• il y a 4 mois
Henri Leconte, ancien joueur de tennis français reconnu pour son jeu de gaucher au toucher de balle exceptionnel, a été l'invité d'une émission spéciale sur Télé Monaco. Lors de cet entretien, on a probablement évoqué ses principaux faits d'armes sur le circuit ATP, notamment :

Sa victoire en Coupe Davis avec l'équipe de France en 1991

Sa finale disputée à Roland-Garros, sans doute en 1988 où il s'était incliné face à Mats Wilander
Leconte était surnommé "le vengeur masqué" en référence à son look caractéristique avec ses lunettes de soleil.

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Sport
Transcription
00:00:00Ceux qui font Monaco sont au micro. Je suis Geneviève Berti, et bienvenue dans le podcast de Monaco Info.
00:00:13Notre invité du jour a su marquer les esprits à la force de son bras gauche.
00:00:18Ancien numéro 5 mondial, vainqueur de la Coupe Davis 91 dans une grande aventure, entre amis,
00:00:24ce modèle de persévérance remporte 19 tournois, dont 9 en simple.
00:00:28C'est un homme passionné qui, avec son fameux franc-parler, nous passionne.
00:00:32Bonjour Henri Lecomte.
00:00:33Bonjour.
00:00:34Henri, je dis franc-parler parce que c'est vrai.
00:00:36Moi j'ai un souvenir, j'ai un souvenir que sur les cours de tennis, Henri Lecomte c'était quelqu'un qui s'exprimait.
00:00:44En tout cas qui manifestait son humeur, son avis, parfois même assez drôle.
00:00:51Oui, parce que j'avais envie, et puis c'est ma nature, c'est mon caractère de pouvoir communiquer avec les gens,
00:00:57de pouvoir partager les bons moments, les mauvais moments.
00:01:00J'ai plein d'anecdotes, notamment à un moment quand je suis à Roland-Garros,
00:01:04et puis tout le monde est évidemment dans les loges, il n'y a personne, ils sont en train de manger.
00:01:08Et puis toi tu es en train de te galérer sur le central, t'es mené de 7-0 ou de 7-1.
00:01:13Il fait chaud.
00:01:15Et tout d'un coup t'as les gens, ils arrivent, je dis ça va, vous avez bien bouffé, c'était super ?
00:01:19Moi je suis en train de galérer là, bande de cons, aidez-moi un petit peu là.
00:01:23Je me souviens encore, il y avait Jean-Paul Belmondo qui était là, il avait sa petite loge.
00:01:28C'était un super fidèle, il était là tout le temps.
00:01:30Un fidèle, et puis il avait la tenue, il avait le blouson, les lunettes de soleil comme peur sur la ville.
00:01:35J'ai l'impression qu'il venait de tourner le film, et qu'il me disait allez Henri, vas-y.
00:01:39Et puis à un moment j'ai dit Jean-Paul aide-moi, aide-moi, elle fait quelque chose.
00:01:42Mais j'étais comme ça parce que pour moi, ça a toujours été, c'était un peu comme une pièce de théâtre.
00:01:48Tu sais, tu partages avec les gens.
00:01:51C'est ça.
00:01:52Et moi j'adorais ça, j'adorais communiquer.
00:01:55Je voulais qu'on m'aime, je voulais qu'on...
00:01:57Puis j'étais plutôt une personne plus extravertie, un peu comme Yannick aussi,
00:02:02parce que Yannick il parlait beaucoup.
00:02:04Et c'était notre façon d'enlever un petit peu la pression par moments.
00:02:07Vous avez fait un tandem, enfin un tandem.
00:02:09Bien sûr.
00:02:10Un duo, un tandem, on appelle ça comme on veut.
00:02:12Dans les années 80, 90, Yannick Noa, Henri Lecomte, c'était pratiquement inséparable.
00:02:19Je ne sais pas si c'est inséparable dans la notoriété, sur le terrain,
00:02:23dans l'image de ce tennis français qui était quand même super éclatant en ce moment-là.
00:02:30Mais on avait besoin de l'un et de l'autre pour progresser.
00:02:33On avait besoin de...
00:02:35Je pense que mutuellement on s'est énormément apporté parce qu'il y avait une rivalité qui était forte.
00:02:40Moi, Yannick, je voulais tuer le maître.
00:02:42C'était mon grand frère quand j'ai commencé.
00:02:44Très fort Yannick.
00:02:45Il avait une personnalité physique.
00:02:48Quand il rentre dans une pièce, c'est Yann.
00:02:51Moi, j'étais derrière.
00:02:52Un petit peu comme au départ, le petit poisson, le requin.
00:02:55Le petit poisson qui est juste en dessous, mais qui le suit.
00:02:58Il dit, il y a un truc qui est tendre, je vais le bouffer.
00:03:01J'étais un peu comme ça.
00:03:03Et puis après, je me suis affirmé aussi dans ma personnalité.
00:03:06Ce qui était important aussi, de ne pas être mangé par le gros requin.
00:03:12Et le moment le plus fort, après ça a été une vraie compétition,
00:03:19mais qui était à la fois dure, mais saine.
00:03:22Parce qu'il y avait de l'amitié, il y avait de l'amour.
00:03:24C'était de l'émulation plutôt.
00:03:25Oui, et c'était...
00:03:27Bien sûr, quand on s'est rencontré à Roland-Garros,
00:03:29ce fameux match où il y avait 50% de contre, 50% d'aura,
00:03:32ça a été fort.
00:03:34Et puis c'était un gros match.
00:03:35Moi, je gagnais en 5-7.
00:03:37C'était pas...
00:03:39Mais quand Yannick me le dit,
00:03:41à un moment où je suis content, j'ai perdu contre un pote,
00:03:43non, il n'est pas content.
00:03:44Non.
00:03:45On n'est jamais content de perdre.
00:03:47Non, puis même...
00:03:48Et souvent, quand on a quelqu'un qu'on connaît bien,
00:03:51on dit, c'est pas grave sur le moment,
00:03:52mais après, on se dit, c'est quand même la surprise.
00:03:55Et puis après, c'était une rivalité qui a été hyper positive.
00:03:59Parce qu'on ne le dit pas assez souvent,
00:04:01mais le tennis, c'est probablement un des sports
00:04:04qui demandent le plus de ressources mentales.
00:04:07Tenir sur le court, quand tu dis, lâcher prise,
00:04:10comment j'ai pu lâcher,
00:04:12on se rend compte que vraiment, ça ne tient à rien
00:04:14de perdre un point, de le gagner, d'aller au bout.
00:04:16On parle aussi de la peur de gagner sur le terrain,
00:04:18enfin, sur le court.
00:04:20C'est quand même un sport le plus dur.
00:04:22T'es seul, t'as 15 000 personnes, t'as un adversaire,
00:04:25tu dois gérer tes émotions.
00:04:28Il y a le court, il y a aussi le temps qui...
00:04:32Il fait beau, il ne fait pas beau.
00:04:34Le vent...
00:04:36Tout ça est à gérer, avec une préparation physique importante.
00:04:40La préparation mentale, on ne l'avait pas.
00:04:44Et encore aujourd'hui, ça met un peu de temps.
00:04:47On parle beaucoup du mental,
00:04:49mais ce qu'on parle aussi avec Maya,
00:04:52ce qui est très important, c'est de pouvoir gérer ses émotions.
00:04:55Par exemple, en finale de Roland-Garros,
00:04:57je n'ai pas su les gérer.
00:04:59J'étais trop absorbé par le match,
00:05:01le résultat, se dire...
00:05:03L'enjeu, le symbole.
00:05:05Les gens, la pression.
00:05:07Quand tu arrives sur le central, t'as la Patrouille de France,
00:05:09t'as Michel Sardou qui chante.
00:05:11Et là, tu te rends compte que ce n'est pas le même match.
00:05:13Et puis tu joues.
00:05:15En plus, ce n'était pas un match facile,
00:05:17parce que je joue Mats Wielander,
00:05:19qui était numéro 1 mondial de l'époque.
00:05:21Tout le monde attend que tu fasses la même chose que Yannick.
00:05:23Et puis la pression.
00:05:25T'as fait ton match 15 fois avant,
00:05:27t'as gagné, t'as perdu.
00:05:29Après, c'est une cascade.
00:05:31Ça va très vite.
00:05:33On ne se rend pas compte.
00:05:35Ce que j'explique aussi dans mon livre,
00:05:37c'est les émotions.
00:05:39Une victoire, c'est très éphémère.
00:05:41Ça va vite.
00:05:43C'est comme un bouchon de champagne.
00:05:45Et puis après, c'est fini.
00:05:47On le dit dans la défaite.
00:05:49Ça passe vite.
00:05:51On passe vite à autre chose.
00:05:53Mais dans la victoire aussi.
00:05:55La victoire, c'est pire.
00:05:57La défaite, on est déçu.
00:05:59Mais après, on y repense.
00:06:01On travaille dessus.
00:06:03T'apprends plus d'une défaite que d'une victoire.
00:06:05Une victoire, c'est fabuleux.
00:06:07En fin de compte, t'as oublié.
00:06:09Quand tu es dans cette mouvance,
00:06:11dans cette énergie-là,
00:06:13tu oublies le travail que t'as fait derrière.
00:06:15C'est normal, je l'ai fait.
00:06:17Après, c'est ça qui est dur.
00:06:19C'est pouvoir rééditer.
00:06:21Tous les jours, se remettre au travail.
00:06:23Faire oublier ce que tu as pu faire auparavant.
00:06:25Travailler deux fois plus.
00:06:27Modifier certaines choses.
00:06:29C'est ce qu'on fait, les trois fantastiques,
00:06:31pendant 16-18 ans.
00:06:33Qu'on oublie.
00:06:35Ce qu'on a oublié.
00:06:37Ça paraît presque surréaliste.
00:06:39On n'aura plus ça.
00:06:41T'as trois personnes, en 16-18 ans,
00:06:43qu'on fait à E3,
00:06:45plus de 60 grands-chelèmes.
00:06:4763-64.
00:06:49Déjà, quand on regardait 100 places, on disait 14.
00:06:51C'était incroyable.
00:06:53On a eu 3.
00:06:55À plus de 20.
00:06:57Plus de 20.
00:06:59Il y a eu Murray qui en a fait 3.
00:07:01Stan Varouka qui en a fait 3.
00:07:03T'as eu aussi...
00:07:05Comment il s'appelle ?
00:07:07Marin Cilic qui a gagné l'US.
00:07:09Oui.
00:07:11Les gens ne se rendent pas compte.
00:07:13C'est pour ça que c'est compliqué.
00:07:15Le sport est compliqué.
00:07:17D'autres sports arrivent.
00:07:19Avant, on avait du mal
00:07:21à voir tout ça.
00:07:23Aujourd'hui, quand on voit
00:07:25la chute libre...
00:07:27Avant, il fallait un hélico.
00:07:29Un mec qui met un truc sur sa tête,
00:07:31il a des millions de vues.
00:07:33Dans tous les domaines.
00:07:35Ça fait avancer le sport.
00:07:37Ça fait avancer aussi le monde.
00:07:39Ça permet aussi à nos enfants
00:07:41d'avoir une autre passion
00:07:43ou d'aller dans d'autres directions.
00:07:45Mais attention au sport qui était déjà implanté
00:07:47et qui se dit que c'est bon.
00:07:49C'est pas facile.
00:07:51Est-ce que c'est ça qui t'a donné envie d'écrire ?
00:07:53Parce qu'on est là aussi.
00:07:55Un jour, tu as décidé
00:07:57que tu allais parler de toi
00:07:59un peu plus.
00:08:01On a décidé avec Maya
00:08:03de faire ce livre.
00:08:05Maya, c'est ma compagne.
00:08:07C'est elle qui m'a...
00:08:09J'ai rencontré une femme extraordinaire
00:08:11il y a 9 ans qui m'a permis d'être
00:08:13ce que je suis aujourd'hui et de comprendre comment je suis.
00:08:15C'est juste ça.
00:08:17Tu t'es rencontrée ?
00:08:19Je me suis rencontrée finalement.
00:08:21J'ai enfin affronté le...
00:08:23Je vais pas dire le diable
00:08:25mais c'est pas loin.
00:08:27Avec une personnalité différente.
00:08:29Avec un homme qui s'affirme aujourd'hui
00:08:31et qui est
00:08:33heureux et qui accepte
00:08:35ce qui lui est arrivé.
00:08:37Ce qui m'est passé dans ma vie.
00:08:39Et ça, c'est pas facile.
00:08:41Parce qu'il y a eu des rebondissements.
00:08:43Et donc, on en discutait.
00:08:45J'ai commencé sur moi-même.
00:08:47Pour pouvoir comprendre pourquoi je voulais tellement être aimée.
00:08:49Voilà.
00:08:51Parce qu'il y a aussi une souffrance.
00:08:53Parce qu'on a tous nos secrets de famille.
00:08:55Nos secrets d'enfance.
00:08:57On arrive sur Terre avec déjà
00:08:59une certaine...
00:09:01Comme on dit, d'oral exploratrice.
00:09:03Avec un petit sac à dos.
00:09:05Que l'on veut ou que l'on ne veut pas.
00:09:07Et après, il faut comprendre pourquoi.
00:09:09Et pouvoir l'analyser pour être
00:09:11une meilleure personne.
00:09:13Donc, ce livre...
00:09:15J'en avais fait deux avant, mais c'était pas des livres.
00:09:17C'était des livres un peu de revanche.
00:09:19Parfois, on écrit des livres
00:09:21et on veut en mettre une couche supplémentaire.
00:09:23Tu sais, pour avoir un peu de haine
00:09:25contre les uns et les autres. C'est nul.
00:09:27On règle ses cons.
00:09:29C'est nul. Ça fait partie d'un chemin.
00:09:31T'as raison. Oui, bien sûr.
00:09:33Oui, c'est nul.
00:09:35Et à la fois, peut-être que c'est...
00:09:37Et puis, quand tu fais un livre,
00:09:39c'est un peu une psychanalyse.
00:09:41Celui-ci s'appelle Bal Neuve.
00:09:43Bal Neuve, il y a quand même
00:09:45quelque chose dans le titre-là.
00:09:47Bal Neuve, c'est une continuité.
00:09:49C'est aussi... Tu es toujours dans la vie
00:09:51d'aujourd'hui.
00:09:53Comme dans le tennis, tu es toujours
00:09:55en train d'avancer, de faire ton propre match,
00:09:57ta propre vie. Mais, tout d'un coup,
00:09:59on change. Bal Neuve,
00:10:01parce qu'on remet encore. Il faut réaccélérer
00:10:03pour pouvoir aller encore plus de l'avant.
00:10:05On a fait huit jeux, c'est ça ?
00:10:07C'est tous les huit jeux qu'on change de bal ?
00:10:09Sept et neuf.
00:10:11Donc, au début, quand c'est le début du match,
00:10:13sept et neuf...
00:10:15Au cinquième sept,
00:10:17on change de bal.
00:10:19Et là, tout d'un coup, tu as la fatigue,
00:10:21les émotions, le stress,
00:10:23le public,
00:10:25tout le monde tape. Et tout d'un coup,
00:10:27on dit, là, ça va aller encore un peu plus vite.
00:10:29Parce que, peut-être que ceux
00:10:31qui ne jouent pas au tennis ne se rendent pas compte,
00:10:33quand en plein match, on change de bal,
00:10:35ce n'est pas tout à fait la même sensation.
00:10:37Ben non, ça va beaucoup plus vite.
00:10:39Et toi, malheureusement, t'es parfois où ?
00:10:41T'es en meilleure forme physique et t'es un peu plus fatigué.
00:10:43Et là, il faut s'adapter.
00:10:45Tu changes de raquette
00:10:47parce que l'attention, c'est pour certains.
00:10:49Moi, je ne le faisais pas trop souvent.
00:10:51Parce que là, par exemple, le Djokovic,
00:10:53systématiquement... Tous les joueurs. Tous maintenant.
00:10:55Parce que le matériel a évolué
00:10:57et le cordage n'est plus le même que nous.
00:10:59On jouait avec du boyau, c'était différent.
00:11:01Les balles étaient plus rapides, plus petites.
00:11:03Moi, je commençais avec des balles blanches.
00:11:05On a fini avec des balles jaunes.
00:11:07Donc, ça a été...
00:11:09Et c'est différent. Et puis, ce n'est pas le même tennis.
00:11:11Ça frappe.
00:11:13Et c'est pour ça
00:11:15qu'aussi, physiquement,
00:11:17ils sont démontés, les gars.
00:11:19Ils frappent tellement fort
00:11:21que le tennis...
00:11:23Les balles ont évolué. Elles sont plus lourdes
00:11:25et un peu plus grosses.
00:11:27Les raquettes ont évolué pour donner un peu plus de vitesse.
00:11:29Mais il faut
00:11:31accepter le choc dans le bras, dans le cou,
00:11:33dans les épaules, dans le dos.
00:11:35C'est pour ça qu'on voyait beaucoup plus de blessures,
00:11:37je trouve, par moment.
00:11:39Et des blessures longues.
00:11:41Oui, parce que
00:11:43lorsque l'on frappe dans cette balle-là, ce n'est pas la même chose
00:11:45que nous jouer déjà avec des raquettes en bois.
00:11:47On a évolué, on a eu du graphite.
00:11:49Après, ça a énormément évolué.
00:11:51Et on a fini avec... Mais aujourd'hui,
00:11:53quand on voit le matériel, comme dans tout sport,
00:11:55regarde la Formule 1, regarde le ski.
00:11:57Le ski, avant, moi,
00:11:59je parlais, par exemple, avec Luc Alphand.
00:12:01J'ai fait des courses automobiles avec lui.
00:12:03On faisait le trophée Andros.
00:12:05J'étais monté à côté de lui.
00:12:07J'ai dit, tu freines un jour.
00:12:09Il m'a dit, mais qu'est-ce que tu veux qu'il m'arrive ?
00:12:11Tu es un fou, toi !
00:12:13Il était derrière, je ne voyais rien. Il y avait de la neige partout.
00:12:15Il m'a dit, mais qu'est-ce que tu veux qu'il m'arrive ?
00:12:17Moi, j'étais à 120, 130 sur des skis
00:12:19de 2m12, 2m14,
00:12:21à la descente...
00:12:23À Bellevarde.
00:12:25Ou à Kitzbühel.
00:12:27Et quand on voit les skis aujourd'hui, regarde les descendeurs.
00:12:29C'est beaucoup plus petit.
00:12:31Les skis ont une performance incroyable
00:12:33parce que le matériel évolue.
00:12:35Mais le problème qu'on a encore aujourd'hui,
00:12:37et on le voit même encore dans le ski,
00:12:39est-ce que l'être humain, ils ont obligé
00:12:41d'avoir des cuisses, des muscles,
00:12:43d'une performance extrême ?
00:12:45C'est pour ça qu'il faut faire attention.
00:12:47Il faut faire attention.
00:12:49J'imagine que c'est
00:12:51aussi l'idée du livre.
00:12:53C'est de dire, voilà ce qui m'est arrivé,
00:12:55parce que toi, personnellement, tu as eu 3 blessures.
00:12:57On en parlait juste avant de commencer.
00:12:59Là, tu me dis 3 blessures.
00:13:013 hernies discales, c'est ça ?
00:13:033 hernies discales, opérées.
00:13:05C'est-à-dire que la première fois, quand ils m'opèrent en 1987,
00:13:07c'était Pierre Sagné
00:13:09et Gérard Saillant.
00:13:11Le professeur Saillant.
00:13:13Un monsieur extraordinaire.
00:13:15Ils ouvrent, ils font hop,
00:13:17il y en a 3.
00:13:19Il y avait 3 hernies.
00:13:21Déjà, le dos était fatigué.
00:13:23Alors ils me font,
00:13:25on va faire une à la fois,
00:13:27puis on reviendra nous voir, c'est pas grave.
00:13:29Et ils ont bien fait.
00:13:31Parce qu'il y a eu un autre joueur
00:13:33qui s'appelait Miloslav Mechir,
00:13:35qui était aussi dans ma catégorie.
00:13:37Lui a eu le même problème.
00:13:39Il a dit, non, non, vous m'opérez les 3.
00:13:41Il n'a plus jamais rejoué.
00:13:43Comme quoi, ça a pu changer.
00:13:45Tout de suite, quand on pense hernie discale,
00:13:47parce que le dos, ça fait toujours peur.
00:13:49Quand on pense hernie discale,
00:13:51on pense difficulté à marcher,
00:13:53difficulté à se lever,
00:13:55difficulté à s'asseoir.
00:13:57Quand on est un athlète de haut niveau,
00:13:59parce qu'à l'époque, en 87,
00:14:01quand tu as ta première opération,
00:14:03tu es déjà dans le top 10, il me semble.
00:14:05Est-ce qu'à un moment donné,
00:14:07tu te dis, comment je vais rebondir ?
00:14:09Rebondir, tiens, c'est...
00:14:11Reprendre la balle au bon.
00:14:13Reprendre la balle au bon.
00:14:15Déjà, moi, je suis quelqu'un
00:14:17qui ne lâche rien.
00:14:19Pour moi, c'était un obstacle.
00:14:21Et puis, c'était aussi un moment
00:14:23où...
00:14:25C'est un défi, quoi.
00:14:27On t'opère, on va le prouver.
00:14:29Je me rappelle même Jean-Paul,
00:14:31il disait, c'est pas possible.
00:14:33On va parler de Jean-Paul Lotte.
00:14:35C'est la voix du tennis.
00:14:37C'est lui qui l'a découvert.
00:14:39C'est lui qui vous a accompagné.
00:14:41On parlait de cette période des années 80-90.
00:14:43C'était le consultant,
00:14:45à l'époque, du tennis.
00:14:47Et le directeur technique national.
00:14:49C'est celui qui vous a accompagné sur cette route.
00:14:51Oui, qui m'a accompagné.
00:14:53On reviendra un petit peu sur ça.
00:14:55Pour revenir un petit peu sur le dos,
00:14:57ça a été terrible.
00:14:59Mais c'était le début des années 80,
00:15:01on n'opérait pas souvent du dos.
00:15:03Puis c'était risqué.
00:15:05Tu pouvais retrouver en chaise roulante.
00:15:07Un moment, le chirurgien fait le truc,
00:15:09touche la moelle épinière, pof, au revoir.
00:15:11Et ça a été vraiment les premières opérations
00:15:13qui ont été réalisées.
00:15:15Et moi, ça s'est très bien passé
00:15:17pour la première, pour la deuxième.
00:15:19Et la troisième, il y avait encore une évolution.
00:15:21C'était le docteur Borner
00:15:23qui m'a opéré.
00:15:25C'était nucléolyse percutanée.
00:15:27On ouvrait un petit peu,
00:15:29mais on passait à l'intérieur.
00:15:31Et on enlevait simplement juste l'ernie.
00:15:33C'était une évolution qui était exceptionnelle.
00:15:35C'est pour ça qu'il m'a permis de pouvoir revenir
00:15:37trois mois avant la Coupe Davis en 91.
00:15:39Parce que je marchais à peine.
00:15:41Je marchais d'un pas comme ça,
00:15:43tac, tac.
00:15:45Et voilà. Après, il y a toute l'histoire
00:15:47qui est dans le livre, mais qui est exceptionnelle
00:15:49avec Yannick Noah et Patrice Ajeuleur.
00:15:51Parce que quand
00:15:53trois mois avant la finale de la Coupe Davis,
00:15:55tu as du mal à marcher,
00:15:57est-ce que tu imagines, parce que tu dis
00:15:59moi, je suis quelqu'un qui ne lâche rien,
00:16:01mais est-ce que tu imagines que tu vas pouvoir y aller
00:16:03si jamais il y a besoin ?
00:16:05J'y crois toujours.
00:16:07J'ai toujours ma petite lumière,
00:16:09tu sais, qui est dans ta tête,
00:16:11qui se dit, ouais, si ils me provoquent,
00:16:13ils aimeraient bien ça, parce que je suis là.
00:16:15Moi, je suis un fighter.
00:16:17Donc, à la limite,
00:16:19dos au mur, je suis encore plus dangereux
00:16:21que normalement.
00:16:23Je me révolte.
00:16:25Et puis, ça a été le moment avec Yannick
00:16:27et Patrice, ils me disent, tu viens
00:16:29à Pau, on joue la demi-finale
00:16:31contre les Yougoslaves,
00:16:33et tu viens venir encourager
00:16:35les copains. Tu viens nous voir.
00:16:37Moi, je marchais à peine.
00:16:39J'avais du mal à jouer, j'avais mal au dos encore,
00:16:41ça n'allait pas.
00:16:43J'ai juste dû me faire opérer.
00:16:45Moi, je l'ai mis, je suis debout.
00:16:47Après le match, on gagne.
00:16:49Et puis, ils me convoquent
00:16:51devant la piscine du Mercure à Pau.
00:16:53Ah, je la connais, cette piscine.
00:16:55Avec Patrice,
00:16:57Agéloire et Yannick.
00:16:59Donc, ils me convoquent,
00:17:01je leur dis, bon, écoute, Henri,
00:17:03on est en finale,
00:17:05tu vas venir,
00:17:07on ne va pas te lâcher,
00:17:09tu vas être avec nous.
00:17:13Tu vas couper des citrons.
00:17:15Je ne m'attends pas du tout
00:17:17à ce qu'ils me disent,
00:17:19Yannick est là, avec Patrice,
00:17:21ils font, écoute, on est en finale,
00:17:23et la finale, on va gagner avec toi.
00:17:25C'est bon, ça.
00:17:27Et là, je peux te dire,
00:17:29ça remonte, parce que
00:17:31la meilleure équipe de double, c'est Guy et toi,
00:17:33vous n'avez jamais perdu.
00:17:35Et on joue les Américains.
00:17:37Et ils sont forts.
00:17:39Et ils sont forts, mais nous,
00:17:41on peut créer quelque chose.
00:17:43Est-ce que tu es prêt ?
00:17:45Déjà, il m'a dit ça, j'ai eu plus mal au dos.
00:17:47J'ai toujours mal, mais j'ai déjà remonté comme un réveil.
00:17:49Et puis, il me dit, tu vas partir à Douarnenez,
00:17:51au centre de rééducation,
00:17:53Tréboule.
00:17:55Ce n'est pas le 5 étoiles, on n'est pas à Monaco,
00:17:57on n'est pas en métropole,
00:17:59on est un centre de rééducation
00:18:01où tout le monde est accidenté,
00:18:03du local,
00:18:05de toute la France qui peut venir,
00:18:07parce que c'est un centre qui est réputé.
00:18:09Patrick Charmagne, qui le connaît bien,
00:18:11parce que le médecin s'appelle Gilles Solo,
00:18:13et lui, il avait eu un accident de moto,
00:18:15il était en chaise roulante,
00:18:17il devait être, limite, paralysé,
00:18:19et il s'en est sorti.
00:18:21Il a dit, on y va.
00:18:23Et là, on est partis, ça a été, mais Rambo,
00:18:25c'était commando, 6 à 8 heures par jour
00:18:27de soins.
00:18:29Tu n'as pas le choix.
00:18:31Et là, j'ai vécu des moments
00:18:33exceptionnels.
00:18:35J'ai rencontré des personnes merveilleuses.
00:18:37J'ai rencontré un médecin, Gilles Solo,
00:18:39qui me voit, il me fait...
00:18:41Bon, c'est pas gagné.
00:18:43Tout de suite, tu la mets en forme.
00:18:45C'est le bon breton qui sort
00:18:47son bateau par tous les temps
00:18:49et il me fait,
00:18:51c'est pas gagné, mais si tu veux,
00:18:53vraiment,
00:18:55à mon avis, on va y arriver.
00:18:57Déjà, mais on ne te dit pas,
00:18:59ah, bonjour, c'est le con, tout va bien,
00:19:01on va vous faire des petits soins, tout ça, gnagnagna.
00:19:03Non, non. Là, on a bossé.
00:19:05Rien pour aller courir, rien pour aller marcher.
00:19:07Parce que je courais sur les pointes, je cours plus sur les talons.
00:19:09Sur les talons, oui.
00:19:11Plus bas sur les jambes.
00:19:13Changer mon service, aussi,
00:19:15parce que je cambrais énormément.
00:19:17Qui était quand même une arme d'Henri Lecomte, son service.
00:19:19Ah oui, puis il a bien fonctionné.
00:19:21Il a bien fonctionné.
00:19:23La base était bonne, tu vois ce que je veux dire.
00:19:25Elle était un peu saine, donc il y avait beaucoup de travail à faire derrière.
00:19:27Et puis on l'a fait, avec Patrick.
00:19:29Et puis, c'était des moments exceptionnels,
00:19:31des moments de joie,
00:19:33des moments de pleurs,
00:19:35parce que tu souffrais tellement, t'avais tellement mal.
00:19:37Je peux te dire, j'ai un escalier qui doit faire 180 marches,
00:19:39je le connais par cœur.
00:19:41Je me suis monté, enfin,
00:19:43démonté comme rampe.
00:19:45C'était la préparation d'un combat.
00:19:47C'était la préparation d'un combat de boxe.
00:19:49C'était, voilà, c'était...
00:19:51C'est ça.
00:19:53Voilà, c'est Stallone qui joue,
00:19:55qui va combattre le Russe,
00:19:57qui traîne à l'ancienne.
00:19:59Mais c'était extraordinaire.
00:20:01Et puis tu rencontres des belles personnes,
00:20:03des personnes qui...
00:20:05Moi, un petit gamin, tu vois,
00:20:07j'ai le truc, avant d'y aller, tu veux aller au premier étage,
00:20:09il y a quelqu'un qui t'attend, tu vas au premier étage.
00:20:11Et puis tu vois un petit gamin
00:20:13qui a presque 14 ans,
00:20:15qui est dans un fauteuil,
00:20:17il ne bouge que la tête,
00:20:19tétras, tu vois, et il me fait...
00:20:21« Henri, je suis tellement content de te voir et tout.
00:20:23Comment tu vas ? »
00:20:25Il bouge que la tête, quoi.
00:20:27« Et toi, qu'est-ce qui t'est arrivé ? »
00:20:29« Oh non, j'ai fait le con, j'ai pris l'amobilier d'un pote,
00:20:31puis malheureusement, dans un carrefour,
00:20:33une voiture est arrivée,
00:20:35et bam ! »
00:20:37Je dis « Mais ça va ? » « Mais ne t'inquiète pas, moi, ça va aller.
00:20:39Mais toi, hein, tu vas nous laguerner la coupe d'Evisy.
00:20:41Qu'est-ce que tu veux, tu veux faire derrière ? »
00:20:43« Ah bah oui, c'est sûr. »
00:20:45« Où tu prends tes affaires, tu rentres chez toi,
00:20:47tu te suis, tu...
00:20:49T'es plus là ? Ou alors tu te bats. »
00:20:51« Et c'est plutôt ça. »
00:20:53Après, tu apprends que lui, il va mieux,
00:20:55qu'il n'a pas récupéré ses jambes,
00:20:57mais il a récupéré l'eau du corps.
00:20:59« Ça va mieux. »
00:21:01Et il est heureux.
00:21:03T'as pas le droit, parce que tu rencontres des gens
00:21:05fantastiques, que ça soit même aussi
00:21:07des personnes âgées, qui sont là pour l'éducation.
00:21:09Et toi, tu te retrouves dans la piscine
00:21:11en train de faire « oum, le dauphin » avec la balle ronde,
00:21:13puis t'es avec eux et tu te marres.
00:21:15Après, tu rencontres un pêcheur
00:21:17qui tombe de son tracteur,
00:21:19il se casse le coude, mais sa meilleure chose qu'il ait à faire,
00:21:21c'est le 3 ou 4 du mois,
00:21:23il n'a plus sa paye,
00:21:25parce qu'il est au bar du coin.
00:21:27Mais tu vis des moments,
00:21:29c'est tellement beau.
00:21:31Après, je vais te dire,
00:21:33quand t'as quelque chose en tête,
00:21:35tu y vas, quoi.
00:21:37J'allais te dire, en feuilletant le livre,
00:21:39en t'écoutant, il y a un mot
00:21:41sur lequel je suis tombée par hasard, c'est « karma ».
00:21:43Et donc, je me disais,
00:21:45le karma d'Henri Lecomte,
00:21:47c'est peut-être ça, c'est de relever des défis,
00:21:49mais tu n'étais pas
00:21:51prédisposé à vivre
00:21:53cette vie d'aventure-là, quoi.
00:21:55C'est-à-dire qu'à quel moment tu décides,
00:21:57tu dis à tes parents « moi, je veux être tennis-man ».
00:21:594 ans,
00:22:015 ans.
00:22:03Je suis un malade, je suis un marteau, moi.
00:22:05Je l'explique aussi dans le livre,
00:22:07mais j'allais à l'école
00:22:09avec ma raquette, avec ma balle.
00:22:11Tu faisais du mur ?
00:22:13Je faisais du mur avec la main.
00:22:15J'ai été viré plusieurs fois
00:22:17au lycée Pierre-Brossolette
00:22:19parce que les balles,
00:22:21c'est le même diamètre que les gouttières.
00:22:23Donc, il y avait tellement de balles
00:22:25que quand il pleuvait,
00:22:27ça rentrait dans les classes.
00:22:29Lecomte, chez le proviseur.
00:22:31Et puis, de l'école, moi, je ne parlais pas.
00:22:33Ce n'était pas mon truc.
00:22:35Tu n'étais pas bon élève ?
00:22:37Si, mais je faisais, j'étais à côté du radiateur,
00:22:39je me marrais un peu.
00:22:41Lorsqu'il y avait une rédaction libre,
00:22:43un sujet libre, je prenais un 17, un 18,
00:22:45je parlais du tennis.
00:22:47Les profs disaient que c'était merveilleux,
00:22:49les autres, non.
00:22:51Je pensais que quand j'avais une note en maths
00:22:53où j'avais 10 ou 11,
00:22:55je n'allais pas aux autres interrogations,
00:22:57j'allais avoir 11 de moyenne.
00:22:59Non, ce n'est pas comme ça.
00:23:01Et le professeur principal,
00:23:03une femme, qui dit à mes parents,
00:23:05écoutez, votre fils,
00:23:07je l'ai, je crois que c'est le prof de français,
00:23:09je l'ai, il est extraordinaire quand il commence.
00:23:11En plus, il est faune, ça va.
00:23:13Mais il pense qu'au tennis, quoi.
00:23:15Il pense qu'au tennis.
00:23:17Il faut lui faire faire du tennis.
00:23:19Je ne sais pas comment, avec la fédération,
00:23:21et puis, au fil d'un aiguille, ça a été très bien,
00:23:23puisque Jean-Paul Lotte, qui était le DTN à l'époque,
00:23:25décide de faire le premier sport-étude.
00:23:27Sport-étude, oui.
00:23:29C'était d'ailleurs une révolution,
00:23:31parce que c'est le premier sport en France
00:23:33qui a installé cet équilibre
00:23:35entre les études
00:23:37et la formation,
00:23:39enfin, en tout cas, le développement sportif.
00:23:41Ça a servi de modèle.
00:23:43Les centres de formation de football
00:23:45qui sont maintenant légion
00:23:47sont nés après, ils sont nés de ça.
00:23:49Le tennis a montré la voie, quand même.
00:23:51Le tennis, et puis surtout, on a eu la chance
00:23:53d'avoir un institut qui s'appelle
00:23:55l'INSEP, l'Institut National des Sports,
00:23:57et c'était les premiers sport-études,
00:23:59et on s'est tous retrouvés avec tout sport confondu.
00:24:01De l'escrime au judo,
00:24:03à l'athlétisme, on n'avait pas le foot,
00:24:05c'était pas encore le foot.
00:24:07Et ça a été
00:24:09des moments extraordinaires.
00:24:11Et puis, j'ai eu cette chance,
00:24:13comme je jouais assez bien au tennis, jeune,
00:24:15bon, ça allait un peu en dehors du cours à l'époque,
00:24:17ça volait un peu, il fallait que ça rentre un peu plus,
00:24:19je décrochais les bâches,
00:24:21un monsieur s'appelle Jean-Paul Lotte,
00:24:23il dit, on va prendre Henri Lecomte à l'INSEP.
00:24:25Et voilà le début.
00:24:27Tu as parlé de Guy Forger,
00:24:29tu as parlé de Yannick Loat,
00:24:31tu as parlé de Patrice Agéloat,
00:24:33tu as parlé de Jean-Paul Lotte.
00:24:35On imagine que le tennis, c'est un petit monde, quand même.
00:24:37C'est un petit monde,
00:24:39puis surtout, il y a eu Jean-Paul, le premier,
00:24:41mais après, il y a un homme, je parle dans le livre,
00:24:43qui m'a sauvé, qui a fait ce que je suis aujourd'hui,
00:24:45c'est Yann Thiriac.
00:24:47Mon papa ours.
00:24:49C'est mon deuxième père.
00:24:51C'est l'histoire.
00:24:53Il a été exigeant avec toi, quand même.
00:24:55Hein ? Pardon ?
00:24:57Pas exigeant.
00:24:59Il m'a appris à souffrir.
00:25:01Parce que Thiriac, il a cette réputation.
00:25:03Thiriac me fait, toi,
00:25:05jouer beaucoup, toi, pas craindre,
00:25:07toi, continuer.
00:25:09On jouait 6 heures, 8 heures par jour.
00:25:11Je me souviens, en Australie, avec Guillermo Villas,
00:25:13on jouait 8 heures par jour, on mangeait sur le terrain.
00:25:15Et c'est pas le...
00:25:17On avait des chaussures, c'était pas des Stan Smith,
00:25:19c'était des trucs en toile.
00:25:21C'était un gazon qui allait à 200 à l'heure.
00:25:23Il y avait des mouches.
00:25:25Et tu te disais, tu faisais 2 heures de revers,
00:25:272 heures de coup droit, 2 heures de service,
00:25:29et on y va, et on reparle le lendemain.
00:25:31Donc, j'ai appris à souffrir.
00:25:33J'ai appris comment être
00:25:35un joueur professionnel.
00:25:39Et surtout, avoir une éducation,
00:25:41parce que Yon, c'est la classe,
00:25:43c'était mon papa,
00:25:45c'est mon papa, parce qu'il est toujours présent,
00:25:47et c'est merveilleux.
00:25:49Mais qu'il m'a appris à être
00:25:51ce que je suis aussi.
00:25:53Parce que ma base dans l'éducation était bonne, déjà, avec mes parents.
00:25:55Mais il m'a appris à respecter
00:25:57les sponsors.
00:25:59En fait, toi, tu dois prendre toujours
00:26:01un costume,
00:26:03ta veste, ta cravate,
00:26:05tes chaussures, pour les sponsors,
00:26:07pour dire merci beaucoup.
00:26:09T'as compris ?
00:26:11À l'époque, c'était Emmanuel Kahn.
00:26:13C'était vraiment, tu vois, la classe.
00:26:15Quand on voyait M. Thierry Acme,
00:26:17quand on voyait Monaco,
00:26:19ça plaisante pas, il est habillé, il a 4 épingles,
00:26:21tu le caresses, c'est du cachemire,
00:26:23t'as l'impression que c'est magnifique.
00:26:25Et surtout,
00:26:27c'est une classe exceptionnelle.
00:26:29Et il m'a éduqué,
00:26:31il m'a appris à faire
00:26:33ce que je suis aujourd'hui,
00:26:35de pouvoir respecter les gens.
00:26:37Et puis après, il m'a laissé partir, mon envol.
00:26:39Parce que tu parles beaucoup
00:26:41de rencontres. Tu parlais de Maya
00:26:43tout à l'heure.
00:26:45Est-ce que tu penses
00:26:47que tu as toujours
00:26:49été ouvert comme ça
00:26:51aux gens qui ont
00:26:53traversé ta vie et qui ont
00:26:55pu déclencher des choses chez toi ?
00:26:57On sent, tu parles de
00:26:59tous ces gens dont tu parles,
00:27:01on sent qu'ils ont fait...
00:27:03Tu dis, ils m'aident à être ce que je suis.
00:27:05Donc ça veut dire que
00:27:07t'as une prédisposition pour laisser
00:27:09les gens entrer et...
00:27:11C'est pas facile quand
00:27:13on fait un sport individuel et qu'on est obligé de croire
00:27:15en soi, c'est pas facile de se remettre
00:27:17en question, ou en tout cas d'accepter
00:27:19qu'on puisse avoir des influences comme ça.
00:27:21Oui, mais
00:27:23comme j'explique dans le livre, au départ,
00:27:25je voulais qu'on m'aime.
00:27:27Donc plutôt,
00:27:29c'est la grande baleine
00:27:31qui ouvre sa gueule, comme ça,
00:27:33et moi, je prends tout le monde.
00:27:35Les bons et les mauvais.
00:27:37C'est pour ça que j'explique aussi les rencontres
00:27:39dans ce livre, qui parfois,
00:27:41tu fais des bonnes rencontres,
00:27:43tu fais des mauvaises rencontres,
00:27:45qui te font comprendre, évoluer dans ta vie,
00:27:47mais ces rencontres-là,
00:27:49tu peux pas sauver le monde.
00:27:51Moi, je voulais sauver tout le monde.
00:27:53Rendre dans ta vie
00:27:55qui a une addiction,
00:27:57qui va dans une autre direction,
00:27:59où tu la suis,
00:28:01et tu sombres, je serais certainement plus là
00:28:03aujourd'hui, je pense.
00:28:05Si tu avais pas réagi.
00:28:07Je serais plus là aujourd'hui, parce que je serais allé
00:28:09et puis je serais parti.
00:28:11Moi, je suis quelqu'un de passionné.
00:28:13Entier.
00:28:15Je suis épicurien,
00:28:17je suis contre,
00:28:19c'est mon éducation, et je suis contre, et tant mieux.
00:28:21Toutes drogues confondues,
00:28:23j'adore le cigare,
00:28:25j'en fume de temps en temps,
00:28:27mais il y a des gens qui ont besoin de certaines choses.
00:28:29Imagine déjà,
00:28:31ma personnalité, comme je suis avec le peps que j'ai,
00:28:33si je prends un...
00:28:35Un excitant.
00:28:37Je suis pas là, je suis fini, je suis mort.
00:28:39Mais je voulais sauver
00:28:41les autres, et tu peux pas les sauver.
00:28:43Mais ça, tu vas
00:28:45comprendre, et tu comprendras plus tard
00:28:47comment tu es,
00:28:49comment tu évolues.
00:28:51Et les rencontres, elles sont faites pour ça aussi.
00:28:53Il y a des bonnes rencontres qui sont exceptionnelles.
00:28:55Moi, j'ai rencontré Maya, elle m'a changé la vie.
00:28:57Elle m'a fait comprendre qui je suis.
00:28:59Mais c'est pas elle qui a fait,
00:29:01c'est moi, mon travail intérieur.
00:29:03De dire, j'accepte,
00:29:05j'y vais,
00:29:07et d'accepter comme tu
00:29:09peux ressentir certaines choses et des émotions.
00:29:11Et ça a été
00:29:13exceptionnel.
00:29:15Moi, si j'avais pu rencontrer Maya avant,
00:29:17j'aurais pu gérer mes émotions.
00:29:19J'arrivais pas à les gérer, parce que je voulais
00:29:21tellement donner, que tu sais,
00:29:23tu donnes tellement que tu te brûles.
00:29:25Tu brûles de l'intérieur, tu brûles
00:29:27de l'énergie, du gasoil,
00:29:29de l'essence, tu brûles de tout.
00:29:31Du kérosène, parce que
00:29:33tu veux tellement que...
00:29:35Quand on se brûle autant, parce qu'effectivement,
00:29:37c'est l'image
00:29:39qu'on avait
00:29:41sur un cours, c'est-à-dire
00:29:43à 150% dans tout,
00:29:45dans les émotions, dans les coups, dans le service,
00:29:47dans l'exubérance.
00:29:49Comment on se
00:29:51recharge ?
00:29:53Moi, j'avais une faculté,
00:29:55quand j'étais joueur,
00:29:57et même encore aujourd'hui, je le vois,
00:29:59je dors n'importe où.
00:30:01Tu me mets dans un truc,
00:30:03je m'endors.
00:30:05Je pouvais même me mettre debout
00:30:07et que les gens comme ça, je dormais.
00:30:09Ça, c'est déjà extraordinaire.
00:30:11Et j'arrive...
00:30:13Quand je jouais, ce qui était bien aussi,
00:30:15comme disait Patrice Dominguez,
00:30:17c'est que j'arrivais à occulter.
00:30:19C'est bien d'occulter.
00:30:21Mais après, ta corbeille,
00:30:23elle est quand même pleine.
00:30:25C'est comme un ordinateur.
00:30:27Quand tu vides ta corbeille,
00:30:29il faut la vider, la supprimer.
00:30:31Tu supprimes tous les mails,
00:30:33les spams, les conneries...
00:30:35Les choses que tu n'as plus envie d'avoir.
00:30:37Dans ton cerveau, il faut que tout se fasse.
00:30:39C'est ça qu'il faut comprendre.
00:30:41Parce que quand on arrive sur Terre...
00:30:43C'est ça que tu expliques dans Valneuve.
00:30:45Quand tu arrives sur Terre,
00:30:47c'est Doral Explorer, comme je t'ai dit tout à l'heure,
00:30:49avec le petit sac à dos.
00:30:51Tu arrives avec les différents sujets,
00:30:53problèmes de papa, maman...
00:30:55Il y a un natavisme.
00:30:57Il y a quelque chose qui te suit.
00:30:59C'est comme une tablette.
00:31:01Tu achètes un portable, tu as des applications.
00:31:03Moi, j'ai des applications, je n'ai jamais joué.
00:31:05Ce n'est pas mon truc, les jeux.
00:31:07J'aimerais les supprimer. Je ne peux pas.
00:31:09Pour avoir un peu plus de mémoire,
00:31:11ou être un peu plus léger.
00:31:13Même si tu ne t'en sers pas,
00:31:15tu te dis que ce n'est pas à toi,
00:31:17que ça ne t'appartient pas.
00:31:19C'est ça qu'il faut comprendre.
00:31:21Ce qui est important, c'est de ne pas avoir de regrets
00:31:23et d'assumer tout ce que j'ai pu faire
00:31:25dans ma vie.
00:31:27Les bonnes rencontres, les mauvaises,
00:31:29les moments difficiles.
00:31:31Les enfants aussi, car j'ai pas mal d'enfants.
00:31:33Il me semble que tu en as 4.
00:31:35Oui, j'en ai 4.
00:31:37Un peu, je rigole.
00:31:39Chaque fois, je m'annonce cette histoire.
00:31:414 enfants.
00:31:43Ça ressemble à ce que tu dis.
00:31:45La passion, c'est aussi ça.
00:31:47Ce n'est pas un enfant, c'est 4.
00:31:49Alors, les deux derniers,
00:31:51oui, ils sont arrivés.
00:31:53Ils sont merveilleux, fantastiques.
00:31:55C'était plus à la fin de carrière.
00:31:57Mais il faut savoir que nous, lorsqu'on a commencé
00:31:59à être sur le circuit,
00:32:01c'était la génération enfant.
00:32:03Tout le monde avait des enfants.
00:32:05On était mariés avec des gosses.
00:32:07On les emmenait dans les tournois.
00:32:09C'était la crèche, mais c'était les bus.
00:32:11Tout le monde se gardait les uns avec les autres.
00:32:13Quand je vois Maxime, qui a 38 ans,
00:32:15qui vit à l'étranger,
00:32:17il est toujours en contact.
00:32:19Maxime, c'est ton premier.
00:32:21Maxime est toujours en contact
00:32:23avec les fils de Mansour,
00:32:25avec Baramy,
00:32:27avec Yannick.
00:32:29Après, il y a eu Luna,
00:32:31ma deuxième fille,
00:32:33qui vit à Londres.
00:32:35Elle a maintenant 28 ans.
00:32:39Le temps passe en rien.
00:32:41Oui, mais c'est beau, c'est bien.
00:32:43Ils ont leur propre vie.
00:32:45Ils s'éclatent.
00:32:47Après, tu as les deux petits.
00:32:49J'en ai eu une de 17 ans, une fille.
00:32:51Elle, à l'école, ça va.
00:32:53C'est beaucoup les réseaux.
00:32:55Plusieurs comptes.
00:32:57Avec des filtres.
00:32:59Avec des photos parfois.
00:33:01Il faut s'adapter.
00:33:03J'ai un fils qui a 19 ans.
00:33:05Là, il est à la recherche.
00:33:07C'est compliqué.
00:33:09J'ai dit toujours,
00:33:11la pomme ne tombe pas loin de l'arbre.
00:33:13Il est à la recherche,
00:33:15mais il a une passion.
00:33:17Il est intelligent.
00:33:19Il va trouver sa voie.
00:33:21Mais ça met un peu plus de temps.
00:33:23Ce n'est pas évident aujourd'hui.
00:33:25Ils ont lu ton livre ?
00:33:27Je leur ai donné,
00:33:29j'espère qu'ils l'ont lu.
00:33:31Est-ce qu'avec eux,
00:33:33tu as ce rapport ?
00:33:35Evidemment, pas le même qu'avec Maya.
00:33:37Avec tes enfants,
00:33:39tu as eu ce rapport de discussion ?
00:33:41Ça, c'était bien.
00:33:43Ça, c'était pas bien.
00:33:45J'ai retranscrit l'éducation
00:33:47que j'avais eue avec mes parents.
00:33:49Je suis quelqu'un de gentil,
00:33:51mais je suis strict.
00:33:53Tu es un papa sévère.
00:33:55Je suis un papa sévère.
00:33:57Si tu arrives en retard,
00:33:59c'est pas bien.
00:34:01Il y a une base qu'il ne faut pas déroger.
00:34:03Ça ne rentre pas
00:34:05dans mon cursus.
00:34:07Ils sont très bien éduqués.
00:34:09Ils sont adorés par les gens.
00:34:11C'est marrant, quand ils vont chez les autres,
00:34:13ils disent qu'ils sont bien, ces enfants.
00:34:15Comme nous tous,
00:34:17tous les enfants.
00:34:19Là, j'ai mon fils de 19 ans.
00:34:21Il est rebelle.
00:34:23Il n'a pas compris à un moment
00:34:25qu'il avait quelque chose.
00:34:27Non, c'est pas bien.
00:34:29Là, il me tient tête.
00:34:31Il va le souffrir.
00:34:33Il va apprendre.
00:34:35Il tient tête à horrer le compte.
00:34:37Il sait ce qu'il fait ou pas ?
00:34:39Oui, mais je crois
00:34:41qu'il va comprendre.
00:34:43Aujourd'hui, c'est différent.
00:34:45Il faut y comprendre aussi.
00:34:47Ce n'est pas à nous.
00:34:49On doit s'adapter.
00:34:51La vie n'est pas la même
00:34:53On n'avait pas de portable.
00:34:55C'était extraordinaire.
00:34:57On avait une liberté.
00:34:59C'était différent.
00:35:01Il y avait moins de monde sur Terre.
00:35:03On était moins observés.
00:35:05Il fallait quand même appeler maman.
00:35:07Mais c'était différent.
00:35:09En dehors des 5 ou 10 minutes
00:35:11au téléphone avec maman.
00:35:13Si tu mangeais 4 sandwichs,
00:35:15elle ne le savait pas.
00:35:17Si tu sortais jusqu'à 4h du matin,
00:35:19elle ne le savait pas.
00:35:21Le pendant de leur surexposition,
00:35:23c'est qu'on sait tout.
00:35:25Je crois qu'aujourd'hui,
00:35:27on va dans une direction qui n'est pas bonne
00:35:29parce qu'il n'y a plus de liberté.
00:35:31L'enfant et nos enfants doivent avoir
00:35:33leur responsabilité et comprendre ce qui se passe.
00:35:35Il est vrai que les filles
00:35:37ont plus...
00:35:39Vous avez une maturité plus importante.
00:35:43Peut-être qu'on comprend des choses différemment
00:35:45plus vite.
00:35:47Les garçons,
00:35:49pour eux,
00:35:51on peut pouvoir être ensemble.
00:35:53Sa vie sexuelle, c'est compliqué.
00:35:55C'est toujours
00:35:57épié, jugé.
00:35:59Je pense que c'est ça qui est dramatique.
00:36:01On voit tellement de choses pour les réseaux sociaux
00:36:03qui se passent dans les écoles en ce moment.
00:36:05C'est terrible.
00:36:07Il faut les aider.
00:36:09Il faut les suivre.
00:36:11Il faut toujours vérifier.
00:36:13Moi, je vérifie toujours mes enfants
00:36:15sur les réseaux.
00:36:17Marie-Lou,
00:36:19c'est un avant-gagant.
00:36:21Ulysse, c'est un peu moins.
00:36:23Il fait une photo.
00:36:25Il n'est pas très...
00:36:27Il est moins expansif.
00:36:29Il est un peu réservé.
00:36:31Mais il souffre tout autant.
00:36:35Le problème qu'ils ont
00:36:37avec ce fantastique outil
00:36:39qu'on peut utiliser tous les jours
00:36:41pour être encore plus performant,
00:36:43c'est qu'ils vont trop vite.
00:36:45C'est plus simple.
00:36:47C'est dur.
00:36:49C'est violent.
00:36:51Après, tu connais l'adage.
00:36:53Si jeunesse savait,
00:36:55si vieillesse pouvait.
00:36:57Aujourd'hui, avec l'expérience que j'ai,
00:36:59je n'aurais pas fait ça.
00:37:01Est-ce qu'il y a des choses
00:37:03que tu regrettes ?
00:37:05Je n'ai pas de choses que je regrette.
00:37:07Tu les aurais faites différemment.
00:37:09Oui, certainement.
00:37:11Certaines rencontres,
00:37:13c'est un moment
00:37:15où j'aurais peut-être pu dire...
00:37:17La chose, peut-être que...
00:37:21C'était le choix, un moment.
00:37:23J'ai eu Nick Bolitieri qui m'a demandé
00:37:25de venir chez lui et j'ai dit non.
00:37:27Quand j'étais parti
00:37:29chez Yann Thiriac,
00:37:31j'ai dit non pour des raisons
00:37:33vraiment personnelles de l'époque.
00:37:35Sinon, la personne avec qui j'étais
00:37:37ne voulait pas aller aux Etats-Unis.
00:37:39C'est un choix.
00:37:41Ça arrive et on le fait respecter.
00:37:43Peut-être ça.
00:37:45Nick Bolitieri, c'était quand même
00:37:47un mec...
00:37:49C'était quand même une assurance
00:37:51historique, ça.
00:37:53Dans le livre, quand on bat les Etats-Unis,
00:37:55il dit quand même,
00:37:57un journaliste,
00:37:59le plus dangereux, c'est Henri Lecomte.
00:38:01Parce qu'il ne sait pas ce qu'il fait.
00:38:03C'est un peu vrai.
00:38:05Est-ce que tu considères
00:38:07que tu étais doué ?
00:38:09Oui, j'étais doué, mais il faut travailler
00:38:11deux fois plus pour contenir
00:38:13et être encore plus performant.
00:38:15Celui qui l'a compris le mieux au monde,
00:38:17c'est Roger Federer, que j'appelle James Bond.
00:38:19C'est James Bond, Roger.
00:38:21Après tu as Novak Djokovic, c'est Nole,
00:38:23c'est le Joker. Et puis tu as Terminator
00:38:25qui est Rafa.
00:38:27Terminator, on a besoin de mettre
00:38:29un peu d'huile dans les rouages.
00:38:31A mon avis, on est sur la fin.
00:38:33Mais c'était des joueurs
00:38:35exceptionnels.
00:38:37Roger a compris tout de suite
00:38:39que pour pouvoir jouer aussi fort,
00:38:41il faut travailler deux fois plus.
00:38:43Tous les trois,
00:38:45des athlètes
00:38:47qui ont beaucoup travaillé,
00:38:49on voit Rafa
00:38:51se battre pour essayer de revenir.
00:38:53Alors qu'on sent bien
00:38:55que son corps est un peu
00:38:57récalcitrant.
00:38:59Tout à l'heure,
00:39:01je t'ai dit ce qu'il y a des moments où tu regrettes.
00:39:03La décision, quand tu décides
00:39:05d'arrêter ta carrière.
00:39:07J'ai lu quelque part que tu as dit
00:39:09jusqu'à présent j'étais joueur de tennis,
00:39:11maintenant il va falloir que j'ouvre un nouveau chapitre.
00:39:13Est-ce que c'est difficile d'arriver au moment
00:39:15de dire ce chapitre-là
00:39:17pour moi est terminé ?
00:39:19C'est dur parce que c'est une petite mort.
00:39:21C'est une vie.
00:39:23Avant 50 ans, c'est une première vie
00:39:25et après c'est une autre vie.
00:39:27Combien de temps de carrière en comptant les jeunes années ?
00:39:29J'ai fait 80, 96,
00:39:3116 ans.
00:39:33C'est long
00:39:35et à la fois c'est court parce que quand on voit
00:39:37les carrières qu'ils font aujourd'hui, ils sont mieux préparés.
00:39:39Ils vont jouer jusqu'à 40 ans,
00:39:41même un peu plus pour certains.
00:39:43Moi, j'ai arrêté à 33, l'âge du Christ.
00:39:4533, c'était jeune quand même.
00:39:47Mais après,
00:39:49c'est ça qui est dur.
00:39:51C'est que tu arrives à un moment,
00:39:53tu arrêtes, tu fermes la porte.
00:39:55Tu as la petite mort.
00:39:57Tout le monde t'invite en 3 semaines
00:39:59à toutes les radios, toutes les émissions.
00:40:01Tu parles de toi,
00:40:03tu parles de ta carrière.
00:40:05Et puis 3 semaines après, ça ne sonne plus le téléphone.
00:40:07Et là, c'est dur. Et là, c'est compliqué.
00:40:09Moi, j'ai eu une chance au départ,
00:40:11assez fantastique,
00:40:13c'est que je suis passé tout de suite aux côtés de la barrière.
00:40:15J'ai travaillé avec France Télévisions.
00:40:17Ma voix est restée,
00:40:19on m'a vue, j'ai pu faire certaines choses.
00:40:21Oui, et puis tu avais un capital
00:40:23que tu as gardé, d'ailleurs.
00:40:25On parlait avec notre attachée de presse
00:40:27juste avant,
00:40:29quand il y a des séances de dédicaces,
00:40:31il y a du monde,
00:40:33il y a des gens qui te posent des questions.
00:40:35Tu es resté très présent
00:40:37dans la mémoire collective du public.
00:40:39Mais c'est important,
00:40:41parce qu'à la fois, j'ai une relation avec le public d'amour.
00:40:43Je t'aime, moi non plus.
00:40:45Et moi, je suis quelqu'un de populaire.
00:40:47Je suis quelqu'un, je m'adapte avec tout.
00:40:49J'ai eu la chance d'avoir mon seigneur
00:40:51qui est venu hier soir.
00:40:53Et je vais voir une autre personne
00:40:55qui peut nettoyer les toilettes,
00:40:57mais je le respecte.
00:40:59Je respecte tout le monde
00:41:01parce que je suis...
00:41:03Humainement...
00:41:05C'est ton capital, en fait.
00:41:07C'est mon capital et j'aime les gens.
00:41:09Et quand ça ne va pas et que je suis fatigué,
00:41:11je reste à la maison ou je m'enferme
00:41:13pendant deux jours, je ne parle pas
00:41:15parce que je suis quelqu'un qui partage,
00:41:17qui parle tout le temps.
00:41:19C'est de l'énergie que tu brasses.
00:41:21À un moment, tu dors,
00:41:23tu te recharges les batteries et puis tu repars.
00:41:25Mais je sais que ma vie,
00:41:27même ma vie d'aujourd'hui,
00:41:29ce que je fais avec
00:41:31beaucoup d'interventions dans les entreprises,
00:41:33sur la motivation, la gestion des émotions.
00:41:35La gestion des émotions, oui.
00:41:37Ça revient beaucoup.
00:41:39Les gens n'en parlent pas. On parle beaucoup du mental.
00:41:41Mais de la santé mentale.
00:41:43La santé mentale.
00:41:45Il ne faut pas oublier une chose.
00:41:47Regarde, on a aussi, malheureusement,
00:41:49Michael Schumacher,
00:41:51qui est devenu un légume.
00:41:53Pourquoi il vit ? Parce que son cœur bat.
00:41:55C'est lui, la machine
00:41:57qui alimente le cerveau. Le cerveau
00:41:59est bouché.
00:42:01Certes, on est une machine
00:42:03extraordinaire, une machine de guerre
00:42:05le corps humain. C'est nous qui
00:42:07déclenchons nos propres maladies aussi.
00:42:09Quand on a un moment,
00:42:11un choc psychologique, ça peut déclencher des maladies.
00:42:13Donc on le sait. Mais on oublie
00:42:15notre cœur. Notre cœur, c'est
00:42:17la centrale nucléaire.
00:42:19Le supplément d'âme, tu parles.
00:42:21Le cœur, c'est les émotions.
00:42:23Et quand t'arrives à gérer ça,
00:42:25quand t'arrives à comprendre
00:42:27ce qui se passe, quand tu dois prendre une décision
00:42:29et que t'arrives à travailler
00:42:31sur ce problème-là,
00:42:33t'es mieux.
00:42:35Comment dire en anglais ?
00:42:37Comment vous vivez avec Maya ?
00:42:39Est-ce que vous avez
00:42:41un endroit ?
00:42:43J'ai l'impression que tu voyages beaucoup.
00:42:45On a notre
00:42:47propre jardin secret.
00:42:49On parle beaucoup.
00:42:51Maya est
00:42:53une femme extraordinaire parce qu'elle me permet
00:42:55de pouvoir exorciser tout ce que j'ai en moi.
00:42:57C'est-à-dire qu'on a toujours un débriefing.
00:42:59Elle travaille
00:43:01dans son domaine, bien sûr.
00:43:03Elle est coach de vie
00:43:05et hypnothérapeute.
00:43:07Elle a ses propres protocoles.
00:43:09C'est là aussi
00:43:11que c'est comme un sportif de haut niveau.
00:43:13Elle est partie en retraite. Elle a fait
00:43:1520 ans de retraite. Elle est partie en Inde.
00:43:17Elle est allée chercher parce qu'elle aussi
00:43:19a eu ses propres problèmes, ses propres
00:43:21soucis.
00:43:23Les enfants,
00:43:25pourquoi ?
00:43:27Surtout, il y a une chose que nous, les mecs, on ne peut pas
00:43:29comprendre, c'est qu'on ne met pas au monde.
00:43:31On ne ressent pas les mêmes choses.
00:43:33Vous n'avez pas les mêmes hormones.
00:43:35Non.
00:43:37On a instauré
00:43:39toujours, tous les jours,
00:43:41quand moi je reviens,
00:43:43c'est la journée, la tienne aussi. On parle
00:43:45une heure, de tout, de rien.
00:43:47Mais c'est fantastique parce que ça te permet
00:43:49de pouvoir vider ta corbeille.
00:43:51Et quand tu as un souci,
00:43:53quand tu as un problème, tu parles, on discute.
00:43:55Tu dis, ça va aller,
00:43:57t'inquiète pas, on va trouver ça, on va trouver ça.
00:43:59Tu te dors, tu te molies.
00:44:01Tu vides la corbeille et peut-être,
00:44:03de ce que je comprends, tu mets aussi de l'ordre
00:44:05dans les dossiers de la journée.
00:44:07Tu mets aussi de l'ordre dans...
00:44:09Tu les ranges. Parce que parfois, ça se croise.
00:44:11Ça fait un peu...
00:44:13C'est un peu la guerre.
00:44:15Mais c'est aussi,
00:44:17tu sais,
00:44:19on s'est trouvés.
00:44:21C'est deux personnes qui se sont trouvées. On a le même âge.
00:44:23On a nos enfants.
00:44:25Parce qu'à deux, on en a six.
00:44:27Déjà, quand tu arrives avec quatre,
00:44:29tu vas augmenter le nombre.
00:44:31Oui, mais là, on en a six.
00:44:33On en a deux qui sont à Dubaï.
00:44:35Mon fils est à Dubaï et sa fille est à Dubaï aussi.
00:44:37Qui est aussi dans le spectacle.
00:44:39C'est drôle, ça.
00:44:41Tous les enfants s'adorent.
00:44:43On a une chance inouïe.
00:44:45Et puis après, les autres...
00:44:47Ça, c'est une vraie chance.
00:44:49Ma fille est à Londres, Luna.
00:44:51Et puis après, son fils est à Paris.
00:44:53Et moi, les deux autres sont à Paris.
00:44:55Et vous, avec Maya, vous êtes passés où ?
00:44:57On est passés au Luxembourg.
00:44:59On est partis tous les deux.
00:45:01C'était incroyable parce que c'était un moment
00:45:03charnière. Maya revenait
00:45:05un peu de Dubaï.
00:45:07On s'est rencontrés.
00:45:09C'était un changement de vie.
00:45:11Séparation, tout.
00:45:13Moi, je ne porte plus Paris.
00:45:15J'ai du mal.
00:45:17J'étais déjà allé au Luxembourg
00:45:19pour voir des amis, faire 2-3 affaires.
00:45:21Et puis, je me suis dit
00:45:23c'était super sympa.
00:45:25Je repartais à zéro.
00:45:27Et puis Maya, je lui ai dit
00:45:29on y va.
00:45:31On est là et on est heureux.
00:45:33On a notre petit jardin secret.
00:45:35On est bien et on fait notre propre vie.
00:45:37L'endroit le plus important,
00:45:39et je l'ai vécu, je peux te le dire,
00:45:41c'est quand tu as ta moitié qui n'est pas l'endroit.
00:45:43C'est dur. C'est compliqué.
00:45:45Et là, tu rentres dans une période
00:45:49très difficile.
00:45:51Et tu es...
00:45:53Il faut être bien. Quand tu rentres dans ton appartement,
00:45:55c'est un cocon.
00:45:57Ta maison, il faut qu'elle soit...
00:45:59Et ça, c'est tellement important.
00:46:01On a retrouvé ça, bien sûr.
00:46:03Malheureusement, ces deux ans
00:46:05qui nous ont bouleversés tous.
00:46:07Mais on l'avait perdu.
00:46:09Les gens voulaient consommer.
00:46:11Toujours aller à droite,
00:46:13à gauche, voyager,
00:46:15aller voir des choses exceptionnelles.
00:46:17Certes, parce qu'on a la possibilité de le faire.
00:46:19Mais on avait complètement oublié
00:46:21notre maison.
00:46:23Notre racine.
00:46:25Notre cocon.
00:46:27Ce qui fait notre foyer.
00:46:29Et puis les gens, tout d'un coup,
00:46:31ils se sont retrouvés bloqués à la maison.
00:46:33Ils ont dit, mais de quoi je vis, parfois ?
00:46:35Mais il faut que je fasse quelque chose.
00:46:37Comment je vis ?
00:46:39Il faut que je change un petit peu les couleurs des trucs.
00:46:41Et de fil en aiguille,
00:46:43on comprend aussi ce que vit notre conjoint
00:46:45ou la conjointe.
00:46:47Les enfants, la contrainte,
00:46:49le monde de tous les jours.
00:46:51De pouvoir aussi,
00:46:53vivre vraiment
00:46:55ensemble.
00:46:57Et là, il y a un changement.
00:46:59Vivre ensemble, c'est...
00:47:01Est-ce que tu as gardé, dans tout ça,
00:47:03une petite place pour le tennis ?
00:47:05Est-ce que tu tapes toujours la balle ?
00:47:07J'ai eu une période... Moi, je joue beaucoup au golf.
00:47:09Je me suis mis vraiment dans le golf.
00:47:11J'adore ça.
00:47:13Cette année, vraiment...
00:47:15C'est addictif ou pas, le golf ?
00:47:17Oui, c'est addictif.
00:47:19On m'a dit, ne commence pas,
00:47:21parce que si tu commences, tu ne fais plus que ça.
00:47:23Non, tu ne fais pas plus que ça, parce que tu t'organises.
00:47:25Moi, par exemple,
00:47:27Maria travaille très tôt le matin.
00:47:29Moi, je suis à 8h10, je ne suis pas con.
00:47:31Je joue le truc à 10h,
00:47:33et après, je passe au bureau, je fais mes mails,
00:47:35je joue 9 trous.
00:47:37T'as fait 9 trous avant, oui.
00:47:39Par contre, le week-end,
00:47:41non. T'es avec ta femme,
00:47:43il faut essayer,
00:47:45on peut tellement jouer dans la semaine,
00:47:47sauf quand on fait des événements.
00:47:49On est invité, c'est un événement important,
00:47:51on y va, et on y va ensemble.
00:47:53Maria aussi, je lui mets un peu au golf, mais elle n'a pas trop le temps.
00:47:55Elle a un beau swing,
00:47:57et c'est un plaisir, parce qu'en plus,
00:47:59c'est un sport où tu peux partager avec tout le monde,
00:48:01et pouvoir communiquer avec différents partenaires.
00:48:03Moi, j'organise beaucoup d'événements golf,
00:48:05et là, je fais venir
00:48:07des personnalités différentes, comme il y avait eu
00:48:09avec Mike Powers, qui avait organisé il y a 20 ans
00:48:11ici l'Event International,
00:48:13c'était fabuleux.
00:48:15On le fait avec des personnalités du monde
00:48:17français, un peu étranger, ou belge,
00:48:19qui viennent, et les gens sont heureux.
00:48:21C'est un bon moment.
00:48:23Et après, sinon, je joue toujours un peu au tennis,
00:48:25je m'amuse avec des copains, de temps en temps.
00:48:27Parfois, je joue deux fois par semaine.
00:48:29Ils sont contents de jouer avec moi,
00:48:31mais je joue à mes 60.
00:48:33L'amorti, je n'y vais pas.
00:48:35Je ne vais pas me prendre pour un con non plus, un blessé.
00:48:37Quel effet ça fait, quand on a eu
00:48:39un certain niveau,
00:48:41et qu'on continue
00:48:43à jouer, de voir qu'il y a des choses
00:48:45qu'on n'arrive plus à faire ?
00:48:47C'est ça le plus difficile,
00:48:49de mettre l'entrée
00:48:51dans ton cerveau.
00:48:53Est-ce que tu le vois, toujours, le coup qu'il faut jouer ?
00:48:55Maintenant, je le vois, je joue,
00:48:57je le fais, mais je ne frappe plus.
00:48:59Ce n'est pas mal,
00:49:01c'est lent, mais la personne en face
00:49:03ne peut pas l'avoir non plus. C'est encore pire.
00:49:05Avant, ça allait vite.
00:49:07Maintenant, tu le mets,
00:49:09et tu sais qu'il ne va pas l'avoir.
00:49:11Surtout, il faut être...
00:49:15Il faut surtout être réaliste,
00:49:17qu'on n'a plus 20 ans.
00:49:19C'est pour ça que tu peux te blesser.
00:49:21Parce que là, on fait toujours les tournois.
00:49:23On joue en double, un peu,
00:49:25comme on jouait à Roland-Garros,
00:49:27la dernière année.
00:49:29On fait jouer, on s'amuse,
00:49:31on fait les fous, mais on ne court plus comme avant.
00:49:33Parfois,
00:49:35on rate des balles,
00:49:37on n'est pas bien.
00:49:39Ce n'est pas possible.
00:49:41Il faut à un moment dire, j'arrête, je fais autre chose.
00:49:43Je joue avec mes potes.
00:49:45Je suis encore cette année à Roland-Garros.
00:49:47Tu le sais,
00:49:49il y a des gens qui viennent pour te voir aussi.
00:49:51J'adore.
00:49:53Tu dis que c'est la dernière année à Roland-Garros.
00:49:55Tu risques de faire des déçus.
00:49:57Je ne sais pas. Je reviendrai certainement.
00:49:59Ce que je veux dire, c'est que je ne veux pas non plus être ridicule.
00:50:01Il est vrai que quand on vient me voir jouer,
00:50:03il n'y a pas que le tennis.
00:50:05Je suis un peu un show.
00:50:07On a parlé du personnage.
00:50:09Dès qu'il y en a un qui fait une connerie dans les gradins,
00:50:11je dis, tu te descends, viens jouer.
00:50:13Parce que j'adore ça.
00:50:15Après, je vois la question,
00:50:17tu me dis pourquoi tu ne deviens pas acteur.
00:50:19C'est mon rêve aussi.
00:50:21Moi, j'allais te dire presque.
00:50:23Pourquoi tu ne deviens pas cuisinier ?
00:50:25Parce que j'ai lu quelque part...
00:50:27Oui, j'ai une proposition Métropole.
00:50:29Je viens de signer.
00:50:31Je ne l'ai pas lu dans le livre,
00:50:33mais il me semble que quand même...
00:50:35Alors d'abord,
00:50:37ce que tu m'as confié,
00:50:39mais que j'avais entendu aussi quelque part,
00:50:41c'est que tu as fait un Masterchef en Angleterre.
00:50:43J'ai un agent en Angleterre.
00:50:45Il me dit, Henry,
00:50:47tu sais comment cuisiner ?
00:50:49J'ai dit, oui.
00:50:51Et il me dit,
00:50:53mais t'es fou toi !
00:50:55Parce que tu vas quand même en Angleterre,
00:50:57même si je parle anglais couramment,
00:50:59il y a des mots que je ne connaissais pas.
00:51:01Et là, j'ai eu une pression.
00:51:03Jouer sur le central de Wimbledon,
00:51:05c'était rien à côté.
00:51:07Maïa était avec moi.
00:51:09On était mort de rire.
00:51:11Il nous avait mis dans un hôtel
00:51:13où il y avait une cuisine pour pouvoir s'entraîner.
00:51:15On a acheté la bouffe,
00:51:17les ingrédients,
00:51:19pour pouvoir tester encore.
00:51:21Et mon agent,
00:51:23il a fait un truc super.
00:51:25Il m'a dit, tu viens dix jours à la maison,
00:51:27je prends un chef, un copain,
00:51:29et tu cuisines avec lui, tu vas comprendre.
00:51:31Donc le premier jour,
00:51:33c'est magnifique,
00:51:35parce que tu arrives,
00:51:37tu es dans la cuisine,
00:51:39c'est super.
00:51:41Il me dit, fais-moi ce que tu sais faire.
00:51:43Je lui fais des trucs,
00:51:45il me dit, tu as une super base, c'est bien.
00:51:47Maintenant, on va travailler différents plats,
00:51:49travailler avec les pâtes,
00:51:51travailler avec le poisson,
00:51:53travailler avec la viande.
00:51:55C'était du training intensif.
00:51:57Par contre, tu mangeais derrière.
00:51:59Il fallait faire venir les potes,
00:52:01parce qu'il y avait des plats tous les jours.
00:52:03D'où le contrat avec Comme j'aime.
00:52:05J'ai dû le faire, bien sûr.
00:52:07Il y a encore une personne extraordinaire,
00:52:09M. Bernard Canetti,
00:52:11qui est extraordinaire.
00:52:13C'est le patron de Comme j'aime ?
00:52:15Il est un mec, une personne magnifique.
00:52:19Donc je m'entraîne,
00:52:21mais quand tu t'entraînes à la maison,
00:52:23avec des potes, tu bois une petite coupe de champagne,
00:52:25et que tu n'as pas de pression, c'est facile.
00:52:27Mais quand tu es dans le truc,
00:52:29tu envoies tes différentes recettes
00:52:31que tu fais,
00:52:33que tu vas réaliser devant les chefs,
00:52:35ça, ça me rend corps.
00:52:37Parfois, il t'ouvre le panier,
00:52:39il te dit, démerde-toi.
00:52:41Oh la vache !
00:52:43Après, ils te mettent dans un restaurant,
00:52:45ils m'ont mis dans un restaurant,
00:52:47un vrai restaurant, une brasserie à la Londres,
00:52:49avec les différents...
00:52:51Chefs de parti.
00:52:53Protagonistes aussi, ceux qui sont avec toi,
00:52:55parce qu'on était 23 au départ.
00:52:57Et puis, tu as l'illumination.
00:52:59Moi, je me suis retrouvé dans un restaurant,
00:53:01comme chez Pierre, ici à Monaco,
00:53:03qui est un homme d'une gentillesse extraordinaire,
00:53:05qui est fabuleux, parce que je l'ai rencontré
00:53:07il y a plus de 20 ans.
00:53:09Il m'a dit que j'aimais vraiment le restaurant.
00:53:11J'ai dit, attends, j'y arrive tout de suite.
00:53:13Et c'est...
00:53:15Tu travailles chez Pierre,
00:53:17tu es en cuisine, et toi, tu fais les gnocchis.
00:53:19Mais les gnocchis, il est vrai.
00:53:21À la pâte, tu les roules, tout ça.
00:53:23Et puis, tu dis, oui, chef.
00:53:25Quand tu as un gnocchi, tu dis, oui, chef,
00:53:27mais quand tu en as 35, et que tu dois servir,
00:53:29les gnocchis, quand tu les mets à la poêle,
00:53:31tu as des comilles un petit peu à côté qui t'aident un petit peu.
00:53:33Oui, oui, c'est une responsabilité.
00:53:35Et là, tu as le chef qui vient et qui t'engueule
00:53:37comme du poisson pourri, parce que tu as
00:53:39emmerdé sur deux, trois plats.
00:53:41Je comprends et je sais ce que ça veut dire
00:53:43travailler dans la restauration.
00:53:45Et en plus,
00:53:47avec ton équipier, le lendemain,
00:53:49ou deux jours après,
00:53:51tu vas faire à manger
00:53:53pour le centre de recherche
00:53:55à Londres, contre toutes les maladies cancéreuses et tout.
00:53:57C'est international.
00:53:59Tu es deux.
00:54:01Moi, j'étais avec un homme, et de l'autre côté, on avait deux femmes.
00:54:03Tu dois faire à manger pour 300 personnes.
00:54:05Donc, 150 d'un côté,
00:54:07150 de l'autre.
00:54:09Et tu dois faire un plat végétarien.
00:54:11D'accord ?
00:54:13Parce qu'il y en a qui ne mangent pas de viande.
00:54:15Et tu fais un buffet.
00:54:17Et là, tu rentres dans une pièce, et tu as du poisson,
00:54:19de la viande, tout ça. C'est un marché.
00:54:21Et toi, tu décides vite ce qu'on fait.
00:54:23Je dis, moi, nous, on fait poulet
00:54:25et agneau. Paf !
00:54:27Les autres, ils ont fait poisson.
00:54:29Vas-y, poisson pour 150 personnes.
00:54:31Tu vois ? Donc, tu le fais.
00:54:33Tu fais des portions à la fois.
00:54:35Donc, ils se serrent.
00:54:37C'est un buffet.
00:54:39Après, ils font la note, et on voit
00:54:41lequel a été le plus apprécié
00:54:43par tout le monde. Donc, ils mettent des notes.
00:54:45C'est encore ça. Et après, un autre jour,
00:54:47tu vas à Dover, d'Ouvre,
00:54:49et tu fais à manger pour 300 personnes
00:54:51pour les sauveteurs en mer.
00:54:53C'est que des bénévoles.
00:54:55C'est que des personnes qui achètent les bateaux.
00:54:57Et là, alors là, il ne faut pas te tromper non plus.
00:54:59Il faut que tu fasses des trucs costauds.
00:55:01Parce que les gars, ce ne sont pas
00:55:03des sandwichs chez SNCF.
00:55:05C'est des gens qui sont costauds
00:55:07et qui ont besoin de manger.
00:55:09Aussi, il faut prendre les bonnes décisions.
00:55:11Moi, j'ai eu la chance d'être
00:55:13dans le monde du sport. Donc, je sais les portions.
00:55:15Je dis, alors là, on ne va pas se casser.
00:55:17On y va. Et donc,
00:55:19de fil en aiguille, je me suis retrouvé en demi-finale.
00:55:21Demi-finale, quand même.
00:55:23Pour quelqu'un qui a fait ça juste comme ça.
00:55:25Et quatre...
00:55:27Donc, on est quatre. Et tout le monde disait
00:55:29Henri, c'est Henri qui va gagner.
00:55:31Parce qu'il dit, il est trop fort, c'est Henri.
00:55:33Et moi, les desserts, je suis nul
00:55:35à chier. Je ne sais pas.
00:55:37Tu sais, c'est les proportions, c'est les calculs.
00:55:39Tu parles à quelqu'un qui ne sait pas faire les desserts non plus.
00:55:41Alors, j'ai essayé.
00:55:43Puis, à la fin, j'étais tellement...
00:55:45J'étais épuisé.
00:55:47Mentalement, là, pour le coup,
00:55:49si tu dis que tu avais beaucoup de pression,
00:55:51comment ça devait être compliqué ?
00:55:53Oui, parce que tout le monde parle du physique.
00:55:55Mais de pouvoir gérer...
00:55:57En plus, en parlant l'anglais,
00:55:59tu as la pression du résultat.
00:56:01Tu as la télé parce que tu es filmé
00:56:03du matin au soir.
00:56:05Et puis, aussi, ce qui est extraordinaire,
00:56:07et ça, c'est magnifique,
00:56:09c'est qu'ils te testent aussi,
00:56:11ils te notent sur la propreté.
00:56:13Sur la présentation.
00:56:15Présentation. Quand tu dois nettoyer,
00:56:17tu dois jeter, tu te coupes un peu un doigt,
00:56:19ils arrêtent.
00:56:21Il faut que ça soit nickel.
00:56:23C'est ça qui est extraordinaire.
00:56:25C'est une leçon de vie
00:56:27que j'ai adorée.
00:56:29Maintenant, je sais ce que c'est que la restauration.
00:56:31Mon fils a fait l'école hôtelière.
00:56:33Il m'a dit, papa, tu vas voir, tu vas comprendre.
00:56:35Ça lui a permis de pouvoir sortir
00:56:37de cette école hôtelière à Paris
00:56:39et de partir et d'être dans la restauration
00:56:41et d'être patron.
00:56:43C'est le taulier. C'est lui qui gère.
00:56:45Il sait faire. L'argent, tout faire.
00:56:47Oui, parce que c'est une chose de savoir cuisiner,
00:56:49c'est autre chose de savoir gérer.
00:56:51Lui sait.
00:56:53C'est des moments...
00:56:55Tous regroupent.
00:56:57T'es champion de tennis,
00:56:59t'as un bon restaurant, t'es acteur.
00:57:01C'est la même chose, c'est la même direction,
00:57:03c'est la même intensité,
00:57:05c'est la même organisation
00:57:07d'avoir une bonne équipe.
00:57:09J'en parlais avec Pierre hier soir. Il a ses enfants,
00:57:11il a sa femme. C'est tellement beau
00:57:13de pouvoir travailler. Et les enfants, tu les vois,
00:57:15c'est deux petits pierres.
00:57:17Ils sont pareils. Ils sont gentils, généreux,
00:57:19ils ont le sourire,
00:57:21ils aiment ce qu'ils font.
00:57:23C'est extraordinaire, toi.
00:57:25De toute façon, la restauration, je vais te dire, si t'aimes pas,
00:57:27faut pas le faire.
00:57:29On disait tout à l'heure,
00:57:31tu me dis que tu étais passionné de tennis et que c'est ça
00:57:33que tu voulais faire. Je pense que là aussi,
00:57:35tu peux pas devenir un sportif
00:57:37de haut niveau ou un bon cuisinier.
00:57:39Un acteur.
00:57:41Tu peux rien faire de bon si t'es pas passionné.
00:57:43La passion est
00:57:45une chose primordiale, importante
00:57:47et qui te fait vraiment aller de l'avant
00:57:49et qui est
00:57:51primordiale.
00:57:53Regarde, une belle émission de radio,
00:57:55on le sent dans la voix.
00:57:57Moi, j'adore la radio pour ça.
00:57:59Je travaille avec Hertel.
00:58:01Je suis beaucoup plus séduit que la télévision.
00:58:03La télévision, tu peux toujours cacher.
00:58:05Tu peux toujours maquiller.
00:58:07Tu peux toujours faire des mimiques.
00:58:09La radio, c'est la voix.
00:58:11La voix, c'est ce qu'il y a à l'intérieur.
00:58:13Quand c'est grave,
00:58:15les émotions, les choses qui te ressortent.
00:58:17C'est tellement...
00:58:19Moi, qui roule beaucoup,
00:58:21je fais 75 000 kilomètres par an
00:58:23en voiture.
00:58:25J'adore ça parce que je me rends
00:58:27dans un état hypnotique.
00:58:29Ça me permet de réfléchir.
00:58:31J'écoute beaucoup la radio, la musique,
00:58:33les émissions.
00:58:35Moi, je fais ça avec mon footing.
00:58:37J'ai du mal, tu sais pourquoi ?
00:58:39J'ai du mal à sortir mon corps.
00:58:41Et écouter aussi.
00:58:43C'est tellement beau d'être dehors.
00:58:45Tu as la nature.
00:58:47C'est vrai.
00:58:49Je deviens un peu philosophe.
00:58:51Maintenant qu'on a dit tout ça,
00:58:53qu'est-ce qu'on peut te souhaiter encore ?
00:58:55Parce que
00:58:57quand on parle avec Laurent Lecomte,
00:58:59on se dit que le type a quand même
00:59:01déjà pas mal de choses.
00:59:03J'ai une vie extraordinaire
00:59:05qui s'agrandit
00:59:07et qui grossit
00:59:09et qui a de la passion tous les jours.
00:59:11Je rencontre des gens exceptionnels.
00:59:13Ici, j'arrive à Monaco.
00:59:15Je n'étais pas retourné depuis deux ans.
00:59:17Il y a toujours une relation d'amour
00:59:19parce que c'est un endroit
00:59:21et c'est le plus beau tournoi du monde
00:59:23après les tournois du Grand Chelem.
00:59:25Et ça, il faut le défendre.
00:59:27J'en parlais encore avec mon seigneur hier.
00:59:29Il faut le défendre et il faut qu'il soit
00:59:31encore plus mis en avant
00:59:33pour qu'il soit encore plus respecté.
00:59:35Le monde d'aujourd'hui
00:59:37n'est pas simple.
00:59:39Dans le tennis non plus.
00:59:41Ce n'est pas parce qu'on a
00:59:43quelque chose que c'est acquis.
00:59:45Il faut faire très attention.
00:59:47Je suis arrivé ici.
00:59:49J'ai rencontré Valéry
00:59:51et tout son staff. Ils ont été adorables
00:59:53ici au Métropole.
00:59:55Ça me fait quelque chose.
00:59:57Je suis venu ici il y a fort longtemps
00:59:59et ça a toujours été un hôtel
01:00:01un peu cosy.
01:00:03Pas du tout ostentatoire.
01:00:05Tu es à la maison.
01:00:09C'est un peu sombre.
01:00:11Tout le monde se cache, se cherche un peu.
01:00:13Et ça, c'est beau.
01:00:15Ma vie que j'ai aujourd'hui est extraordinaire.
01:00:17Le fait d'avoir fait ce livre
01:00:19me permet d'aller voir aussi les gens.
01:00:21Je passe de Monaco
01:00:23et l'après-demain, je suis à Boulogne-sur-Mer.
01:00:25Et c'est fantastique.
01:00:27C'est toujours au bord de l'eau.
01:00:29Et c'est fantastique.
01:00:31J'y vais pour la Belgian King Cup
01:00:33parce que la France joue l'Angleterre.
01:00:35Et je vais encore faire une tournée pour mon livre.
01:00:37Après, je repars.
01:00:39Je vais aller du côté
01:00:41de Lyon, Saint-Étienne.
01:00:45Je suis un peu...
01:00:47Je ne vais pas dire un peu comme un gitan.
01:00:49Qui ne va pas partout.
01:00:51Et j'adore. J'aime bien les rétinaux.
01:00:53Je connais ça.
01:00:55J'ai vécu un peu en Camargue.
01:00:57Ma vie aujourd'hui...
01:00:59Je suis tellement content.
01:01:01Tellement heureux.
01:01:03Et surtout, de pouvoir plaisir aux gens.
01:01:05De prendre le temps.
01:01:07Et puis, c'est...
01:01:09Et puis, on est là.
01:01:11On continue.
01:01:13Et on se donne rendez-vous dans un an ?
01:01:15Quand tu veux. Je reviens quand tu veux.
01:01:17Tu m'invites quand tu veux. J'adore.
01:01:19Tant mieux. Merci Henri.
01:01:21Merci de ton temps.
01:01:23Merci d'avoir partagé avec nous
01:01:25tous ces mots.
01:01:27Merci d'être venu.
01:01:29Merci d'être venu.
01:01:31Merci d'être venu.
01:01:33Merci d'être venu.
01:01:35Merci d'être venu.
01:01:37Merci d'être venu.
01:01:39Merci d'être venu.
01:01:41Merci d'être venu.
01:01:43Merci d'être venu.
01:01:45Merci d'être venu.
01:01:47Merci d'être venu.
01:01:49Merci d'être venu.
01:01:51Merci d'être venu.
01:01:53Merci d'être venu.
01:01:55Merci d'être venu.
01:01:57Merci d'être venu.

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