Au centre pour demandeurs d'asile de la Croix-Rouge à Genappe, "tout le monde était sceptique et finalement tout se passe très bien"

  • il y a 3 mois
Transcript
00:00M. Cambier, c'était quoi votre première réaction quand vous avez appris que ce centre de réfugiés allait ouvrir ici ?
00:04On a eu tout de suite très très peur je pense parce que l'inconnu fait peur.
00:07L'inconnu fait peur quand on apprend qu'un centre fait d'asile débarque à Genap en plein centre-ville
00:14où les gens ne connaissent pas, les gens sont sceptiques,
00:16où les gens viennent avec des cultures différentes d'un pays en guerre ou autre chose.
00:20Tout le monde a très très peur ici à Genap.
00:23Et finalement comment ça s'est passé ?
00:26On va dire qu'avec le temps tout se passe mieux.
00:27Mieux parce qu'au début je visite comme dans tout pays, comme dans tout endroit, il y a toujours des cas isolés.
00:31Au début on a vu des policiers débarquer parce qu'il y avait des gens qui n'étaient pas très coopératifs.
00:37Mais sur l'ensemble je veux dire il y a 90% des gens sont contents,
00:40enfin tout moins moi et on n'a vraiment aucun souci dans le centre de Genap.
00:44On a appris leurs déboires,
00:47on a appris que des gens marchaient pendant 38 jours pour revenir ici en Belgique.
00:51On a appris des choses vraiment horribles.
00:55Moi de moi j'ai combattu, j'ai combattu en écoutant leur histoire, je les ai aidés.
00:58J'en ai trouvé des petits jobs pour certains, je les ai fait découvrir Genap.
01:04J'ai expliqué à des gens, ils ont pris pour très bien vécu aussi,
01:06donc j'ai fait connaître vraiment pas mal de personnes.
01:09Et je pense que les gens qui sont ici, je pense qu'ils veulent vraiment s'en sortir.
01:13Ils sont en Belgique ici, ils ont une autre culture, ils ont une autre nourriture, ils savent pas où ils sont.
01:20Et je pense qu'ils sont vraiment ici pour s'en sortir avec leur famille.
01:23Ils veulent du papier, ils veulent travailler, ils veulent une nouvelle vie.
01:26Et je pense qu'ils sont vraiment volontaires pour ça.
01:28Cette empathie vis-à-vis des réfugiés, c'est un sentiment qui a été partagé par l'ensemble de la population ici ?
01:33En fait, je vous dis, l'inconnu, on se posait mille questions,
01:35parce qu'on ne sait pas d'où ils viennent, il y a des pays en guerre.
01:38Je crois qu'il y a des enfants qui sont nés avec une Kalachnikov dans leur berceau.
01:40Donc on ne sait pas pourquoi ils ont quitté leur pays.
01:42Il y a des Colombiens qui sont venus ici, pourquoi ils ont quitté ?
01:44Il n'y a pas de guerre en Colombie, il y a d'autres choses.
01:45On ne sait pas ce qui s'est passé.
01:46Les burundais, c'est la même chose, il n'y a pas de guerre.
01:48Mais il se passe des choses qu'on ne sait pas sur la presse ou aussi.
01:51Donc je pense qu'on se demandait qu'est-ce qui se passe, qu'est-ce qui allait venir ici ?
01:55Et quand vous traversez ici maintenant, même la nuit où les lumières sont coupées sur la plaine communale,
02:00vous allez traverser quelqu'un, vous allez lui demander bonjour, il va vous répondre bonjour.
02:04C'est l'ABC de la vie.
02:06Il y a des gens à Genap, quand on passe à côté, qu'ils ne vous disent pas bonjour.
02:08Eux, ils vous disent bonjour, monsieur, bonjour monsieur.
02:10Donc c'est pas mal.
02:12Ces personnes se sont vraiment bien intégrées.
02:14Vous vous avez été même jusqu'à leur donner du travail dans votre centre sportif ?
02:17Pas dans mon centre sportif, j'ai un restaurant ici à Bruxelles où une fille travaillait au pays.
02:21J'ai cherché une cuisinière, donc je l'ai fait travailler un mois chez moi, dans mon restaurant,
02:25où elle a vraiment travaillé vraiment très, très, très bien.
02:27Elle était gentille et tout ça.
02:29Et puis, elle est revenue ici et elle a trouvé un autre endroit ici à Genap,
02:33où je connaissais le propriétaire qui m'a posé des questions.
02:35Je lui ai dit qu'elle était parfaite.
02:36Maintenant, elle travaille ici dans le centre-ville.
02:40On a essayé de trouver des...
02:40Je connais un ami indépendant qu'a trouvé, qui travaille sur les toits,
02:43qu'elle a pris d'eux, il les a formés, il les a habillés et il travaille avec eux aussi.
02:47Donc on les a vraiment...
02:48Je pense que la ville de Genap est déjà très accueillante et je pense qu'elle fait du bien aussi.
02:52Au départ, non, parce qu'on était sceptiques, mais je pense que maintenant, en les connaître,
02:56je pense que les gens sont, enfin, on va dire pas contents à 100%,
02:59mais sont réceptifs et étonnés, dans le bon sens du terme.
03:04Vous avez gardé des liens très forts, même avec certains qui sont partis ailleurs en Belgique.
03:07Oui, oui, en fait, comme ils naissent souvent chez moi à la cafétéria sportive,
03:11pour faire un peu de la fête, parce que ces gens-là n'ont pas beaucoup d'argent non plus.
03:13Quand j'entends qu'ils gagnaient 17 euros par semaine,
03:16ils n'ont pas non plus dépensé beaucoup d'argent.
03:19Et ici, chaque fois qu'il y a des résidents qui ont leur papier, ils viennent faire la fête.
03:22Ici, ce week-end-ci, ici, j'avais 45 bourrondais qui sont débarqués chez moi.
03:27Maintenant, ils sont à Zottegem, ils sont à Liège, ils sont à Mons, ils sont à Bruxelles, ils sont partout.
03:32Et ils viennent chez moi, ils ont fêté un résident qui avait ses papiers,
03:35tous ensemble, parce que c'est vraiment une grosse famille unie.
03:37Je pense qu'il y avait des gens qui n'avaient pas d'argent,
03:38mais l'autre lui payait à boire, une fois c'était l'inverse.
03:41Je pense qu'ils sont vraiment très, très soudés ensemble.
03:42Pourquoi ? Parce qu'ils arrivent ici en Europe, je répète, dans une autre culture et ils s'entraident.
03:47Et je pense qu'ils veulent vraiment s'en sortir et je pense que c'est vraiment génial.

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