Radio Cinema - Interview de David Serero réalisateur de ROCANCOURT, Le Film.
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00:00 Je me trouve actuellement avec David Serreiro, qui est le réalisateur du film "Rock en
00:05 cours, le film".
00:06 Et donc, David, bonjour.
00:07 Bonjour mon cher David.
00:08 Bienvenue à la radio du cinéma.
00:09 Merci, je suis tellement honoré.
00:10 Alors, je viens d'assister à la projection du film.
00:16 On va évidemment en débattre et en parler.
00:18 Mais au préalable, j'aimerais que vous vous présentiez aux auditeurs de la radio.
00:22 Donc si vous pouvez vous présenter en quelques mots, s'il vous plaît.
00:25 Avec grand plaisir.
00:26 D'abord, je tiens à vous dire que je suis honoré d'être sur votre radio.
00:29 Radio du cinéma, on ne peut pas faire mieux.
00:31 Vraiment, merci.
00:32 Tout simplement, je suis à la base chanteur d'opéra.
00:34 J'aime le spectacle.
00:35 J'aime jouer, le théâtre, le théâtre classique, l'opéra.
00:40 Et de là est venue la mise en scène, la production de spectacle.
00:44 Et naturellement, je suis venu à la mise en scène pour la caméra, l'écriture, au
00:49 film, à la production.
00:50 Et je me suis servi en fait de mes techniques de producteur de spectacle pour les aborder
00:56 dans le film.
00:57 Évidemment, ce film n'est pas votre premier opus.
01:00 Vous avez eu l'occasion d'en commettre bien plus au préalable.
01:03 Peut-être que vous pouvez nous détailler un petit peu ça.
01:05 Avec plaisir.
01:06 Le premier film que j'ai fait, ça date du Covid.
01:08 Parce que je produisais des spectacles, j'étais vraiment dans le spectacle.
01:11 Je savais que j'allais aller dans le film.
01:13 Et puis tout d'un coup, Covid, plus de spectacle.
01:15 Et donc, je me dis, je vais en profiter pour faire le film que je veux faire.
01:20 Et il y avait ce créateur de mode, Elie Tahari, qui est très connu aux Etats-Unis
01:25 et inconnu en France, qui vraiment me passionnait.
01:28 Et j'avais envie de faire un film sur lui, un documentaire sur lui.
01:32 Donc du coup, on a fait le film sur lui qui a été tout de suite un gros succès, qui
01:39 a été sélectionné dans plus d'une centaine de festivals, qui a gagné des dizaines et
01:42 des dizaines de prix.
01:43 Et donc, ça m'a ouvert vers d'autres films.
01:45 Comment est-ce qu'on arrive finalement ? Parce que d'après ce que j'ai pu comprendre,
01:49 vous êtes quand même très autonome dans le cadre de ce type de projet.
01:52 Vous produisez la quasi-totalité du projet dans son ensemble, le montage, la captation,
01:57 etc.
01:58 Votre équipe, finalement, c'est une équipe très légère.
02:00 Ça, finalement, c'est né en vous de quelle manière au tout départ ?
02:04 Comme dans le spectacle, j'ai repris un peu la même recette, c'est-à-dire où j'écrivais
02:10 les pièces, je les mettais en scène, je les produisais, j'en faisais la promotion.
02:15 Et également, je jouais un des premiers rôles.
02:19 Je faisais le casting, etc.
02:20 Je faisais les costumes, les décors, les accessoires.
02:24 Je faisais tout ça.
02:26 Et donc, après, dans le film, c'est devenu un peu pareil.
02:29 C'est-à-dire que j'ai commencé à filmer, à faire moi-même.
02:31 J'ai appris à faire le montage.
02:33 J'ai eu quand même la chance que pendant le Covid, il n'y avait rien d'autre à faire.
02:36 Donc, j'avais la patience d'apprendre et tout.
02:38 Et je me suis trouvé une passion pour le montage.
02:41 Vraiment.
02:42 Au fond, le Covid a révélé votre, on va dire, attirance forte pour le cinéma.
02:47 Complètement.
02:48 Et finalement, c'est une autre carrière qui est en train de démarrer.
02:50 Alors, pour info, moi, j'avais l'habitude du cinéma.
02:53 Parce que je jouais en tant qu'acteur, j'ai fait plus d'une centaine de films.
02:56 Donc, j'avais l'habitude des caméras, j'avais l'habitude de tout ça.
02:59 Là, on parle des États-Unis.
03:00 On parle des États-Unis.
03:01 Puisqu'en fait, on y viendra tout à l'heure.
03:02 Mais vous vivez entre la France et les États-Unis.
03:04 Exactement.
03:05 Mais en gros, on vous connaît plus aux États-Unis aujourd'hui qu'en France.
03:08 Complètement.
03:09 Donc, finalement, ce film est aussi une porte d'entrée un peu officielle et médiatique
03:13 pour vous révéler auprès du public français.
03:16 Mais pardon, j'extrapole un tout petit peu.
03:19 Mais j'aimerais qu'on revienne s'il vous plaît sur votre parcours de réalisateur
03:23 puisque vous avez créé ce film.
03:25 Et finalement, vous en avez fait cinq avant.
03:27 Vous pouvez peut-être un petit peu en parler.
03:29 Bien sûr.
03:30 J'ai fait le premier film sur Elita Hari, le créateur de mode.
03:33 Le deuxième, il a été sur Lisa Zwellos, la réalisatrice.
03:36 Donc là, encore un autre exercice que vous faites un film sur une réalisatrice.
03:40 Et ça, c'était le deuxième.
03:43 Et sur le troisième film, c'était sur un autre réalisateur qui s'appelle Elie Chouraki
03:51 que je n'ai pas sorti encore, mais dans lequel j'ai Claude Lelouch.
03:56 Enfin, j'ai des grands noms.
03:58 Et puis, j'en ai un sur le sculpteur Richard Rolinsky, celui qui fait les congues et tout ça.
04:03 Le maître de la résine.
04:05 Voilà.
04:06 C'est des films complètement différents.
04:08 Et surtout, j'ai un film sur la pianiste Hélène Grimaud.
04:12 Voyez, pianiste classique avec les loups, tout ça.
04:15 Donc, c'était des films complètement différents, des personnalités complètement différentes,
04:20 des styles de montage complètement différents.
04:23 Mais à chaque fois, une émotion, on ne s'ennuie pas.
04:27 Je me lasse très vite.
04:29 Et la même technique que j'utilisais dans la scène, c'est-à-dire où je travaille beaucoup avec les tests.
04:35 C'est-à-dire, je teste beaucoup avec les gens.
04:37 Je les regarde.
04:38 Ils s'ennuient.
04:39 Ils regardent le portable.
04:40 Ils sont machin.
04:41 Je sais où couper et j'écoute les critiques.
04:43 Vous voyez, les choses que les gens me disent, après, je dis, ah oui, d'accord, ok, je vais changer.
04:47 Donc, c'est la chance que j'ai d'avoir le film dans l'ordinateur.
04:51 C'est-à-dire qu'on me dit un truc, tout de suite, j'allume l'ordinateur.
04:55 Et le lendemain, je livre le DCP au cinéma.
04:59 J'envoie un nouveau lien.
05:00 Je les rends fous.
05:01 Parce qu'à chaque séance, presque, je la ramène un nouveau DCP.
05:05 Mais le film est en rodage, comme un spectacle est en rodage.
05:09 Je me dis pourquoi rester là-dessus ?
05:11 Parce que c'est vraiment ceux qui se déplacent, qui payent la place de cinéma,
05:14 qui, à la fin, sont la finalité de ce que va être votre film.
05:18 Donc, eux, c'est très important de les écouter, en fait.
05:23 Ce que je retiens, en fait, c'est que tous les gens que vous venez de citer sont unanimement des artistes,
05:28 exception faite aux derniers cités.
05:31 Est-ce que, pour le coup, vous considérez Christophe Reconcour comme un artiste ?
05:35 Ça fait tellement plaisir, vous dites ça, en fait.
05:37 Parce que, je dis toujours, tel Victor Hugo est un génie dans son écriture,
05:43 Christophe Reconcour est un génie dans son art.
05:46 Il en a fait un art.
05:48 Il a poussé vraiment cette approche psychologique, cette machination, ce côté presque...
06:00 Bien entendu, il le dit, c'est pas le bon Dieu, c'est le diable qui est venu.
06:05 Michel Deniso dit cette phrase, "Christophe Reconcour, c'est un braqueur de cerveau."
06:10 Et j'ai relevé ça, j'ai trouvé ça assez incroyable.
06:14 Il est ça, parce que là, les gens voient que l'escroquerie...
06:18 Moi, j'ai pas de fascination pour l'escroquerie, j'ai aucune admiration pour l'escroquerie.
06:23 Et vraiment, je souhaite à personne de se faire escroquer, vraiment.
06:27 Mais je dois dire que j'ai une fascination de la façon avec laquelle il a monté ça.
06:33 Et c'est le seul à avoir fait ça.
06:35 Et surtout, comme il le dit dans le film, c'est historique.
06:37 Quand vous dites qu'il a monté, il a scénarisé.
06:39 En fait, on est très proche d'un environnement cinématographique,
06:43 puisque les conséquences, elles sont pas les mêmes,
06:45 mais le cheminement intellectuel, et je voulais vous entretenir de ça,
06:49 je trouve que dans le film que vous restituez,
06:52 il me semble qu'on perçoit aussi la progression d'un véritable scénario,
06:57 avec une construction évidemment qui est un peu différente,
07:00 mais l'énigme pourrait correspondre à un véritable scénario de film.
07:04 Vous confirmez ça ?
07:05 Oui, c'est ça.
07:06 En fait, il n'y a aucune étape de sa vie qui ne pourrait échapper à une production hollywoodienne.
07:14 Mais encore une fois, le grand problème qu'il y a eu avant,
07:17 pour lequel les films sur lui ne se sont pas faits,
07:20 où il n'y a eu que des reportages, etc.,
07:22 c'est qu'on parlait à sa place.
07:25 On ne peut pas parler à sa place.
07:27 Il n'y a pas deux recours sur Terre.
07:30 Il n'y a personne qui peut parler à sa place.
07:32 Et ce qui était très important, c'était de partir vraiment,
07:37 même pas de lui, de ses parents,
07:40 pour comprendre de là où il vient.
07:43 Et ce n'était pas juste, OK, son histoire s'arrête quand il sort de prison aux États-Unis.
07:48 Ce qui était important, c'était tout l'après, la reconstruction.
07:52 Comment est-ce qu'on vit quand vous avez cette étiquette qui dit "l'escroc des stars", etc.,
07:56 alors qu'aucune star n'a été escroquée ?
07:58 On le montre, on montre le casier judiciaire, on montre tout ça.
08:02 Et aussi, son chemin de vie partout, il est passé.
08:06 Il fait deux ans en prison de la santé, on l'arrête avec des faux billets.
08:10 Vous voyez ? Il est plongé dedans, il n'a rien à voir avec tout ça.
08:14 Est-ce que moi, si j'avais eu sa vie,
08:18 est-ce que peut-être je ne serais pas aujourd'hui Christophe Reconcour ?
08:21 Est-ce que moi, je n'ai pas aussi fabriqué Reconcour ?
08:24 Quand quelqu'un me dit "Oui, oui, monsieur, ne me parlez pas."
08:27 Moi, vous êtes "Oh, mais oui, mais bien sûr."
08:30 Vous voyez ce que je veux dire ? Est-ce qu'on n'a pas fabriqué ça ?
08:33 Moi, je faisais partie de ces gens-là, c'est pour ça que je dis beaucoup
08:36 que ce film m'a décrassé l'âme.
08:38 Parce que moi, je faisais partie de ces gens qui disaient
08:41 "Attention, il a fait de la prison, méfie-toi."
08:43 Vous voyez ce que je veux dire ?
08:45 Maintenant, je me dis "Mais qui je suis, moi, pour juger quelqu'un qui a payé sa tête ?"
08:50 Donc, c'est ce que j'espère que les gens qui voient ce film pourront se dire.
08:56 Et également, pourront comprendre que dans la vie,
08:59 même si moi, je n'y croyais pas au début,
09:02 mais il y a vraiment des gens qui ne démarrent pas forcément sur la même ligne de départ que nous tous.
09:07 Et ça, c'est quelque chose auquel je ne croyais pas.
09:09 Je disais "Non, non, ce n'est pas vrai, moi, j'ai..."
09:11 Non, il y a toujours beaucoup plus malheureux que soi.
09:14 Et puis, ces gens qui n'avaient rien à imaginer,
09:18 vous êtes dans les années 70, 80, le soir d'hiver, un mardi,
09:23 au fin fond de la campagne, qu'est-ce qu'il y a à faire ?
09:26 Il y a trois chaînes de télé, il n'y a rien à faire.
09:30 Oui, surtout qu'on n'a pas évoqué, on va y revenir évidemment,
09:33 mais son parcours familial d'enfant, il est évidemment particulièrement chaotique, cabossé.
09:39 Et donc, forcément, cette réflexion que vous venez d'inclure dans cette conversation,
09:43 elle est étroitement liée à ce parcours familial,
09:46 pour citer les choses de manière un peu claire.
09:49 Son papa travaille dans les dockers, avec une vie relativement physique, difficile.
09:56 Sa maman fait le plus vieux métier du monde, comme Christophe l'explique dans son film.
10:01 Et donc, évidemment, il y a des scènes de ménage dont il est témoin assez régulièrement dans le foyer familial.
10:07 Et tout ça, forcément, ça sème un climat qui, intellectuellement,
10:11 peut-être rend le personnage beaucoup plus mature qu'il ne devrait l'être.
10:17 Et comme il dit, en fait, par moments, il a besoin de rêver, de penser à autre chose,
10:22 et de voir la vie et la société de manière différente.
10:25 Oui, ça fait plaisir ce que vous dites, vraiment.
10:28 Vous avez une analyse vraiment très pointue et excellente du film.
10:32 Ça me touche beaucoup, vraiment, merci.
10:35 Et ce qui est beau, en plus, dans ça, c'est qu'on aurait pu croire qu'un enfant qui a grandi,
10:40 qui a vu de la violence, quand lui, il est père, il répète ça.
10:44 Vous savez, on dit, on répète ce qu'on a vu.
10:47 Et en fait, il est tout l'inverse. C'est un papa poule.
10:51 Il se réveille deux fois dans la nuit pour être sûr que les enfants dorment bien, qu'il n'y ait pas de...
10:56 Il appelle... Il supplie sa fille de bien travailler à l'école, d'avoir des bonnes notes, d'avoir tout ça.
11:02 Tant qu'il ne touchera jamais, il n'aura jamais un cheveu sur ses enfants.
11:07 Donc, c'est quelqu'un qui a beaucoup, beaucoup de...
11:12 Il a appris sa leçon, il a vu les dégâts de l'alcool, il a vu les dégâts de la violence.
11:19 Et aujourd'hui, il est contre ça.
11:21 Mais en même temps, il avait ce côté de gentil.
11:24 C'est un gentil, Christophe Pogoncourt.
11:26 Mais en même temps, il avait appris, il avait les armes pour se défendre.
11:30 Parce que justement, à cette époque, il a créé cet instinct de survie.
11:34 Vous savez, vous imaginez, il a 16 ans, il dort dans le métro.
11:38 Vous imaginez les gens qui ont dû venir l'embêter à cette époque.
11:42 Donc, toute sa vie, il a dû se défendre.
11:44 Et ce qui fait vraiment de la peine, des fois, c'est de voir qu'il rentre en France, il a purgé sa peine.
11:50 Et là encore, il doit se défendre contre des gens qui lui disent "Vous êtes un sale type, vous avez fait ça, vous avez..."
11:56 Oui, je l'ai fait, j'ai payé ma dette.
11:58 Maintenant, est-ce qu'il n'a pas la légitimité de raconter son histoire ?
12:04 Quand on fait un film sur Zidane, est-ce qu'on démarre en lui disant "Le coup de boule" ?
12:10 Vous voyez ce que je veux dire ?
12:12 On peut en parler, ça fait partie de la chose.
12:15 Il accepte, il le regrette, mais en même temps, je pense qu'il a non seulement le droit à la rédemption,
12:24 mais il a obtenu sa rédemption.
12:27 Et ces mêmes gens qui pourraient critiquer Christophe Reconcour, ces mêmes gens n'ont aucun problème
12:34 à mettre une photo de Mao ou de Staline, ou de regarder un film sur la guerre,
12:40 ou de regarder un film sur le loup de Wall Street.
12:45 Vous voyez ce que je veux dire ?
12:47 Mais parce que c'est lui qui raconte, parce qu'il est français, ça fait penser à Napoléon,
12:52 parce que je suis un fan de Napoléon, je lis beaucoup.
12:54 D'ailleurs j'ai redécouvert l'histoire de France, j'ai regardé tous les livres que j'ai achetés,
12:58 après c'était les livres de Napoléon, parce que moi j'avais pratiquement plus de livres.
13:01 Vous allez dans le monde entier, on dit "Napoléon, le génie, le machin",
13:05 vous arrivez en France, il casse sa statue.
13:08 Donc aux Etats-Unis, les gens connaissent Reconcour.
13:13 Oui, il y a une forme d'admiration par rapport finalement à l'histoire,
13:19 quand on isole un peu le côté factuel et qu'on observe ça de manière un petit peu narrative,
13:28 on se rend compte quand même que l'histoire, entre guillemets, elle est assez incroyable.
13:32 Et ça les Américains, je pense que ça les a séduits.
13:35 On a oublié quand même d'évoquer quelque chose de très important,
13:38 c'est qu'avant de faire le film, il faut avoir l'idée et il faut rencontrer le personnage.
13:43 Ça je pense que c'est important que les auditeurs aient connaissance de comment cette idée,
13:49 comment vous avez réussi à vous intéresser à Christophe Reconcour.
13:52 Et j'ai cru comprendre que pour l'approcher, il y a un stratagème qui vous appartient bien à vous.
13:58 Si vous pouvez déployer tout ça, c'est intéressant.
14:01 C'est une technique américaine en fait, c'est qu'aux Etats-Unis, les avocats sont un peu comme des agents.
14:08 Donc moi, j'ai toujours approché les avocats même en France comme des agents.
14:13 Et donc j'ai identifié qui étaient...
14:15 - Quand tu dis des agents, c'est dire des aides quoi, des gens qui...
14:17 - Des managers qui dirigent.
14:20 Tandis qu'en France, il y a vraiment la distinction,
14:22 vous allez voir un avocat quand vous avez un problème légal,
14:25 quand vous avez une question légale.
14:27 Et puis le manager, l'agent, c'est celui qui gère,
14:30 de vous trouver des offres, des contrats, etc.
14:32 Et donc en fait, ce qui se passe, c'est que j'ai identifié qui était l'avocat d'Euroconcours,
14:38 qui est Jérôme Bronsiquan, qui est un avocat brillant, qu'on voit d'ailleurs dans le film.
14:42 Et j'ai fait une séance avec lui, une consultation avec lui.
14:45 Et je lui ai montré ce que je faisais.
14:48 Il a été tout de suite très réactif et dès le lendemain, il a contacté Jérôme.
14:52 Parce qu'en fait, ils sont dans l'obligation après.
14:54 Quand vous envoyez une offre écrite à l'avocat, l'avocat est obligé de le transmettre.
14:58 Et aux Etats-Unis, c'est pareil, en France aussi.
15:00 Et donc après, il peut refuser, mais il voit.
15:02 Et donc il voit le travail et Christophe n'avait pas envie de faire un autre documentaire, un autre film.
15:07 Il n'avait pas envie.
15:08 Il disait "non, c'est mal passé, j'ai eu du reportage qui était vachement incharge, j'avais pas envie de ça".
15:13 Je lui ai dit "moi, je ne suis pas là pour vous juger, moi je ne suis pas journaliste".
15:17 Pardon, je ne veux pas dire que les journalistes jugent, ce n'est pas du tout ça que je dis.
15:21 Mais moi, ce qui m'intéresse, c'est le fait que je sois acteur, la mise en scène, etc.
15:27 C'était la psychologie du personnage.
15:29 Et finalement, le narratif de l'intégralité du personnage.
15:32 Parce qu'effectivement, on a fait la lumière sur une partie, entre guillemets, de l'aspect un peu négatif du personnage.
15:40 Mais à la finale, il y a souvent une explication aux choses.
15:43 Et là, je pense que vous avez voulu raconter, non pas finalement la partie lumière qui l'a porté très haut,
15:51 et puis finalement, la descente du très bas.
15:53 Mais bien en amont, tout ce qui s'est passé d'un point de vue familial, etc.
15:59 Oui, en fait, j'ai divisé le film, je crois, en 12-13 parties.
16:05 Et j'ai voulu que toutes ces parties soient égales en termes de timing.
16:12 Je crois que c'était des parties de 5 minutes.
16:16 A la base, c'était 12, mais je concentre vachement les choses essentielles.
16:21 Parce qu'une phrase forte parle beaucoup plus que 5 phrases non pas fortes.
16:26 Et lui, Christophe, justement, il a le don de la punchline, il a le don de la philosophie.
16:32 Que beaucoup de gens, d'ailleurs, qui ont connu l'enfer carcéral, qui ont connu la prison sur le long terme, ont cette philosophie.
16:39 Je ne parle pas des petites voyous, de la petite contrebande qui attaquent les grands-mères et qui brûlent les voitures.
16:44 Je ne parle pas de ces gens-là.
16:46 Je parle des anciens. Ces gens-là, j'en ai rencontrés beaucoup, parce que Christophe en connaît beaucoup.
16:51 Et d'ailleurs, il y en a un qui fait partie du film, qui est Daniel Bélanger, qui est une des plus grandes figures du grand banditisme.
16:57 Et lui, pareil, une philosophie de vie où il dit "la peur n'évite pas le danger".
17:02 Quand il parle de l'adrénaline, c'est quelqu'un qui a connu la cavale.
17:07 Tout ça, donc il peut expliquer ce qui se passe aussi.
17:10 Christophe le dit, mais pour des besoins visuels, j'aime bien qu'il se passe toujours quelque chose.
17:15 J'aime bien qu'on passe d'un truc à l'autre. Des fois, je vais un peu trop vite.
17:18 Je pense que vous avez entièrement raison.
17:21 Je vais un peu trop vite des fois, mais en fait, on est toujours inquiet quand on fait le film.
17:26 Une fois qu'on voit qu'on est dans un stage, je me dis "ça va".
17:29 Alors, vous réussissez à le convaincre, et donc là démarre finalement cette histoire. Là, on est en quelle année ?
17:35 Là, on est en mois d'août 2023.
17:38 D'accord, donc c'est vraiment... Tout s'est accéléré très rapidement.
17:41 Parce que moi, je lui ai dit... En fait, lui, il était... Je ne sais pas si le mot agacé, c'est le bon mot,
17:47 mais il en avait un petit peu marre où il vendait les droits, où il signait pour des films qui ne se faisaient jamais.
17:54 Et il y avait une demande pas possible.
17:56 Alors, la plupart du temps, c'était lui qui disait "ça ne me convient pas" ou "l'histoire démarrait des Etats-Unis"
18:02 ou "l'histoire était américanisée".
18:04 Je vous interroge juste un instant, mais c'est important de préciser.
18:06 Bien sûr.
18:07 Il y a un certain nombre de grands réalisateurs américains que vous allez nous citer, qui se sont intéressés au buffet.
18:11 Michael Mann.
18:12 Voilà. Le résident de Hoot.
18:14 Michael Mann est venu le voir en prison aux Etats-Unis.
18:18 Il y a Thomas Langman aussi qui est venu le voir en prison.
18:21 Et Thomas Langman, c'était le premier à voir... J'arrive pas à la cheville de Thomas Langman, ça c'est évident.
18:26 Mais il a fait la chose. Et moi, j'ai toujours...
18:30 Vous avez parlé également de Martin Scorsese.
18:32 Il a eu tout le monde. Il y avait Al Pacino à un moment qui était intéressé.
18:37 En France, il y a eu Vincent Cassel.
18:39 Il y avait tout un tas d'acteurs qui voulaient le jouer, le raconter.
18:44 Mais il manquait quelque chose dans l'équation.
18:48 Donc soit, par exemple, le côté Langman, c'était Edward Norton qui devait jouer son rôle,
18:54 mais l'histoire partait d'Edward Norton qui vient d'un patelin américain et qui arrive à Los Angeles.
19:00 Christophe dit non, il n'y a pas la barrière de la langue. On est aux Etats-Unis.
19:04 Les gens ne comprennent pas ce que c'est que la langue.
19:06 Oui, ça s'américanisait un peu trop.
19:08 Et d'autres, en France, c'était une histoire trop française.
19:11 Il n'y avait pas le rythme américain.
19:13 Ils essayaient d'en faire un Jacques Messrine.
19:16 C'est deux personnalités complètement différentes.
19:19 Messrine, il prend le flingue, il tue.
19:21 Donc en cours, non, avec le cerveau.
19:23 Donc moi, je lui dis, regarde, je signe avec toi, je tourne lundi.
19:30 Peu importe le jour de la semaine où tu signes avec moi, le lundi, on tourne.
19:35 Moi, c'était tout de suite.
19:37 Et effectivement, j'avais ironiquement deux films presque que j'avais commencé à tourner avant Rocancourt.
19:45 Et j'ai fait passer Rocancourt avant.
19:47 Donc là, j'ai deux films d'avance en fait, qui sont faits, que je vais sortir plus tard.
19:51 Un sur Christian Clavier, un où j'ai Jean Reno, Didier Bourdon, Philippe Lachaud,
19:57 enfin tous les plus grands stars.
19:59 Et j'ai un sur Grégory Zahoui, qui est le cerveau de la fraude à la taxe carbone.
20:03 Donc là aussi, je rentre dans un monde un petit peu, vous voyez, où il y a la prison qui rentre dans l'équation.
20:09 Mais Zahoui et Rocancourt sont deux opposés complètement.
20:14 Mais Zahoui, c'était l'État.
20:17 Donc vous n'avez pas la personne en face de vous.
20:21 Vous êtes devant un ordinateur.
20:23 Rocancourt, c'est autre chose.
20:25 Il y a un travail d'acteur, il y a un travail de jeu.
20:27 C'est pour ça que je lui dis, la première chose, c'était, quand j'ai un rendez-vous, je le répète avant chez moi.
20:32 Je répète les questions.
20:34 Quand je dois appeler quelqu'un, une conversation importante, je note avant sur un papier.
20:39 Voilà, quel est mon objectif ? Comme un acteur.
20:42 Mon objectif, c'est d'obtenir ça.
20:44 Voilà les questions, les points que je dois parler.
20:46 Donc je répète.
20:48 Alors, je voulais vous demander, par rapport à la question, qu'est-ce que vous pensez que vous pourriez...
20:51 Je répète, je m'enregistre des fois pour écouter un peu le ton que j'utilise.
20:55 Si je ne parais pas trop agressif, etc.
20:58 D'arrondir un peu le truc.
21:00 Et en fait, ce qui est intéressant avec lui, c'est qu'il dit non, je ne répète pas.
21:08 Vous vous entraînez, vous répétez, il dit non, je suis dedans.
21:11 Il vit dedans, le moment.
21:13 Il dit si je répète, c'est faux.
21:15 Oui, je pense que c'est assez palpable dans ce film.
21:18 Et tous les grands acteurs me disent si je répète, je ne suis plus dans le truc.
21:21 C'est faux.
21:22 Alors, donc, d'un point de vue technique, ce film en fait, vous avez quasiment tout fait vous-même, pratiquement.
21:29 Sans rentrer trop dans le détail, ça coûte cher de fabriquer un film comme ça ?
21:32 Non, non, je peux vous dire dans le détail.
21:34 Oh, c'est quelques centaines de milliers de dollars, mais ce n'est pas lundi que vous payez.
21:41 Vous voyez, ça s'étale sur plusieurs mois.
21:44 Si moi, je devais payer un réalisateur, si je devais payer un monteur, si je devais payer plus de caméraman,
21:50 parce que je suis sur place et tout, là, on est aux millions d'euros faciles.
21:55 Mais parce que je fais tout moi-même, tout seul, je cumule.
22:01 Oui, vous compactez les budgets.
22:02 Je compacte les budgets.
22:03 Et du coup, vous arrivez à vous en sortir finalement avec quoi ?
22:05 100, 200 000 euros le film ?
22:07 Oui, un petit peu plus quand même, autour des 300.
22:10 D'accord, qui est quand même un budget extrêmement modeste pour un long métrage.
22:14 Pour un long métrage qui est un documentaire.
22:16 Mais comme vous l'avez si bien dit, il y a plein de couches superposées.
22:20 Oui, il y a une hybridation.
22:22 On peut parler vraiment…
22:23 C'est toi qui m'as dit une hybridation ?
22:24 Oui, oui.
22:25 C'est magnifique.
22:26 C'est-à-dire qu'en fait, on pourrait voir ça, si on pouvait métaphoriser par rapport à un plat, c'est un peu des lasagnes.
22:32 C'est-à-dire qu'en fait, chaque étape correspond, étage, correspond finalement à une vision du film différente.
22:40 Il y a une partie très documentée.
22:42 On voit même des images de Christophe Rocancourt de l'époque.
22:46 On y voit aussi une partie, je pense, il y a une poursuite à un moment donné où c'est une véritable scène de film.
22:52 Alors ça, pour le coup, vous l'avez tourné avec des moyens, j'imagine, très cinématographiques.
22:57 Cinématographiques, mais en fait, beaucoup de cette scène, la scène, elle est simple.
23:01 Mais ce qui génère la dynamique, c'est le son.
23:06 Et en fait, j'ai pris les voitures, ce n'est pas des Ferrari, mais j'ai pris le son de Ferrari et de Formule 1.
23:12 Et en fait, j'ai superposé les voitures.
23:15 Donc, vous avez le son.
23:16 Vous avez créé votre lasagne.
23:17 Voilà, parce que vous avez le son de la voiture qui fait « min, min ».
23:22 Et en fait, je l'ai doublé en changeant la note du « min ».
23:28 Donc, j'ai fait « min, min ».
23:30 Ah, donc le musicien, c'est aussi régulier.
23:32 J'ai mis plusieurs notes différentes.
23:34 Il y en a un, je l'ai chargé en aiguë, l'autre, je l'ai chargé en grave.
23:37 Et en fait, ce que je me suis habitué, c'est que vu que j'ai l'audio qui est très développé,
23:44 je fermais les yeux et j'écoutais au casque.
23:47 Est-ce que j'arrive à comprendre qu'il y a une voiture qui est passée devant moi, comme ça ?
23:51 Est-ce qu'on sent un moment le vent ?
23:53 Je rajoute un peu de…
23:55 Alors, je dois avouer que le son, qui à mon avis est un élément prépondérant dans un film,
24:00 pour le coup, je l'ai fortement distingué.
24:04 Parce que dans votre film, en fait, le son est un acteur à part entière.
24:08 C'est-à-dire qu'en fait, il vient absolument habiller certaines scènes
24:14 où finalement, la scène en elle-même, elle est assez simpliste.
24:19 En revanche, le son vient générer une sorte de triangulation
24:24 et émotionnellement, on est dans autre chose.
24:28 Et ça, c'est vrai que ça fonctionne parfaitement.
24:31 C'est pareil quand il y a la course-poursuite, quand il se retrouve dans le parking de la police.
24:36 Ça, c'est complètement fou.
24:38 Il est en fuite, il a les gangs derrière lui, il défonce une porte de parking,
24:42 il rentre avec un flingue et il y a des voitures de police avec les shérifs en face de lui.
24:48 Il a l'arme.
24:49 C'est complètement fou.
24:51 L'endroit où il ne fallait pas être, c'était vraiment ça.
24:54 Et là, pareil.
24:55 Là, je passe du noir complet à l'image.
24:58 Noir complet, image.
24:59 Noir complet, image.
25:00 Et je le divise en séquences.
25:02 Et après, je superpose.
25:04 On le voit, lui, aujourd'hui, avec les mains droites.
25:08 Et je mets dessus les lumières de la police pour comprendre la folie qu'il y a derrière.
25:12 Et la musique, presque tribal.
25:17 Et ça monte, ça monte, ça monte.
25:19 Jusqu'à ce que ça s'arrête.
25:21 Et après, tout de suite, boum, la réalité.
25:23 Les photos, les mugshots, c'est-à-dire les photos quand vous êtes arrêté,
25:28 avec le nom, le numéro de quasi, etc.
25:31 Avec la date exacte.
25:33 Et lui qui raconte tout ça.
25:36 Donc, c'est vraiment...
25:39 J'aurais jamais pu faire ce film si avant, j'avais pas fait tous les films que j'ai eus avant.
25:44 Parce que tous ces films-là m'ont amené à arriver à faire ça correctement.
25:48 Et je dois dire, depuis que j'ai fait ce film "Reconcours", j'ai plus peur de rien.
25:53 En tant que monteur, en tant que réalisateur,
25:56 même j'ai fait l'étalonnage, moi qui ai dû apprendre à le faire.
26:00 Et pareil, je vais dans les salles, je dis, tiens, la couleur, j'aime bien.
26:04 C'était quoi le réglage ?
26:05 Ok, c'était ça, ok, d'accord.
26:07 Et des fois, les gens me disent, mais attends, il est en journée, mais t'es un peu sombre.
26:11 Je dis, oui, mais ce qu'il dit est sombre.
26:14 D'accord, vous analysez de manière très technique.
26:17 Voilà.
26:18 Vos observations deviennent maintenant, pour le coup, des outils pour vos futures productions.
26:23 Oui, complètement.
26:24 J'imagine que Christophe a vu le film, bien entendu.
26:26 Oui.
26:27 Qu'est-ce qu'il en a pensé ?
26:28 Alors, je vais vous dire, contrairement à ce qu'on pourrait croire, déjà,
26:31 il ne m'a jamais mis une seule directive.
26:34 Il m'a jamais dit qu'est-ce qu'il voulait et qu'est-ce qu'il ne voulait pas dans le film.
26:38 Et surtout, il ne m'a jamais dit, non, retire ça, mais pas ça,
26:42 ou parle plus de ça, ou tiens ça, tiens ça.
26:44 Jamais, jamais, jamais, jamais.
26:46 J'ai toujours été tout seul à faire le truc.
26:49 Donc, je vais montrer un premier squelette en janvier,
26:53 et puis en février, un truc un petit peu plus déjà rempli.
26:57 Et puis après, je vais juste montrer la première minute.
27:00 Certains rêvent de plusieurs vies, un homme a choisi de toutes les vivre.
27:06 Il a adoré cette phrase.
27:08 Et après, reconcours, boum.
27:10 Et après, le reste, il l'a découvert à la première, le 3 avril.
27:15 Et il est sorti, il m'a dit, et tout le monde est venu me voir,
27:19 que ce soit l'avocat, tous ces gens-là, ils m'ont dit, mais David...
27:23 Parce qu'il y a une émotion à la fin auquel on ne s'attend pas.
27:26 Il y a un message à la fin auquel on ne s'attend pas.
27:29 Personne à ses enfants...
27:33 On ne va pas le dévoiler, surtout pas.
27:34 On ne va pas dévoiler, mais il y a un message qui, à la fin, boum, vous prend.
27:39 Et je vais même vous faire une petite confidence.
27:41 J'ai eu l'idée hier, mais c'était trop court pour le rajouter pour la séance d'aujourd'hui,
27:46 parce que ça prend 8 heures pour ingester le DCP,
27:49 mais pour demain, ça va y être.
27:51 Et toutes les autres séances, j'ai rajouté la chanson avec le temps.
27:55 Parce qu'il dit, Léo Ferré dit, ces pauvres gens ne prennent pas froid, etc.
28:02 Et ça, imaginez que vous n'avez pas connu qu'un parent vous dit, ne prend pas froid.
28:07 Des choses qui nous embêtent quand on a enfant.
28:10 Le goûter, non, mais c'est bon.
28:13 Et j'ai rajouté cette chanson parce que c'est le temps avec lui qui est...
28:18 On ne sait pas si c'est son ami ou si c'est son ennemi.
28:22 Et j'ai trouvé, avec le temps, tout s'en va.
28:26 Et en même temps, on voit son image qui va vers le noir, qui s'en va.
28:31 Est-ce que pour lui, ça a été une forme de thérapie ?
28:34 Le film, je pense que oui.
28:37 Même si lui, il dit qu'il ne rend de compte à personne.
28:42 C'est pas quelqu'un qui cherche la lumière, contrairement à ce qu'on pourrait croire.
28:45 C'est pas quelqu'un qui cherche la lumière,
28:47 c'est pas quelqu'un qui souhaite se justifier
28:50 ou qui est dans le "politiquement correct" parce qu'il a une certaine image, etc.
28:56 Lui, pas du tout. Lui, il a fait sa vie, son épopée, etc.
29:02 Et aujourd'hui, c'est vrai que, contrairement à un acteur ou un chanteur
29:05 qui revient avec un nouvel album ou qui revient avec un nouveau film,
29:09 lui, il a eu une histoire.
29:11 C'est pour ça que cette histoire, elle était très précieuse.
29:13 Et moi, je me suis vraiment attentionné à cette histoire.
29:17 Mais Dieu fait partie de toute sa vie.
29:20 Depuis son enfance, déjà dans "Les Jésuites", il est baptisé.
29:25 Il est baptisé, surtout, sans Dieu.
29:27 Il évoquerait souvent Sainte Thérèse,
29:29 qui était une sœur que vénérait son père.
29:34 Et il y a eu une sorte de transmission très clairement établie dans le film.
29:39 Et ça, il l'évoque de manière très concrète.
29:41 Et il l'évoque pour les générations d'après lui.
29:43 Il l'évoque aussi, et puis en même temps...
29:45 En particulier pour son fils.
29:47 Il a ce rapport quand il est dans la caravane, qu'il vit avec ses parents,
29:51 et c'est l'abbé Renard qui vient et qui lui amène à manger.
29:55 Donc en même temps, il y a ces gens aussi, ces prêtres, ces curés,
29:58 qui aident aussi les pauvres.
30:01 Et ils n'avaient rien.
30:03 Ils répètent deux fois la phrase, d'ailleurs je le garde dans le film.
30:07 "On était pauvres, on n'avait rien, nous. On n'avait rien. On n'avait rien."
30:11 Et c'est très fort qu'il le répète plusieurs fois,
30:14 mais avec des couleurs très différentes.
30:16 Ce que je retiens de Christophe Reconcour,
30:18 c'est que ça reste quand même un personnage un peu de type dandy.
30:21 Pour moi, c'est un dandy.
30:23 C'est un Arsène Lupin.
30:25 C'est quelqu'un qui reste particulièrement élégant.
30:27 Y compris dans des situations qui sont très équivoques.
30:31 Je trouve que le mot "violence", chez lui,
30:35 il a une résonance qui est plutôt d'ordre passif.
30:39 Surtout parce qu'il y a une violence psychologique.
30:42 Quand je dis "passif", c'est-à-dire qu'il n'a rien de physique dans sa façon d'être.
30:47 Le mot "violence", effectivement, passe par la psychologie.
30:50 Là, évidemment, c'est un terrain de jeu extrêmement important pour lui.
30:54 Il en a fait la démonstration à plusieurs reprises.
30:57 On vient de parler de ce film, évidemment,
31:00 qui est une étape dans votre carrière professionnelle.
31:03 Derrière ça, vous avez peut-être l'intention d'enchaîner avec des choses peut-être plus ambitieuses,
31:09 où ça restera toujours des sortes de portraits de personnages.
31:13 Ou peut-être vous aventurer sur des productions un peu plus ambitieuses.
31:18 D'abord, le documentaire, c'est ce qu'il y a de plus dur.
31:21 Parce que vous ne savez pas ce que la personne va dire.
31:23 Donc c'est tellement plus facile d'écrire et de dire "tiens, tu dis ça, tu dis ça, tu dis ça",
31:27 et construire l'histoire.
31:29 Parce que c'est un vrai puzzle, le documentaire.
31:31 Il faut que la phrase aille avec ça, qu'il aille avec ça, qu'il aille avec ça.
31:34 Donc, moi, je pensais que c'était plus facile, mais c'est tellement plus dur.
31:38 J'ai quelques séries d'action en tête, un film d'action, mais mélangées avec de la réalité.
31:49 Je parle d'un film sur le Mossad, sur les services secrets du Mossad,
31:55 où on mélangerait des archives, des trucs d'époque, avec une histoire réelle aujourd'hui.
32:01 Moi, j'aime un petit peu le nouveau et l'ancien.
32:04 Alors, à la radio du cinéma, il y a une petite tradition, et je vais me permettre de vous la soumettre.
32:09 Avec plaisir.
32:10 Donc, on arrive au terme de cette interview, et à chaque fin d'interview, je demande à la personne d'invité
32:17 qu'il me cite son film préféré.
32:19 Est-ce que vous auriez la gentillesse de me citer votre film préféré ?
32:22 Avec grand plaisir. J'ai envie de vous dire, c'est celui sur lequel je suis en train de travailler.
32:26 Donc, je ne vais pas être très original.
32:28 Aujourd'hui, mon film préféré, c'est vraiment "Reconcours".
32:30 Avant, il y a des films comme "Goodfellas", comme "Casino", où il y a vraiment de tout dedans.
32:36 Si vous deviez partir sur une île déserte avec un seul film, vous amèneriez lequel ?
32:40 Je pense que je prendrais... Ouais, peut-être "Les Affranchis", "Goodfellas".
32:47 On ne t'a jamais dit d'aller te faire foutre, Tommy.
32:49 Genre, les oreilles qui décollent. C'est pas un vrai Spider, t'as pas pu dire ça.
32:56 Tiens, c'est pour toi. Quel mec de merde. Grand respect pour ce gosse.
33:00 Putain, faut en avoir un traqué dans la culasse. T'es dans le vrai fiston.
33:03 Faut se laisser emmerder par personne.
33:05 Bah merde, il lui tire dans le pied, il lui dit d'aller se faire foutre.
33:07 Mais enfin, tu vas pas le laisser s'en tirer comme ça.
33:12 Est-ce que tu vas laisser ce petit morveux te parler comme ça ? C'est pas vrai, je rêve.
33:14 On se demande où est le monde.
33:16 Voilà, t'as vu où il va le monde ? Ça te coupe, hein ?
33:22 Il y a pareil, il y a ce chemin de vie un peu à la ranconcours.
33:25 Avec cette chute à la fin.
33:27 Et à vouloir trop gagner, on finit par perdre sa vie.
33:30 Donc c'est vraiment...
33:32 Ranconcours est dans toutes les histoires.
33:34 C'est pas faux.
33:36 Alors, pour faire un bon film, je pense que le son, c'est quelque chose qui vous est très cher.
33:40 Et donc du coup, je vais vous demander s'il y a une musique que vous affectionnez
33:43 ou un compositeur que vous affectionnez en particulier.
33:46 Je pense... Ennio Morricone, c'est ça ?
33:49 Bien sûr.
33:50 C'est un de ses plus beaux sons.
33:52 C'est un de ses plus beaux sons.
33:54 C'est un de ses plus beaux sons.
33:56 C'est un de ses plus beaux sons.
33:58 C'est un de ses plus beaux sons.
34:00 C'est un de ses plus beaux sons.
34:02 C'est un de ses plus beaux sons.
34:04 C'est un de ses plus beaux sons.
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34:22 C'est un de ses plus beaux sons.
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34:32 C'est un de ses plus beaux sons.
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34:42 C'est un de ses plus beaux sons.
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