• il y a 6 mois
« En une fraction de seconde, ma vie basculait pour toujours ». L'actrice Lolita Chammah a vécu l'immense douleur de perdre son fils Kolia, 12 jours après sa naissance. Pour Lou, elle a accepté de nous livrer un précieux témoignage sur le deuil périnatal. Son livre « J’ai regardé la nuit tomber » est publié aux Editions Stock ✨

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Transcription
00:00Colia est parti après douze jours de vie.
00:02C'est presque de la science-fiction, j'ai le corps et le cœur déchirés,
00:06j'ai plus de force et en même temps, on le rencontre.
00:09Petit être qui fait la taille de la paume de la main de mon mari.
00:14Ce qu'il y a de pire, c'est le tabou, c'est le déni, c'est l'inexistence,
00:19c'est de faire comme si elle n'existait pas.
00:21Et ce livre, je l'ai fait pour ça aussi.
00:24Bonjour Lou, je suis Lolita Chama et aujourd'hui, je vais vous parler du deuil périnatal.
00:29Nul ne peut s'attendre à une chose pareille quand on est enceinte de cinq mois et demi de grossesse.
00:34Moi, mère à ce moment-là, déjà d'un petit garçon de neuf ans,
00:38je ne pouvais même pas imaginer mon histoire, je ne pouvais même pas la concevoir.
00:42C'est-à-dire que rupture prématurée des membranes,
00:45je ne savais même pas ce que ça voulait dire, je ne savais même pas que ça existait.
00:48Et quand j'ai rompu les os, évidemment, ce jour-là, j'ai su que c'était très grave.
00:54En une fraction de seconde, ma vie basculait pour toujours, de toute façon.
00:59Quand on rompt les os très tôt, l'accouchement est imminent.
01:02On m'hospitalise dans le service des accouchements pathologiques.
01:05Évidemment, chaque heure de colia dans mon ventre,
01:08le laisse encore au chaud dans mon ventre, si je puis dire.
01:11Même le raconter, c'est très dur.
01:13Et donc, plus j'accoucherai tard, plus il y aura des chances de le sauver.
01:17Finalement, j'ai accouché une semaine après.
01:18Il a fallu se battre pour colia.
01:20Il a fallu le voir, le connaître, le mettre sur moi, tirer mon lait.
01:24Et toutes les secondes, penser qu'il allait vivre, mourir, vivre, mourir.
01:27Dans ces maternités-là, on sait que donner la vie, c'est magique.
01:32Mais donner la vie, ça peut aussi être donner la mort.
01:34Ça peut aussi être tragique.
01:36On apprend à vivre avec le manque, avec la perte, avec ce trou,
01:43ce trou noir qu'il y a à l'intérieur de soi.
01:45La culpabilité est un sentiment qui ne me quittera plus,
01:48même si je vis aussi pour mon autre fils Gabriel
01:52et pour celui qui viendra ou celle qui viendra.
01:54Ce que j'ai vécu est d'une telle violence.
01:56Et pourtant, vous voyez, je dis que je recommencerai encore
01:59parce que le désir d'être mère est plus fort que tout.
02:01Celles qui veulent vraiment, elles ne s'arrêtent pas.
02:03Elles vont jusqu'au bout, elles vont jusqu'au bout, du bout, du bout,
02:06à s'en arracher le corps, mais parce que le désir d'être mère est plus fort que tout.
02:11Moi, je suis quelqu'un qui aime la vie et qui aime rire.
02:14Je pense que mon livre parle de ça d'ailleurs aussi,
02:16de la vie, de la lumière, de la joie de Gabriel.
02:19Colia est là, colia ne s'en ira jamais, évidemment.
02:22Après, je ne vais pas vous mentir.
02:23Oui, mon fils est né, Gabriel, allait devant son école.
02:26Ça, ça m'a sauvée, oui, c'est ce qui m'a le sauvée le plus,
02:29parce que la chose la plus puissante qui me soit arrivée dans la vie,
02:32c'est de donner la vie, même si la deuxième fois, c'est tragique.
02:36Donc en fait, c'est ça, c'est ce pont-là qui m'a sauvée.
02:40Mais évidemment, avec quelque chose qui est de toute façon définitivement transformé.
02:47Ça, c'est sûr, on est transformé.
02:50On ne vit plus de la même façon.

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