• il y a 5 mois
Depuis ses débuts, Blick Bassy mélange avec brio traditions africaines et influences modernes. Le chanteur, qui construit sa carrière musicale entre le Cameroun et la France, est de retour avec un version deluxe de son cinquième album studio "Madiba Ni Mbondi", un disque en forme de conte écologique et militant autour de l'eau. Blick Bassy évoque aussi son rôle au sein de la "commission mémoire" sur le Cameroun, voulue par le président Macron, et chargée de travailler sur le rôle de la France pendant la colonisation et après l’indépendance du pays. Un travail sur l'héritage colonial qui se concrétise par une exposition à voir en ce moment au Musée ethnographique de Genève, en Suisse. Blick Bassy y présente une œuvre baptisée "Le casque décolonial".

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Transcription
00:00Une rencontre du jazz, de l'électro et des rythmes africains, depuis ses débuts,
00:26il mélange avec brio, tradition et influence moderne, et a construit sa carrière musicale
00:31entre le Cameroun et la France.
00:33Blick Bassi est l'invité de ce nouveau numéro de À l'Affiche, bienvenue à tous et bonjour
00:39Blick Bassi.
00:40Bonjour.
00:41Merci beaucoup d'être avec nous, je le disais, vous avez deux pays de cœur, le Cameroun,
00:45votre terre natale, et puis la France, vous êtes arrivé je crois il y a 20 ans maintenant
00:49à peu près ?
00:50Un peu moins, mais ça fait un moment que je suis là.
00:52On y est presque, on y est presque.
00:53J'avais juste envie de vous demander pour commencer, qu'est-ce que vous aimez le plus
00:56dans chacun de ces deux pays ?
00:57Déjà c'est les pays qui sont liés de par l'histoire coloniale qui a permis en sorte
01:04qu'il y ait cette rencontre et que depuis ce moment-là, il y a donc une espèce de
01:10liaison naturelle qui a été faite et qui malheureusement n'est pas toujours claire
01:16puisqu'on a des populations qui se côtoient et qui ne se connaissent pas réellement et
01:20je pense qu'il est essentiel de pouvoir aujourd'hui créer un vrai lien de compréhension, de
01:25connexion et de partage pour que les deux peuples se connaissent réellement et moi
01:29qui vis dans les deux espaces, je vois très bien qu'en fait on se côtoie, on porte
01:34la même histoire, on parle la même langue officiellement, mais en fait on ne se connaît
01:38pas réellement.
01:39Il y en a beaucoup de choses à partager et vous le faites notamment grâce à la musique.
01:43On va justement parler de musique, vous êtes avec nous pour Madi Bani Mouni, version deluxe
01:47de votre cinquième album sorti il y a un peu plus d'un an et auquel vous avez ajouté
01:51quatre titres inédits.
01:53Ce cinquième album avait en fait déjà la forme d'une sorte de conte écologique et
01:56militant autour de l'eau.
01:58Peut-être d'abord pour revenir au début, pourquoi est-ce que vous avez eu envie de
02:01consacrer un disque à cet élément, l'eau ?
02:04Parce que je crois que le problème de nos différentes sociétés aujourd'hui, c'est
02:09que nous sommes éloignés de l'essentiel, pourtant la nature et les dieux ont pensé
02:13les choses de manière évidente et qu'à partir du moment où on revient sur cette
02:16évidence-là, les choses se remettent naturellement en place et que les différentes crises auxquelles
02:21nous sommes confrontés aujourd'hui proviennent du fait que nous avons détruit l'amitié
02:25entre le vivant dans son ensemble et quels que soient ses composants, quelles que soient
02:29les formes, les matières des différents vivants, ils ont été créés en fait pour
02:32cohabiter et de vivre en harmonie et le fait que l'humain décide de détruire tout ça
02:39dans son arrogance fait qu'aujourd'hui nous nous retrouvions dans la situation politique
02:44dans les différents espaces de vie auxquels nous nous appartenons et je pense qu'en remettant,
02:49en reconstruisant un nouveau lien, on règle tous les problèmes, c'est pour cela que
02:54j'ai voulu, en consacrant l'album à l'eau, à rappeler l'importance de remettre un lien
03:00vertueux avec le vivant dans son ensemble.
03:06Alors on va justement écouter un extrait de ce disque, le titre s'appelle Bengue.
03:14Bengue, issu de l'album Madiba, qui s'appelle désormais Madiba, c'est l'album d'un artiste
03:21qui s'appelle Bengue, qui s'appelle Madiba, qui s'appelle Madiba, qui s'appelle Madiba,
03:25qui s'appelle Madiba, qui s'appelle Madiba, qui s'appelle Madiba, qui s'appelle Madiba,
03:29qui s'appelle Madiba, qui s'appelle Madiba, qui s'appelle Madiba, qui s'appelle Madiba,
03:33qui s'appelle Madiba, qui s'appelle Madiba, qui s'appelle Madiba, qui s'appelle Madiba,
03:37qui s'appelle Madiba, qui s'appelle Madiba, qui s'appelle Madiba, qui s'appelle Madiba,
03:41Bengue, issu de l'album Madiba, qui s'appelle désormais Madiba Nimbondi.
03:45Alors justement, parlez-nous de cet ajout au titre, c'est eau et fleurs, c'est ça en langue bassa ?
03:50Racontez-nous, pourquoi est-ce que vous avez rajouté ces fleurs ?
03:53En fait, la fleur, c'est les 4 titres au titre que j'ai rajouté après Madiba l'album.
03:59Et donc j'ai rajouté Nimbondi, qui est l'eau et la fleur.
04:04Et j'ai voulu, à travers ce petit rajout, cette version deluxe qui arrivait après,
04:10donner la parole aussi à quelques compères artistes que j'aime bien pour
04:15ensemble, parler de cette question d'eau et d'amour en fait, de parler de son
04:19vivant et de rappeler le fait que nous sommes faits pour co-construire, pour
04:24cohabiter, pour partager et je pense que plus nous avons des voix qui le
04:30disent, mieux c'est. Et ce que j'essaye de faire à travers cet album et à
04:34travers d'autres projets, c'est également de pouvoir voir comment je
04:36sensibilise mes compères artistes à utiliser leur influence pour parler des
04:41choses essentielles à notre cohabitation.
04:44Et bien on va justement écouter un de ces nouveaux titres ajoutés à cet album,
04:47ça s'appelle Bondi Fleur, donc en collaboration avec l'artiste australien
04:52Rai Hex et le franco-cameroonais Yame. On écoute quelques notes.
05:06Alors on parlait justement de ce lien entre la France et le Cameroun,
05:28Big Bassi depuis toujours vous chantez quasiment exclusivement en bassa, qui est
05:32le nom de votre peuple, les bassas du Cameroun,
05:35pourquoi est-ce que c'est important justement pour vous de transmettre cette
05:39culture-là ? Je pense que pour une meilleure cohabitation il faut que nous
05:42assumons la singularité qui anime chacun de nous et nous appartenons à des
05:46espaces magnifiques et la chance qu'on a c'est que nous vivons sur une pierre où
05:53il y a énormément de diversité, d'énormément de poésie et de beauté que
05:58nous n'exploitons pas assez et donc je pense qu'il est essentiel que nous
06:01puissions cohabiter en nous acceptant, en acceptant les différences qui nous
06:06caractérisent, la singularité qui caractérise chaque être puisque nous
06:11sommes uniques, bien que nous soyons des milliards sur la terre, chaque être est
06:16singulier et je pense qu'il est essentiel de pouvoir valoriser ces
06:20singularités parce que c'est elles qui font en sorte que les couleurs et que les
06:25pixels soient encore plus beaux et c'est la raison pour laquelle j'essaie tout
06:29simplement en chantant uniquement Mbassa, essayer de faire vivre cette
06:32langue, cette culture dont je suis issu parce que je crois que c'est également
06:37en faisant vivre ces différentes richesses, en nous reconnectant avec ce
06:41que nous sommes réellement, que nous allons pouvoir vivre dans la paix.
06:44Alors ce travail autour des liens entre la France et le Cameroun prend
06:50différentes formes dans votre parcours, vous travaillez aussi sur l'héritage
06:53colonial entre les deux pays, vous exposez d'ailleurs en ce moment au musée
06:57ethnographique de Genève en Suisse une oeuvre que vous appelez le casque des
07:01coloniales, alors dites-nous en plus, on va voir aussi quelques quelques images.
07:04Alors le casque des coloniales est ma première oeuvre qui est exposée en ce
07:10moment au MEG à Genève et mon idée était de dire que nous avons connu le
07:14casque colonial qui faisait partie un peu des espèces dans l'imaginaire des
07:21populations, des espaces qui ont été colonisés, on connaît le colon qui
07:25arrivait avec ce casque colonial et moi l'idée était de proposer le casque
07:28des coloniales qui permettrait de pouvoir dessiner quelque part le parcours de la
07:34décolonisation pour les populations décolonisées, selon moi ce parcours là
07:39se fait donc en 11 sur 11 étapes et chaque casque qui est exposé représente
07:44une étape de ce parcours de décolonisation.
07:4611 casques calbasses qui délivrent chacun un message poétique d'ailleurs.
07:52Alors pour continuer dans cette veine, en février 2003 vous avez été nommé
07:55co-directeur de la commission de mémoire sur le Cameroun voulu par le président
08:00Emmanuel Macron et qui est chargé donc de travailler sur le rôle de la France
08:03pendant la colonisation et après l'indépendance du Cameroun.
08:07C'est vrai, on ne va pas se le cacher, que les relations entre l'Afrique et les
08:10anciennes puissances coloniales sont toujours complexes.
08:13Comment est-ce qu'à votre sens on peut aider à les améliorer ?
08:16Mais je pense que pour les améliorer c'est pas très compliqué, il faut juste
08:21suivre le chemin de la vérité, puisqu'à partir du moment où il y a la vérité,
08:25les gens rentrent dans leur parcours de sincérité et c'est dans ce parcours
08:30de sincérité que tout se reconstruit.
08:33Et pour rentrer dans ce parcours, il faut ressortir les éléments qui nous
08:37permettent de tout remettre sur la table et de se parler les yeux dans les yeux
08:41et d'être de manière sincère, avoir un échange qui nous permet de repartir
08:47sur un chemin beaucoup plus amical, parsémé d'amour et je pense que
08:52vraiment que c'est pas très compliqué.
08:54Il faut juste qu'on remette au milieu, au centre de la cour en fait, la vérité.
08:59Et donc le travail que moi je fais là, c'est tout simplement participer à faire
09:03connaître ce qui s'est passé dans ce pays, l'histoire de la France, qu'en France
09:07qu'on la connaisse, qu'au Cameroun qu'on la connaisse et de telle manière que
09:10finalement, petit à petit, ces espaces puissent réellement vivre dans une
09:15amitié sincère et qu'il n'y ait pas de faussemblance.
09:18Et on sait que la culture est aussi très importante.
09:20Elle est au centre de cette reconstruction, je crois, pour raconter cette histoire.
09:24Il y a quelques années, Blic, vous aviez publié le mot Abyss cinéma aux éditions
09:29Gallimard, c'était un livre sur l'immigration.
09:31On y suivait cinq jeunes Camerounais qui rêvent d'Occident, qui vont découvrir
09:37par des moyens assez drôles d'ailleurs, que le rêve est un peu loin de la réalité.
09:42Est-ce qu'on le connaît, le contexte politique en France en ce moment, avec
09:46les élections législatives qui arrivent et une possible victoire du parti
09:51d'extrême droite, le Rassemblement national, vous inquiète?
09:54Quel regard vous portez sur cette situation ici en France?
09:57Je crois que c'est tout simplement le résultat d'un système de gouvernance
10:01qui a complètement échoué, qui est obsolète, c'est-à-dire ce qui arrive
10:04aujourd'hui, c'est le fait que les politiques, à un moment donné, ont
10:09décidé d'en faire un théâtre où les uns et les autres, en fait, se battent
10:12pour être à la tête des institutions, pas pour servir l'intérêt commun,
10:20mais pour des intérêts particuliers, carriéristes, etc.
10:23Et pour mieux arriver à ces fins, en général, on instrumentalise
10:27les populations, on leur parle de l'autre et en général, quand ça va mal,
10:33on essaye de se renfermer, on a peur de l'autre, on a peur de l'inconnu.
10:36Je pense qu'il est essentiel aujourd'hui de pouvoir repenser
10:40la structure de gouvernance actuelle.
10:42Et d'ailleurs, je travaille sur un court métrage sur les questions démocratiques.
10:47Ça, c'est intéressant.
10:47Ça nous fait revenir à la culture.
10:49Vous reviendrez évidemment nous en parler.
10:51Blic Bassi, c'est déjà la fin de cette émission, mais on termine toujours
10:54avec un coup de cœur culturel de nos invités.
10:56Je crois que vous voulez nous parler d'une exposition à voir justement à Douala.
10:59Absolument.
10:59Je parle de l'artiste Yvan Gassam que j'aime beaucoup et j'invite
11:03dans les populations de Douala à faire un tour
11:07à l'espace Douala Art, qui est dirigé par une femme magnifique,
11:12Mariline Douala Belle, qui, elle aussi, est une créatrice et des actrices
11:17importantes dans cette ville et dans le pays qui contribuent grâce
11:21aux ICC à pouvoir faire avancer les choses.
11:24Merci beaucoup, Blic, pour ce conseil.
11:26Évidemment, merci d'être venu nous parler de Madi Bani Bondi,
11:29version deluxe de votre dernier album, Le casque décolonial.
11:32C'est à voir au musée ethnographique de Genève jusqu'en janvier 2025
11:36et vous serez aussi en tournée dans toute la France jusqu'à la fin de l'année.
11:40Merci évidemment à vous de nous avoir suivi.
11:42À l'affiche, ça se passe aussi sur France24.com,
11:44ainsi que sur tous nos réseaux sociaux.
11:46On se quitte donc avec des images de l'exposition d'Yvan Gassam,
11:49actuellement à l'espace Douala Art à Douala, au Cameroun.
11:51Je vous laisse découvrir et vous dis à très vite.
12:02Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org

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