Richard Virenque, figure légendaire du cyclisme, est souvent décrit comme ayant "le vélo dans la peau", une expression qui capture parfaitement sa passion profonde et son dévouement à vie pour ce sport. Virenque, aujourd'hui âgé de 54 ans, a eu une carrière remarquable dans le cyclisme professionnel, notamment en remportant le classement du meilleur grimpeur du Tour de France à sept reprises, un record. Cette réussite a consolidé sa réputation comme l'un des plus grands grimpeurs de l'histoire du Tour. Sa carrière n'a cependant pas été exempte de controverses. Virenque a été impliqué dans la célèbre affaire Festina, un scandale de dopage majeur qui a secoué le monde du cyclisme en 1998. Malgré ses dénégations initiales, il a fini par avouer s'être dopé après deux ans à maintenir son innocence. Malgré ces controverses, l'amour de Virenque pour le cyclisme n'a jamais faibli. Même après sa retraite du cyclisme professionnel, il est resté étroitement lié à ce sport. Il est devenu commentateur et analyste cycliste, partageant son expertise et sa passion avec de nouvelles générations d'amateurs de cyclisme. Le lien durable de Virenque avec le cyclisme est évident dans son implication continue avec le Tour de France. Il fournit souvent des analyses et des commentaires sur la course, s'appuyant sur sa vaste expérience d'ancien champion. Sa connaissance intime du sport et de ses défis fait de lui une voix précieuse dans la communauté cycliste. L'expression "le vélo dans la peau" résume vraiment la relation de toute une vie de Virenque avec le cyclisme. Malgré les hauts et les bas de sa carrière, son amour pour ce sport est resté constant, façonnant son identité aussi bien pendant qu'après ses jours de course professionnelle.
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00:00Le tour de France est parti aujourd'hui et notre invité y a brillé à de nombreuses reprises.
00:11Il a terminé 7 fois meilleur grimpeur du tour. C'est un record.
00:15Richard Virenque est avec nous. Bonsoir Richard.
00:19Bonsoir, bonsoir à tous.
00:20Comment ça va ?
00:21Très bien, en pleine forme. Content d'être ici avec vous.
00:26On va vivre un beau mois de juillet. On vient de vivre aussi un exploit d'un coureur français dans le tour de France.
00:33On va étire son premier maillot jaune à 33 ans, Romain Bardet.
00:37On démarre un bon mois de sport avec les Jeux Olympiques en France.
00:43Je souhaite beaucoup de médailles pour les Français. Tout va bien pour moi.
00:48Vous parlez de médailles, Richard. Vous avez une actualité récente puisque vous avez été porteur de la flamme olympique
00:54dans le Var entre hier et Toulon le 10 mai dernier. Comment vous avez vécu ce moment ?
00:59C'est un moment particulier. On sent qu'on fait quelque chose de très particulier.
01:07J'ai eu la chance de faire quand même les Jeux Olympiques à trois reprises.
01:11Athènes, Atlanta et Sydney. J'ai fait trois Olympiades.
01:16Une carrière de sportif d'une quinzaine d'années.
01:19J'ai porté les couleurs bleu, blanc, rouge. J'ai été au pied d'un podium quatrième dans les Jeux Olympiques.
01:27Porter la flamme après ma carrière comme ça, quasiment 20 ans après, m'a fait ressortir de l'émotion.
01:37C'est très court. C'est très bref.
01:41On sent qu'au niveau organisation, chapeau, c'est militaire. C'est bien driver.
01:49J'ai vécu un bon moment. Je remercie le comité olympique de m'avoir donné cet honneur d'avoir porté la flamme pour quelques minutes comme ça.
02:00C'était en plus dans le Var. C'était génial.
02:03Vous parlez du Var. Justement, on va revenir un petit peu sur votre vie, Richard.
02:07Vous êtes né au Maroc, à Casablanca en 1969. Quels souvenirs vous gardez de cette époque, si lointaine soit-elle ?
02:14J'ai des souvenirs d'école, de chaleur, des quartiers.
02:20On habitait dans un quartier français qui s'appelait Inseba.
02:24Malheureusement, à l'âge de 10 ans, 12 ans, les Français n'étaient pas trop les bienvenus au Maroc.
02:33On a dû partir vite fait. On a tout laissé au Maroc, comme beaucoup de Français.
02:38J'ai atterri dans le Var parce que j'avais de la famille dans le Var et j'avais de la famille en Bretagne.
02:43Comme j'avais laissé mon vélo à Casablanca, mon père m'avait promis de m'acheter un vélo de course.
02:50Parce qu'on est rentrés avec la voiture, avec quelques affaires, mais les affaires qui étaient les plus importantes.
02:55Et quand je suis arrivé dans le Var, j'ai pu enfourcher mon vélo de course parce qu'on m'a acheté un vélo de course.
03:01Et là, j'ai eu une révélation et je me suis mis au vélo avec l'école de cyclisme à 12 ans.
03:07J'ai commencé à 12 ans.
03:09A Hyères, c'est ça ?
03:10Oui, c'est ça, au vélo sport Hierrois.
03:12Après, j'ai grandi à Montdelieu. J'ai été dans des clubs, on va dire dans les Alpes-Maritimes parce qu'ils étaient plus structurés pour courir.
03:20Et après, je me suis envolé. J'ai réussi à aller au bâton de Joinville, faire une sélection au bâton de Joinville et représenter l'armée française.
03:28À l'époque, il y avait l'armée. Ça n'existe plus.
03:31Et j'ai représenté l'équipe de France militaire.
03:33Et partant de là, j'ai réussi à passer encore un élan, passer professionnel tout jeune à 20 ans.
03:39Et après, l'histoire, vous la connaissez.
03:43Mais ça démarre du Maroc, si on peut revenir un peu en arrière.
03:47Et ce qui reste du Maroc, c'est que j'adore la chaleur.
03:50J'adore les choses un peu rudes.
03:53Et c'est peut-être là-bas que j'ai forgé peut-être cette énergie.
04:03En 1987, vous signez une victoire marquante sur le tour de la région PACA Junior.
04:10Si vous voulez, j'étais en Junior et j'avais la chance d'avoir la main mise sur l'adversité.
04:21Mais j'ai attaqué un peu comme j'ai attaqué dans le Tour de France 20 ans après.
04:26C'est-à-dire que j'ai attaqué quasiment au départ dans une étape en Junior qui faisait 120-130 kilomètres avec plusieurs cols.
04:33Le col Bayard et tout ça, des cols connus.
04:36Et je faisais tout tout seul, comme ça, en chevauchée fantastique.
04:40Il n'y avait pas de dopage, il n'y avait rien.
04:43C'était Viran qui naissait.
04:45Et voilà, donc j'ai pu m'éclore en tout cas dans le Var.
04:49Avant moi, c'était Lucien Emard qui avait gagné le Tour de France,
04:52qui était la référence en tout cas dans le cyclisme varroin.
04:55Parce que quand vous allez dans le Var pour faire du vélo, on fait du rugby dans le Var.
05:00On fait de la voile, mais on ne fait pas de vélo dans le Var.
05:03Entre guillemets, j'étais un peu le garçon un peu has-been qui se mettait à faire du vélo.
05:07Tous mes copains, tous les week-ends partaient faire autre chose que faire du vélo.
05:11Donc je m'étais mis dans une case un peu particulière.
05:14Mais oui, j'ai gagné cette étape de la région PACA.
05:18En tout cas, c'était le Tour des Régions, je crois.
05:21Et même j'ai gagné la course à étapes parce qu'il y avait plusieurs étapes.
05:24On va dire que c'était un début qui me laissait un peu rêveur d'essayer d'arriver à quelque chose dans le cyclisme.
05:34Vous passez professionnel en 1991 dans l'équipe RMO, il me semble.
05:39Quelle ambition vous aviez à cette époque-là, quand vous commencez professionnel ?
05:43J'avais faim. J'avais faim de réussite.
05:47J'étais tellement content de passer professionnel et de vivre de mon métier.
05:53Parce que c'était ça, du jour au lendemain.
05:56L'année d'avant, j'étais à la SPTT Paris, donc j'avais un contrat de postier.
06:00Donc j'avais eu la chance que j'avais une dame qui s'occupait de mon contrat,
06:05qui ne me faisait pas trop travailler pour que je puisse m'entraîner.
06:08Donc j'étais payé au SMIG.
06:11Mais bon, c'était difficile. La vie de famille était difficile parce que ça coûtait cher le vélo.
06:17Et de suite, quand je suis passé professionnel, les salaires étaient plus conséquents.
06:22Mais j'avais faim, soif de victoire. Je ne connaissais pas le Tour de France, en tout cas.
06:28Et je me rappelle, grâce à une personne de mon village,
06:32j'ai pu rencontrer Marc Braillon, qui était le sponsor de l'équipe RMO,
06:38et qui m'a donné la chance de passer professionnel.
06:40Il a vu en moi quelque chose qui était un peu à part des autres.
06:44Et je suis passé professionnel dans son équipe.
06:46Et les RMO, en même temps, le cycliste, c'était la boxe avec Thieuzo.
06:50Et voilà. Donc j'ai démarré comme ça.
06:54Et j'avais envie, en tout cas, de casser la baraque.
06:58Ce n'était pas facile de s'imposer dans cette équipe parce que les anciens laissent peu de place.
07:01Exactement. Dans mon équipe, vous imaginez, à l'époque,
07:05je tombe avec des coureurs comme Marc Maggio, Yvon Maggio.
07:09C'était des légendes du vélo. Charlie Mottet, Eric Caritou, Thierry Claveyrolat.
07:14C'était des stars du vélo. Moi, j'arrivais là.
07:17Et à l'époque, dans le vélo, c'est-à-dire les jeunes n'avaient pas le droit à la parole.
07:21C'est-à-dire quand on arrivait à table le soir, on ne devait pas parler.
07:24C'est-à-dire que presque on devait leur porter la valise.
07:27Il y avait une hiérarchie un peu.
07:29T'es jeune, tu apprends, tu portes les sacs, tu nettoies les chaussures.
07:33Vous voyez ce que je veux dire ? C'était un peu à l'ancienne.
07:35Et moi, dans ce cyclisme-là, j'ai quand même bousculé un peu les codes
07:38parce que juste à l'entraînement, je n'avais pas le droit d'attaquer
07:41ou de faire des sprints contre Claveyrolat qui était dans mon équipe.
07:44Mais moi, j'avais envie de m'échapper.
07:46Donc, il me dit non, non, tu restes derrière. Je reste derrière, moi, j'attaque.
07:49Et donc, souvent, je me faisais un peu remonter et crier dessus
07:53parce que je ne respectais pas trop les codes.
07:55Mais bon, c'est comme ça que j'ai pu me sortir un peu de tout ça.
08:00Vous participez à votre premier Tour de France en 1992.
08:03Ce n'était pas prévu.
08:05Exactement. Je remplace un coureur malade.
08:08En 1992, j'étais encore néo-professionnel.
08:11Donc, je n'avais jamais participé au Tour.
08:13Pour moi, on m'annonça une semaine avant le départ du Tour.
08:16On me dit, Richard, Jacques Michaud, le directeur sportif de l'équipe, m'appelle.
08:22Il me dit, Richard, tu dois faire le Tour.
08:24Marc Brayon veut que tu ailles au Tour de France.
08:26Je dis, mais écoute, pour moi, ça va être trop dur. Je ne vais pas pouvoir le finir.
08:29Et comme je suis allé au départ du Tour,
08:31donc c'était à San Sébastien, le départ du Tour en Espagne,
08:34je me suis dit, bon, comme je ne vais pas finir le Tour,
08:37comme je sais que je vais abandonner, je vais tout lâcher d'entrée de jeu.
08:40Et vous avez porté le maillot jaune.
08:41Et donc, comme un peu Romain Bardet, la deuxième étape,
08:45on part de San Sébastien, on arrive à Pau.
08:47250 km d'échappée.
08:49Je crois qu'il y avait 7 ou 8 cols au menu, dont le col de Marie Blanc.
08:53Et là, je fais un show.
08:55Un show à l'aviron, qu'on va dire.
08:57Et donc, je prends le maillot jaune, le maillot à poil, le maillot vert.
09:00Et là, je suis...
09:03Grâce à cette entrée dans le Tour, je découvre le Tour,
09:07donc la magie du Tour.
09:08Et là, je suis devenu plus important que le maire de mon village.
09:11Vous voyez, c'est pour vous montrer le cursus.
09:13Le jour au demain, moi, c'était le maire de mon village
09:15qui était le plus important à la Londe des Morts.
09:17Mais grâce à cette étape, d'un coup, je suis une renommée dans le sport.
09:21Voilà, donc...
09:23Voilà, en tout cas, le sport de haut niveau, le cyclisme,
09:27grâce à cette étape, les premières étapes dans le Tour de France,
09:30j'ai pris le maillot jaune, oui.
09:32L'année suivante, vous signez à Festina.
09:34Votre carrière décolle à ce moment-là.
09:36Oui, exactement.
09:37Donc, l'équipe RMO fait faillite, malheureusement.
09:39Donc, on se retrouve au chômage à la fin de 92.
09:44Et donc là, il faut retrouver une structure.
09:46Et il y a une structure qui est en train de se monter
09:48avec plusieurs Français et des grosses têtes.
09:52Et je me retrouve dans l'équipe Festina avec 45 coureurs,
09:56donc avec Sean Kelly dans l'équipe,
09:58mais que des renoms, c'était l'usine.
10:01Donc, c'est comme si vous jouiez au foot et d'un coup,
10:04vous vous retrouvez au Real de Madrid.
10:06Et c'était une super formation.
10:08Et donc là, dans cette équipe Festina,
10:11j'ai su me sublimer parmi les grands
10:14et apporter ma touche parce que dès 94...
10:17Oui, dès le début, vous prenez votre premier maillot à poireaux.
10:20Je prends le premier maillot à poireaux, je gagne une étape du Tour,
10:23mais de quelle façon ?
10:25Avec plus de 100 km d'échappée, un show incroyable
10:30avec Marco Pantani derrière, avec Indurain.
10:33C'était des époques Indurain, Pantani.
10:36Voilà. Et là...
10:38Et vous séduisez le public au passage aussi.
10:40Voilà. Donc là, je rentre vraiment dans la lumière du cyclisme
10:44et de ce que je sais faire.
10:46C'est-à-dire, c'est le Varroa.
10:48À l'époque, vous voyez, il n'y avait pas de casque.
10:50On était tête nue comme ça, inconscient dans les descentes.
10:53Et voilà, c'était le...
10:55Je partais comme ça à la sauce
10:58sans savoir que j'allais aller jusqu'au bout,
11:01mais sans compter trop les efforts.
11:03Et voilà.
11:05Donc j'ai pu ravir le premier maillot à poireaux.
11:09Et après, derrière, j'ai gravi dans le classement général
11:13parce qu'après, j'ai fini 3e du Tour de France
11:17un an, deux ans après.
11:19Deux ans après, oui.
11:21Et avant aussi, je suis 2e derrière Miguel Indurain
11:25à 72 heures de Paris.
11:27Et c'est là où j'ai eu un déclic dans ma carrière de cycliste,
11:30c'est-à-dire en 95,
11:32quand je suis à 3 jours de Paris,
11:342e du Tour de France derrière Miguel Indurain,
11:37et que je perds tout dans le contre-la-montre dans les Alpes.
11:40Mais j'ai tout perdu.
11:42C'est-à-dire, du 2e, je passe à 5e du classement général.
11:44Et là, j'ai dit, c'est plus possible, maintenant.
11:46Il faut travailler.
11:48Et en fait, le vélo, le contre-la-montre, pour moi,
11:50le contre-la-montre, je le comparais à l'école.
11:52C'est-à-dire, il faut être très concentré,
11:54avoir une pratique.
11:56Il faut y travailler.
11:58Et ça, pour moi, c'était quelque chose,
12:00je n'avais pas envie de travailler.
12:02Ça me faisait penser à l'école.
12:04Et avec cette défaite-là, je me suis promis
12:06qu'il fallait que je me mette au travail
12:08pour être meilleur dans les contre-la-montre.
12:10Et c'est pour ça que derrière, il y a eu un vrai déclic
12:12de contre-la-montre et de classement général
12:14parce que je suis passé après 3e du Tour de France,
12:162e du Tour de France.
12:184e maillot à poids d'affilée,
12:20c'est une première dans l'histoire.
12:22Avec une équipe dédiée
12:24à l'attaque
12:26et avec des coureurs de renom.
12:28Laurent Brochard,
12:30Pascal Hervé, Didier Rousse,
12:32Neil Stephens.
12:34C'était l'armada
12:36de notre équipe
12:38et c'était notre force.
12:40Et en fait, on était offensifs
12:42et on faisait peur un peu à tout le monde.
12:44On était aimés par tout le monde
12:46parce qu'on était les français
12:48mais on était une bande de potes
12:50qui rigolaient bien.
12:52Et il est clair que le Tour 97,
12:54j'ai failli
12:56être le successeur de Bernard Hinault
12:58parce qu'il ne m'a pas fallu beaucoup
13:00pour pouvoir le gagner.
13:02On a bien secoué l'armada allemande
13:04qui est Jan Ullrich.
13:06Et on finit 2e de ce Tour 97.
13:10Et puis l'année 98
13:12avec l'affaire Fessina,
13:14on ne reviendra pas dans les détails
13:16mais c'est une affaire qui vous a marqué.
13:18Oui, qui m'a marqué.
13:20Et quelque part,
13:22quand on regarde le classement du Tour 98,
13:24où on va résumer que ce Tour 98
13:26n'aurait pas dû avoir lieu
13:28et il a été marqué
13:30par la victoire de Marco Pantani,
13:32on a vu
13:34ce qui en est ressorti.
13:36Ce Tour 98 qui était un peu pipoté
13:38parce que quand moi,
13:40on me met dehors le Tour 98
13:42c'était l'affaire Fessina,
13:44c'est-à-dire on m'a choisi un peu
13:46dans tout ça et c'était très politique.
13:48Bon, passons.
13:50Mais quand moi,
13:52il y a des révélations du Sénat,
13:54de l'État, 15 ans après l'affaire Fessina
13:56qui sortent des analyses
13:58du Tour 98 du départ
14:00et qui menacent,
14:02je suis innocenté de ces analyses-là
14:04et qu'il y en a 98 qui sont positifs
14:06dont Pantani,
14:08dont Ullrich et tous les autres.
14:10C'est le dindon de l'affaire Fessina
14:12mais on me le dit 15 ans après.
14:14Donc si vous voulez,
14:16c'est un peu dur tout ça aujourd'hui
14:18parce que j'ai porté un peu le fardeau tout seul
14:20et de temps en temps on me le fait encore porter
14:22alors qu'on devrait plus
14:24me donner des excuses par rapport à ça
14:26parce qu'on m'a mis
14:28deux Tours de France off,
14:30c'est-à-dire 98 et 2001.
14:34Mais bon, c'est comme ça.
14:36En tout cas, j'ai trouvé la force et l'énergie
14:38de me battre. Après, c'était l'affaire 98
14:40parce que je n'ai pas coulé.
14:42C'est-à-dire que j'ai réussi.
14:44Pourtant, il y a eu un traitement médiatique qui était particulier.
14:46Pendant trois ans, oui, tout à fait.
14:48Bien sûr, et je voulais vous parler
14:50de cette marionnette des guignols de l'info.
14:52On a interviewé Philippe Lucat
14:54pour le match dans le match qui nous disait que lui,
14:56ça avait boosté un peu sa carrière. Comment vous l'avez vécu ?
14:58Parce qu'ils ont été très durs, très insistants avec vous.
15:00Oui, ça a duré
15:02trois ans. Écoutez,
15:04je pense que c'est plus ma famille,
15:06mes proches
15:08à qui ça a été
15:10très dur parce que
15:12je représentais les guignols
15:14et un peu le guignol de tout ça.
15:18Et voilà, on m'a mis
15:20sur moi, c'est-à-dire
15:22je représentais le dopage en général.
15:24Comme ça, on m'a choisi
15:26comme si le dopage n'existe
15:28que sur moi et qu'il existait
15:30que sur moi, pas dans les autres sports,
15:32pas dans les autres cyclistes.
15:34J'ai été la risée de tout le monde.
15:36Comment je l'ai vécu ? Pour moi, à un moment donné,
15:38je me suis vu un peu
15:40comme dans le film, vous savez,
15:42Rocky, quand il s'entraîne,
15:44il est tout seul.
15:46J'étais tout seul à m'entraîner
15:48et j'ai eu la chance, à un moment donné, qu'il y a une main
15:50qui s'est tendue, c'était Patrick Lefebvre,
15:52où j'ai été le voir et je lui ai dit
15:54écoute-moi, tends-moi une main
15:56parce que j'ai besoin. En 2001.
15:58Et à cette époque, juste avant,
16:00j'étais quand même un décor
16:02parce que c'était le mieux payé au monde,
16:04après 1997, quand j'ai failli
16:06gagner le tour. Et quand je vais voir Patrick Lefebvre,
16:08je lui demande un contrat
16:10mais pour rien, c'est-à-dire
16:12le salaire le plus bas de 3000 euros
16:14par mois. Donc je suis revenu
16:16dans le cyclisme à cette époque-là
16:18pour rien du tout, juste donne-moi un maillot
16:20et un vélo, je vais leur montrer de quoi je suis fait.
16:22Et après c'est comme dans un film,
16:24comme dans un rêve, la première course en France
16:26quand ils me donnent ce contrat-là,
16:28là c'est incroyable,
16:30personne ne vous attend sur ce pari.
16:32Vous êtes un homme de montagne, vous n'êtes pas un homme de parc.
16:34Je gagne la course la plus plate au monde,
16:36une coupe du monde la plus plate au monde,
16:38moi le grimpeur, à l'arisée des sprinteurs.
16:40Non, c'est pour vous montrer que
16:42il n'y avait pas la haine
16:44mais il y avait la revanche.
16:46Et la revanche pour moi, ça a été un moteur,
16:48ça a été quelque chose qui m'a boosté dans ma carrière.
16:50Elle représente la revanche, cette victoire ?
16:52Elle est trop belle.
16:56En 2002,
16:58c'est la rédemption pour vous,
17:00vous attaquez dans tous les sens sur le Tour de France,
17:02comme à votre habitude,
17:04une victoire d'étape au Mont Ventoux
17:06et vous regagnez le cœur des Français.
17:08Oui, oui.
17:10Ils vous retrouvent.
17:12Après Paris-Tour,
17:14je reviens sur le Tour
17:16et là,
17:18ma venue,
17:20elle était difficile.
17:22Pourquoi ? Parce que quand vous êtes
17:24une carrière de haut niveau et professionnelle,
17:26quand vous êtes coupé dans votre élan,
17:28c'est compliqué
17:30d'avoir la forme
17:32pour se maintenir.
17:34Et j'ai eu deux Tours de France arrêtés
17:36et donc j'avais des hauts
17:38et des bas dans ma forme.
17:40Et quand je suis arrivé dans ce Tour de France-là,
17:42il fallait à tout prix que je tape
17:44un gros coup et bien sûr
17:46de choisir le géant de Provence,
17:48moi le Provençal,
17:50et de gagner au Mont Ventoux,
17:52surtout qu'on était dans l'ère Armstrong.
17:54Moi, si vous vous rappelez à cette époque,
17:56en tout cas pour tous les journalistes
17:58et les organisateurs du Tour,
18:00c'était le renouveau du cyclisme, Armstrong,
18:02pendant que moi j'étais en cellule.
18:04Vous voyez ce que je veux dire ?
18:06Donc quand j'arrive là dans le Mont Ventoux,
18:08cette photo-là,
18:10elle en parle
18:12et Jean-Marie Leblanc qui est à côté
18:14en train de m'applaudir, on s'est parlé depuis
18:16avec Jean-Marie Leblanc,
18:18elle veut dire aussi beaucoup parce que
18:20là aussi j'ai été chercher beaucoup pour gagner
18:22c'est-à-dire ces 200 kilomètres d'échappée
18:24avec l'armada d'Armstrong derrière
18:26qui voulait à tout prix gagner
18:28et j'ai été poussé par un peuple,
18:30par le public qui m'a fait gagner
18:32dans cette étape.
18:34Et la suite, elle est magnifique,
18:36il y a ce Tour de France en 2003
18:38où vous allez gagner votre sixième maillot à trois.
18:40Le Tour du Centenaire, exactement,
18:42comme quoi les choses se répètent,
18:44c'est-à-dire dix ans après mon...
18:46Comme si on ne vous avait jamais quitté.
18:48Oui mais
18:50c'est l'histoire du vélo.
18:52Je reviens avec les honneurs
18:54et je gagne encore une superbe étape
18:58à Morzine
19:00et je prends le maillot jaune. Mais là, à ce moment-là,
19:02le maillot jaune, pour moi,
19:04je suis à mal à l'aise avec le maillot jaune
19:06parce que je suis dans l'air...
19:08C'est magnifique de passer une journée en jaune.
19:10Oui mais pour moi,
19:12j'étais là pour mon maillot à poids
19:14qui me ressemblait tellement et quand j'étais avec
19:16Festin sur la fin de Festin,
19:18c'était construit pour gagner le Tour de France.
19:20Mais après, du moment que
19:22l'équipe Festina a explosé,
19:24j'étais un peu orphelin.
19:26Donc pour gagner le Tour de France,
19:28il faut une équipe dédiée à ça.
19:30Et après, quand je me retrouvais dans des...
19:32Même si j'étais avec Quick-Step,
19:34des bons équipiers,
19:36je n'avais pas l'équipe dédiée pour gagner le Tour de France.
19:38Donc quand j'ai eu le maillot jaune en 2003,
19:40je savais quelque part...
19:42Je l'ai eu, c'était très bien. En plus, on était au 14 juillet.
19:44J'ai monté l'Alpe d'Huez avec le maillot jaune
19:46le 14 juillet. J'ai fait exprès
19:48de me faire larguer
19:50par le peloton pour perdre ce maillot jaune
19:52pour aller faire mon show avec le maillot à poids
19:54parce qu'avec un maillot jaune, vous ne pouvez plus rien faire.
19:56Tout le monde vous court derrière.
19:58Donc après, tactiquement, je délaissais
20:00les honneurs du maillot jaune, qui était quand même
20:02le maillot jaune, pour aller chercher
20:04parce que je savais que le maillot à poids,
20:06ça me correspondait en tant que personne,
20:08en tant que façon de se battre.
20:10Le maillot à poids, c'est ça, c'est le panache.
20:12Ce maillot à poids que vous allez rechercher encore une fois
20:14après pour votre dernier Tour de France.
20:16L'aventure s'arrête pour vous et vous allez chercher
20:18un septième maillot à poids historique.
20:20Limoges Saint-Flour,
20:22le 14 juillet.
20:24J'ai la chance de gagner aussi
20:26un 14 juillet, donc j'ai eu un maillot jaune
20:28un 14 juillet. Là aussi,
20:30et là, à ce moment-là,
20:32je prends du recul sur ma vie de
20:34coureur cycliste, sur ma vie à moi, parce que j'ai
20:3637 ans. Et pas plus belle fin de carrière.
20:38Et là, il y a des jeunes
20:40comme Thomas Vauclair,
20:42qui est en jaune, qui se bat.
20:44Et moi, ça y est, en fait,
20:46j'ai laissé une trace.
20:48J'ai montré qui j'étais.
20:50Et c'est pour ça qu'à un moment donné,
20:52j'étais tranquille avec moi-même
20:54et avec tout ce que j'avais pu montrer
20:56en ma force physique.
20:58Et j'étais moi-même.
21:00Donc à un moment donné, j'ai dit,
21:02il est peut-être temps de s'arrêter.
21:04Et j'ai arrêté aux Jeux d'Athènes en 2004.
21:06Mais j'aurais pu continuer, parce qu'à ce moment-là,
21:08j'étais populaire, je gagnais encore.
21:10J'avais le plaisir de faire des courses.
21:12Ce n'était pas du tout un dégoût
21:14de dire non, j'en ai marre.
21:16J'avais envie de passer à autre chose de la vie,
21:18parce que la vie avançait.
21:20Et depuis l'âge de 14 ans,
21:22on va dire que je revenais du Maroc,
21:24jusqu'à 37 ans,
21:26j'ai vécu entre guillemets dans un couvent
21:28avec faire sa vie pour le sport,
21:30donner tout pour le sport.
21:32Et après, derrière, j'avais envie
21:34de vivre un peu autre chose.
21:36Et ça, c'est mon adieu,
21:38en fait, d'une cyclo sportive
21:40qu'on a faite dans le Var,
21:42avec Laurent Dufault et mes équipiers
21:44de quick-step.
21:46C'était la course
21:48que j'organisais dans le Var.
21:52Avec mon maillot à poids, bien sûr,
21:54et les sept victoires.
21:56Et le temps est passé depuis,
21:58parce que c'était il y a quelques années.
22:00Et le temps défile pour nous aussi.
22:02Merci en tout cas beaucoup, Richard,
22:04d'avoir répondu à nos questions.
22:06C'était une magnifique carrière.
22:08Merci à toutes et à tous
22:10de nous avoir suivis sur TV Monaco.
22:12C'est la fin du match dans le match.
22:14On se retrouve très vite
22:16avec les émissions de sport dès demain
22:18avec sa match 18h15.