• il y a 7 mois
« Je suis addict positif à la musique métal » voilà une phrase qui pourrait plutôt bien résumer le Pr Laurent Karila ! Psychiatre spécialisé dans les addictions, par choix et passion, il exerce à l’hôpital Paul-Brousse à Villejuif, enseigne à l’université Paris-Saclay et intervient publiquement à travers de nombreux canaux : télévision, podcast ou encore association. Sa mission, il le dit lui-même, c'est de "rendre grand public et accessible" la discipline de la psychiatrie, qui peut parfois faire peur.

Il a également publié plusieurs ouvrages, dont le petit dernier « Docteur : addict ou pas ? » dans lequel il donne des conseils pour continuer de se faire plaisir sans tomber dans les addictions.

Créateur du concept de « l’addiction positive », lui c’est à la musique métal qu’il carbure (en témoigne d’ailleurs son t-shirt Mötley Crüe !). Alors, plutôt Kiss ou de Metallica ?
Transcription
00:00 Je collectionne absolument tout sur Kiss.
00:01 Et d'ailleurs, si vous voulez me faire plaisir, envoyez-moi des vinyles de Kiss.
00:04 L'idée, c'était d'écrire un livre sur nos comportements de base.
00:16 Manger, boire, faire l'amour, être amoureux, bronzer, faire du sport,
00:21 faire de la chirurgie esthétique, travailler, faire la fête.
00:24 Tous ces éléments-là, voir comment ils peuvent basculer.
00:27 Pour certains, devenir addictifs.
00:28 Mais ce livre, ce n'est pas un livre sur les addictions,
00:30 c'est un livre sur nos comportements.
00:32 Il y a des témoignages, il y a de la clinique, simple, avec une approche pédagogique.
00:37 Il y a des questionnaires pour s'évaluer, pour savoir où on en est justement.
00:40 Et puis, il y a plein de conseils.
00:41 J'ai créé un moyen mnémotechnique assez simple pour tout le monde.
00:47 Ce moyen s'appelle 5C-12Mois.
00:50 Le premier C, c'est une perte du contrôle comportemental.
00:53 Le deuxième C, c'est un usage compulsif, on ne peut pas s'empêcher de le faire.
00:56 Le troisième C, c'est un craving, c'est le mot anglais pour l'envie irrésistible de consommer.
01:01 Le quatrième C, c'est un usage continu ou chronique, quasi tous les jours.
01:04 Le dernier C, c'est des conséquences sur ma vie psychique, physique, cognitive, sociale, environnementale.
01:10 Donc si on a ces 5 C sur au moins 12 mois, on est dans l'addiction.
01:14 C'est un peu biaisé parce que j'ai des sur-spécialités ou des sous-spécialités, ça dépend.
01:22 Les motifs de consulte que j'ai le plus, c'est trouble de l'usage de cocaïne,
01:25 hypersexualité, trouble lié aux nouveaux produits de synthèse.
01:29 Après, je peux voir des patients qui ont des problèmes avec l'alcool,
01:31 je vois beaucoup de femmes qui ont des problèmes avec l'alcool,
01:33 des seniors qui ont des nouvelles addictions, par exemple aux médicaments opioïdes.
01:37 Ça remonte à ma quatrième année de médecine, j'étais externe.
01:43 J'ai fait mon premier stage de psychiatrie à l'hôpital Saint-Antoine à Paris.
01:46 Ça fonctionne par flash et par passion, donc j'ai eu un flash, c'était fait pour moi cette discipline.
01:50 Et dans ce service, il y avait des patients qui souffraient d'addiction,
01:53 je m'en suis occupé particulièrement. Je me rappelle, le chef d'unité, lors d'une visite,
01:57 m'avait dit "Laurent, c'est bien, tu t'en es vachement bien occupé,
01:59 je pense que tu vas faire quelque chose de bien là-dedans", et je me suis dirigé vers ça.
02:03 Alors qu'à la base, j'avais flashé sur la neurologie, la radiologie,
02:06 et j'avais même flashé sur la pneumopédiatrie.
02:08 Je rencontre la psychiatrie et là, c'est le coup de foudre.
02:10 Et après, j'ai toujours aimé les addictions, par mon côté, fan de méta, les drogues,
02:14 où les vedettes que j'aimais avaient des gros problèmes de drogue et ils s'en sont sortis,
02:17 et donc j'ai un peu lu leur parcours.
02:22 J'ai créé un concept de l'addiction positive.
02:24 Donc l'addiction, c'est une maladie chronique avec que des conséquences négatives.
02:28 Je me suis aperçu qu'on pouvait justement emprunter à certains de ces C sans les avoir tous,
02:33 et ne pas souffrir.
02:34 Donc l'addiction positive, c'est quoi ? C'est de la récompense, c'est du plaisir, c'est du kiff,
02:39 c'est des émotions positives, et on peut avoir des fois des envies répressibles de consommer.
02:43 Moi, je suis addict positif à la musique métal.
02:49 Le podcast "Addiction" permet vraiment de parler des addictions,
02:52 mais aussi des comorbidités psychiatriques associées, des comorbidités somatiques associées.
02:56 On finit la troisième saison, là, il y a la quatrième saison qui va bientôt être tournée.
03:00 On est hyper contents, il y a plein de témoignages.
03:02 Les gens ont l'air vraiment satisfaits d'entendre d'autres gens parler, et ça les aide en fait.
03:07 Je crois que c'est important de rendre grand public et accessible des disciplines qui font peur.
03:15 La psychiatrie, ça a toujours fait peur.
03:17 On se dit que les malades psychiatriques, c'est des gens à part.
03:19 Il y a plein d'idées reçues autour de ça.
03:21 Je suis professeur de psychiatrie à Paris-Saclay,
03:23 et donc il y a le côté pédagogique qui a toujours été très important pour moi.
03:27 Je fais aussi beaucoup de prévention auprès du grand public,
03:30 et donc pour moi, ça commence aujourd'hui.
03:31 Le meilleur vecteur de santé public, grand public, pour parler de troubles psychiatriques,
03:36 on a parlé de plein de troubles, on a parlé du trouble dissociatif de l'identité,
03:39 des troubles de personnalité borderline, des troubles de personnalité antisociale,
03:42 des troubles bipolaires, de la schizophrénie, du trouble déficit de l'attention
03:47 avec l'hyperactivité.
03:47 On parle aussi beaucoup d'addiction sur différents types de génération.
03:51 Donc ça permet de grand publiciser cette discipline, ces maladies,
03:55 et puis de donner des informations aux gens.
03:57 Ce qui est très, très positif, c'est d'avoir le retour des gens qui disent
04:00 « Ah ouais, je pense que j'ai ce truc-là,
04:02 je vais peut-être aller voir quelqu'un pour faire évaluer ».
04:05 On parle plus de santé mentale, mais on n'en parle pas assez encore.
04:15 Les deux, mais je suis plutôt Kiss.
04:17 Mais j'adore Metallica, donc vous me posez une colle.
04:20 Je dirais Kiss en un, parce que je collectionne absolument tout sur Kiss.
04:23 Et d'ailleurs, si vous voulez me faire plaisir, envoyez-moi des vinyles de Kiss.
04:26 Je collectionne les vinyles de tous les pays.
04:28 J'écris toujours, ouais, pour un web-magazine qui s'appelle Radio Metal.
04:34 Je fais des interviews d'artistes, des reports de concerts, des chroniques d'albums.
04:39 Ça, c'est vraiment mon addiction positive.
04:44 Elle m'a toujours marqué, depuis petit.
04:46 Moi, au départ, je ne voulais pas être médecin,
04:47 je voulais être guitariste d'un groupe de rock américain.
04:49 Mais mon père m'a dit « Laurent fait des études, on verra après ».
04:52 Sexe, drugs and rock'n'roll ?
04:53 Sexe, du coup, j'ai une vie sexuelle.
04:55 Je soigne aussi des gens qui ont des addictions sexuelles.
04:58 Drugs, je n'ai jamais consommé de drogue, à part, je fume un peu de tabac,
05:02 j'ai déjà goûté au cannabis, mais les substances, ça ne me passionne pas.
05:04 Mais je soigne des gens qui ont des problèmes avec les substances.
05:06 Et rock'n'roll, ça, je suis addict au rock'n'roll.
05:08 Kiff la vie, c'est mon cru de guerre.
05:13 [Musique]

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