Nicolas Sarkozy : « J’incarne une alternance forte pour les agriculteurs »

  • il y a 2 mois
[Interview] Primaire

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00:00Nicolas Sarkozy, merci beaucoup de répondre aux questions de Ternet Média.
00:12On va parler de la compétitivité des exploitations agricoles et de la crise que subissent les agriculteurs.
00:19Face à cette ampleur de la crise, quelles mesures, selon vous, il faut mettre en place très rapidement pour redresser la Ferme France ?
00:29Déjà, dès le mois de juillet 2017, nous baisserons dans un mouvement sans précédent de 34 milliards d'euros toutes les cotisations sociales.
00:39Les cotisations sociales seront supprimées jusqu'à SMIC multiplié par 1,6, totalement au niveau du SMIC, puis en sifflet.
00:51Comme la quasi-totalité des employés des exploitations agricoles ou des agriculteurs seront rémunérés aux alentours du SMIC,
01:00ce sera un premier élément très fort de compétitivité.
01:04Deuxième élément, je changerai complètement la provision pour Aléa, qui ne fonctionne pas,
01:10et je veux que toutes les exploitations agricoles puissent, à partir de juillet 2017, lisser sur 5 ans leurs dettes et leurs bénéfices,
01:24pour éviter ce mouvement où, quand il y a une bonne récolte et que les prix sont élevés,
01:29c'est l'année suivante qu'on paye des impôts, lorsque les prix se cassent la figure ou qu'il y a une moins bonne récolte.
01:36Troisièmement, je ferai voter en juillet 2017 une loi d'abrogation générale de toutes normes françaises supérieures à la moyenne européenne.
01:49Alors justement, sur cette question environnementale, vous aviez dit en 2010 que toutes ces questions environnementales, ça commence à bien faire.
01:56Comment vous conciliez, si on détranspose ces textes européens, comment on concilie agriculture et environnement ?
02:04Je pense que d'abord, les agriculteurs sont les premiers à prendre soin du territoire,
02:09et les premiers à être exposés par leur santé à l'ensemble des pesticides ou des produits dont on a besoin pour assurer la production.
02:17Ce que je veux, c'est que dorénavant, les normes, les obligations qui pèsent sur les épaules des agriculteurs françaises
02:25ne soient pas plus importantes que celles qui pèsent sur les épaules de leurs concurrents européens.
02:32Pour l'agriculture extérieure à l'Europe, je veux une taxe carbone aux frontières de l'Europe,
02:37car je ne veux pas qu'on impose à nos agriculteurs des règles,
02:40mais qu'on accepte d'importer en Europe des produits qui ne répondent à aucune de ces règles lorsqu'ils sont produits en dehors de l'ordre.
02:48Sur le volet européen, une prochaine réforme de la PAC doit s'engager.
02:54Quelles orientations vous souhaitez défendre pour cette future PAC ?
03:00Vous savez, j'ai l'expérience des négociations de la PAC, je n'aurai pas besoin d'une période probatoire.
03:05J'ai négocié l'ancienne PAC, et je crois dans de bonnes conditions avec vos représentants syndicaux.
03:11Je n'accepterai pas le démantèlement de la PAC.
03:14La première priorité stratégique de l'Europe, c'est l'indépendance alimentaire et la sécurité alimentaire.
03:22Nous avons besoin d'une PAC qui, à mon avis, doit être organisée autour de deux priorités.
03:27La compétitivité dans nos entreprises agricoles, car les agriculteurs sont des entrepreneurs, ce ne sont pas des fonctionnaires.
03:37Ils ne tendent pas la main pour avoir des subventions, ils veulent être payés avec un prix.
03:41Et la deuxième chose, c'est que je souhaite qu'on continue à aider les régions à fort handicap, notamment les régions de montagne.
03:50Pour la première fois dans l'histoire de l'Europe, il n'y a pas un Français au cabinet du commissaire européen à l'agriculture.
03:59Ça en dit long sur le peu d'implication du gouvernement français pour défendre les intérêts de l'agriculture française.
04:05Est-ce qu'il faut d'ailleurs sur cette PAC renforcer la régionalisation des aides ?
04:10Je suis favorable à la régionalisation des aides.
04:13Sur le volet international, le CETA vient d'être signé par l'Europe et le Canada.
04:18Ça suscite de vives inquiétudes auprès des éleveurs de bovins viande, notamment.
04:24Même s'il y a une exception viande, comme vous le savez.
04:27Il y a une exception viande.
04:28Est-ce que sur le volet agricole, c'est un bon accord ?
04:31D'abord, je veux dire que je n'accepterai plus des négociations internationales qui seront menées par un commissaire européen,
04:38alors qu'à mon sens, elles doivent être menées par le président du Conseil européen.
04:42L'opacité de la négociation est un élément extrêmement important qui a détruit la confiance.
04:49En l'état actuel des choses, le CETA ne me gêne pas.
04:53En revanche, je ne suis pas prêt à signer le traité avec les Américains.
04:57Il est trop négatif ?
05:01Il est parfaitement disproportionné, il est parfaitement déséquilibré.
05:05Je ne sacrifierai pas l'ensemble de l'élevage français à des Américains
05:10qui, par ailleurs, n'ouvrent aucun de leur marché des services.
05:14Donc on pourrait réouvrir des négociations à condition, sur le volet agricole, de revoir les choses ?
05:20Je suis pour la concurrence, mais la concurrence loyale.
05:23Je suis fermement décidé à refuser la concurrence déloyale.
05:26Nicolas Sarkozy, merci beaucoup.

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