SMART TECH - Jumeau virtuel, le futur du soin médical ?

  • il y a 2 mois
À l’origine industrielle, la représentation numérique des objets s’applique désormais au domaine de la santé, dans la prise en charge des organes et tissus biologiques. Des jumeaux virtuels qui permettent notamment une prise en charge personnalisée du patient et une meilleure prévention des effets de l’âge ou de l’exposition à des facteurs de risque. On fait le point sur les avancées du secteur avec Stanley Durrleman, directeur de recherche à l’Inria.

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00:00Au départ, il y a une promesse, ça date de la fin d'année 2023, un consortium MediTwin
00:11qui annonce, alors il réunit déjà, je vais préciser quand même, 7 IHU, des instituts
00:15hospitaux universitaires, le CHU de Nantes, INRIA et puis des start-up aussi associés
00:21d'AssoSystem et donc ils nous promettent qu'avec des jumeaux virtuels, des jumeaux
00:26numériques, on va pouvoir améliorer la qualité des soins de santé.
00:29Bonjour Stanley Durleman, bienvenue dans Smartech, vous êtes le directeur de recherche, enfin
00:35vous êtes directeur de recherche INRIA, INRIA donc Institut National de Recherche en Sciences
00:40et Technologies du Numérique, vous êtes aussi chef d'équipe à l'Institut du Cerveau,
00:44membre de l'Institut de Recherche en IA de Paris, cofondateur de Kernel, c'est une
00:49spin-off d'INRIA qui est dédiée à l'accès à la neurologie de précision au plus grand
00:56nombre et vous avez lancé DocteurMemo.fr, première clinique digitale comme vous l'a
01:01présenté, qui est dédiée aux troubles de la mémoire.
01:04Alors je reviens sur cette promesse du consortium, créer des jumeaux numériques personnalisés,
01:09des organes, du métabolisme, de tumeurs cancéreuses, comment est-ce que ça peut nous aider à
01:16améliorer la manière dont on va être soigné ?
01:18Le concept de jumeaux numériques d'abord il faut le rappeler vient de l'industrie,
01:23on réalise des modèles trois dimensions d'une pièce comme une aile d'avion et puis
01:27on modélise les efforts qui s'exercent sur la pièce et on regarde est-ce qu'elle va
01:31tenir, est-ce qu'elle va briser et ça permet aujourd'hui de faire de la maintenance prédictive.
01:35Donc j'ai une aile d'avion, l'avion vole, j'ai des capteurs qui mesurent la pression,
01:39la température, les forces qui s'exercent et je suis capable de prédire le moment où
01:41la pièce va casser et je la change avant qu'elle casse.
01:44On peut appliquer ça à la biologie ?
01:47Exactement, l'idée c'est de faire la même chose sur la biologie, on va modéliser des
01:50tissus, des organes, on va regarder effectivement comment la personne vieillit ou se développe
01:55avec ces différents données qu'on va pouvoir capturer sur cette personne et essayer de
02:00prédire ce qui va lui arriver donc pour prévenir l'apparition éventuellement de maladies.
02:04Alors moi la question que je me posais c'est comment est-ce possible de modéliser alors
02:09que chaque être humain est tout à fait unique et donc j'imagine qu'il y a oui des grands
02:15modèles de développement de maladies mais pour arriver à une médecine plus personnalisée
02:20ça ne me semble pas compatible avec leur attachement à des grands modèles très généralistes.
02:24Alors les modèles sont effectivement personnalisables, il y a deux grands types de modèles, il y
02:28a des modèles où on va prendre toute la connaissance biologique qu'on a, par exemple sur le cœur,
02:34on connaît la mécanique du cœur, on connaît assez bien l'électrophysiologie et puis
02:37on va intégrer toutes ces équations, on va voir comment le cœur évolue et dans ce modèle
02:42il y a des paramètres.
02:43Donc je vais mesurer les paramètres que vous avez vous, les paramètres de votre cœur,
02:46votre tension artérielle, etc.
02:47Je vais personnaliser le modèle pour avoir un modèle qui est aussi proche que possible
02:51de votre cœur à vous.
02:53Mais quand il fonctionne bien alors ?
02:54Quand il fonctionne bien ou alors effectivement dans certaines conditions on va apercevoir
02:58que s'il y avait un choc qui apparaît, si vous avez un tel type de pathologie, effectivement
03:01votre cœur comment va-t-il évoluer ? Si on va faire une intervention chirurgicale,
03:05on va essayer de déterminer, on va simuler l'intervention chirurgicale sur le modèle
03:09pour voir comment le cœur se comporterait après l'opération.
03:12Et déterminer par exemple la meilleure façon d'opérer.
03:14Mais ça veut dire qu'il faut pouvoir presque nous modéliser quand on est en bonne santé
03:19finalement ?
03:20Oui.
03:21Et oui, alors ça c'est un premier défi non ?
03:22C'est un premier défi.
03:23Alors nous par exemple on ne s'intéresse pas au cœur, on s'intéresse au cerveau.
03:26Le cerveau c'est encore plus compliqué parce qu'on connaît encore moins de choses que
03:28sur le cerveau.
03:29On a la chance d'avoir beaucoup de données chez beaucoup de patients qu'on a vu à plein
03:34d'incendies dans le temps.
03:35Donc effectivement on a plein de patients qui racontent un peu finalement la façon dont
03:39leur cerveau vieillit avec ou non une maladie.
03:42Et donc nous on a construit des algorithmes d'intelligence artificielle générative
03:45qui permettent de prendre l'ensemble de ces données, les faire analyser par un ordinateur
03:48qui va permettre de restituer, de dire ben voilà en fait la maladie en premier ordre
03:52elle se découle comme ça mais en fait chez plein de patients elle se développe de manière
03:55très différente.
03:56Et donc maintenant moi j'ai un patient qui arrive, je mesure un certain nombre de données
04:00sur ce patient et je dis ben voilà j'ai ce patient là, il a un score de mémoire
04:04de temps, un score d'attention de temps, il a ses constantes biologiques qui sont comme
04:07ça et je demande à l'intelligence artificielle de me dire comment est-ce que cette personne
04:12dans 3 ans par exemple, je lui demande dans 3 ans quelle sera sa capacité de se repérer
04:15dans l'espace ou quelles seront ses capacités de mémorisation.
04:18Et en fait aujourd'hui du coup on a des modèles qui arrivent jusqu'à 3-4 ans après dire
04:23comment...
04:24Mais vous avez déjà testé et prouvé, donc vous pouvez mesurer les résultats ?
04:27Absolument.
04:28Donc on n'est plus dans la recherche là ?
04:30On est déjà dans une transition effectivement, dans un produit quasiment technologique.
04:34Et tout l'enjeu effectivement c'est comment on fait pour que ces outils là sortent du
04:37laboratoire et arrivent pour être mis entre les mains dans la vie de tous les jours.
04:42Oui, alors expliquez-nous, quels sont les défis à relever pour qu'on y arrive ?
04:46Le premier défi c'est que, donc c'est jumeau numérique on a compris, l'intérêt c'est
04:49pour prévenir ce qui va arriver et on a un système de soins qui n'est absolument pas
04:53construit pour la prévention.
04:54On a un système qui est construit autour de l'acte médical, de la prescription.
04:57Aujourd'hui on ne sait pas faire de la prévention dans le système de soins et donc on a créé
05:02avec mon associé il y a deux ans, docteurmemot.fr, justement pour les maladies liées à la mémoire,
05:09arriver à mettre en place des parcours de soins très tôt, dès les premiers signes
05:13et de façon à pouvoir débuter des stratégies de prévention vraiment dès les premières
05:18plaintes de mémoire.
05:19C'est pour ça qu'éveiller la conscience en fait de la personne et des familles sur
05:23les problèmes de mémoire au stade les plus précoces en fait améliore déjà la qualité
05:27de vie et de bonne santé et offre des perspectives effectivement en mettant en place des mesures
05:31de prévention médicamenteuses ou non.
05:32Et alors moi j'ai lu prédire traiter Alzheimer, ça c'est possible, c'est atteignable ?
05:36Alors traiter Alzheimer, non, guérir, aujourd'hui dans l'état actuel des connaissances il n'y
05:42a aucun espoir de guérir la maladie d'Alzheimer.
05:44Par contre avant-hier la FDA a autorisé la mise sur le marché d'un médicament contre
05:49Alzheimer qui s'il est prescrit suffisamment tôt donne l'espoir effectivement de pouvoir
05:54faire reculer l'apparition des symptômes, de pouvoir freiner la progression de la maladie.
05:59Donc on est bien dans un cadre de prévention.
06:01Et ça on va pouvoir en plus le mesurer grâce aux jumeaux ?
06:03Et on pourra effectivement le mesurer et voir que la question auquel aujourd'hui personne
06:07ne sait répondre c'est aujourd'hui ces médicaments, si je les prescris à une personne quel est
06:12le bénéfice à m'attendre et quel est le risque associé ?
06:14Merci beaucoup Stanley Durlman, vous êtes directeur de recherche INRIA je le rappelle
06:19et merci pour vos travaux et vos explications.
06:21Merci à vous.
06:22A suivre c'est notre rendez-vous Game Business.

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