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Philippe Coy, président de la Confédération nationale des buralistes, répond aux questions de Lionel Gougelot.
Retrouvez "L'invité éco" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linterview-eco

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Transcription
00:00 *Musique*
00:12 Alors n'y voyez pas de provocation en cette journée mondiale contre le tabac, il reste un fléau de santé publique.
00:17 Mais on va s'intéresser ce matin au secteur des buralistes, un secteur professionnel en constante évolution, voire en danger malgré la diversification des activités et des produits qu'ils vendent.
00:28 Une profession qui alerte sur les dangers de la vente à la sauvette et de la contrefaçon.
00:33 Et on en parle avec votre invité Lionel Gougelot, il s'agit de Philippe Coy, président de la Fédération des Buralistes Français.
00:38 Bonjour Philippe Coy.
00:39 Bonjour.
00:40 Merci d'être en ligne ce matin sur Europe 1.
00:42 Alors je le disais, en France le prix des cigarettes augmente dans les bureaux de tabac et les ventes continuent de baisser.
00:49 Mais la consommation de tabac, elle, continue de stagner.
00:53 Dans le même temps, vous alertez les consommateurs sur les dangers de la vente de cigarettes à la sauvette et contrebandes qui représenterait aujourd'hui, dites-moi si je me trompe, 40% des cigarettes consommées en France.
01:05 C'est un vrai danger donc pour vous ?
01:08 C'est un vrai danger, pas que pour nous, malheureusement, pour la santé publique et c'est surtout un danger pour les finances publiques.
01:14 Je viens d'écouter vos reportages où la note de la France va être dégradée.
01:18 Comment peut-on encore imaginer aujourd'hui proposer en 2024 une hausse de la fiscalité sur les produits du tabac ?
01:25 Alors que nous savons tous, et c'est largement documenté, vous le dites, qu'aujourd'hui la première cause d'achat du tabac c'est pratiquement la vente à la sauvette, le commerce illicite.
01:34 Mais ça vient d'où ? Qu'est-ce qui provoque ce phénomène ?
01:38 Ça vient... Eh bien écoutez, ça fait 20 ans que la France a choisi une politique de santé publique qui repose uniquement sur un seul pilier, celui de la fiscalité.
01:46 Et je suis complètement atterré aujourd'hui de lire dans des rapports documentés que la fiscalité est le meilleur moyen pour faire arrêter les gens de fumer.
01:56 Mais ces gens qui écrivent ces rapports en 2024, où ils étaient pendant la période du confinement ?
02:01 Où ils étaient quand nous dénoncions ces achats sur la voie publique ?
02:05 Aujourd'hui, ce n'est pas que les burealistes qui s'en plaignent, c'est même les élus locaux qui, devant ce phénomène d'amplification, dénoncent le marché parallèle.
02:14 Nous avons un enjeu de santé publique, nous ne pouvons pas le résoudre par la fiscalité, encore moins par le prix, sachant que la France a le prix du paquet le plus élevé de l'Union Européenne.
02:24 Donc j'en appelle à la responsabilité du ministre des Comptes Publics, Thomas Cazenaves, nous demandons fermement un moratoire parce que la France n'est pas une île.
02:31 Alors justement, parlons de la fiscalité, parlons du prix. Dans le cadre de son plan anti-tabac, le gouvernement va augmenter le prix du paquet de cigarettes qui va passer à 12 euros en 2025, l'an prochain, avant d'atteindre 13 euros au minimum en 2026.
02:44 Et puis ça va continuer sans doute, Philippe Coil, puisque la Commission des Affaires Sociales du Sénat préconise, elle, d'augmenter les prix du tabac de 5% par an jusqu'en 2040 pour atteindre un prix du paquet à 25 euros.
02:55 Qu'est-ce que vous en pensez de cette perspective ?
02:58 Je suis tout simplement révolté. Révolté, vous avez cité des chiffres que le plan national de lutte contre le tabac programmait, 12 euros en 2025.
03:07 Je rappelle que le paquet le plus vendu en France est aujourd'hui déjà à 12,50 euros et 5 euros dans la rue.
03:14 Donc nous ne pouvons pas aujourd'hui régler les problèmes de santé publique que chacun doit bien comprendre.
03:19 Et les burealistes sont des acteurs de santé publique, bien évidemment, puisque nous travaillons à une consommation de la nicotine avec des risques réduits.
03:27 Nous ne pouvons pas imaginer un instant voir un paquet arriver à 25 euros tel que certains le proposent aujourd'hui dans le cadre de la journée mondiale sans tabac,
03:36 alors que vous avez l'Espagne qui est encore à 5,50 euros.
03:39 Vous ne pouvez pas aujourd'hui créer cette distorsion de marché parce que sinon je m'interroge pourquoi le ministre Thomas Cazenaves est régulièrement sur le terrain aux côtés des douanes qui font un travail formidable.
03:49 Et pourquoi en huit jours la douane a saisi 27 tonnes de tabac illégal.
03:53 Ça prouve bien qu'il y a des importations, des voies de contournement et malheureusement, malheureusement la santé publique est largement bafouée.
04:01 Un paquet de tabac à 20 euros, ça signerait la mort des burealistes ?
04:07 Ça signerait la mort de 23 000 entrepreneurs qui sont si utiles dans tous les territoires.
04:13 Je pense que c'est largement rappelé.
04:15 Comment peut-on aujourd'hui imaginer ce prix élevé alors que partout sur le territoire vous pouvez acheter du tabac de contrebande ?
04:23 J'en veux pour preuve, depuis la période du confinement, 5 usines clandestines ont été démantelées.
04:29 Alors moi je me pose la question et je pose la question au gouvernement, veut-on créer la prohibition ?
04:34 Nous en sommes déjà à la porte d'entrée et si nous allons plus loin sur le tarif du tabac sur le marché français, ça sera tout simplement un état de prohibition sur le marché du tabac.
04:44 Et sur d'autres produits aujourd'hui, on le voit, donc soyons sérieux.
04:47 Et j'appelle bien évidemment la responsabilité du gouvernement à donner un signal fort sur le moratoire que nous demandons.
04:54 Dans un contexte, Philippe Coil, et en quelques mots, où la diversification de vos activités ne permettra pas de compenser les pertes ?
05:04 Nous sommes engagés en tant que commerçants d'utilité locale responsables sur tous les territoires à la diversification.
05:09 Parce que c'est l'ADN du commerçant, c'est l'ADN du bureau d'être au contact des 10 millions de Français que nous servons tous les jours.
05:16 Et sachez que 42% de nos clients ne viennent pas pour un acte du tabac.
05:19 Nous sommes conscients de la nécessité de faire évoluer notre métier, de compléter l'offre.
05:24 Mais comment peut-on se diversifier et évoluer alors qu'on est aujourd'hui plombés par cette pression fiscale
05:31 qui nous empêche d'avoir la dynamique entrepreneuriale nécessaire pour faire évoluer notre métier et répondre toujours aux attentes des consommateurs ?
05:38 Merci Philippe Coil, merci d'avoir été en ligne ce matin sur Europe 1.
05:42 Je rappelle que vous êtes le président de la Fédération des débuts réalistes. Merci, bonne journée.

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