Questions Economiques du 20 Juin 2024

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00:00Ils ont toutes pignons sur eux, pour des secteurs d'activité aussi divers que variés.
00:18Les entreprises publiques sont pour la plupart sources de convoitises.
00:21Seulement leur habillage a quelques exceptions près, camoufles malétards qui plombent leur
00:26rentabilité.
00:27Il y a un point important de la dette en général, des dettes fiscales, des dettes
00:33sociales, des dettes même commerciales et des dettes financières.
00:38Et il s'agit d'un élément qui pèse déjà sur la performance de ces entreprises, mais
00:47également qui constitue des risques budgétaires pour l'État.
00:50Quasiment toutes souffrent des mêmes maux.
00:53La structuration ne permet pas déjà d'aller vers la performance, d'aller vers les résultats.
01:00Lorsque vous allez faire un audit dans une entreprise publique, vous vous rendez compte
01:04qu'elle a un effectif par exemple de 3000 personnes, alors que son fonctionnement optimal
01:11nécessiterait 500 personnels.
01:13J'ai le sentiment que les entreprises publiques au Cameroun servent à régler le problème
01:20de chômage.
01:21Les conséquences de cet état des choses sont pour la plupart désastreuses.
01:25Le problème avec les sociétés et l'État, c'est que selon leur intérêt de la poche,
01:30ils privilègent un projet qui n'est pas une priorité maintenant et ils orientent l'État
01:35pour dépenser de l'argent, ou là où ils pouvaient dépenser, mais en long terme.
01:40Et la plupart du temps, ça ne les donne pas.
01:43Nous sommes dans des environnements qui sont des environnements très très généreux.
01:48Il y a aussi la garantie de l'État qui annule l'apport du lendemain qui peut être
01:54celle de ces entreprises-là au cas où elles étaient véritablement soumises aux lois
01:59de la compétition.
02:00Maintenir à flot des structures devenues budgétivores ajoute une pression supplémentaire
02:05à un budget déjà trop sollicité.
02:06Comme elles ne génèrent pas de bénéfices et qu'elles sont plutôt déficitaires,
02:11ça amène l'État à prendre un supplément de moyens financiers pour combler les déficits.
02:17Autant d'entraves qui plongent dans la léthargie des entreprises publiques camerounaises.
02:20Madame, Monsieur, bonsoir et bienvenue à cette édition des questions économiques.
02:27Au menu ce soir, la viabilité des entreprises publiques au Cameroun.
02:31Dans un contexte de mise en œuvre de la politique des contrats de performance confronté au
02:37problème de gouvernance, d'accès au financement et de manque de ressources humaines de qualité,
02:42les entreprises publiques camerounaises ont des résultats mitigés.
02:46Comment les rendre moins budgétivores et plus rentables ?
02:49Question à notre invité du soir.
02:52Notre invité du soir est un ingénieur financier chevronné diplômé de Havart,
02:57auteur de 25 livres et de près de 100 articles évalués par les pairs.
03:03Il est un chanteur de la finance forensique et par ailleurs,
03:07directeur des opérations financières au ministère des Finances.
03:10C'est le professeur Kelly Mwakinski.
03:12Bonsoir, professeur.
03:15Alors professeur, vous avez beaucoup de casquettes.
03:18Mais ce soir, vous n'utiliserez que votre casquette d'expert international en finances forensiques.
03:25C'est bien cela.
03:25Alors, on l'a dit il y a quelques instants, les entreprises publiques camerounaises souffrent
03:31de plusieurs maux qui les rendent vulnérables et dans cette première partie, je vous propose
03:35de nous arrêter sur quelques-uns de ces maux, d'évaluer l'impact de ces travers sur le
03:42fonctionnement et même le rendement des entreprises publiques camerounaises.
03:47Et l'un des premiers problèmes que vous évoquez très souvent, c'est celui de la compétitivité.
03:52Lorsque vous dites que les entreprises camerounaises ne sont pas compétitives,
03:55vous vous basez sur quoi?
03:56Je me base sur les résultats.
03:59La compétitivité, je voudrais simplement renvoyer à un bilan positif, à un résultat positif,
04:05à un résultat qui fait croire que la gestion même est saine auprès de ces différentes
04:12entreprises.
04:12Ce n'est pas la particularité des entreprises camerounaises, mais dans l'ensemble, les entreprises
04:18publiques à travers le monde.
04:19C'est vrai que peut-être il faut revisiter les objectifs de création de certaines de
04:26ces entreprises parce que quand on regarde un peu les raisons pour lesquelles on crée
04:31une entreprise publique, ce n'est peut-être pas toujours pour qu'elle soit rentable,
04:35mais aujourd'hui, nous nous rendons à une période où la moindre ressource dépensée
04:40doit compter pour quelque chose.
04:41On doit avoir une efficacité dans la gestion et pour atteindre les résultats escomptés,
04:47je pense qu'il faut revoir un certain nombre de choses qui peuvent nous amener à être
04:51un peu plus compétitifs, parlant de nos entreprises publiques.
04:55Et directement, moi, je vois un peu une gestion orientée, axée un peu plus vers le privé.
05:02Donc, amener un peu la gestion privée dans la chose publique et, en l'occurrence, la gouvernance.
05:09Alors, lorsque vous parlez des problèmes liés à la compétitivité, est-ce que derrière,
05:15vous ne voyez pas la faiblesse des ressources humaines ? Est-ce que ce n'est pas également
05:21un facteur qui concourt à rendre les entreprises publiques vulnérables, donc pas rentables
05:28et budgétivores ?
05:29Vous avez totalement raison, parce que quand on n'a pas une ressource humaine qualifiée,
05:36on ne peut qu'avoir les résultats que nous avons.
05:38Mais la compétitivité renvoie aussi à être en mesure de vendre les produits égaux au
05:49niveau international, c'est-à-dire en respectant les normes.
05:52Est-ce qu'aujourd'hui, nos entreprises, que ce soit la qualité des services et produits
05:56qu'elles produisent, peuvent être compétitives au niveau international ?
06:00S'il faut renforcer les ressources humaines, je crois que le problème serait un peu plus large,
06:04parce que regardons un peu les besoins de notre État aujourd'hui, regardons les besoins
06:10de l'émergence de notre pays aujourd'hui, et il faut les mettre en compétitivité avec
06:17la qualité de l'éducation ou bien des matières que nous enseignons dans nos différentes écoles.
06:24Est-ce que ça permet de produire ce dont on a besoin pour véritablement construire ?
06:28Incroyable, c'est un problème global.
06:29Je pense que c'est un problème qui est transversal et qui est un peu plus profond,
06:33mais la chance aujourd'hui, c'est qu'avec la globalisation, avec les TIC,
06:39un enfant qui est dans le confort de sa chambre, peu importe où, ici au Cameroun,
06:44peut apprendre n'importe quelles skills comme les anglophones aiment si bien dire.
06:50Je rappelle justement à ce sujet que vous êtes d'expression anglaise,
06:53mais que ce soir, vous avez décidé de vous exprimer en langue française,
06:58dont nos téléspectateurs vont vous pardonner si, par malheur,
07:02vous faisiez quelques infidélités à la langue de Molière.
07:05Le plus important, c'est de pouvoir communiquer.
07:07Absolument.
07:08Donc, je pense qu'il faut voir comment est-ce qu'on peut revoir la qualité des ressources
07:15humaines pour les orienter un peu plus vers la performance, et pourquoi pas même les
07:20contrats de performance axés sur les résultats, pour s'assurer que les résultats
07:25que nous attendions soient les meilleurs.
07:27Alors, on va parler des contrats de performance vers la fin de cette édition des questions
07:31économiques, mais je voudrais qu'on reste encore sur les ressources humaines,
07:35la qualité des ressources humaines.
07:36Qu'est-ce que vous avez pu constater sur le terrain ?
07:38Est-ce que vous avez le sentiment que parfois,
07:39on se retrouve par exemple avec des mauvaises personnes à certaines places ?
07:44Je crois que c'est plus un problème de volonté.
07:45Parce qu'aujourd'hui, si on a la volonté, on peut tout apprendre.
07:50Si on veut vraiment produire des résultats, il suffit seulement de…
07:54J'essaie de caricaturer un peu.
07:57Il suffit seulement de mettre quelqu'un qui n'est pas peut-être physicien dans un milieu
08:03qui est rentable, qui lui permet d'avoir les ressources, et que la personne veut vraiment
08:07avoir ces ressources.
08:07Vous allez voir que le facteur motivation qui, pour lui, peut être l'argent,
08:11va l'amener à pouvoir accomplir les tâches.
08:14Je pense que ce qui est important pour nous les Camerounais, c'est essayer de comprendre
08:17qu'on n'a pas notre pays.
08:19C'est notre pays.
08:20On ne va pas finir par détruire celle-ci et puis aller vivre ailleurs.
08:23Quand vous mettez quelques places, ne pas avoir les compétences, c'est une chose.
08:27Ça peut arriver.
08:28Mais maintenant, qu'est-ce que vous faites ?
08:30Quels sont les dispositifs ?
08:31Quel est le dispositif qui est mis en place par l'entreprise ?
08:34Quel est le dispositif qui est mis en place par vous-même pour pouvoir être en mesure
08:39de produire au niveau auquel on vous a recruté ou bien au poste où on vous a donné ?
08:46Parce que, pour dire vrai, il y a des métiers qui sont essentiellement nouveaux,
08:51qui ne sont pas...
08:52On n'enseigne pas ça dans nos écoles.
08:55Mais aujourd'hui, avec l'ingénierie financière, par exemple,
08:58avec la panoplie de différents métiers qui vont se produire avec notre plan d'émergence,
09:06si on veut véritablement entrer dans les projets de reconstruction ou bien d'émergence du pays,
09:11on n'enseigne pas ça à l'école.
09:14Mais est-ce qu'on n'a pas le fondement qui permet à ce que, peu importe,
09:18la personne comprenne, que la personne puisse être en mesure de communiquer ?
09:22Aujourd'hui, dans le secteur de communication, par exemple,
09:25les enfants doivent savoir que ce qui va payer demain, c'est l'ingénierie de la communication.
09:29Comment est-ce que vous pouvez communiquer de manière à ajouter de la valeur ?
09:33Quand on passe sur le marché pour mobiliser la ressource, il y a un volet communicationnel.
09:38Est-ce que vous avez la capacité, l'aptitude à pouvoir communiquer
09:41de sorte qu'on peut attirer le financement, que ce soit pour le public ou pour le privé ?
09:47Ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'un enfant aujourd'hui qui est à l'université,
09:50il doit comprendre que les banques commerciales ont toujours leur utilité.
09:55Mais si tu veux faire la banque, monnaie et finances,
09:57il faut faire l'ingénierie de la banque, monnaie et finances.
10:02Aujourd'hui, parce qu'on est axé ou orienté vers l'investissement, tout le monde veut l'argent.
10:06Est-ce que vous avez la capacité de pouvoir maturer un projet,
10:11de manière à pouvoir le communiquer pour amener les ressources ?
10:15Pour capter les financements.
10:16Pour capter les financements.
10:17Je pense que c'est un peu dans cette optique qu'on doit voir la problématique des ressources humaines.
10:23Derrière, il y a également les problèmes liés à l'insuffisance de transparence dans les marchés publics.
10:31Vous savez, les marchés publics, qui veut dire procurement en anglais,
10:38c'est quelque chose qui est toujours problématique dans le monde entier.
10:42Partout où je suis passé, que ce soit aux Nations Unies, que ce soit à la BAT,
10:46que ce soit avec les différents organismes internationaux où j'ai travaillé avant de venir ici,
10:51c'est un problème qui est réel.
10:54Aujourd'hui, ce qui est important, c'est de voir l'effort qui est en train d'être fait,
10:57mais d'aller un peu plus vers un dispositif scientifique,
11:02de pouvoir faire l'appel d'offres, d'être objectif,
11:07de revoir un peu, de revisiter un peu le dispositif qui est mis en place
11:10en ce qui concerne le processus doctroi de gestion, de suivi du marché.
11:17Et même le suivi de la vie du produit qu'on attend après avoir passé le marché.
11:22Parce que les problèmes de gouvernance, il y en a véritablement.
11:25Je pense que si on peut les revoir, ça pourrait nous aider aussi quelque part.
11:29Et derrière, vous avez parlé de ce problème d'insuffisance, de transparence dans les marchés publics.
11:36C'était un véritable goulot d'étranglement dans notre pays.
11:39Mais à côté, il y a également cette bureaucratie pesante, excessive.
11:45C'est pour cela qu'il faut aller plutôt vers la dématérialisation.
11:49Parce que quand on dématérialise, on gagne beaucoup, beaucoup.
11:54On limite les mouvements, les rapports entre les individus, les contacts entre les individus.
11:59Effectivement, et puis on gagne énormément en temps.
12:02Et chez les Anglais, il se dit « time is money ».
12:05Si vous pouvez quantifier ce que vous pouvez faire avec le temps que vous gagnez
12:09en réduisant cette proximité et cette papyrusse qui peut être manipulée à tout bout de champ,
12:17vous allez voir qu'en termes financiers, ça peut beaucoup nous rapporter.
12:21Alors, j'ai vu à l'entente de cette édition que vous êtes auteur de 25 ouvrages et de près de 100 articles.
12:29Donc, sur la table-là, je n'ai que quatre ouvrages que vous avez écrits.
12:37« Gestion des risques de fraude en entreprise ».
12:43Il y a également « La comptabilité forensique et éthique ».
12:46On va parler de cela tout à l'heure.
12:49Il y a « La criminalité financière ».
12:52C'est un sujet actuel qui mobilise les énergies au Cameroun et la réflexion également.
13:01Il y a également cet ouvrage « Disruptive technology blockchain ».
13:05Voilà un autre ouvrage que vous avez écrit.
13:08Comme je le dis, il y en a comme ça, il y en a 25 écrits par notre invité du soir.
13:15Alors, je voudrais maintenant que nous nous abordions, si vous le permettez, un autre aspect,
13:22un autre problème auquel les entreprises publiques sont confrontées.
13:26Certes, il y a des problèmes liés à la défaillance des infrastructures et le manque d'innovation.
13:30Mais je voudrais que nous arrêtions sur l'accès limité au financement.
13:35Les entreprises camerounaises ont du mal à avoir accès au financement et au crédit.
13:40C'est bien cela.
13:42Bon, je crois qu'on ne va pas généraliser, on va prendre au cas par cas.
13:46Mais dans l'ensemble, je pense qu'il y a un réel problème en ce qui concerne l'accès au financement.
13:54L'accès au financement, pour avoir accès au financement, il y a les préalables.
13:58La question que les entreprises doivent...
14:00D'abord, il y a un changement de pratique, de mentalité, que les dirigeants des entreprises publiques doivent avoir.
14:07Aujourd'hui, je pense qu'avec la loi, le décret, le chef de l'État avait signé deux décrets en 2019.
14:13Un qui catégorisait, qui faisait une distinction entre les entreprises publiques et les établissements publics.
14:21Et l'autre qui donnait l'orientation en termes même de gestion de ces entreprises-là.
14:26Et je pense que l'orientation était vers les résultats.
14:29Il faut que les entreprises travaillent pour produire un peu plus de bilans positifs.
14:36Dès lors qu'ils ont cette boussole et qu'ils ont le dispositif juridique qui les permet d'être semi-autonomes,
14:43ça veut dire qu'ils ont la capacité de pouvoir monter les projets.
14:47Je regarde toujours le cas d'Alucan, par exemple.
14:49Je vois le potentiel qui est là.
14:51Si, par exemple, ils pouvaient mettre en place une structure de production d'énergie atomique,
15:00on n'aurait plus de problèmes d'électricité au Cameroun.
15:03C'est un simple projet qu'on peut monter.
15:05Et puis, si elle est bien maturée, on trouve des financements et ça va contribuer à régler les problèmes que nous avons.
15:13Donc, il y a un problème de structuration parce que le financement, c'est pour un projet.
15:18Le projet doit être bancable.
15:20La bancalité d'un projet voudrait simplement dire que c'est un projet où un investisseur se sent à l'aise d'apporter son argent.
15:27Il est rassuré qu'il pourrait avoir son capital et que le projet en lui-même peut lui générer aussi des bénéfices.
15:35Voilà les questions simples.
15:37Donc, toute la documentation, c'est pour pouvoir répondre à ces questions.
15:41Maintenant, si c'est un financier qui veut un impact social,
15:44il suffit simplement de démonter l'impact social dans le projet que vous êtes en train de monter.
15:49Quel est le problème que vous voulez régler avec le projet que vous avez en main ?
15:53Si les entreprises publiques peuvent répondre à ce problème,
15:57je pense que ça va réduire de 50% leurs besoins de financement.
16:01La deuxième chose, c'est que les entreprises publiques aujourd'hui doivent comprendre
16:05qu'aucun pays ne s'est développé par les subventions.
16:08Les subventions, c'est un appui que l'État donne.
16:11Même dans les pays à l'époque du grand socialisme, l'État ne gérait pas tout.
16:16L'État ne pouvait pas avoir toutes les ressources qu'il fallait pour que les entreprises émergent et deviennent autonomes financièrement.
16:23Aujourd'hui, les dirigeants de nos entreprises publiques doivent comprendre cela.
16:28Mais est-ce que les dirigeants n'ont pas les mains liées à ces entreprises ?
16:34Pas parce qu'ils veulent, mais parce qu'ils dépendent entièrement de ces subventions-là.
16:38Est-ce qu'au niveau de l'État, peut-être au niveau du législateur,
16:42il n'y a pas également une réflexion à mener à ce niveau-là ?
16:46Je ne suis pas dirigeant d'entreprise,
16:49mais je pense que quand on fait l'analyse vraiment froid,
16:52on voit que le législateur a quand même donné,
16:55à partir du moment où le chef de l'État prend signe de décret,
16:58qui vous demande de produire les résultats,
17:00mais c'est sur la base d'un dispositif juridique que le législateur a mis en place,
17:05qui vous permet quand même de pouvoir être en mesure de réfléchir, de sortir un peu des sentiers battus.
17:11Parce que jusqu'ici, c'est ça le problème.
17:15Il pense toujours que, je pense,
17:18que c'est l'État qui va pouvoir apporter toutes les ressources qu'il faut,
17:22mais sauter un peu, bouger un peu,
17:24essayer de voir comment est-ce que vous-même vous faites monter des projets qui sont assez...
17:27Mais comment bouger s'ils sont encadrés ?
17:29Non, ils sont encadrés,
17:31mais vous bougez dans le dispositif existant.
17:37Je voudrais qu'on prenne un exemple pour ça, si vous le permettez.
17:40Vous avez parlé de la lutte âme tout à l'heure,
17:42mais il y a également une société comme la SICAM.
17:46Comment, dans l'environnement qui est le nôtre,
17:49comment faire de cette société une société viable et rentable ?
17:55Parce que le potentiel, il me semble, je peux me tromper,
17:57mais il me semble que le potentiel est là.
17:59Mais c'est une entreprise, je ne veux pas dire qu'elle est moribonde,
18:02mais qui n'arrive pas à émerger, à sortir la tête de l'eau.
18:06Aujourd'hui, je pense que pour sortir de l'eau baine,
18:11la première chose à faire, c'est de redéfinir ses consommateurs.
18:14Qui sont ces consommateurs de la SICAM ?
18:17C'est de là où on part.
18:18Quels sont les produits innovants que la SICAM peut mettre sur pied,
18:22qui peuvent intéresser les jeunes ?
18:23On dit qu'en Cameroun, 65% de la population, c'est les jeunes.
18:27Quels sont les produits que la SICAM peut produire,
18:30qui peuvent intéresser cette clientèle ?
18:33Aujourd'hui, dans le monde entier, si vous regardez les pays voisins,
18:36comme le Nigeria, comme le Ghana,
18:38vous voyez qu'ils sont fiers de porter les tenues traditionnelles.
18:41Quels sont les tenues, les tissus, qui peuvent être produits par la SICAM,
18:46par exemple, qui peuvent intéresser les jeunes ?
18:48Comment est-ce qu'on peut redéfinir le plan d'action,
18:52ou bien le schéma que la SICAM utilise aujourd'hui
18:56pour pouvoir transformer sa productivité ?
19:00Je pense que c'est des questions auxquelles il faut trouver des réponses.
19:03À partir de cette analyse de base,
19:06pour identifier ce qui fait en sorte qu'il ne sorte pas la tête de l'eau,
19:11on peut donc trouver des solutions qui sont concrètes.
19:13Et moi, je pense que ça va passer par la qualité des produits qu'ils mettent sur le marché.
19:19Est-ce que c'est des produits qui ont une demande ?
19:21Parce que c'est la demande qui crée la ressource.
19:24Même la demande qu'ils vont mettre sur le marché,
19:26est-ce que c'est une demande effective ?
19:27Parce que les gars peuvent avoir besoin,
19:29mais ils n'ont pas la capacité de pouvoir acheter.
19:31Donc c'est des analyses techniques qu'il faut faire
19:34pour répondre aux difficultés qu'ils ont,
19:36et qui pourraient peut-être changer les choses.
19:39Professeur, permettez que je pose une autre question dans la même veine
19:43concernant une autre entreprise qui évolue dans un environnement concurrentiel,
19:48alors que ses concurrents brassent des milliards.
19:53L'entreprise locale, elle, peine à faire de bons résultats.
19:59Sans publicité, je vais parler de l'entreprise comme telle.
20:02Comment comprendre que les opérateurs privés,
20:05j'ai envie de dire, font de bons résultats,
20:09brassent des milliards comme je l'ai dit,
20:12et que notre entreprise, qui a tout le potentiel,
20:16soit quelque peu en difficulté dans le même environnement ?
20:21Vous savez, les objectifs qui sont assignés à une entreprise étatique,
20:26comme je vous ai dit à l'entame de nos propos,
20:28sont différents des objectifs d'une entreprise privée.
20:32Sans vouloir maîtriser les contours et les aboutissants
20:36des difficultés qu'ils peuvent avoir au niveau de comme telle,
20:39je pense que le retour sur investissement peut être économique ou financier.
20:45Quand l'État cherche des résultats économiques
20:48qui sont différents de celles d'une entreprise privée
20:51qui cherche les résultats uniquement financiers,
20:54c'est difficile de faire une comparaison.
20:57Je m'explique.
20:58Quand le retour sur investissement est économique,
21:02on regarde l'impact des ressources qui sont générées
21:06au niveau de cette entreprise et on regarde l'effet multiplicateur.
21:10C'est-à-dire, le fait que comme telle elle a,
21:12peu importe si elle produit d'abord des résultats ou pas,
21:16permet quand même à ce que les ressources qui sont générées
21:19puissent contribuer à un ensemble de choses.
21:22Quand les 1 milliard que Camtel produit change les mains 10 fois,
21:25ça devient 10 milliards, ce n'est plus 1 milliard.
21:28Si on fait cette analyse comparative avec une entreprise privée
21:31qui regarde son retour uniquement sur le plan financier,
21:35elle va se dire qu'il faut fermer l'entreprise.
21:38Mais l'État va te dire non, c'est une entreprise qui a sa place
21:41parce qu'il y a des raisons sociales.
21:43Aujourd'hui, si on regarde un peu le cas de la CDC,
21:47deuxième plus grand employé après l'État.
21:50Si c'était une structure privée, uniquement privée,
21:54c'est qu'on ne produit même plus l'OT, on sait qu'on s'est arrêté complètement.
21:58Mais vous regardez les raisons politiques, les raisons sociales,
22:01les raisons économiques qui peuvent être derrière cet acte.
22:04Donc, c'est là où il faut établir la différence.
22:08Mais aujourd'hui, comme nous sommes en train de le dire,
22:10c'est qu'on doit véritablement s'orienter un peu plus vers les résultats financiers.
22:15Parce que peu importe le retour économique sur les différents investissements
22:21ou bien la production des ressources économiques,
22:26il faut dire que les besoins financiers ne font que croître.
22:29Et ces besoins financiers, on ne voudrait plus que ça arrive au niveau
22:32où il faut recourir à l'État central pour trouver la ressource,
22:35parce qu'elle, elle en a déjà beaucoup de projets et beaucoup de problèmes à gérer.
22:40Nous allons retrouver Cyril King-Beppe qui a quelques-uns de ressources.
22:44La cartographie des problèmes auxquels les entreprises camerounaises
22:47sont confrontées dans un contexte de mise en œuvre de contrats de performance.
22:58L'évocation des entreprises et établissements publics au Cameroun
23:01est associée ces dernières années à la productivité,
23:04un défi majeur dont les piliers sont connus.
23:07Les procédures qui sont adoptées et qui doivent être suivies,
23:11qui doivent être respectées, la qualité de la dépense,
23:16la qualité de l'approvisionnement par exemple en entrance,
23:20la qualité des acquisitions même en termes d'équipement.
23:24Une cinquantaine d'entreprises et près de 80 établissements
23:27émergent au portefeuille de l'État, le cadre juridique et réglementaire,
23:30puis l'accompagnement financier sont en bonne voie.
23:33Il faut désormais cibler les ressources humaines.
23:35La plupart des dirigeants n'ont pas la formation spécifique
23:39en lien avec le secteur d'activité de l'entreprise,
23:41pas de formation entrepreneuriale.
23:43La plupart des dirigeants n'ont pas de formation en management.
23:46Il y a une sorte de longévité au poste.
23:47Pour des gens qui n'ont pas d'activité spécifique,
23:49donc qui ne sont pas une valeur pour l'entreprise, ça dégrade l'entreprise.
23:52La commission technique de réhabilitation CTR a son angle de tir.
23:56Les rapports et les schémas de restructuration d'un certain nombre d'entreprises
24:00ont déjà été validés et sont en cours d'implémentation.
24:05Il en faudra plus pour la suite.
24:07Vous avez également les instances de contrôle.
24:09Le cadre juridique c'est bien, l'argent c'est bien,
24:11mais au même moment aussi, il faut avoir des personnes qui sont capables.
24:15Elles sont plus de 15 en 2024,
24:1716 entreprises publiques qui représentent un risque élevé pour le budget de l'État,
24:21d'où le besoin de renforcer les contrôles.
24:25Merci Cyril King-Bépé,
24:27Cyril King-Bépé qui faisait un reportage sur les problèmes
24:31auxquels les entreprises publiques sont confrontées
24:34dans un contexte de mise en œuvre des politiques de contrat de performance.
24:39Alors, le professeur Kelly,
24:41nous étions donc en train de parler de tous ces problèmes,
24:44de toutes ces entraves à la rentabilité des entreprises camournaises.
24:47Et l'autre souci, c'est le problème lié au manque de coordination,
24:53ou pas de manque de coordination entre les acteurs publics et les acteurs privés.
24:56La politique publique définie par le chef de l'État doit être un peu comme la boussole.
25:03Ça veut dire que nous tous, que ce soit dans le secteur privé ou public,
25:07on doit travailler pour pouvoir atteindre les mêmes résultats.
25:09Mais parfois on a l'impression que les travaux se font de manière hasardeuse et à tout bout de champ.
25:16Je vais prendre par exemple le cas de l'urbanisation de notre pays.
25:21Moi, je trouve un peu difficile à comprendre qu'aujourd'hui,
25:25on ne peut pas envoyer un mail ou bien un courrier et on livre ça à domicile chez un particulier.
25:32La poste est morte ?
25:34La poste, je ne sais pas si elle est morte, si elle est vivante,
25:36mais quand je regarde ce qui se fait dans d'autres pays,
25:39même au Nigéria avec une population d'environ 200 millions de personnes,
25:43c'est très facile d'envoyer un courrier et se livrer à domicile, même dans les villages.
25:50Cela demande quoi ?
25:52Cela demande simplement qu'il y ait un plan d'urbanisation qui peut permettre à ce que,
25:57au fur et à mesure que les années passent, on sait que la ville va étendre vers X ou Y zone,
26:02et il y a quand même une démarcation, il y a quand même une orientation
26:06qui peut permettre à ce que, peu importe comment les gens s'installent,
26:09privé ou projet public, ça suit un alignement qui, au bout du compte,
26:15va nous donner quand même une belle ville, une belle cité.
26:18Mais aujourd'hui, les constructions se font comment ?
26:22De manière anarchique.
26:24Et quand on regarde, parfois on n'arrive même pas à circuler dans certains quartiers,
26:28il y a des quartiers qui sont parfois même dans la ville.
26:31On se demande donc, comment est-ce qu'on en est arrivé là ?
26:35Pour un pays qui se veut aussi émergent, l'émergence passe aussi par là,
26:40par la structuration, par l'organisation, par une présentation.
26:43J'ai pris ce cas-là parce que dans nous, c'est ce que nous vivons au quotidien.
26:47Il y a beaucoup d'exemples comme ça, et je pense que s'il y a une bonne communication,
26:52l'État fait beaucoup, beaucoup de choses, mais s'il y a une bonne communication,
26:55une bonne coordination entre le secteur privé et le public,
26:59et les CTD et les EHPAD, ça pourra nous permettre de maximiser,
27:04d'atteindre des résultats un peu plus positifs.
27:06Voilà donc pour ça, pour les problèmes relatifs au manque de coordination
27:11entre les entreprises publiques et privées.
27:15Mais il y a également le fait que certaines entreprises, comme on l'a dit,
27:20soient confrontées à l'instabilité économique et politique.
27:27Là, il y a un problème qui est un peu plus profond,
27:32parce que malheureusement, chez nous, les entreprises qui sont affectées
27:37dans les zones dites anglophones,
27:40ce sont des entreprises qui faisaient beaucoup dans l'exportation.
27:43CDC, Palm Oil.
27:45Oui, ce sont des entreprises qui faisaient dans l'exportation des produits
27:49et qui nous rapportaient les déficits.
27:51Vous savez la place et l'importance des déficits,
27:54surtout en matière de conscience de nos réserves à l'extérieur.
27:58Je pense que c'est un problème qui dure depuis un bon bout de temps,
28:04mais heureusement, il y a une paix semblable et relative qui est en train de revenir.
28:09Je parle ici en tenant compte des différents chiffres,
28:13en termes de productivité, en termes d'export, d'exportation et tout.
28:17Vous savez, moi j'ai grandi avec le discours du chef de l'État camerounais
28:22qui disait toujours qu'il faut que nous préservions la paix,
28:25il faut que nous célébrions la paix.
28:27La paix est un outil important, c'est un acquis.
28:31Pour nous, on ne comprenait pas beaucoup,
28:33parce que pour nous c'était normal, on n'était pas comme des pays voisins
28:37ou bien d'autres pays qui sont dans une instabilité relative.
28:41Mais aujourd'hui, nous comprenons que sans la paix véritable, on ne peut rien faire.
28:45S'il n'y a pas la paix, même si les gens ont la volonté de pouvoir travailler,
28:50les entreprises ne pourront pas fonctionner, ne pourront pas opérer,
28:55que ce soit en termes de production, que ce soit en termes de transport,
28:59pour acheminer leurs différents produits,
29:02que ce soit en termes même de vente de ces différents produits-là.
29:06Donc la paix, c'est quelque chose qui est très important pour l'agent économique.
29:11Quand on regarde la période de crise sanitaire,
29:15vous voyez que parce qu'il y avait la crise,
29:18les affaires, les business étaient complètement clos,
29:22surtout dans une économie qui, comme la nôtre, a eu tellement de difficultés,
29:27parce qu'on ne pouvait ni acheter, ni vendre.
29:30Donc ça a beaucoup impacté et affecté notre balance de paiement.
29:34Heureusement pour le Cameroun que c'est un pays assez résilient,
29:37parce que l'économie est assez diversifiée.
29:40Mais quand on regarde les autres pays qui dépendaient uniquement d'un seul produit naturel
29:47ou bien d'un secteur économique qui n'était pas assez diversifié,
29:51comme des pays autour du Cameroun,
29:53on voit que l'impact était vraiment très très négatif.
29:56Et ça n'a pas seulement affecté le secteur public,
30:02même le secteur privé était complètement désemparé.
30:07Alors professeur, on a un peu fait le tour de ces différentes entraves
30:12aux bons résultats dans les entreprises publiques.
30:15Et vous, comme on l'a dit à l'entample de cette édition des questions économiques,
30:19vous êtes ingénieur financier, vous êtes expert international en finances forensiques.
30:27Je voudrais savoir, lorsqu'on parle de finances forensiques, on parle de quoi ?
30:34On parle d'abord des finances, parce qu'il y a d'abord le mot finance qui est là.
30:38Mais la forensique, c'est l'utilisation de tous les outils que nous avions aujourd'hui
30:44à notre disposition en termes de gestion et de suivi des ressources financières,
30:50c'est-à-dire les techniques d'audit, les techniques de contrôle interne,
30:55les techniques de gestion, les techniques de gouvernance,
31:00tout cet ensemble de techniques qui est mis un peu dans un outil scientifique
31:07pour pouvoir améliorer la gestion de nos différentes ressources.
31:12Pas seulement les ressources financières, mais l'ensemble des ressources,
31:16parce que la forensique, c'est un mot qui est transversal, qui peut être utilisé un peu partout.
31:20Aujourd'hui, je pense que nous sommes au courant que ça va tellement vite avec les TIC.
31:26Aujourd'hui, il y a l'intelligence artificielle qui est là.
31:30Les enfants de l'ombre sont généralement un peu plus rapides parce qu'ils apprennent très vite,
31:35ils avancent très vite. Les outils que nous avons grandi et connus sont peu efficaces.
31:40Il faut suivre le rythme en termes de différentes fraudes en matière de gestion des ressources financières.
31:49La finance forensique, c'est un peu cet outil scientifique qui est mis en place pour combler et pour suivre les fraudeurs.
31:59Justement, vous avez commis cet ouvrage,
32:03« Comptabilité forensique et éthique, la scène du crime ne se croise pas ».
32:09Vous pouvez nous en dire un mot avant que nous ne continuions ?
32:12La comptabilité forensique, ici, c'est pour répondre d'abord aux questions que vous avez posées.
32:16C'est un livre qui essaie de définir quel est le concept même de la forensique
32:23et comment est-ce que la science forensique peut nous être utile.
32:26La deuxième chose, c'est les pratiques de cette profession,
32:31parce qu'il faut dire que c'est une profession qui est très avancée dans les pays, développée.
32:36Quelles sont les normes qui gouvernent la pratique de cette profession ?
32:44Quels sont les résultats qu'on peut atteindre ?
32:46Comment les résultats, en utilisant ces différentes techniques,
32:50sont différents des résultats ordinaires que nous voyons avec les différents contrôles que nous avons en place,
32:57les outils, tout ce que nous vivons, que nous utilisons jusqu'ici.
33:02C'est un ouvrage qui pose un peu les jalons sur comment, sur quoi est la forensique,
33:11elle est constituée de quoi, comment est-ce qu'elle peut être utilisée,
33:14quelles sont les normes, quelles sont les techniques, quels sont les outils et tout.
33:19Alors, concernant justement les techniques utilisées pour résoudre un certain nombre de problèmes,
33:26je voudrais qu'on s'arrête sur quelques éléments,
33:30et vous nous direz comment la finance forensique peut permettre d'adresser le problème en question.
33:38Commençons par la détection des fraudes.
33:40Oui. Dans la détection des fraudes, aujourd'hui, on se limite à la papérasse.
33:44Par exemple, si on utilise les outils d'audit ou bien les outils de contrôle habituels.
33:50Mais peu de gens, peu de personnes savent, par exemple, qu'avec un vieux imprimante,
33:58même si elle ne fonctionne pas, vous pouvez retracer tous les documents que cette imprimante a imprimés,
34:04même si c'est il y a 20 ans.
34:07Donc, vous voyez que c'est avec la science forensique, ça permet d'entrer un peu plus en profondeur
34:12et ne pas seulement se limiter aux documents qui vous sont présentés.
34:18Ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'avec l'utilisation aujourd'hui des TIC,
34:24la science peut nous permettre d'être un peu plus fine, d'entrer un peu plus en profondeur,
34:30d'aller au-delà des chiffres qui sont présentés pour véritablement reconstituer une scène de crime,
34:36si la scène de crime, elle est financière.
34:38Mais si on prend, par exemple, le cas d'une scène de crime, n'est-ce pas, criminel, un braquage,
34:49où on a tué les gens et tout, on a très souvent, on voit très souvent ça dans les films 9-1-1,
34:55où vous voyez les gens qui viennent avec les lunettes, avec les malettes, et tout,
34:59personne n'entre, personne ne touche, parce qu'il faut, c'est ça la science forensique,
35:03c'est de commencer avec, de détecter même les moindres mouvements.
35:07Tout ce qui peut être récupérable dans une scène de crime, c'est les experts forensiques qui peuvent le récupérer.
35:16Le récupérer, c'est une chose, le préserver aussi, c'est une autre technique,
35:21et ce n'est qu'avec ceci qu'on peut avoir.
35:24Aujourd'hui, il y a plusieurs fois, on peut entendre que les informations ont été dissimulées,
35:29on a eu des pertes d'informations et tout, mais aujourd'hui, avec la science forensique,
35:33même dans le cloud, on peut récupérer les informations qui peuvent nous permettre à prendre des décisions.
35:40Nous avons mis en place un laboratoire de la science forensique au Ghana,
35:46et ce laboratoire nous permet aujourd'hui de ne pas seulement au système juridique,
35:53de ne pas seulement déclarer qu'il y a eu peut-être un vol ou bien un détournement,
35:58peut-être des déniers publics ou privés,
36:00mais de sortir avec les éléments qualitatifs et quantitatifs qui convaincent l'ensemble du public
36:06que véritablement X ou Y est coupable.
36:09Je prends un exemple.
36:11Si on construit une route, il y a un dédouala,
36:14et que la route devait être 6 mètres de long, de large pardon,
36:22et puis je ne sais pas quel est le kilomètre exact, il y a un dédouala,
36:27à partir de la science forensique, on peut détecter et déterminer combien a été utilisé exactement
36:33pour réaliser l'ouvrage tel qu'il s'est présenté aujourd'hui.
36:37Ce n'est plus une question de dire que l'objet qui était alloué était de 200 milliards,
36:42et sur les 200 milliards, on a fait ou on n'a pas fait, non.
36:45Et donc derrière, on voit la mélioration de la gouvernance d'entreprise.
36:49On voit la mélioration de la gouvernance d'entreprise dans son ensemble.
36:54Aujourd'hui, par exemple, avec la science forensique au Nigeria,
36:58j'avais travaillé avec un certain cabinet où il était question de voir...
37:04Vous savez, quand vous signez les contrats avec les banques,
37:08les termes et conditions sont souvent dans les écritures très fortes.
37:12Au Cameroun, par exemple, il y a ce qu'on appelle le service minimum bancaire.
37:17Ça veut dire que parce que vous êtes le client d'un banque,
37:20il y a des services minimums que vous ne devez pas payer.
37:23Mais que certaines banques continuent toujours à prélever.
37:26Et à partir de là, la science forensique, on était en mesure de reconstituer
37:31ce qu'un client a perdu ou bien une banque perdait à travers ses clients
37:38pendant des années qui s'élèvaient à des montants faramineux.
37:42On ne peut même pas citer ici.
37:44Donc c'est une science qui part un peu plus en profondeur.
37:48C'est une science qui utilise les outils techniques,
37:51même si le cadre juridique et le dispositif sont déjà utilisés par les autres.
37:58Mais c'est ce mélange-là qui forme maintenant un dispositif
38:02véritablement scientifique qui permet de résoudre un crime.
38:06Vous dites que la finance forensique aide à évaluer et à gérer les risques financiers
38:10auxquels les entreprises publiques sont exposées. Comment ?
38:13Vous savez, dans la gestion d'une entreprise,
38:16quand le dispositif de gestion est bien défini,
38:19c'est-à-dire la mise en place d'une ségrégation de fonctions,
38:23on peut dire qu'il y a d'abord un premier contrôle interne qui s'installe.
38:27Quand on ne sait pas qui est responsable de quoi,
38:30ça fait en sorte qu'on outrepasse certaines règles.
38:35Et c'est ces règles-là qui augmentent déjà le niveau de la possibilité
38:40de commettre un crime financier ou bien une fraude dans une entreprise.
38:45Donc avec la finance forensique, elle nous aide à être préemptifs.
38:49Parce que généralement, en détection de racketeering,
38:53quand on constate qu'il y a déjà eu fraude, c'est déjà une conséquence.
38:58Il y a déjà la perte.
39:00Peut-être qu'on ne pourra jamais récupérer les ressources qui sont perdues.
39:04Mais avec la science forensique, ça permet déjà de mettre en place un dispositif
39:08qui permet d'abord que ça n'arrive pas.
39:11Au lieu de courir et dépenser encore plus pour trouver,
39:15pour amener les auditeurs ou bien les experts internes de venir vérifier,
39:20le dispositif qui est mis en place par la science forensique
39:23permet déjà à ce qu'on minimise.
39:25Dans la même veine, vous pensez que la science forensique aide les entreprises publiques
39:29à se conformer aux lois et réglementations financières en vigueur ?
39:33Naturellement, parce que la science forensique,
39:37elle est conforme aux normes ISO, qui sont des normes internationales en termes de gestion,
39:43orientées et axées essentiellement vers le privé,
39:46parce que c'est axé vers les résultats.
39:49Et les résultats, ça veut dire qu'on cherche à tout prix
39:52de minimiser les risques de gouvernance.
39:55Mais ça fonctionne en tenant compte du dispositif réglementaire qui est déjà en place.
40:03Alors, ça semble plutôt aisé et porteur de bons résultats.
40:11Du coup, j'ai envie de vous demander quel est le rapport du Cameroun
40:14à cette finance forensique ?
40:16Est-ce que le Cameroun l'essaye ?
40:18Est-ce que le Cameroun y est vraiment ?
40:20Ou alors le Cameroun observe encore ?
40:22Pour vous dire vrai, quand moi j'ai pris intérêt à travailler sur la science forensique,
40:29c'était à l'époque où j'étais encore aux Nations Unies
40:32et j'espérais que le dispositif de gestion était quand même assez avancé
40:39et normalement ça devait être orienté un peu plus vers la production des résultats.
40:45J'ai flotté avec des experts dans le domaine
40:48et j'ai compris que c'est quelque chose qu'il nous faut au niveau de l'Afrique.
40:53Parce que quand on regarde le Cameroun aujourd'hui,
40:55on voit qu'il y a toute la volonté politique de mitiger les problèmes de gouvernance que nous avons.
41:01Que ce soit au secteur privé que dans le secteur public.
41:05Parce qu'on a toujours tendance à croire que les problèmes de gouvernance sont limités seulement au secteur public.
41:11Mais essayez de monter une affaire privée,
41:14vous allez voir les difficultés que vous aurez en termes de gestion de cette entreprise-là.
41:20Donc pour moi, j'ai travaillé beaucoup plus pour le Grand Sud,
41:26les pays du Grand Sud parce que c'est eux qui étaient vraiment intéressés.
41:30C'est pour cela que c'était facile pour nous de mettre en place un laboratoire,
41:33par exemple au Ghana, parce qu'ils nous ont embrassés.
41:38En Afrique du Sud, c'est quand même assez avancé.
41:41En Zambie, c'est vraiment avancé.
41:45Dans beaucoup de pays africains, c'est même intégré dans le dispositif législatif.
41:51Mais au Cameroun, on essaie encore, on observe encore.
41:57J'avais fait des propositions au niveau de la primature, j'attends toujours le retour.
42:03Mais tout ce que nous avons comme contribution aujourd'hui, je crois que ça va dans le bon sens.
42:09Le Premier ministre, le chef du gouvernement, a bien voulu organiser une conférence internationale
42:15sur la finance forensique, je crois que c'est l'année dernière ou il y a deux ans.
42:20Je pense que c'est déjà un pas vers l'avant.
42:23Je pense que mettre en place, intégrer ça d'abord dans le cursus scolaire, ça pourrait être un bon pas.
42:30C'est très important.
42:32Et puis maintenant, essayer de voir comment est-ce que les entreprises publiques ou privées
42:36peuvent intégrer le dispositif de gestion que nous proposons là, ça pourrait vraiment aider.
42:42Et puis le changement de mentalité aussi, qui est quelque chose que nous avons commencé à lire
42:48avec le chef de l'État, Kayle Montour, pour régler la moralisation.
42:59En quête d'un espace budgétaire plus grand, outre l'accroissement de ses ressources, dont les recettes non pétrolières,
43:05le gouvernement n'a pas d'autre choix que de réduire ses dépenses.
43:08Les subventions accordées aux entreprises et établissements publics structurellement déficitaires
43:13sont une niche d'économie à condition que ces entités soient mieux suivies.
43:17D'où les contrats de performance initiés par le ministère des Finances.
43:21Nous voulons également de plus en plus accorder beaucoup plus d'importance à la restructuration des entreprises publiques
43:28parce que là aussi, beaucoup d'entreprises publiques constituent, comme on dit, un risque budgétaire pour l'État,
43:33c'est-à-dire qu'elles consomment beaucoup de subventions sans qu'il n'y ait pas toujours un retour.
43:38Donc là également, au niveau de la restructuration de la commission technique de réhabilitation, un travail va être fait.
43:45Arrêtés d'accord parti, ces contrats de performance doivent profiter autant à l'État qu'aux entreprises et établissements publics.
43:52En fonction de leur catégorie, les contrats de performance devraient avoir été négociés, élaborés et signés
43:58entre le 31 décembre 2022 et le 31 décembre 2024.
44:03Professeur, avant que vous ne partiez, je voudrais quand même que vous nous disiez un mot sur les contrats de performance.
44:09On l'a déjà dit à l'encambre de cette édition, on l'a promis à nos téléspectateurs.
44:13Il y a des entreprises camerounaises qui sont concernées par ces contrats de performance.
44:19Et la question est de savoir si ces contrats de performance sont à même de rendre nos entreprises plus rentables, viables et fiables.
44:32Si oui, dans quel délai ?
44:35Qu'est-ce qu'un contrat de performance ?
44:37Je crois que c'est là où on doit commencer. Un contrat de performance est un accord entre deux entités, entre un individu, entre une institution et ses employés.
44:50Ça veut dire quoi ? Ça veut simplement dire qu'on vous recrute parce qu'il y a des objectifs à atteindre.
44:56Et dans les objectifs qu'il faut atteindre, voici les résultats que vous, au niveau de votre poste, vous devez produire.
45:04Par exemple, au Cameroun aujourd'hui, notre grand boussol, c'est l'émergence du Cameroun en 2035.
45:13Cette émergence est une vision. La vision est opérationnalisée par la Stratégie Nationale de Développement, la SND30, qui part de 2020 à 2030.
45:28Maintenant, chacun dans son domaine doit se demander « qu'est-ce que je dois faire pour pouvoir accompagner l'État pour qu'en 2030, on dit que oui, la CATV en ce qui concerne l'émergence, voici ce qu'il a fait. »
45:44Le directeur général maintenant de la CATV qui prend le volet opérationnel, comment est-ce qu'il peut décliner sa entache et s'assurer que le balayeur qui balaye chaque jour
45:55prend en compte et intègre le fait que pour que le Cameroun devienne émergent, voici les tâches qu'il faut qu'il exécute au quotidien.
46:05Et quelle est la fréquence d'évaluation ? Dans la fréquence d'évaluation, quels sont les éléments qualitatifs et quantitatifs qu'on peut utiliser pour véritablement dire que « ok, vous avez atteint les résultats ».
46:19Je pense que si chacun dans son niveau comprend d'abord ça, intègre déjà ça, ça peut permettre à ce que la gestion même du pays dans l'ensemble, la gestion des entités privées, publiques et même étatiques changent.
46:36Pourquoi ? Parce que chacun va apporter un certain niveau de contribution.
46:42Au niveau du FMI par exemple, quand vous travaillez avec le FMI, quand vous arrivez au bureau, chaque jour, vos tâches automatiquement, dès que vous allumez votre machine, les tâches sont déclinées, c'est qu'on attend de vous.
46:56La question est de poser comment est-ce que je peux dire que ma journée a été un succès.
47:01Quand je quitte chez moi chaque jour, je viens au bureau, quel est l'élément quantitatif que je peux utiliser pour dire « bon, aujourd'hui ma journée a été une journée de succès ».
47:11Je pense que c'est de ça qu'il s'agit.
47:13Et maintenant, c'est un travail qui se fait entre les superviseurs et les employés.
47:21Parce que chaque employé doit avoir un superviseur avec qui il s'assoit pour comprendre les problèmes.
47:27Et c'est pour cela que je t'ai dit ça à l'entente de nos propos, que ce n'est pas le problème des ressources humaines, ce n'est pas seulement une question d'incompétence.
47:35C'est une question aussi, c'est la responsabilité aussi de l'employeur.
47:39Est-ce que vous avez mis l'employé dans un dispositif propice qui peut lui permettre de donner les meilleurs résultats ?
47:48Est-ce que vous avez essayé d'identifier quelles sont ses faiblesses ?
47:51Et quels sont les dispositifs que l'entreprise ou bien l'entité a mis en place pour accompagner le personnel ?
47:58Je crois que c'est l'ensemble de tout cela qu'il faut qu'on intègre quand on parle du contrat de performance.
48:05Et le fait même déjà de commencer à parler du contrat de performance, c'est une bonne chose, parce que ça permet quand même de donner une évaluation.
48:12Peut-être, ça va nous permettre de voir moins de fonctionnaires ou bien moins d'employés dans nos rues pendant les heures de travail.
48:20Parce que c'est de ça aussi qu'il s'agit.
48:22Parce qu'ils auront des tâches à accomplir.
48:23Ils auront des tâches à accomplir et ils sauront que s'ils n'accomplissent pas, on ne va pas les payer.
48:28Merci beaucoup, Professeur Kelly.
48:30Je rappelle donc que vous êtes ingénieur financier chevronné, que vous êtes un diplômé de Havat, que vous êtes auteur de 25 livres.
48:40Nous en avons présenté seulement 4 sur ce plateau des questions économiques.
48:44Vous êtes également auteur de près de 100 articles évalués par vos pairs.
48:51Vous êtes par ailleurs directeur des opérations financières au ministère des Finances.
48:55Merci d'avoir pris de votre temps pour venir échanger avec nous sur les facteurs de rentabilité des entreprises publiques camerounaises.
49:05Madame, Monsieur, c'est la fin de cette édition des questions économiques.
49:08Merci d'avoir été des nôtres.
49:10A très bientôt sur ces mêmes antennes.