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00:00Louise Cazalie, vous êtes reporter à France 24. Vous êtes sur le terrain depuis le début de cette campagne, notamment. Est-ce que vous sentez cette tension ?
00:08On en a couvert vraiment énormément des élections ces dernières années. Et on a rarement eu une campagne aussi tendue, il faut le dire, entre inquiétude et espoir,
00:16selon que l'on est pour le Rassemblement national ou pas, parce que le Rassemblement national – vous l'avez dit tout à l'heure – n'aura peut-être pas cette majorité absolue,
00:23mais en tout cas Caracol en tête. Et de toute façon, c'est une victoire en soi, ce qui se passe pour le Rassemblement national, avec l'implosion de la droite, etc.
00:30Pour les journalistes, il faut le dire, à nos téléspectateurs, c'est pas toujours simple de couvrir ces événements. Et en plus, aujourd'hui,
00:37il y a du côté de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon, parfois Manuel Bompa, qui accuse les médias de complicité, de génocide, par exemple, au Moyen-Orient,
00:48mais aussi d'alimenter, de faire le jeu de l'extrême-droite. Faut dire aussi qu'à l'extrême-droite, c'est pas toujours simple. Moi, je me rappelle, il y a quelque temps,
00:55quand on couvrait « Reconquête » Éric Zemmour, j'avais été copieusement insulté par des militants. En tout cas, oui, le climat est tendu.
01:03Oui, c'est compliqué pour les journalistes, mais aussi pour les candidats. On l'a vu dans le reportage tout à l'heure.
01:08— Alors vous avez beaucoup suivi le Rassemblement national. Ils ont l'impression d'être seuls contre tous. C'est un peu comme s'ils ont l'impression d'être tout le temps, finalement.
01:17— Oui, ils le disent. Ils nous le disent très clairement. L'entourage de Jordan Bardella, les candidats, nous sommes seuls contre tous.
01:24Et le président Emmanuel Macron fait tout pour nous empêcher d'arriver au pouvoir. Voilà ce qu'ils disent. Et d'où ce que disait Marine Le Pen en parlant
01:32de coups d'État administratifs au sujet des nominations que ferait l'exécutif, l'Élysée, en toute hâte avant un possible changement de gouvernement.
01:42Et puis il y a aussi à cette affaire tous ces candidats du Rassemblement national qui sont accusés d'antisémitisme, de racisme.
01:50Gabriel Attal, le Premier ministre, disait hier – je crois – qu'il y avait un quart des candidats RN qui étaient coupables de commentaires racistes,
01:59d'avoir posté des vidéos, des photos antisémites, racistes, xénophobes, etc. Alors aujourd'hui, Marine Le Pen a pris leur défense.
02:09Il y a notamment cette candidate RN qui portait une casquette nazie. Une autre candidate qui disait « Non, non, je ne suis pas raciste, je ne suis pas antisémite.
02:16J'ai un œuf talmo-juif ». Ce matin, Marine Le Pen, la présidente, la leader historique de l'extrême-droite française, prend leur défense et dit que ce sont des candidats
02:26qui sont des braves gens. Je propose tout de suite d'écouter Marine Le Pen.
02:31« Ça, c'est la jeune fille qui voit arriver le grand inquisiteur pendant la chasse aux sorcières. Montrez-nous, prouvez-nous que vous n'êtes pas sorcière.
02:39Comment on fait la preuve d'un fait négatif ? Prouvez-nous que vous n'êtes pas raciste. » C'est vrai que c'est maladroit, l'argument qu'elle sort,
02:46mais objectivement, ce n'est pas une preuve de racisme. On ne peut pas lui reprocher une maladresse, une méconnaissance.
02:55Au-delà de ça, d'ailleurs, le RN a dit qu'elle souffrait de problèmes neurologiques.
02:59Ce sont des braves gens. Ce sont des braves gens qui se présentent parce que l'Assemblée nationale doit être à l'image de la France, pas à l'image de Sciences Po,
03:09pas à l'image de l'ENA. Elle doit être à l'image de la France.
03:13Un mot sur cette majorité arc-en-ciel dont on commence de plus en plus à entendre parler, cette possible majorité arc-en-ciel.
03:20Pourquoi ? Parce qu'il semblerait que le RN n'aura peut-être pas cette majorité absolue dont elle souhaite tant, qu'elle rêve d'avoir.
03:29Jordan Bardella qui a notamment répété qu'il ne voudrait pas aller à Matignon sans majorité absolue, que de toute façon, son gouvernement tomberait alors.
03:37Quelles sont les alternatives ? S'il n'y a pas de majorité claire au Parlement, à l'Assemblée nationale, eh bien il y a cette idée de possible gouvernement d'union nationale,
03:46des Républicains de tous bords qui se mettraient ensemble pour essayer de faire fonctionner le pays peut-être un an avant qu'Emmanuel Macron puisse
03:57convoquer à nouveau une dissolution. En tout cas, ce sont un peu des idées en l'air parce que bien sûr, les Français n'ont pas encore voté
04:03lors de ce second tour. En tout cas, ce matin, François Ruffin, qui vient de la France insoumise, prend à nouveau ses distances de LFI.
04:11Il dit que s'il est élu, il ne siègera pas au sein de LFI. Et aussi, il tape sur Jean-Luc Mélenchon, à nos confrères de l'AFP.
04:19Il dit que Jean-Luc Mélenchon est un boulet, c'est un obstacle au vote. Et sur le plateau de RTL, plutôt, vous allez le voir, au téléphone avec RTL,
04:31il a déclaré que Jean-Luc Mélenchon, clairement, était un problème et aussi qu'il prenait clairement ses distances vis-à-vis de LFI.
04:37François Ruffin, bien sûr, on l'écoute.
04:40J'ai refusé l'investiture de la France insoumise il y a 15 jours. Mes désaccords avec Jean-Luc Mélenchon sont connus, ils sont profonds,
04:46sur la démocratie, sur le bruit et la fureur plutôt que la force tranquille. Et donc, ma place ne servira pas dans le groupe la France insoumise
04:56si jamais je suis élu.
04:58Si François Ruffin est élu, bien sûr, c'est pas facile pour lui dans la somme. François Ruffin, donc, vous l'avez entendu.
05:05Et cette idée de gouvernement national, tout le monde en parle, notamment à gauche, un certain Raphaël Glucksmann, place publique,
05:12parti socialiste, c'est lui qui a mené la campagne des européennes la dernière.
05:16Raphaël Glucksmann, qui aborde ce matin sur France Inter un point intéressant.
05:20Il considère que peut-être on est en train d'avancer vers une démocratie parlementaire.
05:25Et il dit, regardez, en Europe, ça se passe bien. Je me retrouve à aller parler avec des libéraux estoniens,
05:31des membres de la droite bulgare, qui sont pas forcément du même point de vue que moi, mais on arrive à avoir des compromis.
05:37On arrive, par le dialogue, par la négociation, à aboutir à des projets de loi.
05:42Je vous propose tout de suite d'écouter Raphaël Glucksmann sur ce changement, peut-être, qui s'opère en France.
05:48Et peut-être, peut-être que la France se rendra compte que son système, aujourd'hui, où on a un Jupiter à la tête de l'État,
05:57où on a finalement une situation très paternaliste, une figure du père comme président,
06:02que ce système est à bout de souffle et que, désormais, il faut se comporter en adulte.
06:06Mais ça se supposera un changement de culture politique immense. Sortir des postures, sortir de l'entre-soi.
06:11Comprendre que la politique n'est pas simplement une nagée à Nanterre.
06:14Comprendre qu'on doit aller discuter avec des gens qui ne partagent pas vos opinions pour essayer de faire aboutir des projets et des lois.
06:22En tout cas, ce projet de possible gouvernement d'union nationale, de majorité arc-en-ciel, comme disent certains,
06:28eh bien, ça va être très très compliqué. Hier, à l'Élysée, l'entourage du président nous disait clairement
06:34« Nous, on veut bien y participer, mais sans LFI ». LFI, c'est la ligne rouge. Et regardez, écoutez, LFI, de toute façon, ne veut pas gouverner avec nous.
06:42Ça commence mal. Et en plus, est-ce que les Républicains voudront se joindre à cette majorité arc-en-ciel ?
06:48Très très compliqué. Et on en saura un peu plus après le second tour dimanche.
06:54Difficile de faire des pronostics avec les triangulaires, avec toutes ces circonscriptions où il y a une certaine indécision sur le résultat.
07:02Il va falloir attendre.
07:03On risque d'avoir encore de grandes surprises d'ici dimanche soir.