À 9h20, France Inter rend hommage à la chanteuse Françoise Hardy, qui vient de mourir à 80 ans, avec Didier Varrod, directeur musical de Radio France, mais aussi des artistes qui sont venus parler de leur relation artistique avec elle. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-interview-de-9h20/l-itw-de-9h20-du-mercredi-12-juin-2024-6068592
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00:00France Inter, le 7-10.
00:07Et Léa, on poursuit avec vous et vos invités l'hommage à François Zardy.
00:11Maman est partie, c'est avec ses mots postés hier soir vers 23h30 sur son compte Instagram
00:17que Thomas Dutronc a annoncé la mort de sa mère, François Zardy, elle avait 80 ans.
00:21On va continuer ce matin de lui dire adieu.
00:24Elle qui a bercé l'enfance, je sais, de beaucoup d'auditeurs
00:28qui nous a tous marqués avec cette voix si douce qu'on vient d'entendre,
00:30avec ce timbre si particulier, si singulier, avec ces mélodies qui étaient belles à pleurer.
00:35Elle qui reste aujourd'hui une icône du style pour beaucoup de jeunes aussi.
00:39Dans cette demi-heure, on sera avec Clara Luciani, avec Sheila, avec Juliette Armanet,
00:43avec Alain Chanfort et puis évidemment avec Didier Varro qui est avec moi,
00:47le directeur de la musique de Radio France.
00:49Vous qui la connaissiez si bien Didier, qui avait réalisé avec elle en 2016 le podcast
00:54Comment te dire Ardy ? 9 épisodes d'une heure, c'était une série d'été
00:59que j'ai réécoutée d'ailleurs partiellement cette nuit et que je conseille vivement.
01:02Si vous deviez garder une image d'elle Didier, un qualificatif, une impression
01:07qui restera pour vous de Françoise Zardy ?
01:10Un mot qui est aussi une chanson, la question.
01:13Qui était sa chanson préférée, Thomas Dutronc vous avez dit ça.
01:17Chaque fois que je sortais de chez elle, je me posais beaucoup de questions
01:21en me disant au fond, est-ce qu'elle a compris l'admiration que je lui voue ?
01:26Au fond, est-ce qu'elle a envie de faire ce qu'on lui demande de faire ?
01:30J'étais toujours plein de questionnements, c'est un mystère.
01:33Dao avait écrit un livre sur Françoise Zardy qui s'appelait « Star et ermite »
01:38et je pense que le côté ermite a toujours surpassé le côté star évidemment.
01:43C'est une femme tellement imprévisible dans sa frontalité, dans sa franchise
01:49et dans ses questionnements aussi qu'il était très difficile de dire
01:52« je connais très bien Françoise Zardy ».
01:54On va parler de sa frontalité, on va parler de sa solitude aussi,
01:57de cette vie d'ermite qu'elle avait choisie et qu'elle avait subie également.
02:01Mais on est en ligne avec Clara Luciani.
02:04Clara, bonjour à vous, on vous compare souvent dans les portraits à Françoise Zardy,
02:09même allure, même style. Qu'est-ce qui vous traverse ce matin ?
02:13Bonjour Léa, je suis inconsolable.
02:18La seule chose que je me dis, c'est que son départ signe aussi l'arrêt de ses souffrances.
02:26C'est ce que j'essaie de garder en tête ce matin, mais c'est très très dur.
02:32Vous la connaissiez, vous l'avez beaucoup vue, vous vous échangez avec elle ?
02:38Oui, Françoise Zardy, je ne l'ai rencontrée que trois fois,
02:41mais après ça, on est rentré dans une relation épistolaire qui était à la fois très désuète et très touchante.
02:49C'était pour moi une bonne fée depuis le tout début.
02:54Je ne sais plus qui lui avait envoyé mon album avant même qu'il soit sorti.
03:00Françoise s'était mis en tête de faire un peu mon attache de presse.
03:03Elle l'avait envoyé à tout le monde en disant que c'était super.
03:07Au début, mon album avait rencontré un franc, un succès, et ça l'a révolté.
03:12Elle disait que ce n'était pas normal et qu'il fallait que ça marche.
03:16J'ai eu la chance de rencontrer la Françoise Zardy, ange gardien, dont je me souviendrai toute ma vie.
03:24Au-delà de la musique, au-delà de ce côté ange gardien et le fait qu'elle vous ait soutenue dès le début,
03:29vous aimiez la femme aussi, vous aimiez sa liberté de ton, son anticonformisme, ce côté dont parlait Didier Varro.
03:35Il y avait une vraie liberté en elle, presque imprévisible.
03:39Totalement, et puis qu'il cohabitait aussi avec une timidité et un manque d'assurance qui étaient fous.
03:45Quand on voyait arriver cette femme comme ça, si gracieuse, si élégante,
03:48on ne pouvait pas imaginer une seule seconde qu'elle puisse douter de sa beauté.
03:52Je crois que c'est une des choses qui me touchaient le plus chez elle.
03:55C'est le manque d'assurance, c'était fou.
03:59Votre chanson préférée d'elle, Clara Luciani ?
04:03Jusqu'à présent, ça a été comme Didier, la question.
04:06On a monté un hommage à Françoise et j'ai eu la chance d'entendre Thomas Dutronc chanter « Doigts ».
04:13Cette chanson-là, chantée par Thomas, ça m'a touchée en plein cœur.
04:17Depuis, elle me hante, sa version.
04:20Thomas, pareil, était un peu mal assuré quand il la chantait.
04:23Il doutait vachement de lui et je lui ai dit « Thomas, c'est une des plus belles choses que j'ai jamais entendues ».
04:27Je pense à lui très très fort ce matin.
04:29Je lui envoie vraiment tout mon amour.
04:31Je sais qu'ils avaient une relation très particulière.
04:33D'ailleurs, le dernier mail que j'ai de Françoise, c'est un mail où elle me dit que le plus grand bonheur de sa vie, ça a été d'avoir Thomas.
04:42Merci Clara Luciani.
04:44Thomas Dutronc, on pense à lui évidemment ce matin.
04:47Il était avec nous en janvier dernier dans ce studio pour nous parler du concert exceptionnel dont parlait Clara Luciani,
04:53auquel elle avait participé, que vous aviez organisé Didier Varro, ici à Radio France pour l'Hyper Festival.
04:58Un concert hommage à Françoise Hardy.
05:00Et elle ne le voulait pas, elle vous a engueulé.
05:02Comme d'habitude, elle m'a engueulé.
05:04Elle m'a dit « Mais mon pauvre Didier, pourquoi ça ? Attendez que je sois morte.
05:07Au moins, ça aura peut-être un intérêt. »
05:09Et encore.
05:10Ce qui était extraordinaire, c'est qu'elle m'a un peu mis au placard sur cette initiative.
05:16Et deux jours après, trois jours après, elle a commencé à m'envoyer des listes de chansons,
05:21toutes plus inconnues les unes que les autres, bien évidemment.
05:25Surtout pas « Tous les garçons et les filles » dont elle avait honte.
05:28C'est ça, « Tout le temps de l'amour », ces chansons improbables pour elle,
05:31dont elle ne comprenait pas sincèrement pourquoi elles avaient autant touché les gens.
05:36Et finalement, on a réussi avec Ambroise Sage, qui réalisait artistiquement cet hommage,
05:42à intégrer petit à petit toutes ces chansons qu'elle désirait ardemment.
05:46« La solitude et les souffrances », Thomas Dutronc nous en avait parlé.
05:49Il avait parlé de sa mère lors de cet entretien en janvier dernier,
05:52comme rarement il s'était livré, on va l'écouter.
05:54Il parle de la solitude de sa mère, qui est due à l'enfance,
05:58qui est due à sa propre mère, à sa propre grand-mère,
06:01et aussi à la vie avec Jacques Dutronc. Thomas Dutronc.
06:04Il y a une sorte peut-être de solitude qu'elle a vécue toute sa vie.
06:08Ça, ça fait partie de sa psychologie profonde.
06:10On ne va pas en parler comme ça, il y a très peu de gens qui nous écoutent.
06:12Là, on est entre nous.
06:13Oui, bien sûr.
06:14Mais ça fait partie de sa vie et de sa psychologie profonde.
06:16C'était une femme qui a choisi d'être seule.
06:19De la manière dont elle a été élevée, sa mère, ma grand-mère,
06:23qui était une femme très courageuse, mais très dure,
06:26à qui elle-même, on a dit quand elle est née, on ne voulait pas de toi.
06:29C'est mon arrière-grand-mère.
06:31Elle a élevé ses deux filles seules.
06:33Elle les levait à 5h du matin pour les faire travailler,
06:36qu'elles réussissent bien à l'école et tout.
06:37C'est assez particulier.
06:39Ma mère comme ça, avec l'histoire avec mon père fantastique d'amour.
06:43Parfois, on l'a senti un petit peu frustré peut-être
06:46de ne pas avoir un peu plus, de partager plus de choses avec mon cher et fantastique papa.
06:52Cheyla est avec nous. Bonjour Cheyla.
06:54Bonjour.
06:56Vous étiez avec Françoise Hardy et Sylvie Vartan, le trio de femmes des Yéyés.
07:01Vous avez été son amie jusqu'au bout.
07:03Vous avez continué à échanger avec elle jusqu'au bout, Cheyla ?
07:07Alors moi, j'ai eu Françoise il y a encore, je crois, 400 jours.
07:12J'avoue que moi, je viens de la prendre ce matin parce que j'étais occupée hier.
07:16Je suis, comme vous l'imaginez bien, j'ai perdu mon âme sœur.
07:21C'est moi, Françoise, c'est mon pilier.
07:25Je viens de perdre ma canne.
07:28C'est un peu compliqué.
07:30On sait qu'elle a beaucoup souffert de la maladie.
07:34Vous lui avez parlé les 4 derniers jours, il y a 4 jours encore.
07:39Quels ont été les derniers moments ?
07:42Françoise, moi, c'était des longs mails.
07:46Je la faisais participer à la vie un peu à l'extérieur.
07:52J'avais envie de savoir comment elle allait.
07:54Elle parlait avec moi.
07:56J'ai traversé avec elle ses souffrances, ses envies de mourir.
08:02Quelque part, vous savez, nous, les gens qui l'aimions, ses amis intimes,
08:08on est tous déchirés.
08:10Dans ces moments-là, il faut aussi penser à elle.
08:13Elle n'avait qu'une envie, c'était de s'en aller.
08:15Pour elle, c'était un désespoir de laisser Thomas,
08:19qui était quand même l'amour de sa vie, avec Jacques.
08:22Mais ça, c'est une autre histoire.
08:24Mais bon, sa vie était un enfer.
08:28Je suis très admirative du courage qu'elle a eu.
08:32Franchement, ça fait des années que ça dure.
08:35Ça ne faisait qu'empirer.
08:39Même le dernier traitement qu'elle avait eu, qu'elle pensait être bon pour elle,
08:43nous l'ont plutôt encore emmené plus loin.
08:46Quelle image vous gardez ?
08:49Moi, je n'ai pas d'image.
08:51Moi, Françoise, je vous l'ai dit, c'est votre calme.
08:54Je n'ai pas d'image de Françoise.
08:56Françoise, c'est mon cœur.
08:58Françoise, c'est ma vie.
09:00C'est quelqu'un qui, pour moi, est irremplaçable.
09:05Je sais, je crois à l'au-delà.
09:07C'est un peu différent pour moi.
09:09Je sais qu'elle sera là.
09:11Mais c'est vrai que c'est un pan de vie.
09:13C'est 60 ans de vie, ce n'est pas toujours.
09:16C'est toute une histoire, tout un parcours.
09:19Donc, c'est compliqué.
09:21C'est vrai que ces 60 ans de vie,
09:23avec des parcours très différents,
09:26mais avec cette admiration et ce respect
09:29que Françoise vouait à Sheila.
09:31Je peux le dire, ce matin à Sheila,
09:34Françoise disait qu'elle était très touchée
09:37par la présence constante de Sheila.
09:39Ce n'était plus si souvent le cas.
09:42Il y a quelques personnes
09:44qui ne demandaient plus de ses nouvelles.
09:46Elle le comprenait.
09:47Elle disait que ce n'était pas très agréable
09:49de vivre avec quelqu'un qui est en souffrance,
09:51qui est malade.
09:52Et Sheila était là.
09:54Je veux lui dire, ce matin,
09:56que dans sa peine,
09:57Françoise a été très reconnaissante
10:00et très touchée de ça.
10:02Pour moi, c'est tellement normal,
10:05tellement évident.
10:07Il y a des moments dans la vie
10:12où les mots, ça ne veut rien dire.
10:15Je pense qu'on est tous les deux,
10:18parce qu'on se connaît bien tous les deux aussi.
10:21On sait ce qu'on partage avec elle.
10:24On ne peut être que...
10:27se tenir droit pour elle
10:30et être content pour elle.
10:32C'est sûr parce qu'elle nous engueulerait presque
10:34de nous entendre peut-être pleurer.
10:36Je pense que si elle nous entend,
10:38elle va se dire
10:39« Mais qu'est-ce qu'ils ont à jamber ces deux-là encore ? »
10:41Merci beaucoup, Sheila, d'avoir été avec nous.
10:44Elle représentait les trois,
10:47Sheila, Sylvie Martin et Françoise Hardy.
10:51La femme française.
10:53Françoise Hardy, en plus,
10:55incarnait le chic absolu.
10:57Elle a rendu fous les hommes.
10:59On a parlé de David Bowie, de Bob Dylan,
11:01de Mick Jagger qui étaient amoureux d'elle.
11:03Ou plus récemment du groupe Blur aussi.
11:05Les millions de jeunes femmes
11:08qui voulaient s'habiller comme elle,
11:10se coiffer comme elle, la fameuse frange,
11:12le style Courrèges, etc.
11:14Elle était très mal à l'aise avec tout ça.
11:16Elle n'aimait pas, elle ne comprenait pas,
11:18elle ne se vivait pas du tout comme icône.
11:20Elle n'aimait pas la notoriété.
11:22Tout ça l'embarrassait.
11:24Déjà sur sa beauté stupéfiante
11:26qui était incroyable.
11:28Je peux dire qu'elle est restée belle jusqu'au bout.
11:30Le visage était d'une beauté
11:32même dans les derniers instants.
11:34C'est sûrement dû,
11:36et Thomas l'a un peu dit
11:38dans votre entretien,
11:40à sa grand-mère qui lui disait qu'elle était laide.
11:42Qu'elle était grosse, même.
11:44Comme elle le disait dans l'entretien.
11:46Ça doit constituer quelque chose
11:48d'un peu difficile.
11:50Ça n'a pas réparé.
11:52Jacques et Françoise.
11:54Jacques Dutronc, Françoise Hardy.
11:56Histoire passionnelle, couple mythique.
11:58Puisque vous partez en voyage.
12:18Vous avez posé vos bagages.
12:20Marche à vos côtés du couloir.
12:22Et pour les grands signaux d'usage.
12:24J'ai préparé mon grand bourgeois.
12:26Alors, avec Jacques Dutronc,
12:28Hardy, j'ai connu avec lui
12:30le meilleur et le pire.
12:32C'est quelqu'un qui, pendant des années,
12:34était relativement absent.
12:36Et même quand il était là,
12:38il avait l'impression
12:40qu'il n'était pas là.
12:42Il avait l'impression
12:44qu'il n'était pas là.
12:46On a beaucoup parlé de ce couple.
12:48Elle a souffert avec lui.
12:50Même Thomas nous le disait.
12:52Très étonnamment,
12:54c'est la femme d'un seul homme
12:56et d'un seul amour.
12:58Elle a d'ailleurs écrit un livre
13:00qui s'appelle L'amour fou,
13:02qui est stupéfiant, romanesque.
13:04En même temps, on se dit,
13:06dans cette époque,
13:08comment est-ce possible
13:10d'être convaincu
13:12qu'on peut être la femme
13:14C'est qu'elle a réussi,
13:16grâce à cette philosophie de l'amour,
13:18assez romanesque et romantique,
13:20à transcender
13:22cette relation et à faire
13:24que finalement, Jacques et elle,
13:26dans des vies différentes,
13:28séparées,
13:30puissent être peut-être encore plus ensemble
13:32à partir du moment
13:34où ils se sont vraiment séparés et désaimés.
13:36Et il était là jusqu'au bout.
13:38Il se parlait tous les jours.
13:40Il se parlait tous les jours.
13:42Juliette Armana est avec nous.
13:44Juliette, les icônes des années 70
13:46partent les unes après les autres.
13:48Jane Birkin l'an dernier, Françoise Hardy aujourd'hui,
13:50en portant avec elle les souvenirs d'enfance
13:52de beaucoup d'auditeurs et de vous aussi,
13:54j'imagine, Juliette.
13:56Quelle image vous gardez d'elle ?
13:58Qu'est-ce qui vous traverse ce matin ?
14:00Bonjour Léa.
14:02Je crois que je suis comme la France entière.
14:04J'ai des chagrins
14:06vissés au cœur
14:08et au corps.
14:10Ce qui est sûr, c'est que
14:12Françoise Hardy a imposé une voix,
14:14une façon de chanter
14:16qui était tellement nouvelle aussi.
14:18Cette manière de poser
14:20les notes, cette voie
14:22comme ça, presque un peu
14:24blanche
14:26qui était en même temps extrêmement
14:28qui pouvait s'envoler comme ça dans les airs.
14:30C'était une nouvelle manière
14:32de chanter en fait aussi en France.
14:34Donc oui,
14:36elle a bercé ma vie.
14:38Elle m'a inspirée.
14:40Elle m'inspirera toujours.
14:42J'ai eu tellement de chance
14:44parce qu'elle a été ma marraine
14:46de mes toutes premières victoires de la musique.
14:48On ne s'est jamais lâchées.
14:50Elle et moi, on a toujours continué à s'écrire.
14:52Elle a même fait
14:54le thème astral de mon fils.
14:56On avait une jolie
14:58relation. J'avais beaucoup de chance
15:00parce qu'elle écrivait des mails
15:02très élégants, tout à fait à son image.
15:04Et puis elle avait un franc
15:06qui était assez rare.
15:08Une personnalité
15:10très insolite,
15:12à la fois tendre et assez
15:14aiguisée aussi.
15:16Elle pouvait être intransigeante ?
15:18Elle pouvait vous envoyer parfois des messages
15:20un peu cash ?
15:22Bien sûr.
15:24C'est très précieux d'avoir quelqu'un
15:26qui...
15:28Quand elle faisait des compliments,
15:30je savais qu'ils étaient...
15:32qu'ils venaient vraiment
15:34de quelque part.
15:36Elle avait toujours cette exigence
15:38que j'aimais beaucoup.
15:40Elle écoutait vraiment
15:42toute la nouvelle génération.
15:44C'est grâce à elle que j'ai pu
15:46être mise en contact avec le groupe
15:48Cigarette After Sex parce qu'elle les adorait
15:50et ils l'adorent aussi.
15:52Elle est restée
15:54très connectée à la musique d'aujourd'hui
15:56avec ces codes à elle
15:58qui étaient, je pense,
16:00très attachés à la question de la mélodie.
16:02Et ça, c'est quelque chose qui me touche particulièrement.
16:04Obsessionnel.
16:06Obsessionnel sur la mélodie.
16:08D'ailleurs, ça m'intéresse plus que les paroles.
16:10Elle disait qu'il faut que la mélodie soit magique.
16:12Je ne veux pas qu'elle soit moderne,
16:14je veux qu'elle soit magique.
16:16Magique, sinon je n'écris pas.
16:18Elle a jeté beaucoup de mélodies
16:20fabuleuses parce que
16:22ça ne l'inspirait pas.
16:24Juste, je voulais dire parce que Françoise,
16:26une des dernières fois que je l'ai vue,
16:28elle m'a offert deux vinyles.
16:30C'est les deux derniers vinyles qui sont sortis.
16:32Elle m'a dit, j'aimerais bien que tu les apportes
16:34à Juliette Armanet.
16:36C'est une sorte de message personnel
16:38avec ces chansons les plus belles,
16:40parfois les plus inconnues.
16:42Je trouve que c'est aussi ça,
16:44Françoise Hardy.
16:46Merci beaucoup. Merci Juliette d'avoir été avec nous.
16:48Je voudrais une dernière réaction.
16:50C'est Alain Chanfort
16:52qui a été le musicien de Jacques Dutronc
16:54qui est avec nous.
16:56Alain, merci d'être avec nous.
16:58J'imagine que vous partagez aussi,
17:00on a entendu Clara Luciani,
17:02on a entendu l'émotion de Sheila,
17:04Juliette Armanet à l'instant.
17:06Vous aussi, on imagine que
17:08ça vous touche particulièrement.
17:10Oui, bien entendu.
17:12Même si on s'y attendait
17:14parce qu'on était tous un peu avertis
17:16de sa situation
17:18et qu'elle avait elle-même
17:20souhaité mettre un terme
17:22à ses souffrances.
17:24J'avais projeté d'aller voir Jacques
17:26cette semaine.
17:28Tout est un peu chamboulé
17:30mais c'est vrai
17:32que c'est une perte
17:34importante pour nous,
17:36artistes, pour la chanson,
17:38pour les années que ça représente.
17:40Sa place dans la musique,
17:42la place de Françoise Hardy à vos yeux
17:44dans la musique des années 60,
17:4670, 80, 90,
17:48ensuite ?
17:50Je crois qu'elle avait une place très
17:52personnelle parce qu'elle était, comme on dit,
17:54très exigeante, elle était intègre,
17:56elle avait ce
17:58sentiment de chercher
18:00la vérité et que si
18:02la mélodie ne lui convenait pas,
18:04elle le disait
18:06sans aucune gêne.
18:08Il y a beaucoup de bruits
18:10qui passent en même temps que je parle
18:12et qui sont assez dérangeants.
18:14Non, on ne les entend pas, non.
18:16Pas du tout.
18:18Elle faisait
18:20confiance à son instinct
18:22et je crois qu'elle a eu raison
18:24parce qu'à chaque fois, elle a quand même
18:26prouvé qu'elle ne se trompait pas.
18:28Mais c'est vrai que la mélodie était
18:30la priorité absolue
18:32et après c'est ce qui lui permettait
18:34de pouvoir exprimer
18:36sa mélancolie,
18:38ses souffrances,
18:40sa vie personnelle, parce que c'est surtout ça
18:42qu'elle nous a raconté toute sa vie.
18:44Merci beaucoup Alain Chanfort aussi
18:46d'avoir réagi à notre micro.
18:48Merci Didier Varro. Je voulais finir avec la passion
18:50pour sa vie, son fils Thomas qui nous disait
18:52ému en janvier dernier,
18:54combien son lien était fort avec sa mère
18:56et on pense à lui évidemment ce matin.
18:58On l'écoute.
19:00Souvent aussi, elle me dit qu'elle a envie de rester là
19:02pour moi, pour ne pas que je sois trop triste
19:04et puis pour suivre un petit peu ce que je fais.
19:06C'est joli ça.
19:08Il y a beaucoup d'amour entre nous.
19:10C'est vrai qu'elle me dit souvent que
19:12ce qu'elle a vécu de plus beau finalement, c'est les années d'enfance
19:14qu'on a eues ensemble.
19:16C'est un peu émouvant. Je crois qu'elle est aussi peut-être arrivée
19:18dans une époque
19:20où elle a envie de transmettre
19:22tous ses souvenirs, toutes les belles choses
19:24qu'elle a pu vivre,
19:26de transmettre sa mémoire, raconter plein de choses.
19:30C'était magnifique.
19:32Et c'est vrai.
19:34Françoise ne parlait que de Thomas
19:36tout le temps, avec beaucoup d'inquiétude
19:38mais tellement de bienveillance.
19:40Je pense qu'elle nous a chargé aussi
19:42d'occuper-nous de lui.
19:44Vous allez vous occuper de lui, comme les autres.
19:46Merci beaucoup.
19:48Merci d'avoir été avec nous.