Tout commence début juillet 2023, lorsque dans son dernier bulletin climatique, Copernicus – le programme d’observation de la Terre de l’Union européenne – annonce que le mois de juin a été le plus chaud jamais enregistré sur Terre.
Un mois plus tard, le même constat est établi pour juillet. Août lui emboite le pas. Et il en va ainsi jusqu’au mois d’avril 2024 – les données ne sont pas encore disponibles pour le mois de mai –, dont la température moyenne atteint 15,03°C, soit 1,58°C de plus qu'un mois d'avril normal dans le climat de l'ère préindustrielle (1850-1900). Si l’accord de Paris – limiter la hausse de la température mondiale à 1,5°C d’ici 2100 – portait exclusivement sur le mois avril, il serait déjà rompu.
La mesure du réchauffement planétaire repose aujourd’hui sur des indicateurs robustes et incontestés. Ils sont calculés par divers organismes, nationaux et supranationaux, à partir d'observations terrestres et spatiales. Ces dernières sont couplées à de la modélisation, pour obtenir des températures partout dans le monde. Et toutes les équipes de chercheurs comparent enfin leurs résultats pour éprouver leur solidité.
Si les scientifiques, à partir de toutes ces données, établissent des moyennes globales, c’est précisément pour comparer, et apprécier la progression saisonnière ou annuelle du changement climatique.
Or comme toute moyenne globale, ces résultats masquent d’importantes disparités spatiales du réchauffement. Parmi les plus significatives, les climatologues remarquent que la température augmente plus rapidement dans les hautes latitudes – au niveau des pôles – que dans les basses – autour de l’équateur. Aussi que la surface des continents se réchauffe plus vite que celle des océans. Donc lorsqu’une température moyenne de surface dépasse, comme c’est le cas aujourd’hui, d’environ 1,2°C celle de la période préindustrielle, cela induit un réchauffement plus élevé sur la terre ferme, et bien davantage dans les régions polaires.
Cet emballement des températures auquel nous assistons est piloté par deux facteurs associés : les activités humaines et la variabilité naturelle du climat. A cet égard, les scientifiques du climat expliquent que si les températures battent tous les records depuis onze mois, c’est très probablement lié à l'effet combiné du changement climatique anthropique avec le phénomène El Niño – qui a, lui aussi, un pouvoir réchauffant au niveau global. Et comme ce dernier est en train de disparaître dans l’océan Pacifique, il n’est pas certain que les prochains mois tutoient les mêmes sommets de chaleur au niveau global.
Pour comprendre ce que signifient ces records de température, comment sont calculées les moyennes globales et savoir ce qu’elles disent, autant que ce qu’elles taisent, nous avons interrogé Françoise Vimeux, climatologue à l’Institut de recherche pour le développement (IRD).
Un mois plus tard, le même constat est établi pour juillet. Août lui emboite le pas. Et il en va ainsi jusqu’au mois d’avril 2024 – les données ne sont pas encore disponibles pour le mois de mai –, dont la température moyenne atteint 15,03°C, soit 1,58°C de plus qu'un mois d'avril normal dans le climat de l'ère préindustrielle (1850-1900). Si l’accord de Paris – limiter la hausse de la température mondiale à 1,5°C d’ici 2100 – portait exclusivement sur le mois avril, il serait déjà rompu.
La mesure du réchauffement planétaire repose aujourd’hui sur des indicateurs robustes et incontestés. Ils sont calculés par divers organismes, nationaux et supranationaux, à partir d'observations terrestres et spatiales. Ces dernières sont couplées à de la modélisation, pour obtenir des températures partout dans le monde. Et toutes les équipes de chercheurs comparent enfin leurs résultats pour éprouver leur solidité.
Si les scientifiques, à partir de toutes ces données, établissent des moyennes globales, c’est précisément pour comparer, et apprécier la progression saisonnière ou annuelle du changement climatique.
Or comme toute moyenne globale, ces résultats masquent d’importantes disparités spatiales du réchauffement. Parmi les plus significatives, les climatologues remarquent que la température augmente plus rapidement dans les hautes latitudes – au niveau des pôles – que dans les basses – autour de l’équateur. Aussi que la surface des continents se réchauffe plus vite que celle des océans. Donc lorsqu’une température moyenne de surface dépasse, comme c’est le cas aujourd’hui, d’environ 1,2°C celle de la période préindustrielle, cela induit un réchauffement plus élevé sur la terre ferme, et bien davantage dans les régions polaires.
Cet emballement des températures auquel nous assistons est piloté par deux facteurs associés : les activités humaines et la variabilité naturelle du climat. A cet égard, les scientifiques du climat expliquent que si les températures battent tous les records depuis onze mois, c’est très probablement lié à l'effet combiné du changement climatique anthropique avec le phénomène El Niño – qui a, lui aussi, un pouvoir réchauffant au niveau global. Et comme ce dernier est en train de disparaître dans l’océan Pacifique, il n’est pas certain que les prochains mois tutoient les mêmes sommets de chaleur au niveau global.
Pour comprendre ce que signifient ces records de température, comment sont calculées les moyennes globales et savoir ce qu’elles disent, autant que ce qu’elles taisent, nous avons interrogé Françoise Vimeux, climatologue à l’Institut de recherche pour le développement (IRD).
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NewsTranscription
00:00 Le mois de juin a été le plus chaud jamais enregistré sur la surface du globe.
00:04 Le mois de juillet 2023 est bien le plus chaud jamais enregistré sur Terre.
00:09 Nous avons juste eu le plus chaud d'August jamais.
00:11 Ce mois de septembre a été le plus chaud.
00:13 Nous nous y mettons
00:23 vers un climat qui est déjà antécédent.
00:29 Aujourd'hui encore, les températures se maintiennent au-delà des 40 degrés
00:35 dans de nombreuses régions d'Asie du Sud-Est.
00:37 Dans le monde, la plupart des vagues de chaleur exceptionnelles
00:41 sont attribuables au changement climatique,
00:48 à la fois en fréquence et en intensité.
00:50 Quand on calcule des températures moyennes,
01:03 que ce soit sur une année ou sur un mois,
01:05 d'abord on fait appel aux observations météorologiques.
01:08 Ça peut être des températures enregistrées par des stations météorologiques
01:13 qui font partie des services météorologiques nationaux de la plupart des pays.
01:17 Ça peut être aussi sur l'océan, des températures qui sont enregistrées par des bouées
01:22 ou même par des bateaux.
01:24 La plupart des bateaux de commerce sont équipés de stations météo
01:28 qui enregistrent la température.
01:29 Et puis, depuis les années 1970,
01:32 on a des relevés de températures en surface par les satellites.
01:35 Généralement, on couple ces observations avec de la modélisation
01:39 qui nous permet d'avoir des températures partout dans le monde,
01:44 même là où il n'y a pas d'enregistrement de température.
01:47 Par exemple, au niveau européen, vous avez Copernicus.
01:50 Aux États-Unis, vous avez la NOAA qui est l'agence nationale.
01:54 Vous avez aussi l'Organisation météorologique mondiale
01:57 qui travaille sur ces données.
01:58 Dans la grande majorité des cas, il n'y a quasiment pas de différence.
02:07 Ou s'il y en a, c'est de l'ordre du dixième de degré.
02:10 Quand on fait une moyenne sur une année,
02:12 c'est pour comparer une année à une autre année
02:14 ou comparer une décennie à une autre décennie.
02:16 Une moyenne sur un mois donné,
02:18 c'est pour comparer une saison à une autre saison.
02:21 Donc c'est vraiment à prendre comme une métrique du réchauffement.
02:24 On sait qu'il y a des régions qui se réchauffent plus que d'autres.
02:26 L'Europe se réchauffe plus de deux fois plus vite que la moyenne globale.
02:30 Aujourd'hui, le réchauffement climatique, c'est de 1,5 à 1,5 fois plus rapide
02:39 que la moyenne globale.
02:40 C'est-à-dire que l'on peut se réchauffer plus vite
02:42 que la moyenne globale.
02:43 On peut se réchauffer plus vite que la moyenne globale.
02:45 On peut se réchauffer plus vite que la moyenne globale.
02:47 On peut se réchauffer plus vite que la moyenne globale.
02:49 On peut se réchauffer plus vite que la moyenne globale.
02:51 Aujourd'hui, le réchauffement climatique, c'est de 1,2 degré
02:55 par rapport à la période pré-industrielle.
02:57 Si on regarde une cartographie de ce réchauffement,
03:00 on voit qu'on a déjà un réchauffement de plusieurs degrés
03:04 dans la région arctique, de l'ordre de 3 à 4 degrés.
03:07 On voit que dans les régions tropicales, c'est moins que la moyenne.
03:10 Si on regarde à la surface des océans,
03:15 on voit qu'on est en dessous de 1 degré de réchauffement.
03:17 Donc ce qu'il faut bien comprendre, c'est que ce 1,2 degré de réchauffement,
03:20 c'est une moyenne entre les continents, qui se réchauffent plus que les océans,
03:24 et entre les régions continentales, qui se réchauffent plus ou moins vite.
03:27 Ce qu'on a observé en 2023,
03:36 le fait que ce soit une année record en termes de température,
03:39 c'est très probablement le fait qu'on est dans le cadre du changement climatique.
03:43 Donc un réchauffement qui s'intensifie année après année,
03:46 décennie après décennie.
03:48 Et le phénomène El Niño, qui est un pouvoir réchauffant au niveau global,
03:52 est venu se surajouter à cette tendance au réchauffement.
03:55 Donc c'est vraiment la combinaison du changement climatique d'origine humaine
03:59 et de la variabilité naturelle de notre climat.
04:01 Ce n'était pas une surprise pour nous, climatologues, qu'elle soit aussi chaude.
04:10 Elle faisait partie de l'ensemble des simulations climatiques qui ont été réalisées.
04:15 Alors elle était dans le haut du panier, mais elle était quand même dans le panier.
04:18 Les premiers mois de l'année 2024 sont des mois records.
04:24 Donc forcément 2024 sera certainement une année chaude,
04:27 mais à savoir si ça sera plus chaud que 2023, on n'en sait rien.
04:31 Sachant que le phénomène El Niño, qui est un pouvoir réchauffant au niveau global,
04:35 est en train de disparaître dans l'océan Pacifique
04:38 pour laisser des conditions qu'on appelle neutres dans notre jargon.
04:41 Est-ce que la réponse est oui à la question des températures en moyenne annuelle ?
04:45 Quand on parle de température en moyenne annuelle, la réponse est oui.
04:48 En revanche, si on regarde certaines régions ou certaines saisons,
04:52 la réponse peut être différente.
04:53 Par exemple, on s'est aperçu que les modèles de climat
04:56 sous-estiment l'évolution des températures estivales en Europe de l'Ouest.
05:01 Et aujourd'hui, c'est des questions de recherche ouvertes.
05:03 On essaye de comprendre quelles sont les raisons de ces simulations un peu minorées.
05:07 Les effets de serre
05:17 L'effet de serre, c'est un processus naturel.
05:19 On a l'état naturel des gaz à effet de serre dans notre atmosphère,
05:23 mais on en injecte par nos activités.
05:26 C'est essentiellement la combustion des énergies fossiles,
05:29 donc le pétrole, le charbon et le gaz.
05:31 Mais c'est aussi de l'ordre de 15 à 20 % le changement d'usage des terres.
05:36 Par exemple, la déforestation par le feu.
05:38 L'adaptation à ce changement climatique
05:45 Il y a d'abord l'adaptation à ce changement climatique
05:47 et puis l'atténuation, c'est-à-dire limiter au maximum le degré de réchauffement
05:52 pour limiter les conséquences de ce réchauffement.
05:54 L'adaptation à la déforestation
06:05 Pour ce qui concerne l'adaptation, elle est nécessaire
06:07 parce qu'aujourd'hui, on a déjà la moitié de la population sur Terre
06:11 qui vit dans des régions vulnérables ou même ultra vulnérables
06:14 aux impacts du changement climatique.
06:16 Et puis l'atténuation, elle est nécessaire
06:19 parce qu'on sait que les impacts du changement climatique,
06:21 comme les événements météorologiques extrêmes,
06:24 ils s'intensifient et ils se généralisent
06:26 pour chaque dixième de degré supplémentaire.
06:28 Donc il y a vraiment ces deux leviers à mener en parallèle
06:31 et l'un n'est pas plus important que l'autre.
06:33 ♪ ♪ ♪