Dans cette interview, Verrecchia a partagé des anecdotes sur sa relation avec le célèbre chanteur, qu'il décrit comme "quelqu'un d'extrêmement solitaire". Selon lui, cette solitude était voulue et déterminée par Johnny lui-même, qui avait besoin de ces moments d'isolement. Verrecchia a défendu les intérêts de Johnny Hallyday pendant de nombreuses années en tant qu'avocat. Son livre "Avocat du Patron" revient sur cette collaboration et offre un regard inédit sur la personnalité complexe du "Taulier" de la chanson française. Cette interview exclusive a permis à l'ancien avocat de lever le voile sur certains aspects méconnus de la vie de Johnny Hallyday, grâce à sa proximité privilégiée avec l'artiste. Un témoignage précieux pour les fans désireux d'en apprendre davantage sur l'homme derrière la légende.
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00:00 Bonjour Jacques Verrecchia. Bonjour M. Calvui. Merci de nous rejoindre sur RTL à l'occasion de la sortie de votre livre intitulé "Avocats du patron".
00:07 Cet avocat c'est vous et le patron c'est Johnny Hallyday. Le récit de 50 ans de vie et d'aventure aux côtés de Johnny.
00:13 Je précise que le livre sort lundi chez Mareuil Éditions.
00:15 Racontez-nous votre première rencontre, ça se passe où, comment et pourquoi ?
00:18 La première rencontre c'est chez notre ami Sam Bernet, ancien journaliste d'RTL, qui tenait une discothèque rudolphine qui s'appelait la Tour de Nel.
00:32 Et c'était en 1967 alors que je n'étais qu'un simple pianiste musicien à l'époque qui accompagnait les vedettes de la chanson.
00:42 Et donc ce jour-là j'arrive chez notre ami Sam, un ami commun Johnny et moi, et il n'y avait plus de place pour dîner.
00:53 Il n'y avait qu'une seule place, c'était celle qui était à côté de Johnny.
00:56 Donc je lui demande si je peux m'asseoir à côté de lui pour manger des spaghettis. Il m'a dit "mais il n'y a aucun problème".
01:01 Je l'entends. Mais ce jour-là vous n'imaginez pas un seul instant faire partie de... que votre vie allait basculer ?
01:06 Absolument pas non, puisque j'ai continué ma carrière de pianiste professionnel pendant 15 ans.
01:13 Alors on se croisait bien évidemment sur les routes parce qu'à l'époque tout le monde était en tournée.
01:19 On fréquentait les mêmes lieux à travers la France.
01:23 Et puis jusqu'au jour, je vais aller au plus court, jusqu'au jour où je me rends compte que en fait ce n'est peut-être pas une profession d'avenir de rester musicien,
01:33 bien que je ne regrette absolument pas ce que j'ai fait.
01:36 Donc c'est la bascule vers le barreau ça ?
01:37 La bascule vers le barreau parce que je me dis qu'il faut peut-être être un peu plus sérieux pour assurer les fins de mois.
01:42 Vous avez raison. Alors vous devenez l'avocat de Johnny en 1982, il est votre premier client.
01:47 Pratiquement mon premier client à ma grande stupéfaction.
01:50 Parce que ça faisait déjà 20 ans pratiquement que c'était une star déjà.
01:55 Et moi je n'étais rien. C'est-à-dire que je commençais comme jeune avocat, j'avais l'intention de devenir l'avocat des artistes.
02:02 Mais pourquoi vous Jacques Veret-Cap ? Comment il vous choisit ?
02:05 Parce qu'on se connaissait déjà un petit peu.
02:09 Il avait besoin d'être assuré ?
02:12 Je ne sais pas, je pense qu'il avait envie de me faire plaisir avant tout.
02:16 Parce qu'il avait déjà eu d'excellents avocats avant moi. Il n'attendait pas après moi en tant qu'avocat.
02:22 Alors dites-moi, ça ne doit pas être facile quand même de s'occuper de Johnny tous les jours ?
02:28 Je vous vois sourire.
02:29 J'ai connu des hauts et des bas. J'ai connu des hauts et des bas pendant 25 ans effectivement.
02:34 On pouvait rester parfois un peu froissé, un peu fâché.
02:38 Parce que je lui disais toujours la vérité, contrairement à beaucoup d'autres.
02:42 Et il était capable de l'entendre ?
02:43 Il l'entendait tout le temps, venant de moi. Sauf certains jours où ça ne passait pas.
02:49 Et là on ne se parlait plus pendant 15 jours ou 3 semaines.
02:52 Vous êtes là tout le temps ?
02:53 Ou un mois.
02:53 A tout moment, à la fois conseil, confident.
02:55 Est-ce que Johnny était-il accessible aux raisonnables ? On a une image de lui totalement différente.
03:04 Bien entendu.
03:05 J'en suis sûr.
03:06 Dans la vie quotidienne, il était parfaitement raisonnable.
03:09 Johnny est parfaitement lucide sur les piques-assiettes qui l'entournent,
03:11 vous dites, page 96 dans votre lire.
03:13 Oui.
03:14 C'était à ce point-là ?
03:14 Il n'y a pas que moi qui le dise.
03:17 C'est une vérité première de tous les intimes qui ont pu l'approcher,
03:21 y compris ses compagnes, ses épouses successives.
03:25 Vous nous dites, il aimait bien que je ne le caresse jamais dans le sens du poil,
03:28 contrairement à la plupart de ceux gravitant autour de lui.
03:31 C'est ce qui l'intéressait, certainement.
03:33 Vous savez, quand on a l'acuité qu'il avait, le ressenti animal, presque animal, qu'il développait,
03:39 on ne reste pas à ses côtés pendant 25 ans sans impunité.
03:43 Donc, s'il l'avait voulu, il m'aurait écarté très rapidement.
03:46 Qu'est-ce que vous savez de Johnny Hallyday que nous ne savons pas, que nous n'avons jamais perçu ?
03:52 Je ne vous demande pas une indiscrétion, je vous demande peut-être quelque chose de plus affectif.
03:56 Je suis loin d'avoir tout dit dans le livre.
03:59 Il y en a, évidemment, parce que j'ai un souci de réserve par rapport à lui, en tant qu'ami et en tant qu'avocat.
04:06 Donc, je pense que j'ai dit l'essentiel dans mon récit.
04:13 Est-ce que vous, vous savez, je dirais, affectivement, dans le lien que vous avez noué avec lui,
04:17 et qu'on ne sait peut-être pas, ou qu'on ne connaît pas quand on voit Johnny ?
04:21 C'est notre star national.
04:22 Oui, je pense que ce qui m'a toujours le plus étonné, c'est sa facilité à aborder toute forme de situation.
04:31 Quelle que soit la situation, il avait toujours, comme un chat, la possibilité de retomber sur ses quatre pattes.
04:38 Donc, il n'est jamais prêt au dépourvu ?
04:40 Jamais.
04:40 Quelles que soient les difficultés de la situation dans laquelle il se met lui-même ?
04:43 Il en a connu, il en a connu, des difficultés.
04:46 Vous pensez à quoi ?
04:49 Il suffit de se reporter à tout ce qu'on a vécu à travers la presse,
04:54 même sans être un spécialiste, de voir tous les procès.
04:57 Moi, ce qui m'intéresse, c'est ce que j'ai vécu en tant qu'avocat.
05:00 Je ne parle que de ce que j'ai vécu.
05:03 Je ne brode pas autour, je ne m'intéresse pas à autre chose que ce que j'ai vécu à ses côtés,
05:08 aussi bien dans le privé en vacances, que dans le côté professionnel en tant qu'avocat.
05:12 Vous décrivez un Johnny isolé, quand même, qui enchaîne les déceptions amoureuses ?
05:17 Totalement isolé. Moi, je l'ai perçu comme quelqu'un d'extrêmement solitaire,
05:21 par moment, évidemment, mais une solitude voulue, déterminée,
05:26 car il avait besoin, compte tenu du statut de ça,
05:30 qu'il l'entourait constamment 24h/24, il avait besoin par moment
05:35 de s'isoler et de se retirer du monde médiatique, du monde du spectacle.
05:42 Et il se le retrouvait seul, effectivement.
05:44 En 2007, Johnny met fin à votre collaboration après 25 ans de bons et loyaux services.
05:48 Tout à fait, oui.
05:49 Sans explications. Excusez-moi, mais vous avez des hypothèses ?
05:53 Vous savez, il y a tellement de...
05:56 Non mais je ne sais pas, il n'y a pas de tabou, peut-être l'influence de sa dernière épouse,
06:00 enfin, comment ça se passe ?
06:01 Je ne pense pas, mais je n'ai jamais demandé d'explications, voyez-vous, jamais.
06:06 J'ai reçu une lettre de licenciement, comment on licencie quelqu'un avec qui on travaille,
06:10 officielle, ce que je n'avais jamais reçu auparavant,
06:15 mais je n'ai pas voulu rentrer dans une polémique et j'ai accepté la situation.
06:19 Et je suis passé à autre chose, car il faut bien savoir qu'à cette époque,
06:24 en 2007, je n'ai plus qu'un seul client à mon cabinet, c'est Johnny Hallyday.
06:30 J'ai l'impression que ça fait un vide.
06:32 Bon, avant de nous séparer, quel est votre plus beau souvenir avec Johnny Hallyday ?
06:37 Ça peut être une image, un moment, une chose peut-être, une chanson, je ne sais pas.
06:42 Très rapidement, un souvenir, son chef d'orchestre à l'époque, Mickey Jones,
06:47 qui formera Forigner par la suite avec le succès planétaire qu'on connaît,
06:51 en 1970 au Rock and Roll Circus, il vient me trouver et me dit
06:54 « est-ce que tu peux remplacer le pianiste parce qu'on a un problème pour la prochaine tournée ? »
06:59 Et je refuse, ce que personne à l'époque ne peut refuser en tant que musicien,
07:04 c'est de jouer avec Johnny Hallyday.
07:06 20 ans après, en 1990, Johnny me sollicite, alors que je suis déjà son avocat,
07:14 à Bercy pour monter sur scène avec lui et venir l'accompagner dans un Rock and Roll endiablé
07:21 lors de la dernière du spectacle de Bercy.
07:23 Donc, la boucle était bouclée.
07:27 Avocat du patron, le récit de 50 ans de vie et d'aventure aux côtés de Johnny,
07:31 votre livre paraît lundi chez Mareuil Éditions.
07:34 Merci d'être venu nous en parler Jacques Vérica, bonne journée.
07:36 Merci de votre accueil également.