Sabine Raynaud, syndicat FO/SNUDI 34

  • il y a 2 mois
Des professeurs des écoles ont manifesté devant le rectorat de Montpellier hier matin. Ils réclament le recrutement de leurs collègues qui sont inscrits sur les listes complémentaires de l'éducation nationale.

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Transcript
00:00Selon vous, quelle est la priorité des priorités en matière d'éducation ?
00:04Donc là, nous on vous a fait trois propositions sur les réseaux sociaux pour que vous puissiez répondre.
00:08Ça correspond en gros à ce que veulent les trois blocs pour les législatives.
00:12Ils le proposent chacun des trois blocs, grosso modo.
00:15Donc est-ce que c'est plus d'autorité, plus de moyens, plus de savoirs fondamentaux ?
00:19Vous allez pouvoir prendre la parole, mais vous pouvez nous appeler tout de suite.
00:210467586000, dites-nous ce que vous en pensez.
00:24En tout cas, vous avez forcément un avis sur cette question.
00:26Au niveau des résultats, ça a donné quoi ?
00:28Vous êtes 176 à avoir voté, vous répondez à 49%, donc une majorité plus d'autorité,
00:34à 27% plus de savoirs fondamentaux et à 24% plus de moyens.
00:40Ce n'est pas la tendance qu'on observe dans vos commentaires Facebook, par contre.
00:43J'ai l'impression que sur vos commentaires Facebook, je ne les ai pas tous lus en entier,
00:47mais vous êtes plutôt une majorité à réclamer plus de moyens.
00:50Et puis surtout, vous êtes beaucoup, vous êtes très nombreux à dire les trois, ce serait bien.
00:54Vous avez du mal à choisir entre les trois, en fait.
00:56Allez, appelez-nous. 0467586000.
00:58Notre invité, Sabine Reynaud, du syndicat FOS Nudit 34, Guillaume.
01:01Bonjour Sabine Reynaud.
01:02Bonjour.
01:03On va revenir sur ce sondage tout à l'heure,
01:05mais on va d'abord expliquer les raisons pour lesquelles on vous a invité ce matin.
01:08Il y a de fortes inquiétudes en ce qui concerne le premier degré dans l'éducation pour la rentrée de septembre.
01:13D'ailleurs, la ministre de l'Éducation, Nicole Belloubet, ne s'en est pas cachée.
01:16Il n'y aura pas assez de profs, malheureusement, pour faire face aux moyens exigés par la rentrée 2024.
01:22Et vous, vous réclamez l'embauche de professeurs des écoles inscrits sur ce qu'on appelle les listes complémentaires.
01:31Oui, tout à fait. Ce sont des candidats qui ont été admis,
01:34des candidats au concours de professeurs des écoles qui ont été admis sur ce qu'on appelle la liste complémentaire.
01:41Cette liste complémentaire, elle est définie, en fait, par le nombre de postes qui sont alloués par le ministère,
01:47qui, ce nombre de postes, figure sur ce qu'on appelle la liste principale.
01:52Et la liste complémentaire est là pour compléter la liste principale.
01:57Est-ce que c'est faux de dire que c'est un peu une liste d'attente, quelque part ?
02:00C'est ça. C'est ça qui est là pour pallier les désistements des candidats sur la liste principale.
02:08Or, le problème de fond qui est posé, c'est le manque de création de postes.
02:15Ce manque de création de postes, il est à mettre en lien avec la pénurie qui a été organisée par les différents gouvernements qui se sont succédés.
02:25Et les différents ministres, parce que vous en avez défilé quelques-uns ces deux-trois dernières années.
02:30La vague des ministres, c'est-à-dire que vous n'ignorez pas...
02:33Et puis ça va sans doute encore changer, d'ailleurs, manifestement.
02:36Tout à fait. Vous n'ignorez pas qu'il y a actuellement une crise du recrutement.
02:42Cette crise du recrutement, elle se base sur la masterisation qui a été initiée par Jean-Michel Blanquer.
02:49Le fait que les salaires soient largement insuffisants, ce qui conduit toute une partie de la jeunesse à se détourner de cette fonction.
03:01Pourtant, il y a, je crois, actuellement 38, 37, je ne sais plus, je n'ai plus le chiffre exact pour ce qui concerne le département de l'Hérault.
03:08Donc de potentiels enseignants inscrits sur cette liste.
03:1175.
03:1175, pardon.
03:1275 sur l'Académie.
03:14Mais on ne fait pas, sur l'Académie de Montpellier, mais on ne fait pas appel à eux.
03:17Vous dites qu'on préfère embaucher des professeurs contractuels.
03:21C'est le cas, il y a eu l'an dernier.
03:22Pourquoi ? C'est quand même étrange comme méthode, non ?
03:25Tout à fait. C'est la marque d'une volonté politique, en fait.
03:29La marque de la volonté politique, c'est de détruire progressivement le statut de professeur des écoles
03:39et de diminuer le nombre de recrutements de fonctionnaires d'État sous le statut de professeur des écoles.
03:46C'est une ubérisation de l'éducation, quelque part ?
03:48Tout à fait.
03:48267 contractuels ont été recrutés l'an dernier sur toute l'Académie.
03:54En lieu et place des ouvertures de postes sous statut qui sont nécessaires.
03:59Actuellement, l'école souffre du manque d'enseignants, du manque d'enseignants spécialisés, du manque de remplaçants.
04:07Et nous, nous étions hier devant le Rectorat, avec ces fameux candidats sur liste complémentaire.
04:18On vous a reçus ?
04:19Il a fallu insister.
04:21La rectrice ou son entourage vous a reçus ?
04:23Nous avons été reçus par la secrétaire générale et le directeur de cabinet au bout d'une heure.
04:26Qu'est-ce qu'on vous a dit ?
04:28Pas grand-chose qu'on ne sache déjà.
04:30C'était même à la limite une provocation puisque la seule information que nous avons pu obtenir,
04:38c'était l'assurance qu'il n'y aurait pas de nouveaux contractuels recrutés tant qu'il y aurait les 75.
04:46Petite liste complémentaire.
04:48Or, nous avons appris que certains des contractuels qui avaient été recrutés sous contrat d'un an seraient reconduits.
04:57Or, nous nous opposons à ça avec les listes complémentaires.
05:01Ceux qui ont la qualification professionnelle pour être dans les classes à la rentrée, ce sont les candidats sur liste complémentaire.
05:12Le recours aux contractuels ne doit se faire qu'à partir du moment où il n'y a plus de vivier sur les listes complémentaires.
05:19Un dernier mot sur cette question avant de passer à autre chose mais de rester dans le domaine de l'éducation.
05:25Pour ce qui concerne la rentrée 2024, ça se présente comment ?
05:30Est-ce que vous avez déjà une idée du nombre de postes que l'administration a du mal à pourvoir
05:38et qui pourraient engendrer ou des effectifs supplémentaires ou des fermetures de classes ?
05:42Nous avons posé la question hier à la secrétaire générale, elle a refusé de nous répondre.
05:46Donc nous appelons un nouveau rassemblement mercredi prochain à 11h devant le rectorat
05:52pour demander le recrutement des 75 listes complémentaires.
05:57La première a été appelée hier.
06:00On sent bien que c'est tendu en ce moment, il y a eu des occupations de classes cette semaine
06:05de départements, de parents d'élèves qui protestent, qui ont occupé les écoles.
06:08On sent que déjà cette rentrée 2024, indépendamment de toute considération politique
06:13évidemment parce qu'on est tous dans l'incertitude, mais s'annonce déjà difficile.
06:17Bien sûr, le CSA qui décide des mesures de fermeture ou d'ouverture a été initialement prévu le 25 juin.
06:25Il a été reporté par l'administration au 8 juillet au motif de la campagne électorale
06:30ce qui est parfaitement inadmissible.
06:32En même temps c'est un petit peu normal, on ne sait pas qu'elle va être votre ministre demain.
06:35Nous sommes un service public et donc nous devons préparer la rentrée
06:39et donc il n'est pas normal de repousser des mesures aussi importantes
06:44pour tout le monde, pour les personnels comme pour les parents comme pour les élèves
06:48après les élections.
06:4904 67 58 6000, et vous qu'en pensez-vous ?
06:53Quelle est la priorité des priorités en matière d'éducation ?
06:55Plus d'autorité, plus de moyens, plus de savoirs fondamentaux.
06:58Si vous avez d'autres idées, n'hésitez pas, vous nous appelez.
07:0104 67 58 6000
07:03Alors vous répondez plus d'autorité à une majorité, je le rappelle 49%
07:07contre 27% pour les savoirs fondamentaux et 24% pour les moyens.
07:11Ça vous inspire quelle réflexion Sabine Reynaud ce matin ?
07:14Il n'y a plus d'autorité à l'école.
07:17En tout cas c'est comme ça que le juge, une grande partie de nos auditeurs.
07:20S'il y a un problème de respect de l'autorité,
07:28c'est le respect de l'autorité des enseignants et des AESH de tous les personnels.
07:33Et ce manque de respect de leur autorité,
07:36c'est celui qui nous vient principalement de notre hiérarchie.
07:40C'est-à-dire que face aux difficultés majeures que nous rencontrons actuellement
07:47parce que nous manquons, je vous l'ai dit tout à l'heure,
07:50de personnel, d'enseignants, d'AESH,
07:53que nous sommes confrontés à une politique d'inclusion systématique
07:57dont j'étais venue parler déjà ici,
08:00qui est en train de dégrader de façon considérable
08:05les conditions d'apprentissage des élèves
08:08et les conditions de travail des personnels.
08:10Face à cette situation, bien souvent,
08:13alors que notre hiérarchie reconnaît que ce problème est un problème majeur,
08:19notre hiérarchie ne nous soutient pas
08:22et nous nous retrouvons démunis
08:25parce que, justement, nous devrions avoir notre employeur
08:30qui garantit notre santé, notre sécurité et notre autorité
08:35et ce n'est pas le cas.
08:37– Vous n'êtes pas en mesure d'exercer cette autorité
08:41que les parents sont en droit d'attendre
08:45du corps enseignant vis-à-vis de leurs enfants ?
08:47– Nous ne sommes pas soutenus, je vous donne un exemple.
08:50Lorsque nous faisons face à l'absentéisme de certains élèves,
08:55nous signalons cet absentéisme parce que c'est notre obligation
09:00et finalement, rien ne se passe pour permettre à ces enfants
09:07de retourner sur les bancs de l'école.
09:09Je vous donne un autre exemple,
09:11lorsque nous signalons des problèmes graves de sécurité,
09:16soit parce qu'il s'agit d'enfants qui sont tellement en souffrance
09:22dans le cadre de cette inclusion systématique
09:26qu'ils produisent de la violence, soit sur eux-mêmes.
09:31– Il n'y a pas que l'inclusion, il y a quand même, d'une manière générale,
09:34un problème avec l'autorité, c'est-à-dire que cette génération-là,
09:37aujourd'hui, ne se comporte pas comme la génération précédente
09:41vis-à-vis du corps professoral ou vis-à-vis des enseignants
09:44où est-ce qu'on portait, il faut le reconnaître,
09:46ce n'est pas qu'une histoire d'inclusion.
09:47– Parce que les plus hautes responsabilités ministérielles,
09:52gouvernementales, n'ont eu de cesse depuis des décennies
09:56de dénigrer le corps enseignant et la fonction enseignante.
10:01Je vous rappelle que c'est le président Macron qui avait déclaré
10:04que nous ne servions pas à redresser le pays,
10:07que c'était le ministre Blanquer qui avait déclaré
10:12qu'il y avait des professeurs décrocheurs.
10:14Évidemment, quand les plus hautes instances se permettent
10:17de telles déclarations au mépris du fait que ce sont les personnels
10:21qui permettent à l'école, actuellement, de tenir debout,
10:24et bien effectivement, ça produit cet effet-là.
10:26– Merci Sabine Reynaud du syndicat FO Snoudi,
10:3034 d'être venue ce matin dans le 6-9, bonne journée à vous.
10:33– Merci.
10:34– Vous pouvez réécouter ce moment en allant sur le site.

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