Ce mardi matin dans l'Eco d'ici nous recevions la cofondatrice de l'entreprise EffetMer à Saint André de Sangonis, une start-up qui fabrique des lunettes éco responsables, le projet est porté depuis 4 ans, mais la crise pourrait bien avoir raison de cette jeune entreprise.
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00:00 Les Codes d'ici chaque matin sur France Blume avec les entreprises des startups de notre département à 7h11.
00:06 Flora Joly est notre invitée. Bonjour et bienvenue.
00:08 Bonjour, merci beaucoup.
00:09 Comment ça va ? On vous connaît, vous êtes déjà venue.
00:11 Je suis déjà venue.
00:12 Oui, je me souviens.
00:14 Alors c'est vrai que Guillaume, on a l'habitude de parler d'entreprise, alors ça marche quand même assez souvent.
00:19 Mais aujourd'hui c'est un petit peu différent, il y a une petite difficulté.
00:22 Qu'est-ce qui se passe alors Flora ?
00:24 C'est une belle idée que vous avez, est-ce qu'il faut en parler au passé ?
00:30 Pas encore.
00:31 Pas encore ? Bon.
00:32 Il y a quelques difficultés, voilà.
00:33 Il y a quelques difficultés, donc éphémère, on va rappeler quand même ce que c'est.
00:36 C'est une entreprise que vous avez créée quand, rappelez-nous la date ?
00:39 En 2021.
00:41 2021. L'idée c'était de récupérer des déchets plastiques pour fabriquer des montures de lunettes.
00:47 Voilà, exactement.
00:48 C'est un projet qui a commencé en 2018, on a créé R&D Concepts qui est la structure, la SAS qui porte le projet.
00:54 En 2021.
00:55 Vous étiez venu nous en parler ici même.
00:56 Voilà, exactement.
00:57 Et en fait on a monté toute une filière, on a porté une recherche et développement pour valoriser des déchets récupérés en Occitanie,
01:04 des déchets plastiques en monture de lunettes solaires.
01:08 Donc avec 30% de déchets issus de cette filière et 70% de déchets recyclés issus de notre tri de poubelles française.
01:18 Je crois me souvenir que c'est plusieurs centaines de kilos de déchets plastiques que vous aviez réussi à récupérer.
01:24 Voilà, parce qu'on s'était mis en continuité d'une vingtaine d'initiatives occitanes,
01:28 de ramassage de déchets citoyens un peu partout en Occitanie,
01:32 donc sur les plages, mais pas que, aussi autour des villes et des fleuves.
01:36 Pour fabriquer des lunettes.
01:38 Voilà, exactement.
01:39 Et vous en avez fabriqué 4000.
01:41 Exactement.
01:41 On a fabriqué 4000 en France à Ollona, donc on a des verres origines France garantie.
01:46 C'est un produit qui est 100% français, avec une monture 100% recyclée,
01:51 qui a une histoire qui est assez incroyable, il faut le dire.
01:55 Vous en avez vendu quand même ?
01:57 On en a vendu quand même.
01:59 Mais pas suffisamment en fait.
02:00 Mais pas suffisamment.
02:02 Voilà, exactement.
02:03 En fait, le marché est assez compliqué.
02:06 J'aime bien dézoomer un peu l'histoire, parce que c'est pas l'histoire de R&D Concept,
02:10 c'est l'histoire des entreprises françaises,
02:13 qui sont aujourd'hui dans une situation qui est très compliquée,
02:16 parce qu'on est face à des concurrents qui sont énormes,
02:19 qui sont des concurrents qu'on connaît tous,
02:22 qui sont pas forcément...
02:24 Pour moi, c'est pas des vrais concurrents, dans le sens qu'ils font des choses très différemment de nous.
02:27 C'est des gros chênes comme...
02:29 Bah j'allais dire des gros chênes comme chêne,
02:31 comme Tému,
02:33 qui cassent les prix parce qu'ils exploitent le vivant et les humains, en fait,
02:37 on peut le dire, sinon ils n'arriveraient jamais à des prix comme ça.
02:40 Oui. Quand vous dites...
02:41 Bon alors, c'est pas que éphémère, c'est le cas d'un certain nombre d'entreprises françaises,
02:45 celles qui font du "made in France" en tout cas.
02:48 Faut dire les choses, hein, si ça fait un pourcent.
02:50 Celles qui font du "made in France", mais pas qu'eux.
02:52 Je pense que... Bah là on le voit avec tout le mouvement de NafNaf, Camailleux, etc.,
02:56 qui font pas du "made in France", mais qui sont des entreprises françaises,
02:59 qui fabriquent à l'étranger, mais qui ont quand même du mal,
03:03 alors pour plein de raisons, c'est tout un contexte,
03:05 mais quand même, globalement, c'est qu'on sent qu'il y a
03:09 des extrêmes qui se creusent entre ceux qui fabriquent vraiment à bas prix,
03:13 et ceux qui fabriquent dans le luxe,
03:15 mais tous ceux qui sont entre, ils pâtissent quand même un petit peu de ce...
03:19 Alors soit on est dans le luxe et on est reconnu parce qu'on est des marques que tout le monde connaît,
03:24 soit on est pas cher et c'est pas grave, on achète parce que c'est pas cher,
03:28 même si on le porte 7 fois, les gens...
03:30 - Bon, ces grands groupes qui font du "discount" aussi, pour reprendre un mot à la mode,
03:36 ils ont toujours existé, on peut pas les empêcher d'exister,
03:39 c'est dans le geste de consommateurs, après, qu'on décide d'acheter chez vous,
03:43 ou d'acheter chez Temmou pour 1,50€.
03:45 Le problème, dites-vous, c'est que nous, entreprises vertueuses,
03:48 qui faisons du "Made in France", on n'est pas plus soutenus que les autres.
03:51 - Non, voilà. Alors on peut pas les empêcher, et en même temps si on peut les empêcher,
03:55 parce qu'il y a des choses qui se passent... - Oui, dans le geste consommateur.
03:57 - Mais pas que, au niveau de la législation, il y a des choses qui se passent,
04:00 où il y a des taxes qui sont en train d'arriver pour les grosses...
04:02 Et il était vraiment grand temps de faire ça, de taxer ces entreprises-là,
04:06 mais en effet, il devrait y avoir un soutien des entreprises qui sont responsables,
04:14 qui devraient être... - L'État, en l'occurrence.
04:16 - Voilà, exactement. - Et vous, vous vous êtes pas sentie du tout soutenue dans votre démarche ?
04:20 - Pas plus que ça. J'aurais créé des coques de téléphones "Made in China",
04:26 j'aurais peut-être eu autant d'aides...
04:28 - C'est ça qui est incroyable, quand même, parce que quand on entend les politiques,
04:31 ils n'arrêtent pas de dire "il faut soutenir le "Made in France",
04:33 il faut soutenir tout ce qui est effectivement éco-responsable",
04:38 mais en fait, non, on vous soutient pas plus que les autres.
04:40 - Non, pas plus. Alors il y a quelques aides, etc.,
04:42 mais il y a aussi de la contradiction. Par exemple, il y a des appels d'offres
04:44 où ils demandent de trouver un fabricant de...
04:48 C'est quelqu'un qui me racontait ça pendant le temps,
04:50 de parasols à 7 euros fabriqués en France.
04:52 Ça veut dire qu'ils n'ont aucune notion de ce que c'est que la fabrication française.
04:56 - Alors aujourd'hui, la situation, Flora, donc, éphémère.
05:00 La boîte est donc sérieusement en danger, on va dire.
05:04 Bon, vous n'avez pas de salariés... - Non.
05:08 - ...qui vont se retrouver au chômage du jour au lendemain.
05:11 C'est quand même une idée, malheureusement, une belle idée,
05:13 qui est compliquée à mettre en œuvre.
05:15 Vous n'avez pas dit votre dernier mot, j'ai l'impression.
05:19 - Non, je n'ai pas dit mon dernier mot.
05:21 Moi, je sais, avant de fermer,
05:23 et j'ai lancé pas mal d'opérations de sensibilisation sur la consommation responsable,
05:27 j'ai à cœur de découler ces lunettes pour plusieurs raisons.
05:31 Déjà parce que sinon je vais finir endettée pour avoir tenté d'innover
05:35 et de faire les choses autrement, et je trouve que c'est pas très sympa.
05:39 Et en plus, parce que je crois qu'il faut qu'on élève la voix à plusieurs
05:43 et c'est pour ça qu'on est en train de se regrouper entre entreprises "made in France" pour...
05:47 - Alors, deux choses. D'abord, votre stock, il vous reste à écouler.
05:51 Donc, on peut encore commander chez vous. - Bien sûr.
05:55 On a des offres en B2B et en B2C, donc sur internet c'est www.fmr.co.
05:59 - Alors, "fmr", je dis pour ceux qui nous écoutent, qui connaissent pas,
06:03 comment ça s'écrit quand même, même si j'aime bien épler, c'est pas "fmr" en un seul mot,
06:07 c'est "effet" comme "effet", qui se coule, et "mer" comme "la mer". - Exactement.
06:11 - Donc déjà, vous avez encore plusieurs centaines de lunettes à écouler,
06:15 donc on peut acheter chez vous plusieurs milliers, mais je sais pas le dire.
06:19 Et la deuxième chose, c'est que vous êtes en train de vous regrouper avec d'autres entreprises qui font aussi du "made in France"
06:23 pour essayer de faire un truc un peu collectif, c'est ça, si j'ai bien compris ?
06:27 - On sait pas encore ce qu'on va faire, ce qui est sûr, c'est qu'on va faire une réunion
06:31 pour en parler entre nous, parce qu'en fait on est tous isolés, avec nos stocks
06:35 sur les bras, notre trésorerie qui va pas très bien, et notre fatigue
06:39 d'entrepreneur, souvent on est seul ou très peu derrière ces entreprises-là, alors qu'on
06:43 porte l'innovation et une nouvelle manière de fonctionner qui est très importante
06:47 à valoriser, à entretenir, ou en tout cas à transmettre
06:51 si on est amené à fermer, parce que souvent ce qui se passe c'est qu'on ferme, on est dépité,
06:55 on fait autre chose, et du coup on perd toute cette énergie, et toutes
06:59 ces connaissances qu'on a acquises sur les années
07:03 d'entrepreneuriat, et c'est dommage. - Et le slip français, les verdures Alex,
07:07 les chaussures Perus, qui aussi par exemple ont tout fait pour localiser leur production
07:11 en France, mais qui ont aussi des difficultés aujourd'hui. - Alors Perus a fermé, le slip français est en difficulté,
07:15 oui oui, mais c'est un mouvement général, c'est pas... - C'est quand même
07:19 dommage, de nous faire ce constat-là aujourd'hui. - C'est dommage parce que
07:23 la responsabilité elle est pour tout le monde, et les conséquences seront pour tout le monde en fait, il faut bien dissocier
07:27 l'histoire des entreprises avec le mouvement général, et ce que ça implique pour nous tous,
07:31 et c'est vraiment le message que j'essaie de porter, si demain on va avoir une
07:35 planète qui est plus durable et viable, il faut qu'on ait des entreprises
07:39 qui soient plus responsables, et ces entreprises responsables, c'est notre responsabilité à chacun
07:43 de les soutenir. - Et des consommateurs plus responsables aussi, plutôt que d'aller sur Temu pour
07:47 acheter une paire de lunettes de soleil à 5€. - Bien évidemment. - Bon après il y a
07:51 la crise qui est passée par là aussi, le pouvoir d'achat, vous en avez compris. - Oui mais ces habits sur chaîne, ils sont portés
07:55 7 fois en moyenne, achetez moins mais achetez mieux, portez plus vos habits,
07:59 préparez, entretenez, prenez soin de
08:03 ce qu'on achète, des entreprises qui sont derrière, et du coup de la planète
08:07 derrière. - Merci Flora Jolie, on rassure,
08:11 éphémère, sur le site éphémère, on peut encore commander des lunettes, c'est les
08:15 aseptis, il y a le soleil, il y en a, donc seulement, - Tant que je suis encore ouverte vous pouvez. - commander des belles
08:19 lunettes, donc refaites avec du plastique, recyclé ou recyclable
08:23 en tout cas, merci à vous. - Merci. - Ephémère.co, on va mettre tout ça sur notre site internet
08:27 francebleu.fr, on espère vous recevoir la prochaine fois pour que vous nous disiez que c'est reparti
08:31 et que tout va bien. - Et bien, je te le souhaite. - On vous le souhaite aussi évidemment.
08:35 Merci en tout cas d'écouter France Bleu Euro ce matin, c'était Léco Dicy, à retrouver sur notre site.