Karine Joly et Gregory Crozier pratiquent le freefly (vol libre). Une discipline artistique qui a débuté à la fin des années 1980, impliquant une chute libre dans diverses orientations verticales. Le 10 octobre 2018 ils deviennent champions du monde.
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00:00On n'est pas du tout favoris, et il fallait que je sorte quelque chose, enfin une deuxième,
00:10et je l'ai dit 4 fois sans m'interrompre, je lui ai dit voilà.
00:12Pour le championnat du monde en 2018, il y avait beaucoup d'équipe, beaucoup d'équipe,
00:41donc même si on avait un peu mis toutes les chances de notre côté, après il y a comment est-ce que tu vas gérer ton stress,
00:47est-ce que tu vas réussir à performer normalement, sans parler d'être spécialement bon, juste normalement en fait, c'est déjà une excellence.
00:56On avait vraiment modifié, amélioré on va dire, notre façon de nous préparer, de nous entraîner, et surtout de nous préparer avant les sauts.
01:08Beaucoup de nations envoient deux équipes, donc il y avait France 1 et 2, USA 1 et 2, etc, donc il y avait beaucoup d'équipes comme ça du même pays.
01:17La France avait envoyé une autre équipe nationale, donc clairement ils avaient un très très haut niveau aussi,
01:23donc on s'est vraiment battu toute la compétition ensemble.
01:27Le saut n°1, on voulait que ce soit quasiment notre saut n°7 des anciennes compétitions, des précédentes compétitions,
01:34c'est-à-dire ce saut là un petit peu où on n'a plus rien à prouver, ok on a fait notre compétition, c'est fini,
01:41maintenant on fait un dernier saut pour vraiment valider, montrer que le saut qu'on a créé, parce que c'est notre création artistique.
01:49On s'était vraiment cassé la tête pour trouver quelque chose de différent, et on avait vraiment l'impression que c'était un saut,
01:55on avait trouvé quelque chose de différent, et on avait réussi à trouver cette figure du départ du saut,
02:00où on sort sur un mouvement de rotation, et quand on se déploie, moi je suis à plat ventre avec une jambe qui est tendue vers le bas,
02:07et Greg était en bas, donc il y a juste sa tête qui en appuie sur mon sac, et il est complètement dans ma dévente.
02:14C'est deux postures qui ne sont pas vues habituellement ensemble, parce qu'il y en a une qui accélère beaucoup, celle qui était en bas,
02:20et l'autre qui freine beaucoup, celle qui est à plat, donc rien que déjà, normalement on ne les met pas côte à côte,
02:25et là les mettre en superposition, c'était challenging parce que ça demande énormément d'équilibre.
02:30Et on n'a pas eu forcément la note la plus forte, celle à laquelle on s'attendait.
02:44Le deuxième saut, comme justement c'est un saut d'imposé, il y a une pression qui est très forte.
02:49C'est deux charnières un petit peu de la compétition, le saut 2 et le saut 5, parce que c'est les deux imposés.
02:54Donc à ce moment-là, on sait qu'on n'a qu'une seule tentative de prouver qu'on maîtrise ce saut-là.
03:01Il était bien calé, en fait, on avait fait beaucoup de répétitions avant,
03:06et on l'avait bien, puis on avait cet état d'esprit, cette espèce de communion entre coéquipiers qu'on avait rarement eu sur d'autres compétitions avant.
03:16Et du coup ce saut-là, on s'est mis en mode, allez, on sait le faire, on est des machines, mode automatique, on y va quoi.
03:23Pour nous c'est décisif, on veut montrer un saut 2 et on veut montrer un saut 5,
03:27et c'est ce qu'on fait.
03:29On est passé à la première place, après le jugement du saut 3.
03:33Le saut 3 et le saut 4, ils sont difficiles, parce qu'on peut se dire, ah ben c'est le stand-by avant l'imposé 2,
03:38et en fait pas du tout, puisque c'est le moment ou jamais de maintenir très très très fort la note,
03:45voire essayer de mêmer la note.
03:47C'est ce qu'on fait.
03:48C'est ce qu'on fait.
03:49C'est ce qu'on fait.
03:50C'est ce qu'on fait.
03:51C'est ce qu'on fait.
03:52C'est ce qu'on fait.
03:54C'est le moment ou jamais de maintenir très très très fort la note,
03:58voire essayer même de l'augmenter, donc de faire des sauts livres de mieux en mieux,
04:01parce que justement tout peut se passer sur ce saut 5.
04:15Quand on arrive au sixième saut de la compétition,
04:18on est donc sur la répétition encore de notre livre,
04:21et du coup on n'essaie surtout pas de faire des changements à ce stade-là de la compétition.
04:27On essaie vraiment juste de relâcher un petit peu, de mettre un peu d'huile dans le vol.
04:32Plus on a cette répétition, plus la compétition avance,
04:36moins il y a de surprises, de découvertes,
04:38et en fait on peut commencer à un peu plus à huiler un petit peu le vol,
04:42et à se faire un peu plus plaisir que d'être tout sous stress.
04:51C'est la guerre absolue, puisque tout le monde vient essayer d'avoir ce titre-là.
04:54Le podium peut changer de tout au tout, jusqu'au jugement du saut 7.
04:59Je me souviens de la dernière montée d'avion, pour le dernier saut, pour le saut numéro 7.
05:03Sur la fin là, en fait, on a un mouvement où on fait une espèce de pirouette,
05:07on grippe ensemble, je suis sur les épaules de Greg,
05:10et il me tient et il me repousse, et il me repousse, et il me repousse,
05:13et il me repousse, et il me repousse, et il me repousse, et il me repousse,
05:16et il me repousse, et il me repousse, et il me repousse, et il me repousse,
05:19et je me tourne sur les épaules de Greg et il me tient et il me repousse les jambes.
05:22Et on présente une porte à notre vidéomane et il se glisse dedans en fait, c'est super technique.
05:27Et au moment où je sens le souffle de son passage entre mes jambes,
05:32je sais qu'on a le final, je sais qu'on est dans les temps.
05:35Et alors là c'est, la samba dans tout mon corps !
05:40Il y a énormément de choses qui lâchent d'un coup. Énormément de choses !
05:44Nous, on était les derniers à être jugés.
05:46Donc on a vu l'équipe concurrente passer avant, ils ont eu un très bon score, ils ont fait un joli saut.
05:51Mais nous on savait qu'on n'avait pas fait d'erreur, on a attendu quand même d'avoir la confirmation sur l'écran
05:57qu'on était Chanteurs du Monde pour vraiment se réjouir officiellement.
06:03Mais ouais, c'était fort.
06:09Il y a toute la délégation qui nous tombe dessus, il y a le directeur technique national qui m'attrape dans ses bras
06:14et qui me dit « ça y est, t'es Champion du Monde ». Donc tout ça, ça arrive, c'est une vague qui arrive de partout.
06:19Quand tu pars pour essayer de devenir Champion du Monde, t'as envie d'y croire, mais tu ne sais pas si tu vas y arriver,
06:27tu ne peux pas savoir vraiment à l'avance. Et donc là, le fait que tu te dises « ça y est, je l'ai fait »,
06:31il y a quelque chose qui te dit « c'est trop beau pour être vrai ».
06:44Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org