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00:00On va se tourner notamment vers nos amis belges, vous parliez des allemands, il y a aussi les belges qui sont très habitués à ce genre de configuration.
00:07Bonjour Bernard Demonti, vous êtes journaliste au journal belge le soir et vous nous proposez dans un billet de nous accompagner, nous français, et non sans humour dans le monde.
00:18Dites-vous en chanteur des régimes de coalition, alors quelques règles, restons zen, vous nous dites trouver un château aussi pour faire genre, dramatiser l'enjeu, vaut mieux en rire.
00:28Oui c'est un peu l'objet de ce billet parce qu'on sentait bien effectivement l'attention qui a vécu actuellement en France et surtout le grand point d'interrogation,
00:38donc c'est une façon humoristique d'amener les choses mais quand même peut-être derrière le clin d'œil il y a quelques recettes disons qu'on a pu appliquer en Belgique
00:48puisqu'on est dans un régime proportionnel depuis de très nombreuses années et on a pu effectivement développer une série de techniques qui sont parfois même maintenant constitutionnelles
01:00qui permettent de former des majorités et d'assurer pendant ce temps la stabilité du pays et c'est ce qui manque je pense actuellement à la France,
01:08en tout cas peut-être dans sa constitution peut-être mais en tout cas dans le rapport de force politique actuel.
01:13Alors quelle est la recette magique ?
01:16Je pense que la première recette c'est justement de peut-être travailler sur une logique de compromis et c'est dans un régime majoritaire,
01:24c'est peut-être beaucoup moins évident mais c'est à prendre donc dans un premier temps et en campagne électorale en particulier il y a toujours des exclusives,
01:32je ne veux pas aller avec lui, pas question c'est lui ou un, c'est tout mon programme, rien que mon programme pour prendre un exemple tout à fait au hasard
01:40mais après ces postures définitives il faut se mettre dans une logique de compromis, c'est-à-dire pouvoir lâcher des éléments de son programme en gardant ses fondamentaux
01:50pour ne pas trahir son électeur mais pouvoir aller chercher chez les autres peut-être des mesures avec lesquelles on peut parfois un peu à contre-coeur se montrer d'accord.
01:59Donc c'est vraiment cette, j'allais dire, cette philosophie du compromis qui peut être extrêmement importante.
02:06Une recette aussi qui est assez fondamentale en Belgique et je ne sais pas si elle est transposable en France mais chez nous c'est très important,
02:14c'est à un moment donné d'avoir des personnes un peu au-dessus de la mêlée.
02:18Alors j'entends votre invité tout récemment dire qu'Emmanuel Macron n'a plus cette posture-là mais c'est très important dans le fonctionnement qu'on vit en Belgique,
02:26c'est que très souvent la première personne qui entre en scène c'est une personnalité politique expérimentée, un sage ou une sage, un président ou une présidente d'assemblée
02:36qui est là justement pour calmer les exclusives et pour aller vers une logique de compromis.
02:41Donc souvent cette intervention d'un tiers dans le processus, un tiers respecté et accepté par tous, un tiers hommes ou femmes bien entendu,
02:49permet de mettre de l'huile dans les rouages et parfois de constituer une première étape vers une vraie négociation.
02:55Et ça donne quoi une fois au pouvoir Bernard de Monty ? Est-ce que des réformes sont possibles ?
03:00Ça dépend un peu du nombre de partis dans la coalition d'abord. On vient de vivre en Belgique une coalition avec sept partis, c'est absolument énorme
03:11et vous voyez que la France ne doit pas encore trop dramatiser quand on voit ce à quoi on a été confronté en Belgique.
03:16Honnêtement les quelques dernières années en Belgique on a pris très peu de réformes parce qu'il y avait trop de partis.
03:22Donc idéalement, c'est vrai, il faut moins de partis et quand même, et ce n'est pas le cas en France pour l'instant, je l'ai bien compris,
03:28une coalition philosophiquement, politiquement homogène. C'est à ce moment-là qu'on peut avancer.
03:34Mais ce n'est pas pour ça qu'il est impossible d'avancer quand on ne l'a pas et je reviens à ma culture du compromis.
03:39Lâcher des éléments plutôt marqués à droite contre des éléments plus sociaux, c'est quelque chose qu'on fait très souvent en Belgique
03:47depuis de très nombreuses années. Une rigueur budgétaire contre une augmentation du salaire minimum, quand même,
03:53c'est des choses qui peuvent tout à fait fonctionner mais il faut vraiment ne pas vouloir appliquer tout son programme,
03:58rien que son programme et ne pas mettre d'exclusif sinon ça ne fonctionne jamais.
04:01Vous nous rappelez aussi dans votre billet que vous avez un atout en Belgique, le roi qui se pose en arbitre.
04:07Nous on a Macron, ce n'est pas pareil.
04:09Non, je ne suis pas en train d'appeler au retour de la monarchie en France.
04:13J'ai bien compris que ce n'était pas vraiment dans les ambitions.
04:17Mais c'est vrai que chez nous en Belgique, ça fonctionne assez bien.
04:21C'est d'ailleurs un des derniers pouvoirs constitutionnels du roi.
04:24C'est lui qui nomme la personne qui va tenter de trouver la coalition.
04:30En fonction du rapport de force et après avoir entendu tous les partis,
04:36il choisit généralement une personnalité soit dans un parti, soit comme je le disais tout à l'heure,
04:40un sage ou une personne expérimentée qu'il va faire entrer en scène.
04:44Et si cette personne échoue, alors le roi reprend le pouvoir, reprend le contrôle et nomme quelqu'un d'autre.
04:50Toujours avec une volonté d'apaisement.
04:52C'est un peu le seul pouvoir qu'on a gardé à la monarchie.
04:57Mais même les nationalistes, pour vous dire en Belgique, qui ne veulent plus de la monarchie,
05:00acceptent ce rôle pour former les gouvernements.
05:03Pendant que vous parlez Bernard de Monty, on voit ici les députés socialistes,
05:07Olivier Faure, François Hollande, qui prennent la pause devant l'Assemblée nationale.
05:13Olivier Faure, le patron du PS, qui se dit à l'instant prêt à assumer cette fonction.
05:19Tout va dépendre des équilibres politiques.
05:22Une dernière question, peut-être Bernard de Monty.
05:25Est-ce que les Belges s'attendaient à ce que la France devienne ingouvernable ?
05:29On verra si on est vraiment ingouvernable ou pas, ou si on arrive à cette culture du compromis.
05:35Et est-ce que plus globalement, on craint à Bruxelles que la France perde son rôle moteur dans l'Union européenne ?
05:40Pour répondre à votre première question, oui, c'est une énorme surprise.
05:46Parce qu'en plus, beaucoup d'hommes et de femmes politiques en Belgique trouvaient la France exemplaire.
05:51Parce que nous, avec nos régimes de coalition, parfois ça lasse énormément de gens.
05:54Et très souvent on disait, mais si seulement on avait un régime à la française,
05:57un régime majoritaire, avec une majorité claire, qui est vite formée et qui réforme.
06:02Et donc les Belges ont été particulièrement surpris, comme d'autres pays,
06:05de voir la France dans une situation un peu comparable à la nôtre.
06:10Effectivement, en découle aussi cette vraie inquiétude,
06:12parce qu'on sait que le moteur franco-allemand au niveau européen reste majeur
06:18et parfois peut entraîner la Belgique et d'autres pays dans son sillage créatif.
06:23Et donc ici, effectivement, il y a également cette crainte sous-jacente de voir ce pôle s'affaiblir,
06:29ce qui peut aussi être très négatif pour un pays comme la Belgique,
06:32qui accueille en son sein les institutions européennes et qui reste extrêmement europhile.
06:36Et d'un mot, vous avez un conseil à donner aux journalistes français ? L'été va être long !
06:41Mais évidemment que tout propos radical ou exagération de propos radical
06:46ne contribuera certainement pas à l'apaisement.
06:50Et je le disais, une personnalité ou l'autre plus apaisante et moins clivante,
06:54en tout cas dans un premier temps, pour rapprocher les points de vue,
06:58je pense que c'est peut-être une idée à creuser,
07:00pour autant qu'elle soit transposable à la France dans son système institutionnel.
07:03Merci infiniment Bernard Demontier. On vous lit dans le journal Belge le soir.