France : G. Attal élu président du groupe Renaissance, les tractations se poursuivent à gauche

  • il y a 2 mois

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00:00Virginie Legay, vous êtes éditorialiste à France Info TV et spécialiste de la politique française.
00:05Le chef de l'État, Emmanuel Macron, il n'a toujours pas pris acte de l'échec électoral de son camp.
00:11Il appelle les partis à une coalition majoritaire.
00:14Quelle peut être l'issue dans les mois à venir de cette crise politique ?
00:19Est-ce que Emmanuel Macron sera finalement contraint d'accepter un ministre,
00:27un premier ministre qui serait proposé par la coalition de gauche ?
00:30Cette hypothèse n'est pas exclue.
00:32Même si le Nouveau Front Populaire peine à lui proposer un nom,
00:36ça fait huit jours qu'il produit du vide et qu'il joue contre lui-même.
00:39Il finira bien par en arriver à une conclusion, du moins on l'espère.
00:44Et à ce moment-là, que fera Emmanuel Macron ?
00:46Est-ce qu'il refusera le nom qui lui est proposé ?
00:48Et s'il le refuse et qu'on lui propose un deuxième nom, est-ce qu'il refusera le deuxième nom ?
00:53Je ne vois pas comment, dans l'état actuel des choses,
00:56surtout depuis que son appel à cette grande coalition
01:00qui irait de la gauche à la droite en excluant les extrêmes,
01:04n'a pas reçu, on ne peut pas dire, un grand succès.
01:07Je ne vois pas comment, dans l'état actuel des choses,
01:09il pourrait faire l'économie de cette première étape,
01:13c'est-à-dire accorder au groupe arrivé en tête
01:16le droit de lui proposer un premier ministre
01:18à charge pour lui de le nommer ou de ne pas le nommer.
01:20Le camp macronien, lui, c'est une coalition avec le Modem et Horizon.
01:23Et Gabriel Attal, on l'a vu, qui s'est lui-même autonomisé.
01:26Est-ce qu'il y a un risque, d'après vous, d'implosion de la Macronie ?
01:30Écoutez, on verra. Ce qui est vrai, c'est que les députés macronistes
01:34ont mis du temps à s'inscrire à leur groupe.
01:36Alors, ils sont 98 inscrits, 88 ont voté pour Gabriel Attal.
01:40Il faut reconnaître qu'un lien fort s'est tissé entre Gabriel Attal et les députés
01:44à l'occasion de ces législatives anticipées.
01:46Gabriel Attal a été sur tous les fronts.
01:48Il a fait campagne dos au mur, j'allais dire vent de face.
01:51Et les députés, lui, sont très grés de sa présence sur le terrain,
01:55de ses déclarations constantes, de la ligne très claire
01:58qu'il a imposée aux aspirants candidats.
02:02Et ils estiment aujourd'hui que s'ils arrivent à ce nombre,
02:05tout à fait inespéré, quand on se souvient du début de la campagne,
02:09c'est en grande partie grâce à lui.
02:11Un député, hier, me confiait qu'il y avait au moins 50 sièges de députés
02:14qui avaient été sauvés grâce à Gabriel Attal.
02:17Ce qui explique tout à fait qu'il l'ait choisi comme président de groupe.
02:21Donc il s'est émancipé de la tutelle du chef de l'Etat
02:24et en même temps il a montré son sens des responsabilités, en quelque sorte.
02:28Pour les électeurs qui ont voté pour le RN et la France insoumise,
02:32il y a quand même des questions sociales qui sont incontournables.
02:35Le pouvoir d'achat, la retraite, la question des services publics,
02:40notamment la santé.
02:42Bien sûr, il est tout à fait paradoxal de voir que nous nous retrouvons
02:46dans une situation où c'est probablement soit une coalition
02:50dont le centre de gravité serait le nouveau Front populaire,
02:53soit une coalition beaucoup plus large
02:55qui aura à répondre aux attentes de presque 11 millions d'électeurs
02:59qui ont voté pour le RN au premier tour.
03:01Puisque aucune de ces coalitions, à ce jour,
03:04ne veut inclure des représentants du RN.
03:07Quant à la France insoumise, elle fait l'objet d'un ostracisme très clair.
03:11Beaucoup de parlementaires et de responsables de la majorité
03:14jugeant que les prises de position des députés de la France insoumise
03:17sont inacceptables depuis quelques mois,
03:19et notamment depuis le mois d'octobre,
03:22et refusant absolument que la France insoumise fasse partie d'une coalition.
03:27Ce qui, d'ailleurs, n'est pas sans poser problème au nouveau Front populaire,
03:30qui, on le voit bien, n'arrive pas à proposer un candidat
03:33qui fasse l'unanimité des cas de formation qu'il a composés.
03:35Mais s'il n'y a pas de réponse à ces questions sociales dont on parlait,
03:38est-ce que la colère ne va pas s'accroître d'ici 2027 ?
03:41C'est ce que Marine Le Pen a appelé une victoire différée.
03:43Elle a dit qu'on n'a pas gagné, mais qu'on gagnera en 2027.
03:48Autrement dit, ce qui fait les ferments de notre succès
03:53et les raisons qui ont poussé, je le rappelle,
03:56presque 11 millions d'électeurs à voter au premier tour pour le RN,
03:59va continuer à produire des électeurs,
04:02et à produire de la colère et à produire de ressentiment.
04:05Donc, Marine Le Pen, plutôt que de dire qu'on a perdu,
04:07parce qu'ils sont arrivés en troisième position,
04:09préfère dire à ses troupes
04:11« Attendez, notre moment n'est pas encore venu,
04:13notre moment sera 2027, si tant est que la présidentielle
04:16se tienne en 2027 et non pas avant. »
04:19On en reparlera.
04:20Pour l'hypothèse d'une coalition plus large,
04:23on voit mal le Parti socialiste, par exemple,
04:25s'allier avec les ex-LR dites « droites républicaines » aujourd'hui.
04:29Ils ne sont pas d'accord sur la réforme des retraites,
04:31ils ne sont pas d'accord sur l'augmentation du SMIC,
04:34et Marine Le Pen pourra à nouveau dénoncer le retour de l'UMPS.
04:37Oui, le système.
04:38On voit mal cette coalition, voir le jour,
04:41j'allais dire dans les jours qui viennent,
04:43on voit que chacun, depuis les résultats du second tour,
04:45sont arqueboutés sur des postures, des arrières-pensées,
04:48notamment la présidentielle,
04:50et le refus de travailler ensemble.
04:52Donc, je pense, moi, qu'il va d'abord falloir
04:55qu'Emmanuel Macron se résolve à regarder les choses en face.
04:58La coalition de gauche au Nouveau Front Populaire
05:00va lui proposer un non.
05:02Ça tarde, ça vient pas, c'est très tendu
05:04entre le Parti socialiste et la France Insoumise,
05:06mais ça finira par se faire.
05:08Et là, est-ce qu'il pourra directement enjamber cette étape
05:11et proposer une coalition qui, pour l'instant,
05:13ne voit le jour d'aucun côté,
05:15chacun étant très peu disposé à travailler
05:17avec les uns et les autres,
05:19certains disant nous c'est sans la France Insoumise,
05:21d'autres disent c'est sans les écolos.
05:23Donc, la première étape restera quand même,
05:25malgré tout, de respecter l'ordre d'arrivée
05:27issu du scrutin.
05:29La deuxième étape, peut-être que là, les députés,
05:31parce que le centre de gravité va être à l'Assemblée Nationale,
05:34peut-être que les députés se diront, bon, là,
05:36il faut qu'on atterrisse, nous aussi,
05:38et il faut qu'on se rende compte qu'on ne trouvera pas de solution
05:40si on n'arrive pas à travailler ensemble.
05:42Et on voit bien déjà qu'il y a un décalage
05:44entre ce que disent les présidents de partis
05:46et ce que disent les députés eux-mêmes,
05:48qui, malgré tout et quoi qu'on en dise,
05:50ont l'habitude de travailler ensemble
05:52dans les commissions et à l'Assemblée Nationale.
05:54Je rappelle que depuis 2022 jusqu'à 2024,
05:56c'est-à-dire qu'il y avait déjà une majorité relative,
05:58il y a malgré tout 66 textes législatifs
06:00qui ont été adoptés.
06:02Des majorités et donc des coalitions
06:04qui ne disaient pas son nom à l'époque.
06:06À gauche, le nom d'Huguette Bellot,
06:08une femme à la tête d'une région
06:10et pas n'importe laquelle, qui plus est, la Réunion.
06:12Elle pourrait faire consensus ?
06:14Alors, Huguette Bellot
06:16a sur le papier beaucoup de qualités.
06:18Elle a une très grande expérience parlementaire.
06:20Elle a été députée 23 ans.
06:22Elle est extrêmement charismatique.
06:24C'est une très bonne oratrice.
06:26Elle a pour elle, et on voit bien que d'ailleurs,
06:28jusqu'à maintenant, le Parti Socialiste
06:30ne l'adoube pas.
06:32Elle a pour elle d'être très proche de Jean-Luc Mélenchon.
06:34Elle était sur sa liste aux Européennes.
06:36Et d'une certaine façon,
06:38on entend dans les rangs du Parti Socialiste
06:40dire que c'est un cheval de Troie.
06:42Jean-Luc Mélenchon a compris
06:44qu'il ne pouvait pas briguer Matignon
06:46ni lui ni ses proches, que c'était une ligne rouge.
06:48Et donc il envoie une de ses proches
06:50et il espère qu'on n'y verra
06:52que du feu.
06:54Mais Huguette Bellot, pour l'instant,
06:56ne fait pas l'unanimité.
06:58C'est peut-être un leurre, d'ailleurs.
07:00Les socialistes s'en tiennent à leur candidat, Olivier Faure.
07:02Et pour l'instant, personne n'en démord.
07:04Alors le Conseil National du Parti Socialiste,
07:06qui sonnait ce matin, a certainement évoqué toutes ces questions-là.
07:08Et on verra si ça a permis
07:10d'activer un peu les négociations
07:12qui, pour l'instant, sont très longues
07:14entre les différentes formations du Nouveau Front Populaire.
07:16Mais du coup, ça augure mal de la solidité
07:18de leur unité au Nouveau Front Populaire.
07:20Alors le Nouveau Front Populaire,
07:22quand on interroge les députés des différents groupes
07:24sur cette question, dit
07:26qu'on doit repartir en élection dans un an.
07:28S'il y a une nouvelle dissolution dans un an,
07:30on repartira sous cette même bannière.
07:32On ne va pas se disputer maintenant. On ne va pas se déchirer maintenant.
07:34Les électeurs nous demandaient d'être unis.
07:36On a été unis. C'est ce qui a fait, d'une certaine façon, notre succès.
07:38Je vous rappelle que le Parti Socialiste
07:40a quasiment doublé ses effectifs.
07:42Les écologistes ont gonflé leurs effectifs, eux aussi.
07:44La France Insoumise, on verra,
07:46finalement, lorsque les groupes
07:48se seront réellement constitués,
07:50combien ils en ont.
07:52Et s'ils sont devant le Parti Socialiste.
07:54Ils ont été unis.
07:56Mais, dans le fond, ça a plutôt profité, à la gauche,
07:58d'être unis.
08:00Donc, ils n'ont pas du tout l'intention de renoncer à ça, dans l'immédiat.
08:02Pour en revenir à 2027, Virginie Le Guay,
08:04si le pays devient ingouvernable,
08:06que pourra faire le Président ?
08:08Il pourra
08:10refuser un premier ministre
08:12que lui proposerait le nouveau Front de Gauche,
08:14refuser un deuxième,
08:16il ne pourra pas refuser un troisième.
08:18Et, après, si une coalition n'arrive pas
08:20à se faire de façon large,
08:22une coalition, elle-même, issue des motions de censure,
08:24parce que, je le redis, il peut y avoir des coalitions
08:26qui se fassent, et il y en aura.
08:28Mais, si ces coalitions n'arrivent pas
08:30à obtenir la confiance des parlements
08:32et ont des motions de censure,
08:34ça s'écroulera automatiquement.
08:36Donc, ça va être toute la difficulté, pour chacune des trois
08:38formations de l'Assemblée nationale,
08:40de voir comment elles arriveraient
08:42à étendre le plus possible
08:44la coalition officielle,
08:46ou, en tout cas, leur soutien au sein de l'Assemblée nationale,
08:48s'ils veulent faire passer des textes.
08:50Rien ne passera jamais, et les gouvernements
08:52seront indéfiniment renversés.
08:54Et est-ce que, finalement, pour obtenir des coalitions en France,
08:56il ne faudrait pas changer le mode de scrutin,
08:58comme le réclame depuis très longtemps, par exemple,
09:00François Bayrou ?
09:02Vous voulez dire instaurer une dose de proportionnelle ?
09:04Écoutez, quand on regarde les résultats
09:06de ces élections législatives anticipées,
09:08d'une certaine façon, les Français,
09:10avec le scrutin uninominal à deux tours,
09:12ont imposé une forme de proportionnel.
09:14On n'a jamais vu une Assemblée divisée en trois morceaux.
09:16C'est le cas aujourd'hui.
09:18On ne peut pas, j'allais dire, ne pas mettre
09:20tous leurs oeufs dans le même panier
09:22et distribuer à tout le monde un peu des cartes.
09:24Et à charge, pour tous ceux qui ont les cartes,
09:26d'arriver à savoir s'ils vont arriver à jouer ensemble.
09:28Dernière question.
09:30Est-ce que, plus fondamentalement,
09:32la Ve République, qui est un régime hybride,
09:34ni présidentiel totalement,
09:36ni totalement parlementaire,
09:38est-ce qu'elle n'est pas à bout de souffle,
09:40comme le dit, par exemple,
09:42le maire de Marseille, Benoît Payan ?
09:44Jusqu'à présent, la Ve République
09:46fait, je trouve, preuve de beaucoup de résistance.
09:48Souvenez-vous, lors de la première cohabitation,
09:50tout le monde disait que ça allait être
09:52impossible, infernal, et que
09:54les institutions ne s'en remettraient pas.
09:56Ça s'est non seulement très bien passé,
09:58mais les Français l'ont plébiscité.
10:00Et quand il y a eu d'autres cohabitations,
10:02parce qu'il y en a eu trois jusqu'à celle-ci,
10:04les Français trouvaient ça formidable d'avoir un président
10:06d'une couleur et une Assemblée d'une autre.
10:08Depuis, c'est inversé. L'élection législative
10:10est après l'élection présidentielle.
10:12Il y a eu une inversion du quinquennat.
10:14Ce que je note, c'est que ceux qui réclament
10:16une sixième République, notamment la France insoumise,
10:18aujourd'hui s'accrochent à cette cinquième République.
10:20Ils essayent d'en tirer
10:22tous les avantages et
10:24le sucre de son
10:26installation. Je ne suis pas sûre
10:28qu'on se dirige vers une sixième République pour l'instant.
10:30Ou une autre, en tout cas.
10:32Merci beaucoup, Virginie Legay, d'avoir été avec nous.

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