Dans ce nouveau numéro d'A vos marques, Maxime Brami évoque la voltige aérienne avec Dorine Bourneton et Guillaume Féral, deux pilotes ayant perdu l'usage de leurs jambes dans des accidents aériens. Leur force de caractère leur a permis de rebondir et vivre leur rêve : devenir pilote professionnel malgré le handicap. Retour sur le parcours atypique de ces deux pilotes paraplégiques.
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00:00Bonjour à toutes et bonjour à tous, je suis ravi de vous retrouver pour cette nouvelle
00:18saison d'Avomarque.
00:19Avomarque, vous le savez, c'est votre rendez-vous parasport à suivre chaque semaine sur notre
00:24antenne et Avomarque a une place particulière dans notre grille, nous vous faisons découvrir
00:28chaque semaine des disciplines hors du commun et des destins qui sont tout aussi hors du
00:34commun.
00:35Et pour commencer cette nouvelle saison, nous avons choisi de frapper fort, plutôt prendre
00:39de la hauteur puisque nous allons à la découverte de la voltige aérienne adaptée.
00:44Et pour en parler, j'ai le plaisir de recevoir Doreen Bourneton.
00:48Bonjour Doreen.
00:49Bonjour.
00:50Merci d'avoir accepté l'invitation de Sports en France, vous êtes pilote et présidente
00:53de l'association qui porte votre nom, vous êtes accompagnée de quelqu'un que vous connaissez
00:57bien, il s'appelle Guillaume Ferral.
00:59Bonjour Guillaume.
01:00Bonjour.
01:01Guillaume, vous êtes pilote, instructeur et vice-président de l'aéroclub Paul Louis
01:04Weiler.
01:05J'espère que je l'ai bien prononcé.
01:07Merci à tous les deux d'avoir accepté l'invitation d'Eau Sport en France, nous avons donc un
01:11très très beau sujet aujourd'hui, nous allons prendre cette hauteur, partons tout de suite
01:16à la découverte de la voltige aérienne adaptée.
01:19C'est parti.
01:20Doreen, en France, il y a 12 millions de personnes qui sont concernées par le handicap
01:29et est-ce que je dis vrai si je vous dis que grâce à vous maintenant ils ont la possibilité
01:34de voler ?
01:35Grâce à moi mais pas seulement, grâce aussi à Guillaume, grâce aussi à toute une équipe.
01:42Moi lorsque j'ai commencé à voler alors que j'étais paraplégique, cette activité
01:48existait déjà.
01:49Elle existe en réalité depuis 1973 puisque c'est André Crépy qui le premier a permis
01:56aux personnes handicapées et des membres inférieurs, je précise, de pouvoir piloter
02:01un avion.
02:02Il avait eu un accident et il était pilote et lorsqu'il s'est retrouvé au fauteuil
02:06il a voulu continuer à pratiquer cette activité.
02:08Avant de rentrer dans le détail, expliquez-nous ce qu'est la voltige aérienne et la voltige
02:16aérienne adaptée.
02:18Alors la voltige aérienne et la voltige aérienne adaptée, la seule différence consiste
02:26dans le fait que nous pilotons un avion qui est bien sûr adapté à notre handicap et
02:31donc muni de ce qu'on appelle de commandes manuelles de pilotage.
02:35Ça s'appelle un mâlonnier et qui remplace les palonniers, les commandes qui sont habituelles
02:40aux pieds.
02:41Avec les pieds ?
02:42Au pied.
02:43Parce que normalement c'est comme une voiture ?
02:44C'est le même équipement que pour une voiture, c'est tout à la main.
02:48Mais après dans l'apprentissage, on apprend les mêmes figures que les autres pilotes
02:55valides, on participe aux mêmes compétitions, aux mêmes épreuves, dans la technicité
03:00on va dire qu'on doit atteindre le même niveau d'exigence.
03:04La seule difficulté pour nous qui sommes handicapés vient du fait qu'il faut réussir
03:12à faire tous ces gestes, à coordonner ces gestes et piloter entièrement à la main.
03:18Et aussi une autre contrainte pour nous c'est que quand on est paraplégique, pour piloter
03:24un avion, on doit être capable de se hisser seul à l'intérieur de l'avion.
03:29Ah oui, comment vous faites ?
03:31Et donc ça demande beaucoup d'agilité.
03:32Il faut être, comment on fait ? Par la force des bras.
03:35Par la force des bras ?
03:36Par la force des bras.
03:37Mais un avion c'est à quelle hauteur ?
03:39La marche elle est un petit peu haut sur un avion de voltige, mais avec un petit peu
03:44d'entraînement.
03:45Et pourquoi impérativement vous devez accéder à l'avion par vous-même ?
03:51Pour des questions de sécurité.
03:53Pour en sortir par exemple.
03:55Voilà exactement.
03:56Si au moment de la mise en route de l'appareil votre avion prend feu, il faut pouvoir sortir
04:02immédiatement sans l'aide de personne.
04:04Vous n'allez pas retarder votre passager ou si vous êtes seul, donc il faut pouvoir
04:08s'extraire de l'avion rapidement.
04:10Il n'y a pas un système comme dans les films, un bouton sur lequel on appuie et puis ça
04:12vous éjecte avec un parachute ?
04:13Non, à notre niveau il y en a pas, là on parle.
04:18Alors on parle de voltige aérienne adaptée, mais j'aimerais quand même qu'on comprenne.
04:22Est-ce qu'on parle d'un sport ? Est-ce qu'on parle d'un hobby ? Et en fait, tout simplement
04:26en quoi ça consiste ?
04:27La voltige ? Ah ben la voltige, comment vous dire ? C'est l'art de mettre votre avion
04:35dans des configurations inusuelles, inhabituelles, dans lesquelles vous n'avez pas le droit
04:42en temps normal de vous mettre.
04:44Et c'est comme une chorégraphie en fait.
04:47Moi quand je pilote mon avion et que je fais des figures de voltige, j'ai l'impression
04:51de danser dans le ciel.
04:52C'est comme, on peut comparer ça à du patinage artistique.
04:55Mais par exemple si je vous dis, les français connaissent tous la patrouille de France.
05:01Est-ce qu'on peut dire que la patrouille de France fait de la voltige ?
05:04Alors, elle fait quelques figures de voltige en patrouille, elle fait quelques boucs, elle
05:10fait quand même quelques figures de voltige, mais vraiment la voltige aérienne telle que
05:15nous on la pratique, on la pratique à un niveau, on appelle ça du sport en fait, c'est
05:20un sport.
05:21Et on va mettre l'avion dans tous les sens, dans toutes les configurations possibles et
05:26on va piloter notre avion, piloter ces figures que l'on fait dans le ciel.
05:33Guillaume Ferral, vous êtes pilote également et vous êtes président d'un aéroclub.
05:39Dites-moi quand même, est-ce que c'est, on vient de définir ce qu'est la voltige,
05:45on vient de comprendre un petit peu mieux en quoi ça consiste, mais est-ce que c'est
05:49accessible à tout le monde ? Disons qu'un avion ça coûte cher, c'est un peu…
05:54Moi, en préparant cette émission, je me suis dit que c'est un peu comme de la Formule 1,
05:58c'est-à-dire que moi je ne peux pas en faire, je n'ai pas les moyens.
06:02Alors oui, mais cela dit, en France, on a une chance extraordinaire parce qu'on a
06:07un réseau d'aéroclubs absolument incroyable.
06:09On a le réseau d'aéroclubs le plus dense dans le monde entier et où que vous soyez
06:17en France, vous êtes à moins de 50 km d'un aéroclub et vous pouvez pratiquer l'aviation
06:22et dans certains aéroclubs, la voltige à proximité de chez vous et là, c'est une
06:29espèce de… Vous êtes propriétaire de l'avion, mais vous êtes propriétaire au
06:32même titre que tous les autres membres de votre aéroclub.
06:35Vous n'avez pas à supporter le coup tout seul.
06:42Absolument, ce sont des associations.
06:45Tous les aéroclubs français sont des associations.
06:47Donc, vous dites que c'est quand même assez accessible à quelqu'un qui est très motivé,
06:52ce n'est pas hors budget, hors d'attente.
06:55C'est moins cher que de pratiquer le golf, surtout dans les clubs un peu huppés, mais
07:09je pense que dès lors qu'on en a vraiment l'envie, je pense que c'est accessible.
07:18Nous allons revenir dans la seconde partie de cette émission sur vos parcours respectifs.
07:25Avant cela, j'aimerais que nous évoquions avec vous, Guillaume, le projet Envie d'envol.
07:31Envie d'envol, qu'est-ce que c'est ? Ça naît de quels besoins et pour quels buts ?
07:38Envie d'envol, ça naît du besoin exprimé par un certain nombre de personnes handicapées,
07:48déjà pilotes, et qui ont manifesté le souhait d'aller au-delà de juste la promenade ou
07:56le voyage aérien et de pratiquer la voltige, qui est un sport à part entière.
08:01Il faut savoir que la France est championne du monde de voltige depuis de nombreuses années,
08:06aussi bien chez les hommes que chez les femmes.
08:08Dans le cas de la voltige, est-ce qu'on peut dire que le handicap est relégué au second plan, Dorine ?
08:17Une fois qu'on est dans l'avion ?
08:19Oui, une fois qu'on est dans l'avion.
08:21Je me transforme, Guillaume se transforme quand on est assis dans l'avion.
08:25Déjà, il y a toute cette phase où on doit se hisser sur l'aile à l'intérieur du cockpit.
08:34C'est une forme de transformation, on se transforme et on devient pilote.
08:38Lorsqu'on s'assoit aux commandes de sa machine, on est un pilote à part entière,
08:44et le fauteuil roulant reste au sol.
08:47Et ça, c'est magique.
08:48Même moi, je me sens me transformer, reprendre confiance en moi.
08:52Il y a des odeurs, des odeurs d'huile, d'essence, etc. qui se mélangent.
08:58Et là, je rentre dans la peau d'un autre personnage.
09:03Je suis Dorine, femme pilote, et je vais accomplir ma mission,
09:07qui est celle de conduire mon vol en toute sécurité.
09:10Et vous oubliez un peu votre paraplésie à ce moment-là ?
09:12Un peu, c'est complètement.
09:15Et c'est pour ça que parfois, j'aimerais que ces moments se prolongent le plus longtemps possible,
09:19parce que je sais que quand je vais revenir au sol,
09:23je vais revenir à ma réalité, qui est le fauteuil roulant, le handicap,
09:28alors que là-haut, quand j'emmène un passager en vol, c'est lui qui est handicapé,
09:33c'est plus moi.
09:34C'est absolument magique.
09:36En fait, l'avion, ce serait comme un super exosquelette
09:41qui vous ferait une espèce de prolongement de votre corps
09:45que vous n'avez plus dans votre vie de tous les genres ?
09:48C'est encore mieux qu'un exosquelette, parce qu'on glisse sur les filets d'air.
09:53On prend de la hauteur, on a l'impression d'être détachée du monde.
09:57Et tous ces problèmes que l'on peut rencontrer au quotidien,
10:03c'est fluide, c'est aérien.
10:07Dans l'exosquelette, c'est parfois un peu chaotique.
10:12Mais c'est une belle comparaison.
10:16Guillaume, nous en parlons aujourd'hui comme si c'était quelque chose d'absolument normal,
10:23mais j'imagine que le parcours pour que des gens en situation de handicap puissent voler
10:29a été long, a été difficile.
10:32Est-ce que vous pouvez me raconter d'où on part, où est-ce qu'on en est ?
10:37Et est-ce que ça a été une sorte de chemin de croix, finalement ?
10:41Non, ça n'a pas été un chemin de croix.
10:45Ça a été quelque chose qui s'est développé avec l'aide d'un grand nombre de personnes.
10:51On a eu des soutiens dans le monde aéronautique absolument extraordinaire.
10:54On a eu des soutiens aussi dans le monde politique.
10:58Dorine parlait tout à l'heure d'André Crépy,
11:02qui a en quelque sorte défriché les toutes premières étapes.
11:07En 1973, à la suite d'André Crépy, en 1982, nous avons obtenu la possibilité d'être pilote à part entière
11:14et d'avoir un titre tout à fait normal, avec des restrictions bien évidemment.
11:20La condition d'une visite médicale, comme tout le monde bien sûr,
11:25mais aussi la restriction des commandes handicapées, des commandes spéciales pour les handicapés.
11:30Et puis, il faut dire ce qui est, l'arrivée de Dorine a tout bousculé.
11:35C'est-à-dire qu'à partir du moment où...
11:38Oui, oui, oui, je suis formel là-dessus.
11:42À partir du moment où elle a commencé à faire connaître dans le grand public ce besoin, ce souhait,
11:52eh bien, tout s'est débloqué.
11:54C'est-à-dire premièrement le pilote professionnel.
11:57Donc maintenant, il y a des pilotes handicapés professionnels.
12:01L'IFR, c'est-à-dire la possibilité de voler de façon, je dirais, commerciale,
12:08entre guillemets sérieuse, c'est-à-dire sans restrictions en termes de météorologie.
12:13Et la qualification instructeur qui, à une époque, était strictement refusée.
12:21D'ailleurs, Dorine CRT a un mur là-dessus.
12:25On autorise des personnes en situation de handicap à piloter,
12:28mais on ne les autorise pas à donner une formation.
12:32C'est ça ?
12:32Si, si, si.
12:34Avant, ils n'avaient pas le droit.
12:36Et un jour, le numéro 3 de la DGAC a dit face à Dorine,
12:42« Moi, vivant, il n'y aura pas de pilote handicapé instructeur. »
12:46Et puis, ce monsieur a plus ou moins disparu.
12:50Et depuis, Dorine a défriché ce domaine-là.
12:57Grâce au patron de la DGAC, qui était remarquable, un autre patron.
13:01On était dans la chronologie 1973-1982.
13:04Vous, Dorine, vous arrivez à partir de quand dans ce processus ?
13:08Moi, 1991.
13:10Ah, 1991, date de votre accident, c'est bien ça ?
13:13Voilà, j'ai eu mon accident en 1991.
13:13Ah, donc tout de suite, après votre accident, vous vous mettez dans le combat ?
13:18Alors, tout de suite.
13:20Déjà, j'étais élève pilote avant l'accident.
13:22Je voulais devenir pilote de Bruce, moi, ce qui m'intéressait.
13:26Pilote de Bruce, c'est en Afrique, c'est bien ça ?
13:27Oui, voler en Afrique et vivre une vie d'aventure.
13:30Je voulais ressembler à Mermoz, l'aéropostale.
13:34Et du coup, j'ai eu cet accident.
13:39Seule survivante d'un accident d'avion, mais paraplégique.
13:44Et à partir de ce moment-là, moi, je me suis dit,
13:47« Mais bon, voilà, je suis en fauteuil roulant. »
13:50Enfin, j'ai cheminé, mais je suis en fauteuil roulant.
13:53Mais moi, mon rêve, c'est de voler, de piloter.
13:56Il ne faut pas que j'abandonne mon rêve,
13:58parce que c'est la chose qui me fait le plus vibrer au monde.
14:03Et puis, quand vous perdez vos jambes, quelque part,
14:07vous perdez une partie de votre identité.
14:10Et pour vous reconstruire, il faut vraiment vous accrocher à un projet
14:14qui peut être lointain, qui peut être difficile,
14:17mais c'est comme une étoile et vous allez cheminer pour atteindre cette étoile.
14:20Et c'est ce que j'ai voulu faire avec l'aviation.
14:25Et donc, j'ai découvert qu'il existait des avions adaptés.
14:29Je vous l'ai dit tout à l'heure.
14:30Alors d'abord à Toulouse, j'ai commencé à Toulouse.
14:32Et puis, ensuite, j'ai rejoint Guillaume et l'Aéroclub Paul-Louis Weller.
14:37Et c'est ensemble, parce que ce que ne dit pas Guillaume
14:41quand il dit, c'est Dorine qui a fait ci, qui a fait ça,
14:44mais c'est quand même un travail d'équipe,
14:45parce que Guillaume, déjà, est un grand expert.
14:50C'est vraiment notre expert en commandes manuelles de pilotage.
14:53C'est lui qui a dessiné nos commandes manuelles.
14:56Notre avion de voltige, c'est vraiment Guillaume qui a intellectualisé,
15:02qui est vraiment le...
15:05Enfin, il avait l'intelligence du projet et c'est lui qui a dessiné les plans.
15:09Qui l'a matérialisé. Et Régis a la joanine.
15:11Quelle rôle il a joué ?
15:12Alors Régis était le président de l'amicale de voltige aérienne
15:18et lui a fabriqué ses commandes.
15:20Il a eu l'audace, déjà, d'accueillir deux personnes handicapées dans son école,
15:26parce que ça, c'était une première étape et ce n'était pas une chose si évidente.
15:32Parce que vous savez, le milieu de la voltige, c'est un petit peu ce que je dis souvent.
15:36Les voltigeurs, ce sont les princes du ciel.
15:39Et voir débarquer deux handicapés à roulettes dans leur école,
15:45ce n'était pas forcément...
15:46C'est vous qu'on voit sur les images.
15:47Voilà.
15:48Ce n'était pas forcément évident au départ,
15:51mais Régis a eu la volonté de nous accueillir, de nous intégrer dans son équipe
15:56et de nous former, d'équiper l'avion.
15:58Avec les recommandations de Guillaume, les commandes annuelles,
16:03ce qui est bien, c'est quand ça marche comme ci, comme ça, etc.
16:06Enfin, moi, je suis nulle en technique, il vous expliquerait ça mieux que moi.
16:11Mais après, une fois que c'est fait, c'est bon, je prends les commandes et j'y vais.
16:17Et donc, Régis a accepté de nous former et c'est lui qui nous a emmenés au Bourget en 2015,
16:24puisque les images que l'on voit, qu'on a vues tout à l'heure,
16:28c'était au salon du Bourget, le plus grand salon aéronautique du monde,
16:33là où volent tous les maestros du ciel.
16:36Et voilà.
16:37Et avec la Patrouille de France, c'est le Bourget que vous voyez sur les images.
16:43Et on a réussi, on a gagné notre place au Bourget grâce à cette première,
16:48puisque Guillaume et moi sommes les premiers pilotes handicapés de voltige en France.
16:53Guillaume, on a compris, c'est vous un petit peu le technicien, vous avez dessiné les commandes.
16:57Est-ce qu'il y a certaines avancées qui ont été conçues pour le handicap,
17:01finalement, qui servent aussi pour les valides ?
17:03Alors, de façon générale, non, mais de façon spécifique, oui.
17:06C'est-à-dire que sur le CAP10 que nous utilisons et qui est équipé de commandes manuelles,
17:14sur lequel nous volons, les freins d'origine, qui étaient des vrais, pardon de le dire,
17:19mais des vrais DAWB, ont été rapportés aux manches.
17:24Et finalement, les gens qui connaissent bien cet avion et qui apprécient le CAP10,
17:32considèrent que les freins manuels que nous avons été obligés d'installer sur le manche
17:37sont plus efficaces que les freins aux pieds qui sont de la machine d'origine.
17:45Dans Avomark, nous nous adressons également à toutes les familles,
17:49soit avec des personnes qui sont en situation de handicap,
17:51soit avec des enfants qui sont en situation de handicap.
17:54Et on aimerait leur donner l'information suivante,
17:58s'ils ont envie de découvrir la voltige aérienne, où s'inscrire, quelles démarches faire ?
18:06Pour les personnes handicapées, il faut s'inscrire dans un club.
18:12En général, il vaut mieux apprendre à voler à plat, c'est quand même plus sain,
18:17avant de se mettre à la voltige, avant de se retourner dans tous les sens.
18:24De toute façon, vous n'aurez pas la qualif voltige si vous n'êtes pas déjà breveté pilote privé au moins.
18:32Merci à tous les deux, c'est déjà la fin de cette première partie.
18:35On en sait un petit peu plus sur la voltige aérienne.
18:38Nous allons maintenant revenir sur vos parcours respectifs.
18:41C'est l'heure de Parcours Perf.
18:47De retour dans Avomark pour la deuxième partie de l'émission.
18:49On s'intéresse maintenant au parcours et à la vie de nos deux invités.
18:54Doreen Bourneton et Guillaume Ferral.
18:58Vous avez tous les deux perdu l'usage de vos jambes dans un accident aérien.
19:02Paradoxalement, l'aviation au sens large est devenue l'une de vos raisons d'être.
19:08Vous vivez votre passion comme des valides.
19:11Doreen Bourneton, vous êtes née le 6 septembre 1974 à Thiers-en-Auvergne.
19:15L'aviation, c'est une affaire de famille.
19:18Votre père a pris des cours de pilotage.
19:20Vous êtes la première femme paraplégique à obtenir la qualification de pilote de voltige en 2015.
19:26Comment elle est née cette passion ? C'est votre père qui vous la transmet ?
19:29Oui, c'est mon père parce que déjà quand j'étais petite, mon père aurait aimé être pilote.
19:36Mais il avait une mauvaise vue, donc il n'a pas pu.
19:38Puis ce n'était pas non plus dans la culture de la famille.
19:43Et donc, dès qu'il a pu, dès qu'il a économisé un peu d'argent
19:48et dès qu'il a pu, il a commencé à prendre des cours, des leçons de pilotage
19:52à l'aérodrome de Clermont-Ferrand à Aulnay.
19:56Et mon père, c'est un grand passionné d'aviation.
19:59Il connaît tout de l'histoire des pilotes, de l'histoire des constructeurs d'avions.
20:04Vous lui citez, vous lui donnez le nom d'un appareil,
20:06il va vous raconter l'histoire de cet avion, toutes les anecdotes qu'il connaît.
20:11C'est un ferru d'aviation, un passionné d'aviation.
20:14Et moi, quand je l'écoutais me raconter,
20:16surtout, j'étais sensible au parcours qu'ont eu les pilotes de l'aéropostale.
20:22Vous savez, Mermoz, Antoine de Saint-Exupéry, Guillaumet,
20:27ces hommes qui transportaient du courrier dans leur petit coucou
20:33et qui ont défriché les premières lignes aériennes de l'histoire,
20:37de Toulouse d'abord jusqu'à Saint-Louis-du-Sénégal.
20:40Et moi, leur histoire me faisait rêver et j'avais le goût de l'aventure.
20:45Et je me disais, quand je serai grande, je voudrais être pilote comme eux.
20:50Et voilà, comme mon père a commencé cette formation de pilote,
20:55je le suivais dans ses premières leçons et je trouvais ça extraordinaire.
21:00Mais j'étais loin de me douter que ce serait aussi difficile.
21:04C'est vrai que je trouve que pour être un excellent pilote,
21:09c'est extrêmement difficile et c'est un très, très long parcours.
21:13J'aurais jamais pensé que c'était aussi difficile de devenir pilote
21:17parce qu'il y a la technique d'un côté, il faut avoir des connaissances,
21:22il faut acquérir cette compétence du pilotage,
21:27mais il faut aussi savoir maîtriser ses émotions et maîtriser sa peur.
21:30On va évoquer votre parcours, Guillaume Ferral, si vous voulez bien.
21:34Vous êtes né en 1960 à Madagascar, à Tanarive.
21:39Vous êtes marié, vous êtes père de trois enfants.
21:40Vous êtes pilote instructeur et vice-président de l'aéroclub Paul-Louis Weiler.
21:44C'est au Mureau, dans les Yvelines.
21:47Guillaume, vous vivez à Madagascar jusqu'à vos 13 ans
21:51et c'est à cette période que vous vous passionnez pour l'aviation.
21:55Oui, absolument.
21:57À l'époque, puisque vous avez cité ma date de naissance, c'était il y a très longtemps.
22:03Et à cette époque-là, il y avait encore des avions assez mythiques
22:07qui étaient notamment des avions à hélice, les Douglas DC-3 et DC-4,
22:13qui étaient des avions de ligne de Madagascar.
22:15Et ces avions m'envoutaient de toute façon.
22:20L'aviation en général me passionnait.
22:24Et comme disait Dorine tout à l'heure, il y a tout un ensemble.
22:26Il y a l'ambiance du terrain d'aviation, il y a l'odeur de la machine.
22:33Du coup, vous avez une passion pour l'Afrique quand même.
22:35Tous les deux, vous vouliez vraiment être pilote d'avion en Afrique.
22:37Moi, l'Afrique, c'était pas l'Afrique.
22:39Madagascar, c'est Madagascar.
22:41Il ne faut pas confondre.
22:44Et en réalité, il y avait là-bas une immense culture aéronautique.
22:52Il y avait beaucoup d'anciens pilotes de la guerre de 40
22:56qui étaient devenus des pilotes de ligne.
23:01Les routes étant quasi inexistantes,
23:03l'avion était omniprésent.
23:05Il y avait des terrains d'aviation vraiment un peu partout.
23:09Et puis, moi, j'étais petit.
23:11De toute façon, ma vocation est aussi un peu née d'une frustration.
23:15Je suis un enfant gâté.
23:16Ma maman m'a toujours passé la totalité de mes désirs et de mes caprices.
23:22Et un jour, elle a refusé.
23:24C'est assez étonnant.
23:27Elle a refusé que j'aille faire un tour en avion avec un ami de ma sœur.
23:31Et ça, je ne sais pas, ça a dû déclencher quelque chose d'un peu particulier.
23:38Et depuis, je n'ai plus qu'une seule idée, c'était de devenir pilote.
23:41On veut toujours ce qu'on n'a pas.
23:44En 1985, lors de votre deuxième entraînement de planeur,
23:49vous êtes, comme Dorine, victime d'un accident,
23:53mais vous parlez d'un désastre fantastique.
23:56Rapidement, comment peut-on parler d'un désastre fantastique
24:00quand on est victime d'un accident d'avion et qu'on perd ses jambes ?
24:03C'est un désastre fantastique uniquement dans le domaine de l'aviation
24:07parce que c'est grâce à tout ce qu'on a pu faire ensemble,
24:12grâce à l'ambiance qui s'est créée, grâce à cette aventure justement
24:18de défrichage des activités de pilotage pour les personnes handicapées,
24:23qu'on a eu des vies de pilote finalement beaucoup plus passionnantes
24:28que si j'avais été pilote de ligne, je le maintiens.
24:32Merci Guillaume.
24:33Alors Dorine, le mot de la fin va être pour vous.
24:36Quel est le message finalement que vous voulez envoyer assez globalement à la société,
24:42bien évidemment en rapport avec le handicap ?
24:46Qu'est-ce qu'on peut faire ?
24:48Oui, accepter nos différences, donner la chance aux personnes handicapées
24:55de trouver un emploi, de pouvoir s'épanouir, de pouvoir s'accomplir en tant que personne.
25:01Moi, c'est parce qu'on a cru en moi, c'est parce que Guillaume m'a épaulée.
25:07Je pense que mon mentor vraiment ça a été Guillaume
25:10et si je n'avais pas eu la chance de le rencontrer,
25:12je n'aurais jamais eu cette vie que tu viens de décrire.
25:16Mon ami Guillaume, cette vie aussi riche, aussi belle, je veux dire aéronautiquement parlant.
25:23Donc voilà, ça vaut le coup de donner la chance aux personnes qui ont un handicap
25:27parce qu'elles sont capables de se dépasser, d'accomplir,
25:30d'aller au-delà même de ce que peuvent faire certains valides.
25:34Merci pour ce message, je pense qu'il a été très bien entendu.
25:38Merci Guillaume, merci Dorine d'avoir été sur ce plateau.
25:42Merci à vous de nous avoir suivis, merci aux équipes techniques qui ont préparé cette émission.
25:47On se retrouve la semaine prochaine pour un nouveau numéro d'Avomark.
25:51Salut à tous.
25:53Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org