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Mercredi 19 juin 2024, SMART IMPACT reçoit Laurent Forti (porteur du programme Adaptation au changement climatique, Ifpen) , André Coisne (membre du comité d’éthique, Kaori) , Pierre Valentin (conseiller spécial, Amadeis) et Frédéric Leybold (fondateur, Hekatech)

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00:00Bonjour à toutes et à tous, bienvenue, c'est Smart Impact, l'émission des entreprises à impact positif et voici notre sommaire.
00:15L'invité de Smart Impact aujourd'hui, c'est Laurent Forti, porteur de programme Recherche et Innovation à l'IFP Énergie Nouvelle.
00:21Il viendra nous présenter un gel innovant pour lutter contre les effets de la sécheresse sur les bâtiments.
00:27Dans le débat de notre émission, on se demandera comment mieux intégrer la composante sociale dans les investissements responsables, le S2ESG,
00:37souvent le parent pour des 3 000 milliards d'encours concernés dans le monde. Et puis la start-up du jour, c'est Ecatech et son boîtier connecté
00:45pour venir en aide aux personnes victimes d'arrêts cardiaques. Voilà pour les titres. On a 30 minutes pour les développer. C'est parti !
00:58L'invité de Smart Impact, c'est Laurent Forti. Bonjour. Bonjour. Bienvenue. Vous êtes porteur du programme Recherche et Innovation,
01:05Adaptation au changement climatique à l'IFP Énergie Nouvelle. On va parler des sols argileux. Ça concerne énormément de Français.
01:13Je suis sûr qu'il y a certains dans les échos qui nous regardent qui disent peut-être que l'invité de Smart Impact a une solution.
01:19Donc on va être très, très à l'écoute. Mais d'abord, présentez-nous IFP Énergie Nouvelle.
01:23Alors IFP Énergie Nouvelle, c'est un centre de recherche et d'innovation public qui existe depuis près de 80 ans, dont l'ADN est de porter des innovations
01:30dans les domaines de l'énergie, de l'environnement, du climat et de la mobilité, des idées de nos chercheurs jusqu'à leur valorisation.
01:38Et l'idée dont on parle aujourd'hui sort de ce processus. Oui, on est au-delà du projet. On est en valorisation actuellement.
01:47Peut-être pour commencer, le constat. Ces sols argileux en France qui font des ravages dans beaucoup de maisons d'habitation, qui est concerné ?
01:56Ça concerne combien de personnes ?
01:58Ça concerne énormément de personnes. C'est vraiment un enjeu sociétal et social fort. C'est un enjeu sociétal parce que pour les assureurs, ça représente
02:05un dommage de plus d'un milliard d'euros. C'est aujourd'hui plus de 10 millions de pavillons qui sont sur des sols considérés à aller à fort ou moyen.
02:13Pour le particulier, c'est vraiment un drame parce que c'est l'investissement de sa vie, son patrimoine qui est remis en cause. Et il peut se trouver
02:20fort démuni face à sa maison fissurée. Effectivement, 10 millions 400 000. C'est le chiffre qu'on a trouvé. Maisons concernées par ce phénomène de retrait,
02:28gonflement des sols argileux. On peut peut-être expliquer en quelques mots ce qui se passe, en fait.
02:33De façon assez schématique, les argiles, c'est des aimants à l'eau, en fait. On va le dire très simplement. En présence d'eau, ça gonfle.
02:41Et puis en phase de sécheresse, ça se rétracte. Et avec le changement climatique, ces alternances plus sécheresse avec des pluies de plus en plus intenses
02:48et recentrées et des sécheresses de plus en plus fortes amplifient ce phénomène. Et on constate une augmentation du nombre de pavillons qui sont touchés
02:55chaque année et donc des dommages qui sont du ressort des assureurs.
02:59Mais c'est même une assez... Enfin, vous allez peut-être me contredire, mais moi, l'impression que j'ai, c'est qu'il y a eu vraiment une accélération.
03:06C'est-à-dire que je discutais avec des assureurs qui me disaient « Mais avant, on avait quelques cas sur 5-6 ans. Et puis là, maintenant, on en a à plusieurs dizaines, parfois par an ».
03:14Tout à fait. Alors c'est la problématique du changement climatique qui amplifie justement ces alternances pluie-sécheresse avec des pluies de plus en plus intenses,
03:25de plus en plus localisées. Tous ces phénomènes climatiques extrêmes sont de plus en plus forts et fréquents.
03:29Et ça va aussi impacter d'autres axes, en fait, pas uniquement les maisons.
03:34Bon, on aura peut-être le temps de reparler de la question des assurances. Mais je voudrais vraiment qu'on consacre l'essentiel de cette interview
03:39à cette innovation que vous avez présentée au mois de mai au salon VivaTech avec une société partenaire qui s'appelle Sol Injection.
03:48Sol Injection, c'est ça.
03:49Alors c'est quoi ? Gel de traitement des sols. Je me suis dit « Mais qu'est-ce que c'est ? Comment ça peut fonctionner ? »
03:53Alors en fait, très souvent au sein d'IFP Energies Nouvelles, on essaye de mettre sur d'autres marchés des technologies qu'on avait développées par ailleurs.
04:00Et on organise régulièrement des challenges d'innovation interne au cours desquels on propose à nos collègues de nous soumettre des idées pour répondre à des grands défis.
04:08Dans le deuxième challenge, on est actuellement au cours du troisième. Dans le deuxième challenge, un de nos collègues qui avait connaissance de ce problème nous a proposé une première solution.
04:16Et puis on a trouvé la piste intéressante. Une équipe s'est constituée et l'équipe a proposé justement un gel de silice qu'on avait déjà utilisé dans le passé pour colmater un puits gazier en disant « ça doit aussi agir sur les argiles ».
04:28On a trouvé l'idée intéressante. L'idée a été lauréate de notre challenge d'innovation.
04:31On a fait une preuve de concept au sein de nos laboratoires qui a montré qu'on pouvait traiter des argiles et qu'on restreignait très fortement leur sensibilité à ce phénomène de retrait gonflement.
04:41On a travaillé pour trouver un partenaire de valorisation parce que comme on est un établissement public, il faut trouver un mode de valorisation.
04:47On a trouvé Sol Injection avec lequel on a un partenariat de co-construction de la solution parce qu'eux sont très acteurs de ce domaine. Ils connaissent très bien les sols. Ils connaissent très bien ce milieu-là.
04:58On a développé, nous, la formulation du gel de silice. Eux, le procédé d'injection dans les sols. Et conjointement, ça fait une solution qui est aujourd'hui commercialisée.
05:07— Alors justement, c'était ma question suivante. Vous en avez tout ? Il y a des chantiers ? Ça a déjà été mis en œuvre ?
05:11— Alors c'est souvent des temps longs parce qu'il faut d'abord que la solution soit reconnue par ses pairs. Donc elle a fait l'objet d'une technique nouvelle qui a été validée par un bureau de contrôle indépendant.
05:22Il faut aussi que ces chantiers soient assurés. Donc notre partenaire a obtenu une assurance de garantie décennale de son assureur. Donc c'est un axe fort.
05:30Celle-ci a été obtenue au début 2024. On a présenté notre solution à beaucoup d'acteurs, assureurs, experts. On l'a présentée, comme vous l'avez dit, au Salon Vivatec.
05:38Et on a d'ailleurs eu des particuliers qui sont passés nous voir en nous disant « J'ai ce problème ».
05:42— J'imagine qu'il y en a eu pas mal, oui. — « J'ai ce problème. Quelle est votre solution ? ».
05:45Ces assureurs et ces experts se sont montrés très intéressés. Et aujourd'hui, il y a des premiers chantiers qui sont d'ores et déjà programmés pour le dernier trimestre 2024.
05:53— Alors vraiment question de curieux de Béossien. Donc c'est un gel sous quelle forme ? Si on dit gel, c'est liquide ? C'est fongieux ? Ça ressemble à quoi ?
06:03— Oui. La question est tout à fait pertinente. Au moment où on injecte le produit, il est sous forme liquide.
06:09Mais on l'active pour qu'il se transforme au moment de sa présence dans le sous-sol au bon endroit.
06:16D'ailleurs, on le contrôle avec une méthodologie un peu particulière qui nous permet d'imager ce qui se passe dans le sol pour voir qu'on a bien placé le gel au bon endroit.
06:23Et donc ce produit crée des liaisons chimiques entre les feuillets d'argile, on va dire, de façon à éviter qu'il bouge au moment de l'arrivée d'eau ou du départ de l'eau dans ces phénomènes de pluie-sécheresse.
06:37Et donc on crée des ponts chimiques minéraux, puisqu'on injecte un produit qui est essentiellement minéral, des produits qui sont déjà présents dans le sol mais qui ont cette belle propriété de faire des ponts chimiques.
06:47— Vous devancez mes questions. Mais on est dans une émission qui s'appelle Smart Impact. On est très soucieux, évidemment, de la transition, de l'ascenseur environnemental.
06:54Vous avez fait attention à ce que vous injectiez dans le sol, si vous voyez ce que je veux dire.
06:58— Bien sûr. Alors on a testé notre produit suivant un critère qui est reconnu, qui est le critère HP14, où on teste sa toxicité vis-à-vis d'un certain nombre d'organismes vivants et de végétaux.
07:09Notre produit a passé les tests. Il n'est donc pas considéré comme écotoxique. Et puis on est très vigilants, effectivement, à tous ces aspects-là, bien sûr, au sein de l'IFP Énergie Nouvelle.
07:18Par ailleurs, notre solution vient remplacer ou compléter des solutions qui ont un impact environnemental beaucoup plus fort.
07:24Par exemple, une des solutions, ce sont les micropieux. On vient reprendre les fondations en faisant des pieux sous les fondations pour aller chercher des couches dures.
07:32Ça, ça nécessite du ciment, dont vous comprenez bien l'impact environnemental. Pour le particulier, il faut qu'il vide sa maison, faire entrer des gros engins dans sa maison pour percer tous les sols, etc.
07:42C'est très coûteux. — Je pense qu'il y a des amis qui sont en train de le faire. On a tout vidé. Mais c'est impressionnant. Ils vont ouvrir tout le sol de la maison, en fait.
07:48— C'est exactement ça. Alors que là, on vient, en périphérie de la maison, injecter tous les 80 cm dans la couche argileuse notre produit qui insensibilise définitivement les argiles.
07:57— Ça veut dire que ça coûte forcément beaucoup moins cher qu'un chantier de rénovation auquel, je pense, où il a fallu tout ouvrir et où ça va prendre des mois et des mois ?
08:04— Alors ça coûte beaucoup moins cher que les micropieux. Vous parlez d'un chantier de rénovation. Il reste quand même après à réparer le bâti.
08:10Mais en tout cas, c'est un intermédiaire. C'est très proche des solutions type injection de résine expansive. C'est beaucoup plus durable. Et ça vient la compléter parfois.
08:20— Alors comment je peux formuler ça ? Toutes les maisons lesardées par la sécheresse sont-elles éligibles à votre solution ou est-ce qu'il y a des fois où ça marche pas ?
08:30— Non. Alors on est très prudent dans la mise en œuvre de cette solution. Les tests qu'on a pu faire en laboratoire et sur terrain montrent que ça s'applique dans un certain nombre de cas
08:38suivant des critères géotechniques que je ne détaillerai pas mais que les experts connaîtront. Tout ça est détaillé dans notre cahier des charges.
08:43— Comment on peut le savoir ? C'est compliqué ?
08:45— Alors à chaque fois qu'il y a ce type de dommage, les experts passent pour déjà voir si c'est bien un problème de retrait gonflement des argiles,
08:50ensuite régler les petits problèmes qui se posent parce que des fois, il y a des tombées d'eau, des gouttières juste au pied de la maison qu'il faut régler,
08:56des fuites de canalisation, etc. Tout ça doit être réglé. Les végétaux qui sont trop proches de la maison, tout ça aussi doit être réglé avant.
09:02Ensuite, il y a des analyses des sols qui définissent la caractéristique du sol, dans quelles catégories ils sont en termes de différents paramètres géotechniques.
09:09Et notre solution s'applique dans une grille de ces paramètres-là. Ça représente à peu près 30 à 40 % des cas.
09:16Et donc voilà, on peut le savoir relativement vite. Je voudrais qu'on reparle des assurances, parce que tout le monde n'est pas forcément couvert.
09:26Et ça donne lieu à des frustrations entre voisins ou à des contentieux, j'imagine. C'est quoi ? C'est de la mauvaise volonté des assurances, parfois ?
09:34C'est parce qu'effectivement, on peut croire que c'est lié au sol argileux, et ça ne l'est pas forcément ?
09:39— Alors je rentrerai pas dans le débat. Est-ce que les assurances, etc. — Vous n'êtes pas là pour défendre ou pas les assurances, oui.
09:43— En fait, déjà, il y a une première chose. Est-ce que la commune s'est déclarée en état de catastrophe naturelle ou pas ?
09:48Si elle ne l'a pas déclarée, pour le particulier, ça devient plus compliqué. Ça dépend effectivement de son assurance.
09:53Et on s'assure pour différents dommages, pas forcément pour tous. Si on n'est pas assuré pour celui-là, c'est un peu dommage, c'est le cas de le dire.
10:00S'il y a eu arrêté de catastrophe naturelle, là, les experts passent, mandatés par l'assurance, et définissent si c'est vraiment un problème de retrait gonflement des argiles
10:07ou une malfaçon dans la construction, etc. Voilà. Et c'est à ce moment-là que l'assureur décide d'intervenir ou pas pour ce dommage.
10:14— Allez, il nous reste une minute. Alors là, j'ai une autre question sur le fonctionnement. Je reviens au fonctionnement de IFP Énergie Nouvelle.
10:19L'ingénieur ou les ingénieurs qui ont travaillé sur la solution, quand elle devient une solution industrielle qui rapporte de l'argent, ça rapporte de l'argent à l'IFP Énergie Nouvelle ?
10:29— Oui, bien sûr. — À l'inventeur lui-même ? Comment ça marche ?
10:31— On a un processus de récompense de nos inventeurs, puisque chaque fois qu'on a un dépôt de brevet, il y a une prime qui était...
10:38Et puis quand le brevet est valorisé, ensuite, effectivement, il y a des retombées financières pour les porteurs de ces idées-là, de ces brevets.
10:44Je crois que c'est assez légal. Et on répond tout à fait à la législation. Je dois vous assurer que les collègues qui ont contribué à cette solution sont très fiers de l'apporter.
10:53On a eu récemment un prix d'équipe d'innovation par le Club de Paris des directeurs de l'innovation.
10:58Toute l'équipe s'est réunie pour recevoir ce prix. C'est un moment de fierté. Et ça vaut toutes les sommes d'argent qu'on peut leur donner, je crois.
11:04— Merci beaucoup, Laurent Forti. Et à bientôt sur Bismarck. On passe à notre débat. On va parler d'investissement responsable.
11:12Retrouvez le débat de Smart Impact avec Veolia.
11:24— Le débat de Smart Impact. On parle d'investissement responsable avec André Kwan. Bonjour, bienvenue.
11:29Vous êtes membre du comité d'éthique de Kaori Pierre-Valentin. Bonjour. — Bonjour.
11:33— Concierge spécial dans le cabinet de conseil Amadeïs. Deux mots de présentation pour démarrer. Kaori, André Kwan, c'est quoi ? Une association d'épargnants, c'est ça ?
11:40— Absolument. Une association d'épargnants qui a été créée par le Secours catholique en vue d'offrir des produits qui sont éthiques, responsables.
11:49Et le premier produit qui a été créé, c'est un contrat d'assurance-vie qui s'appelle Kaori Vi.
11:54— Oui. Et ça a été créé il y a longtemps, Kaori ? — 3 ans. — 3 ans, d'accord. C'est une préoccupation qui a fini par prendre tellement d'ampleur que vous avez dit il faut y aller ?
12:04— Je pense que la volonté du Secours catholique, c'est d'être présent dans tout ce qui est responsable, fraternel. Et l'épargne peut jouer un rôle par rapport à la lutte de la pauvreté ou d'autres sujets.
12:16— Bien sûr. Et c'est même un levier majeur. On va en prendre conscience grâce à vous. Présentez-nous Amadeïs, Pierre-Valentin.
12:21— Alors Amadeïs, c'est une société de conseil en investissement, 20 consultants, plus de 100 clients, 15 milliards d'actifs conseillés.
12:30Une société de conseil en investissement très impliquée dans l'ISR et qui a conseillé Kaori dans la conception du produit d'assurance-vie et qui sélectionne aussi les fonds qui sont offerts à travers le contrat d'assurance-vie de Kaori.
12:46— Alors il y a toujours une question autour de l'investissement socialement responsable et plus généralement l'investissement ESG dans le monde. On a trouvé ce chiffre près de 3 000 milliards d'encours dans le monde, dont 84% de fonds européens.
12:59Déjà, est-ce que la progression est forte ou pas aujourd'hui, Pierre-Valentin ? — Alors la progression des fonds ISR en général, elle a été très forte jusque dans les années 2020.
13:10Ça s'est un peu tassé. Mais on constate quand même que les fonds les plus engagés – oui, continuent, ce qu'on appelle article 9, c'est-à-dire les fonds les plus engagés dans l'investissement responsable – continuent de collecter trimestre après trimestre.
13:24En tout cas, c'était le cas jusqu'à la fin 2023. — Oui. André Kouane, est-ce que ça reste ultra minoritaire, ces fonds ISR, par rapport à l'ensemble des encours qui sont disponibles dans le monde ?
13:37Je pense que c'est devenu plutôt majoritaire. — Il y a 27 000 milliards... — En Europe. — Oui. — En Europe. — Oui. Majoritaire, je trouve...
13:46— Ah, pour l'Europe ? — Bah sur la totalité de l'argent disponible, bah non. Là, on est quoi ? Moi, je discutais avec un ancien ministre il y a quelque temps qui disait
13:57qu'il y a 27 000 milliards d'argent disponible dans le monde. Et c'est moins de 1% qui sont vraiment fléchés vers les investissements, notamment environnementaux.
14:09Donc où est la vérité ? Vous voyez ce que je veux dire, Pierre-Valentin ? — Bah il y a un peu plus... Si on regarde la France, il y a un peu plus que 2 000 milliards de fonds d'investissement, je crois.
14:18Et je pense qu'effectivement, on doit être... Ça progressait quand même assez vite. Je n'ai pas les derniers chiffres. Mais je pense qu'on doit pas être loin de 50% qui sont classifiés.
14:28Alors après, on peut être plus ou moins exigeants. — Oui. Il y a différents labels et différentes classifications. — Mais classifiés par rapport à la classification européenne avec une prise en compte des critères...
14:36— Bon. Allez. Je ferme cette parenthèse, parce qu'il y a beaucoup de choses à dire. Et je m'appuie notamment, André Coine, sur votre expérience de fondateur, de dirigeant d'Impact,
14:43qui est une agence indépendante de notation extra-financière qui est spécialisée dans le domaine du social, parce que le S de ESG, c'est souvent le parent pauvre de ces investissements responsables.
14:52— Ah oui. Ça fait plus de 5 ans que j'essaie de changer la donne en fournissant des données sociales au niveau France ou au niveau Europe. Mais visiblement, l'environnement a tout emporté.
15:06Je pense que c'est une discipline qui est préférée, parce que c'est plus simple, c'est scientifique. — Il y a des métriques, d'une certaine façon.
15:12— Il y a des métriques, etc., alors que dans la partie sociale, il y a des politiques. Il y a aussi des métriques. Il y en a pas mal. Et notamment en France, il y en a beaucoup.
15:22Mais visiblement, il n'y a pas une volonté... Alors je sais pas s'il faut dire politique ou en tout cas des différents participants de développer cette CES.
15:31— Les métriques, quelles sont-elles ? Quand on veut objectiver un investissement socialement responsable, sur quoi on s'appuie ?
15:38— On peut s'appuyer sur la création d'emplois. On peut s'appuyer sur les écarts de salaire hommes-femmes, l'écart de salaire entre les dirigeants et les salariés,
15:47le nombre d'accidents. Enfin il y a donc bien des métriques qui arrivent à caractériser des politiques sociales.
15:54— Vous êtes d'accord pour dire que l'urgence climatique a d'abord ou un peu tout emporté ?
15:58— Oui. Et il y a effectivement un sentiment d'urgence. Je pense que c'est la raison principale, parce que finalement, l'urgence climatique, c'est une préoccupation récente.
16:06Ça a 30 ans. La question sociale, c'est beaucoup plus ancien. Ça a 200 ans. Donc on se dit finalement... D'abord, il n'y a pas cette échéance de l'urgence climatique.
16:16Et puis on se dit qu'on a le temps de traiter la question. Effectivement, il y a la question des indicateurs. Il y a finalement quasiment un seul indicateur.
16:24En tout cas, c'est celui qui a dominé le reste dans le domaine environnemental, qui est la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
16:30Et dans le domaine social, il y a beaucoup d'indicateurs. André en citait quelques-uns, mais on peut aller plus loin.
16:36— Allez-y, oui. — Même à l'intérieur de l'entreprise, l'absentéisme, le taux de turnover, mais aussi tout ce qui concerne la sous-traitance.
16:44Donc il y a des indicateurs sur le caractère social de ce qui se passe dans la sous-traitance. Et puis il y a quand même aussi tout l'aspect produits et services rendus.
16:53Sont-ils ou pas accessibles aux plus grands noms et en particulier aux plus pauvres ?
16:59— Je vais vous poser une question volontairement provoquante. Est-ce que ça a du mal à s'imposer, parce qu'on est face à des interlocuteurs
17:06qui sont dans un milieu capitalistique, qui n'a pas forcément la fibre sociale ?
17:13Alors je sais pas s'ils ont la fibre sociale ou pas. Mais en tout cas, dans leurs investissements, ils l'ont pas privilégié.
17:19— C'est une façon de répondre à la question. — C'est la seule auxquelles je pense.
17:24— Est-ce qu'il y a des labels en France, Pierre-Valentin, qui imposent des critères sociaux ?
17:29— Alors d'une façon générale, la plupart des labels sont généralistes ouverts en France et en Europe.
17:35Mais la France fait un peu exception, puisqu'elle a un label qui s'appelle Finançol, qui finalement, effectivement,
17:43récompense les fonds qui ont au moins 5% de leurs actifs destinés à des entreprises à forte utilité sociale.
17:53— Et à quel point il est valorisé, utilisé, ce label aujourd'hui ? Quelle est sa place, d'une certaine façon ?
18:00— Il y a à peu près 17 milliards d'euros de fonds qui ont cette structure. La plupart sont labellisés Finançol sur à peu près 2 000 milliards de fonds.
18:15Donc c'est un peu moins d'1%. — Oui. Le label ISR qui a été créé en 2016, vous diriez quoi ?
18:23Il donne la pare-belle aux deux autres lettres de SG, c'est ça ? C'est-à-dire environnement et gouvernement.
18:29— Non, il est... Je dirais pas ça. Il est... Non, il est agnostique. Alors il considère que c'est aux sociétés de gestion
18:35de définir la pondération des trois piliers environnemental, social et gouvernance. Je crois d'ailleurs que dans la dernière version du label,
18:42il impose quand même qu'on n'aille pas en dessous d'un certain niveau pour chacun des piliers. Mais on peut pas dire qu'il impose quoi que ce soit.
18:49— Vous expliquez... Ça reprend un peu la question que je posais tout à l'heure. Le fait que ce pilier social... Alors ça va changer, on l'espère,
18:59mais est pris moins d'importance, finalement, dans ces investissements responsables, au moins dans la première phase.
19:05— Je pense qu'il y a cette question du nombre d'indicateurs qui, finalement, rend les choses un peu plus...
19:11— De méconnaissance du fait que les indicateurs existent. — Oui, oui. Donc ça rend l'analyse un peu plus complexe.
19:16Il y a la réglementation qui a quand même été très en faveur du pilier environnemental. Et puis il y a un aspect culturel.
19:24Enfin André le citait. Je pense qu'il y a une certaine résistance. On voit pas de grande initiative pour créer un fonds social de place, par exemple.
19:34— Et donc dès sa création, vous nous avez expliqué, André Kouane, qu'Aori a privilégié ses aspects sociaux.
19:40Mais c'est pas le social contre l'environnemental. Je pense que c'est important de dire ça.
19:44— C'est pas « nini », c'est « et ». C'est donc au sein du contrat, le souscripteur peut choisir selon ses valeurs entre ce qu'on appelle l'humain,
19:56donc le social, et puis la terre, l'environnement, et vous faire un mix des deux.
20:00— Et il va quoi, le ventiler, si on rentre un peu dans le détail ?
20:03— Il peut faire ça. Il peut faire ça et puis le mettre même dans des unités gérées en fonction de la version risque.
20:10— Et alors après, cet argent qui est disponible, vous l'utilisez. Il est mobilisé dans quel cadre ?
20:17Est-ce que c'est vous qui listez un certain nombre de projets d'investissement proposés aux clients ? Comment ça fonctionne ?
20:24— Alors en réalité, cet argent est investi dans des fonds, dans des SICAV. C'est investi dans des fonds, d'ailleurs, qui nous ont été communiqués
20:35et avec lesquels nous discutons avec Amadeïs. Et ça permet de maintenir – puisque nous les remettons en cause tous les trimestres –
20:44de vérifier que vraiment, ils ont un impact. L'impact attendu est là. Voilà. Donc c'est un travail permanent de surveillance et d'interaction avec...
20:54En réalité, il y a 27 fonds et 20 sociétés de gestion.
20:58— Oui. On a beaucoup parlé, notamment dans cette émission, de taxonomie, de taxonomie environnementale au niveau européen,
21:05comment aider à flécher les investissements vers des projets environnementaux. Est-ce qu'il y a une taxonomie sociale ? Ça existe, ça va exister ?
21:17On en est où ? — Alors il y a eu un projet au niveau de l'UE. Mais il y avait eu pas mal de difficultés pour mettre en place la taxonomie environnementale.
21:24— C'est pas un peu trop libéral, l'Europe, tel qu'on l'a conçue, pour avoir l'idée d'une taxonomie sociale ?
21:29— Il a été suspendu. Mais bon, ça serait très intéressant, parce que ça permettrait... Parce qu'en fait, l'idée de la taxonomie, c'est quand même
21:35de publier pour chaque fonds le taux d'alignement avec la taxonomie. Donc ça permet de comparer des fonds de sociétés de gestion différentes.
21:43Et donc ça objective quand même le caractère environnemental ou de main sociale.
21:47— Oui. Et puis ça permet aux entreprises, quand on parle d'environnement, de se comparer, de savoir si elles sont dans la bonne direction.
21:53Donc ça pourrait être vraiment un levier pour vous, une taxonomie ? — Oui, je pense que ce serait une assez bonne chose.
21:58D'ailleurs, il y a en France un groupe de travail qui essaye de ressusciter en quelque sorte la taxonomie sociale.
22:03— Est-ce qu'il y a des projets... Si on est très concret, des projets un peu balbutiant en la matière, des projets d'innovation,
22:09par exemple sociale ou sociétale, qui passent à l'échelle grâce à une action comme la vôtre, grâce au fait de finalement pousser l'investissement socialement responsable ?
22:20— En réalité, l'impact, il est obtenu par les entreprises dans lesquelles investissent les fonds. Donc notre travail, c'est de vérifier que les entreprises ont cette action.
22:30Et on a parlé déjà de pas mal de sujets sur la réduction des écarts de salaire, des choses comme ça.
22:35On peut parler de l'insertion des personnes en situation de handicap. On peut parler de l'emploi des jeunes, etc.
22:41Et donc le fait de poser des questions sans cesse aux entreprises forge une ambition plus forte parmi les meilleures d'entre elles.
22:52— C'est un aiguillon pour progresser. — Exactement. C'est comme ça que ça marche. C'est pas direct.
22:57— Très intéressant. Merci beaucoup. Merci à tous les deux. Et à bientôt sur Bismarck. On passe à notre rubrique « Start-up » tout de suite. C'est parti.
23:04« Start-up »
23:11« Smart Ideas » et la bonne idée du jour. Elle est signée Frédéric Lebold. Bonjour.
23:15— Bonjour. — Bienvenue. Vous êtes le fondateur d'Ecatech. Vous avez remporté la médaille d'or du concours l'Épine 2022 avec votre boîtier connecté « J'ai au cœur ».
23:24De quoi s'agit-il ? — Alors en fait, « J'ai au cœur », c'est un panneau connecté qui s'installe au-dessus du défibrillateur et qui va être relié au service de secours.
23:31Ça va permettre, en fait, quand un arrêt cardiaque a lieu à proximité – 100, 200, 300 m –, le boîtier va se mettre en route avec un signal sonore et lumineux,
23:38des LEDs, une voix qui va dire « Arrêt cardiaque à proximité. On a besoin du défibrillateur. Flashez le QR code pour connaître l'adresse ».
23:44Et il suffit en fait d'une personne qui va s'approcher, qui va flasher le QR code qui est en façade pour savoir où est l'arrêt cardiaque, prendre le défibrillateur et l'emmener.
23:53— Alors attendez. Je comprends pas déjà comment votre boîtier détecte un arrêt cardiaque à 200 m. C'est ça que je comprends pas.
24:02— C'est l'atout intérêt d'être connecté avec les services de secours. Donc en fait, c'est vraiment ça par des pompiers qui vont envoyer...
24:07Dès qu'ils envoient une ambulance pour arrêt cardiaque, ils vont nous envoyer l'alerte pour nous dire « Il y a un arrêt cardiaque à telle adresse ».
24:11Et nous, on va déclencher les panneaux les plus proches. — D'accord. Donc pendant que les pompiers sont en train de faire route vers l'endroit où il y a un arrêt cardiaque,
24:18vous, vous déclenchez l'alerte. Et ça peut permettre d'utiliser ou d'actionner le défibrillateur. 50 000 arrêts cardiaques par an en France,
24:28taux de survie 7 %. On a trouvé ces chiffres en préparant l'émission. Ça veut dire quoi ? La rapidité d'intervention, c'est un critère majeur ?
24:35— Ça fait partie effectivement des critères majeurs. On se rend compte que si la personne a un massage cardiaque rapide et la pose d'un défibrillateur,
24:43les chances sont largement augmentées. Malheureusement, le défibrillateur est trop peu utilisé. Il faut savoir que moins de 10 % des arrêts cardiaques
24:51bénéficient d'un défibrillateur avant l'arrivée des secours, ce qui est vraiment très peu. Quand on sait qu'il y a 500 000 défibrillateurs en France,
24:56on se dit que chaque arrêt cardiaque quasiment bénéficie d'un défibrillateur. Mais il faut comprendre que 80 % des arrêts cardiaques ont lieu à domicile.
25:02Et à domicile, vous avez un ou deux témoins. Ils sont dans un stress dépassé. Et ils peuvent pas aller à la mairie, dans un gymnase, etc., chercher le défibrillateur.
25:09Ils doivent faire du massage cardiaque. Et c'est là tout l'intérêt de Jeux au cœur. En fait, c'est de créer cet élan citoyen autour du défibrillateur
25:15pour venir en renfort de la personne en arrêt cardiaque. — Très bonne idée. Il y a une trouvaille, une innovation technologique qui permet finalement
25:22de lancer Jeux au cœur ? — Alors c'est une innovation de rupture, puisqu'en fait, on n'a pas réinventé la roue. Au final, on est un boîtier connecté à un service
25:29de secours avec de la LED et des haut-parleurs, etc., un QR code. Par contre, cette innovation de rupture, elle a un brevet. On a un brevet qui a été validé
25:36et qui a pu se développer depuis 2022 et surtout depuis juillet 2023, où on a nos boîtiers qui sont pleinement opérationnels.
25:44— Il y a 500 000, je crois, défibrillateurs qui sont installés un peu partout en France. Ils sont, un, sous-utilisés, deux, peut-être un peu défectueux aussi,
25:55parce qu'il y a nos confrères de France Info qui ont mis la main sur une étude qui dit qu'ils marchent pas tous très bien.
26:00— Alors effectivement, ça fait partie des sujets. Et en fait, c'est un sujet global du défibrillateur. Le défibrillateur, on en parle très peu.
26:06Finalement, depuis 2007, il est utilisable par le grand public. Et quasiment un Français sur deux ne sait pas qui peut s'en servir, ne sait pas comment ça marche.
26:14Donc ça, c'est un premier problème. Et finalement, les collectivités, les entreprises, elles installent un défibrillateur pour des raisons réglementaires.
26:20Il faut mettre le défibrillateur. On va l'installer. Et on va oublier qu'il faut faire une maintenance. Et c'est un peu ce qui a été mis en avant la semaine dernière.
26:27C'est vraiment de se dire que le défibrillateur, c'est pas juste un objet qu'on pose. C'est un dispositif médical qui nécessite une maintenance
26:33et qui nécessite de former aussi le personnel du bâtiment, etc. — Oui. Un tiers de ces 500 000 défibrillateurs installés dans les lieux publics qui ne fonctionnent pas dans le pays.
26:44Combien de géocœurs installés ? Vous en avez tous du développement du produit que vous avez lancé et qui vous a valu la médaille d'or du concours l'Épine ?
26:52— Alors on en a actuellement 250 qui sont installés, essentiellement dans la région Grand Est. Mais on commence à en avoir sur Paris, en Haute-Savoie, en Seine-et-Marne notamment.
27:00On a déjà des résultats, puisqu'on a déjà plus de 30 interventions qui ont été réalisées. On a des cas où on arrive 5, 10 minutes avant l'arrivée des secours.
27:07Donc c'est énorme dans la prise en charge de l'arrêt cardiaque. Donc on a vraiment validé. Maintenant, on a passé les preuves de concept, justement.
27:15Et maintenant, on n'a plus qu'à déployer. On va en déployer sur Paris à l'occasion des Jeux olympiques juste avant. Donc c'est presque demain.
27:23Il y a 3 zones où on a une trentaine de sites qui vont être implantés pour essayer de couvrir cette augmentation de population.
27:32Mais au-delà de l'aspect Jeux olympiques, dans Paris, quel que soit l'endroit où on va mettre un dispositif, on sait qu'il y aura un déclenchement dans l'année,
27:38parce qu'il y a des arrêts cardiaques tous les jours. En fait, comme vous l'avez dit, il y a 50 000 décès par an en France.
27:43Et avec, il faut le redire aux gens qui nous regardent, quand on prend le défibrillateur, il y a un tuto. Enfin, il y a une marche à suivre.
27:50Même si on n'a pas fait un stage pour les gestes qui sauvent, on va pouvoir aider.
27:53Exactement. Le défibrillateur a le gros avantage. C'est que n'importe qui qui l'ouvre, même s'il ne sait pas s'en servir, on va lui expliquer.
27:59Il y a des dessins sur les électrodes. Donc c'est aussi un message qu'on essaie de faire passer.
28:03C'est que n'importe qui peut sauver une vie en utilisant un défibrillateur, en faisant du massage cardiaque.
28:07Et c'est souvent la peur de mal faire où, du coup, les gens ne vont rien faire, alors que c'est de rien faire qui tue la personne.
28:13Merci beaucoup Frédéric Lebold et bon vent à vos boîtiers. J'ai au cœur.
28:18Voilà, fin de ce numéro de Smart Impact. Un merci très rapide à Cyriel Chazal, à la production et programmation assistée d'Anna El Seyban,
28:24Angèle Jean Girard, le réalisateur, et Thibaut Goury-Lafond au son. Salut !