• il y a 6 mois
Emmanuel Macron a plusieurs fois affirmé que l’option était sur la table. Mais une telle décision serait-elle possible en cas de cohabitation ?

Faut-il envoyer des troupes occidentales sur le sol ukrainien ? Depuis plusieurs mois, les Etats européens s'écharpent sur cette question, et sur la réponse à adopter sur le terrain face à l'invasion de Vladimir Poutine. Pour le général Nicolas Richoux, ancien commandant de la 7e brigade blindée, cette coalition "pourrait rassembler pas mal de pays. On pense forcément à la Pologne ou les Pays Baltes." Mais les négociations s’éternisent.

En France, l’attention médiatique se concentre davantage sur les élections législatives à venir, depuis l’annonce de la dissolution par Emmanuel Macron le 9 juin au soir. Plusieurs questions demeurent : dans quel cadre juridique ces troupes pourraient-elles être déployées ? Ce renfort aurait-il de quoi donner un avantage stratégique à l’Ukraine ? Et surtout… que se passerait-il en cas de cohabitation ? Réponse dans ce nouveau long format vidéo.

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Transcription
00:00Des soldats français en Ukraine ? Va-t-on bientôt en voir des images à la télé ou sur les réseaux sociaux ?
00:05C'est une hypothèse passée évidemment au deuxième plan depuis un certain 9 juin.
00:10Je dissous donc ce soir l'Assemblée nationale.
00:13Pourtant, le président de la République l'a bien évoqué le 26 février dernier.
00:18Il n'y a pas de consensus aujourd'hui pour envoyer de manière officielle, assumée et endossée des troupes de sol.
00:25Mais en dynamique, rien ne doit être exclu.
00:29Et même le 6 juin, après les célébrations du 80e anniversaire du débarquement.
00:34Ce que nous proposons c'est de former 4500 soldats ukrainiens.
00:38De les équiper, de les entraîner.
00:40Donc il y aura des formateurs français sur le sol ukrainien.
00:43Je pense qu'il ne doit pas y avoir de tabou sur ce sujet, le sol ukrainien est souverain.
00:47Mais alors dans quel cadre juridique ces troupes peuvent-elles être déployées ?
00:51Cela peut-il vraiment donner un avantage stratégique à l'Ukraine ?
00:55Et surtout, que se passerait-il en cas de cohabitation,
00:58si jamais le président de la République et son nouveau premier ministre ont des volontés divergentes ?
01:03Réponse dans cette vidéo.
01:05Envoyer des troupes doit déjà se faire dans un cadre légal.
01:09Selon le manuel de droit des opérations militaires,
01:12qui synthétise les principales règles de l'emploi des forces armées françaises,
01:16un déploiement peut intervenir dans trois hypothèses.
01:19En cas d'exercice de légitime défense, individuelle ou collective, ce n'est pas le cas ici.
01:24En cas d'autorisation du conseil de sécurité de l'ONU, impossible car la Russie fait partie des membres.
01:30Ou enfin, en cas de consentement de l'État où l'intervention militaire a lieu.
01:35C'est le cas aujourd'hui car l'Ukraine sollicite l'aide des Occidentaux.
01:38C'était aussi le cas en 2013, lorsque François Hollande a envoyé des troupes françaises au Mali.
01:43J'ai donc, au nom de la France, répondu à la demande d'aide du président du Mali.
01:49Les forces armées françaises ont apporté cet après-midi leur soutien aux unités maliennes pour lutter contre ces éléments terroristes.
02:00La comparaison est toutefois à nuancer, car l'objectif militaire en 2013 était de repousser des colonnes de djihadistes,
02:07ce qui n'est pas la même chose que la Russie, État souverain et par ailleurs détenteur de l'arme nucléaire.
02:13Dans notre hypothèse, il s'agirait donc, comme le définit le ministère des Armées,
02:17d'une intervention des forces militaires françaises en dehors du territoire national.
02:22La décision reviendrait alors au président de la République en tant que chef des armées.
02:27En Ukraine, depuis 2023, la situation s'est à peu près figée le long de cette ligne de front.
02:33Depuis le début de l'année, l'armée russe a déjà récupéré les villes de Robotin, Vovchansk et Klitschivka.
02:39Pourtant, Vladimir Poutine a récemment opéré une purge dans son armée.
02:43C'était d'ailleurs un paradoxe qu'on vous expliquait dans une précédente vidéo.
02:47Mais alors, que changerait un renfort des troupes françaises sur le sol ukrainien ?
02:51Nous avons posé la question au général Nicolas Richou, ancien commandant de la 7ème brigade blindée.
02:56On a une aide militaire, qu'on pourrait détailler si vous voulez, qui est très importante.
03:00On envoie des missiles, on envoie des obus, on envoie des systèmes d'armes anti-aériens,
03:04et cette aide s'intensifie et elle est durable, le président l'a dit, elle est soutenable dans la durée.
03:10Concernant ce point très particulier qui est celui des instructeurs,
03:14d'abord, il n'y a pas de troupes françaises en tant que telles.
03:16On peut imaginer qu'il y a des services spéciaux, mais dans toutes les guerres, il y en a, etc.
03:20Ils ne sont pas en uniforme, ils peuvent conseiller dans toute discrétion,
03:24ça c'est assez normal et c'est très très courant.
03:26Les soldats en uniforme, aujourd'hui, il n'y en a pas.
03:30Et le président de la République l'a très très bien rappelé.
03:34Il y a l'étude d'une coalition pour former des soldats sur place.
03:39Donc il s'agit de formation, et quand on dit de formation, ce n'est pas aller à la guerre.
03:42Et donc ces militaires, s'ils reçoivent la mission, le mandat d'aller former,
03:47ils n'ont pas le mandat d'aller au combat.
03:50Donc c'est forcément une mission sur les arrières.
03:53Ce que nous proposons, c'est de former 4500 soldats ukrainiens,
03:57de les équiper, de les entraîner.
03:59Le président de la République souhaiterait éventuellement la former sur place,
04:03ça veut dire très à l'arrière, peut-être du côté de Lviv,
04:05vous voyez sur les frontières quasiment de l'OTAN ou de l'UE,
04:11mais ça n'est pas fait pour le moment.
04:13Et si ça n'est pas fait, ça veut dire qu'elles seront formées en France.
04:16Et aujourd'hui, il est prévu qu'elles soient formées en France,
04:19sauf si un accord est trouvé.
04:21Cette coalition maintenant, qu'en est-il ?
04:23Cette coalition, elle pourrait effectivement rassembler un certain nombre de pays,
04:27on pense à la Pologne, aux Pays-Baltes, etc.
04:29Donc ça, ce n'est pas impossible, sauf que celui qui décide finalement,
04:33ce sont les Etats-Unis.
04:34Les Etats-Unis qui ont jusqu'alors totalement écarté l'hypothèse d'un envoi de troupes en Ukraine.
04:44D'après le général Richou, les Etats-Unis devront même donner leur feu vert
04:48si des puissances occidentales souhaitent investir le terrain ukrainien.
04:51C'est la raison pour laquelle ça n'est pas encore fait,
04:54et qu'il est très prématuré de dire, comme je l'ai entendu,
04:58comme je l'ai beaucoup lu, que la France va envoyer des troupes en Ukraine.
05:02La France n'agit jamais qu'en coalition.
05:04La France n'agit jamais seule, et encore moins dans ce conflit,
05:07qui est quand même un conflit de haute intensité.
05:09La présence de troupes seules françaises en Ukraine
05:13serait véritablement un changement politique majeur.
05:16Et donc là, tout le narratif russe serait de dire qu'il n'y a qu'une belligérance.
05:21Mais je pense qu'on idéalise un petit peu cette aide.
05:24Il y a une coalition qui est montée.
05:26On essaie de la monter, plutôt.
05:28Elle n'est pas réalisée, et comme je le disais tout à l'heure,
05:32celui qui va décider qu'on y va ou on n'y va pas, ce sont les Etats-Unis.
05:37On ne peut pas se permettre d'aller avec notre petite armée tout seul au combat.
05:40Et donc ça, le problème, c'est qu'on n'a pas le droit d'y aller.
05:43On n'a pas le droit d'y aller avec notre petite armée.
05:47Au-delà de la crise politique que traverse la France,
05:49l'idée d'envoyer des troupes divise l'opinion publique.
05:52D'après un sondage publié en février, 76% des Français s'y montrent défavorables.
05:57Selon un autre, 68% des Français estiment même qu'Emmanuel Macron a eu tort de dire
06:02qu'il n'y avait pas besoin d'envoyer des troupes,
06:04et qu'il n'y avait pas besoin d'envoyer des troupes.
06:06Il y a eu un changement politique.
06:08Il y a eu un changement politique.
06:10Il y a eu un changement politique.
06:1268% des Français estiment même qu'Emmanuel Macron a eu tort de dire
06:16que l'envoi des troupes en Ukraine n'était pas exclu.
06:19Il n'empêche, la décision revient au chef de l'État.
06:22Mais est-il vraiment seul à pouvoir ordonner un déploiement de troupes ?
06:25La Constitution est sur ce point ambigüe.
06:28Selon l'article 5, le chef de l'État est bien le garant de l'indépendance nationale
06:32et de l'intégrité du territoire national.
06:35Le chef des armées est celui qui préside les conseils
06:38et les comités supérieurs de la défense nationale.
06:40Mais selon les articles 20 et 21, c'est bien le gouvernement
06:43qui dispose de l'administration et de la force armée,
06:46avec un premier ministre qui est responsable de la défense nationale.
06:50Autrement dit, le président peut engager une action militaire,
06:53mais le gouvernement peut, s'il y est hostile, empêcher sa mise en application.
06:58Un cas de figure exceptionnel, possible qu'en cas de cohabitation,
07:02mais qui est déjà arrivé.
07:04En 1999, alors que la Côte d'Ivoire est secouée par d'importantes manifestations,
07:10la volonté du président Jacques Chirac d'envoyer des troupes françaises en renfort
07:14est refusée par Lionel Jospin, alors premier ministre.
07:18En cas de cohabitation après le 7 juillet,
07:20si le ou la futur premier ministre est hostile à la politique étrangère
07:24souhaitée par Emmanuel Macron,
07:26il sera alors possible pour elle ou lui d'empêcher un éventuel déploiement de troupes,
07:30une livraison d'armes ou encore de suspendre une aide financière à l'Ukraine.
07:34Et c'est justement l'un des enjeux de cette élection législative
07:37du 30 juin et du 7 juillet.
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07:43Tous nos contenus sur les prochaines législatives
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