On vous décrypte la conférence de presse d’Emmanuel Macron

  • il y a 3 mois
Le décor d’un blanc pur, juste rehaussé d’un "Ensemble" en lettres grises, disait tout, avant même le début de la conférence de presse d’Emmanuel Macron ce mercredi midi : aller au plus simple. A l’épure comme si, trois jours après avoir fait exploser le paysage politique en annonçant la dissolution de l’Assemblée nationale, il s’agit pour le leader de la majorité de reprendre les choses à zéro. Pendant une heure et demie, au pavillon Cambon à Paris ce matin, le chef de l’Etat s’est donc attaché à expliquer la "clarification" qu’il a appelée de ses vœux dimanche.

D’un point de vue purement politicien, les mouvements des derniers jours lui permettent de schématiser. Même si elle ne l’arrange pas électoralement, la constitution d’un nouveau « front populaire » à gauche lui va bien politiquement : il peut taper sans vergogne sur "l’alliance contre nature", interpeller "les électeurs de Raphaël Glucksmann aux européennes qui devront voter Mélenchon, un homme qui sort de la République", rappeler les "ambiguïtés" coupables sur "l’antisémitisme, le communautarisme, l’antiparlementarisme" ou les désaccords sur le nucléaire, l’Ukraine, le Proche-Orient.

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Transcript
00:00Il a voulu absolument refaire ce qu'il a l'habitude de faire,
00:03un bloc d'extrême-droite, un bloc d'extrême-gauche,
00:07et lui au milieu, avec cette idée que c'est soit lui, soit le chaos.
00:18Il essaie de mettre en scène ce qui s'est passé ces derniers jours,
00:23Eric Ciotti qui essaie d'attirer les LR vers le bloc Rassemblement National,
00:27la gauche toute entière qui se rassemble,
00:30et pour lui ça veut dire qu'elle se rassemble avec l'extrême-gauche,
00:32donc Jean-Luc Mélenchon, il l'a cité,
00:34même si ce n'est pas forcément lui qui mènera la campagne,
00:36et puis lui au milieu, comme un petit peu en 2017,
00:39quand il disait « on va casser les clivages, on représente le centre,
00:43la raison, la démocratie, la République, c'est moi ».
00:46Ça, politiquement, c'est le grand enseignement à tirer,
00:49c'est qu'il cherche à simplifier au maximum les données,
00:52on est dans une période de trouble total,
00:54où les électorats ne savent plus très bien où ils sont,
00:57et donc lui il dit « regardez, c'est simple en fait,
00:59je vais vous faire un schéma très facile à comprendre,
01:01et vous aurez à choisir entre moi ou le chaos ».
01:03On sent qu'il est beaucoup moins à l'aise qu'avant,
01:06Emmanuel Macron c'est un grand séducteur,
01:08jusqu'à présent il a réussi à séduire plusieurs électorats,
01:11à gauche, à droite, là il sait que ce n'est plus le cas,
01:13il sait que les gens sont en colère, ont du ressenti,
01:15que ce soit dans les petites villes,
01:16que ce soit à la campagne, que ce soit dans les périphéries,
01:19donc il se dit « ok, on va essayer de faire encore une fois simple,
01:23on va plutôt aller chercher les électeurs modérés qui se sont éloignés ».
01:27Il a vraiment négligé son électorat de gauche,
01:30en ayant une politique clairement assumée à droite,
01:33en formant un nouveau gouvernement autour de Gabriel Attal
01:35avec des ministres issus du sarcosisme,
01:37donc il a perdu cet électorat de gauche
01:38qui est allé voter pour Raphaël Glucksmann en partie.
01:41À droite c'est pareil, il sent bien qu'une partie de l'électorat LR
01:44ne va pas suivre Éric Ciotti dans son aventure avec le RN,
01:48donc il se dit « il est peut-être temps d'aller rechercher ».
01:50En fait il fait la campagne qu'il n'a pas faite
01:52il y a deux ans au moment des législatives,
01:53ce qui lui a conduit à avoir une majorité relative.
01:56Aujourd'hui il se dit « il faut avoir une meilleure majorité
01:58donc je vais m'engager un petit peu plus personnellement »,
02:00même s'il sait que sa personne peut contrarier les électorats,
02:03mais après tout il n'a pas beaucoup le choix en fait.

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