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Aujourd'hui dans "Punchline", Olivier de Keranflec’h et ses invités débattent de la prise de parole de Kylian Mbappé qui ne veut pas du pays "entre les mains" du RN.
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Transcription
00:00De retour sur CNews et sur Europe 1 dans Punchline, nous sommes ensemble jusqu'à 19h avec Gabrielle
00:06Cluzel, Véronique Jacquet, Louis Dragnel, Arnaud Benedetti et Nathan Devers. Dans un instant,
00:11l'inquiétude des Français de confession juive face à une éventuelle arrivée du nouveau front
00:16populaire aux commandes à Matignon. Une centaine de personnalités ont signé une tribune dans les
00:21colonnes du Figaro aujourd'hui allant dans ce sens. Alors nous allons y revenir dans un instant,
00:25mais avant, un mot peut-être sur le feuilleton Kylian Mbappé. Marine Le Pen a réagi au propos
00:31de la star du football français, je vous le rappelle le capitaine des Bleus qui a pris la
00:35parole hier et ça a provoqué le débat notamment sur ce plateau. On va aller réécouter pour ceux
00:40qui ne l'ont pas entendu et puis je vous lirai la réaction de Marine Le Pen.
00:43Kylian, à ta gauche, vraiment l'extrême gauche. Pardon, j'espère heureusement que vous n'étiez
00:51pas de l'autre côté. On y vient. Plus que jamais, il faut aller voter. Là, il y a vraiment urgence.
00:59On ne peut pas laisser notre pays entre les mains de ces gens-là. C'est vraiment urgent. Je pense
01:11qu'on a vu les résultats, c'est catastrophique et on espère vraiment que ça va changer,
01:18que tout le monde va se mobiliser pour voter et voter pour le bon côté.
01:23Alors, Marine Le Pen a réagi. Elle s'exprimait devant une journaliste de CNN. Kylian Mbappé
01:30devrait conserver, je la cite, une forme de réserve. Aux yeux de Marine Le Pen,
01:35les Français en ont marre de recevoir des leçons de morale et des consignes de vote de la part de
01:39gens qui ont la chance de vivre bien, d'être préservés de l'insécurité, de la pauvreté,
01:44du chômage. Il est vrai que nous avons beaucoup parlé de Kylian Mbappé et de sa prise de parole
01:49hier. Peut-être une réaction rapide, Véronique Jacquier, au propos de Marine Le Pen ? Une forme
01:55de réserve pour les sportifs, est-ce que cela vous semblerait logique ?
01:59C'est-à-dire qu'on n'est pas très étonné par la prise de position de Kylian Mbappé dans la mesure
02:05où il avait fait un tweet pour soutenir le jeu de Nahel lors de ce contrôle routier qui avait
02:16mal tourné à Nanterre. On savait quand même de quel côté il penchait. Maintenant, ça me paraît
02:21complètement contre-productif, ce genre de leçons de morale. On aimerait qu'il s'indigne quant au
02:25financement du PSG par le Qatar, par exemple. On aimerait qu'il ait des indignations. On aimerait
02:32le connaître comme un homme politiquement engagé, en plus d'être un sportif. Là,
02:36je pense qu'il y aurait un semblant de cohérence. Là, on sent chez lui de la fébrilité, parce
02:40qu'effectivement, il a peur que le RN soit au pouvoir. Donc, ça me paraît de toute façon
02:44cousu de fil blanc et contre-productif. Nathan Devers, vous souhaitez également
02:47réagir à cette prise de parole de Marine Le Pen, après les propos de Kylian Mbappé ?
02:53Kylian Mbappé, je ne suis pas un grand amateur de sport. Le moins qu'on puisse dire, c'est que
02:59c'est un très grand sportif qui représente quelque chose de la jeunesse française,
03:03de la nation française, qu'il a une audience qui est très importante, qu'il a une forme de prestige,
03:11de charisme personnel. Je ne vois pas pourquoi il n'aurait pas le droit de donner son avis. Ce n'est
03:15pas un grand intellectuel, il n'est pas professeur au Collège de France, d'accord, mais il a
03:18parfaitement le droit de donner son avis en tant qu'il appartient à la société civile et qu'il la
03:23représente comme les sportifs réels. Et je trouve intéressant de voir Marine Le Pen, quand même,
03:28et je trouve que ça en dit long sur sa vision de la société. Évidemment qu'elle critique les gens
03:33qui s'opposent à elle, c'est le jeu politique, mais là, il y a une manière, si vous voulez,
03:36de disqualifier le fait même que quelqu'un puisse la critiquer s'il représente quelque
03:43chose dans la société civile. Ce n'est pas tout à fait le jeu de l'esprit de la République
03:47française. Quand on se fait critiquer normalement par un artiste, par un sportif, on peut l'accepter.
03:52Vous savez, je vais vous donner une anecdote. Quand Jean-Paul Sartre critiquait le général
03:56de Gaulle, il ne le critiquait pas comme Mbappé. Il le traitait de sale con, il le traitait de tous
04:00les noms, de toutes les insultes. À un moment, Jean-Paul Sartre, plusieurs fois dans sa vie,
04:04a failli se faire arrêter parce qu'il faisait des actions, d'ailleurs, parfois qui étaient à deux
04:07doigts d'être illégales. Et le général de Gaulle disait, pas touche à Voltaire. On n'arrête pas,
04:11Jean-Paul Sartre. On n'en bastille pas Voltaire. Et même quelqu'un qui me traite de sale con,
04:16qui m'insulte, qui est vulgaire, etc., même lui, il est hors de question qu'on l'empêche de
04:22s'exprimer et qu'on l'empêche de... Mais Marine Le Pen ne veut pas en bastiller
04:27Kylian Mbappé. En tout cas, ce n'est pas ce que j'ai entendu exprimer.
04:29Non, une forme de réserve. Le général de Gaulle disait, Jean-Paul Sartre
04:31a raison de m'insulter. Une forme de réserve. Jusqu'à au début, là où j'ai une petite
04:35nuance avec vous, c'est que je pense que vous allez un peu loin dans l'interprétation de ce
04:41que souhaite Marine Le Pen et même vous allez loin dans l'interprétation aussi de ce que dit
04:44Kylian Mbappé. Moi, ce que je vois, c'est que l'indignation politique, elle est exclusivement
04:51à gauche à chaque fois et contre toujours le même parti. Il n'y a jamais d'indignation
04:55contre aucun autre parti. Et je trouve qu'il y a un moment où on a envie de dire bon,
04:59ça suffit. S'il y avait un équilibre, s'il y avait des gens qui soutenaient la droite,
05:03la gauche, les écoles, bon, s'il y avait l'arc-en-ciel politique qui était représenté
05:06à la limite, pourquoi pas ? Mais là, c'est toujours, c'est caricatural. Franchement,
05:10moi, j'ai éclaté de rire quand j'ai vu les propos de Kylian Mbappé. Je me suis dit,
05:13voilà, il devait se passer, c'est passé. Et je termine simplement d'un mot, c'est que par
05:20ailleurs, ces propos n'ont absolument aucun impact. Et je trouve que les sportifs s'abîment.
05:26Ils devraient arrêter. Systématiquement, ils sont pris dans des polémiques. Ils sont
05:30obligés de se justifier. En fait, bien sûr qu'ils sont citoyens. Bien sûr qu'ils ont le droit de
05:34voter. Mais alors, c'est vrai que Louis Dragnel, on leur pose la question aussi en conférence de
05:38presse. Il y a les journalistes. Mais cher Olivier, il y a plein, il y a beaucoup d'autorités
05:42morales entre guillemets dans le pays qui s'entendent simplement dire bon, allez voter,
05:46faites votre devoir. Gabriel Cluzel. Je trouve que les joueurs devraient s'abstenir. Et à chaque
05:52fois, c'est la même histoire. À chaque fois, on a les mêmes débats. Dans dix ans, on aura les
05:55mêmes débats, cher Nathan. Mais il est vrai, peut être pour conclure Gabriel Cluzel et Arnaud
06:01Benedetti ensuite. Mais c'est vrai, Gabriel Cluzel, on n'entend pas de sportif finalement
06:06demander à faire le front contre le nouveau front populaire. Par exemple, ça n'existe pas.
06:11Je peux vous assurer que s'il y en avait un qui le faisait, là, tout d'un coup, tout le monde serait
06:16de l'avis de Marine Le Pen trouverait qu'il y a un devoir. Et d'ailleurs, il se ferait, je ne sais pas,
06:21passer en conseil de discipline. Je ne sais pas bien quelles sont les instances dans le sport.
06:25Et d'ailleurs, j'ai remarqué qu'aujourd'hui, ceux qui disent moi, je ne veux pas prendre partie,
06:29sont déjà suspects. Parce que vous savez, il y a un tel terrorisme de la pensée actuellement que
06:34si vous dites oh là là, moi, je ne veux pas. Je vois là, je suis sportif. Je n'ai pas envie de
06:39donner mon avis. J'ai vu beaucoup de gens sur les réseaux sociaux, notamment quand Griezmann a
06:44dit, c'est ce qu'il a dit, il a dit écoutez, moi, je suis footballeur, je n'ai pas envie de faire de
06:48la politique. Tout le monde lui a dit, enfin, pas tout le monde, mais certains lui ont dit sur les
06:52réseaux sociaux. Mais ah bon, mais c'est suspect, c'est suspect parce que ne pas soutenir, ne pas
06:57faire sa génuflexion devant la bien-pensance, c'est déjà suspect. Et ça, c'est proprement
07:02insupportable. Et par ailleurs, je crois qu'on a parlé d'une France très clivée. Il y a un
07:05dernier endroit où la France communie encore un peu, notamment sa jeunesse, ce moment des matchs
07:09de foot de l'équipe de France. Donc, c'est créer un clivage désastreux là où il n'y en avait pas.
07:16Il faut toujours se rappeler qu'il y a quand même 11 millions de gens qui votent Rassemblement
07:19national. Donc, les exclure et leur cracher dessus, c'est exclure ceux qui soutiennent
07:25l'équipe de France. Et le football qui est pourtant, Arnaud Benedetti, aussi un outil de
07:28rassemblement. On se souvient de 1998. Le politique, là, du coup, s'était emparé de l'éclatisme de
07:33France pour rassembler le pays. Le sport et politique, de toute façon, on le sait. D'ailleurs,
07:37le prochain numéro de la revue politique et parlementaire, j'en profite pour faire de la
07:40publicité consacrée au sport et à la politique à l'occasion des Jeux olympiques. Non, mais bien
07:45sûr, il y a ce côté un peu pavlovien, si vous voulez, d'une partie des élites qui vont, d'une
07:50certaine manière, certifier un brevet de respectabilité en prenant position, évidemment,
07:55contre le Rassemblement national. On le vit depuis pratiquement toutes les élections depuis
07:59quasiment 20 ans. Ensuite, c'est vrai qu'il y a un petit sujet, c'est qu'il ne faut pas qu'il
08:04oublie, il est capitaine de l'équipe de France, il a le droit de s'exprimer. Quoique ça, on ne peut
08:07pas lui enlever ce droit. Mais en tant que capitaine de l'équipe de France, il ne faut pas qu'il oublie
08:11que parmi les gens qui soutiennent l'équipe de France et qui, parfois, admirent son jeu,
08:15qui admirent ses gestes sportifs, qui le soutiennent, qui le supportent, certains peuvent voter également
08:20Rassemblement national. Certainement beaucoup, même, en l'occurrence. Donc, c'est lui qui,
08:24d'une certaine manière, prend le parti aussi, quelque part, de se cliver par rapport à ce
08:29public-là. Ensuite, si vous voulez, il y a une réalité, c'est qu'aujourd'hui, ça traduit aussi
08:38une forme de coupure. Ce qu'a voulu dire Marine Le Pen, en fin de compte, c'est ce que ressentent
08:43beaucoup de gens, c'est-à-dire qu'il y a une sorte de sécession d'une partie du haut par rapport à
08:48ce que vit le bas. Et ça, si vous voulez, Kylian Mbappé, il y participe par ses prises de position.

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