois que vous nous avez dit qu'il vous semblait que même à l'intérieur des militants et des syndicats,
01:02:56 vous aviez senti une sorte de sexisme et qu'au fond, c'est pas parce qu'on est militants syndicales qu'on n'est pas un peu phallocrates.
01:03:02 Ce que nous regrettons, c'est que non, oui, c'est sûr que le problème de la prise de conscience des hommes n'est encore pas fait.
01:03:08 Et que même dans un conflit comme l'IPPE, où nous avons vécu côte à côte pendant des années, eh bien il reste beaucoup de chemin à faire.
01:03:16 Et je crois, moi personnellement, que c'est grâce à la lutte des femmes que nous arriverons à faire avancer un certain nombre de revendications femmes à l'intérieur de l'IPPE et dans toutes les entreprises.
01:03:25 Mais nous nous rendons compte qu'effectivement, c'est comme les copines de Roubaix et ce qu'elles disaient, que ce sont les hommes qui détiennent le jeu économique, le jeu politique et qui distribuent les cartes.
01:03:36 Et ces cartes ne sont pas toujours distribuées en faveur des femmes.
01:03:39 Bon, écoutez, je voudrais demander, parce que nous avons là Jean-Marc Sylvès qui nous a préparé plusieurs chiffres.
01:03:44 Il se sent brimé doublement comme homme aujourd'hui. Jean-Marc Sylvès, vous voudriez me citer quelques chiffres pour éclairer ce que vient de dire Fatima Demangeau ?
01:03:52 Oui, j'étais très impressionné tout à l'heure par les témoignages sur le viol.
01:03:55 Je suis un peu plus, disons, prudent sur les témoignages concernant le travail.
01:04:03 Parce que lorsque vous dites, madame, qu'en 10 ans de crise économique, on a... le système économique a mis de côté les femmes au travail,
01:04:12 je voudrais quand même vous rappeler qu'en 10 ans, il y a eu 2 millions de femmes nouvelles au travail contre 600 000 hommes.
01:04:18 C'est-à-dire que tout le progrès et toutes les revendications que vous avez faites pour le travail sont faites au cours des 10 dernières années.
01:04:26 Alors, actuellement encore, enfin, je crois que 40, plus de 40% de la population active est une population féminine.
01:04:34 Plus de 40% ! Nous sommes d'ailleurs... Non, non, plus de 40%. Je vous rappelle qu'en 68, il y avait pas... il y avait à peine 30%.
01:04:42 C'est-à-dire que le progrès, là, c'est fait principalement par le biais des femmes.
01:04:46 Je voudrais vous dire aussi qu'il s'est fait aussi par le biais de la scolarité.
01:04:50 Parce que si traditionnellement, historiquement, les femmes ont été peut-être un peu moins instruites ou moins culturées que les hommes,
01:04:59 je dois dire que depuis 1960, elles sont devenues dans la scolarité, elles sont arrivées dans la scolarité, à égalité avec les hommes.
01:05:07 Actuellement, dans le second degré, un seul chiffre, elles sont plus nombreuses, les filles sont plus nombreuses que les garçons.
01:05:15 51% contre 49%. Et on retrouve ça au baccalauréat, puisque les femmes, depuis 2 ans, sont beaucoup plus nombreuses à être reçues au baccalauréat que les hommes.
01:05:25 Je dis pas qu'elles soient plus intelligentes que les hommes, mais c'est un chiffre qu'il faut quand même pas oublier.
01:05:31 Et il est d'autant plus important que les femmes dans la population sont moins nombreuses que les hommes, globalement.
01:05:38 Vous êtes moins nombreuses que les hommes, vous vivez plus longtemps. C'est-à-dire qu'en moyenne, vous devez vivre 8 ans de plus que nous, en général.
01:05:45 - Je voudrais simplement dire une conclusion, très vite, sur l'influence qu'ont eues les femmes dans l'organisation du travail et dans les rapports que le monde du travail a avec ses salariés.
01:06:01 Je crois que les femmes ont imposé leur modèle socioculturel au monde du travail beaucoup plus qu'elles ne se sont adaptées au modèle des hommes.
01:06:10 Tous les horaires à la carte, tous les horaires mobiles, etc., ce sont quand même les femmes qui ont apporté ces rendications-là.
01:06:16 - Bon, écoutez, ça c'est un autre sujet que nous n'avons pas le temps d'aborder aujourd'hui, Jean-Marc.
01:06:21 - Je les ai pas le temps d'aborder parce que... - Attendez, non, je m'excuse, j'ai un horaire à respecter par pitié, et je voudrais donner aussi la parole...
01:06:28 Non, il y a Valentine Lotte qui est là, qui représente un autre point de vue.
01:06:31 - Elle dit juste une phrase. - Une phrase, Marie-Eudyne Fargier.
01:06:34 - Oui, c'est vrai, elles sont plus nombreuses à travailler, c'est absolument exact.
01:06:38 Moyennant quoi, elles font 75% des smicards, et alors qu'en 1968 elles faisaient 37% des manœuvres, aujourd'hui elles font 47% des manœuvres.
01:06:47 - Oui, Sylveste n'est pas la chance sur votre titre. - Donc ça veut dire que malgré leur formation, ils sont plus en train de faire la triche.
01:06:52 - C'est le smicard lui. - Dans le domaine de la restructuration, comme l'horlogie de la triche, il n'a rien été proposé aux femmes pour possibilité de reconversion.
01:06:59 - D'accord. Laissez-moi donner la parole, attendez. Il y a un autre point de vue...
01:07:03 - Je voudrais comprendre combien on en trouve qui ont des postes de responsabilité.
01:07:06 - Bon, on va faire une bataille de chiffres. Laissez-moi donner la parole, s'il vous plaît, à Valentine Lotte, parce qu'elle représente un tout autre point de vue sur ce plateau,
01:07:17 puisqu'elle est pour la femme au foyer, ce qui n'est pas tout à fait, jusqu'à présent, les témoignages qu'on a eus.
01:07:21 - Bon, mais justement, je voudrais parler de la femme au foyer.
01:07:24 - Ce qui m'a surpris, c'est que la revendication des femmes ne soit pas justement de ne pas travailler, parce que la revendication de tout le monde devrait être de ne pas travailler.
01:07:31 - Bon, alors, Valentine Lotte...
01:07:34 - Voilà, laissez-la parler.
01:07:36 - Laissez parler Valentine Lotte, qu'elle donne son point de vue.
01:07:40 - Mais je ne suis pas qui vit seule, elle vit en trois.
01:07:43 - Attendez, Valentine Lotte...
01:07:44 - Mais je vous dirai un peu... Laissez parler un petit peu tout le monde, vous serez gentilles.
01:07:48 - Valentine Lotte.
01:07:49 - Je vous dirai comment les jeunes femmes entendent éventuellement ne pas travailler pendant quelques années de leur vie.
01:07:54 - Et je crois que vous êtes toutes concernées, mesdames, même quand vous travaillez à plein temps, parce que ce que nous défendons et ce que nous cherchons à revaloriser dans la société qui est complètement occultée,
01:08:04 - et qui cependant est accomplie encore en grande partie par les femmes, mais c'est encore un cas d'exception, et bien c'est ce fameux travail au foyer.
01:08:11 - Et pourquoi ? Il incombe aux femmes. Pourquoi ? Parce que les femmes assument la maternité.
01:08:16 - Jusqu'à Nouvelle-Or, le bébé éprouvette, il a encore besoin du ventre d'une femme pour se développer.
01:08:20 - Donc c'est encore la femme qui assume la maternité. De là découle depuis des générations toute une série de fonctions que vous savez.
01:08:27 - Elles incombent aux femmes et jusqu'à Nouvelle-Or, ce sont les femmes qui les assument.
01:08:31 - Or tout ce travail représente pour les femmes qui sont toujours à leur foyer 60 heures de travail par semaine. Ce n'est pas rien.
01:08:39 - Et pour les femmes qui travaillent à l'extérieur, ça représente environ 35 heures. C'est énorme, ajoutez.
01:08:44 - Mais ça a été chiffré là.
01:08:45 - C'est énorme. Il y a une étude qui vient de sortir, qui est faite par l'INSEE, qui comporte vraiment des choses excellentes sur toute cette étude du travail domestique.
01:08:54 - Alors attendez, vous permettez...
01:08:55 - Alors j'impose que les femmes doivent naître dans la lutte qu'elles mènent pour améliorer leurs conditions.
01:08:59 - Car rien n'est possible si elles passent cela sous silence.
01:09:02 - Marcel Bavouzet, vous étiez déjà là la semaine prochaine, je voudrais quand même vous entendre aujourd'hui car Marcel Bavouzet, vous avez fait ce métier qu'on appelait d'une expression incroyable "domestique".
01:09:12 - Ce qui est terrifiant ou bon à tout faire. On dit maintenant les gens de maison.
01:09:16 - Voilà, c'est plus distingué.
01:09:17 - Qu'est-ce que vous pensez de ce genre de travail ?
01:09:19 - Je pense que ce genre de travail est utile pour des gens comme moi qui n'avaient pas de formation professionnelle.
01:09:26 - C'est un métier qui m'a permis d'élever mes enfants de sa mambre.
01:09:30 - Vous n'aviez pas le choix au départ.
01:09:31 - Je n'avais pas le choix, n'ayant pas de formation professionnelle. Ceci dit, on se sent quand même brimé quand on y emploie une maison.
01:09:38 - Oui, vous trouvez que c'est humiliant même ?
01:09:40 - Pas humiliant si vous voulez, mais enfin on se sent brimé. On n'a pas toujours la facilité de pouvoir être autonome soi-même.
01:09:47 - Parce que, évidemment, vous aviez votre petite chambre de bonne, comme on dit.
01:09:50 - Bien sûr, monsieur. Au sixième, comme toujours.
01:09:53 - Et pourtant, vous avez servi chez quelqu'un que nous ne citons pas.
01:09:56 - J'ai toujours servi des gens en chambre.
01:09:58 - C'est un grand écrivain qui est mort récemment.
01:10:00 - Bien sûr.
01:10:01 - Qui était un bon patron, comme on dit.
01:10:03 - Oui, mais ne dis donc pas que les bons employés font les bons patrons. Et les bons patrons font les bons employés. C'est ce qu'on m'a toujours dit.
01:10:09 - Est-ce que vous avez l'impression que, par exemple, pour un homme qui serait valet de chambre, ce serait moins humiliant que pour une femme ?
01:10:14 - Pas du tout. Pas du tout, je ne crois pas. Peut-être plus. C'est plus humiliant, oui, pour un homme.
01:10:20 - De faire un travail ménager ?
01:10:22 - Ah oui, c'est plus humiliant pour un homme.
01:10:24 - C'est ce qu'on pensait autrefois. Peut-être que ça va changer.
01:10:26 - Et puis ce métier a beaucoup changé aussi.
01:10:28 - Je dis une différence importante à propos de ces travaux ménagers.
01:10:31 C'est que quand ils sont faits par une personne qui est rémunérée pour le faire, cette personne a une existence sociale.
01:10:37 Alors que la femme qui le fait en tant que femme au foyer, elle est liée en droit de son mari qui est salarié et elle n'a aucune existence sociale.
01:10:44 Et ça, c'est un problème très grave. Parce que le jour où elle est seule, elle n'a rien.
01:10:49 - Écoutez, je crois qu'il y a eu, je m'excuse, mais il y a eu une perturbation sur le plateau.
01:10:55 Nous avons entendu tout à l'heure, mais nos auditeurs et tes spectateurs ne l'ont pas entendu,
01:10:59 des bruits de manifestation dans les couloirs avec haut-parleurs et banderoles.
01:11:04 Et je voudrais savoir de quoi il s'agit, car il y a, je crois là, un groupe d'hommes manifestants qui viennent.
01:11:09 Alors je ne sais pas si ce sont des anti-féministes, si ce sont...
01:11:13 Mais ils peuvent venir témoigner parce que nous n'allons pas faire appel à la police pour leur interdire.
01:11:18 Alors monsieur, voulez-vous venir me voir, celui qui a des...
01:11:21 Je leur voudrais un qui vienne témoigner parce que je ne peux pas prendre sur le plateau tout le monde.
01:11:25 Je voudrais savoir de quoi il s'agit. Quel est celui d'entre vous qui vient parler ? Je vais lui donner un micro.
01:11:30 Je voudrais savoir de quoi il s'agit, parce que vous avez fait beaucoup de tapage derrière ces portes.
01:11:35 Monsieur Pollak, on vient protester ici contre le fait que la dernière fois, vous nous avez présenté en disant qu'il n'existait pas d'association masculine.
01:11:42 Vous avez eu tous les éléments et vous avez refusé jusqu'à la dernière minute de nous recevoir.
01:11:46 Nous avons fait une manifestation et nous sommes rentrés pour dire qu'il y a une association qui s'appelle Condition Masculine.
01:11:51 Je fais de la publicité. 221, Faubourg Saint-Honoré, Paris, 8e.
01:11:55 Et je dis que quand même, il y a des personnalités qui sont là, c'est-à-dire Paul Bocuse qui est quand même membre d'honneur,
01:12:01 Jean-Jacques Debout, Bernard Fresson, Jean-Louis Laffont et d'autres personnalités que je n'ai pas citées.
01:12:06 Mais alors, quelle est votre revendication ? Parce que nous invitions des femmes. Aujourd'hui, je ne vois pas très bien pourquoi nous aurions invité les hommes.
01:12:11 Pourquoi revendiquez-vous ? De quoi vous plaignez-vous ? C'est ça que je ne comprends pas très bien.
01:12:16 Parce que vous êtes venu vraiment en force.
01:12:18 Ce que je veux dire, c'est que je sais que certainement...
01:12:20 Alors, expliquez-nous.
01:12:22 Je dis qu'il y a certainement des problèmes pour les femmes, mais il y a aussi des problèmes dramatiques pour les hommes.
01:12:26 Et vous voyez ici, le mouvement en deuil, nous avons un de nos adhérents qui s'est suicidé le 31 décembre.
01:12:31 Et je demande quand même à tous nos adhérents qui voient cette émission un peu de décence pour cette personne qui s'est suicidée.
01:12:38 Pourquoi ?
01:12:39 Parce qu'on lui avait supprimé ses enfants, son appartement.
01:12:42 Le 31 décembre, s'il vous plaît, il s'est donné la mort parce que la justice ne l'écoutait pas.
01:12:46 Très bien. Je ne comprends pas toujours très bien à quoi sert votre mouvement, mais moi je suis toujours incapable de comprendre à quoi...
01:12:51 Vous ne voulez pas savoir, le mouvement a des revendications.
01:12:54 Et il a obtenu quand même certaines formules.
01:12:58 Le congé parental éducation, je crois qu'il y a eu quelqu'un ici qui en a parlé tout à l'heure.
01:13:02 Et c'est grâce à le mouvement, Monsieur, suivant l'amendement du groupe RPR que ceci est passé.
01:13:08 Et nous avons...
01:13:09 Ah ben si, je comprends bien.
01:13:11 On vient de la politique ici.
01:13:13 Ah bon, alors je comprends.
01:13:15 C'est pas un groupe politique.
01:13:17 Vous ne pouvez pas me sortir les conneries comme ça.
01:13:19 Monsieur, c'est facile, vous êtes ici en majorité.
01:13:22 Je suis la victime.
01:13:23 Vous êtes sans conneries.
01:13:25 Nous avions 150 personnes qui étaient derrière et nous en avions eu à deux.
01:13:29 Alors respectez si vous voulez le...
01:13:31 Oui, mais je trouve que...
01:13:32 Bon, alors, écoutez, nous vous avons donné le droit à la parole.
01:13:35 Je crois que maintenant on va vous la retirer parce qu'on a encore des choses à dire.
01:13:39 Un dernier mot.
01:13:40 Vous nous avez accordé 10 minutes.
01:13:42 Non, non, je n'ai pas dit 10 minutes. J'ai dit que vous aviez le droit à la parole.
01:13:45 Vous avez dit pas...
01:13:47 Envoyez Paul Bobuse à ses fourneaux.
01:13:49 Je voudrais préciser, messieurs-dames...
01:13:51 Que quoi ?
01:13:52 Bien, pour ceci étant, si vous voulez bien, madame, dites-nous.
01:13:57 Le droit de réponse étant une émission où on peut parler, je crois.
01:14:00 Bon, alors dites-nous très brièvement...
01:14:02 Bien, je voudrais vous dire ceci.
01:14:05 Vous n'existez pas.
01:14:06 Je voudrais vous dire ceci.
01:14:07 Vous n'existez pas.
01:14:08 Mais non, je ne vois pas pourquoi je vous aurais donné la parole aujourd'hui.
01:14:09 J'ai donné la parole à des femmes.
01:14:10 Vous avez dit la semaine dernière que vous n'existiez pas.
01:14:12 Non, je n'ai pas dit ça.
01:14:13 Vous avez dit ça la semaine dernière.
01:14:14 Vous n'avez pas dit ça la semaine dernière.
01:14:15 Vous n'avez pas dit ça la semaine dernière.
01:14:16 Vous n'avez pas dit ça la semaine dernière.
01:14:17 Vous n'avez pas dit ça la semaine dernière.
01:14:18 Vous n'avez pas dit ça la semaine dernière.
01:14:19 Vous n'avez pas dit ça la semaine dernière.
01:14:20 Vous n'avez pas dit ça la semaine dernière.
01:14:21 Vous n'avez pas dit ça la semaine dernière.
01:14:22 Vous n'avez pas dit ça la semaine dernière.
01:14:23 Vous n'avez pas dit ça la semaine dernière.
01:14:24 Vous n'avez pas dit ça la semaine dernière.
01:14:25 Vous n'avez pas dit ça la semaine dernière.
01:14:26 Vous n'avez pas dit ça la semaine dernière.
01:14:27 Vous n'avez pas dit ça la semaine dernière.
01:14:28 Vous n'avez pas dit ça la semaine dernière.
01:14:29 Vous n'avez pas dit ça la semaine dernière.
01:14:30 Vous n'avez pas dit ça la semaine dernière.
01:14:58 Vous n'avez pas dit ça la semaine dernière.

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