• il y a 6 mois
À 7h50, la présidente sortante de l'Assemblée Nationale Yaël Braun-Pivet est l'invitée de Sonia Devillers. Elle souhaite retrouver le "perchoir" à l'issue des législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet prochains, et appelle à une "coalition des forces républicaines". Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50/l-invite-de-7h50-du-lundi-24-juin-2024-4753946

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00:00Sonia Devillers, votre invitée ce matin, est l'ancienne présidente de l'Assemblée
00:04nationale, députée Renaissance sortante, qui se représente dans sa circonscription
00:09des Yvelines.
00:10Bonjour Yael Braune-Pivet !
00:11Bonjour !
00:12D'ordinaire, en vue de la fin d'un mandat, les députés vident leur bureau au fur et
00:16à mesure pour apporter leurs affaires en province.
00:18Et ils restent députés jusqu'au premier jour de la mandature suivante.
00:21La dissolution oblige.
00:22Leur mandat a été désintégré instantanément.
00:24Comment cela a-t-il été vécu ?
00:27C'est très violent.
00:28On m'avait dit que ce qu'il y avait de plus violent à l'Assemblée nationale, c'était
00:31une dissolution.
00:32Parce que c'est un mandat qui s'interrompt net, c'est des contrats de collaborateurs
00:36qui s'interrompent nets, et donc des licenciements en masse.
00:40Et donc c'est très brutal, parce que forcément, inattendu, c'est dur à vivre pour beaucoup
00:46d'entre nous et pour beaucoup des collaborateurs et des fonctionnaires de l'Assemblée nationale
00:50aussi évidemment.
00:51Sa lettre au français Emmanuel Macron reconnaît, je cite, que sa décision de dissoudre l'Assemblée
00:57nationale suscite de l'inquiétude, du rejet, parfois même de la colère contre moi, dit
01:03le président de la République.
01:04Vous êtes sur le terrain, propulsé dans une campagne éclair que vous n'aviez pas
01:07voulu.
01:08Vous représentez le camp présidentiel.
01:10Vous le sentez ?
01:11Oui, c'est exactement ce que les Français nous disent.
01:13Alors, c'est des sentiments très mêlés.
01:17Certains me disent qu'ils ont la boule au ventre.
01:19J'ai des personnes âgées qui me disent qu'elles ne regardent plus les informations, parce
01:22que ça les inquiète.
01:23Et donc, il est urgent de retrouver des voies d'apaisement et de rassurer la population
01:30face à cette élection qui est une élection qui est anxiogène pour beaucoup d'entre
01:34nous.
01:35Vous n'avez pas voulu mettre le visage d'Emmanuel Macron ou celui de Gabriel Attal sur vos affiches
01:39de campagne.
01:40C'est pour ça ?
01:41Alors moi, j'ai de la chance d'avoir une équation personnelle.
01:43Je suis élue dans ma circonscription depuis 7 ans.
01:46Je suis également conseillère municipale.
01:48Et comme j'ai été présidente de l'Assemblée nationale, les Français et les citoyens de
01:51ma circonscription me connaissent.
01:52Et donc, je fais campagne en tant qu'ancienne présidente de l'Assemblée nationale, députée,
01:58des femmes de terrain.
01:59Mais donc, le visage d'Emmanuel Macron, c'est un repoussoir plutôt qu'une figure qui attire
02:03des électeurs ?
02:04Je n'ai absolument pas dit ça.
02:05Bien au contraire, j'appartiens, je suis fière d'appartenir à sa majorité, à la majorité
02:09présidentielle.
02:10Nous avons fait beaucoup et ça continue évidemment avec ma famille politique.
02:14Alors, vous appelez Yael Brune-Pivet à une coalition des forces républicaines.
02:17Je vous cite, qui seraient amenées à travailler ensemble dès l'après second tour.
02:21Est-ce que vous pensez, plusieurs petites questions, est-ce que vous pensez comme Edouard
02:24Philippe, que le président a tué la majorité présidentielle ?
02:27En tout cas, ce qui est sûr, c'est qu'en faisant la dissolution de l'Assemblée nationale,
02:32la majorité de laquelle existait, n'existe plus.
02:35Et donc, c'est une nouvelle coalition qu'il va falloir créer.
02:38Une coalition qui va venir du choix des électeurs et qui ne procédera donc plus du président
02:43de la République, mais des Français eux-mêmes.
02:45Est-ce qu'il souhaite que les forces républicaines, les forces de la raison, s'entendent pour
02:50gouverner ce pays et procéder à des changements majeurs qui ne peuvent plus t'attendre ?
02:55Et est-ce que vous pensez comme Bruno Lemaire, qu'Emmanuel Macron a été conseillé par
02:58des cloportes ?
02:59C'est un mot qui lui appartient, qui m'a fait sourire et qui vous fait sourire manifestement
03:04dans le studio.
03:05Écoutez, en tout cas, ce qui est sûr, c'est que les conseillers sont des personnes qui
03:12ne connaissent pas forcément ni le terrain, ni les Français, ni un bulletin de vote.
03:15Et donc, ils sont forcément bien mal placés pour pouvoir avoir un avis quelconque sur
03:21les enjeux démocratiques de notre pays.
03:22Et alors, ces forces républicaines que vous convoquez, elles commencent où ? Elles s'arrêtent
03:28où ?
03:29Pour moi, en fait, c'est une question de valeur, c'est une question de principe, c'est
03:33une question de colonne vertébrale.
03:35Et donc, elles commencent à droite avec les républicains qui n'ont pas suivi Éric
03:42Ciotti dans sa dérive extrême-droitière et elles s'arrêtent aux républicains de
03:49l'autre bord, donc aux personnes qui ont voté pour Raphaël Glucksmann, aux écologistes
03:54modérés, à tous ceux qui considèrent que l'état de droit, c'est un bien précieux.
03:59Est-ce que c'est le bloc central qu'Emmanuel Macron appelle de ses voeux ? C'est la même
04:04chose ?
04:05En tout cas, ce qui est sûr, c'est qu'il faut qu'on se retrouve, non pas à travers
04:08des étiquettes politiques, c'est ça, quand je dis qu'il faut que cette coalition procède
04:12du vote des Français, il ne s'agit pas d'étiquettes, il s'agit de valeurs, de sens de l'intérêt
04:18général, de la vision qu'on a pour notre pays, qui est une vision de rassemblement,
04:22pas d'exclusion et pas d'opposition.
04:23Oui, mais concrètement, vous n'avez pas réussi à faire de coalition depuis 2022.
04:28Pourquoi est-ce que là, ça tomberait du ciel ? Édouard Philippe aussi appelle une coalition
04:32de ses voeux.
04:34Elle ne tombe pas du ciel, elle viendrait des électeurs, elle viendrait des Français
04:38qui viendraient nous dire, en choisissant les forces du bloc central, eh bien voilà
04:42ce que nous voulons, nous voulons que vous travaillez ensemble à construire l'avenir
04:46de notre pays.
04:47Et donc forcément, si c'est le souhait des Français, si c'est leur choix exprimé
04:51dans les urnes dimanche prochain, eh bien ça s'imposera à tous et nous devrons travailler
04:56ensemble.
04:57Mais ça s'imposera au-delà de quoi ? C'est-à-dire, vous imaginez les macronistes et les socialistes
05:01travailler ensemble après la loi Immigration ? Vous imaginez les macronistes et la droite
05:06travailler ensemble après la rudesse de ce qui les a opposés pendant la réforme des
05:10retraites ? On va passer par-dessus tout ça, ça a été oublié, ça a été balayé ?
05:13Mais vous savez, moi en président de l'Assemblée Nationale, pendant deux ans, je les ai vus
05:17travailler ensemble.
05:18Nous avons voté plus d'une trentaine de textes à l'unanimité, nous avons porté
05:23des projets collectifs et vous savez, à l'Assemblée Nationale, moi, pratiquement
05:27toutes les décisions que j'ai prises pour gérer l'institution ont été prises à
05:30l'unanimité du bureau représentant tous les groupes politiques.
05:33Vous oubliez un peu les 49.3 quand même, il y en a eu quelques-uns.
05:36Alors, il y a eu des 49.3, oui, mais je n'en suis pas responsable, je n'étais pas membre
05:40du gouvernement.
05:41Mais vous étiez là.
05:42Et les 49.3 ont été réalisés pour les questions budgétaires, parce que nous n'avions pas
05:47de majorité.
05:48Si demain, nous avons une coalition qui est majoritaire à l'Assemblée Nationale, il
05:53n'y aura plus besoin de 49.3.
05:55Et donc, je crois que c'est ça aussi qu'attendent les Français, une majorité claire pour gouverner
05:59le pays dans le sens de notre histoire et notre identité.
06:03Sauf qu'Yahel Brown-Pivet, les observateurs sont très nombreux, Marine Le Pen en tête,
06:10à se dire que justement, aucun groupe n'arrivera à briguer une majorité.
06:14Hier, Emmanuel Macron a affirmé qu'il ne démissionnerait pas, quel que soit le résultat
06:21de ces élections.
06:22Vous savez, moi, je ne suis pas observatrice, je suis actrice, je suis en campagne.
06:26Et donc, tant que nous n'aurons pas franchi le cap de dimanche 20h, dernier bulletin mis
06:32dans une urne, je me battrai pour que nous puissions former cette grande coalition qui
06:36soit majoritaire.
06:37Mais tout le monde prévoit une Assemblée Nationale absolument ingouvernable, et vous,
06:40vous dites déjà, je voudrais être la présidente de la future Assemblée Nationale, même si
06:45elle est ingouvernable.
06:46Mais parce que c'est ce qu'on m'a dit en 2022, l'Assemblée Nationale sortie des
06:50urnes en 2022 est ingouvernable.
06:51Et elle ne l'a pas été.
06:53J'ai réussi à dresser des ponts.
06:56Mais on ne connaît pas le visage de cette Assemblée, il revient aux Français de la
07:02choisir.
07:03Et dans ce que je vois aujourd'hui, ils ne l'ont pas encore fait.
07:07Donc nous avons encore huit jours pour les combats.
07:09Et je ne fais pas de scie, je ne fais pas de spéculation.
07:13Oui mais ça peut arriver et les sondages vont massivement dans ce sens.
07:15Et qu'Emmanuel Macron ne démissionne pas, la situation sera bien différente en 2022.
07:21Elle sera bien difficile, mais vous savez, le président de la République n'a pas à
07:25démissionner.
07:26Il est président élu des Français.
07:28Il faut respecter le choix des Français.
07:30Ça suffit de considérer que les Français, ils parlent et on ne les entend pas.
07:34Lorsqu'ils ont élu Emmanuel Macron, ils l'ont élu pour cinq ans.
07:372022, 2027.
07:38Là, il s'agit d'élire l'Assemblée Nationale et c'est pour ça que je dis aujourd'hui
07:43les Français ont ce choix de porter au pouvoir une coalition des Républicains raisonnables
07:48et responsables.
07:49Alors si vous êtes rééluillé Elbrun-Pivet et que vous retrouvez un semblant de marge
07:52de manœuvre à l'Assemblée Nationale, quel texte vous remettriez sur l'ouvrage
07:56en priorité ?
07:57Le texte sur la fin de vie.
07:59J'ai présidé plus de 80% des débats sur ce texte.
08:02Les débats se déroulaient bien, respectueux des opinions et des convictions des uns et
08:06des autres.
08:07C'est un texte qui est très attendu par nos compatriotes et donc c'est le premier
08:11texte que je souhaite que le Parlement continue à examiner.
08:15Hier, le Nouveau Front Populaire a publié un communiqué qualifiant les accusations
08:19d'antisémitisme à son encontre, je les cite, « d'odieuses campagnes de diffamation
08:24menées par une Macronie en déroute, qui selon les chefs des formations de gauche préfèrent
08:30salir son opposition que d'assumer une confrontation à nos projets politiques respectifs ».
08:35Que leur répondez-vous ?
08:38J'ai pris comme parti pris de ne jamais répondre à la France Insoumise.
08:45Non, là c'est pas la France Insoumise, c'est le Nouveau Front Populaire.
08:48J'ai vu plusieurs communiqués sur cette question d'antisémitisme, je vois qu'ils
08:52ne sont pas tous d'accord.
08:53Ce qui est sûr, c'est qu'au sein de la France Insoumise, il y a un certain nombre
08:56de parlementaires qui se sont exprimés et le premier qui n'est pas parlementaire, Jean-Luc
09:01Mélenchon, qui ont eu des propos extrêmement douteux sur cette question et j'en ai été
09:06la première victime.
09:07Donc arrêtons les simagrées, arrêtons de faire semblant.
09:10Il y a un vrai sujet d'antisémitisme au sein de la France Insoumise et ne nous cachons
09:14pas les yeux et c'est extrêmement préoccupant pour notre pays.
09:18Je vous remercie et le bon pivot.
09:19Je vous remercie.

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