A quoi sert la Banque de France dans la Loire ? Comment travaille une direction départementale ? Quel est son rôle auprès du monde économique et des particuliers? Les explications du nouveau directeur départemental de la Banque de France dans la Loire : Philippe Kiehl, invité de 7 Minutes Chrono sur TL7.
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00:15 Bonjour à tous, bienvenue. 7 minutes Renault, chaque jour sur TL7, la parole aux personnalités du département.
00:20 Et c'est une personnalité du monde économique que j'ai le plaisir d'accueillir aujourd'hui, Philippe Kyl, directeur départemental de la Banque de France dans la Loire.
00:27 Philippe Kyl, bonjour. Bonjour. Merci beaucoup de venir nous voir aujourd'hui pour présenter ce qu'est une direction départementale de la Banque de France et puis votre rôle.
00:35 Philippe Kyl, vous venez d'arriver dans le département, ça fait quelques mois maintenant. Présentez-nous la Banque de France dans la Loire et vos missions.
00:43 La Banque de France, c'est quoi finalement ? En fait, c'est le gardien de la monnaie, le défenseur, on va dire, c'est un petit peu dans l'air du temps, le football, le défenseur de la monnaie.
00:53 C'est quoi la monnaie finalement ? C'est en fait représenter, faire en sorte que la valeur de la monnaie tienne dans le temps, c'est notre lutte contre l'inflation, donc c'est un premier rôle.
01:02 La monnaie, c'est quoi aussi ? C'est l'épargne, faire en sorte que l'épargne soit garantie, soit de bonne qualité, que le crédit soit de bonne qualité, qu'il soit remboursé.
01:10 Et surtout aussi pour le grand public, notamment, c'est que les moyens de paiement soient sûrs. C'est ça vraiment les rôles d'une banque centrale, être le gardien, le défenseur de la monnaie.
01:19 On pourrait imaginer que le rôle central, un rôle national suffise, pourquoi des délégations dans chaque département ?
01:24 Effectivement, une banque centrale en local, cela peut sembler paradoxal, on va dire, je fais des rimes.
01:30 Donc en fait, pour pouvoir mener ce travail, il s'agit d'être au plus près du terrain, parce qu'en fait, on est au plus près de la qualité, de la connaissance,
01:40 au plus près du terrain, pardon, on est au plus près du terrain avec la connaissance la plus fine du territoire.
01:45 Et donc pour ceci, on a donc une trentaine, une petite trentaine de personnes à Saint-Etienne, sachant que la Banque de France à Saint-Etienne est implantée depuis 1836.
01:53 – Dans le bâtiment historique qu'on connaît tous.
01:55 – Rue d'Arcole, effectivement, 1836, donc l'une des premières qui a été implantée en province.
02:00 Et donc par rapport à ceci, pourquoi finalement on est sur le territoire ?
02:03 Parce que pour connaître la qualité du crédit des banques, par exemple, on doit connaître la santé financière des entreprises.
02:08 Et donc on suit les 4000 plus grosses entreprises du territoire, par exemple, qu'on rencontre et pour lesquelles on analyse la situation financière, par exemple.
02:15 – C'est des rencontres que vous faites, des auditions dont vous vous rencontrez, comment ça se passe ?
02:20 – On fait, ce n'est pas une audition dans le sens, on ne convoque pas, on n'est pas le tribunal du tout.
02:24 Ce sont des entretiens, on est vraiment un facilitateur de dialogue entre les banques et les entreprises, c'est vraiment notre ADN.
02:30 – Alors justement, quel est le moral, comment va le département économiquement au vu des entreprises que vous consultez ?
02:35 – Actuellement, on va dire que le tissu économique ligérien est plutôt solide, il y a une bonne base.
02:40 Par contre, en dynamique, le département souffre.
02:43 Je veux dire, à la suite du Covid et de la reprise de 2021, les données économiques montrent plutôt des données très stabilisées.
02:50 On est vraiment sur un manque de tonus à l'heure actuelle, que ce soit sur le commerce, l'industrie, le bâtiment, les services, c'est un petit peu compliqué à l'heure actuelle.
02:59 – Alors si on se compare aux autres, c'est ce qui est intéressant, c'est de se comparer.
03:01 C'est-à-dire que vos études remontent à la Banque Centrale qui peut comparer chaque département.
03:06 Comment est-ce qu'on se positionne en termes de santé économique ?
03:08 – Malheureusement, le département est un peu en décrochage par rapport à la région et par rapport au national, et ceci sur toutes les strates.
03:15 Donc ça veut dire qu'effectivement, je dis, il y a un bon fonds, un niveau de solidité assez important pour les entreprises.
03:21 Par contre, la dynamique est un petit peu faible à l'heure actuelle.
03:23 – La régulation bancaire, vous en parliez, donc regardez ce qui se passe en termes de crédit.
03:27 On dit aujourd'hui que les banques ne jouent plus le jeu, que les taux sont effarants, du coup l'immobilier est en berne.
03:32 Vous êtes aussi garant du travail que font les banques pour dynamiser l'économie, à la fois des entreprises et des particuliers ?
03:38 – Alors notre mission centrale, je le rappelle, c'est avant tout de lutter contre la hausse des prix.
03:41 Donc effectivement, on a augmenté les taux de manière assez forte ces derniers temps.
03:45 Et effectivement, ça a des conséquences sur le dynamisme économique.
03:47 Pour autant, le but, ce n'est pas non plus de casser l'économie.
03:50 Donc il s'agit de trouver un bon équilibre entre les taux et l'économie.
03:53 – Et effectivement, au niveau du crédit, actuellement, qu'est-ce qu'on constate ?
03:55 Effectivement, pour les entreprises, le crédit est encore là.
03:58 Alors effectivement, les entreprises se désendettent plutôt.
04:00 Donc on va dire qu'il y a plutôt une légère baisse du crédit aux entreprises.
04:04 Par contre, effectivement, pour les ménages, je le rappelle, on revient d'une dizaine d'années,
04:08 de crédits extraordinaires, en matière de crédit à l'habitat.
04:10 Effectivement, le crédit à l'habitat est en fort recul début 2024, à l'heure actuelle.
04:15 – Envers les particuliers, comment est-ce qu'intervient la Banque de France ?
04:19 On ne va pas se mentir, on a tous une peur panique de la Banque de France,
04:23 quand on y bâtit une Banque de France.
04:24 Comment est-ce que vous fonctionnez ? Quels sont les services que vous apportez ?
04:27 Quelles sont les relations que vous avez avec les particuliers que nous sommes ?
04:29 – Alors le message que je souhaite faire passer, c'est que nous protégeons finalement
04:32 les ménages en difficulté financière.
04:33 On n'intribue pas d'allocations, mais on les protège.
04:35 Comment ? En fait, on a cinq services.
04:37 Le premier service, c'est déjà de restructurer les dettes financières
04:39 des ménages en difficulté financière.
04:41 C'est à peu près 1 500 ménages par an sur les départements.
04:43 – Restructurer, ça veut dire quoi ?
04:44 – Restructurer, ça signifie donner du temps, allonger dans le temps
04:48 les remboursements à assurer, voire effacer en partie les dettes que les ménages ont.
04:53 – Et là, vous constatez qu'il y a une hausse de ce type de cas aujourd'hui
04:56 avec la crise que nous vivons ?
04:57 – Il y a une hausse récente qui date de l'automne dernier 2023.
05:00 Effectivement, on a sur plus 11% à peu près de hausse de dépôts
05:03 de sites sur endettement, mais on est encore en-dessous, je dirais,
05:06 des années 2017-2018 par exemple.
05:08 – Alors je vous ai coupé, il reste quatre autres volets.
05:10 – Il y a effectivement le premier service qui est le traitement
05:12 des difficultés financières des ménages, ensuite il y a de l'information bancaire
05:16 au niveau des ménages, on ne gère pas de litiges,
05:18 donc on informe les ménages sur la réglementation bancaire et assurancielle,
05:23 on attribue des comptes aux personnes qui n'en disposent pas,
05:26 il faut quand même savoir qu'il y a à peu près 300 ménages
05:28 pour lesquels on demande à une banque d'ouvrir un compte,
05:31 également on tient le fameux fichier des incidents bancaires, des ménages,
05:36 et là l'idée c'est de dire que si, imaginons,
05:38 je perds ma carte bancaire et qu'elle soit volée,
05:40 je suis bien content que finalement les autres organismes le sachent,
05:44 donc finalement je suis protégé, j'ai reçu un chèque impayé,
05:47 en tant que commerçant je suis bien content de savoir
05:49 que la personne ne fera pas un chèque impayé par exemple, voyez,
05:52 donc c'est aussi un rôle de protection.
05:54 Et le cinquième volet, c'est le volet en amont,
05:56 c'est ce qu'on appelle l'éducation financière des ménages.
05:58 – Et on se rend compte qu'il y a de vraies lacunes à ce niveau-là,
06:01 l'éducation financière c'est-à-dire tenir un budget, ça s'apprend aussi ?
06:05 – Effectivement ce n'était pas prévu à l'école, donc à ce titre-là,
06:07 la Banque de France a conclu un accord avec l'éducation nationale
06:10 et normalement dans toutes les classes de quatrième,
06:12 les jeunes passent ce qu'on appelle un passeport d'éducation financière,
06:15 donc c'est vraiment passer des grands messages, des grandes notions.
06:18 Après dans le fil du temps, on met en œuvre des supports pédagogiques
06:22 qu'on transmet à nos relais, qui sont notamment les travailleurs sociaux,
06:25 pour lesquels le rôle c'est de développer,
06:28 de diffuser cette culture au sein de la population.
06:30 – Philippe, il nous reste très peu de temps,
06:32 on va quand même prendre un petit peu de temps.
06:34 L'impact de la Banque de France sur l'économie locale,
06:37 quels sont les leviers que vous pouvez actionner
06:41 pour faire évoluer certaines tendances, je ne sais pas ?
06:44 – Donc en fait, nous, notre rôle étant d'analyser
06:46 la situation financière des entreprises, la notation a un impact sur le crédit bancaire.
06:49 Si la note est de bonne qualité, les banquiers auront plutôt tendance
06:53 à prêter plus facilement.
06:55 – C'est votre sceau, c'est le sceau Banque de France ?
06:57 – C'est notre sceau, on n'est pas le seul, la banque a bien sûr
07:00 toute l'attitude dans l'octroi du crédit, mais on a quand même
07:02 un rôle d'influence forte.
07:04 Et la nouveauté, c'est surtout qu'on va intégrer ce qu'on appelle
07:06 la transition climatique, ça c'est un gros changement,
07:08 on va vraiment verdir la Banque de France dans les années à venir.
07:11 C'est de faire en sorte que un crédit soit durable,
07:14 dans le sens, pour financer la transition écologique.
07:16 – Donc les entreprises qui joueront la carte du développement durable,
07:19 du respect de l'environnement, seront privilégiées,
07:21 auront une meilleure note que d'autres ?
07:23 – Auront une meilleure note, auront des conditions meilleures,
07:25 des prêts bonifiés, on ne connaît pas encore les modalités pratiques,
07:27 mais en tout cas, on a démarré, on a entamé cette démarche extrêmement forte.
07:30 – On va terminer avec un déménagement, on connaît votre site historique
07:34 de la rue d'Arcole, que vous vous apprêtez à quitter,
07:36 pour rejoindre Château-Creux, ça veut dire quoi pour vos services ?
07:40 J'imagine que ça nécessite une réorganisation, une manière de revoir les choses.
07:44 Et puis très vite, quels sont vos projets, vous, nouveau directeur départemental,
07:48 qui venez d'arriver ?
07:49 – Donc par rapport au déménagement, effectivement, on va quitter
07:51 à l'été 2025 nos locaux rue d'Arcole, pour aller à Château-Creux,
07:54 à One Station, en face de la gare, effectivement.
07:56 Alors l'idée, c'est de normalement apporter un service supplémentaire aux usagers,
07:59 donc en fait l'accueil sera moins intimidant que des grands barreaux
08:03 et des caméras de partout.
08:05 Pour le personnel, bien sûr, des conditions de travail bien améliorées,
08:07 et également, on sera très visible, on sera en face de la gare.
08:10 Donc effectivement, à ce titre-là, on déménage à l'été 2025,
08:12 et également, on va ouvrir nos anciens locaux actuels,
08:15 aux journées du patrimoine, donc le 21 septembre, à titre exceptionnel,
08:18 on va ouvrir nos locaux pour expliquer nos missions.
08:21 Ensuite, par rapport aux projets, donc les gros projets, c'est en verdure,
08:24 on est dans la ville des verres, verdure, ça signifie quoi ?
08:27 C'est ces nouveaux locaux qui seront bien plus économes pour nous,
08:29 et surtout, comment dire, faciliter cette transition climatique, énergétique,
08:33 en attribuant une note complémentaire à la note financière,
08:37 qui s'appelle donc un indicateur climatique.
08:39 – Merci mille fois Philippe Kiel, directeur départemental de la Banque de France.
08:42 C'est passionnant d'être venu nous expliquer l'ensemble des missions.
08:46 Alors c'était très court, mais quand même, merci beaucoup d'être venu nous voir,
08:48 merci à vous de nous avoir suivi, on se retrouve demain, même heure, sur TLC.
08:52 À demain.
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