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Mardi 19 novembre 2024, SMART IMPACT reçoit Caroline Neyron (directrice générale, Mouvement Impact France) , Paul Klein (directeur général, Quest For Change) , Olivier Muller (Directeur du département Développement durable et changement climatique, PwC France et Maghreb) et Jules Thevenod (Cofondateur et PDG, MINT Bikes)

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00:00Générique
00:08Bonjour à toutes et à tous, bienvenue, c'est Smart Impact, l'émission de celles et ceux qui font de la transformation environnementale et sociétale
00:14un axe fort de leur stratégie. Et voici le sommaire. Mon invité, c'est Paul Klein, cofondateur de Quest for Change, réseau d'incubateurs de la région
00:24Grand Est, qui lance un hackathon, un marathon d'innovation dédié à la bioéconomie. Notre débat, il portera sur les enjeux de la COP 29
00:34qui se tient depuis le 11 novembre à Bakou. Quels enjeux pour les entreprises ? Faut-il se préparer à un monde à plus 3 ou plus 4 degrés ?
00:42Fallait-il boyketter cette COP azerbaïdjanaise ? On répondra à toutes ces questions tout à l'heure. Et puis dans notre rubrique consacrée aux startups
00:51éco-responsables, vous découvrirez les vélos reconditionnés de Mint Bikes. Voilà pour les titres, c'est parti, c'est Smart Impact.
00:59Générique
01:05L'invité de Smart Impact, c'est Paul Klein, bonjour.
01:08Bonjour Thomas.
01:09Bienvenue, vous êtes le cofondateur de Quest for Change, réseau d'incubateurs de la région Grand Est. On va commencer par ça. Depuis quand il existe,
01:17quelles sont ses missions ?
01:18Je suis directeur adjoint de Quest for Change, qui est un réseau d'incubateurs de startups dans le Grand Est, dont le métier consiste à accompagner
01:25des projets de création et de développement d'entreprises innovantes sur le territoire régional. Il est composé de 7 incubateurs, bientôt 8,
01:32dont 5 territoriaux, qui ont pour mission d'accompagner des projets qui s'inscrivent sur leur territoire de référence, à Reims, Charleville-Mézières,
01:40Epinal, Metz, et puis le cinquième incubateur qui est Sémia, le plus doyen d'entre eux, qui couvre Mulhouse et Strasbourg, donc sur la région alsacienne.
01:49Un nouvel incubateur qui va nous amener au cœur de notre débat, puisqu'on va parler de bioéconomie. C'est quoi cet incubateur et c'est quoi la bioéconomie ?
01:58La bioéconomie, techniquement, c'est l'économie de la valorisation de la biomasse, donc on a parlé de la matière organique, donc la matière créée par des organismes vivants.
02:05La bioéconomie est un pilier de l'économie régionale du Grand Est et on s'est rendu compte, à l'échelle des 270 projets qui sont actuellement en incubation au sein du réseau Quest for Change,
02:15qu'il y avait matière à créer une dynamique spécifique sur cette verticale-là, en créant une structure qui a vocation à renforcer l'accompagnement des projets qui s'inscrivent dans les thématiques de la bioéconomie.
02:27Et donc qui s'appelle Quest for Bioéconomie.
02:29Effectivement, qui sera lancé le 29 novembre prochain.
02:31Le 29 novembre, c'est aussi le point de départ, le démarrage de ce hackathon qui est organisé à Reims, c'est ça ?
02:38Exactement, le BicoCamp.
02:39Alors c'est quoi un hackathon ?
02:40Un hackathon, c'est un marathon d'innovation pendant 48 heures qui rassemble des étudiants et des professionnels de manière à les faire travailler sur des solutions innovantes
02:49pour les amener jusqu'à un stade de prototype qui va être présenté à un jury constitué d'experts de la bioéconomie.
02:56Ce n'est pas le premier que vous organisez ?
02:57Si.
02:58C'est le premier, qu'est-ce que vous en attendez ?
02:59On attend que ça crée une dynamique, si vous voulez, pour stimuler des velléités d'innovation sur le territoire.
03:05C'est une initiative, certes, qui est portée par Quest for Change, mais qui est organisée dans le cadre des pôles universitaires d'innovation portés par l'université de Reims-Champagne-Ardennes.
03:12Et l'objectif de ce dispositif, c'est de pouvoir faire émerger des projets de création d'entreprises innovantes qui, par la suite, pourront être accompagnés par l'écosystème des partenaires du PUI.
03:22Donc Quest for Change fait partie.
03:23Alors cette bioéconomie, j'ai bien compris de quoi on parle, mais j'ai du mal à voir les innovations et ensuite les applications.
03:33Donc est-ce que vous pouvez nous donner des exemples, des pistes ?
03:36J'étais sûr qu'on serait amené à parler d'exemples.
03:39Déjà, la bioéconomie, elle a deux piliers, pour être bien clair.
03:44En tout cas, dans la définition qu'on apprend, la première, c'est tous les innovations au service de l'agriculture plus durable.
03:49Donc dedans, vous allez trouver des agroéquipements innovants, vous allez trouver des intrants innovants, vous allez trouver aussi des solutions numériques au service du pilotage des exploitations agricoles.
03:57Le deuxième pilier, il est là, plus en lien avec la définition que je vous ai donnée, qui est la valorisation de la biomasse et donc toutes les innovations au service de l'optimisation de la valorisation de la biomasse.
04:05Et vous allez retrouver là des innovations au service de l'alimentation durable.
04:10Vous allez aussi retrouver des innovations au service de nouveaux biomatériaux, de bioénergie et également de tout ce qui est biochimie.
04:17Et donc ça, ce sont les principes.
04:21Ce réseau d'incubateurs, il a déjà accompagné un certain nombre d'entreprises ou d'innovations dans ces domaines-là ?
04:27Exactement. Donc on a plus de 40 projets qui s'inscrivent dans ces thématiques-là.
04:31Pour vous donner quelques exemples, si je prends le premier pilier que je vous ai décrit sur l'agriculture durable,
04:35on va retrouver des projets sur le refroidissement des mous, par exemple, pour la filière viticole, sans consommation d'énergie.
04:44On va retrouver des projets sur la cartographie de la forêt, de manière à pouvoir estimer son état de santé et surtout la biomasse sur une parcelle donnée.
04:55Et puis, côté de la valorisation de la biomasse, on va retrouver des projets qui ont des capacités de production de micro-algues multipliées par rapport aux solutions existantes.
05:04On va retrouver des solutions de dégradation de plastique liées à des enzymes issus de la salive du verre de papillon.
05:13On va retrouver des alternatives au cuir, réellement alternatives au cuir, sans aucun produit pétro-sourcé.
05:24C'est ultra varié ?
05:26Oui, c'est ultra varié. C'est là où on fait un travail passionnant, c'est qu'on est au contact d'une grande diversité de projets et d'entrepreneurs.
05:33Le dernier exemple que vous vouliez donner, c'était quoi ?
05:35C'est tout simplement une solution qui permet de faire des pelets pour le chauffage à base de bois non forestier.
05:40Et là aussi, à chaque fois, il y a des technologies innovantes qui sont derrière tout ça.
05:43Vous nous le disiez, l'un des piliers, c'est une forme de soutien à l'agriculture durable.
05:48On est dans une période où l'agriculture est en crise. Il y a des manifestations, notamment contre l'accord de libre-échange qui doit être signé avec les pays du Mercosur, les pays sud-américains.
06:02Et puis, il y a aussi des critiques sur les réglementations environnementales européennes, etc.
06:08Comment vous recevez cette inquiétude de ce secteur que vous soutenez finalement ?
06:13Les inquiétudes, elles sont compréhensibles.
06:17Effectivement, on est dans un schéma où le monde agricole est tenu de produire dans un jeu de contraintes qu'il ne maîtrise pas.
06:24Nous, notre enjeu, c'est de faire émerger des solutions qui vont l'aider à assurer cette transition vers une agriculture plus durable.
06:32Durable au sens évidemment environnemental du terme, mais durable au sens aussi économique du terme.
06:37Ce qui permet aussi d'avoir une filière qui a des exploitations économiquement plus florissantes et plus faciles à transmettre.
06:45Et ça, c'est tout l'enjeu de l'agriculture qu'on essaye d'adresser au travers de ces solutions.
06:48Surtout qu'il y a un renouvellement de génération qui se prépare et qui est vraiment important. Donc la transmission, ça va être un enjeu majeur.
06:54Ce sera nécessaire. Et on se rend compte que justement, ce renouvellement de génération que vous évoquez, il est le bon moment pour introduire des changements pratiques et des innovations au sein de l'agriculture.
07:03Mais est-ce que vous sentez quand même qu'au sein de ce... Voilà, effectivement, il y a une nouvelle génération qui veut faire les choses différemment, on pourrait dire ça comme ça.
07:12Mais qu'il y a aussi un peu de frein, vous voyez ce que je veux dire. Une partie du monde agricole qui dit on a trop de contraintes, c'est pas possible, des injonctions contradictoires, il faut appuyer sur le frein.
07:23En fait, les freins, ils peuvent s'expliquer par le fait que l'intégration d'innovation dans l'agriculture, en fait, prend du temps. Et ça, c'est quelque chose qu'on sous-estime.
07:32D'abord parce que la R&D, la recherche et le développement, nécessitent des cycles longs. On est sur des essais qui nécessitent forcément d'être sur plusieurs années.
07:38Et ensuite, l'intégration dans les pratiques nécessite aussi plusieurs années. Et donc ça, c'est quelque chose qu'on a tendance à minimiser. Mais oui, l'intégration des innovations prend du temps dans l'agriculture.
07:46Et donc, effectivement, on est sur des cycles longs où on va passer par des étapes transitoires où on va avoir des agriculteurs pionnés, on va les appeler comme ça, qui vont pouvoir faire la preuve de concept
07:54technico-économique d'une innovation pour ensuite démontrer à ses pairs que ça fonctionne et que ça peut aller plus loin. Et ensuite, il y a un certain nombre de structures,
08:02les chambres d'agriculture, des centres techniques d'innovation, qui sont en capacité ensuite de prendre le relais de ces innovations. Je pense aussi aux expertises qui sont portées par les coopératives,
08:10qui ont un rôle très important là-dedans. Et donc, c'est pour sensibiliser le monde agricole au fait que certaines pratiques sont possibles et intégrables dans leurs pratiques.
08:20Je reviens à ce marathon d'innovation organisé à Reims. Cette région Grand Est, elle a des particularités dans le domaine de l'impact, de la recherche d'un impact positif ou de la réduction des externalités négatives ?
08:35Alors, elle a beaucoup de choses à dire. Et là, une ambition surtout, c'est d'être une région de référence à l'échelle européenne en matière de bioéconomie. Le conseil régional du Grand Est mène beaucoup d'actions dans ce sens.
08:46Il y a le mois de la bioéconomie qui se déroule maintenant chaque année en septembre et qui rassemble beaucoup d'actions. On a une région qui a d'abord un département économie du vivant qui s'est structuré au sein de cette structure.
08:57On a le club des start-up de la bioéconomie du Grand Est qui a été lancé également fin août à l'initiative du président de région, Franck Leroy. Voilà, on a une ambition sur cette région, des contrats de filière.
09:09Et il se trouve qu'elle a aussi des filières fortes agricoles. Évidemment, la viticulture avec la Champagne et l'Alsace. Vous avez évidemment la sylviculture avec la forêt, notamment les Vosges.
09:19Et puis, vous avez les grandes cultures avec des acteurs importants, notamment des grosses coopératives. Donc oui, il y a des atouts pour faire venir des projets et être un terrain d'expérimentation, si vous voulez, pour ces projets dans le Grand Est.
09:32Et dernière question. Là, on s'est concentré sur la bioéconomie. Mais dans d'autres secteurs d'activité, il y a aussi une volonté de pousser comme ça les innovations ?
09:44Oui. Alors en fait, Quest4Change, c'est un réseau, comme je le disais, de 7 incubateurs, bientôt 8, dont 5 territoriaux. Donc il y a déjà 2 incubateurs thématiques qui existent.
09:53Quest4Health, qui a été créé en 2022 et qui, comme son nom l'indique, s'intéresse à toutes les innovations dans le domaine de la santé, biotech, medtech, e-santé.
10:01Et Quest4Industrie, qui a été lancée l'année dernière et qui s'adresse à toutes les innovations au service de l'industrie ou tous les projets qui ont un projet de production d'un produit ou un service.
10:11Merci beaucoup, Paul Klein. À bientôt sur BeSmart4Change. Et bon, à qu'à-t-on ? Donc c'est du 29 novembre au 1er décembre à Reims.
10:19Exactement. Il est encore temps de s'inscrire.
10:21Eh bien voilà. On passe à notre débat. Que peuvent attendre les entreprises de la COP29 à Bakou ?
10:31La COP29 se tient jusqu'au 22 novembre à Bakou en Azerbaïdjan. Que peuvent en attendre les entreprises ? On en débat avec Caroline Neyron.
10:41Bonjour, bienvenue. Vous êtes directrice générale d'Impact France. Olivier Muller, bonjour et bienvenue.
10:46Bonjour.
10:47Vous êtes directeur du département développement durable et changement climatique chez PwC France et Maghreb.
10:53La COP, c'est un rendez-vous annuel de gouvernance internationale autour des enjeux climatiques. D'ailleurs, il n'y en a pas beaucoup.
11:02Donc on peut déjà se réjouir de ça, que ça existe, qui s'adresse d'abord aux États. Mais pourquoi il est aussi important, ce rendez-vous, pour les entreprises, Caroline Neyron ?
11:12Déjà, ce qu'on peut observer, et puis quand on discute un peu avec les vieux de la vieille, on va dire les historiques qui sont engagés sur ces enjeux de transition écologique,
11:20c'est que c'est vraiment nouveau. Il y a des années, certains m'en parlaient il n'y a pas longtemps, en 1999, il n'y avait pas une entreprise.
11:27Aujourd'hui, on a des entreprises très différentes, sur des secteurs très différents et d'ailleurs de taille différente, qui viennent avec des grandes délégations.
11:35Elles y viennent parce que c'est un moment, finalement, de convergence et d'alignement des objectifs pour essayer de voir comment, au niveau international,
11:45donc sortir aussi de sa bulle, comment ces questions sont appréhendées et quels vont être les nouveaux consensus sur lesquels elles peuvent s'aligner.
11:55L'enjeu des entreprises, c'est pouvoir se projeter, avoir une vision la plus juste et avec des perspectives les plus stables possibles.
12:05Alors, elle se déroule en Azerbaïdjan, qui n'est pas la plus grande démocratie du monde et qui est un pays largement producteur et exportateur d'énergies fossiles.
12:15Est-ce que ça faisait de bonnes raisons pour la boycotter ? Il y a pas mal de chefs d'État ou de gouvernement qui n'y sont pas allés.
12:21Certains boycottent ou certains envoient leurs ministres. Est-ce qu'il fallait les boycotter ? Moi, je pense qu'il fallait y aller.
12:28Finalement, la COP, à quoi ça sert ? Une COP, à quoi ça sert ? Aujourd'hui, les engagements des COP, par exemple, ne sont pas contraignants.
12:37Donc, on peut se poser la question. Et en même temps, on peut se dire que, quand on a signé les accords de Paris, la perspective de réchauffement, c'était 4,5 degrés.
12:46Aujourd'hui, c'est 3,2. Si tous les États mettent en place ce qui a été décidé dans les COP, on arrivera à 1,8.
12:52Donc, c'est pas parfait, mais c'est quand même des endroits où se fait un consensus, une prise de conscience planétaire qui est vraiment essentielle.
13:02Après, la question, c'est celle du retrait et du risque du retrait, plutôt. Trump est déjà parti. Les États-Unis sont revenus, donc ils vont sûrement repartir.
13:12Il l'a déjà annoncé. Ça peut prendre un peu de temps, mais bon, en tout cas, il va le faire. Et le risque, c'est plutôt que d'autres pays se désengagent.
13:19Et la question qui se pose, c'est celle aussi du leadership possible assumé et qui va jusqu'au bout des leaders européens qui sont, il faut dire, pour de multiples et différentes raisons cette année, peu nombreux.
13:32Oui, c'est ça. Cette COP, qui est donc organisée pour la troisième année consécutive dans un pays producteur-exportateur d'énergies fossiles, puisqu'il y avait eu l'Égypte et les Émirats arabes unis avant l'Azerbaïdjan, est-ce que vous y voyez un paradoxe, Olivier Müller ?
13:44Effectivement. Et même la prochaine, c'est au Brésil, qui est également un pays producteur de pétrole. En fait, on est tous partie du problème, on est tous partie de la solution.
13:53Je pense que c'est comme ça qu'il faut le voir. Donc même en Azerbaïdjan, on peut essayer de discuter de ces sujets parce que c'est là où il y a le gros potentiel d'amélioration.
14:02Avec... Vous parliez des entreprises présentes. C'est vrai que les entreprises ou les lobbies des énergies fossiles sont très présents au COP et certains le critiquent.
14:11Qu'est-ce que vous en pensez ? Je commence avec vous, Olivier Müller, et je vous poserai la même question, Karine Ney.
14:15Je pense qu'on est tous autour de la table parce qu'on est tous consommateurs d'énergie à différents titres.
14:21Les producteurs d'énergie, les producteurs de pétrole ont tous aussi des moyens d'amélioration de leur chiffre d'affaires, de décarboner finalement leur chiffre d'affaires.
14:30Et je pense qu'il faut les mettre autour de la table. On ne peut pas faire sans eux quand on discute de ce genre de sujets.
14:35C'est du pragmatisme. Votre avis ?
14:37C'est vrai que le président Dixon, qui vient de demander à cor et acré à Trump de rester dans les COP, ça peut faire un petit peu sourire.
14:45Et en même temps, il y a un enjeu global de rééquilibrer ces enjeux de lobbying.
14:52C'est-à-dire qu'en fait, on puisse avoir tout le monde autour de la table, mais tout le monde à égalité.
14:57Et donc c'est ça, le travail qu'on fait, en musclant aussi la parole d'entreprises qui sont hyper preneuses, qui soutiennent la transition,
15:06qui le font très concrètement et qui ont des choses à dire sur la capacité d'aligner les enjeux économiques et les enjeux écologiques.
15:12Et c'est ce que porte évidemment le mouvement Impact France.
15:16Je reviens au constat, Olivier Muller, PwC vient de dresser à une sorte d'état des lieux de l'économie mondiale sur ces enjeux environnementaux.
15:26Le dépassement du seuil de plus 1,5 degré par rapport à l'ère pré-industrielle, il est déjà acté.
15:36À quoi on doit se préparer ? Est-ce qu'il faut se préparer à une économie à plus 3, vous évoquiez ces chiffres-là, à plus 3, plus 4 degrés ?
15:42Alors effectivement, oui, sans doute. Parce que le constat qu'on fait année après année, c'est que, et c'est en soi une bonne nouvelle, l'économie se décarbone.
15:50C'est-à-dire qu'on émet de moins en moins de CO2 pour un milliard de dollars de PIB produit.
15:55Néanmoins, cette vitesse de décarbonation n'est pas assez rapide. En fait, il faudra aller beaucoup plus vite pour rester sur une trajectoire 1,5 degré.
16:03Et dans notre étude, effectivement, on s'aperçoit que là, c'est vraiment compliqué, voire impossible.
16:07Mais par contre, on a toujours cet objectif de 2 degrés qui semble encore atteignable.
16:12– Je vous interromps, mais pour atteindre, pour rester sur cet objectif, celui des accords de Paris de plus 1,5 degré, il faudrait décarboner…
16:22– 20 fois plus vite que ce qu'on fait actuellement, 20 fois plus vite.
16:25– 20 fois plus vite, pas 20%, 20 fois plus vite, donc c'est inatteignable.
16:29– C'est inatteignable, et chaque année, il faudrait le maintenir ce rythme-là jusqu'en 2050 au moins.
16:34Donc en fait, c'est très compliqué. Mais ce qu'il faut quand même dire en contrepoint, c'est que chaque tonne économisée, c'est toujours ça de pris.
16:40Donc on est sur un chemin, et il faut continuer.
16:43Plus 4 degrés, c'est bien pire que plus 3, et plus 2, c'est bien mieux que plus 3.
16:49– Et où se situe la France ? On se compare aussi en termes de baisse des émissions carbone, on se situe où ?
16:57– Alors la France est le bon élève parmi tous les États qu'on conçuit, effectivement, d'année en année,
17:03puisqu'on a l'intensité carbone la meilleure, en fait, dans ce groupe-là.
17:08Et c'est aussi le cas de nos partenaires européens.
17:10En fait, l'Europe se distingue, et est plutôt le bon élève de toutes ces économies-là.
17:15Et on est encore en phase d'amélioration, c'est-à-dire qu'on a encore, même si on est les meilleurs,
17:18on a encore des gisements de réduction. Et ça aussi, c'est plutôt une bonne nouvelle.
17:22On a encore réduit notre impact l'année dernière par un million de dollars de PIB.
17:28– Qu'est-ce qu'on peut attendre ? Je reste avec vous Olivier Muller, de cette COP.
17:31Un objectif quand même, je le disais, il y a peu d'organes comme ça de coopération internationale
17:38qui sont comparables à ces COP.
17:40Il y a des échos plutôt pessimistes, là, sur la capacité à parvenir à un accord.
17:47Il y a beaucoup d'enjeux. Il y a l'enjeu des pertes des dommages, la solidarité Nord-Sud.
17:52Et puis, il y a, qu'est-ce qu'on se donne comme objectif ?
17:54Est-ce qu'on peut encore être ambitieux, d'après vous ?
17:56C'est-à-dire se dire, on va arriver à un plus deux, ou un plus deux et demi.
18:00– En fait, cette COP-là est une COP intermédiaire.
18:02C'est surtout la COP prochaine qui sera là pour rehausser l'ambition.
18:05– D'accord.
18:05– Cette COP-là, elle a comme objectif de faire le point et d'améliorer le financement.
18:09Et je crois que c'est vraiment ça, la solidarité internationale,
18:13pour essayer de trouver comment les pays développés peuvent inspirer
18:16et soutenir dans leur effort les pays en développement.
18:19– Oui. Caroline Neyron, le fait d'avoir un objectif fixé
18:23par un groupe de pays le plus large possible, qu'est-ce que ça offre aux entreprises ?
18:29Pourquoi c'est important aussi pour les entreprises ?
18:32– C'est majeur. C'est majeur parce que ça permet de se positionner.
18:36Ça permet de savoir qu'est-ce qui est attendu de moi.
18:40Et d'ailleurs d'avoir des objectifs internationaux,
18:42des objectifs européens, des objectifs français,
18:44voire des objectifs locaux aujourd'hui.
18:46Chaque niveau est important pour savoir comment les entreprises,
18:49elles s'intègrent finalement dans cette dynamique globale,
18:52qui est un triangle, le citoyen, l'entreprise et les États.
18:56Ça permet aussi de positionner comment on va pouvoir faire du win-win,
19:01du gagnant-gagnant entre les acteurs publics et les acteurs privés.
19:05C'était très bien dit, à partir du moment où notre objectif supposerait qu'on fasse x20.
19:13Pourquoi c'est un objectif ? C'est aussi que le coût de l'inaction est majeur.
19:16Majeur pour les États, majeur pour les entreprises
19:20et sûrement majeur pour les citoyens également.
19:22Socialement, ça sera des drames.
19:24Donc la capacité de pouvoir avoir un alignement sur des objectifs
19:28et une perspective commune sur les investissements qu'on doit y faire
19:33des deux côtés, publics et privés,
19:36et donc d'avoir un partenariat de nouveaux contrats publics et privés sur ces objectifs,
19:40ça permet aux entreprises de se projeter dans l'avenir,
19:44d'évaluer le juste mesure de leurs engagements et de leurs efforts
19:49et de savoir que potentiellement, elles pourront en tirer aussi un équilibre économique associé.
19:56Pourquoi ? Parce qu'aujourd'hui, quand on parle de la compétitivité des entreprises,
20:00c'est très important.
20:01Certaines voient leur compétitivité potentiellement grévée par leurs engagements.
20:07Et du coup, la question de « est-ce qu'on veut garder l'Europe champion de l'écologie
20:12mais peut-être gréver son économie ? »
20:14c'est exactement une question qui se pose en ce moment, qui est débattue.
20:17Le président tchèque à la COP dit « il faut revoir nos objectifs à la baisse »,
20:21le président bulgare dit « ah ben moi je pensais que ce n'était pas possible
20:23mais finalement, économie et écologie, ça marche ensemble. »
20:26Donc voilà, on est en plein débat en ce moment sur cette question.
20:29Avoir des objectifs permet de montrer que finalement,
20:33l'investissement des uns peut être soutenu par l'investissement des autres.
20:36Et donc très concrètement, par exemple, soutenir massivement l'innovation écologique,
20:42ce qui est massivement soutenu par les États,
20:45aujourd'hui c'est 9 milliards d'investissements par exemple en France,
20:48permet de se dire « je vais avoir un alignement économique
20:52sur ces investissements d'avenir,
20:54parce que je vais être mieux soutenu par les acteurs publics pour le faire. »
20:58Mais alors justement Olivier Mueller, le fait que l'Europe soit,
21:02on peut sans doute le dire, le continent le plus exigeant ou le mieux disant,
21:07on va peut-être parler de la directive extra-financière, la CSRD par exemple,
21:10ça m'intéresse d'avoir votre avis là-dessus,
21:13comment c'est perçu ? Est-ce que c'est un boulet ? Est-ce que c'est un atout ?
21:16Ça a été longtemps vendu comme un atout et puis là on commence à entendre
21:19cette petite musique du « attention, on va trop loin, c'est un boulet ».
21:23Votre avis là-dessus ?
21:24En fait on aura de plus en plus besoin d'énergie,
21:27ça c'est un fait qu'on constate aussi chaque année,
21:29donc on aura besoin d'énergie.
21:30La question c'est comment on consommer le moins possible ?
21:33En soi l'Europe est plutôt bien placée de ce point de vue-là,
21:36je pense que dans une époque où l'énergie va coûter de plus en plus cher,
21:39c'est plutôt un atout d'être efficace en énergie.
21:42Alors effectivement dans d'autres pays pour l'instant l'énergie peut être considérée comme moins chère,
21:46mais le fait d'être efficace ne sera qu'un atout dans le futur.
21:50Sur la CSRD, Caroline Lerond, c'est vrai ce que vous veniez d'expliquer,
21:55c'est-à-dire la COP elle est importante, c'est important d'avoir un objectif
21:58pour qu'on puisse s'aligner public-privé et peut-être aussi se comparer la CSRD,
22:02ce bilan extra-financier qui s'applique déjà aux très grandes entreprises
22:06et puis qui va s'appliquer petit à petit jusqu'au PME côté
22:10et même par capilarité à toutes les entreprises,
22:12ça vous semble un levier important ou alors il est trop compliqué ?
22:17C'est un peu les deux.
22:18C'est un levier important d'avoir des référentiels
22:25qui permettent d'aligner justement toutes les entreprises
22:28et de pouvoir montrer leurs engagements pour qu'elles puissent le valoriser,
22:33qu'on puisse le comparer.
22:35C'est très important, déjà ça permet d'éviter le greenwashing,
22:38ça permet d'aligner des politiques publiques donc étatiques,
22:41ça permet aussi d'aligner les engagements des financeurs.
22:44Donc d'avoir une base commune, c'était la base.
22:47Et par ailleurs, encore une fois,
22:50ceux qui reviennent de la COP, mais plutôt biodiversité,
22:54qui était en Colombie, nous disent que ça tire tout le monde vers le haut
22:59parce que les multinationales, elles sont présentes en Europe,
23:03donc elles sont obligées de s'y soumettre
23:05et finalement ça tire les réglementations beaucoup plus globalement que ce qu'on pense.
23:10Après la question de comment c'est efficace,
23:14parce que ce n'est pas un rapport qui fait 40 000 pages,
23:18mais comment on peut faire plus simple, plus concret,
23:21encore plus facilement comparable,
23:22ça on a des idées et on aurait pu y arriver.
23:24On peut améliorer ça.
23:26Merci beaucoup, merci à tous les deux, à bientôt sur BeSmart4Change.
23:29On passe tout de suite à notre rubrique Startup.
23:32Smart Ideas avec Jules Thévenot, bonjour.
23:41Bonjour.
23:41Bienvenue, vous êtes le co-fondateur, président de Mint Bikes.
23:44Vous l'avez créé en 2021 avec Rodolphe Cadard et avec quelle idée ?
23:48Revenons au départ.
23:50L'idée pour nous, c'était de rendre plus accessible et plus durable le vélo haut de gamme.
23:54Très simplement, on voulait répondre à un problème qui était que
23:57les vélos électriques et les vélos de gamme étaient de plus en plus chers.
24:01Aujourd'hui, un vélo de gamme, ça vaut à peu près 5 000 euros en moyenne.
24:04Et qu'en parallèle, quand on voulait acheter un vélo d'occasion,
24:07on se retrouvait sur le bon coin à échanger 3 000 euros en espèces
24:10avec un particulier qu'on ne connaissait pas sur un parking.
24:13Nous, on a voulu répondre à ce problème avec une proposition de valeur très simple.
24:18C'est des vélos en moyenne 2 000 euros moins chers que des vélos neufs,
24:22des vélos qui permettent d'éviter de produire du CO2.
24:26C'est 113 kg d'équivalent CO2 évité par rapport à un vélo neuf
24:30et une qualité garantie plus un service par rapport à ce qu'on retrouve sur le bon coin.
24:33Donc, vous achetez des vélos, vous les reconditionnez, vous les revendez.
24:37C'est ça le principe de base.
24:40À qui vous achetez vos vélos ?
24:41Parce que quand on est dans un modèle économique,
24:44j'imagine qu'il faut quand même en produire et en revendre pas mal chaque mois.
24:49Oui, exactement. Nous, c'est un modèle qui est inspiré d'Aramis Auto.
24:52Donc, comme vous l'avez dit, achat, reconditionnement, vente.
24:55Et on achète aux particuliers et aux professionnels.
24:58Les professionnels, ça peut être des boutiques de vélos,
25:01c'est comme des garages automobiles qui, quand vous allez acheter un vélo neuf,
25:04vont vous proposer de racheter votre vélo d'occasion et on se positionne derrière pour le racheter.
25:09Des loueurs ou encore des gens qui font de la LLD.
25:13Donc, nous, on va racheter des flottes d'occasion en fin d'année, en fin de saison.
25:16Et vous en reconditionnez combien par mois ?
25:18En ce moment, on est sur un volume d'environ 300 vélos par mois.
25:22D'accord. Pourquoi vous vous êtes positionné sur le haut de gamme ?
25:25Parce qu'il y a effectivement une offre, et c'est super,
25:27parce que la France passe de plus en plus aux vélos. Pourquoi ce choix ?
25:32Il y a déjà une raison économique.
25:34C'est que, basiquement, quand on a un vélo à 50 ou 100 euros de décathlon,
25:38simplement le rapatrier dans l'entrepôt coûte plus cher que la valeur du vélo.
25:41Donc, on ne peut pas réparer ces vélos-là.
25:43Il y a une deuxième raison qui est justement la réparabilité, la durabilité des vélos bas de gamme.
25:47En fait, c'est très, très dur à réparer.
25:49On parle de pièces chinoises.
25:51Et donc, il n'y a pas de durabilité dans les vélos bas de gamme.
25:54Et la troisième raison, elle est basique, c'est que, en fait, quand on est sur un bon vélo,
25:58on en fait plus, on pratique plus.
26:00Et donc, on va être en meilleure santé,
26:02on va participer plus activement à sauver la planète
26:05que quand on a un vélo bas de gamme où on est moins à l'aise.
26:08Oui, d'ailleurs, vous dites, notre mission, c'est de sauver la planète à notre échelle,
26:11aider les gens à être en meilleure santé.
26:13Est-ce que, d'une certaine façon, vous faites aussi de la sensibilisation à la pratique du vélo ?
26:17Est-ce que vous considérez que ça fait partie de votre job d'entrepreneur ?
26:21Oui, bien sûr, ça fait partie de notre métier,
26:23ça fait partie de notre mission.
26:25On veut démocratiser l'utilisation du vélo,
26:27justement par l'accessibilité, par des prix qui sont peu chers,
26:30par de la vente en ligne.
26:31Et donc, oui, c'est notre métier.
26:33Vous avez annoncé, il y a un an, une levée de fonds de 3 millions d'euros.
26:37Peut-être, quel partenaire, pour commencer ?
26:39Et puis, on parlera des ambitions qui sont liées à cette levée de fonds.
26:43Donc, nous, on a levé 3 millions d'euros avec Blast Club,
26:47qui est fondée par Anthony Bourbon,
26:49MTF, qui est le familial office du groupe Manutan,
26:52et avec des partenaires bancaires en parallèle,
26:54comme la BNP ou CIC.
26:55Et évidemment, soutenue par, je pense, le principal investisseur en France,
26:59la BPI.
27:01Et là, on est en train de préparer une seconde levée de fonds de 4 millions d'euros,
27:07qui sera avec nos partenaires historiques et avec des nouveaux partenaires.
27:11Et avec quelle stratégie ?
27:13Avec quelle stratégie ?
27:14Donc, une stratégie, pour nous, qui est simple,
27:15c'est consolider notre industrialisation et notre digitalisation.
27:19Nous, il y a encore 12 mois, on était à un stade qui était le bricolage.
27:23On n'avait pas d'entrepôt, pas d'atelier.
27:25Je ne vais pas être vulgaire, mais c'était un peu avec notre bite et notre couteau, quoi.
27:28On l'avait dit.
27:29Et depuis qu'on a levé des fonds, on s'est mis en phase d'industrialisation.
27:34Donc, on a créé la première ligne de reconditionnement de France.
27:37On a investi dans des nouveaux outils technologiques.
27:40Et l'idée, ça va être de consolider, de renforcer, justement,
27:43cette industrialisation et cette digitalisation
27:45pour aller chercher une place de leader en France.
27:48Dernière question, totalement de curieux.
27:49Il y a plus de demandes pour les vélos électriques, clairement, ou pas forcément ?
27:52Non, pas forcément.
27:53Nous, aujourd'hui, c'est 50-50 pile-poil.
27:56On vend 50% de vélos musculaires, 50% de vélos électriques.
27:59Et ça correspond à peu près à ce qui se fait en volume de vente sur le marché du nef
28:02et ce qu'on retrouve sur le boom.
28:04Merci beaucoup, Jules Thévenot, et bon vent à MinBikes.
28:07Voilà, c'est la fin de ce numéro de Smart Impact.
28:10Merci à toutes et à tous de votre fidélité à BeSmart4Change,
28:14la chaîne des audacieuses et des audacieux.
28:17À très vite.

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