Ce sont les dernières heures de campagne et il y a une inquiétude qui surgit. Une inquiétude partagée par le gouvernement allemand, par l'agence de notation Moody's face à la possible arrivée du RN ou du NFP au pouvoir et également si aucune majorité ne se dégageait. Et si la France plongeait dans une sorte de scénario à la grecque ?
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00:00Guillaume, c'est une question qu'on se pose de plus en plus, vu la situation économique du pays, vu les programmes des différents partis pour les législatives,
00:07est-ce que la France se dirige vers un scénario à la grecque ?
00:10Non, je crois qu'il faut arrêter avec ce parallèle avec la Grèce, en mode, ah, si ça se trouve, ça va finir comme chez eux,
00:14on va voir les experts du FMI arriver en France et prendre le contrôle de l'économie.
00:18Il faut arrêter avec ce parallèle parce que, pour plusieurs raisons.
00:21Déjà un, l'état de santé de l'économie française, il est préoccupant, mais on n'est pas dans l'état d'élabrement de la situation en Grèce.
00:29Nos déficits aujourd'hui sont à 5,5 % de notre PIB, c'est beaucoup, mais en 2009, quand tout a commencé à déraper en Grèce,
00:36ce n'était pas 5,5, c'était 12, et ils nous disaient que c'était 4, ils ont menti sur leur compte depuis des années, ça les marchés n'ont pas apprécié.
00:41Ensuite, fondamentalement, la France, il faut le dire quand même, c'est une économie aujourd'hui qui fait de la croissance,
00:46qui a des atouts, qui a des compétences, qui a du savoir-faire que le monde entier nous en vit aujourd'hui.
00:51C'est le pays qui a la plus grande capacité à lever l'impôt, récolter l'impôt, ça c'est très important pour les marchés financiers,
00:58alors que la Grèce, c'est l'évasion fiscale à tout va, ça n'a rien de comparable, et puis la France, quoi qu'on en dise,
01:03c'est un pays qui, quand il emprunte de l'argent pour financer nos dépenses de santé, de chômage, tout ce que vous voulez,
01:09arrive encore à trouver des clients pour lui acheter sa dette. Là, depuis la dissolution, on a emprunté de l'argent sur les marchés,
01:15ça s'est très très bien passé, donc c'est un signe de confiance malgré tout, finalement.
01:19Aujourd'hui, oui, les marchés font confiance à la France, mais si le nouveau front populaire passe, ou si c'est le rassemblement national,
01:26les choses pourraient peut-être changer.
01:28Alors, clairement, si l'un ou l'autre arrive au pouvoir, oui, les déficits vont se creuser très très vite, surtout si c'est le front populaire qui passe.
01:34Après, vous savez, quand on voit à quelle vitesse, du côté du rassemblement national, déjà on enterre d'ores et déjà certaines mesures assez coûteuses,
01:42moi je doute du caractère valeureux de nos alliés politiques pour aller défier les marchés financiers et le FMI.
01:47D'autant que, ce qui s'est passé en Grèce quand le FMI est arrivé pour gérer l'économie, c'est pas si vieux que ça, c'est à 15 ans.
01:53Faut se rappeler de la violence, de la chose.
01:56Quand les experts du FMI ont débarqué à Athènes avec leur petit costume cravate, un petit peu en mode techno,
02:01et ont dit, poussez-vous de là qu'on s'y mette, on va regarder les comptes, bon, vous allez faire telle réforme, vous allez tailler dans telle dépense,
02:07vous allez privatiser ça, ça ou ça.
02:09Ben ça, les politiques du monde entier l'ont vu, c'était quelque chose de traumatisant.
02:12Je suis pas sûr qu'en France, on assume le fait d'en arriver éventuellement à cette extrémité.
02:16Bon, ce que vous êtes en train de me dire, c'est que tout le monde va renoncer à ces mesures les plus coûteuses.
02:20Vu le niveau de notre dette aujourd'hui, qui est à plus de 3 000 milliards,
02:23oui, je pense pas qu'un gouvernement prenne ce risque.
02:26D'autant qu'avant que le FMI arrive, ce qui est quand même hautement improbable,
02:29le premier risque, on va le voir très très vite si l'un ou l'autre passe,
02:32c'est que les taux d'intérêt s'envolent, que tout ça devienne vite ingérable,
02:36au point qu'il faille augmenter les impôts, mais pas seulement pour les plus riches,
02:39comme le propose aujourd'hui le Front Populaire, mais pour tous les Français.
02:43Je doute du fait que nos politiques soient assez valeureuses pour tenter le diable aujourd'hui.
02:48C'est un match perdu face au marché financier, et ça tout le monde le sait très bien finalement.