François Hollande et Nicolas Sarkozy s’opposent sur le premier dossier agricole à mettre en chantier

  • il y a 3 mois
Présidentielle 2012

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00:00Bonjour à tous et bienvenue dans ce débat de l'entre-deux-tours consacré à l'agriculture.
00:12François Hollande et Nicolas Sarkozy sont donc les deux finalistes de l'élection présidentielle française 2012. Que proposent-ils pour l'agriculture ?
00:21Bonjour. Vous avez pu les interroger sur leur analyse, leur programme, leur projet lors des chats sur Ternet.fr lors du premier tour. Place maintenant au débat.
00:34Pour cela, j'accueille Germinal Perrault. Bonjour.
00:37Bonjour.
00:38Donc M. Perrault, vous êtes député de Dordogne, secrétaire national du PS en charge de l'agriculture et de la ruralité.
00:45Et pour cette campagne, vous êtes donc porte-parole de François Hollande pour les questions agricoles.
00:50C'est exact.
00:51Bien. Face à vous, M. Erth. M. Erth, bonjour.
00:54Bonjour.
00:55Donc Antoine Erth, vous êtes député du Bas-Rhin, secrétaire national de l'UMP chargé de l'agriculture, représentant Nicolas Sarkozy.
01:04Tout juste.
01:05Tout de suite, pour commencer, je vous propose de démarrer par un pour-contre. Donc 6 questions. Pour chacune d'entre elles, je vous demanderai de répondre par un seul mot, pour ou contre, sans explication.
01:17Donc je démarrerai par chacun d'entre vous à tour de rôle, de façon à ce que ce ne soit jamais la même personne qui démarre les questions. Même chose tout au long de cette émission.
01:25Première question. M. Erth, êtes-vous pour ou contre le maintien des objectifs du Grenelle pour la réduction de l'usage des produits phytosanitaires ?
01:36Je suis pour.
01:37M. Perrault ?
01:38Je suis pour.
01:39M. Perrault, êtes-vous pour ou contre le regroupement des ministères de l'agriculture et de l'environnement en un super ministère ?
01:47Je suis contre.
01:48M. Erth ?
01:49Je suis contre.
01:50M. Erth, êtes-vous pour ou contre des projets de grandes fermes de plus d'un millier de vaches ou de plusieurs milliers d'hectares en France ?
02:00Je suis contre.
02:01Je suis contre.
02:03M. Perrault, êtes-vous pour ou contre l'instauration par la loi d'une obligation de pluralisme syndical dans les organisations agricoles et les interprofessions ?
02:15Je suis pour.
02:16M. Erth ?
02:17Je suis pour.
02:18M. Erth, êtes-vous pour ou contre le plafonnement des aides de la future PAC ?
02:25Je suis pour.
02:26Je suis pour.
02:27M. Perrault, dernière question, êtes-vous pour ou contre l'instauration de certificats d'obtention végétale pour taxer les agriculteurs utilisant des semences de fermes ?
02:38Je suis contre.
02:39M. Erth ?
02:40Je suis pour.
02:41Bien. Nous allons maintenant approfondir deux sujets. Alors, ces deux sujets, c'est vous qui les avez choisis.
02:49Puisque avant cette émission, j'ai demandé à chacun d'entre vous quelle était la première mesure ou le premier dossier qui était à mettre en œuvre pour les agriculteurs si le candidat que vous représentez était élu.
03:01Donc, nous allons démarrer cette fois-ci par M. Perrault. Germinal Perrault, vous m'avez indiqué comme premier dossier à travailler la négociation pour le maintien du budget de la PAC.
03:13Donc, est-ce que vous pouvez nous présenter cette mesure et je vous laisserai en débattre tous les deux ensemble ?
03:20Oui. J'ai cité cette démarche plutôt que cette mesure parce qu'il me paraît primordial de réaffirmer que l'Europe doit soutenir son économie agricole.
03:34C'est pour moi et pour François Hollande quelque chose d'indispensable parce que c'est à travers ce soutien à l'économie agricole que l'Europe va assurer d'une part sa sécurité alimentaire et sa souveraineté alimentaire auxquelles nous sommes très attachés.
03:49Nous disons aussi que l'économie agricole, au-delà de son importance purement économique, sociale, a aussi une autre importance qui est celle de l'aménagement du territoire,
04:02qui est celle de la protection de l'environnement, qui est celle de la répartition des actifs sur l'ensemble du territoire, non seulement national mais sur l'ensemble du territoire européen.
04:12Et c'est pourquoi il nous paraît très important et primordial d'essayer de convaincre l'ensemble des pays de l'Union européenne de soutenir un budget à un très haut niveau pour maintenir et pour soutenir l'économie agricole en Europe.
04:27Monsieur Heert, une réaction ?
04:29C'est un sujet important et grâce à l'engagement de Nicolas Sarkozy pendant les cinq années de son mandat à la tête de la République française,
04:39les jalons qui ont été posés permettent d'avancer positivement sur cette question du budget. Je crois qu'on a réussi à engranger un certain nombre de gages qu'il faut maintenant concrétiser.
04:53Ce qui vient tout de suite pour le deuxième semestre de cette année, c'est la discussion des modalités d'application de la politique agricole commune.
05:00Et là on sait très bien que le diable est dans le détail. Ce qu'il nous faut c'est une politique agricole commune qui soit plus protectrice, qui évite plus des distorsions de concurrence,
05:11qui évite également qu'on expose finalement les agriculteurs européens à des contraintes que par ailleurs on n'exige pas vis-à-vis des producteurs extérieurs à l'Union européenne
05:23qui nous vendent, qui sont à l'origine d'importations de denrées alimentaires. Donc c'est ce débat sur les règles finalement qui me paraît le plus important,
05:34sachant que je considère que pour le budget, c'est simplement une confirmation qu'il faut obtenir.
05:39Vous partagez le même objectif, on peut dire, sur cette mesure ?
05:44Je voudrais être certain que mon collègue est parfaitement raison sur le budget. Il n'est pas interdit de penser que tout n'est pas calé encore en matière de hauteur du budget
05:56pour le soutien à l'économie agricole, donc je crois que c'est une nécessité absolue. Ensuite, pour ce qui est de l'harmonisation des règles en Europe, ça dépasse d'ailleurs la politique de la PAC.
06:06On s'achemine vers une PAC qui va attribuer des aides à l'hectare, qui devront converger sur l'espace européen en quelques années, qui devront aussi converger sur l'espace national.
06:16Mais nous nous disons d'accord pour la convergence des aides au niveau européen, mais d'accord aussi pour la convergence de la politique fiscale et de la politique sociale,
06:26de la politique sanitaire, de la politique environnementale en Europe. Et malheureusement, ce n'est pas ce que nous avons vu au cours des dernières années,
06:33puisque Antoine Hertz le disait il y a un instant, il y a des disparités très importantes en matière sociale entre la France et ses pays voisins.
06:42Il y a aussi des disparités en matière sanitaire, en utilisation de produits, en matière environnementale. Et ça, ce n'est pas acceptable.
06:49Nous pensons que si nous voulons une Europe forte, eh bien il faut aller vers la convergence des politiques sociales, fiscales, sanitaires, environnementales,
06:57en même temps que nous irons vers la convergence des aides que nous donnerons aux agriculteurs européens.
07:02Bien, je vous propose tout de suite de passer au deuxième sujet à approfondir. Donc, monsieur Hertz, vous m'avez dit que le premier dossier à mettre en oeuvre,
07:13si Nicolas Sarkozy était réélu, serait les états généraux de la contractualisation.
07:20Tout à fait. Dans l'été qui va suivre l'élection présidentielle et l'élection législative, ça doit être le dossier prioritaire du futur ministre de l'Agriculture.
07:30En effet, à travers la loi de modernisation de l'agriculture et de la pêche, cette majorité a lancé la contractualisation comme modèle d'organisation des filières agricoles,
07:45en donnant la possibilité de débattre au sein de la filière de la fixation des prix, de la destination également des denrées qui sont produites par les agriculteurs,
07:55mais également finalement d'avoir pour conséquence une organisation des producteurs pour mieux aborder les négociations avec l'aval de la filière.
08:06Des discussions sont en cours depuis des mois. Certaines ont abouti, d'autres sont encore en cours de négociation. Sur cette question, je pense qu'à l'été,
08:16il sera important de faire un arrêt sur image, que finalement les pouvoirs publics ramassent les copies et que le cas échéant, l'Assemblée nationale puisse se saisir
08:25pour examiner les conditions dans lesquelles se sont passées les discussions et peut-être corriger le tir si on estime que les équilibres que nous souhaitions,
08:35que le législateur a souhaité à travers le texte de loi, n'auraient pas été respectés.
08:40Oui, nous considérons que l'idée de la contractualisation n'est pas une mauvaise idée en soi et qu'il faut bien évidemment qu'il y ait un contrat entre le producteur et son acheteur.
08:54C'est ce qu'on a essayé de faire.
08:55Sur la contractualisation elle-même, on peut dire que vous êtes d'accord.
08:58Oui, ça paraît une évidence. D'ailleurs, le contrat a toujours existé. Même s'il s'agit de taper dans la main, c'est aussi une forme de contrat.
09:06Il faut bien qu'il y ait un accord entre le vendeur et son acheteur. Mais on voit les limites de la contractualisation telles qu'elles sont pratiquées aujourd'hui.
09:15Je prends un exemple, celui de la production laitière, où j'ai vu, au cours de mes visites dans tous les départements, des producteurs laitiers.
09:23Je ne parle pas de ceux qui sont affiliés aux membres d'une coopérative, mais je parle de ceux qui livrent leur lait à des entreprises privées.
09:30Et on voit bien que la forme de contrat fait en sorte que les choses sont totalement déséquilibrées et que le producteur est en vérité pied et point lié à son acheteur.
09:40Nous, nous proposons, nous l'avons écrit dans nos textes, que les contrats ne soient plus des contrats individuels, mais que ça devienne des contrats collectifs.
09:49Il faut donner les moyens aux agriculteurs de se défendre. Il faut donner des moyens aux producteurs de se regrouper et de pouvoir négocier leurs contrats collectivement.
09:59Peut-être qu'on en reparlera, mais nous disons aussi que ces contrats, dans toute la mesure du possible, doivent être des contrats collectifs de filière,
10:06et aller donc du producteur au transformateur jusqu'à la distribution.
10:10C'est d'ailleurs dans l'Union européenne qu'il faut chercher la solution, puisque Dacian Ciolos a très justement reconnu l'importance de cette organisation de filière,
10:19en particulier sous les productions laitières. Mais l'Europe, aujourd'hui, doit nous donner le curseur pour permettre une démarche collective qui me va très bien,
10:27mais qui aujourd'hui, dans les faits, dans l'état actuel des textes européens, n'est malheureusement pas envisageable.
10:33Procédons par étapes. Il y a des discussions, effectivement, entre producteurs et leur laiterie, privée ou coopérative.
10:41Et l'état, ensuite, doit ramasser des copies. Et en fonction, effectivement, de ce qui sera constaté, nous aurons d'autant plus d'arguments pour discuter avec l'Union européenne,
10:51pour préciser ce qu'est une organisation professionnelle, une interpro, combien de lait elle peut regrouper, quels sont finalement les périmètres d'un bassin laitier pertinent,
11:03qui soit reconnu, accepté et surtout pas contesté, d'ailleurs, par l'Union européenne, en particulier au niveau de la direction de la concurrence.
11:13Je crois que c'est un sujet crucial. Il s'agit de l'organisation des filières et de l'organisation de la profession agricole.
11:21Aujourd'hui, on ne peut pas continuer tel que c'est et on ne peut pas continuer à laisser des producteurs livrer à eux-mêmes, tout seuls, face à des très grandes entreprises
11:32qui, en vérité, leur dictent la loi. J'ai vu moi-même des contrats que l'on proposait à des producteurs laitiers et qui sont des contrats que je qualifierais de moyenâgeux.
11:41Dans le sens où on oblige les agriculteurs et les producteurs à s'engager sur plusieurs années sans aucune connaissance des prix, en perdant à terme la possibilité de contrôler ces volumes de production.
11:56Je crois qu'il faut absolument qu'on permette aux agriculteurs de se regrouper et de discuter à armes égales avec ceux qui sont leurs acheteurs.
12:05Bien, je vous remercie. Pour terminer, je vais vous proposer le principe de la minute pour convaincre. Donc chacun à votre tour, vous aurez droit à une minute pour convaincre les agriculteurs de voter pour le candidat que vous représentez.
12:20Donc cette fois-ci, nous commençons par M. Hertz. M. Hertz, vous avez une minute pour convaincre.
12:26Nicolas Sarkozy a toujours défendu âprement la politique agricole commune. Il a même porté sa préoccupation sur les questions agricoles dans le cadre des négociations du G20.
12:37Donc je pense qu'il a vraiment démontré son attachement à ce qui constitue une partie de l'identité de tous les Français, qui est leur attachement à la valorisation des terroirs et à la diversité, à la qualité de l'alimentation.
12:51Il faut aujourd'hui le concrétiser à travers les négociations à Bruxelles, mais aussi à travers l'effort qu'il faut faire en faveur de la compétitivité de nos agriculteurs, la réduction des charges qui pèsent sur eux,
13:05et également leur donner la possibilité finalement de faire la transition de la prise en compte de l'environnement. Je crois que c'est tout ce projet-là qui est porté par Nicolas Sarkozy, mais qui mérite que les agriculteurs lui apportent ses suffrages.
13:20Merci. Vous avez même fait moins d'une minute. Monsieur Perrault, à votre tour, une minute pour convaincre.
13:26Nous considérons avec François Hollande que les gouvernements de droite qui se sont succédés au pouvoir depuis 10 ans ont accompagné la politique libérale en Europe,
13:39qui a été extrêmement néfaste au monde agricole. S'il y a un secteur de l'économie où le libéralisme ne marche pas, il ne fonctionne pas, ou si l'on applique la loi du marché sans aucun contrôle, ça ne fonctionne pas, c'est bien le secteur de l'économie agricole.
13:54Et on a vu au cours de ces 10 ans diminuer les politiques de régulation en Europe. On a vu depuis 10 ans diminuer les politiques de stockage, par exemple. On a vu depuis 10 ans abandonner la politique des quotas laitiers, qui permettait de contrôler les volumes.
14:10On a vu l'accord sur l'abandon de la réglementation des plantations en matière viticole approuvé par M. Barnier et par le gouvernement français. Donc nous pensons que les gouvernements de droite pendant 10 ans ont engagé l'agriculture dans la mauvaise direction.
14:27Nous pensons qu'il faut organiser, qu'il faut réguler, ça ne veut pas dire étatiser, mais qu'il faut organiser cette économie agricole si on veut garder des agriculteurs dans notre pays au cours des prochaines années.
14:39Je vous remercie. Donc nous vous retrouvons tout à l'heure pour un débat animé par Frédéric Hénin, le rédacteur en chef de Ternet, avec la participation de Jacques Carle, qui est délégué général de Montmagny. Je vous remercie.

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