Cette semaine, Alexandre Delpérier reçoit la double médaillée olympique de judo Madeleine Malonga. A Tokyo, elle a remporté l'argent dans la catégorie des moins de 78 kg et l'or par équipes. L'aventurière de la semaine est Anne Bonzoumet, à 70 ans, elle revient de son 9e Marathon des Sables.
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00:00...
00:18-"Parce qu'il y a les femmes, parce qu'il y a le sport",
00:21bienvenue dans votre rendez-vous dédié aux femmes dans le sport.
00:24Je suis ravi de vous accueillir, comme toutes les semaines,
00:27encore un programme exceptionnel avec des femmes tellement inspirantes.
00:31Voici le sommaire.
00:32Avec nous, Madeleine Malonga, qui nous fait l'honneur d'être là.
00:36Retour sur sa carrière déjà bien remplie,
00:38la Française double médaillée.
00:40Au dernier Jeu de Tokyo, reviendra aussi sur cette Olympiade
00:43où elle est passée par toutes les émotions,
00:45une sportive exceptionnelle.
00:47L'aventurière de la semaine est Anne Bonzoumé, à 70 ans.
00:50Cette coureuse de fond a décidé de ne jamais s'arrêter de courir.
00:53Déjà plus de 100 marathons,
00:55elle a participé au 9e Marathon des Sables, 250 km.
00:58Une femme extraordinaire.
01:00Bonjour, Madeleine Malonga.
01:01Bonjour.
01:03Mais quel sourire, quelle joie.
01:04Ca me fait plaisir de voir que tu es venue avec tes deux petits...
01:08Deux petits quoi ? Ah, bébés, ça me plaît, ça.
01:10Moi aussi, ça me fait très plaisir d'être parmi vous aujourd'hui.
01:14Une médaille d'argent, une médaille d'or,
01:16fraîchement récoltée du côté de Tokyo.
01:19Tu dors avec ou quand même plus ?
01:22Non.
01:23Non, je dors pas avec.
01:24T'as jamais dormi avec ?
01:26Non.
01:27Je l'ai pas dormi avec, je me suis couché en la regardant,
01:31je me suis réveillée en la regardant, mais j'ai pas dormi avec.
01:34Quand tu dis là, c'est laquelle ?
01:36Cette médaille d'argent, au lendemain,
01:38bah, la nuit de cette finale.
01:43Cette médaille gagnée,
01:45je l'ai regardée avant de me coucher,
01:48je l'ai regardée aussi en me réveillant,
01:51je me suis dit, elle est encore là, je rêve pas.
01:53C'est formidable.
01:54Dans quelques minutes, on accueillera
01:56l'entraîneur des équipes de France féminine,
01:59Larvie Benboudaoud.
02:00Pour l'instant, je voudrais qu'on arrive à comprendre
02:03et dire une chose, t'es née un bon jour,
02:05sous une bonne étoile, quand on est né un 25 décembre,
02:08ça veut dire quelque chose ou ça, c'est des bêtises de journaliste ?
02:12Je sais pas du tout si ça veut dire quelque chose,
02:15mais j'aime bien ma date d'anniversaire
02:17parce que c'est une date où souvent,
02:19la plupart des gens sont dans la joie, dans le bonheur,
02:22donc j'aime bien cette date.
02:24Par contre, ça te fait qu'un cadeau.
02:26C'est vrai.
02:27Le judo, c'est arrivé comment ? Tu vas avoir 28 ans à Noël,
02:31donc le jour de Noël, le 25 décembre.
02:33T'es originaire du Val d'Oise. Tu pratiques pas le judo ?
02:37Non. Alors, je suis originaire exactement de Chambly,
02:40dans l'Oise, mais très proche du Val d'Oise.
02:43J'ai commencé en faisant de la danse à 6 ans.
02:47Ca te plaisait ?
02:48Non, pas tellement.
02:49Enfin, c'était pas transcendant, on va dire.
02:53Et puis, en fait, la salle de danse,
02:56c'était à côté de la salle de judo.
02:58Je passais plus de temps à regarder le judo.
03:00J'étais un peu impressionnée.
03:02Intriguée.
03:04Intriguée aussi.
03:05Ma voisine faisait du judo et en final,
03:07je lui ai dit qu'on allait faire un cours ensemble.
03:10Au final, j'ai accroché, j'ai adoré.
03:12T'as été forte tout de suite ?
03:14Non, pas du tout.
03:15La première année, j'ai gagné un combat, je crois.
03:19Parce que tu étais joueuse, plus que...
03:21Ouais, j'aimais bien l'adversité.
03:25C'était un jeu ?
03:26Oui.
03:27Il y avait une volonté de gagner ou pas encore ?
03:29Il y avait surtout une volonté de battre les garçons,
03:32ça, c'est vrai.
03:33Mais...
03:35Tu y arrivais ?
03:36Ouais, parfois. Parfois, je me rappelle, j'y arrivais.
03:39Mais ouais, c'était vraiment l'adversité,
03:41les règles aussi, la rigueur, le respect.
03:44Et ouais, j'ai accroché, j'ai continué.
03:47Le travail ou pas encore ?
03:48Oui, forcément, un peu le travail,
03:50mais là, c'était encore sous forme de jeu,
03:53donc j'étais pas encore...
03:54Je me rendais pas tellement compte
03:56de tout le travail qu'il fallait pour avoir ces médailles-là.
04:00Est-ce qu'avec le recul, tes entraîneurs t'ont dit
04:02que t'avais du talent, ou c'est venu après,
04:05ou on l'a découvert après ?
04:06C'est vrai qu'après ma première année
04:09d'avoir perdu toutes mes compétitions,
04:11gagner un combat,
04:13après, c'est vrai que j'ai souvent gagné.
04:16Je gagnais souvent, j'ai gagné même un peu tout.
04:19On y prend goût ?
04:20Oui, forcément, on prend goût à la victoire.
04:23Et du coup, il y a eu l'entraîneur du Pôle espoir,
04:28Damien, qui m'a contacté,
04:30enfin, qui a contacté surtout mes parents.
04:32Là, t'as quel âge ?
04:33Là, je suis en 4e, je vais passer en 3e.
04:37Donc 12-13 ans, quoi.
04:38Voilà, 12-13 ans.
04:39À force de tout gagner à Chambly,
04:41le gars du Pôle espoir appelle tes parents et dit...
04:44Oui, là, ça serait bien qu'elle intègre
04:46la structure de haut niveau, le sport, l'étude...
04:50On n'est pas dans une famille de sportifs ?
04:52Non, pas du tout.
04:53Comment tes parents perçoivent ça ?
04:55Ils me disent que c'est une chance, vas-y, Mato.
04:57Et moi, je dis que non, pas du tout.
04:59Pourquoi ?
05:01Parce que je voulais pas quitter ma famille,
05:03mon cocon, mes copines...
05:06Pour moi, le judo, c'était bien,
05:08mais c'était... Oui, c'est vrai, j'ai gagné mes compétitions,
05:11mais je le voyais pas...
05:13Il était à combien de kilomètres de chez toi ?
05:15C'était à une bonne heure de route.
05:17Une heure, une heure et demie.
05:19C'était l'internat.
05:20À 12 ans et demi, on te dit que tu coupes avec la famille,
05:23tu les verras le week-end.
05:25Et encore quand il n'y a pas de compètes.
05:27Donc c'est vraiment ça qui me motivait vraiment pas.
05:30Et mon père m'a dit, Mato, tu sais quoi ?
05:33Tu fais la première semaine, si ça se passe pas bien,
05:36tu rentres.
05:37J'ai dit OK.
05:39Tu pars en pleurant ?
05:40Ouais, un peu.
05:42Et au final, j'ai adoré, c'était trop bien.
05:45Le premier week-end...
05:46Est-ce que le premier week-end, quand tu rentres,
05:49ta maman te dit pas
05:51alors tu rentres ou tu restes là-bas ?
05:53Genre pourvu qu'elle revienne.
05:54Non, même pas. Mais j'ai accroché direct.
05:57Je sais que mes parents, quand ils m'ont déposée à l'internat,
06:01quand ils sont rentrés,
06:03ça leur a mis une claque que je sois partie.
06:05Mon père a commencé à dire
06:07j'ai peut-être fait une connerie de l'envoyer là-bas.
06:10Mes parents n'étaient pas trop bien.
06:12Mais au final, on s'appelait tout le temps.
06:14Et voilà, ça se passait très bien.
06:17Donc, première semaine, tu dis, désolé, les gars, je reste.
06:20Et là, tu rentres dans une autre dimension.
06:23Est-ce qu'à ce moment-là, à tes 13 ans, tu te dis
06:26c'est chouette, peut-être que je peux en faire une vie,
06:28une carrière ou pas du tout ?
06:30Pas du tout. Moi, j'ai toujours pris ça comme...
06:33Je peux pas dire un jeu, mais c'était du plaisir.
06:37Même aujourd'hui, je prends du plaisir à aller à l'entraînement.
06:40C'est vraiment rare les jours où j'ai pas envie.
06:43Oui, certes, il y a des moments où je suis fatiguée,
06:46mais vraiment, la motivation, l'envie est toujours là.
06:49Jusqu'à présent, c'est nickel.
06:51J'espère qu'elle sera là encore longtemps.
06:54Mais...
06:55Tu ne souris pas juste parce que t'es à la télé.
06:57Non. Ouais, c'est profond.
06:59Ouais, c'est ma vie, c'est ce que j'aime,
07:02c'est venir à l'entraînement, repousser mes limites.
07:05C'est vrai, parfois, je suis en galère, parfois, c'est dur.
07:08Mais...
07:09Mais ouais, c'est ma vie, c'est une routine que j'aime, au final.
07:13Quand tu dis que c'est dur, c'est quoi ?
07:15C'est les entraînements physiques ? Qu'est-ce qui est dur pour toi ?
07:19Alors, ce qui est dur, il y a deux aspects.
07:21Il y a l'aspect judo, donc physique, tactique.
07:25Parfois, ça va être la fatigue musculaire.
07:29Parfois, quand t'es en stage et que ça fait déjà plus de dix jours,
07:33t'as envie de rentrer chez toi.
07:35Ça, c'est dur.
07:36Après, ce qui est dur, c'est plutôt l'aspect familial.
07:39Ou parfois, j'aimerais bien me retrouver avec mes proches
07:42sans me prendre la tête, me dire qu'il faut que je rentre,
07:45après, j'ai entraînement, ou je peux pas là,
07:48je pars en compétition, je suis au régime, ou quoi, donc...
07:52Ouais, c'est plutôt ça qui me...
07:54Même pas me dérange, parce qu'au final, je m'adapte et...
07:58Et ça fait déjà 11 ans que je suis à l'INSEP,
08:00donc que j'ai vraiment ce rythme-là.
08:02T'as un palmarès exceptionnel.
08:04On va revenir sur Tokyo et ta médaille d'or et ta médaille d'argent,
08:08glanée il y a quelques mois à peine maintenant.
08:10Est-ce qu'il y a des moments, et je le comprendrai,
08:14alors, il y a le plaisir, et heureusement qu'il y a ce plaisir,
08:17mais le fait de ne pas avoir une jeunesse normale,
08:20est-ce qu'il y a des moments où tu as douté, ou jamais ?
08:23Oui, bien sûr.
08:24Quand je sors d'Amiens,
08:27donc troisième et même lycée,
08:30je fais ma troisième et ma seconde là-bas,
08:33c'est vrai que souvent, les jeunes...
08:35En plus, là, c'était aussi, on va pas se mentir, un peu la liberté.
08:38J'ai plus mes parents sur le dos, donc j'aurais pu sortir, profiter.
08:42Mais non, il y avait les entraînements.
08:44Et c'est vrai qu'il y a des moments où je me suis dit,
08:46ce serait dommage de ne pas profiter avec les copines après les cours,
08:50aller boire un verre et tout,
08:51mais au final, ça ne m'a pas plus dérangée que ça.
08:55Et puis après, les choses s'enchaînent aussi.
08:58Je suis, à ce moment-là, cadette, je vais passer junior,
09:01je vais à Orléans un an, au Pôle France.
09:04Et tu gagnes ?
09:05Oui, et puis aussi, je gagne.
09:06C'est quoi tes titres, à ce moment-là ?
09:08J'avais fait quoi ?
09:09J'avais gagné les championnats de France,
09:12cadets, du coup...
09:15J'ai gagné les championnats de France UNSS aussi,
09:17la forme scolaire, c'était important à ce temps-là.
09:20Je finis en cadette,
09:22où je fais troisième au championnat d'Europe.
09:25Et puis après, ça s'enchaîne sur les juniors.
09:28Et là, tu te dis, toujours pas ?
09:30Non, toujours pas.
09:32Non.
09:33Tu rentres de Tokyo, t'es championne olympique
09:35par équipe et médaille d'argent en individuel.
09:37Est-ce que tu te dis, c'est ma vie ou toujours pas ?
09:38Non, je me dis, ouais, c'est cool,
09:41j'aimerais bien forcément, je voudrais...
09:45Je voudrais être championne.
09:47T'es championne ?
09:48Oui, à ce moment-là, quand je rentre à l'INSEP,
09:51vraiment, là, je me dis, ouais, je voudrais être une championne.
09:54À 16 ans, je me dis, oui, je voudrais être une championne.
09:56Mais en fait, je me le dis, mais sans vraiment me rendre compte
10:00de tout ce qu'il faut mettre en place.
10:02Exactement.
10:03L'INSEP, ça arrive naturellement.
10:06C'est pas une surprise quand tu sais que tu vas intégrer l'INSEP ?
10:08C'est pas une surprise, mais je suis dans une génération
10:11où au final, on n'est pas beaucoup à pouvoir y entrer.
10:15Je rentre dans la même génération que Clarisse.
10:18Avec Beneno.
10:19Avec Beneno.
10:21Ouais, on était deux filles, un garçon.
10:25Et au final, ouais, c'était bien.
10:28Là, c'était encore une autre dimension.
10:30Évidemment.
10:31Là, c'est vrai que quand je rentre à l'INSEP,
10:34l'Institut national du sport.
10:36Qui étaient tes héros que tu te disais,
10:38tiens, je vais les côtoyer quotidiennement ?
10:40Moi, les premières personnes où j'étais choquée de les voir.
10:43Alors déjà, il y a un jour où je vais au judo,
10:45je vois une ice-barber courir.
10:47Alors là, déjà, j'ai envie qu'elle ait tombé dans les pommes.
10:49Qu'est-ce qu'elle faisait là ?
10:51Elle était en train de courir.
10:52Je me suis dit, oh, waouh, Christine Aron.
10:55Parce que j'adore aussi l'athlétisme, c'est vrai.
10:57Et après, au niveau judo, j'étais impressionnée
10:59le jour où j'ai fait un combat avec Lucie Decausse.
11:02Je me suis dit, oh, waouh.
11:04Genre, Lucie Decausse que je vois à la télé, elle est là.
11:08J'étais un peu impressionnée et surtout, Jébéry Zeman.
11:12Ouais, je comprends.
11:13Et puis à l'INSEP, et c'est à carte blanche aujourd'hui,
11:16il y a un homme qui va non pas te découvrir
11:18parce qu'il te connaissait,
11:19et il est en ligne avec nous, c'est Larbi Benboudaoud.
11:21Bonjour, Larbi.
11:22Bonjour.
11:23Bonjour.
11:24Ton statut, t'es quoi ?
11:26T'es entraîneur de l'équipe de France féminine ?
11:28Non, directeur de la haute performance.
11:32J'étais entraîneur de l'équipe de France féminine
11:35et j'avais une double casquette
11:37et maintenant, je suis directeur de la haute performance,
11:40effectivement.
11:41Je ne suis plus entraîneur sur le bord des tapis.
11:45Ouais, t'es bien au-dessus, maintenant.
11:46Tu l'as repérée à quel âge, Madeleine ?
11:48Et puis d'abord, je sais qu'elle a un petit surnom.
11:51Ah, Madodo.
11:52C'est Mado, pour les copines, tout le monde l'appelle Mado.
11:55Et moi, je ne sais pas pourquoi, ne me demandez pas pourquoi,
11:57mais moi, je l'appelle Madodo.
11:59Je l'ai oublié, le dos.
12:02Mado, elle vient d'expliquer.
12:06Elle vient d'expliquer, tu me demandes si je l'ai repérée.
12:08C'est un pur produit du système, c'est-à-dire qu'elle est rentrée.
12:12Chapeau à l'époque à l'entraîneur, je ne sais plus qui c'était,
12:17à l'entraîneur du Pôle Espoir qui l'a détectée,
12:18qui lui a proposé à ses parents de rentrer,
12:21parce que c'était son job,
12:22et ils lui ont proposé de rentrer dans la structure.
12:26Et donc, elle a commencé par le bas des structures.
12:28Quand je dis que c'est un pur produit du système,
12:30elle a commencé déjà par ouvrir la porte d'un club de judo,
12:33derrière le Pôle Espoir, le Pôle France, l'INSEP.
12:36Donc, on l'a vu évoluer dans ce milieu.
12:40Et elle a dit un truc qui est hyper important.
12:44En même temps, elle a parlé un peu de sacrifice,
12:46parce que de temps en temps, il fallait faire des choix
12:48par rapport à des moments que tu vas mettre de côté
12:51avec tes proches, ta famille, tes amis.
12:54Mais en même temps, elle n'a pas oublié la notion de plaisir
12:56dans ce qu'elle faisait,
12:57parce que le haut niveau, c'est un système qui est élitiste
12:59et très, très dur.
13:01Mais à partir du moment où on prend du plaisir,
13:04eh bien, ça facilite l'engagement à l'entraînement.
13:07Et puis, ça amène à une belle carrière
13:11qu'elle est en train de faire et qu'elle n'a pas finie, j'espère.
13:13D'avoir fini, évidemment,
13:14parce qu'on parlera de Paris et des Jeux de 2024 tout à l'heure.
13:17Larbi, qu'est-ce qu'elle a en plus des autres ?
13:21Ce qu'elle a en plus, j'allais dire...
13:23Bon, le judo, il faut savoir qu'elle est dans une catégorie
13:27en France qui est très concurrentielle.
13:30Il faut savoir qu'elle a quand même pris la place
13:32à une Eau de Ratcheneau qui est un monument du judo féminin,
13:35puisqu'il y a des multimédaillés mondiaux, olympiques.
13:39Et donc, en même temps, c'est bien,
13:42parce que ça l'a tiré vers le haut,
13:43il fallait lui prendre sa place.
13:45La barre, elle a été placée très haute.
13:47Derrière, Fanny Posevite, qui est montée de catégorie.
13:51Donc, cette concurrence, c'est une concurrence qui est saine,
13:55mais ce qui fait que celle qui sort du lourd, en l'occurrence,
13:58c'est Mado, eh bien, t'es sûr que t'as forcément du lourd.
14:02T'as pas répondu à ma question. Qu'est-ce qu'elle a de plus ?
14:04Qu'est-ce qu'elle a de plus ?
14:07J'allais dire, aujourd'hui,
14:09si je rentre uniquement spécifiquement dans les qualités judo,
14:13elle a quand même une palette technique assez variée,
14:18un gros physique,
14:20même si on la voit toute belle, comme ça, toute pimpante et tout ça.
14:23Elle a un bras droit.
14:25Quand, de temps en temps, je fais expérience avec elle,
14:28il fait mal à la tête, parce qu'elle a un bras droit, c'est un parpaing.
14:32Et donc, après, c'est surtout que, voilà,
14:38elle a tout mis en oeuvre, elle est sérieuse dans son engagement,
14:41à l'entraînement et au quotidien.
14:43Et forcément, en tout cas, elle a mis toutes les chances de son côté
14:46pour pouvoir performer, et c'est ce qu'elle a fait.
14:49C'est marrant, parce que si j'écoute et si je résume tout ce que tu nous dis,
14:53elle a un mental exceptionnel.
14:54Elle a une approche, donc un mental exceptionnel.
14:57Forcément.
14:59Forcément, parce qu'on va pas faire une modélisation de la perte.
15:01Mais pour faire les médailles qu'elle a faites,
15:03forcément, le premier facteur dans la performance, c'est la tête.
15:06Elle aurait dû avoir ce physique exceptionnel et cette palette technique.
15:09Si, dans la tête, ça suivait pas,
15:10elle n'aurait pas fait ses perfs.
15:12Et donc, aujourd'hui, elle a pris en maturité,
15:16elle a pris confiance en elle,
15:18et à partir du moment où elle s'est installée sur le statut de numéro une,
15:22ça l'a encore rendue plus forte.
15:25Tu te reconnais là-dedans ?
15:26Oui, totalement. Il s'est pas trompé.
15:29Alors, quand elle arrive à l'INSEP, tu t'occupes pas encore d'elle,
15:33parce qu'elle est dans les juniors.
15:34Tu la regardes, elle a 17 ans, c'est un diamant brut ?
15:39Bien sûr.
15:40Alors, on voit tout de suite les qualités qu'elle a.
15:42Après, il faut pas brûler les étapes.
15:43Même si, chez les féminines,
15:45on sait qu'elles sont en maturité beaucoup plus précoce,
15:47donc il faut jamais remettre au lendemain ce qu'on peut faire le jour,
15:49même avec les filles.
15:51Mais on lui a mis des objectifs intermédiaires,
15:55comme elle l'a dit elle-même, avec sa saison junior.
15:59Elle a même parlé des cadets, on va dire.
16:01Donc, aujourd'hui, elle a gravi les étapes.
16:05Après, elle a pas tout de suite...
16:07C'est-à-dire qu'à un moment donné,
16:08il y a eu une petite transition où ça a été dur pour elle,
16:11mais elle a pas baissé les bras.
16:12Et elle a rappelé de ses échecs,
16:15et elle est revenue plus forte, elle a continué à travailler.
16:17Et...
16:18Madeleine, c'est du halage ?
16:20C'est du halage, ça aussi ?
16:21Du halage, oui et non,
16:23parce que, forcément, moi, je suis rentrée en même temps
16:26à l'INSEP que Clarisse.
16:27Donc, quand t'as une copine qui part en compétition
16:30et qui claque tout chez les seniors et que toi, t'es pas là...
16:33Moi, j'ai eu, c'est vrai, un temps d'adaptation,
16:35j'ai eu pas mal de blessures aussi.
16:37Et, au final, des remises en question
16:41et puis aussi une catégorie où, tout simplement,
16:44c'était très fort en face.
16:45Très fort en face.
16:47Et, au final, je pense que j'avais pas...
16:50Oui, j'avais peut-être des qualités,
16:52mais j'avais peut-être pas la maturité encore
16:53pour être une numéro une française.
16:55Ça te met une claque, vraiment ?
16:57Oui, bien sûr.
16:59Et là, tu te dis quoi ?
17:01Je me suis donnée un an, à un moment donné.
17:03Tu sais que ton regard a été incroyable.
17:05Le...
17:06J'ai senti, là, dans le...
17:08Une...
17:11Une volonté, une détermination.
17:13Tu vois ?
17:14Ah, tu m'en reparles, mon coco ?
17:16Crois-moi, je m'en souviens.
17:18Oui, c'est vrai que c'était assez difficile.
17:21C'était assez difficile.
17:23Vers la fin de l'Olympia de 2016,
17:26je commençais à accrocher, du coup, des podiums
17:29sur les compétitions internationales.
17:31Et, au lendemain des Jeux,
17:33du coup, j'avais vraiment l'objectif
17:35d'être numéro...
17:37Au moins, pas numéro une,
17:38mais être en équipe de France.
17:40Au final, je me suis retrouvée pas en équipe de France.
17:43Et même, à faire les universiades,
17:46où je me suis pris une grosse claque,
17:48où j'ai fini cinquième.
17:50Donc, là, c'était un vrai coup dur.
17:52Et à partir de ce moment-là, je me suis dit,
17:54écoute, Mado, ça fait sept ans que t'es à l'INSEP.
17:56T'as changé quelque chose.
17:58Voilà, tu changes un peu dans ton entraînement.
18:00Et t'as un an pour donner les moyens,
18:03sinon, c'est mort.
18:04Tu changes quoi ?
18:05Alors, du coup...
18:06Qu'est-ce que tu faisais pas bien ?
18:08Je pense que j'ai toujours été travailleuse.
18:10Ca, j'ai eu la... Enfin, oui, c'est la chance aussi.
18:13C'est l'éducation.
18:14J'ai toujours été très travailleuse.
18:16Je manquais un peu de mental,
18:19de confiance en moi.
18:20Et puis, après, j'avais peut-être aussi besoin
18:24de diversifier un peu mes entraînements.
18:26Et, du coup, c'est à ce moment-là...
18:28C'est la faute des entraîneurs.
18:29Larbi, c'est votre faute !
18:30Non !
18:31Non, c'est pas... Non !
18:34En fait, Madeleine est rentrée jeune dans le système.
18:39Comme je disais, c'est un pur produit du système.
18:41Donc, au bout d'un moment...
18:42Comme tous les champions et toutes les championnes,
18:45quand elle a donné l'exemple de Clarisse, c'est pas anodin.
18:48Parce qu'on se dit, voilà,
18:49comme Clarisse, je me suis entraîné dur,
18:51j'ai tout fait pour y arriver,
18:52et moi, je reste sur le carreau, et elle, elle avance.
18:55Donc, une championne, par définition,
18:57c'est quelqu'un...
18:58Et un champion, c'est des gens orgueilleux.
19:01Donc, elle a certainement été piquée dans son orgueil.
19:03Maintenant, aujourd'hui, comme c'est un pur produit du système,
19:06il y a des routines qui sont revenues
19:08et qui ont été, au bout d'un moment,
19:10qui ont pesé sur ses entraînements.
19:12Et donc, effectivement, elle a pris le choix,
19:15et nous, on l'a accompagné dans cette décision,
19:17de changer ses entraînements
19:19et de basculer une partie de ses entraînements
19:21avec le club et son entraîneur de club,
19:23ce qui lui changeait son environnement.
19:25La rigueur était toujours là.
19:27La rigueur et la dureté de l'entraînement étaient toujours là.
19:29Il n'y a pas que ça. Où qu'on le fasse,
19:31où qu'on soit, il faut qu'on le mette en place.
19:33Et par contre, le fait qu'elle change,
19:35eh bien, ça a été très bénéfique pour elle,
19:37ça l'a reboostée, et du coup, elle s'est remise dedans,
19:39et elle est repartie au charbon,
19:41et ça a été bénéfique pour elle, pour nous.
19:44T'as eu peur à un moment ?
19:45Oui, bien évidemment.
19:47Quand on sort du système INSEP, on a peur.
19:51C'est comme, je pense, un salarié qui lâche sa grosse boîte,
19:57ou... Enfin, je ne dis pas que quand t'as l'INSEP,
20:01t'es sûre d'avoir les sélections.
20:02Non, tu veux dire que t'avais peur de sortir de ce fameux système
20:04et d'être peut-être jamais rappelée aussi.
20:08Et ouais, c'est vrai que ça m'a fait peur,
20:11et je pense qu'au final, c'est pas un risque que j'ai pris,
20:16mais je me suis dit, allez, sois libre, quoi.
20:19À un moment donné, madame, ça fait vraiment 7 ans que t'es là,
20:22et va au bout.
20:24En fait, je me disais vraiment, t'as un an,
20:27et t'as pas de regrets.
20:30C'est court, en même temps, un an.
20:32Oui, c'est court, mais voilà,
20:33ça faisait déjà 7 ans que j'étais là.
20:357 ans, ça fait aussi longtemps, du coup, que je suis quittée.
20:40Je suis partie de chez mes parents,
20:42c'était déjà... J'avais 13 ans, du coup.
20:44Donc, oui, je me dis, à un moment donné,
20:46je veux être cette équipe de France,
20:48je veux gagner des championnats, je m'entraîne tous les jours.
20:51Et au final, j'ai changé des petites choses.
20:56Et les résultats sont arrivés.
20:58Les résultats sont arrivés.
21:00C'est ça qui est dur, quand t'es dans une catégorie
21:03où il n'y a que des grandes championnes,
21:05notamment en France, parce qu'en 2015,
21:07tu gagnes les Jeux européens par équipe à Bakou.
21:09En 2016, t'es pas à ces Jeux.
21:11Comment tu les vis, pardon, ces Jeux,
21:14quand tu regardes tes copines à la télé ?
21:16Les Jeux de Rio.
21:17En plus, j'étais partenaire, donc sparring, donc j'y étais.
21:20Bon, après, c'était aussi un choix.
21:22Mais ça m'a pas dérangée d'y aller.
21:25Ça m'a plus donné envie.
21:27Ça m'a vraiment motivée.
21:29Ça, c'est génial. Attends, je t'interromps.
21:31Larbi, ça, c'est génial.
21:33Là, ce qu'elle vient de dire, c'est top.
21:34C'est qu'elle y est, elle est sparring,
21:37donc elle entraîne les filles alors qu'elle aurait pu être à leur place,
21:40et ça la motive plutôt que ça la...
21:42Ben, je vais... Pour être honnête,
21:45c'est pour ça qu'on l'a choisie comme sparring.
21:48Pour que, justement, on savait les qualités qu'elle avait
21:51et que demain, certainement, on essaie, dans la mesure du possible,
21:54quand on prend nos sparrings,
21:55que, justement, ça rentre dans ce cadre-là,
21:58en se disant, au moins, elle va découvrir les Jeux de l'intérieur
22:01et peut-être que demain, c'est elle qui a le profil
22:03pour aller chercher ce titre olympique.
22:05Et, en fait, pour le coup,
22:09on a bien choisi, à l'époque, le sparring,
22:11puisque derrière, ça lui a servi.
22:13Et je suis persuadé...
22:14J'ai fait récemment le bilan...
22:17J'ai fait mes fiches sur le bilan des Jeux,
22:20et j'ai mis en avant, justement, le fait
22:21qu'elle n'a pas été bouffée par la pression olympique,
22:24quand souvent, ça peut être le cas
22:26quand on participe à ses premiers Jeux olympiques.
22:28Peut-être qu'il y a quatre ans,
22:30quand on l'a ramenée en tant que partenaire,
22:32ça a contribué à ce qu'aujourd'hui,
22:33quand elle arrive dans l'atmosphère olympique,
22:34elle sait ce que c'est.
22:36Même si elle n'a pas la même casquette,
22:37elle ne l'a pas découvert.
22:39T'as hésité à y aller, à Rio ?
22:40Non. Non, non.
22:42J'ai pas hésité parce que, moi, déjà,
22:46pour moi, servir un peu à l'équipe de France,
22:48quand même, c'est cool.
22:50OK, tu fais pas les Jeux,
22:51mais c'est aussi une chance d'aller aux Jeux.
22:53Ça se trouve, t'iras jamais de ta vie.
22:55Je me suis plus dit ça comme une chance.
22:57Tu vas vivre quelque chose d'exceptionnel.
23:00Certes, tu vas être partenaire,
23:01mais il y a 2020, à ce temps-là,
23:05où je me disais, au moins, j'aurais fait mes repérages,
23:08je verrais comment ça se passe à des Jeux olympiques.
23:11Il faudra ensuite attendre deux ans
23:14pour qu'il remporte un nouveau titre majeur.
23:15C'est le championnat d'Europe.
23:17Tu bats, Audrey, justement.
23:18On a les images.
23:20C'est un tournant, cette compétition-là ?
23:22Oui, c'est un tournant,
23:24parce que, du coup, c'est au début de la saison 2017
23:28où je me dis, bon, écoute, Madou, il te reste un an.
23:31Ouais.
23:32Il me reste un an.
23:33T'es en blanc, là.
23:34Et du coup, bon, c'était pas le meilleur combat
23:38où il y a eu du très beau judo,
23:39mais j'ai gagné tactiquement,
23:41donc j'en suis aussi très fière, je le souligne.
23:43Oui, mais c'est important dans le judo aussi, la tactique.
23:46Bien sûr, et après, pour revenir sur ce combat-là,
23:48voilà, c'est deux Françaises, on se connaît.
23:50Je lui sers de partenaire depuis 2010.
23:52Forcément, c'est pas évident.
23:56Et pour revenir, du coup, à ce que je disais juste avant,
24:00oui, c'est vrai que 2017, du coup,
24:02c'est le moment où je me dis, il me reste un an.
24:05Donc quand je remporte ce titre de championne d'Europe
24:10face à, en plus, Audrey Thuméo,
24:12c'est une fierté,
24:15parce que ça récompense ma prise de risque,
24:18entre guillemets, de sortir du système.
24:20Et ça me conforte sur le fait que,
24:24depuis toutes ces années,
24:25je me suis pas entraînée pour rien non plus.
24:28Et...
24:30Et c'est le début.
24:31C'est le début, exactement, c'est le début.
24:33Larbi, je voudrais que tu répondes avec beaucoup de sincérité,
24:35mais je sais que c'est une des valeurs qui t'honore.
24:39Je pense qu'il faut du vice pour être un immense champion.
24:42Et quand je dis vice, c'est pas péjoratif.
24:45Mais je trouve que Madeleine est particulièrement saine.
24:50Tu comprends ce que je veux dire ?
24:53Alors, je vais aller dans ton sens,
24:56puisqu'elle a dit tout à l'heure une chose
24:58qui est, pour moi, qui parle.
25:01Un truc que j'essaie de faire comprendre à tous nos athlètes,
25:03aux jeunes entrants et même aux anciens.
25:06C'est-à-dire qu'aujourd'hui, elle a dit qu'en 2016,
25:09j'ai eu l'opportunité d'aller aux Jeux olympiques en tant que partenaire.
25:12Ça veut dire qu'elle était aux Jeux olympiques,
25:13mais par la petite porte, parce qu'elle a parlé d'équipe de France.
25:17Et donc, moi, je fais partie de ceux qui sacralisent cette équipe.
25:21Et aujourd'hui, elle l'a sacralisé
25:23quand elle était une simple partenaire sparring aux Jeux olympiques.
25:27Et elle continue à le faire aujourd'hui,
25:29même en étant championne du monde et en étant une des cadors de cette équipe.
25:33Et je trouve ça extraordinaire, et ça va dans ton sens,
25:35ce qui prouve son état d'esprit.
25:38Et c'est ce que je souhaite à toute notre équipe.
25:41C'est-à-dire qu'il y a une chose qu'il faut continuer à sacraliser,
25:45c'est cette équipe de France.
25:46Parce qu'on a des très grandes championnes dans notre équipe.
25:49Clarisse, Mado, Amandine.
25:52Toutes, il faut qu'elles aient le même état d'esprit.
25:55Elles ne sont pas l'équipe de France.
25:57Elles sont une membre de l'équipe de France.
25:59Et cette équipe de France, elle a une histoire très riche, très riche.
26:03Elle marque l'histoire de cette équipe avec leur médaille.
26:07Et ça, il faut l'assumer.
26:09Mais en même temps, on assume un héritage, un patrimoine
26:12que, derrière, on va transmettre à ceux qui vont arriver derrière.
26:15Et cette exemplarité, moi, je me bats
26:19pour la transmettre à mes athlètes.
26:20Et quand je vois que c'est une des athlètes de l'équipe de France,
26:23et pas la dernière, puisqu'elle est multimédaillée,
26:28moi, je suis content de ça.
26:29Au-delà de ces résultats,
26:31je suis content d'avoir pu leur transmettre ça
26:36et leur faire comprendre que ça contribue à leur réussite.
26:392018, il y a ce combat qui marque un tournoi
26:41avec cette victoire sur Audrey.
26:422019, t'es championne du monde.
26:44Tu gagnes le Grand Slam de Paris.
26:46Là, il se passe quoi dans ta tête ?
26:492019, je gagne le Grand Slam de Paris.
26:51Alors, déjà, grande fierté de remporter Paris.
26:55Ça, c'est les images des Mondiaux, t'es championne du monde.
26:57Exactement.
26:59Super fière d'avoir gagné Paris.
27:01Et puis, en même temps, ça me remet un peu en confiance
27:04parce qu'en 2018, quand je gagne mon titre de championne d'Europe,
27:09après les Mondes,
27:10au Monde, je passe à côté de ma compétition.
27:12Et en fait, j'avais peut-être un peu trop envie,
27:16trop envie, un peu trop précipité.
27:20Et du coup, je fais quelques réglages
27:22un peu au niveau de ma préparation.
27:26Et du coup, en 2019, quand je remporte Paris,
27:29je me dis, ouais, c'est bien.
27:30T'es sur la bonne voie.
27:31Exactement. Et puis surtout, on est un an des Jeux olympiques.
27:34Sans se douter qu'il va y avoir deux ans.
27:36Mais ouais, je suis bien.
27:38Et puis après, ça enchaîne sur les Mondes,
27:40où c'était mon meilleur souvenir.
27:43Une journée parfaite.
27:46Une journée vraiment parfaite.
27:47On voit cette victoire, et on reparlera d'Amada tout à l'heure.
27:49C'est l'arme qui coule sur ton visage.
27:52Cette joie, cette libération.
27:53Tu penses à quoi ? Tu te dis quoi ?
27:56Est-ce qu'on est en 2019
27:58et théoriquement, il y a des Jeux un an après ?
28:00Est-ce que tu te dis,
28:01maintenant, il faudra aller me chercher dans un an ?
28:03Ou est-ce que non, pas tout de suite, j'y pense pas encore ?
28:05Je suis...
28:07Je suis sur le moment présent.
28:10Je profite de ce moment, et c'est l'arme.
28:13C'est un ouf de soulagement,
28:14et c'est le travail qui paye depuis ces nombreuses années.
28:19Et puis quand même, dans un coin de ma tête,
28:21où je me dis, ouais, t'as fait du repérage pour Tokyo,
28:25dans un an, forcément.
28:28L'arbitre, après ce titre de championne du monde,
28:30tu te dis, elle va être dure à aller chercher, maintenant ?
28:33Il y a eu encore une étape ?
28:36Oui, alors, c'est ce qu'elle a dit tout à l'heure.
28:38Moi, je pense que le fait qu'elle gagne Paris,
28:43ça l'a mise en confiance.
28:45Et derrière, à partir du moment où elle a pris confiance en elle,
28:49elle a lâché les chevaux.
28:51Et bon, après, elle a fait un championnat du monde extraordinaire.
28:54Et oui, quand t'es dans la catégorie à un an des Jeux, à l'époque,
28:58t'as une fille qui est championne du monde,
29:00c'est sûr qu'elle a fait un grand pas pour les Jeux olympiques.
29:03Bon, après, comme elle a dit,
29:05personne n'attendait cette crise sanitaire, malheureusement.
29:07Évidemment. Donc ces Jeux, au lieu d'arriver un an après,
29:09arrivent deux ans après.
29:10Et on va aller très vite à cette finale,
29:14où tu retrouves, Amada,
29:17dans quel état d'esprit ?
29:18T'es numéro un, t'es championne du monde,
29:20tu la retrouves, tu l'avais battue en finale des Mondiaux,
29:23donc deux ans avant.
29:24Oui, et même au Master en janvier.
29:26Donc je me sens en confiance,
29:30mais pas tellement... Enfin, pas en excès de confiance.
29:33J'ai envie de dire, j'étais totalement confiante,
29:35mais pas en excès de confiance, parce que je sais qu'on est chez elle,
29:38je sais qu'elle a bien travaillé et clairement qu'elle m'attend.
29:42Et que ça ne va pas être un combat simple,
29:45mais j'y vais vraiment en mode...
29:48Je sais ce que je dois faire.
29:49Oui, je sais ce que je dois faire.
29:50Et ?
29:51Et il se passe ce que je ne dois pas faire.
29:54C'est-à-dire ?
29:55Bah, Amada, clairement, c'est quelqu'un de très, très fort au sol.
29:59Et vraiment, la consigne, c'était de ne pas mettre un pied au sol,
30:02parce que là, elle me retourne et elle est sur son terrain de jeu.
30:06Et au final, je fais une attaque et elle essaye de me prendre au sol.
30:13Je me relève... Enfin, au début, je résiste pour ne pas tomber au sol.
30:17Et puis après, je tombe et elle est trop forte.
30:20Tu sens à quel moment que c'est fini ?
30:23Quand elle est sur moi, je sens qu'il y a un moment d'échappatoire.
30:27J'ai l'impression de sentir une porte de sortie
30:29et j'essaie d'y aller et au final, elle me gaule encore plus.
30:32Donc là, je comprends que c'est fini.
30:34Et là, dans ta tête ?
30:37La vérité ?
30:39Putain !
30:40Il fait chier.
30:42Assa.
30:44Et quand tu regardes cette médaille...
30:45Alors, il y a eu la victoire en équipe après.
30:47Quand tu regardes cette médaille, tu te dis quoi ?
30:50Je me dis que...
30:52Il y a de la déception, même là, en vrai, d'y penser.
30:56Oui, je suis déçue.
30:57Parce que forcément, j'y croyais fort
31:00à ce titre de championne olympique individuelle.
31:05Je pense que j'avais vraiment les capacités d'aller le chercher.
31:08Mais après, je me dis aussi que c'est le sport
31:12et que parfois, on gagne et surtout, parfois, on perd.
31:15Et il ne faut pas être mauvaise perdante,
31:18même si en vrai, il n'y a pas de bon ou de mauvais perdant.
31:20Chacun prend sa défaite comme il le veut.
31:23Mais oui, il y a de la déception,
31:26mais en même temps, de la motivation
31:28pour aller chercher cette belle médaille d'or à Paris 2024.
31:32T'auras 30 ans ?
31:33Oui.
31:34Larbi, à 30 ans, elle sera comment ?
31:38Si elle est aussi performante qu'aujourd'hui
31:43et qu'il n'y a pas une petite Mado qui nous arrive de je ne sais où,
31:47ça sera peut-être elle la numéro une, on verra bien.
31:49T'en vois des petites Mado arriver ?
31:51Oui, forcément, il y a des jeunes avec un bon potentiel
31:56et c'est bien, mais pas au point de venir me détrôner pour Paris 2024.
32:02Ça, c'est clair.
32:04Il y a cette médaille d'argent individuelle, on comprend.
32:07On a tout le cheminement, l'arrivée, de la déception malgré tout.
32:10Et puis, il y a la victoire par équipe derrière
32:13et tu repars avec une médaille d'or.
32:15Ça compense.
32:17Alors, c'est autre chose en équipe.
32:19C'est totalement autre chose.
32:21Le judo, c'est un sport individuel, mais par équipe.
32:24On a toujours besoin des autres pour pouvoir s'entraîner,
32:27pour faire des combats.
32:28Donc, forcément, on a vraiment besoin du collectif.
32:31Et cette médaille, elle vient adoucir les cœurs,
32:37j'ai envie de dire, adoucir les larmes.
32:39C'est une récompense collective
32:41parce que, forcément, beaucoup de nous
32:44ne sommes pas ressortis de cette compétition médaillée.
32:49Donc, là, c'est un challenge collectif
32:51d'aller vraiment chercher ce titre
32:54qui existe pour la première fois.
32:58Et c'est clairement...
33:02l'émulation d'un collectif qui croit
33:05et qui arrache tout sur son passage, j'ai envie de dire.
33:09Larbi, pour terminer, je voudrais que tu me dises un mot, un seul,
33:14celui qui te vient à l'esprit.
33:15Alors, évidemment, comme c'est qu'un mot, ça ne peut pas résumer.
33:17Mais je voudrais que tu me dises Madeleine Allais
33:19et puis ce que tu veux.
33:23Alors, Madeleine Allais en un mot ?
33:26Tu réponds trop déjà, là.
33:28Ouais, en un mot.
33:30T'es réducteur, hein, mais je t'écoute.
33:33Ah oui, euh...
33:35Sérieuse.
33:36Comment ?
33:38Sérieuse.
33:39Sérieuse. Ça te va ?
33:40C'est son sérieux, et j'ai dit sérieuse
33:43parce que c'est son sérieux qui l'a amenée au niveau où elle est aujourd'hui.
33:47Alors, avec beaucoup de choses autour, des fois des trucs bien, moins bien.
33:50Il n'y a qu'un mot, donc, ouais.
33:54Si elle n'était pas si sérieuse, elle n'aurait certainement pas fait
33:57tous ces résultats.
33:59Et c'est pas fini ?
34:01Et c'est pas fini, et c'est pas fini.
34:03C'est tout le mal que je lui souhaite.
34:05Merci, Larbi, et merci d'avoir été avec nous.
34:06Merci beaucoup, Madeleine.
34:07Merci à vous.
34:08C'était un très bon moment, bravo, et puis, on a envie...
34:12Ah, pardon, attends, j'ai un petit quiz pour vous, quand même.
34:14Les amis, où avais-je la tête ?
34:15Attention, Larbi, t'es encore là ?
34:18Excuse-moi, c'est ma faute.
34:19J'ai cinq questions sur le judo au JO.
34:24C'est de la culture générale.
34:26Bon, je vous rassure, tout le monde se prend les pieds dans le tapis.
34:29En quelle année la catégorie des moins de 78 kg féminine
34:33fait son apparition au JO ?
34:38Démonstration ou officielle ?
34:40Démonstration.
34:42T'as dit quoi ?
34:43Comment ça, démonstration ?
34:44C'est avec Céline Lebrun.
34:47Et Céline Lebrun, c'est en 2004 ?
34:512000 ?
34:52Moins de 78.
34:53C'est une bonne réponse, t'avais qu'à répondre plus vite, Larbi.
34:551-0 pour Madeleine.
34:572000.
34:58C'est ça ?
34:59On a été gentils.
35:01Qui est la judocate la plus titrée des JO olympiques ?
35:05Clarisse Agbénier.
35:06Ah !
35:07Ah !
35:08Tamura.
35:10Les judocates féminines...
35:12Cinq médailles, dont deux en or.
35:17Une japonaise.
35:21Initiale RT.
35:24Ryoko Tamura.
35:26Exact.
35:27C'est ce que j'ai dit.
35:28Tani, ouais, mais bon...
35:29Tani, ouais.
35:30On dit Tani Tamura. Pardon, un partout.
35:32Question.
35:33Alors là, c'est celui ou celle qui sera le plus près ?
35:35En même temps, oui, monsieur le système, c'est le machin...
35:38S'il ne sait pas, vous pouvez lui tirer les oreilles.
35:40Combien de médailles compte la France au jeu ?
35:44En tout ?
35:45En tout.
35:46En judo.
35:47Garçon, fille.
35:49Allez, je dirais...
35:50Attends, laisse-le, pendant le premier.
35:5232, tu dis combien ?
35:5938 ?
36:0057, dont 16 en or, les amis.
36:03Ah ouais.
36:04Ah ouais, j'étais...
36:05Ouais, tu peux te cacher, Larbi.
36:06Vas-y, coupe la communication, t'es largué.
36:082-1, Madeleine, c'était toi qui étais la plus prête.
36:11En 2012, Lucie Lecosse est la première Française
36:13titrée en moins de 70 kg.
36:15Contre qui s'impose-t-elle en finale ?
36:17C'est une bonne réponse, l'Allemande.
36:193-1.
36:20Merci pour la nationalité, Larbi, mais c'est trop tard.
36:23Non, mais tu manques de sérieux, c'est ça, la différence.
36:27Dernière question, 3-1 pour Madeleine, qui va s'imposer, quoi qu'il arrive.
36:30Combien de Français ont remporté au moins trois médailles olympiques ?
36:33Au moins... Teddy Riner, David...
36:35Ah, trois, David Douillet.
36:40T'as dit qui, Larbi ?
36:42Teddy Riner, David Douillet et Stéphane Trenon.
36:45Et nous, Clarisse ?
36:47Parce que si on prend les équipes, ça fait trois.
36:50Trois.
36:53Bah, Douillet.
36:54Douillet !
36:55On l'a déjà dit, donc on est à trois.
36:56Donc on reste à trois ou il y en a encore une qui se balade,
36:58ou deux ou trois ?
37:00C'est dur, ça.
37:02Larbi, je repose la question.
37:04Combien de Français ont remporté au moins trois médailles olympiques ?
37:06Donc tu me dis.
37:08Douillet.
37:10Je te demande le nombre de médailles, donc tu me dis combien.
37:14De judoka, pardon.
37:17Un, deux, trois.
37:19Trois.
37:20Trois.
37:21Quatre.
37:23C'est une bonne réponse de Madeleine.
37:25Quatre, il vous manquait Angelo Parisi.
37:27Ouais. Ah, oui, ouais, ouais, ouais, ouais.
37:30Eh ouais, Larbi !
37:31Avec ça, tu ne pouvais pas passer au travers.
37:33Il n'a pas tout tué.
37:34Sauf qu'Angelo, il n'a pas tout tué pour la France.
37:37C'est exact, mais je n'avais pas précisé.
37:39En même temps, j'avais dit combien de Français.
37:41Ouais, bon, d'accord. Allez, OK.
37:42On ne la donne pas, mais Madeleine a gagné quand même
37:44grâce à son sérieux, comme tu l'as dit.
37:47Merci beaucoup, Larbi. Merci infiniment.
37:48Merci, Madeleine.
37:49Ne perds pas ces jolies médailles qui ont tendance à s'abîmer un peu quand même.
37:52Ouais, c'est malheureusement, ouais, mais bon.
37:54Au moins, il y a de la vie, il y a une histoire à la vie.
37:55Exactement. On t'embrasse très fort.
37:57Merci d'être venue.
37:58Une aventurière avec nous dans quelques secondes.
38:09Anne Bonzoumet est notre aventurière de la semaine.
38:12Bonjour, Anne.
38:13Bonjour.
38:14Nous sommes ravis avec mon amie Salim de vous accueillir aujourd'hui.
38:17Bonjour, Alexandre.
38:17Salim, je te préviens, Anne a des particularités
38:21et c'est pour cela que nous avons souhaité l'inviter aujourd'hui.
38:26Anne, vous êtes une coureuse, on va dire.
38:28Oui.
38:29Mais une coureuse jusqu'au boutiste.
38:31Par exemple, ce matin, Anne a couru pendant...
38:34Deux heures.
38:35Deux heures. Ce que vous faites tous les...
38:37Pratiquement tous les jours.
38:38Pratiquement tous les jours.
38:39Anne, si je puis me permettre, excusez-moi, quel âge avez-vous ?
38:4270.
38:43Salim, je t'écoute.
38:44Je n'y ai pas cru en le lisant.
38:46J'y crois pas forcément beaucoup plus.
38:48Ah bon ?
38:49Alors, je ne vous vois pas, mais vous ne le faites pas du tout,
38:52même pas à la voix ni au dynamisme, je tenais à vous le dire aussi.
38:56C'est assez incroyable.
38:57Pourtant, ils sont là.
38:59Ah, ils sont là.
39:00C'est-à-dire que c'est plus dur aujourd'hui de faire 20 km ?
39:02Non. Si. Peut-être la vitesse.
39:04La vitesse est réduite par l'âge.
39:07C'est... On n'y peut rien.
39:09On a beau s'entraîner, s'entraîner, la vitesse baisse.
39:12Mais ce n'est pas grave. Le plaisir est toujours là.
39:15C'est pour ça que je ne calcule pas en kilomètres,
39:17mais je calcule en temps.
39:18Je pars pour deux heures tous les jours et c'est bien comme ça.
39:22Dans la vallée de Chevreuse.
39:23Oui, dans la vallée de Chevreuse.
39:24Vous êtes exemplaire et c'est intéressant
39:27parce que je vous trouve très inspirante, Anne.
39:29Ah, c'est gentil.
39:30Vous rentrez à peine du Maroc,
39:32où vous avez participé au Marathon des Sables.
39:34C'était votre 9e, 10e...
39:369e, 9e.
39:379e participation.
39:39Malheureusement, vous avez dû renoncer en cours de route,
39:41quasiment à la moitié.
39:42C'est ça.
39:44L'origine ?
39:45Dès le premier jour, avant que la course commence,
39:47parce qu'on arrive deux jours avant,
39:49pour les questions de contrôle technique,
39:51contrôle médical et tout, mais dès le premier jour,
39:54j'ai été malade, j'avais une gastro comme beaucoup de gens.
39:58Mais vous n'étiez pas la seule.
40:00Je n'étais pas la seule.
40:01Tout de même, donc, j'ai essayé de...
40:03Je me suis forcée à manger pendant les deux premiers jours
40:06le temps des contrôles.
40:07La course a débuté.
40:08On rappelle les conditions de chaleur extrême.
40:11Chaleur extrême.
40:12Cette année, c'était plus chaud que les autres années.
40:15On était entre 52 et 56 degrés tous les jours.
40:18Oui.
40:20Donc...
40:21Et en cours, combien d'heures tous les jours ?
40:23Ca dépend.
40:24Si vous êtes dans les premiers, vous courrez plus vite.
40:27A mon niveau, je cours 9 à 10 heures par jour.
40:31Ce qui fait une distance, grosso modo, de...
40:33Entre 35 et 40 kilomètres.
40:36Donc un tout petit marathon, mais tous les jours,
40:39entre 52 et 56 degrés, avec une gastro.
40:42C'est ça.
40:43Et qu'est-ce qui fait qu'on continue d'y croire
40:45et qu'on n'a pas envie de lâcher ?
40:47Quand on vient à ce genre d'événement,
40:49déjà, on a travaillé toute l'année sur un plan physique,
40:52toute l'année, les entraînements,
40:54une certaine diététique,
40:55même si on se permet quelques écarts,
40:58mais l'engagement financier, aussi.
41:01Donc on s'inscrit.
41:02Et je crois qu'à ce genre de course,
41:04on vient pas par hasard.
41:05Donc on est entraînés, on est super entraînés,
41:08chacun à son niveau, avec ses forces et ses faiblesses.
41:11Et il faut avoir la niaque.
41:13Si on n'a pas la niaque, c'est même pas la peine d'y aller.
41:16On sent bien que la niaque et la rigueur,
41:19ce sont vos moteurs.
41:20Le marathon des sables, c'est 250 kilomètres infinis.
41:23Donc en cinq, six jours ?
41:25Cinq, six jours, oui.
41:26Salim ?
41:27C'est un défi assez incroyable.
41:30Vous parlez de rigueur, de niaque, de motivation.
41:33Qu'est-ce qui fait qu'on vient à ce genre de défi ?
41:36Entre aimer courir, avoir une rigueur, avoir la niaque,
41:40et se dire, je vais m'enfiler 250 kilomètres
41:43sous 50, 56 degrés,
41:45qu'est-ce qui nous amène à ça ?
41:48Je crois que les choses se sont faites petit à petit.
41:51Comme beaucoup de gens, j'ai commencé petit à petit
41:54à courir un kilomètre, deux kilomètres,
41:56cinq kilomètres.
41:57Et puis après est venu le temps des compétitions,
42:00le temps des clubs, le temps de rencontrer des amis,
42:03de se faire des copains, de courses.
42:05Il y avait toujours quelqu'un qui nous disait,
42:08on va s'inscrire à tel club.
42:10C'est un engrenage.
42:11Et avec le temps, c'est devenu comme me brosser les dents
42:14tous les matins, ou comme me coiffer,
42:16ou comme me laver, ou prendre ma douche.
42:18J'ai besoin d'y aller tous les jours.
42:21Et on confirme que vous êtes propre.
42:23En plus !
42:24C'est sûr.
42:25Cette photo a 20 ans. Vous vous souvenez où c'était ?
42:28Oui, c'est à Paris, c'est le Marathon de Paris.
42:31On rappelle votre âge, et on insistait là-dessus,
42:33mais 70 ans.
42:35Toi, qui est un homme de défis, salie, mais pour cause,
42:38vu ton... Pardon, permets-moi l'expression,
42:41ton handicap, tu comprends
42:43l'engrenage dans lequel Anne est prise ?
42:46Cette envie de...
42:47-"Prise", c'est pas subir.
42:49Je crois pas qu'elle le vive comme ça.
42:51Je peux pas l'entendre comme ça,
42:53mais c'est vrai que quand on se fixe une habitude,
42:57et tout le monde le dit, dans le sport,
42:59le plus dur, c'est de s'enser, de mettre en route
43:02cette routine, de mettre en route cette habitude.
43:05Je le comprends, sans le comprendre,
43:07parce que ça paraît normal à celui qui le vit,
43:10mais au fur et à mesure, elle est allée si loin,
43:12et il y a quelque chose qui reste de l'ordre
43:16plus que de l'exemple.
43:17C'est incroyable.
43:18Arriver à ce genre de chiffres qui paraissent pharaoniques,
43:22pour moi, ça reste effectivement incroyable.
43:24Oui, mais comme je disais, les choses se font petit à petit.
43:28Donc, quand on a fait des 20 km, des semis, des marathons...
43:33Après, on passe...
43:34Des courses de 100 km.
43:36Après, on passe aux 100 km,
43:38et puis on en sort grisé, quoi.
43:41On en sort grisé, et on est surtout porté.
43:43Je suis sur un nuage tous les jours.
43:45Pour moi, c'est tous les jours Noël.
43:48Vous avez des petits-enfants ?
43:49Pas de petits-enfants, mais j'ai une fille,
43:52qui est professeure de yoga à Paris.
43:54Elle dit quoi de sa maman ?
43:56Elle est fière, mais elle est engagée.
43:58Je crois que j'ai réussi à lui passer ce virus de l'engagement.
44:02D'ailleurs, je dirais que c'est un peu maladif de mon côté.
44:05J'essaie toujours de convaincre tout le monde,
44:08de convaincre les gens à se mettre à une activité
44:11physique.
44:12Ca construit non seulement notre physique,
44:14mais notre mental, notre moral.
44:16Et notre santé.
44:17Je veux dire, on a un moral, après,
44:19qui résiste à pratiquement toutes les épreuves.
44:22Bien sûr.
44:23Je suis d'accord avec vous.
44:25On est sur, malheureusement, une vue de la société
44:28que je déplore, où on cite le sport
44:30comme des choses à part ou comme quelque chose à côté,
44:33alors qu'on est foutus comme ça.
44:35On est faits pour se donner aussi à fond par moment.
44:38On a des métabolismes qui se mettent en route.
44:41On est programmés pour ça.
44:42Je suis d'accord avec vous.
44:44Trop de gens, malheureusement, ou trop de situations de vie
44:47font qu'on ne laisse pas assez de place au sport.
44:50Je vous en remercie.
44:51Anne, on va reprendre votre parcours.
44:54Adolescente, vous pratiquiez quoi comme sport ?
44:56Aucun sport.
44:58Aucun sport.
44:59Dans ma famille, on ne faisait pas de sport,
45:01et c'était pas très bien vu.
45:03Donc, j'ai commencé le sport.
45:06Je devais avoir 26 ans.
45:09Vous avez commencé par quoi ?
45:10À courir, à 26 ans.
45:13Qu'est-ce qui a fait que vous avez franchi ce pas-là ?
45:16En fait, à 25 ans, je me suis mise à faire du karaté.
45:19Je faisais du shotokan, du nambu-do.
45:21Pourquoi le karaté ?
45:22Pourquoi il y a eu cette envie, tout d'un coup ?
45:25Parce que j'avais quelqu'un dans mon entourage
45:27qui avait dit qu'il y avait un club de karaté
45:30qui s'est ouvert là, à côté.
45:32J'ai voulu y aller, et j'ai découvert Maître Nambu,
45:34qui a mis en place le nambu-do,
45:37et qui faisait la promotion du nambu-do en France
45:40et dans le monde.
45:41Et donc, quand Maître Nambu venait dans la région où j'étais,
45:46il nous amenait voir les consulats, les ambassades,
45:49pour essayer de faire la promotion de son art.
45:53Et là, le matin, il nous demandait
45:56de venir au lever du soleil
45:57pour les rites des arts martiaux.
46:01Il nous avait dit qu'il fallait faire des courses à pied,
46:03mais on n'avait pas de chaussures de course à pied,
46:06pas de vêtements techniques,
46:08donc on partait avec nos kimonos et nos chaussures de salle de sport.
46:12C'était il y a 45 ans.
46:13Et donc, vous partiez avec ?
46:15On partait avec Maître Nambu et les autres élèves de karaté,
46:19et on faisait quelques petits tours, comme ça.
46:22Vous avez acheté des chaussures adéquates ?
46:24Pas du tout, on faisait ça avec les chaussures de salle de sport.
46:28D'accord, sans véritable semelle, un peu comme les chaussons.
46:31C'est ça, c'est ça.
46:33C'est comme ça que vous découvrez la course ?
46:35Alors, là, ça a commencé,
46:37et puis j'ai laissé tomber un peu la course à pied,
46:41parce que, pour des raisons autres,
46:43et trois ans après, je me suis remise à courir,
46:47et là, un peu plus assidûment,
46:49ça a commencé par 2 km, 3 km, 5 km, 10 km...
46:52Là, vous avez quel âge ? La petite trentaine ?
46:54Voilà, à peine.
46:55Et puis, un jour, j'ai un ami qui m'appelle,
47:00qui avait des soucis, et à côté de moi, du téléphone,
47:03il y avait une publicité pour les 20 km de Paris.
47:06Une distance que vous n'aviez jamais...
47:08J'avais jamais fait, 20 km.
47:10Le mieux que vous ayez fait, c'était quoi, 10 à l'époque ?
47:13Oui, ça devait être 10.
47:14Et donc, pour essayer de doter la peine qu'avait cette amie,
47:18je lui ai dit, écoute, si tu veux, avec ta famille et ma famille,
47:21on va aller faire les 20 km de Paris.
47:24L'idée lui a plu, l'idée a plu à nos familles,
47:28et donc, nous voilà à Paris, à courir les 20 km,
47:31et on a souffert le martyr,
47:33parce qu'on avait les cuisses en pierre,
47:37on ne pouvait plus avancer, on ne pouvait plus marcher,
47:39mais ça m'amusait de voir qu'on se doublait les uns les autres,
47:43en fonction de notre force, et je les voyais passer,
47:46un avait des chaussures de ville, l'autre, des Converse,
47:49et on est arrivés exsangues.
47:51Vous aviez quoi, vous ?
47:53Toujours mes chaussures de...
47:54Ah, vos chaussons.
47:55Oui, chaussons.
47:57Et là, à l'arrivée, je me suis dit, non.
48:00C'est trop bien, je vois trop de gens heureux,
48:02les gens ont l'air sympas, tout le monde est bien.
48:05De tous ces gens-là qui étaient avec moi,
48:08ils n'ont jamais repris la course, et moi, à partir de là,
48:11je me suis dit, je vais faire ça.
48:13Je vais le faire en me préparant.
48:15Vous avez été portée par cette découverte du phénomène de groupe.
48:18Est-ce que vous le retrouvez autant,
48:20ou est-ce qu'il y a des différences
48:22sur des énormes événements comme le Marathon des Sables ?
48:25C'est une très bonne question.
48:27Ce n'est pas du tout le même esprit, la même mentalité,
48:30les mêmes personnes, déjà.
48:32Quand on fait des courses longues, dites ultra,
48:36les gens viennent très préparés.
48:39Très, très préparés.
48:41Heureusement, pardon.
48:42Oui, heureusement.
48:43On va faire un 100 km de Marathon des Sables.
48:46Des fois, sur le Paris-Versailles,
48:48ou des courses d'insomnie,
48:50des gens sont là, même moi, quand j'ai fait les premiers 20 km.
48:53Sur un 20 km, pourquoi pas ?
48:55Donc, ce n'est pas du tout la même atmosphère.
48:58On ne se parle pas de la même façon,
49:00on ne rigole pas de la même façon.
49:02Quand vous êtes dans le dur sur un 100 km,
49:04ou un 200 km, ou au-delà,
49:06chaque mot est une dépense d'énergie.
49:09Chaque mot est une souffrance.
49:11Donc, on garde nos mots entre nous.
49:13Et puis, en fait, quand on fait ce genre de course,
49:16ou ce genre de compétition...
49:19Là, je suis désolée, vous avez des lunettes,
49:22mais le seul fait de se regarder dans les yeux,
49:24on n'a pas besoin de se parler.
49:26Dans nos silences, on parle avec nos silences.
49:29Donc, ça, vous avez à peine 30 ans, vous faites le semi.
49:32Votre premier marathon, c'est combien de temps après ?
49:35Quelques mois après, au mois d'avril suivant.
49:38Vous avez acheté les chaussures, entre-temps.
49:41Oui, j'ai acheté les chaussures, je me suis préparée.
49:44Mais bon, après, quand on travaille,
49:46on a moins de temps pour s'entraîner.
49:48Donc, il faut arriver à conjuguer avec votre vie de famille,
49:51votre vie professionnelle,
49:53vos engagements, vos autres engagements,
49:55parce qu'il n'y a pas que ça.
49:57Vous couriez quand ?
49:58Le matin, avant d'aller travailler.
50:00À 5h du mat ?
50:01C'est ça. C'est ça, avec la frontale,
50:03le matin, à 5h30.
50:05Et là, je courais en fonction du temps que j'avais.
50:08Donc, ça, ça a été votre vie pendant combien d'années,
50:11de se lever à 5h30 pour aller courir ?
50:13Pendant bien 20 ans.
50:14Ils rient.
50:15C'est la meilleure...
50:17C'est la meilleure façon d'installer une habitude.
50:20C'est là que ça s'est mis en place.
50:21Oui, mais comme il faisait nuit,
50:23j'essayais toujours de trouver une âme qui vienne courir avec moi.
50:27Parfois, j'en trouvais une.
50:29Interchangeable, non ?
50:30Mais elle ne récidivait pas, quoi.
50:32Vous les mettiez à terre ?
50:34Elle venait une fois ou deux,
50:35et à la fin, elle disait, non, je peux pas.
50:38Et votre entourage, il y avait une compréhension de ça ?
50:41J'ai failli dire folie, mais je vais le dire quand même.
50:44A rester là-dedans ?
50:45En fait, j'ai un mari qui est très fier aussi de ce que je fais,
50:49qui est très compréhensif, qui ne fait pas de sport.
50:51Mais qui connaît tous mes temps de passage
50:54et qui suivait tout ce que je faisais.
50:56Il aurait aimé être journaliste sportive,
50:58mais il est très féru de tout ça,
51:00alors que moi, le temps m'importe peu.
51:03C'est le plaisir de courir.
51:04Il a épousé une femme qui ne faisait pas de sport
51:07et il se retrouve avec une fiscoboutiste
51:09qui fait des courses de 200 km à 70 ans.
51:12Ce premier marathon, c'était quelques mois plus tard.
51:15Vous l'avez terminé comment ?
51:16Bien. Bien. J'avais...
51:18Bon, j'étais pas entraînée pour faire...
51:21Vous vous souvenez du temps ?
51:22Oui, c'était 4h12. Je m'en souviens.
51:24Le premier, on s'en souvient toujours.
51:27Et je me souviens que les 40 premiers kilomètres,
51:30je les avais faits en 3h30.
51:32J'étais fière de moi, mais j'avais oublié
51:35qu'il y en avait encore deux autres kilomètres.
51:38Vous avez bien fini,
51:39parce que vous avez mis autant de temps pour les deux derniers.
51:42Je savais pas trop comment ça allait se poursuivre,
51:46mais ça m'a donné envie encore de continuer.
51:49Vous en avez fait combien ?
51:51Une centaine.
51:52Votre meilleure performance ?
51:54J'ai jamais très bien progressé.
51:56Ma meilleure performance, c'était 3h45.
51:58C'est fort. Passer sous les 4h, c'est déjà beaucoup.
52:01C'est la barre.
52:02Mais je suis pas arrivée à m'améliorer.
52:05C'est d'ailleurs pour ça, comme je ne m'améliorais pas,
52:08que je me suis dit qu'il faut que je sorte de ce champ-là.
52:11Trop simple. Et donc, vous êtes passée au ?
52:13100 km.
52:15100 km. Allons-y. Bon cœur, ma bonne dame.
52:17Je raccourcis pas le temps, donc j'allonge la distance.
52:20Je me suis dit que ça va sûrement mieux me correspondre
52:23que de chercher à m'améliorer pour gagner 2 ou 3 minutes.
52:27Je savais que j'allais me blesser, que j'allais me faire mal.
52:30On peut pas se faire mal sur 100 km ?
52:32On n'use pas le corps ?
52:34C'est pas pareil.
52:35C'est pas pareil.
52:36Pourquoi ?
52:37Parce qu'on court plus lentement
52:39et on ne cherche pas à gagner 2 minutes, 5 minutes ou 20 minutes.
52:44On cherche à finir
52:46et on cherche à prendre du plaisir.
52:48C'est un bonheur que de courir 100 km la nuit.
52:53Formidable.
52:54Y a-t-il des périodes où vous avez levé le pied,
52:59plus ou moins volontairement,
53:01peut-être à la recherche d'autres objectifs ?
53:04Non, mais ça m'est arrivé une fois ou deux.
53:06J'y pensais cette semaine.
53:08Ça m'est arrivé une fois ou deux où je n'avais plus envie
53:11d'aller courir, j'en avais des nausées à l'idée d'aller courir.
53:14Vous avez identifié pourquoi ?
53:16Comment est-ce qu'on peut en arriver ?
53:18Ou est-ce que c'est juste comme ça,
53:20de la même manière que l'habitude s'installe ?
53:23Elle peut être capricieuse ?
53:24Je pense que c'est parce que j'en avais trop fait.
53:27À un moment donné, j'en avais trop fait.
53:29J'ai compris qu'il fallait lever le pied.
53:32J'ai levé le pied pendant quelques semaines
53:34jusqu'à ce que je retrouve l'envie d'y aller.
53:37Et le premier jour, c'est difficile.
53:41Mais au deuxième ou troisième jour,
53:43on commence à avoir des bonnes sensations.
53:46Qu'est-ce qui a fait que vous avez de nouveau envie
53:49de repartir dans le grand bain ?
53:51Je me suis dit que je ne pouvais pas laisser ça comme ça.
53:54C'est une drogue, on est d'accord.
53:56Et vous êtes une sportive de haut niveau.
53:58Je ne suis pas de haut niveau,
54:00mais je suis une sportive du quotidien.
54:02Ce qui est formidable, et je comprends,
54:04il y a la notion de défi, de challenge, de plaisir,
54:08mais est-ce que demain,
54:10si on crée un 100 km spécial pour les plus de 70 ans,
54:15avec une vraie compétition,
54:17je trouvais ça formidable à suivre, à couvrir.
54:19C'est merveilleux.
54:21Vous êtes inspirante, vous êtes des exemples,
54:23notamment pour ces jeunes qui restent devant leur téléphone
54:26et dont on ne sait pas ce que ça deviendra dans 10, 20,
54:2930, 40, 50 et plus, s'ils sont encore là, et je leur souhaite.
54:33Est-ce que la compétition,
54:34ça pourrait, à votre âge, avec des gens de votre âge,
54:39être aussi un nouveau challenge ?
54:41Pour moi, la compétition ne m'intéresse pas.
54:43Je ne suis pas en lutte contre quelqu'un,
54:45ou contre mes copains, mes copines,
54:47c'est pas ça du tout, mais jamais.
54:49Ça ne l'a jamais été.
54:51C'est vraiment la satisfaction de me dire que je l'ai fait.
54:54Une autre chose que je vais vous dire,
54:56c'est que pendant que je cours, quelle que soit la distance,
54:59je pense à ma prochaine course,
55:01à la course d'après.
55:03Et donc, c'est ce qui m'évite d'être dans le rouge,
55:07c'est ce qui m'évite d'aller trop fort, trop loin.
55:10Je suis toujours en deçà.
55:12Vous écoutez votre corps.
55:13Oui, en permanence.
55:14Vous avez une ligne d'arrivée
55:16que vous ne franchissez jamais.
55:18C'est ça.
55:19Oui, sauf qu'on revoit les photos du Marathon des Sables,
55:22dont vous revenez il y a quelques jours,
55:24mais 40 km par jour, quand il fait près de 56 degrés,
55:27la limite pourrait s'imposer naturellement.
55:30Il y a des dénivelés, la chaleur,
55:32il y a cette fameuse déshydratation
55:34qui, une fois, vous a sanctionné.
55:36Là, il y a eu la...
55:38La gastro.
55:39La gastro, oui.
55:40Et puis, la notion d'autosuffisance aussi,
55:43dans tout ça, qui n'est pas anodine non plus.
55:45Oui, parce qu'il faut porter son sac.
55:47Moi, qui suis toute petite et qui ne pèse que 40 kg,
55:51on a un sac de...
55:54On va dire 9-10 kg sur le dos, avec l'eau.
55:56Ah oui.
55:58Donc...
55:59Vous vous entraînez avec un sac de 9-10 kg ?
56:01Non, je m'entraîne juste le dernier mois
56:04avec un sac de 5-6 kg.
56:07Non, parce qu'il faut protéger son squelette.
56:10Donc, si à mon âge, je m'entraîne avec un sac de 10 kg,
56:13il y en a qui le font, hein.
56:14Mais non, moi, non.
56:16C'est pas conseillé, d'ailleurs.
56:18Sinon, vous arrivez au départ, vous êtes cassé.
56:21Qu'est-ce que vous n'avez pas fait encore que vous rêvez de faire ?
56:24Là, je pars, dans quelques jours, faire 600 km en courant,
56:28avec...
56:29Non.
56:30600 km. Mais vous n'êtes pas raisonnable.
56:33Avec un ami handicapé,
56:35qui vient de Bordeaux, Grégory.
56:38Qui sera en fauteuil ?
56:39Non, il est hémiplégique, mais c'est un garçon qui court,
56:42qui a couru avec moi le marathon des Sables,
56:45je connais son papa aussi.
56:46Et Grégory rêvait, depuis des années,
56:51de défendre ses droits du handicap à l'Elysée.
56:54Et donc, il trouvait personne pour aller avec lui.
56:57Je lui ai dit, si il y a personne, je viens.
56:59J'ai regretté un peu, après,
57:01que c'est un engagement, tout de même.
57:03Donc, à partir de là, on a cherché quelqu'un
57:05qui veuille bien nous suivre en voiture,
57:07pour notre logistique.
57:09600 km.
57:10En combien de jours ?
57:11En deux semaines, mais donc,
57:13on a tablé sur 50 km par jour.
57:16Waouh.
57:17Waouh.
57:18Quel âge a-t-il ?
57:1938, je crois.
57:21C'est incroyable.
57:22Encore plus vite que vous ?
57:24Non, mais il a une volonté féroce.
57:26Et il est plus jeune que vous.
57:28Oui, oui.
57:29Bien qu'en ayant un handicap.
57:30Quand tu entends ça, ça t'inspire quoi ?
57:33Moi, là, c'est qu'on a eu beaucoup de chance
57:35d'avoir Anne sur notre plateau,
57:37puisqu'elle revient il y a quelques jours
57:39de ce marathon, mais elle repart dans quelques jours
57:42pour 600 km avec 50 km par jour.
57:44J'arrive pas à redescendre sur le côté incroyable.
57:47Moi, qui à peine ose me dire que dans ma vie,
57:49je voudrais courir un marathon, là où je suis.
57:52Moi, qui jusque-là disais,
57:53Salim, il est génial, il fait du cheval,
57:56alors qu'il a cet handicap, qu'il ne voit pas.
57:58Excuse-moi, mais ça va presque te banaliser.
58:01Je plaisante, évidemment, et j'ai un respect formidable.
58:04Ce sera d'où à où et comment ça s'organise, ces 600 km ?
58:07De Bordeaux.
58:08Bordeaux, puisqu'il travaille dans une société
58:11qui embauche des handicapés,
58:13jusqu'à l'Elysée, puisque...
58:15Belle destination.
58:17Son objectif, c'était de faire entendre sa voix
58:20sur le handicap.
58:21Je ne sais pas si on sera reçus,
58:23bien que Grégory est en discussion avec eux,
58:26mais c'est symbolique.
58:28C'est symbolique.
58:29On sera reçus peut-être par d'autres personnes,
58:31mais c'est pas grave.
58:33C'est juste le message qu'il veut faire passer.
58:35Tout au long de ce périple, de ces deux semaines,
58:38des gens vont venir nous rejoindre,
58:40courir ou marcher avec nous.
58:42Et vous courez où ? Sur des chemins, sur des routes ?
58:45On a essayé, on a regardé sur les routes,
58:47les chemins de halage, les chemins pour chevaux,
58:50les pistes cyclables et tout,
58:51mais ça nous faisait faire trop de zigzags,
58:54ça nous rallongeait trop la distance.
58:56Absolument.
58:57On va prendre les départementales.
58:59Voilà.
59:00Bravo.
59:01Qu'est-ce qu'il faut vous souhaiter, Anne, pour la suite ?
59:041 200 km par semaine, bientôt !
59:06Ce que je dis toujours, ça fait 40 ans que je cours,
59:09j'aimerais courir encore 40 ans.
59:11Allez, ça fait jusqu'à 110.
59:13Juste une chose, votre médecin, il vous dit quoi ?
59:16Je le vois pas souvent, mais il me dit que tout va bien.
59:19Et il vous demande pas de venir lorsque les gens se plaignent
59:22parce qu'ils ont ceci ou cela ?
59:24Oui.
59:25N'êtes-vous pas remboursée par la Sécu ?
59:27Et votre mari, il vous voit de temps en temps ?
59:30Oui, oui, oui.
59:31Entre deux courses ?
59:32Voilà. Non, mais il adore ça.
59:34Il est très fier que je coure.
59:36On est très fiers de vous avoir reçus avec ça.
59:38Merci, tous les deux.
59:39Merci infiniment, merci à toutes et à tous pour votre fédélité.
59:43Je vous retrouve avec un nouveau numéro.
59:45SOUS-TITRAGE ST' 501
59:54Sous-titrage ST' 501