Le philosophe, Bernard-Henri Lévy, revient sur les différentes consignes de vote : «On assiste à une décomposition et à une recomposition du paysage politique».
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00:00Est-ce que les états-majors ont un réel poids sur les candidats ?
00:04Les candidats, j'espère qu'ils ont encore un poids sur les votes.
00:07J'espère que les votants se décident encore pour la personnalité, le programme des candidats.
00:12Moi écoutez, moi je suis partisan, c'est pas un mystère, vous le savez,
00:17qu'il y ait le moins possible de députés Rassemblement National à l'Assemblée.
00:23Je pense qu'il faut qu'il y en ait le moins possible.
00:25Je ne sais pas si barrage est le bon mot, mais qu'il y ait le maximum de coalitions,
00:31de démocrates et de républicains, de probités, comme je dis toujours,
00:35qui entrent à l'Assemblée à la place des Rassemblements National et des LFI,
00:40je trouve ça formidable.
00:42Sauf que, pardon Bernard-Henri Lévy, ça ne va pas dans le sens de ce que les Français ont demandé dimanche soir.
00:47C'est ça le paradoxe, et c'est pour ça que Marine Le Pen parle de mépris
00:51quand on évoque ces très nombreux désistements.
00:53Les Français ont dit quelque chose, mais le système essaie de leur faire dire autre chose.
00:57Est-ce que Marine Le Pen découvre les lois de la démocratie représentative
01:01et d'un vote à deux tours ?
01:03Un vote à deux tours, c'est que les Français s'expriment une première fois
01:06et puis qu'ils s'expriment une deuxième fois.
01:08S'ils sont choqués par ces désistements, ils ont une manière de le dire,
01:12c'est de voter massivement pour ceux contre lesquels on se sera désistés.
01:15On va bien voir.
01:17Tout ça, c'est le fonctionnement normal de la démocratie.
01:20Et c'est extrêmement sain.
01:22C'est un système qui fonctionne depuis les Girondins, Benjamin Constant, Tocqueville,
01:29les constitutionnalistes français.
01:31C'est un bon système.
01:33Et ce qui se passe en ce moment, c'est bien.
01:35C'est des candidats qui regardent la situation de terrain, les programmes,
01:40et qui en fonction de ça, en leur âme et conscience,
01:43pas tellement en fonction des États-majors, en leur âme et conscience,
01:46ils regardent ce qu'ils veulent faire.
01:48Et il y a certains Français qui disent,
01:50mais attention, c'est ce qu'on appelle la stratégie de la tambouille.
01:52C'est des alliances entre les États-majors.
01:54Et ça se fait sur le dos des électeurs.
01:56Et on se retrouve face à une situation qui peut être parfois très très lointaine.
02:01Très lointaine.
02:02Il n'y a pas de stratégie de la tambouille.
02:04Les électeurs dimanche prochain, ils voteront tous en leur âme et conscience.
02:07Il n'y aura pas une main visible derrière chaque électeur
02:10qui entrera avec eux dans l'isoloir.
02:12Ils feront ce qu'ils voudront.
02:14Après, qu'il y ait des partis politiques en France ?
02:16Heureusement qu'il y en a.
02:17Heureusement qu'on n'est pas dans une démocratie césariste.
02:21Où il y aurait des grands leaders.
02:25Alors le grand leader Bardella, le grand leader Mélenchon,
02:28qui serait seul à pouvoir donner des consignes de vote.
02:30Non, il y a des partis.
02:31Ça, c'est la santé de notre démocratie.
02:33Il y a des sensibilités.
02:34Il y a des démocrates chrétiens.
02:36Il y a des gaullistes.
02:37Il y a des sociodémocrates.
02:38C'est le terreau fécond de notre pays.
02:41Ce qui se passe en ce moment est bon.
02:43Il y a surtout une désaffiliation politique de plus en plus grande,
02:46qui va de facto entraîner un choix individuel en dehors des partis,
02:51comme vous le commentez depuis quelques instants.
02:53D'abord, que les choix soient individuels et pas enrégimentés,
02:57c'est très bien.
02:58C'est aussi ça, la démocratie.
03:00Et puis, on assiste en ce moment à une décomposition
03:04et une recomposition du paysage politique.
03:07Bien sûr que les partis anciens sont en train de mourir.
03:10Les partis, c'est comme les humains.
03:13Ils ont un acte de naissance.
03:15Ils ont un acte de décès.
03:16Ils disparaissent du champ politique.
03:18Ils sont remplacés par d'autres.
03:19Donc, on est à un moment de fracture en ce moment,
03:22dans toutes les démocraties, en particulier dans ce pays,
03:26où ça se recompose.
03:28Et on verra.
03:29J'entends tout le monde dire « champ de ruines », « décombre » et tout ça.
03:32Ce n'est pas vrai.
03:33Il y a quelque chose qui est en train de prendre forme.